Kalüm La voie de la connexion - Tome 2 - Julie Cabot Nadal - E-Book

Kalüm La voie de la connexion - Tome 2 E-Book

Julie Cabot Nadal

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Beschreibung

Un an après sa rencontre avec la chamane Dana et son initiation à la spiritualité celte, Lila répond à l’appel de l’Aînée algonquine. Cette invitation la conduit à explorer les savoirs ancestraux des femmes médecines algonquines. Guidée par cette leader spirituelle, Lila s’engage dans une aventure où elle découvre peu à peu ses pouvoirs en tant que femme. Entre traditions, pèlerinages sacrés et premiers émois amoureux, Lila se dirige vers des contrées initiatiques puissantes des paysages sauvages canadiens jusque dans les bourrasques salées de la péninsule de Pen ar bra. Là, l’Esprit de la Mère primordiale l’attend, prêt à révéler des enseignements déterminants pour l’évolution de notre monde.

À PROPOS DE L'AUTRICE

Au détour de son engagement dans la solidarité internationale, Julie Cabot Nadal découvre les cultures natives et la profondeur des sagesses qu’elles recèlent. Elle créera alors La Canopée bleue, organisation dédiée à la connexion à la Nature. Poursuivant son propre pistage intérieur, elle ira à la rencontre de différentes traditions spirituelles, se formera à l’Université de Montréal aux traditions et spiritualités autochtones, avant de s’immerger dans la tradition du chamanisme celtique, établie depuis un lineage non interrompu.

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Seitenzahl: 80

Veröffentlichungsjahr: 2025

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Julie Cabot Nadal

Kalüm

La voie de la connexion

Tome II

Lila ou l’Esprit de la mère Monde

Roman

© Lys Bleu Éditions – Julie Cabot Nadal

ISBN : 979-10-422-4522-1

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L. 122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L. 122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivante du Code de la propriété intellectuelle.

À ma mère

De la même autrice

À la recherche du féminin perdu,

2019, Jouvence ;

Dans l’empreinte sacrée celte, Transmission de l’Esprit de la Tradition de nos ancêtres,

2022, Éditions VEGA ;

Kalüm, Tome I, Lila et l’Esprit de l’ours,

2024, Lys bleu.

Parfois, on entend une voix ; parfois, on comprend, on sent quelque chose. Ça peut être un chant nouveau. Par l’oreille, ou par les sensations qu’il fait naître en vous, il plonge dans une connaissance à laquelle vous pouvez croire. Lorsque ce pas est franchi, alors, le monde sacré s’ouvre à vous.

Wounye’ Waste’ Win1

Destinée

« Au milieu du XIXe siècle, nous autres, Autochtones de la vallée du Saint-Laurent,2 faisions un triste constat au sujet de nos conditions d’existence : nos ancêtres étaient habitués à vivre du fruit de leurs chasses, mais cela était désormais impossible pour nous.

La “marche de l’émigration européenne” était responsable de cette situation : en envahissant nos terres de chasse et en abattant les immenses forêts dont elles étaient couvertes, elle avait éloigné tous les animaux sauvages.

Alors commença la misère de nos peuples. Quelques décennies seulement auparavant, nos clans nomades trouvaient encore du gibier en abondance ; nos clans vivaient bien et se procuraient de bons vêtements. Mais, peu de temps plus tard, ils étaient couverts de haillons et souffraient de la faim presque la moitié de l’année », racontait l’Aînée au visage brun3.

Lila l’écoutait d’une tristesse qui ne pouvait se cacher d’une larme gorgeant son œil.

Une journée la séparait de son arrivée en terre anishinaabe. La route avait été longue à traverser l’immensité de ces terres du Grand Nord, sous la chaleur suffocante de son été.

Une année après son initiation avec Dana, la chamane celte, et sa rencontre d’avec l’Aînée au visage brun, Lila avait répondu à l’invitation de cette dernière4.

Les retrouvailles entre la jeune fille et l’Aînée algonquine furent tendres et chaleureuses.

Une nouvelle fois, sa mère s’en était allée, confiant sa fille à cette femme âgée dont le sourire simple et franc lui inspirait confiance. Quoi qu’il eût pu en coûter d’inquiétudes, sa fille n’aurait de toute façon pas cédé, tant sa détermination de retrouver la grand-mère était grande. Une détermination si forte, pour une jeune fille que la mère de Lila s’en interrogeait. Qu’est ce qui pouvait donc tant attirer sa fille à vouloir passer ses vacances avec ces personnes à la culture si différente et qu’elle ne connaissait que peu ?

Une année s’était écoulée depuis les dernières grandes vacances d’été.

Une année au cours de laquelle Lila avait poussé, telle une graine dont le champ d’expansion était rendu libre. Le terreau de cette croissance heureuse ? Les jours passés avec Dana, la nature, ses Esprits, les guérisons que Lila avait opérées grâce à eux, sa rencontre inoubliable avec son cher allié et animal de pouvoir, l’Esprit de l’Ours.

La maman de Lila avait renoncé à comprendre ce qui s’était passé durant ce séjour loin du tumulte de la civilisation. Lila répond à ses questions : « Maman, tu ne pourrais pas comprendre. Et puis… c’est mon jardin secret ».

Lila n’était plus tout à fait une enfant, elle avait 13 ans désormais. La transformation de sa fille était bénéfique ; la maman de Lila ne pouvait qu’incliner ses peurs jusqu’à les faire tout à fait taire.

De toute évidence, Lila était entrée dans sa destinée.

La réserve

« Nous fûmes obligés, en raison des progrès de la colonisation, poursuivit l’Aînée au visage brun, de nous enfoncer de plus en plus dans les forêts. Les chasseurs prolongeaient leur séjour à l’intérieur des terres, ce qui augmentait leurs fatigues et les risques de la chasse. Après quelques années, ils finirent par renoncer à ces voyages et restèrent dans leurs villages pour avoir soin de leurs terres. Une fois notre peuple sédentarisé, il fut parqué dans des territoires qui leur étaient réservés. Petit à petit, l’entreprise coloniale nous confisquait nos terres ancestrales, la terre de notre liberté.

— Que veux-tu dire, par “confisquait” ? interrogea Lila.

— Nous fûmes confinés à des zones limitées, créées et administrées par l’état colonial.

— Quelle injustice… sans vous demander votre avis ? Tes ancêtres ne se sont-ils pas révoltés ?

— Si, par le biais de nombreuses pétitions demandant l’expulsion des colons et de signatures de traités, malheureusement peu respectés.

— Pourquoi les colons ont-ils pris tant de terre ? Le Canada est immense ! N’y avait-il pas assez de place pour tout le monde ?

— Les colons, en peu de temps, se sont multipliés en grand nombre par le fait de vagues expansionnistes successives de migration européenne. Pour te donner un exemple, ma chère Lila, la colonie de la vallée du Saint-Laurent comptait environ 70 000 mille colons au milieu du XVIIIe siècle, le nombre a atteint plus de 890 000 personnes au milieu du XIXe.

— Ils ont peut-être fait aussi beaucoup d’enfants…

— Oui, ce sont tes ascendants.

— Quelle barbe d’avoir des ancêtres qui ont causé tant de souffrance… j’en ai honte, tu sais ?

— Les colons ont donc oublié qu’eux même étaient descendants d’un peuple qui s’était lui aussi fait opprimer.

— Oui. Les Celtes. Dana m’a enseigné tout cela.

— La loi de l’Homme manque de sagesse depuis bien longtemps.

— Quelle loi ?

— Celle de la prédation. C’est par cette loi que nous avons été dépossédés de nos terres. Les colons cherchaient de bonnes terres agricoles, des terres boisées également pour l’entreprise d’exploitation forestière.

— Pffff… l’argent… toujours l’argent.

— L’argent ne fait pas le bonheur mais l’homme semble l’oublier, malgré toutes les souffrances qui lui en coûtent. Nous autres, Algonquins, sommes un peuple nomade. La chasse était au centre de notre mode de vie et rythmait notre année. Les longs mois d’hiver, nous partions chasser. L’été, nous nous rassemblions de nouveau pour vendre le fruit de notre chasse, commercer, réaliser nos rituels ensemble. Notre mode de vie traditionnel a été profondément meurtri.

— Sans racine, nous perdons notre axe. Dana me l’a appris.

— En effet mon enfant. Et sans axe, difficile de croître vers la lumière. Notre peuple en a payé un prix cher… »

C’est alors que la voix de l’Aînée au visage brun s’assombrit.

« Tu penses aux enfants et aux pensionnats ?

— Oui… Si tu savais comme je suis désolée, avoua Lila.

— Ne t’inquiète pas ma fille, tout cela doit avoir un sens, depuis la vision du Grand-Esprit. Seulement, il nous échappe parfois. »

Au loin, la rumeur des habitants de la réserve claironnait du rire des enfants.

Leur insouciance contrastait d’avec le lourd fardeau de leurs aïeuls.

Une blessure se transmettait-elle d’une personne à une autre ? Et si oui, comment ? se demandait Lila quand son flot de pensées fut interrompu :

« Chère Lila, il est temps de rejoindre ma maison et d’aller dormir. Ton voyage a été long pour arriver jusqu’à moi. Et demain, nous partirons pour notre campement d’été. »

La traversée

Les voitures gonflées de divers sacs, le groupe roula en direction d’un autre point de départ encore, la rivière.

Le fil argenté serpentait le long de la vallée sans âge, tant tout ici, paraissait être pleinement à sa place. Paysage immaculé, d’avant les humains, immuable.

À son abord, le clan s’affaira pour transvaser les paquets des voitures quand Lila comprit : ils finiraient leur voyage… en canoë. Quelle joie ! Lila aimait tant sentir filer l’eau sous le bateau, entendre les bulles d’air glisser sous la coque.

Lila aida du mieux qu’elle pouvait, suivant les consignes de ses nouveaux amis, pour répartir les poids sur les différents équipages et stabiliser leurs embarcations, quand Kukum, l’Aînée au visage brun, interpella la jeune fille :

« Lila, tu navigueras avec moi ».

La grand-mère du clan veillait au grain, comme si, depuis son regard d’aigle, lui apparaissaient les courbes à tracer entre les destinées de chacun.

Les deux femmes, pagayes en main, ouvrirent la file indienne des canoës colorés, telle une guirlande multicolore déambulait sur les flots.

« Nos canots traditionnels sont bien différents, confectionnés notamment avec wi-gwaus (de l’écorce de bouleau). De nos jours, le plastique a remplacé l’arbre. Mais ils font bien l’affaire pour nous transporter ! »

L’esprit cadencé par le mouvement des pagayes, Lila gardait le silence, celui propice à l’émergence de pensées inspirées, propice à cette qualité de présence que Lila avait apprise, grâce à Dana, l’été passé.