Erhalten Sie Zugang zu diesem und mehr als 300000 Büchern ab EUR 5,99 monatlich.
Contempler le ciel, apercevoir une étoile, et formuler un vœu, c’est une expérience à laquelle nous sommes tous susceptibles de succomber, qu’on y adhère ou non. C’est précisément ce qu’a fait Turck, notre personnage principal. Toutefois, méfiez-vous de vos souhaits, car ils pourraient vous entraîner dans des aventures tout aussi complexes que périlleuses, tout comme lui.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Maxence Richard a toujours privilégié l’écriture à la lecture. Son inspiration découle principalement de tout ce qui captive son attention. Cet ouvrage, que vous tenez entre vos mains, est la concrétisation de son rêve d’enfance longtemps nourri.
Sie lesen das E-Book in den Legimi-Apps auf:
Seitenzahl: 198
Veröffentlichungsjahr: 2024
Das E-Book (TTS) können Sie hören im Abo „Legimi Premium” in Legimi-Apps auf:
Maxence Richard
Kosmos
Tome I
Roman
© Lys Bleu Éditions – Maxence Richard
ISBN : 979-10-422-2038-9
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Premier projet. Pourquoi est-ce que j’écris ça ? Bonne question. J’en ai toujours eu envie, alors voilà que je me lance. Pour être tout à fait honnête, j’écris en pure improvisation, ce qui va suivre ne sera donc que le fruit de ma pure imagination, comme mon âme retranscrite sous forme de mots, sans espoir particulier de richesse ou de célébrité, mais uniquement guidé par la pure passion brûlant en moi pour les bonnes histoires. Ce qui va démarrer ici sera mon premier projet, bien que j’aie tenté en étant jeune, sûrement un peu trop, voilà ma première réelle tentative de prendre ma petite place dans ce monde qu’est la littérature. Ce récit, il est avant tout pour moi, mais aussi pour ceux que j’aime, qui se reconnaissent en ces maigres quelques lignes, et tous ceux qui m’aideront à sa réalisation dans le futur. Le récit prendra place dans un univers fictif, bien qu’il ressemblera à notre monde, et se passera à la même époque. Je ne pense pas qu’un genre spécial sera simple à lui donner, tant mon imagination dérive au gré du temps. Je souhaite lui laisser libre cours, écrire sous la pulsion, laisser mon corps et ma raison de côté pour que mon âme mette dans les mots son identité, et pouvoir transmettre mes rêves, mes valeurs, mes ambitions, mes tracas, mes peurs aussi, et tout ce que je serai capable de transmettre.
Sur ces ennuyeuses présentations, je vous laisse enfin tranquille ! Bonne lecture, l’histoire commence…
MAINTENANT !
Je suis censé me présenter ? Bon, je donne mon nom, ça vous aidera déjà à connaître le SUPER protagoniste de l’histoire que vous allez lire ! Sans me vanter, je suis génial. Nan, sans déconner, vraiment incroyable. Enfin bref, mon SUPER nom, c’est Turck. Turck Haye. Vous voulez en savoir plus, j’imagine. En entendant un nom aussi génial, on est tout de suite absorbé par mon charisme. J’en conviens. Alors, que dire… Mes qualités ? Trop. Mes défauts, c’est de ne pas laisser aux autres leur chance de briller à côté de moi. Non, sérieusement, j’suis désolé d’être aussi génial. Alors voilà ma vie. Le reste, vous le découvrirez bien assez tôt. Ah, mon âge, pour votre image de moi dans vos têtes, j’ai 16 ans. Et surtout, ceux qui ne m’imaginent pas beaucoup trop beau peuvent arrêter de lire. Enfin bref, voilà, j’imagine que comme présentation, ça fait l’affaire. Ma vie, elle est banale, sans soucis, avec des joies, des peines. J’imagine que je suis heureux, enfin, comme je ne me sens pas malheureux, c’est ce que je me dis. Et puis, comment être triste en étant moi, j’vous le demande ! Ma famille est super géniale aussi ! Mes parents sont aimables, gentils et attentionnés, mais je regrette de n’avoir ni frère ni sœur, juste une tortue, Polnareff. Bon, et j’ai pas de petite copine. Voilà, vous êtes content ! La honte… Quelqu’un d’aussi cool que moi ! Seul ! Mais j’ai pas besoin de ça, hein. Je me suffis. Ouais ! J’habite dans une maison ni grande ni petite, dans une ville petite pour ceux des métropoles, mais immense pour les petits villages de la région, une ville qui s’appelle Pastes. Le pays, on s’en fout pour l’instant. Eh, ça veut pas dire que j’suis un clandestin hein ! J’suis né ici. Enfin, je crois. Faut dire que, récemment, entendre mon père demander à ma mère s’il fallait me dire que j’étais adopté, ça m’a mis une claque dans l’visage, et une sacrée ! Mais bon, ils savent pas que j’suis au courant, alors pour le moment je fais comme si de rien était. Mais bon, ça me tracasse, et mes notes baissent. J’étais déjà pas le meilleur, ça risque d’être la catastrophe ! Mais j’le prends pas mal, faut pas faire des cachotteries comme ça aussi c’est pas ma faute ! Je les entends se disputer le soir. Mon père boit, un peu. Il se cache, mais j’le vois. Ma mère, elle, a un problème dans sa tête. Ça s’appelle la dépression. Vous connaissez de nom, j’imagine. Eh bah, ça existe, et c’est pas juste s’inventer un genre et une personnalité sombre pour avoir de l’attention. Nan, la vraie, elle fait mal. Elle fait peur. Ma mère est artiste. Elle dessine ce qu’elle ressent. Elle a toujours voulu cacher ça, mais, un jour, je suis tombé sur une caisse dans sa chambre. Une caisse rouge, cadenassée à double tour, bien comme il faut. Je me doutais pas de ce que c’était, alors je lui ai demandé. Elle m’a répondu de l’oublier, que c’était rien. Elle me disait pareil pour les marques sur ses bras. Un jour, la clé a glissé de sa cachette. Elle s’est ruée dessus, et la clé est partie sous le canapé, bien trop lourd pour qu’elle le bouge. J’pense qu’elle était contente de ça. Mais elle s’est retrouvée avec des points de suture et une super cicatrice au visage ! On aurait dit un pirate ! Je préférais celle-ci à celles de ses bras. Même en été, elle mettait ses longues manchettes noires, « c’est pour le style. C’est cool, non ? » non, maman, c’est pas cool, je sais ce qu’il y a en dessous. Enfin bref, je m’égare. J’ai retrouvé la clé en faisant le ménage, j’avais un balai et je l’ai glissé sous le canapé pendant son séjour médical, pendant que mon père était à la cave. Je savais ce qu’il faisait, j’en profitai. L’odeur dégueulasse, ça me répugnait, mais je faisais genre de rien, j’avais du parfum dans ma chambre et une grande fenêtre. J’ai ouvert la boîte, et j’en ai fait des cauchemars jusqu’encore aujourd’hui… Je ne souhaite à personne de voir ça. Voilà, sous ces airs de bonheur, la vérité, c’est que je voyais tout, j’entendais tout, mais je jouais à l’aveugle. Et je joue encore. J’aime ce jeu. Le but, il est pas compliqué. Les choses se passent, et toi, tu dois ni voir ni entendre les détails négatifs. En vrai, bien sûr que tu les vois. Mais tu fais genre de rien, tu vois. Wow, ma description égocentrique est vite partie en vrille. J’imagine que ça va finir par ressembler à un journal intime. Pas moyen ! J’trouve ça tellement inutile ! Moi, j’veux une réelle histoire, qui fait frissonner ! Je rêve tellement d’une vie passionnante ! Mais bon, je reste seul, à parler à Polnareff. Je pourrais parler à mes amis, mais j’en ai pas.
Au lycée, je suis toujours seul, les gens ne me harcèlent pas, honnêtement, ils ne me voient même pas, je me sens comme… un fantôme. C’est ça, un fantôme. J’ai toujours aimé les histoires de fantôme ! La peur, c’est l’un des sentiments qui m’a le plus marqué ! Quand mon père a commencé à taper ma mère, par exemple, et quand il a dégainé un couteau. Heureusement qu’il s’est calmé ! On en parle pas aujourd’hui, parce que sans lui, on a plus d’argent. C’est important, l’argent. Le travail de ma mère ne paye pas. Elle est psychologue indépendante, et on connaît bien ses quelques clientes, mais pas de quoi faire vivre, malheureusement. Mon père, c’est le seul réel salaire de la famille. J’ai voulu arrêter l’école pour travailler, ma mère a fondu en larmes en me hurlant de ne jamais faire ça, qu’elle ferait tout pour me pousser à ne pas être « comme eux ». J’imagine qu’elle n’aime pas sa vie. Elle ne serait pas comme ça sinon. Purée, paye l’ambiance ! Bien loin de vos premières impressions, hein ! Oh. Du bruit dans l’escalier de la cave. Mon père est sûrement parti « jardiner ». J’ai perdu mon parfum, alors j’ouvre la fenêtre. Tiens. Un truc brille dans le ciel, une étoile. Ma tante Hoshi m’a toujours dit de faire un vœu à l’avènement de la première étoile de la nuit. Je vais le faire. Un vœu, ça se dit pas ! Vous pouvez toujours courir ! Quoique… Je souhaite vivre une vie… extraordinaire !
Mon grand-père est décédé. Le seul souvenir que j’ai de lui, c’était la grande photo du salon, au mariage de mes parents. Un vrai beau gosse ! Il était grand, il avait des yeux profonds, d’un bleu plus pur que celui du ciel, mais déjà des cheveux blancs qui me faisaient penser aux nuages. Son visage ressemblait au paradis. Ma mère me disait toujours que je me serais super bien entendu avec lui, pour me rassurer. La vérité, c’est que ça ne me plaît pas, cette phrase. Je ne veux pas être proche de lui quand il n’est pas là. Moi, ce que je veux, c’est qu’il soit là. Je ne l’ai jamais connu, du coup. Mais c’est tout comme si. Le soir, de temps en temps, dans mon esprit, je lui parle. Je sais très bien qu’il ne me répondra pas. M’enfin, l’espoir fait vivre. Mon étoile à moi, c’est lui. Et je ne l’ai plus. Ma grand-mère, elle est gravement malade. Elle nous a tous oubliés. Ça m’attriste des fois, mais on s’y habitue. On ne va pas trop la voir à l’hôpital, parce que ça peine ma mère, et ça soule mon père. Il n’aime pas se déplacer. Il n’aime pas grand-chose. À part sa boisson et son « jardin » de la cave. Ouais, je l’avais dit attentionné, parce qu’il met de l’amour dans une seule et unique chose. Il cuisine. Son rêve, c’était d’avoir un restaurant. Pas de devenir célèbre et d’avoir des dizaines d’étoiles, il voulait juste transmettre son talent et sa passion. Ça brûlait en lui. Le midi, c’est le seul temps qu’on a qui ressemble à une famille heureuse. C’est pas beaucoup, mais c’est déjà pas mal. On mange bien, divers et varié, paraît que c’est bon pour la santé ! C’est un truc dont je me souviens. Ça date un peu, mais c’est bien dans ma mémoire ! J’ai des troubles de la mémoire à court terme. Ce n’est pas courant à mon âge d’après mon docteur. Mais bon, j’ai toujours vécu comme ça, alors ça passe. En espérant que ça ne gêne pas trop pour mes exams qui arrivent. En ce moment, je passe ma vie à réviser. Ça me ressemble pas ! Mais bon, si je ne le fais pas, ma mère se met en colère tellement fort que je dois partir par ma fenêtre, du deuxième étage pour éviter sa furie. Ça me fait peur. Mais bon, c’est pas sa faute. C’est la maladie. Ouais, elle m’aime, pas vrai ? Sinon, ils m’auraient pas fa… Adop… Enfin, vous avez compris. Si ? Pas que je doute, hein, mais bon, ça paraît évident, pas vrai ? Enfin, je révise les mathématiques, parce que c’est vraiment le domaine où je suis le moins bon. Les chiffres, ça n’a jamais été mon truc. Ça me donne mal au crâne. Qui peut aimer ça ? Je me demande comment les grands mathématiciens ont pu prendre ça comme vocation. Sérieux, les mecs, vous pouviez faire du sport, de l’art, mais vous avez choisi les maths ? Franchement, faut le vouloir. C’est autant impressionnant que stupide à mes yeux. Enfin bref, comme le dirait le marquis de Sade, chacun ses goûts ! Haha, c’est vraiment le pire exemple, vous ne trouvez pas ? Ce mec c’était une ordure ! Je suis les gens comme ça. La cruauté me dégoûte. Comment on peut tuer des gens sans émotion ? Genre là, un mec devant toi, tu le termines, tu voles son âme, sa vie, ses espoirs, et tu traces ta route sans te poser de question ? Sérieux, un truc dans notre monde tourne pas rond. J’ai arrêté de regarder les infos pour ce genre de conneries. Jamais de bonnes nouvelles. Surtout depuis que le nouveau gouvernement a pris le pouvoir. Mon père doit bosser pour eux. Il n’a pas vraiment le choix, pour être honnête. En cachette, il les qualifie de dictateurs. On connaît ça à l’école, ils nous en parlent pour nous montrer que c’est faux. Je dois croire qui, moi ? Mes profs ? Mon père ? Je suis un peu paumé là. La télé, les médias, ils disent que non. Mes parents, ils disent que oui. Les profs, ils disent que non. Les manifestants sur la grande télé du salon, ils disent que oui. Vraiment, savoir à qui faire confiance relève de l’impossible. Faut dire qu’avec un couvre-feu instauré de manière nationale sans raison particulière, qu’on peut lever pour en gros 50 € par mois, et le fait que rien que l’entrée des lieux publics soit réservée à certains groupes, ou alors encore une fois payante, ça aide pas, mais bon, ils disent que c’est pour aider la population et l’encourager à devenir meilleure, et à s’élever, pour créer une élite sociale, comme il dit, le chef d’État. Comment il s’appelle déjà ? Il a été élu il y a déjà 10 ans, j’étais tout petit, je ne me souviens pas. Il a des statuts et tout à son effigie, et met des micros un peu partout. Mes parents disent que les très très nombreuses disparitions dans le pays sont liées à ça, qu’ils vont chercher ceux qui disent un truc qui déplaît au chef. Ah ! Son nom ! Il s’appelle Dio Deus, on l’appelle DD, je ne sais pas si ça vaut la peine qu’ils viennent nous chercher. « Ils », c’est eux. Ils ont pas de nom, parce qu’ils sont secrets, je pense. En tout cas, quand j’en parle, personne les connaît ! Ça m’étonne, parce que je les ai vus, moi ! De grands hommes, enfin ils y ressemblaient, mais en très grand, au moins deux mètres. Ils étaient tous tout en noir. Genre, de la tête aux pieds, visage couvert, même les oreilles ! Ça doit être dur de communiquer comme ça ! Et la chaleur, aussi ! Je les plains. Enfin, j’ai entendu un homme âgé en fauteuil dire que la statue gênait pour son fauteuil électrique. Ce truc est trop stylé, mais c’est réservé au troisième âge. C’est un fauteuil trop confortable qui lévite à dix centimètres du sol. Après avoir dit ça, le lendemain, je les ai vus apparaître à cet endroit. Il était là aussi, le vieux. Ils l’ont porté à part dans une ruelle, en volant. Je ne sais pas trop comment, mais je ne suis pas fou, ils se sont élevés dans les airs, mais pas comme un oiseau ou une fusée, ils se déplaçaient en trois dimensions, mais sans équipements. Après ça, le massacre a commencé. Pour le tuer vite, sans bruit, ils l’ont assommé en l’air d’un coup de ce qui leur sert de tête. Il était inconscient, ils l’ont allongé par terre. L’un d’entre eux a poussé un cri, le genre de cri qui résonne dans tout un pays, ça a même fait un genre de sphère un peu bleue autour de lui, et le vieillard a brûlé. Littéralement. Il restait plus qu’un tas d’os de lui. Après ça… C’est un peu dur à dire, en fait. Ils l’ont mangé. Les os. Ils les ont récupérés, cassés, broyés et avalés, aspirés, alors qu’ils ont même pas de bouche ! Ni de nez, d’ailleurs. Ça m’a fait peur, alors j’ai décampé. Je pense qu’ils ne m’ont pas vu, parce que sinon ils m’auraient fait un truc du genre, j’imagine.
J’ai posté, après tout ça, un message sur un forum du darknet. Pour faire court, c’est l’internet « illégal », où le contrôle du gouvernement ne subsiste pas, les gens l’appellent aussi « le web libre » ici. Justement parce que DD ne le voit pas. Une seule personne m’a répondu. Sous un pseudo, en plus. Sa biographie sur le site, c’était :
« Le gouvernement vous veut du mal.
Réveillez-vous,
Battez-vous.
Rejoignez-moi. »
Ça fait mystérieux, non ? Moi, j’étais intrigué. Alors, je lui ai envoyé un message. Des détails. C’était ça que je voulais. Je recherchais la lumière sur cette personne qui avait piqué ma curiosité. Aucune photo, ça, c’est normal. Pas de contrôle, OK, mais la sécurité avant tout, on sait jamais. J’avais beaucoup trop envie de savoir qui c’était. Je lui ai envoyé, sans l’espoir d’une réponse, le message suivant. Dans la journée :
« Yo ! J’ai vu que tu connaissais les trucs dont j’ai parlé sur le forum. T’as pas un tuyau pour moi ? »
J’essayai d’avoir l’air cool.
Les jours passaient, sans rien voir apparaître, pas de notifications, pas de messages, je continuais mes revissions tranquillement en essayant d’oublier les événements dont j’avais été témoin. Au fil du temps, j’y pensais de moins en moins, et j’ai réussi à oublier.
Il y a une semaine, c’était le jour de l’examen. Je me suis réveillé à 7 h du matin, le réveil populaire a sonné sur la place, un genre de sirène affreuse, qui résonne cinq minutes tout entières, à un volume titanesque, histoire de réveiller toute la ville. Je me demande même s’ils n’arriveraient pas à réveiller le cimetière commun avec ça. Commun, parce qu’on a plus le droit aux tombes individuelles. On a une fosse commune dans les villes, c’est tout. C’est là-bas que mon grand-père repose. Je passe devant sur le trajet de l’école, alors je lui dis bonjour tous les matins. Et les jours d’examen comme ce jour-là, je lui demande conseil, ainsi que bonne fortune pour moi.
« Cette fois-ci, je n’aurai pas besoin de chance ! », je m’étais dit ça. Vu le temps que j’ai passé à travailler ! Cet examen consistait à répondre à bon nombre de questions sur tout et rien, sur une tablette qui envoie en temps réel les résultats au prof qui nous surveille. Ça les arrange, les profs, ils ont plus besoin de corriger, et les cours leur sont fournis tout chaud par l’État. Ça, je le sais grâce à une cliente de ma mère. Elle est prof, dans mon établissement même, alors de temps en temps, elle lui fait la séance gratuite contre une bonne note. Pour mon avenir qu’elle dit. Moi, je pense que ça va pas m’aider. M’habituer à obtenir des résultats en étant pistonné, ça me fera pas être bon dans la société plus tard ! Enfin bref, c’était pas le cas ce jour-là. Alors, je me suis levé, préparé, j’ai pris un maigre petit déjeuner qui correspond aux revenus du foyer. J’ai eu droit à une tartine entière ! C’était un jour de fête, il paraît. Les dix ans du régime. À cette occasion, on avait tous reçu du pain. Ça paraît moyenâgeux comme concept, mais ça nous a bien aidés, le frigo était à l’image de toutes les armoires, complètement vide. On n’avait plus une miette à se mettre sous la dent. Alors, c’est l’estomac bien rempli que j’ai pu partir. J’ai franchi la porte et passé l’accueil du lotissement, avec motivation. J’étais sûr de moi. J’avais tout préparé ! Pour la langue, j’avais lu une BD en anglais. Pour la politique, j’avais écouté les infos. Vu ce que je savais, c’était sûrement faux, mais bon, ça leur plaira. Pour les maths… Hum, antisèche. En espérant que ça passe. Enfin, si la prof est bien celle prévue, il ne devrait pas y avoir de problèmes. Je listais comme ça tout ce que j’avais de prêt sur la route. J’ai même failli percuter un bus. À pied, il aurait gagné. Je marchais la tête dans les nuages, pensant à ma note future, qui serait excellente, quand mon œil a été attiré par une sorte de maisonnette, grande en hauteur, au toit pointu, mais resserrée sur elle-même, comme si elle ne voulait pas prendre trop de place. Devant la timide habitation à laquelle je faisais face, il y a un stand, mais il a l’air de ne rien vendre. Une odeur agréable, presque délicieuse s’échappe de la maison. Je m’approche de l’étrange ouvrage. Il y a un bruit. Ça me fait sursauter sur le coup, j’étais surpris ! Mais malgré l’ambiance pesante, la végétation pas entretenue, immense (le gazon me chatouillait le cou, je fais un mètre et soixante-dix), l’odeur m’avait privé de mon corps. Je suis envoûté par celle-ci, je ne peux rien faire d’autre que la suivre. Un nouveau craquement. Qu’est-ce que c’était ? Là, ça devient vraiment flippant, j’ai mis l’odeur de côté. Qui c’était, bordel ? On se foutait de moi. J’ai l’impression d’une mauvaise blague, qu’on me suivait. J’ai aperçu un chat, j’étais soulagé en pensant que ça venait de lui. Sauf que très vite, je comprends un détail qui fait froid dans le dos : il est mort. Ce chat était empaillé. Un travail de professionnel. Sur le coup, j’ai vomi dans l’herbe. La taxidermie, très peu pour moi. Cependant, ce n’était pas tout. Je la ressens. Il y a une présence. Je ne saurai la décrire. Elle n’est pas froide, mais pas chaleureuse non plus ; comme un animal sauvage dans la forêt qui vous fixe de loin sans rien vous vouloir. Je continue mon périple entre les herbes et différentes plantes, jusqu’à arriver au fameux stand. Effectivement, complètement vide. Je cherchais autour la source de l’odeur, quand tout à coup…