L’Arabe noir - Ousseynou Diagne - E-Book

L’Arabe noir E-Book

Ousseynou Diagne

0,0

Beschreibung

Dans un quartier populaire, un jeune homme bascule dans le trafic de drogue pour survivre. Un braquage le conduit en prison où il découvre la foi, l’introspection et l’amitié à travers une relation touchante avec un corbeau. Débute ainsi une véritable métamorphose intérieure. À mi-chemin entre témoignage social et fiction introspective, "L’Arabe noir" dresse le portrait d’un homme en quête de sens, pris entre ses blessures, ses croyances et son besoin de rédemption. Un roman brut, poétique et profondément humain.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Ousseynou Diagne se fait connaître à travers "Les roses blanches" publié chez L’Harmattan, un premier roman sensible sur l’exil et la mémoire. Riche d’une double culture qui nourrit son œuvre à la croisée des mondes, il revient avec "L’Arabe noir", un récit mêlant faits réels et fiction, qui interroge l’identité, le racisme et l’appartenance. Entre engagement et poésie, il s’impose comme une voix forte de la littérature francophone contemporaine.

Sie lesen das E-Book in den Legimi-Apps auf:

Android
iOS
von Legimi
zertifizierten E-Readern
Kindle™-E-Readern
(für ausgewählte Pakete)

Seitenzahl: 67

Veröffentlichungsjahr: 2025

Das E-Book (TTS) können Sie hören im Abo „Legimi Premium” in Legimi-Apps auf:

Android
iOS
Bewertungen
0,0
0
0
0
0
0
Mehr Informationen
Mehr Informationen
Legimi prüft nicht, ob Rezensionen von Nutzern stammen, die den betreffenden Titel tatsächlich gekauft oder gelesen/gehört haben. Wir entfernen aber gefälschte Rezensionen.


Ähnliche


Couverture

Page de titre

Ousseynou Diagne

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L’Arabe noir

Roman

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Copyright

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

© Lys Bleu Éditions – Ousseynou Diagne

ISBN : 979-10-422-7003-2

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

 

L’Arabe noir

 

 

 

 

 

Le quartier de la Goutte d’or est aujourd’hui déserté par la plupart des Français. Les nouveaux héritiers de Gervaise et Lantier, personnages clefs du roman de Zola, se nomment Mohamed, Karim ou Moussa. Ces immeubles insalubres étaient désormais occupés par une communauté arabo-africaine et haïtienne. Les parents étaient pour la plupart gérants de commerce tels que boucheries ou épiceries, les enfants que nous étions étudiaient au collège Clemenceau. Avec le temps, on était tous sortis du circuit scolaire avec diverses fortunes. Le plus diplômé d’entre nous était Hassan qui avait un bac professionnel, mais ne voulait pas travailler parce que son métier était pénible et mal rémunéré, selon ses dires.

 

On avait 17 ans de moyenne d’âge, on grandissait et nos besoins devenaient plus importants, on glissait comme une évidence dans le trafic de cannabis. Ces petits trafics nous permettaient de nous payer des baskets de marque ou des survêtements. Les flics se contentaient de nous faire un rappel à l’ordre et de nous confisquer les quelques grammes de cannabis qu’ils pouvaient trouver en notre possession. Ils pouvaient parfois être laxistes parce qu’ils nous connaissaient et nous avaient vus grandir pour la plupart. Grâce à la mission locale que je fréquentais à mes temps perdus, je décrochai un emploi de manœuvre dans une société de plomberie. Je travaillais et continuais mes activités de dealer, j’étais également le fournisseur de mes collègues qui étaient aussi des consommateurs réguliers. Je menai cette vie d’ouvrier et de petit dealer pendant cinq ans, ce qui me permit de soutenir ma famille. Cette fois c’est Karim le nouveau qui vint me rendre visite. On l’appelait Karim le nouveau parce qu’il venait d’arriver dans le quartier et surtout pour le différencier de Karim boucher qui était le fils du boucher ou de Karim, le berbère.

 

Il commença par me dire qu’il m’appréciait particulièrement parce que je suis un guerrier et que je suis discret, il voulait qu’on travaille ensemble.

— Tu vas voir, on va se faire beaucoup d’argent, disait-il. Je connais un diplomate africain. C’est un gros trafiquant de drogue. Il profite de ses passages à Paris pour faire un ou deux allers-retours en Colombie afin d’amener de la cocaïne pure.

 

Karim avait l’air bien informé des activités de ce diplomate, il me proposa de lui faire un home-jacking. Il est selon lui une ordure qu’il faudra traiter sans empathie.

 

Je connaissais le côté intrépide de Karim. À 22 ans, il avait déjà un lourd casier judiciaire. On avait joué ensemble dans l’équipe de football du quartier, il était très fort et aurait pu embrasser une carrière professionnelle sans ses problèmes de mœurs.

 

Je savais qu’en le suivant je montais d’un cran dans la délinquance. Comme il l’avait dit, j’étais un guerrier, je n’ai jamais été du genre à me dégonfler. J’étais toujours en première ligne lorsqu’on s’attaquait aux autres bandes rivales, ce qui m’avait fait gagner le respect de tous mes camarades.

 

J’étais un peu subjugué par Karim, j’étais prêt à faire tout ce qu’il me demandait sans réfléchir. Il m’avait dit dans tous les cas qu’un bandit ne devait pas trop réfléchir sinon il ne ferait rien, il deviendrait un agneau. Il doit avoir un objectif et foncer droit devant. Le temps de la réflexion viendra après selon qu’on ait réussi ou pas son coup, disait-il.

 

Ça peut arriver de rater son coup en se faisant arrêter, voire tuer par la police. Dans le cas où l’on se fait arrêter, il faut assumer et surtout ne jamais balancer ses complices. C’est une question d’honneur, poursuivait-il sur un ton qui forçait l’admiration.

 

« Le diplomate va arriver de Colombie ce jeudi, il a rendez-vous samedi soir au restaurant “le soleil du sud” pour une transaction et nous attaquerons le dimanche matin. » Il m’ordonna de me faire le plus discret possible ces jours-là et d’éviter surtout de traîner à la place de l’assommoir.

 

— Avec quelqu’un d’autre, j’aurais fait du 70 %-30 %, mais comme tu es un frère on partagera équitablement le magot.

— Marché conclu, lui rétorquais-je.

— On va procéder comme suit : dimanche, tu viens en bleu de travail, je lui ferai croire que je suis le voisin du dessous et qu’il y a une fuite d’eau chez moi qui pourrait venir de chez lui. Une fois dans l’appartement je vais me jeter sur lui et tu m’aideras à le neutraliser. C’est un colosse, le gars, mais avec une bonne méthode nous pouvons le mettre hors d’état de riposter.

 

Avec Karim, on s’était retrouvés comme prévu le dimanche matin dans un bar du coin. On avait pris un café au lait chacun et quelques croissants. Je fumai ensuite quelques cigarettes pour calmer ma nervosité. On emprunta la rue Stephenson. Au bout, à gauche, on était arrivés chez le diplomate. Karim sonna une première fois puis une deuxième fois, on voyait par le Juda de la porte qu’une personne se tenait de l’autre côté de la porte et nous observait. Karim sonna une nouvelle fois. Une voix nasillarde demanda :

— C’est qui ?

— Je suis le voisin du dessous, il y a une fuite d’eau chez moi, on voudrait voir si ça ne vient pas de chez vous, je suis avec le plombier.
— Il ouvrit la porte et nous laissa entrer après hésitation. Pendant que je faisais mine de chercher cette éventuelle fuite, Karim se jeta sur le gars, cherchant à le plaquer au sol, mais ce dernier qui était un bon gaillard se défendit comme un fauve. C’est à ce moment-là que j’arrivai par-derrière et lui asséna un coup de clef à molette sur la tête qui le mit complètement KO. Pendant que mon ami cherchait à reprendre son souffle, je ligotai le gars, avec mon pied je bloquai sa tête, tel un footballeur qui attend le coup d’envoi de l’arbitre.
—