L’accident - Ghislain Vanhoute - E-Book

L’accident E-Book

Ghislain Vanhoute

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Beschreibung

Un veuf perd sa fille lors d’un accident de voiture. Désespéré et en proie à plusieurs interrogations, il a l’impression qu’elle tente de le contacter. Le temps guérissant les blessures, il fait la connaissance d’une amie, ainsi que de sa fille, qu’il invite à vivre avec lui. Cependant, certains nouveaux incidents font ressurgir ses inquiétudes. Devient-il fou ? a-t-il réellement des contacts avec l’au-delà ? Perturbé, il se fait aider par un romancier, spécialisé dans les récits de science-fiction, afin de comprendre ce qui lui arrive. Parviendra-t-il à trouver les réponses aux multiples questions qui le tourmentent ?


À PROPOS DE L'AUTEUR


Ghislain Vanhoute écrit en laissant libre cours à son imagination. Ses textes sont très souvent imprégnés des courants philosophiques et religieux qu’il apprécie particulièrement.


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Seitenzahl: 133

Veröffentlichungsjahr: 2022

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Ghislain Vanhoute

L’accident

Roman

© Lys Bleu Éditions – Ghislain Vanhoute

ISBN : 979-10-377-6000-5

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122- 5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122- 4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335- 2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Fin août 2016

Le temps est magnifique en cette dernière semaine d’août, le soleil étincelle dans un ciel d’un bleu profond. Pas un souffle de vent, ou à peine de quoi permettre de fleurer bon le plaisir de vivre dans cette belle campagne environnante. La nature verdoyante, les fleurs qui offrent leurs pétales aux rayons de notre radieuse étoile et les oiseaux qui, joyeusement, chantonnent dans notre jardin, n’incitent guère au farniente ou, du moins, pas à une sieste qui enfermerait l’esprit dans un rêve des plus fantaisistes alors que, les yeux ouverts et l’esprit en éveil, tout invite à la promenade en ce beau jour d’été.

À la mort de mon épouse, qui ne put survivre à la suite d’un cancer du pancréas, il y a de cela six années maintenant, je décidai de vendre notre maison située dans une petite ville du Nord de la France et j’optai, avec l’agrément de ma fille Chloé, pour l’achat d’une petite chaumière, dans le style vieille fermette, mais toujours en très bon état, en pleine campagne normande, non loin de la mer. Quelques travaux de restauration et de rénovation nous permirent d’écouler nos jours dans une belle demeure de style avec tout le confort moderne.

Je suis écrivain, je me prénomme Paul et gagne ma vie de la vente de mes quelques romans policiers à succès et du travail de correcteur, à la relecture de manuscrits de jeunes auteurs en herbe, que me fait parvenir ma maison d’édition.

L’héritage de mes parents, décédés il y a plus de 12 ans, me laisse libre champ à des dépenses, parfois très utiles, mais aussi, très souvent, des plus futiles et superficielles qui ont l’heur de plaire beaucoup à ma chère Chloé… C’est vrai que je la gâte parfois plus qu’il ne le faudrait.

J’aurais pu m’abstenir de travailler mais j’acceptais les quelques manuscrits que je recevais parce qu’ils comblaient le vide des longues soirées en solitaire lorsque ma fille était couchée.

C’est sur l’insistance malicieuse de Chloé que j’ai, ou plutôt que nous avons, décidé de prendre le large, loin de nos pénates, le temps d’une journée, en prenant place dans la petite voiture décapotable aux allures sportives d’un autre temps que j’avais acquise l’année passée.

Je suis un admirateur, passionné des voitures anciennes de collection et, j’avais eu l’occasion, il y a quelques mois, d’acquérir une Triumph TRA Cabriolet, qui faisait ma grande fierté et, je dois bien l’avouer, celle de Chloé aussi, qui ne manquait pas de saluer d’un geste quelque peu théâtral, les jeunes garçons de son âge, ou même plus âgés, qu’elle pouvait croiser sur notre route. Il est vrai que c’était plus pour se donner une certaine notoriété fétichiste d’adolescente que par passion pour les automobiles anciennes.

Nous roulions depuis un peu plus d’une heure, en plein soleil, quand je décidais de parquer la voiture à l’entrée d’une petite bourgade toute fière de sa belle plage de sable fin.

Je trouvais aisément une place pour garer la voiture près d’une ancienne taverne qui offrait sa belle terrasse en face de l’étendue sableuse où se prélassaient de nombreuses personnes avides de lumière et de grand air.

— Oh Papa, c’est chouette ici, je pourrais aller me baigner tout à l’heure !

— Tout à l’heure, si tu le veux, nous irons nous promener au bord de l’eau, mais pour l’instant nous allons faire un petit tour dans cette belle petite ville, puis nous irons nous restaurer dans la taverne où je viens de parquer la voiture. Il me semble qu’installés, sur la terrasse, nous serons merveilleusement placés pour déguster une petite collation maison tout en nous désaltérant d’une boisson bien fraîche et bienvenue… Il fait vraiment chaud aujourd’hui, ne trouves-tu pas ma chérie ?

— Oui Papa, tu as raison, il fait chaud et, moi aussi, j’ai soif. Je prendrais un jus de tomate !

— Beurk ! Tu aimes ça, toi ? Tu boiras ce que tu veux ! Un jus de tomate ou même deux si tu le désires. Moi, je prendrais une bonne bière bien fraîche comme apéro et je continuerai mon repas avec de l’eau pétillante.

Comme prévu, après une quarantaine de minutes de promenade dans la petite bourgade qui ne compte, à dire vrai qu’une seule rue principale et de petites artères adjacentes sans intérêt, nous prîmes place, sur la terrasse de la taverne qui portait le curieux nom de « L’œil qui vous regarde ».

Bien assis, face à notre table, dans de confortables chaises d’osier recouvertes de coussins aux couleurs vives, nous attendions le garçon qui apparut après quelques petites minutes.

— Je vous apporte, tout de suite, le menu…

Ce qu’il fit avec empressement en nous recommandant le plat du jour : « Truite meunière avec ses petits légumes d’été »…

— Non, s’écria, Chloé, je n’aime pas le poisson !

— Tu préfères quoi, ma fille…

— Ben, euh… Je vois sur le menu qu’il y a du vol-au-vent servi avec des frites, je préfère ça !

— OK, garçon, servez-nous donc deux vol-au-vent avec frites. C’est ma fille qui choisit aujourd’hui !

— Vous voulez boire quelque chose en attendant vos assiettes ?

— Oui, je prendrais une bière bien fraîche, si vous avez de la Leffe blonde ?

— Oui, nous en servons !

— Eh bien, ça sera une Leffe pour moi et un jus de tomate pour ma fille.

Dites-moi, garçon, que signifie le nom de cet établissement « L’œil qui vous regarde » ?

— Oh, je ne sais pas trop, ça date déjà de plusieurs décennies, mais on dit que le patron, qui a commencé ici, était un spécialiste des plats à base de truite et que l’enseigne ferait référence à l’œil du poisson qui vous regarde dans l’assiette !

Quinze minutes plus tard, nous étions servis et trente minutes plus tard, après avoir dégusté notre belle assiette de vol-au-vent, nous commandions un petit déca pour moi et un autre jus de tomate pour Chloé, avec une excellente petite tarte aux pommes.

Le repas terminé et l’addition réglée, nous quittions l’auberge pour entamer notre après-midi…

— Papa, on va se promener sur la plage maintenant ?

— Si tu veux, ma fille, on va y aller, mais tout d’abord, je vais enlever ma veste et la mettre dans le coffre de la voiture, il fait vraiment très chaud en ce début d’après-midi.

— Attends, je vais, moi aussi, me mettre à l’aise et passer mon maillot de bain…

— Tu vas te changer ici, à la vue de tout le monde ?

— Mais non, Papounet, j’ai juste à retirer mon short et mon tee-shirt et je serai en maillot de bain ! Je l’ai déjà mis ce matin avant de partir.

— D’accord, je comprends mieux maintenant… Je t’attends !

Mais dis-moi ! Tu ne vas tout de même pas te promener comme ça ? C’est pas une culotte que tu portes, c’est un string ! Où donc as-tu trouvé ce soi-disant maillot ?

— Ben oui, et alors, c’est la mode maintenant, je ne vais tout de même pas porter un maillot comme les jeunes filles de ton époque : d’une seule pièce et de couleur noire ! Je l’ai acheté sur le Net, il y a quinze jours.

— Non, mais quand même, de dos, on dirait que tu ne portes rien sur toi ! On voit tes fesses… Tous les mecs vont se retourner sur ton passage !

— Ah oui, ben j’espère bien !

— Tu as à peine 14 ans, je trouve cela déplorable… Qu’est-ce que ça va être dans dix ans ? Bon allez, tant pis ! Si ta mère était encore là, elle n’accepterait pas que tu te balades dans cette tenue !

— Oh Papa, arrête un peu de rouspéter… On est en 2016 quand même !

— Oui, ça va, je ne dis plus rien… On y va maintenant !

***

Il était plus de 15 heures lorsque l’on décida de reprendre la route pour aller visiter le coin le plus sauvage de cette région. Une petite route sinueuse et escarpée par endroit, qui surmontait, tout en les longeant, de remarquables falaises de plus de 60 mètres de hauteur.

On grimpait, à allure modérée, une belle côte qui nous amenait au sommet du raidillon. Le paysage était époustouflant ! Sur la gauche, on apercevait la plaine verdoyante avec, à l’horizon, le clocher de la petite bourgade que nous venions de quitter. Sur notre droite, en baissant le regard, la mer, d’un calme rassurant, étendait, au plus loin qu’on pouvait le distinguer, son lit de vagues dont on entendait le fracas sur les rochers au bas de la falaise.

On s’arrêta quelques instants au sommet de la côte sur un petit belvédère qui permettait d’admirer le paysage. Un parapet protégeait les quidams qui auraient eu l’audace de s’approcher trop près du bord. Sage précaution, car on ne s’attendait pas à ce que l’à-pic fût si raide et si profond.

D’ailleurs, Chloé qui s’était approchée assez prestement du parapet, eut un geste de recul assez vif en découvrant cet abîme, si proche, offert à ses yeux et aussi, inconsciemment, à son esprit, face à ce danger si soudain.

Je sortis mon appareil photo reflex de la voiture et j’en profitais pour faire quelques mémorables clichés qui orneront l’album familial. Chloé sortit de son sac son iPhone pour immortaliser son passage de plusieurs selfies : les illustrations d’une princesse dans un romanesque décor.

Ce fut après que les appareils photo, et surtout les esprits, furent emplis de ces superbes souvenirs que l’on remonta en voiture pour reprendre la route.

Il restait encore plusieurs dizaines de mètres de montée avant d’atteindre le sommet de la côte que l’on apercevait devant nous. La voiture ressentit quelques difficultés pour accomplir ce petit trajet, il faut dire que vu son âge, elle n’avait pas le punch d’une voiture actuelle et, aussi, faut-il l’avouer, que la montée était assez raide… Superbe modèle ancien pour se pavaner sur le plat mais, à l’encontre, piètre modèle pour fanfaronner sur les routes escarpées.

En atteignant le sommet de la montée, le bruit d’un choc métallique se répercuta sur la carrosserie de la Triumph, comme un claquement sec qui parvenait de dessous du véhicule.

J’appuyais sur la pédale de frein pour stopper la voiture et je m’aperçus que le frein ne répondait plus. Je pompais plusieurs fois sur cette foutue pédale, espérant qu’un miracle parvienne à arrêter le véhicule laissé libre dans la descente, ce qui préludait à une conduite des plus dangereuses.

— Que se passe-t-il papa, nous roulons soudainement si vite ?

— Ne t’inquiète pas ma chérie je fais tout mon possible pour garder le contrôle !

Plus facile à dire qu’à faire, car la voiture lancée dans la descente ne répondait plus aux injonctions silencieuses que lui dictait mon mental qui, lui, se rendait bien compte de la gravité de la situation. J’essayais tant bien que mal d’épargner, ne fût-ce qu’un soupçon d’angoisse, à ma chère petite Chloé qui, malgré tout, sentait que quelque chose d’anormal se passait.

La voiture prenait de la vitesse et je pris peur en apercevant le virage en épingle qui se présentait cinquante mètres plus bas. J’essayais encore de pomper sur la pédale de frein, mais rien n’y fit…

Encore quarante mètres… Encore trente mètres…

J’eus soudain la lumineuse idée, du moins c’est ce que je pensais en faisant le mouvement de tirer fortement sur le frein à main pour arrêter net la voiture mais, plutôt que de s’arrêter, un nouveau bruit métallique se fit entendre et le cabriolet dérapa, se présentant de côté et poursuivant sa course, dans cette position, vers le côté gauche de la route. Cette situation aberrante, imprévue, fit hurler Chloé qui se demandait ce qui se passait…

— Accroche-toi bien aux accoudoirs du siège, ma chérie, nous allons être secoués !

— Papa ! Que nous arrive-t-il ?

Je n’eus pas le temps de répondre que la voiture bascula sur le côté et se retourna sur le toit. Ainsi lancée, elle fit plusieurs tonneaux et brisa son élan sur une masse rocheuse qui pointait vers le ciel, à cet endroit. Le cabriolet, dans un piteux état, offrait l’un de ses côtés légèrement soulevés, appuyé sur le rocher, tandis que l’autre s’étalait, écrasé, à même le sol.

Sous le choc, je perdis connaissance et repris mes esprits lorsque deux personnes m’aidèrent à sortir de la carcasse du cabriolet. Je ne tenais plus sur mes jambes et sentais le sang s’écouler sur mon front et retomber sur ma veste.

— Et Chloé, où est ma fille Chloé, vous l’avez secourue ?

Quelque peu choquées, les personnes qui venaient d’assister à l’accident m’avouèrent ne pas avoir vu cette Chloé, dont je demandais des nouvelles.

Deux autres personnes rejoignirent le groupe des « sauveteurs » et s’inquiétèrent de mon état de santé…

— Rien de cassé, Monsieur, comment vous sentez-vous ? On a téléphoné à la police, ils arriveront bientôt avec une ambulance…

— Et ma fille Chloé, vous l’avez trouvé ?

Je retombais sans connaissance avec des douleurs aux jambes et l’impression qu’un poignard me transperçait le cœur de n’avoir pu obtenir de nouvelles rassurantes de Chloé.

***

Je n’appris que le lendemain, 25 août, sur mon lit d’hôpital, que ma petite fille chérie avait été retrouvée morte sous le côté de la carrosserie de la voiture qui touchait sur le sol. Elle avait eu la tête écrasée par une pierre et avait dû rendre son dernier souffle sous le choc provoqué par la collision.

Une ambulance avait ramené son corps dans la morgue de l’hôpital où j’étais alité, mais personne n’avait eu le courage de m’avouer ce fait, de peur que je veuille aller la voir, dans l’état où j’étais.

On tenta de me rassurer sur le fait qu’elle n’avait pas souffert, parce qu’elle n’avait pas eu le temps de se rendre compte de ce qui lui arrivait, ou maintes différentes excuses, parfois mensongères, furent débitées pour m’épargner un surplus de douleur…

Aucune excuse, aucune raison n’aurait pu me consoler de la perte du trésor de ma vie, ma petite Chloé adorée. Alors, au diable toutes ces formes justificatives d’échappatoires à la douleur d’un père !

Ma fille n’est plus et je ne regrette qu’une chose c’est de ne pas être parti à sa place ou, à la rigueur, avec elle !

Je sombrais dans une torpeur angoissante qui me troublait à un point tel que l’envie de me suicider me semblait la seule issue possible et méritoire.

Je ne comprenais pas le pourquoi de ma destinée, qui après la perte de mes parents, il y a plus d’une décennie, m’éprouvait ensuite par la perte de mon épouse, dans la fleur de l’âge, et maintenant celle de ma fille adorée.

C’est un peu comme si on avait coupé l’interrupteur de ma destinée et que le noir peu à peu envahirait le restant de mes journées.

Et même, si suivant mes convictions actuelles, je considère que tout n’est qu’illusion et que la mort n’est que la fin de la vie et non celle de l’existence, il est un fait évident que, pour ceux qui restent, l’absence de leur proche est génératrice d’un vide qui les absorbe tant, qu’elle occupe plus de place dans leur esprit que ne le ferait leur présence.

On n’est jamais aussi vivant, dans l’esprit des gens, que le jour où l’on meurt, et ce ne sont pas les sermons, prêches ou paroles hypocrites qui pourront nous épargner ou réparer les douleurs.

Que sera ma vie sans Chloé ? Elle était à la fois l’espoir et le but de mon existence. Elle était l’amour de ma vie, elle était ma fierté, elle était ma raison d’exister, elle était moi…

Et maintenant, elle n’est plus !