L’avertissement du cosmos - Georges MOREL - E-Book

L’avertissement du cosmos E-Book

Georges MOREL

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Beschreibung

Une équipe de l’agence spatiale sur Mars découvre fortuitement un message mystérieux écrit dans une langue inconnue et gravé sur un support improbable. Après l’avoir fait déchiffrer par l’intelligence artificielle de la station, ils réalisent qu’il s’agit d’une sorte de testament impliquant deux naufragés du cosmos. Ces derniers doivent mettre en garde d’autres voyageurs de l’espace contre une entité toute-puissante responsable de leur exil. Cette révélation plonge l’équipe dans un abîme de perplexité.


À PROPOS DE L’AUTEUR

Georges Morel a eu une vie professionnelle très diversifiée mais il a toujours été passionné par le suivi des avancées scientifiques grâce aux revues de vulgarisation. Cette passion l’a conduit à écrire cet ouvrage qui spécule sur l’univers.

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Seitenzahl: 154

Veröffentlichungsjahr: 2023

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Georges Morel

L’avertissement du cosmos

Une mise en garde venue des étoiles

Roman

© Lys Bleu Éditions – Georges Morel

ISBN : 979-10-422-0064-0

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L. 122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L. 122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivante du Code de la propriété intellectuelle.

Première époque

Loin dans le temps

Lorsque les capteurs détectèrent un système planétaire autour d’une étoile en rapprochement, l’entité qui dirigeait le vaisseau, dotée d’une puissance d’abstraction et de raisonnement bien au-delà d’une simple intelligence artificielle, analysa la situation et dégagea une synthèse enclenchant immédiatement le redémarrage du deuxième réacteur nucléaire. Celui-ci était en effet à l’arrêt, comme habituellement en alternance avec l’autre réacteur, pendant les phases de croisières longues. Un tel surcroît de puissance pouvant être nécessaire pour ralentir et infléchir la trajectoire vers le système ciblé.

Au cours de son long périple, le vaisseau avait quelques fois croisé des systèmes planétaires. Mais ces astres, orbitant le plus souvent autour de petites étoiles rouges, les plus fréquentes dans la galaxie, ne présentaient jamais la moindre chance d’accueillir la vie. Pour autant que le permettaient les moyens de détection et d’analyse d’un transport de ligne, loin d’être aussi performants que ceux d’un vaisseau d’exploration, il s’avérait que les planètes de ces systèmes n’étaient souvent que des géantes gazeuses.

Parmi les autres qui laissaient apparaître ou deviner leur structure rocheuse, certaines tournaient tellement près de leur étoile que leur surface ne pouvait être qu’un océan de magma en fusion. D’autres en étaient si éloignées que la moindre trace d’eau ne pouvait exister que sous forme de glace. Parfois encore, on y détectait de vastes étendues liquides mais leur température plus basse que celle de l’eau laissait envisager qu’il s’agissait sans doute d’hydrocarbures. Et s’il y avait vraiment de l’eau, par malchance, elle recouvrait entièrement toute la surface de la planète, ne laissant émerger aucune surface continentale.

Quelques fois, une planète semblait orbiter juste à la bonne distance de sa petite étoile rouge, pour bénéficier d’une température compatible avec la vie. Seulement à cause de la faible attraction gravitationnelle entre les deux astres, la distance trop faible les séparant aurait exposé toute vie à la létalité des rayonnements de l’étoile. Enfin, certaines planètes qui semblaient tourner de manière synchrone autour de leur étoile avaient des chances de présenter une face torride et une face glacée avec peut-être juste une minuscule zone tempérée au niveau du terminateur. Ce fragile équilibre soumis à de multiples influences gravitationnelles pouvait faire douter d’une stabilité au long cours suffisante pour permettre le développement d’une quelconque forme de vie.

***

Cette fois, pourtant, très vite les spectrogrammes indiquèrent qu’au moins une des planètes du système possédait une atmosphère, avec notamment de l’azote, de l’oxygène, du dioxyde de carbone et même de l’eau sous forme vapeur ou liquide. Ce composé apparaissait compatible avec la présence d’une vie organique.

Puis, à mesure que le vaisseau se rapprochait du système formé par l’étoile et son cortège de planètes, les données recueillies abondaient et les ordinateurs les analysaient et les précisaient.

L’étoile, de masse moyenne pour la galaxie, rayonnait depuis sa surface dans une plage de fréquences qui témoignait d’une combustion tranquille de son hydrogène, gage vraisemblable d’une stabilité à longue échéance de son influence sur les planètes qui l’entouraient.

Parmi ces planètes, hormis quatre géantes gazeuses et une multitude de petits corps, quatre laissaient apparaître leur noyau rocheux. Mais une seule, la troisième dans l’ordre croissant d’éloignement à l’étoile, possédait toutes les caractéristiques déjà détectées et jugées favorables. La première dans l’ordre était dépourvue d’atmosphère. La deuxième en avait une, très dense, avec de la vapeur d’eau mais à une température supérieure à celle du plomb fondu. Et celle tenue de la quatrième était si froide que de l’eau ne pouvait s’y trouver que figée sous forme de glace.

Sur la troisième planète, il se confirma que la pression atmosphérique au niveau du sol et la température moyenne permettaient l’existence d’océans d’eau liquide, desquels émergeaient cependant de vastes continents de terres fermes. Par ailleurs, des courants de particules ionisées convergeant aux pôles témoignaient de l’existence d’un champ magnétique pouvant autour du globe former un bouclier contre des radiations possiblement létales émises par l’étoile.

***

Au vu des résultats, il semblait bien qu’arrivait enfin le signal longtemps attendu. Car les instructions inscrites dans la mémoire quantique du complexe d’intelligence artificielle ne permettaient pas la moindre option. Il ne pouvait être mis un terme à la trajectoire rectiligne du vaisseau sur son erre, qu’en cas de risque avéré de collision avec un corps céleste quelconque, ou si survenait la rencontre d’une planète habitable. Or malgré la distance faramineuse parcourue dans la galaxie grâce à une vitesse poussée, lors de la phase d’accélération, jusqu’à une notable fraction de celle de la lumière, et malgré les temps immémoriaux écoulés depuis cette phase d’accélération, l’immensité des espaces interstellaires n’avait pas jusqu’alors fourni l’opportunité d’approcher un monde compatible avec la vie… du moins comme souhaitée.

Et du point de vue des systèmes qui géraient automatiquement le maintien en conditions opérationnelles du vaisseau, il était grand temps que finisse ce voyage insensé. Ne serait-ce que parce que les réserves de combustible arrivaient d’autant plus à épuisement que le temps avait amoindri fortement le potentiel énergétique de ses composants radioactifs. Et si l’électricité produite par la chaufferie nucléaire avait permis de maintenir en état pendant aussi longtemps les équipements principaux du vaisseau, et en survie ses passagers, c’était parce que cette énergie avait été utilisée, et sa production gérée, avec une grande vigilance en mode économique.

De fait, par rationalité économique, dès leur construction l’autonomie énergétique attribuée aux deux réacteurs nucléaires de la chaufferie était, pour chaque vaisseau spatial, prévue équivalente à la durée de vie du vaisseau lui-même. Et dans cette projection de durée de vie future étaient envisagées toutes les phases d’accélérations et de décélérations correspondant à autant de voyages entre des colonies de systèmes planétaires voisins. Ce qui représentait l’essentiel de la consommation d’énergie.

La phase de croisière elle, se déroulait en mode économique puisque, d’une part n’était dépensé que ce qui était nécessaire au fonctionnement de tous les équipements du vaisseau et au maintien d’une rotation autour de son axe longitudinal afin d’avoir le minimum de gravité nécessaire aux organismes vivants transportés, et d’autre part mais prioritairement, ce qui permettait d’animer et entretenir toute la ménagerie de robots chargés de préserver et maintenir la vie en mode ralenti des passagers et de l’équipage. Pendant cette phase de déplacement inertiel à vitesse constante l’un des deux réacteurs était effectivement mis en veille, phase permettant son entretien courant, tout en restant disponible pour une remonté en puissance rapide, en cas de défaillance du réacteur en service.

Or dans ce voyage à la durée hors normes depuis le départ d’une orbite de positionnement stationnaire au-dessus d’un certain astre, il n’avait été effectué qu’une seule et unique séquence d’accélération… Du moins, c’était ce qui était enregistré dans la case tenant lieu de journal de bord dans la mémoire quantique du vaisseau. La dépense énergétique correspondante pouvait de ce fait être considérée comme presque négligeable au regard de l’autonomie potentiellement disponible au départ. Simplement, la durée de voyage avait été cette fois très anormalement longue, ce qui avait fortement pesé tant sur la dépense d’énergie que sur le vieillissement du vaisseau et de tous ses équipements. En effet, tandis que le vaisseau filait sur sa vitesse acquise, faiblement freiné par les rares particules parsemant le vide cosmique, au final la presque totalité de son autonomie potentielle avait été épuisée, que ce soit par consommation effective du carburant nucléaire ou par diminution au fil du temps de l’activité radiante de ses composants.

Et puis le vaisseau lui-même commençait à présenter de nombreuses défaillances que les robots des ateliers de maintenance avaient de plus en plus de mal à compenser. D’ailleurs, l’activité de cette maintenance concourrait pour une grande part à la consommation croissante d’énergie, et par là même à la diminution du potentiel encore disponible. Et même si l’ingéniosité des systèmes et les ressources des ateliers arrivaient à permettre la réparation d’équipements usés, de plus en plus les stocks de rechanges s’épuisaient et il allait arriver le moment ou réparer quelque chose deviendrait mission impossible. Et ce, que ce soit par défaut de pièces neuves ou recyclées, ou par manque de matières premières pour moulages, tissages ou fabrications additives sous imprimante.

***

Mais la mission commandait aussi de veiller à la survie du couple d’êtres biologiques pour l’heure préservés dans un état de quasi-hibernation, chacun dans sa capsule de survie constamment surveillée par des algorithmes prêts à faire intervenir les robots praticiens en cas de problème.

Or pour les maintenir en vie au long cours, il était probable que les robots, dédiés comme dans tous les vaisseaux de transport aux soins corporels pour passagers et équipages, aient dû intervenir à de nombreuses reprises durant cette interminable plongée dans le temps. Et il devenait maintenant impératif de trouver une terre d’accueil pour ces deux êtres, avant que tous soins deviennent impossibles dans un vaisseau privé d’énergie… Et qu’à la fin, même ayant survécu, leur mort devienne inéluctable par l’arrêt du maintien de leur température et le tarissement des apports en nutriments et en soins.

Cependant, en même temps qu’elle avait fait redémarrer le deuxième réacteur, pour disposer du maximum de puissance nécessaire à une diminution drastique de la vitesse du vaisseau, l’intelligence artificielle avait lancé une suite de manœuvres indispensables. Notamment la vérification approfondie de tous les équipements et circuits de la petite navette embarquée, dans le but d’optimiser les chances de réussir un atterrissage sécurisé. Car comme toujours, le vaisseau resterait en orbite.

En effet, les vaisseaux lourds de transport, pour passagers comme pour fret, étaient assemblés en orbite à partir de blocs fonctionnels manufacturés, car c’était la manière de faire la moins énergivore. Et ils étaient destinés à rester hors de toute atmosphère jusqu’au moment de leur démantèlement. De ce fait, les passagers et équipages embarquaient et débarquaient en empruntant des navettes de liaison que les autorités portuaires de chaque colonie planétaire mettaient en service pour ces transferts. C’était d’ailleurs la même chose pour le petit fret, le lourd étant transporté par les vaisseaux cargos des compagnies spécialisées. Là encore, il s’agissait, de façon tout à fait rationnelle, d’éviter de faire voyager inutilement avec le vaisseau une navette pour passagers sans utilité pendant les longues traversées, et dont la présence serait un facteur supplémentaire de dépense énergétique dans toutes les phases de propulsion.

En revanche, une petite navette, accessible par un sas depuis la passerelle du vaisseau, faisait partie de l’équipement réglementaire. Elle était destinée à des usages divers ou de sécurité. Ce pouvait être simplement pour le service de l’équipage, pour l’embarquement d’une personnalité ou d’une petite délégation, ou encore pour le débarquement prioritaire d’un passager en état d’urgence. En outre et pour faire face à toute éventualité, un ou deux drones cargos avaient leurs places dans les soutes des vaisseaux, pour des transferts d’objets divers, lots de rechanges ou autres charges plus importantes.

C’était cette petite navette d’équipage qui devrait permettre aux voyageurs de rejoindre une terre ou nul équipement portuaire ne les attendrait. Et plus tard de faire un certain nombre d’aller et retour entre la planète et le vaisseau… tant qu’il y aurait assez de carburant pour les moteurs. En prévision de ces besoins, l’intelligence artificielle lança également un état des lieux des réserves de propergols chimiques, toujours indispensables pour les moteurs thermiques de la petite navette et des drones, lors des traversées d’atmosphères, en atterrissage comme en décollage. De fait, il n’y avait guère de crainte à avoir à ce sujet, puisqu’aucun contact avec un monde quelconque n’avait eu lieu après le départ, il y avait très longtemps, depuis une certaine orbite géostationnaire autour d’un astre maintenant oublié dans l’espace lointain.

***

Désormais, l’ensemble des données recueillies permettait de considérer que la vie était possible sur la troisième planète du système. Ce pronostic fut confirmé lorsque les capteurs eurent acquis avec certitude les preuves d’une transformation chlorophyllienne de la lumière de l’étoile, sur la plus grande partie des terres émergées. Aussi, lorsque le vaisseau fut suffisamment rapproché, l’entité qui le pilotait le conduisit jusqu’à une orbite circulaire autour de la planète. Alors les observations faites en continu donnèrent très vite une quantité de renseignements de plus en plus précis. Ainsi fut confirmé que la surface de la planète était aux trois quarts recouverte d’eau, le reste formant des îles et continents, dont certaines notables parties aux pôles étaient recouvertes de glaces.

Comparativement à la planète d’origine, des passagers du vaisseau, dont les caractéristiques figuraient dans la mémoire quantique, le diamètre de la planète observée, sa masse, la gravité à sa surface, ainsi que la teneur en oxygène de son atmosphère, étaient nettement supérieurs. Elle comportait sans doute elle aussi un noyau métallique liquide puisqu’on confirmait l’existence d’un champ magnétique.

Par ailleurs, une particularité importante concernant cette planète était l’existence d’un unique satellite qui orbitait en lui présentant toujours la même face. Les données acquises au fur et à mesure révélèrent que l’attraction de cette lune combinée à celle de l’étoile provoquait des marées régulières à la surface des océans. En même temps, un système complexe de courants marins chauds ou froids brassait les eaux, modérant en surface les climats. De la même manière, des différences importantes de températures entre les pôles et l’équateur, ajoutées à l’effet de la rotation du globe, provoquaient dans l’atmosphère des vents parfois violents. Il en était de même des différences de température entre les zones éclairées par l’étoile et celles dans la nuit, ou entre des masses d’air surplombant des zones océaniques chaudes et les autres. Tous ces facteurs contribuaient à des températures moyennes plutôt stables selon la latitude, malgré des climats très diversifiés localement. En définitive, ce monde apparaissait vivant et plutôt attirant.

***

Maintenant, le temps était venu de réveiller les deux passagers toujours en état de vie ralentie. Car tel était le but de toute opération consistant à mettre en hibernation l’organisme d’un être vivant et à le faire survivre pendant la longue traversée d’un système planétaire à un autre. Et au terme du voyage, restituer à cet être vivant en le réveillant, l’intégralité du potentiel physique et intellectuel de son organisme biologique, pour lui permettre au débarquement de disposer de meilleures conditions pour la réussite de sa démarche intersidérale.

En outre dans la situation présente, le fait que les deux seuls passagers soient éminemment compétents dans le domaine de la navigation spatiale, comme l’attestaient les mentions portées dans la mémoire archivable, leur donnait suivant la loi, dès lors qu’ils auraient récupéré toutes leurs facultés et devant toute intelligence artificielle, la seule légitimité pour prendre le commandement du vaisseau. Et décider d’une opération cruciale telle que valider le choix d’un site d’atterrissage, parmi ceux jugés convenables que l’entité coordonnatrice du vaisseau leur proposerait.

***

Lorsque l’orbite du vaisseau fut stalinisée, le processus de réveil des deux passagers fut engagé. Tout devait se dérouler automatiquement, mais pour faire face à toute éventualité des robots praticiens veillaient, connectés en même temps aux capsules de survie et au complexe d’intelligence artificielle.

D’instant en instant, le processus de réanimation des deux êtres auparavant en état de vie ralentie fit son effet, heureusement avec succès. Puis, lorsque la phase finale de réanimation fut atteinte, le liquide de synthèse utilisé pour nourrir les corps en état d’hibernation fut remplacé par leur propre liquide organique, en charge normalement d’alimenter les cellules en éléments nutritifs, et oxygène et d’évacuer les déchets, lequel avait été pendant tout le temps du voyage, préservé, purifié et régénéré. En même temps, la totalité de leur bagage intellectuel, mémoire incluse, qui avait été par sécurité dupliquée dans la mémoire quantique du vaisseau, fut restituée à leur cerveau. Enfin, avec précision et une délicatesse inattendue, les robots praticiens les délivrèrent des multiples branchements qui avaient été nécessaires à leurs soins de survie. Pour finir, des rayonnements régénérants et de confort, adaptés à leur état, leur furent dispensés.

Alors la chaleur de la vie les habitant de nouveau, les deux voyageurs, sous la surveillance de leurs robots médecins se réveillèrent lentement. Peu à peu d’abord et de plus en plus vite ensuite, ils récupérèrent et reprirent le contrôle de leurs capacités physiques, et leurs facultés mentales. Au final du processus une tenue vestimentaire leur fut proposée, qu’ils enfilèrent avec une certaine maladresse. Et ils purent enfin s’extraire de leurs capsules de survie.

À ce stade, alors qu’à nouveau la vie pétillait dans leurs yeux, ils balayèrent du regard avec un peu d’étonnement leur environnement immédiat, en même temps qu’un léger frémissement de leurs paupières trahissait une interrogation non formulée… Presque aussitôt, leurs regards se croisèrent, ce qui déclencha immédiatement sur chacun d’eux la même expression simultanée d’un soulagement libératoire et d’une joie intense. Alors, écartant les bras robotisés qui se proposaient de les soutenir, chacun abandonna sa petite cellule qui, comme pour tout hibernant, contient la capsule de survie et tout l’appareillage technique dédié. Et ensemble, ils s’élancèrent l’un vers l’autre et s’étreignirent, avec fougue comme deux naufragés qui ont cru ne jamais se revoir, et avec chaleur comme deux êtres qui s’apprécient.

***

Presque aussitôt cependant, ils s’obligèrent à dissimuler leur émotion sous des échanges de propos techniques concernant le vaisseau. Car leur formation professionnelle et la conscience de leurs responsabilités prenaient le pas dans l’immédiat, sur les sentiments. Dès lors, ils commencèrent à prendre conscience de leur environnement, qui n’était pas euphorisant. Car l’immense salle, conçue pour des séjours sous vie ralentie, avait été aménagée pour des dizaines de capsules de survie destinées à autant de passagers et membres d’équipages.