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Vincenzo Bellisario, que tout le monde appelle Pascal, est né à Sora en Italie. Bien des années plus tard, c'est à sa petite-fille qu'il confie l'histoire de toute une vie, la sienne. Il lui racontera son enfance dans son pays d'origine avec sa famille et ses amis, mais aussi son départ pour la France. Comme beaucoup, Vincenzo était un immigré en quête d'un travail. Finalement, c'est aussi l'amour qu'il trouvera aux côtés de Lili.
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Seitenzahl: 91
Veröffentlichungsjahr: 2023
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L’enfant de Sora
Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction, intégrale ou partielle réservés pour tous pays.
© 2023, Mel Roah
Edition : BoD – Books on Demand
Diffusé par Books on Demand, In de Tarpen 4, Norderstedt (Allemagne)
ISBN 9782322485277
Dépôt légal : juin 2023
A mon grand-père,
et aux immigrés italiens de 1956
- Dis papy, est-ce que tu sais ce que veut dire Sora en japonais ?
- Non, qu’est-ce que c’est ?
- C’est le ciel.
- Haha, alors je suis né dans le ciel !
Une pensée pour Bruno, sans qui Vincenzo Bellisario ne serait pas venu en France
par Mel Roah
Mon grand-père se nomme Vincenzo BELLISARIO. Il est né le 20 septembre 1935, à Sora en Italie et y a passé toute sa jeunesse. Il habitait une petite ville de la province de Frosinone qui compte aujourd’hui près de 29 000 habitants.
En 1956, il part pour la France dans le but de trouver un emploi. Il a fait partie de ces nombreux immigrés qui ont quitté leur pays d’origine dans l’espoir de trouver une qualité de vie meilleure. La lorraine a accueilli près de 10% de l’immigration italienne de France.
Vincenzo s’est établit en Moselle et plus précisément à Brettnach puis à Bouzonville. Par la suite, il est allé vivre à Filstroff, un petit village à proximité. Il n’est jamais reparti vivre en Italie. Toute sa vie s’est construite ici, en Moselle.
C’est donc son histoire que vous allez découvrir à travers cet ouvrage. Une histoire que beaucoup d’Italiens ont vécu. Une histoire que des personnes de toute origine vivent encore aujourd’hui.
- Il y a beaucoup de chose à raconter. Tellement de choses !
Voici les premiers mots de Vincenzo Bellisario lorsqu’il a pris la parole pour me conter son histoire. La sienne, mais aussi celle de sa famille et de ses amis.
Ce dont il se rappelle le plus, c’est de sa jeunesse à Sora, sa ville natale. Un lieu magnifique situé en Italie, dans la région du Lazio, à 120 km de Rome et à 140 km de Naples. La cité était entourée de montagnes. Elle l’est encore de nos jours.
Il se souvient de son enfance en Italie et de sa sœur aînée qui est décédé alors qu’il n’avait que sept ou huit ans.
- C’est une chose que je me rappellerai toujours, m’a-t-il dit tristement.
Quand il habitait avec ses parents à Sora, dans la province de Frosinone, sa grand-mère vivait avec eux. En tout, ils étaient sept à la maison. Il y avait son père Francesco, sa mère Maria, sa grand-mère, son frère Loreto, ses sœurs Antonietta et Angelina, et lui. Ses parents possédaient deux maisons, l’une en face de l’autre. L’une d’elle était grande, tandis que l’autre était petite et bien moins confortable. La plus grande était louée. Mon grand-père et sa famille habitaient dans la plus petite des deux habitations. Devant leur demeure, il y avait un pied de vigne qui avait poussé le long de la façade et qui montait ainsi jusqu’au balcon. Chaque année, ils avaient du raisin à portée de main.
Maria, sa mère, était une femme simple, douce et protectrice. Elle manquait toutefois d’autorité. Elle n’était pas très grande.
- Je pense qu’elle faisait au maximum un mètre soixante, me dit Vincenzo après un petit moment de réflexion.
Elle était assez forte. Ses cheveux noirs étaient courts et frisés, quant à ses yeux ils étaient d’un beau gris foncé.
Son père se nommait Francesco. Lui, était très sévère, même de trop. Contrairement à Maria, il était très grand. Il faisait un mètre quatre-vingt-dix. Lui aussi était assez costaud. Ses cheveux n’étaient pas noirs, ils tiraient plutôt sur le brun et le châtain. Ils étaient courts. Ses yeux étaient plus clairs que ceux de son épouse. Dans les souvenirs de mon grand-père, ils étaient bleu-gris.
- Avec mon père, il fallait toujours marcher droit ! Ma mère était un peu plus souple, et ma grand-mère aussi, même si elle était tout de même plus sévère que ma mère. Un jour, je n’avais pas été très gentil avec ma mère, alors ma grand-mère m’a attaché derrière la porte. Il y avait un morceau de ferraille qui permettait de fermer la porte. C’est là qu’elle m’a attaché. Parce que je n’étais pas sage.
Vincenzo sourit. Aujourd’hui, tous ses souvenirs lui sont précieux.
Antonietta est la deuxième enfant de la famille Bellisario. Elle vit aujourd’hui encore en Italie, à Sora. Elle est née après mon grand-père. Quand ils étaient enfant, tous deux s’entendaient très bien. Parfois, ils leur arrivaient de se chamailler comme tout le monde, mais ça ne durait jamais bien longtemps. Antonietta était une enfant sage. Ni effrontée, ni rebelle, bien au contraire. Elle était vraiment d’une grande gentillesse.
- Elle était la plus attachée à nos parents, se souvient Vincenzo. Une fois, Antonietta qui devait avoir dix-huit ans, a eu une place dans une usine pour y travailler. Elle y allait tous les jours. Quand elle s’est mariée, tous les matins avant d’aller au travail, elle courait à la maison pour voir nos parents. Parfois son mari râlait, mais elle était comme ça. Elle passait à la maison avec sa petite mobylette. C’était une Ducati. Elle a travaillé dans cette usine jusqu’à la retraite.
Loreto est le troisième enfant. Lui, était indépendant.
- Il n’écoutait pas trop. Il voulait n’en faire qu’à sa tête. Il était assez rebelle comme enfant.
Angelina est la plus jeune de tous. Elle était la dernière. Tous s’entendaient bien. Elle était aussi très gentille, mais elle était un peu plus indépendante qu’Antonietta.
- Quant à moi, j’étais l’aîné de la famille.
- La personne dont je me rappelle très bien, c’est ma grande sœur ! me confie mon grand-père. Elle est morte. Elle s’appelait Anna. C’était après la guerre. Je m’en rappelle parfaitement. Elle avait huit ans et moi j’en avais sept. Elle était malade.
Après la guerre, beaucoup de personnes avaient les ganglions enflés sous les bras.
- Je pense qu’elle avait également une maladie du sang. On ne l’a jamais vraiment su. On ne savait pas ce qu’elle avait au juste et on n’avait pas de pénicilline.
Le médecin qui s’occupait de sa sœur avait dit à ses parents :
- Si on avait eu de la pénicilline, elle était sauvée.
A ce moment-là, Anna était déjà morte. Vincenzo, ne le savait pas.
- Elle était sur le lit, habillé en blanc, avec des voilages semblables à ceux que l’on a pour la communion. Les dragées étaient posées sur elle. On aurait dit un petit ange. Cette image, je la vois toujours. J’étais assis à côté d’elle et je mangeais les dragées. Je ne savais pas qu’elle était morte. Je croyais qu’elle dormait. Et puis, des gens sont venus avec un petit cercueil blanc et ils l’ont mise dedans. Ils l’ont prise et là, j’ai réalisé qu’elle allait partir pour toujours. J’ai attrapé la veste de l’un des hommes et j’ai crié : « Non ! Non ! Non !», mais ils l’ont quand même prise avec eux. J’ai continué à hurler pendant un long moment. Je ne sais plus combien de temps au juste. Ça a été dur pour tout le monde. Elle n’avait que huit ans quand elle nous a quittés. C’est ce qui m’a le plus marqué.
Un an plus tard, mon grand-père a aussi eu les ganglions gonflés. Le docteur est venu. C’était le même médecin que pour Anna.
- J’avais huit ans. Il nous a dit qu’il fallait couper, m’explique-t-il. Dans le temps, on n’allait pas à l’hôpital, ça se faisait à la maison. Il m’a mis dans le lit. Ma mère et mon père m’ont tenu les jambes et puis les bras. Le docteur à sortit un couteau, un bistouri comme on l’appelle, et il a coupé. J’ai crié, je lui ai dit : « Salop !», tellement j’avais mal. Il a nettoyé avec de l’eau oxygéné. De la mousse sortait de la plaie. Il m’a fait un pansement, mais n’a pas recousu. Chaque fois, il revenait pour nettoyer et ça a fini par guérir. Il n’y avait pas de pénicilline. Il n’y avait rien dans le temps. Pas de médicaments. Simplement de la pommade, et ça allait.
- Mon frère, il m’a fait courir ! rigole Vincenzo. J’étais l’aîné et c’était donc à moi de faire attention aux plus jeunes. Les filles écoutaient beaucoup plus, que ce soit Antonietta ou Angelina. Loreto, c’était le rebelle de la maison.Parfois, ma mère n’y arrivait pas non plus avec lui. Alors, c’était à moi qu’elle demandait de l’aide.
Du coup, mon grand-père courait derrière son frère.
- Il était plus jeune que moi et il courait plus vite aussi, se souvient-il. Il était plus sportif et plus costaud que moi. Quand on était jeune, j’allais le chercher quand il ne voulait pas rentrer à la maison.
Vincenzo avait alors dix-sept ans à cette époque. Il avait neuf ans d’écart avec son frère. C’est vers ses dix-douze ans que ce dernier était le plus turbulent.
Un jour, il a dû aller le chercher car Loreto crapahutait dehors et n’avait aucunement l’intention de rentrer chez eux.
- Maintenant tu rentres à la maison ! Maman n’est pas contente, il faut que tu écoutes maman. Autrement je vais voir papa ! lui avait lancé mon grand-père pour lui faire peur.
- Ho papa je m’en fou ! Tu n’as qu’à m’attraper ! avait rétorqué son frère.
Loreto s’était alors sauvé. Vincenzo n’a pas réussi à l’attraper. Ils se trouvaient sur le pont.
- Plus tard, quand il avait dix-sept ou dix-huit ans, ça allait mieux. Il était gentil comme tout ! se souvient-il nostalgiquement. Mais entre lui et notre père, c’était toujours la dispute.
Vincenzo avait douze-treize ans. Son père, Francesco, était un homme bon, mais il était trop coléreux. Une fois, mon grand-père et lui ont travaillé le dimanche.
- Pascal, tu vas à la maison ! lui a-t-il dis lorsqu’il fut midi.
Pascal était le second prénom de Vincenzo. C’était devenu son surnom.
A ce moment-là, tous deux travaillaient au pont de fer situé près du cimetière.
- Tu vas jusqu’à la maison, je te donne le vélo. Tu y vas et tu dis à ta sœur Antonietta de mettre les pâtes dans l’eau. Et de là, tu reviens me donner le vélo.
Ils avaient une ancienne bicyclette. Vincenzo lui a simplement répondu :
- Oui, papa.
Il est parti, comme son père le lui avait demandé. Quand il est arrivé à la maison, il est allé dire à sa soeur de mettre les pâtes dans l’eau. Ensuite, il a enfourché son vélo et il a repris la route. Sur la place près de laquelle il est passé, il y avait ses amis. Ils l’ont appelé.
- Qu’est-ce qu’il y a ?, les a questionné Vincenzo.
- Tu viens jouer aux billes ?
Il leur a répondu que ce n’était malheureusement pas possible car il devait ramener le vélo à son père.
- Ho cinq minutes !, ont-ils insisté.
Mon grand-père a finalement accepté et il a commencé à jouer aux billes avec eux. En s’amusant, le temps passe vite. Il n’a plus pensé à la bicyclette. D’un coup, ça lui ai revenu et il s’est dit « merde, il faut que je ramène le vélo à mon père ». Alors, il est vite reparti.