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"L’envol" narre l’histoire d’un homme et d’une femme unis dans une quête initiatique pour devenir un « Duo sacré ». Grâce à la clé mystique du « triple A », ils parviennent à transcender leurs blessures et croyances limitantes, transformant leurs épreuves en une profonde réalisation de soi. Immergés dans l’univers mystique et médical de l’Amazonie, leur parcours, jalonné de moments de grâce et de révélations magiques, les guide vers une métamorphose personnelle et spirituelle inoubliable. Un récit puissant qui vous invite à croire en votre propre capacité de transformation et à embrasser votre véritable potentiel.
À PROPOS DE L'AUTRICE
Nadine Sarrion, thérapeute depuis vingt ans, se lance dans l’écriture avec un roman initiatique né de son expérience au sein d’un atelier littéraire. À travers ce récit, elle partage ses enseignements et les précieuses leçons tirées de son parcours, offrant une réflexion profonde sur la guérison et l’évolution personnelle.
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Seitenzahl: 478
Veröffentlichungsjahr: 2025
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Nadine Sarrion
L’envol
Roman initiatique
© Lys Bleu Éditions – Nadine Sarrion
ISBN : 979-10-422-5445-2
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Lorsque les comptes sont faits,
on peut vivre le conte de fées,
sur la terre, dans son quotidien,
et dans son corps…
Il marche depuis très longtemps sur le bord de la grande route. Il est parti très tôt ce matin avec l’espoir dans le cœur d’une nouvelle vie… Son sac à dos pèse un peu, mais son cœur est léger.
Une pancarte indique au loin « Paris 400 km ».
De temps en temps, Jacky monte sur sa bicyclette puis fait une pause, puis marche.
Vêtu d’un jeans et d’une chemise bleue, d’une casquette blanche, cachant ses cheveux bruns, protégeant son regard azur. Il avance, décidé, en souriant.
Dans sa poche, un nom, une adresse, un rendez-vous…
Comme pour se stimuler, il sort régulièrement ce petit papier où il est écrit : « Rendez-vous au “Papillon bleu”, rue de l’épée, à midi vendredi. » Signé, Lindsey.
Nous sommes mardi, alors tout va bien, j’y serai, pense-t-il.
Après 20 km, le soleil est déjà haut dans le ciel, et Jacky sent la faim venir. Il s’arrête et s’installe légèrement en retrait par rapport à la route, sous un arbre, il sort ses provisions et de l’eau.
Après une heure de repos, il s’apprête à reprendre son long périple, quand un pick-up de couleur rouge freine devant lui.
Un jeune homme habillé comme un cow-boy l’invite à faire un bout de chemin avec lui. Jacky, trop content de gagner du temps sur son trajet, installe son vélo à l’arrière et monte côté passager.
— Merci, c’est sympa de m’avancer !
— De rien c’est normal, je commençai à trouver la route un peu monotone, alors je suis content d’avoir de la compagnie ! Chacun y gagne comme cela.
— Je m’appelle Jacky et je vais jusqu’à Paris ! Et toi ?
— Moi c’est Tommy et je vais jusqu’à Châteauroux, je vais chercher du matériel agricole que j’ai acheté sur internet, une très bonne affaire !
Tommy démarre tout en souriant.
— C’est une chance pour moi, cela va m’avancer de 200 km. Comme j’ai un rendez-vous très important vendredi midi, cela me rassure, car je ne voudrais pas le rater.
— Oh, oh ! Je parie que c’est avec une femme ! s’exclame Tommy tout en regardant la route.
— Euh, oui !
— Ah ! Il y a des tournants dans la vie qu’il est important de prendre et qui nécessitent de faire un choix.
— Oui, c’est à peu près cela, mais en plus compliqué…
— Mais pourquoi tu n’as pas pris le train ?
— Eh bien, parce que je profite du voyage pour réfléchir et prendre une décision, cela me laisse du temps.
— Que fais-tu dans la vie, quel est ton travail ?
— Je suis médecin spécialisé dans les maladies rares. Mais j’ai une clientèle « normale » en parallèle.
— Je ne m’attendais pas à voir un médecin à bicyclette, en général les médecins ont une belle voiture !
— Moi j’ai les deux ! dit Jacky avec un air malicieux.
Tommy tout en conduisant s’interroge intérieurement sur ce compagnon de route pas ordinaire.
Un long moment de silence égrène les kilomètres.
Puis Jacky reprend :
— Puis-je te demander ton avis ?
— Oui, dis-moi.
— Voilà, mon rendez-vous est effectivement crucial pour moi et j’hésite à faire un choix.
— Sache que j’ai pu vérifier qu’il n’y a pas de bon ou de mauvais choix, soit le choix nous conduit sur le chemin le plus court, soit sur le chemin le plus long, mais plus riche d’enseignements. Alors, dis toujours !
— Eh bien voilà, ce rendez-vous avec cette femme peut changer ma vie, m’inciter à tout quitter, pour aller vivre à l’étranger. Tu vois, ce n’est pas rien.
— Ah oui, en effet !
Tommy, l’air très absorbé, se tourne vers Jacky et lui demande :
— Est-ce que cela te donne de la joie ?
— Oh oui !
— Alors, fonce !
Jacky a le sentiment tout d’un coup, qu’une force vibre dans son corps, comme pour confirmer les paroles de Tommy et se sent d’un seul coup apaisé.
Après deux heures de route, les deux hommes, riches de leurs échanges, se quittent, en se donnant leurs numéros de téléphone, en promettant de se donner des nouvelles.
Après un signe de la main, leur chemin se sépare.
Jacky reprend sa route sur sa bicyclette tout en sifflotant.
Il repense à Lindsey ; il y a un mois, elle était encore une inconnue pour lui, et aujourd’hui elle le fait venir à Paris avec la perspective de réaliser son rêve.
Mille pensées tournent dans sa tête, au bout d’une heure de coups de pédales ; après 20 km, il n’en peut plus. Il se met en quête de trouver un hôtel.
Il se fait la réflexion qu’en vérité il a deux vélos : celui quiroule et celui qui trotte dans sa tête, il est temps de se reposer !
Dans un village, Jacky repère un petit hôtel « la Licorne », qui semble correct vu de l’extérieur. Il est reçu par une jeune femme, accueillante et souriante, une jolie brune très élégante.
Jacky choisit une chambre côté jardin, car il compte bien dormir pour être en forme demain matin pour la route.
Il lui reste 180 km à faire, et demain c’est mercredi.
Après un bon repas au restaurant de l’hôtel, il monte dans sa chambre. Il ne sait pas pourquoi, il ressent un malaise, comme une angoisse, peut-être la peur de rater son rendez-vous ? Il ne sait pas trop… Une douche bien chaude lui fait oublier ses tracas et il s’endort presque aussitôt.
Dehors tout est calme, la forte chaleur en ce début de juillet enveloppe tout le village.
La pendule du clocher ponctue chaque heure de la nuit…
Quelques minutes après les trois sons de cloche signalant trois heures, un cri dans la nuit jaillit des fenêtres de l’hôtel. Aussi d’un seul coup, le bâtiment s’illumine de partout, chacun essayant de savoir d’où viennent ces hurlements.
Jacky fait de même, sort de sa chambre après avoir enfilé à la va-vite son jeans et un tee-shirt.
Il frappe à toutes les chambres. Il est rejoint par la femme de la réception qui lui montre une porte.
Elle frappe et entre. Jacky positionné derrière elle, elle découvre une femme paniquée : son mari est étendu sur le tapis de la chambre, les yeux révulsés, agité de mouvements saccadés.
Jacky comprend tout de suite ce qu’il se passe, il connaît bien ces symptômes : crise d’épilepsie.
Il se précipite vers l’homme et pratique les gestes d’urgence, pendant que la femme de la réception essaie de calmer son épouse.
Plusieurs clients de l’hôtel s’agglutinent à la porte de la chambre. Jacky demande à l’un deux d’appeler les urgences, puis à un autre d’aller chercher son sac dans sa chambre qui contient sa trousse de soins.
Tout le monde s’agite. Se rajoutant à la panique générale, un orage éclate.
Pasétonnant, il faisait si chaud, se dit Jacky.
Une demi-heure plus tard, l’homme, toujours allongésur le tapis, se calme, il respire un peu mieux, mais difficilement encore.
Jacky, en attendant les secours, prend sa tension, demande à sa femme si c’est la première fois que cela lui arrive. Au même instant l’ambulance du SAMU entre dans la cour de l’hôtel.
La réceptionniste Cindy s’élance à leur rencontre.
Des portières claquent, des pas précipités, la relève est là. Deux hommes en blouse blanche entrent dans la chambre, Jacky est rassuré.
Il transmet les infos nécessaires à l’équipe médicale.
L’épouse du malade, un peu apaisée aussi, répond aux questions du médecin-urgentiste :
Nom, prénom, antécédents, traitement en cours… Elle reste assise, épuisée par son stress, serrée dans sa robe de chambre, ses cheveux blonds nattés.
À l’énoncé du nom de famille, Jacky est intrigué, il connaît ce nom-là. Coïncidence, ou il connaît vraiment cette personne ?
Il se tourne vers l’épouse du malade, lui demande : vous avez dit Romain Marsac ?
Le médecin-urgentiste et l’infirmier emmènent Romain Marsac sur un brancard.
Jacky sans aucune hésitation déclare à sa femme :
Jacky surveille Romain Marsac pendant le trajet pour l’hôpital.
Après 20 km, l’ambulance stationne aux urgences du centre hospitalier de Châteauroux.
Dans la salle d’attente, Jacky réalise d’un seul coup qu’il va se mettre en retard pour continuer son voyage. Tant pis se dit-il, je ferai de « l’auto-stop » ! Nous sommes mercredi maintenant.
Le soleil pointe à l’horizon, Jacky a somnolé jusqu’à ce matin, un médecin et une infirmière viennent lui donner des nouvelles de son oncle :
— Il va beaucoup mieux, mais nous allons le garder plusieurs jours pour des examens complémentaires.
— D’accord, merci pour vos bons soins. Est-ce que je peux le voir ?
— Il dort pour l’instant, mais essayez dans une heure.
Jacky profite de ce temps pour aller déjeuner et téléphoner à l’épouse de son oncle.
Il a gardé la carte de l’hôtel dans sa poche, en la sortant, son petit papier « fétiche » tombe.
En le ramassant, il le relie encore une fois : « rendez-vous au papillon bleu » rue de l’épée à midi vendredi. « Lindsey. »
Il tempère son cœur qui s’emballe d’un seul coup ! Il se parle à lui-même :
Tout doux, apaise-toi, nous avons le temps !
Il compose le numéro de l’hôtel « la Licorne », la réceptionniste l’accueille chaleureusement.
Mme Marsac raccroche de son côté et en s’adressant à Cindy, s’exclame :
Cindy, étonnée, réplique :
Et Mme Marsac lui raconte toute l’histoire…
Une heure plus tard, Jacky frappe à la porte 202, chambre de Romain Marsac.
N’ayant pas de réponse, il entre doucement. Curieusement dans cette pièce, tout est coloré, les draps, les rideaux, on ne se croirait pas dans un hôpital !
Romain, le regard évasif, a la tête tournée vers la fenêtre.
Jacky s’approche du lit :
L’air étonné, Romain se retourne et dévisage Jacky…
— On se connaît ?
— Je suis au même hôtel que vous, et hier je suis intervenu comme médecin auprès de vous à la suite de votre malaise est ce que vous vous rappelez ?
Les traits de son visage se durcissent soudain.
— Cela fait même 26 ans, répond Jacky.
— Que le temps passe vite ! Alors tu es médecin comme moi. Tu habites où ? On peut se tutoyer, tu sais.
Jacky n’a pas le temps de répondre, car Mme Marsac vient d’entrer. Il les laisse ensemble, promettant de revenir cet après-midi après la sieste.
Jacky a décidé de rester une nuit de plus à l’hôtel pour parler plus longuement avec son oncle et mieux profiter de leurs retrouvailles. Il reprendra sa route jeudi matin.
Heureusement que j’avais prévu large, pense-t-il.
Il prend un taxi pour retourner à l’hôtel, prendre une douche et confirmer qu’il reste une nuit de plus.
Cindy le reçoit, toujours souriante et avide de bonnes nouvelles.
Jacky tourne la tête et monte dans sa chambre. Il sent le regard de Cindy sur lui.
Jacky, quelques heures plus tard, douché, changé et rasé de près, reprend la route au volant de la voiture de Cindy. Tout en pensant à elle, il sourit intérieurement.
Après 25 minutes de conduite, il se retrouve au chevet de Romain Marsac. Il a déjà meilleure mine que ce matin. Ensemble ils se racontent leurs vies respectives riches d’anecdotes, et les évènements majeurs, tantôt riant, tantôt s’attristant.
Jacky en arrive à raconter pourquoi il se retrouve aujourd’hui sur la route de Paris à vélo :
Son oncle, attentif, bien qu’encore fatigué, lui répond :
Jacky sort un petit carnet de son sac et note avec soin les coordonnées de ses parents.
Une aide-soignante entre à ce moment-là pour proposer une collation.
Une fois tous les deux servis, Jacky reprend de plus belle :
— Quelle grande sagesse mon oncle ! Tout cela me bouleverse et m’intrigue à la fois. Mais je suppose que c’est à moi de mettre tout cela en pratique, avant de vouloir en savoir plus !
Ils continuèrent à discuter et à échanger encore un long moment, puis d’un seul coup, Jacky réalise qu’il se fait tard, et dit :
Ils s’embrassent, Jacky affirme qu’il prendra très bientôt de ses nouvelles.
Il demandera les coordonnées à sa femme.
Jacky quitte l’hôpital, heureux et triste à la fois, il aurait bien voulu continuer ce dialogue si intéressant et motivant.
Il commence vraiment à se faire tard, le parking de l’hôpital s’est vidé de toutes ses nombreuses voitures de visiteurs.
Il cherche des yeux l’automobile de Cindy, qu’elle lui a gentiment prêtée.
En montant à l’intérieur, il reconnaît le parfum de violette qu’il avait senti à son arrivée dans l’hôtel, comme un effluve souhaitant la bienvenue. Il se dit qu’il devrait l’inviter à dîner pour la remercier. Quelques heures plus tard, dans sa chambre d’hôtel, Jacky,affalé sur son lit, est pensif…
Cindy n’était pas à la réception, un jeune homme la remplaçait. Un peu déçu, il décide de manger léger et d’aller se coucher de bonne heure pour être frais et dispo pour ses 180 km à vélo. Sauf si la chance lui permettait de rencontrer un second « Tommy… »
La nuit fut calme extérieurement, mais très agitée pour Jacky qui repense à tout ce que son oncle lui a partagé. Il rallume même la lumière pour noter.
***
« Je suis moi-même l’amour, c’est ma nature profonde. L’amour est polarisé : féminin/masculin réunifié. L’amour en mouvement, c’est la vie. Et je suis en vie, donc l’amour vibre en moi !
Je ne suis jamais seul ! Je dois vivre ce duo intérieurement.
Ma valeur, c’est l’amour qui est en moi.
Mes parents ne m’ont pas donné la vie. Ils sont seulement les jardiniers. C’est moi qui suis venu riche de mon propre amour m’incarner pour rayonner qui je suis ».
En éteignant l’éclairage, allongé sur le lit, Jacky à demi nu à cause de la chaleur… soudainement, se met à douter…
Subitement, l’image d’une ancienne publicité où il est question d’alimentation pour chats lui revient en mémoire, le slogan était : « goûté et approuvé », avec l’empreinte d’une patte de chat.
Il finit par s’endormir, dans un sommeil enchevêtré de rêves et de questionnements.
Le lendemain matin Jacky, habillé légèrement, rafraîchi, dévale les escaliers avec son sac de voyage pour prendre son petit déjeuner. Mais Cindy n’est toujours pas là. Dommage, se dit-il, j’aurais tant voulu la voir avant de quitter l’hôtel, je ne comprends pas, sa voiture est sur le parking, là où je l’avais garée hier.
Avant de partir, Jacky monte dans la chambre d’Hélène Marsac pour lui dire au revoir.
Elle lui ouvre, elle est déjà prête pour aller voir son mari à l’hôpital. Elle le remercie sincèrement, et lui donne leurs coordonnées à Marseille.
Jacky reprend la route, avec tout ce qu’il lui est arrivé ces derniers jours, son petit « vélo » dans la tête tourne à plein régime ! Heureusement il fait moins chaud aujourd’hui, se dit-il. Journée parfaite pour pédaler, nous sommes jeudi, je dois trouver un hôtel à Paris ce soir non loin du « Papillon bleu », ou bien rouler de nuit.
Les paysages verdoyants, les villages se succèdent. Les odeurs de campagne, les chants d’oiseaux donnent une atmosphère sereine et joyeuse à ce voyage et la circulation est fluide. Le temps est à la méditation…
Cependant, au bout de trois heures, la fatigue se fait sentir, il reste encore 100 km.
Jacky s’arrête près d’un grand lac avec une plage aménagée et une guinguette.
Il s’installe, et quelques instants plus tard, transpirant par ce chaud soleil, il plonge avec délice dans le lac, il se restaure avec une grande salade et une bière bien fraîche.
Il se sent beaucoup mieux et va s’allonger pour une petite sieste… Il s’endort avec la musique des cris de joie des enfants s’amusant dans l’eau.
Il est réveillé soudain par quelqu’un qui tire la manche de son tee-shirt. Les yeux écarquillés, il vérifie tout d’abord si sa bicyclette est toujours là, rassuré, il se concentre sur ce qu’il croit premièrement être un enfant. En fait c’est la serveuse de la guinguette qui lui rapporte sa monnaie qu’il avait oubliée sur le comptoir.
La serveuse, une dame d’environ 50 ans, s’assied près de Jacky, l’air intrigué par ses propos.
Car il est important de ne pas chercher à comprendre. La compréhension ne peut pas venir quand on la cherche. Elle vient de l’intérieur au moment où on s’y attend le moins. Il ne faut pas tomber dans le piège de se limiter à l’intellectuel. C’est tout notre corps qui comprend, dans chacune de nos cellules, il y a notre cœur.
La serveuse reste pensive, le regard fixe. Puis elle reprend en posant d’autres questions.
Jacky va reprendre sa route, quand Éliane le rattrape.
Jacky suit Éliane jusqu’à sa guinguette.
Son frère apparaît dix minutes plus tard :
Allez c’est parti, donnez-moi votre bicyclette, je l’installe à l’arrière.
Éliane leur fait signe de la main tout en leur souhaitant bonne route.
Drôle de rencontre, se dit Éliane, furtive, mais intense. Elle retourne derrière son comptoir, un sourire amusé sur les lèvres.
Jacky et Christian roulent depuis une heure déjà. Ils ont échangé sur leur vie respective et du coup, Christian, très absorbé par leur discussion, a failli rater l’entrée de l’autoroute.
Jacky apprend que Christian est âgé de 40 ans, et qu’il est le père de deux filles.
Il paraît très sympathique et proche de ses enfants, à la façon dont il en parle.
Et très amoureux de sa femme, il parle d’elle avec enthousiasme et on ressent à travers son discours beaucoup d’amour. C’est rare, d’autant plus que cela fait 12 ans qu’ils sont mariés.
Jacky les envie, lui qui vient de divorcer récemment.
Perdu dans ses pensées, il se souvient de ce que lui avait dit son oncle : « demande intérieurement, unis-toi d’abord à ta Bien-Aimée intérieure, elle te guidera. Tu la retrouveras dans le corps d’une femme qui partagera ta vie. »
Par la pensée, pour la première fois, Jacky s’adresse à cette puissance d’amour au féminin en lui… Ça lui fait tout drôle. Il lui demande de l’aide pour la rencontrer intérieurement d’abord…
Après deux heures de route, Christian et Jacky arrivent dans Paris, il fait chaud et les embouteillages se forment. Heureusement il y a la climatisation dans le véhicule.
Jacky se sent rassuré, il est arrivé à Paris.
Dans le quartier de Notre-Dame, Christian se gare tout en s’exclamant :
— Et si on allait boire une boisson fraîche ? On l’a bien mérité.
— Ah oui, et c’est moi qui vous invite, répond Jacky.
Ils s’installent à la terrasse d’un café où l’on peut voir des Parisiens circuler, se promenant, d’autres plus déterminés, pressés. De la terrasse on aperçoit Notre-Dame.
— Merci beaucoup pour le covoiturage, Christian.
— J’ai été heureux de faire la route avec vous, donc merci à vous aussi. Je vais livrer le matériel maintenant, tout près de là, dans une petite entreprise. Bon séjour à Paris et bon rendez-vous !
Les deux hommes se quittent.
Après avoir récupéré son « deux roues », Jacky veut d’abord repérer où se trouve le « Papillon bleu ». Il demande au serveur du café s’il connaît la rue de l’épée. D’après lui, ce n’est pas loin à quelques rues de là.
En effet, après 15 minutes, il la trouve enfin et découvre « Le Papillon bleu ».
Il flâne dans les rues, tout en faisant ses recherches. En plein mois de juillet, on entend beaucoup d’étrangers, de touristes, toutes les langues. Avec ce soleil à Paris, Jacky se sent bien… On pourrait se croire en vacances, se dit-il.
Il finit par trouver un petit hôtel dans une rue voisine, relativement calme. Il est étonné soudain de lire une inscription manuscrite récente sur un mur de l’hôtel. « Je suis là »…
Avec un petit sourire, Jacky se surprend à penser à sa Bien-Aimée intérieure.
Il rentre, un homme à l’accueil lui propose une chambre côté cour.
Après avoir rempli les formalités et décidé de l’emplacement pour sa bicyclette, Jacky prend l’escalier recouvert en son centre d’un tapis rouge, permettant ainsi un pas feutré.
Il s’installe dans la chambre 18 au premier étage.
À peine posé, son portable sonne, appel inconnu !
Jacky raccroche, content d’avoir pu confirmer son rendez-vous.
Après un bon bain, il prépare ses vêtements pour le lendemain, puis décide de sortir se promener.
Une nuit à Paris, cela ne se rate pas !
Il est 20 h 30 et Jacky déambule dans les rues du quartier. Une sensation de doucelégèreté l’envahit, il se remémore tous les évènements de son voyage, depuis la Dordogne.
Toutes ces personnes qu’il a rencontrées, que de coïncidences et hasard ! Mais si j’en crois mon oncle, tout arrive au bon moment pour chacun d’entre nous, si nous le désirons et que c’est bon pour notre évolution.
Il trouve un banc où s’asseoir et, pour la première fois, décide de parler à haute voix à sa Bien-Aimée intérieure… Tout est calme autour de lui. À cette heure, ils dînent tous.
Jacky, pour toute réponse, ressent une infinie paix, et ne peut s’empêcher de sourire.
Ravi de sa petite méditation, il se met en quête d’un bon repas.
Le lendemain matin, le soleil est déjà haut et Jacky se réveille difficilement. Il se souvient qu’il a fait un rêve…
Il était question de départ, d’avion, de bateau, et d’un bouquet de violettes déposé sur le bord d’un chemin…
Les douze coups de midi sonnent au clocher de Notre-Dame. Jacky est installé à une table dans le restaurant « le Papillon Bleu ». Il pense à l’Amazonie si lointaine et proche à la fois. Une jeune femme d’une trentaine d’années vient d’entrer, interrompant le flux de ses pensées. Elle est blonde aux yeux bleus, très féminine. Il s’attendait plutôt à la voir en pantalon très décontractée.
Jacky est surpris, Lindsey est d’un naturel et d’une grande beauté, cheveux longs, élancée, très sûre d’elle. Il se sent tout à coup tout petit, plus très sûr de lui, et commence à bafouiller… Soudain, il pense à sa Bien-Aimée intérieure… et répond enfin :
Lindsey rétorque :
Ils discutent, tout en déjeunant, des démarches, du calendrier, du voyage, de l’organisation, de souhaits, de laboratoire, et de patients…
Ils se quittent vers 15 heures.
Lindsey, ravie, serre la main de Jacky, en lui souhaitant :
D’ici là, vous avez mon portable, mon mail, je suis à votre disposition, n’hésitez pas.
En sortant du « Papillon bleu », Jacky, le cœur rempli de joie et d’excitation, rouvre son portable et s’aperçoit qu’il a trois messages en attente.
Tout d’abord Tommy, l’homme au pick-up rouge, qui lui demande si son entrevue s’est bien passée.
Puis un message de son oncle qui lui écrit : « Alors, tu as dit OUI ? ».
Et sa secrétaire qui lui demande s’il va bien et s’il sera bien là lundi, pour ses consultations au cabinet à Bergerac.
Il rentre à son hôtel, il revoit le graffiti sur le mur « je suis là »…
Dans un premier temps, il répond aux sympathiques messages.
Puis le petit vélo intérieur se met en marche jusqu’à tard dans l’après-midi.
Jacky décide de rentrer à Bergerac dès le lendemain. Tant de préparatifs pour sa nouvelle vie l’attendent…
Il décide de louer une voiture pour son retour.
C’est ainsi que le lendemain samedi, Jacky reprend la route, sa « petite reine » dans le coffre et son « tricycle » dans la tête… Il repense à ces derniers jours, à ses retrouvailles avec son oncle et sa tante, la connaissance de Tommy, de Lindsey, d’Éliane, de Christian, et enfin de Cindy à qui il n’avait pas pu dire au revoir.
Il lui revient à l’esprit, d’un seul coup, son rêve. Finalement, n’était-ce pas une réponse à sa demande à la Bien-Aimée ? Où il était question de voyage, de bateau, d’avion ! Ah ! Peut-être que, ma Bien-Aimée, tu dialogues avec moi, par mes rêves, en plus de mon intuition ?
Tu me rassures, finalement, avec toi j’irai au bout du monde, s’écrie-t-il l’air enjoué.
En passant près de l’hôtel où il avait séjourné à l’aller, Jacky eut l’envie de s’arrêter pour voir si Cindy était là. Puis il se ravise et continue sa route.
Vers midi, enfin arrivé chez lui à Bergerac, après un bon repas et un bref repos, Jacky se met en devoir de commencer une longue liste de choses qu’il doit accomplir.
La première, se trouver un remplaçant d’ici septembre, puis louer sa maison pendant son absence, son contrat est de six mois renouvelable.
Les journées passent, où Jacky doit penser à tout pour ne rien oublier et ne mettre personne dans l’embarras par son départ.
Il prend le temps d’écrire à son oncle Romain, de rendre visite à ses parents pour leur annoncer la nouvelle de son départ et les retrouvailles avec le frère de son Père.
Une grande page de sa vie se tourne depuis son divorce, la nouvelle s’ouvre, toute blanche. Les semaines défilent trop vite pour Jacky, nous sommes déjà le 20 août et il a fait expédier à l’hôpital de Manacapuru le plus gros de ses bagages et le matériel de laboratoire pour ses recherches.
Tommy, régulièrement, lui demande où il en est. Ils sont devenus amis « longue distance ».
Jacky continue ses consultations jusqu’au bout, accompagné de son remplaçant, ce qui permet de faire le relais en douceur avec ses patients. Tout se passe très bien, Jacky est confiant, tout ira bien, de bons contacts s’établissent entre les malades et le nouveau médecin.
Nous sommes fin août et la date du grand départ approche…
Lindsey lui téléphone régulièrement pour mettre en place un programme d’intégration en douceur, aussi bien pour Jacky que pour les Indiens qui viennent à la consultation de l’hôpital.
Pour le laboratoire de recherches, Jacky sera seul aux commandes. Mais il a demandé à avoir un assistant sur place, quelqu’un du pays parlant français.
Tout semble s’annoncer sous les meilleurs auspices, malgré l’arrivée en retard de ses bagages.
Des appréhensions se font jour de temps en temps, mais Jacky, dans ces moments-là, s’intériorise et s’apaise rapidement. Il arrête de s’inquiéter pour lui-même, et pense à toutes ces personnes qui ont besoin de lui.
Quel changement dans sa vie en si peu de temps, pense-t-il, mon divorce, mes retrouvailles avec mon oncle, mon départ. Il ne me reste plus qu’à trouver ma Bien-Aimée en chair et en os !
Mais pas trop vite, tout viendra en son temps.
Jacky repense d’un seul coup à Lindsey, il n’avait pas vu d’alliance à son doigt, mais de nos jours, ce n’est pas un indice très fiable, car beaucoup de couples ne sont pas mariés. Et puis elle est belle, élégante, mais cela ne fait pas tout !
Le mois de septembre arrive vite, le départ est prévu le 4. Aujourd’hui nous sommes le 3, et demain matin Jacky prend l’avion à 11 h 55 à Charles de Gaulle pour arriver à Manaus à 22 h 54.
Il est dans sa chambre d’hôtel près de Charles de Gaulle.
Hier, il a dit au revoir à tout le monde et à sa famille.
Manaus est à 11 heures de vol. Après tout, ce n’est pas le bout du monde, je pourrais revenir de temps en temps, se dit-il.
Le lendemain matin, c’est bientôt l’heure du départ, comme toujours l’aéroport est en effervescence.
Jacky se laisse emporter par cette agitation et commence à stresser. Mais la pensée pour sa Bien-Aimée intérieure le ramène au calme aussitôt.
Tout en attendant d’enregistrer ses bagages, il regarde les personnes autour de lui, puis soudain, dans une autre file pour une autre compagnie, il entrevoit, l’espace de quelques secondes, un visage familier, une femme brune. Il lui semble la reconnaître, mais où l’a-t-il déjà vue ?
Il ne se souvient plus. Elle part d’un pas pressé, ce n’est plus que sa silhouette qu’il aperçoit maintenant.
Dommage, se dit-il, ça va me revenir, mais bon, ce sera trop tard !
Ses bagages enfin enregistrés, Jacky se dirige vers la porte d’embarquement, en passant par tous les contrôles. Le visage de la femme entrevue lui revient dans un éclair de lucidité. Il se souvient, cette femme, c’est Cindy, la réceptionniste de l’hôtel où il a retrouvé son oncle !
Mais que fait-elle ici ?Je l’ai toujours vue, dans monsouvenir, derrière le comptoir de la réception.
Elle part peut-être en vacances !
Maintenant bien installé dans l’avion, Jacky, le dos plaqué à son fauteuil, décolle pour une autre vie !
***
Le voyage se passe bien. Après de longues heures ponctuées par des repas et des collations, puis un film. Jacky aperçoit, par le hublot, l’étendue du grand serpent formé par la grande « Amazone » et la gigantesque et épaisse forêt tropicale. Il est très impressionné…
L’avion se pose sous les applaudissements des passagers.
Fatigué de son voyage, Jacky prend sa chambre réservée par Lindsey dans un hôtel tout proche : « Le Manaus Hotéis ».
Comme prévu, Lindsey est à Manaus le lendemain tôt pour le conduire à l’hôpital de Manacapuru.
Vêtue d’un jeans et d’un tee-shirt, tout sourire, ses cheveux attachés en chignon bouclé, Lindsey accueille chaleureusement Jacky.
Lindsey conduit elle-même un gros 4X4. Elle semble très à l’aise et maintenant, derrière ses lunettes de soleil indispensables dans cette région, elle lui pose mille questions.
Jacky répond, tout en regardant la route défiler. Il est étonné tout de suite par la grandeur des arbres et ressent le poids de la chaleur, malgré la climatisation du véhicule.
Au bout de deux heures, ils quittent la grande route pour prendre un chemin poussiéreux.
Puis une autre demi-heure passe. Jacky peut apercevoir, au loin, à flanc de colline, le petit hôpital se dressant tout blanc, d’apparence solide et bien planté. Il est sûr que cet établissement n’a rien à voir avec ces hôpitaux dits « éphémères » que l’on peut trouver dans cette grande région boisée, faits de cabanes et de tentes.
À son arrivée, toute l’équipe vient au-devant de lui pour le saluer.
Des malades s’agglutinent aux fenêtres pour mieux voir toute cette agitation.
Lindsey fait les présentations, ils sont au moins 10 personnes… Infirmiers, aides-soignants, hommes et femmes de ménage, secrétaire, et le chirurgien.
Celui-ci lui souhaite la bienvenue et le remercie d’avoir accepté si rapidement leur proposition, car le personnel commençait à être débordé.
L’hôpital, à la grande surprise de Jacky, est très propre. Des ventilateurs aux plafonds et parfois une climatisation perfectionnée dans certaines pièces permettent une agréable fraîcheur.
Une heure plus tard, après la visite de l’établissement, il se retrouve enfin dans ses quartiers. Une jolie cabane faite de rondins de bois, avec un petit salon, un coin cuisine, un petit bureau et une chambre. Demain il visitera le laboratoire de recherche. Il a eu de bons contacts avec tout le personnel et les malades.
La nuit arrive et Jacky décide de passer la soirée seul et de se coucher tôt.
Demain il doit travailler en collaboration avec Vladimir, le chirurgien…
Il a du mal à trouver le sommeil, et il repasse sa journée dans sa tête : le voyage, son arrivée et sa découverte des lieux, il pense que c’est un privilège de pouvoir travailler dans ces conditions, au vu du contexte géographique et du climat.
Pour finir, il revoit le visage de Cindy, et une intuition lui fait repenser au rêve qu’il avait fait à Paris avant de rencontrer Lindsey.
Il reprend son petit carnet où il a noté ce rêve, comme lui avait conseillé son oncle.
Il le relit et est étonné de se rendre compte qu’il avait oublié le bouquet de violettes sur le bord du chemin. Je laisse la question ouverte. Que symbolise ce bouquet ?
Quelques minutes plus tard, il se remémore le parfum de violette de Cindy qu’il avait senti à son arrivée dans l’hôtel et dans sa voiture. Ah ! Eh bien j’avais rêvé d’elle, par la présence de ce bouquet sur le chemin. Ce rêve qui faisait suite à ma demande à la Bien-Aimée. Et c’est troublant de l’avoir aperçue à l’aéroport. Que veut dire tout cela ? Je laisse ouvert !
Sa journée du lendemain commence par la consultation de tous les dossiers des malades.
Il compte les examiner tous, il y en a 34.
Vladimir l’accompagne dans sa tâche. C’est un homme curieux, car il est grand, blond, très viril, mais parle avec une voix toute douce.
Nous respectons leurs croyances et leurs rituels de sorciers, nous utilisons même parfois leurs remèdes de plantes, mais lorsque c’est urgent, nous devons user de stratagèmes pour les convaincre. Lindsey est très douée pour cela, je l’apprécie beaucoup.
Jacky en prend bonne note.
Les semaines défilent, à son insu, Jacky commence à prendre ses marques et devient plus serein. Il commence à apprécier son travail ici. De temps en temps il repense à ses patients Français, mais très vite il se reprend, il y a tellement à faire dans ce pays !
Notamment dans ses recherches au laboratoire, où une maladie encore inconnue par ses symptômes le préoccupe et lui demande beaucoup d’attention. Il y reste parfois une partie de la nuit ; profitant ainsi de la climatisation du laboratoire, car dans sa « cabane » il n’y a que les ventilateurs.
La journée, il est assisté par Lindsey qui est une aide précieuse pour dialoguer avec les patients qui parlent soit portugais, soit espagnol, ou anglais dans cette région d’Amazonie côté brésil, sans compter les dizaines de dialectes locaux.
Ce soir il décide d’écrire à son oncle Romain, pour lui donner de ses nouvelles comme il l’avait promis, et s’assurer qu’il va bien.
Il lui raconte au passage ses états d’âme et ses questionnements. Car Jacky est heureux d’être là, mais pas complètement.
Tout en sachant que sa Bien-Aimée intérieure a bouleversé sa façon d’être. Il voit la vie d’un œil nouveau. Il se sent plus sûr de lui et prend de plus en plus conscience de la vraie valeur de son être. Non pas cette valeur qui pourrait satisfaire son ego et celui des autres, mais celle de son âme.
Il précise à son oncle qu’il est encore dans l’attente de sa Bien-Aimée en chair et en os et que cela l’attriste, il ne peut s’en empêcher. Tout en étant bien conscient que, plus on attend et plus ça retarde… Comme conseillé, il s’efforce de lâcher prise. Il a fait sa demande intérieure et malgré tout il garde confiance. Épuisé, il finit par tomber de sommeil sur son courrier.
Un matin à l’hôpital, une certaine agitation se fait sentir, la visite du Dr Marsac semble troublée.
Lindsey, lisant la perplexité sur le visage de Jacky, lui résume la situation :
Lindsey, ravie de cette possibilité, donne ses instructions à tout le personnel, pendant que Jacky, imperturbable, continue son inspection et donne ses directives pour au moins trois jours.
Vers 17 h, tout est prêt, Lindsey se met au volant.
Lindsey démarre en faisant un signe d’adieu aux enfants malades se reposant dans le parc.
Et je pense avoir isolé la bactérie qui vient de l’eau d’une certaine région, d’après mes résultats. Mais j’en parlerai à notre prochaine réunion de travail.
La route semble interminable à Jacky qui a pris le relais au volant après les deux heures de conduite de Lindsey.
Le soleil finit par décliner petit à petit derrière la forêt où l’on peut apercevoir au loin, entre les arbres, les baraquements du centre de soins.
Jacky est bien content d’être arrivé, même si la compagnie de Lindsey est des plus agréables, il a hâte de se laver de la poussière du chemin, de se nourrir, même si ce n’est que de riz et de bananes.
Il a trop faim.
Ils sont accueillis avec enthousiasme et grand fracas, là aussi les enfants sont présents.
Après le déchargement de leur véhicule, Lindsey et Jacky sont invités à se rafraîchir et à se nourrir.
Au menu, un ragoût de porc avec des légumes et du manioc.
Jacky est ravi et termine ce repas par des fruits encore inconnus pour lui, mais savoureux.
Il découvre avec Lindsey la joie de rompre pour quelques jours la « presque » routine de l’hôpital.
La petite équipe, après la réunion, décide de faire une petite fête : Tambo, un des trois aides-soignants joue de la guitare et tout le monde chante chacun son tour.
Jacky est assis tout près de Lindsey et lui fait part de son étonnement de ne voir que Pauline en tant qu’infirmière, alors qu’elle lui avait dit qu’il y en avait deux.
La fête se termine, tout le monde va se coucher.
Tôt le lendemain, après une nuit agitée pour Jacky, les interventions auprès des malades et des visiteurs souffrants commencent. Il fait moins chaud, car le centre est protégé par l’ombre des arbres, mais l’humidité se fait sentir plus fort.
En fin de journée, Jacky est satisfait de lui, car il n’a eu que des cas où il pouvait vraiment agir et soulager dans l’immédiat.
Mais le soir, son lit de camp est le bienvenu, Lindsey lui adresse un petit sourire complice, le remerciant ainsi de son aide précieuse.
Jacky s’endort rapidement après avoir posé une nouvelle question ouverte à sa Bien-Aimée intérieure, espérant ainsi avoir sa réponse par un rêve : « où te trouver sur cette terre ? »
Le lendemain matin, tout le petit centre est réveillé par un bruit assourdissant, plusieurs avions passent au-dessus très bas.
Tambo explique que cela arrive de temps en temps, les gardes forestiers surveillent les braconniers, les trafiquants d’animaux et les bûcherons illégaux.
Après un petit déjeuner fait de fruits et de café, Jacky et Lindsey se mettent au travail. La pluie est au rendez-vous aujourd’hui, et les soins se font dans une grande salle à l’intérieur où Jacky n’était pas encore entré.
Tout en auscultant un petit garçon qui semble avoir des difficultés respiratoires, le regard de Jacky est attiré par un papier collé sur le mur côté fenêtres.
Plus tard, profitant d’une pause, il s’avance vers le document en question, il ne comprend pas pourquoi cela lui semble impératif de le lire.
Il s’approche… C’est en fait un planning de présence et ce qu’il y voit fait battre son cœur plus vite, le prénom de CINDY y est écrit par quatre fois pour ce mois-ci.
Une vibration lui traverse tout le corps en quelques secondes. Tambo qui passe derrière lui au même moment s’exclame tout fort : « Ah ! C’est aujourd’hui que Cindy vient nous aider ».
Jacky est perplexe ! Il se souvient d’une phrase que lui avait dite son oncle : « quand tu as ta réponse, tu le sais, c’est une évidence ! » Alors sa Bien-Aimée, se dit-il, lui a répondu cette fois-ci par le biais de cette feuille, tout simplement.
Il se sent bouleversé, si bien qu’il est obligé de s’asseoir et de reprendre ses esprits…
Mais les patients attendent. Et c’est avec un grand effort de concentration que Jacky termine ses soins.
Vers 18 h, le bruit d’un véhicule se fait entendre et Jacky se dit : cela doit être elle ! Il entend sa voix et la reconnaît. Il jette un regard discrètement du coin d’une fenêtre. C’est bien elle. Il n’ose pas la rencontrer tout de suite, va faire sa toilette et se changer avec le peu de vêtements qu’il a apporté.
Un peu plus tard, accompagné de Lindsey, il rentre dans la salle qui leur sert de réfectoire.
Il reconnaît tout de suite le parfum de violette de Cindy, leurs yeux se croisent, Cindy ébahie s’écrit :
Cindy répond :
En fait, nous nous sommes rencontrés en France il y a 2 ou 3 mois, je crois, dans l’hôtel de mon père.
Tout en s’asseyant à table, Cindy raconte à Jacky :
— Il faut que je vous précise que je suis biologiste en vérité, que je me trouvai ponctuellement à l’hôtel, à la demande de mon père qui avait été hospitalisé en urgence. Je l’ai remplacé pour gérer ses deux hôtels en Province. Et je suis rentrée ici début septembre, après son rétablissement.
— Le 4 septembre, continue Jacky, je vous ai aperçue à l’aéroport !
— Oh ! Que de coïncidences ! Les joues de Cindy deviennent rouges d’un seul coup.
Alors comment êtes-vous là aujourd’hui ?
Jacky lui explique tout son cheminement…
Fascinée par son récit, Cindy est tout excitée devant toutes ces synchronicités. Elle se tourne vers Lindsey, son amie, en lui disant :
Ils se retrouvent en tête à tête et Cindy lui demande :
Cindy est tout étourdie, elle sent monter tout au long de sa colonne vertébrale une énergie puissante, une sensation encore inconnue ! Que lui arrive-t-il ?
La soirée se termine dans la joie et la bonne humeur.
Jacky aurait aimé rester à discuter encore avec Cindy, car tout comme elle, de nouvelles sensations se faisaient sentir dans son corps. Mais une longue journée les attendait tous.
Le lendemain matin, après concertation de l’équipe, les soins commencent. Cindy propose son aide à Jacky et ensemble ils auscultent, soignent, diagnostiquent, réconfortent une trentaine d’Indiens venus de tribus différentes. Très souvent Jacky est ému par tous ces regards de gratitude. On pourrait croire que ces gens sont malheureux parfois, au vu de leurs conditions de vie, mais en fait, leurs joies et leur bonheur ne sont pas les mêmes que les nôtres… Tout simplement.
Lindsey, qui regarde de loin Jacky et Cindy œuvrer, se dit en souriant : Ils vont bien ensemble ces deux-là !