L’Épouse du Roi des Mers - S.E. Smith - E-Book

L’Épouse du Roi des Mers E-Book

S.E. Smith

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Beschreibung

Un monde où vivent des dragons, un peuple de la mer, des pirates, des sorcières, des monstres, des élémentaux, d’adorables garçons espiègles, qui manigancent pour compléter leur famille, et de séduisants rois solitaires entourés de secrets…
Jenny Ackerly est dévastée lorsque sa meilleure amie disparaît sans laisser de trace. Alors qu’elle cherche Carly, sa détermination se transforme en horreur quand elle voit un jeune garçon courir sur une plage déserte vers la mer glacée. Lorsque le garçon ne refait pas surface, l’instinct protecteur de Jenny se réveille et elle se jette à l’eau pour le sauver d’une mort certaine, nageant plus loin et plus profondément qu’elle ne l’aurait jamais fait en temps normal, jusqu’à ce qu’elle soit prise dans un puissant contre-courant. Quand Jenny remonte à la surface, elle se trouve dans un monde sous-marin magique.
Orion est le puissant souverain de l’île du Serpent de Mer et le protecteur des océans, mais le temps lui est compté. Pendant des centaines d’années, sa famille a été en possession des Yeux du Serpent de Mer, qui leur accordaient le pouvoir sur les océans, mais les pierres précieuses leur ont été dérobées ! Pendant ce temps, le marché que passe l’aîné de ses enfants avec la sorcière des mers menace de sceller le sort du peuple de la mer — et peut-être celui des Sept Royaumes. La situation semble sans espoir — jusqu’à l’apparition d’une femelle farouche venue d’autre monde…
Une alliance improbable entre Jenny et Orion pourrait tout changer, mais que faudra-t-il pour survivre au mal qui se cache dans les profondeurs de l’océan ?
Auteur de renommée internationale, S.E. Smith propose une nouvelle histoire d’action pleine de romance et d’aventure. Débordant de l’humour qui la caractérise, de paysages éclatants et de personnages attachants, il est certain que ce livre deviendra un nouveau favori des fans !

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Seitenzahl: 344

Veröffentlichungsjahr: 2020

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L’Épouse du Roi des Mers

Un Conte des Sept Royaumes Tome 2

S.E. Smith

Remerciements

Je voudrais remercier mon mari Steve de croire en moi et d'être assez fier de moi pour me donner le courage de suivre mes rêves. J'aimerais également remercier tout particulièrement ma sœur et meilleure amie, Linda, qui non seulement m'a encouragée à écrire mais a également lu le manuscrit. Et également mes autres amis qui croient en moi : Jennifer, Jasmin, Maria, Rebecca, Gaelle, Angelique, Charlotte, Rocío, Aileen, Julie, Jackie, Lisa, Sally, Elizabeth (Beth), Laurelle, et Narelle. Les filles qui m'aident à continuer !

Et un merci tout particulier à Paul Heitsch, David Brenin, Samantha Cook, Suzanne Elise Freeman, Laura Sophie, Vincent Fallow, Amandine Vincent, et PJ Ochlan, les voix fantastiques derrière mes livres audios !

—S.E. Smith

L’Épouse du Roi des Mers

Les Sept Royaumes Tome 2

Copyright © 2020 par Susan E. Smith

Publication E-Book en anglais décembre 2017

Publication E-Book en français septembre 2020

Traduit Par : Charlotte Spender

Relu Par : Gaëlle Darde

Couverture par : Melody Simmons et Montana Publishing

TOUS DROITS RÉSERVÉS :

Cette œuvre littéraire ne peut être reproduite ou transmise sous quelque forme ou par quelque moyen que ce soit, y compris la reproduction électronique ou photographique, en tout ou en partie, sans l'autorisation écrite expresse de l'auteur.

Tous les personnages et événements de ce livre sont fictifs ou ont été utilisés de façon fictive, et ne doivent pas être interprétés comme étant réels. Toute ressemblance avec des personnes vivantes ou décédées, des événements réels ou des organisations est strictement fortuite et n'est pas voulue par l'auteur.

Résumé : Une jeune femme à la recherche de son amie disparue essaie de sauver la vie d’un jeune garçon, mais finit dans un royaume sous-marin magique, dans un monde lointain.

ISBN : 9781952021435 (livre de poche)

ISBN : 9781952021428 (eBook)

Romance (amour, contenu sexuel explicite) | Fantasy Dragons & Créatures Mythiques | Contemporain | Paranormal | Action / Aventure | Fantasy

Publié par Montana Publishing, LLC

& SE Smith de Florida Inc. www.sesmithfl.com

Sommaire

Prologue

Chapitre 1

Chapitre 2

Chapitre 3

Chapitre 4

Chapitre 5

Chapitre 6

Chapitre 7

Chapitre 8

Chapitre 9

Chapitre 10

Chapitre 11

Chapitre 12

Chapitre 13

Chapitre 14

Chapitre 15

Chapitre 16

Chapitre 17

Chapitre 18

Chapitre 19

Chapitre 20

Chapitre 21

Epilogue

Notes

Plus de livres et d’informations

À propos de l’auteur

Résumé

Un monde où vivent des dragons, un peuple de la mer, des pirates, des sorcières, des monstres, des élémentaux, d’adorables garçons espiègles, qui manigancent pour compléter leur famille, et de séduisants rois solitaires entourés de secrets…

Jenny Ackerly est dévastée lorsque sa meilleure amie disparaît sans laisser de trace. Alors qu’elle cherche Carly, sa détermination se transforme en horreur quand elle voit un jeune garçon courir sur une plage déserte vers la mer glacée. Lorsque le garçon ne refait pas surface, l’instinct protecteur de Jenny se réveille et elle se jette à l’eau pour le sauver d’une mort certaine, nageant plus loin et plus profondément qu’elle ne l’aurait jamais fait en temps normal, jusqu’à ce qu’elle soit prise dans un puissant contre-courant. Quand Jenny remonte à la surface, elle se trouve dans un monde sous-marin magique.

Orion est le puissant souverain de l’île du Serpent de Mer et le protecteur des océans, mais le temps lui est compté. Pendant des centaines d’années, sa famille a été en possession des Yeux du Serpent de Mer, qui leur accordaient le pouvoir sur les océans, mais les pierres précieuses leur ont été dérobées ! Pendant ce temps, le marché que passe l’aîné de ses enfants avec la sorcière des mers menace de sceller le sort du peuple de la mer — et peut-être celui des Sept Royaumes.

La situation semble sans espoir — jusqu’à l’apparition d’une femelle farouche venue d’autre monde…

Une alliance improbable entre Jenny et Orion pourrait tout changer, mais que faudra-t-il pour survivre au mal qui se cache dans les profondeurs de l’océan ?

Présentation des Sept Royaumes

Île des Éléments — créée en premier.

Roi Ruger et reine Adrina

Les élémentaux peuvent contrôler la terre, le vent, le feu, l’eau et le ciel. Leurs pouvoirs diminuent légèrement lorsqu’ils ne sont pas sur leur île.Don de la déesse : la Gemme de Puissance.

Île du Dragon — créée en deuxième.

Roi Drago

Contrôle les dragons.Don de la déesse : le Cœur du Dragon.

Île du Serpent de Mer — créée en troisième.

Roi Orion

Peut contrôler les océans et les créatures des mers.Don de la déesse : les Yeux du Serpent de Mer.

Île de Magie — créée en quatrième.

Roi Oray et reine Magika

Leur magie est extrêmement puissante, mais diminue légèrement lorsqu’ils ne sont pas sur leur île.Don de la déesse : l’Orbe de la Lumière Éternelle.

Île des Monstres — créée en cinquième pour ceux trop dangereux ou étranges pour rester sur les autres îles.

Impératrice Nali

Elle peut voir le futur.Don de la déesse : le Miroir de la déesse.

Île des Géants — créée en sixième.

Roi Koorgan

Les géants peuvent devenir colossaux quand ils sont menacés, mais seulement lorsqu’ils ne sont pas sur leur île.Don de la déesse : l’Arbre de Vie.

Île des Pirates — créée en dernier pour les parias des autres îles.

Roi Pirate Ashure Waves, Gardien des Âmes Perdues

Collectionnent tout ce qui est beau. Féroces et malins, les pirates parcourent les îles pour faire du commerce, négocier et parfois, mettre la main sur des objets intéressants.Don de la déesse : le Chaudron des Esprits.

Personnages :

Magna : mi-sorcière, mi-peuple de la mer, c’est une cousine éloignée d’Orion du côté de son père

Drago : roi des dragons

Carly Tate : directrice adjointe de banque à Yachats, Oregon

Orion : roi du peuple de la mer

Jenny Ackerly : enseignante et meilleure amie de Carly

Dolph : fils de 8 ans d’Orion, de son premier mariage

Juno : fils de 5 ans d’Orion, de son premier mariage

Shamill : première femme d’Orion — décédée

Kapian : capitaine de la garde et meilleur ami d’Orion

Kelia : vieille gouvernante d’Orion

Coralus : mari de Kelia, garde royal et mentor d’Orion et de Kapian

Kell : père de Magna

Seline : mère de Magna

Ashure Waves : roi des pirates

Bleu LaBluff : second d’Ashure

Nali : impératrice des Monstres

Ross Galloway : pêcheur à Yachats, Oregon

Mike Hallbrook : inspecteur au département de police de Yachats, Oregon

Koorgan : roi des géants

Isha : capitaine de la garde du roi et de la reine de l’île de Magie

Magika : reine de l’île de Magie

Cyan : femelle cyclope, compagne de Boost

Boost : mâle cyclope, compagnon de Cyan

Meir : minotaure

Prologue

Cinq ans plus tôt :

— Votre Majesté, appela l’un des gardes d’une voix pressante.

Orion se retourna en fronçant les sourcils. Il fit signe à Kapian, son capitaine de la garde, de l’attendre. Ils devaient examiner les dégâts provoqués par un séisme mineur, qui avait frappé trois heures plus tôt, mettre au point un plan d’action pour aider ceux qui avaient été touchés et envoyer des équipes de soutien pour commencer les réparations.

Kapian et lui revenaient tout juste d’une mission de reconnaissance au large. La secousse s’était propagée le long du fond rocheux de l’océan, créant une crevasse, qui avait failli les aspirer. Ils s’étaient hâtés de retourner sur l’île du Serpent de Mer lorsqu’ils avaient pris conscience que le séisme l’impacterait probablement aussi.

À leur retour, ils avaient constaté que la ville sous-marine n’avait pas été endommagée, mais il avait reçu des rapports faisant état de quelques dégâts dans la ville à la surface. Bien que l’intensité du tremblement de terre ait été relativement mineure, la possibilité qu’un raz de marée provoque encore plus de dégâts dans le royaume terrestre l’inquiétait. Les nouvelles constructions étaient conçues pour résister à des séismes bien plus puissants, mais il y avait également de nombreuses structures anciennes, qui seraient vulnérables. La ride qui lui creusait le front s’accentua encore lorsqu’il vit qui l’avait appelé. York était le garde personnel de sa femme et n’était généralement jamais bien loin d’elle.

— Y a-t-il un problème ? exigea-t-il de savoir, remarquant l’expression inquiète dans les yeux d’York.

— C’est la reine, Votre Majesté. Elle a été blessée dans le séisme, déclara-t-il.

— Orion, veux-tu que je…, commença Kapian en se tournant pour regarder Orion.

Celui-ci secoua la tête en entendant son ton compatissant.

— Va voir si qui que ce soit d’autre a été blessé pour moi, Kapian, pendant que je m’occupe de Shamill, ordonna Orion avant de se tourner pour refaire face à York. Où est-elle ?

— Dans ses appartements, Votre Majesté.

Orion passa devant le garde et se dirigea à grands pas vers les appartements de sa femme. Les gardes du palais se mirent au garde-à-vous sur son passage, mais il les ignora. Il ne pensait qu’à Shamill.

— Votre Majesté, l’appela York derrière lui.

Orion se retourna impatiemment vers le garde, une main sur la poignée de la porte des quartiers de Shamill. Il attendit qu’York le rattrape. La vue du chagrin dans les yeux de l’homme lui fit pincer les lèvres.

— Qu’y a-t-il ? demanda-t-il d’un ton dur.

— Vous devez savoir…, dit York avant que sa voix ne meure et qu’il jette un coup d’œil vers la porte. Les blessures de la reine étaient très graves. J’aurais dû mieux la protéger. Veuillez accepter mes plus sincères regrets, Votre Majesté.

Orion n’attendit pas d’entendre la suite. Il n’en avait pas besoin, l’expression du garde lui apprit que les blessures de Shamill devaient être plus graves que ce qu’il avait d’abord cru. Il pivota et poussa la porte. Trois guérisseurs se tournèrent vers lui et s’inclinèrent avec respect lorsqu’il pénétra dans la pièce. Ils restèrent silencieux tandis qu’il traversait le salon vers la chambre de Shamill.

Il s’arrêta un bref instant dans l’embrasure de la porte. Outre les guérisseurs qui s’entretenaient dans le salon, trois femmes se trouvaient dans la chambre avec la reine. La première était l’une des dames de compagnie de Shamill et passait un linge humide sur son front pâle. Elle gisait sur les draps d’un blanc immaculé, sa peau presque de la même couleur. Son regard se porta vers la deuxième femme, qui se tenait près de la fenêtre. Elle tenait un petit paquet dans ses bras et se balançait d’avant en arrière.

— Votre Majesté, murmura Kelia, la troisième femme, en inclinant la tête avec respect.

Elle avait été sa gouvernante lorsqu’il était jeune et s’était occupée de Shamill pendant ses derniers mois de grossesse. Son regard glissa sur le visage ridé de Kelia avant de se diriger vers celui, paisible, de Shamill. La tristesse dans les yeux de la femme âgée ne lui avait pas échappé.

— Comment va-t-elle ? demanda-t-il à voix basse.

— Pas bien, Votre Majesté. Son Altesse marchait le long des hautes falaises quand le séisme a frappé. Une partie du mur de soutènement le long d’un des chemins de promenade s’est effondrée sur elle et l’a piégée, expliqua Kelia d’une voix tremblante. Son garde l’a trouvée et a appelé à l’aide.

— Le bébé… ? demanda Orion avec hésitation.

— Votre fils a survécu. La reine l’a maintenu en vie jusqu’à ce qu’il puisse naître, mais elle le payera de sa vie, répondit Kelia.

Orion se dirigea vers le bord du lit. La dame de compagnie de Shamill se leva et se dirigea silencieusement vers la fenêtre. Il se laissa choir à côté de sa femme sur le lit.

En arrière-plan, il entendit Kelia murmurer quelque chose à la jeune femme qui portait son fils près de la fenêtre. Celle-ci tendit le nouveau-né à la vieille gouvernante avant de quitter silencieusement la chambre avec la dame de compagnie. Kelia s’approcha et lui tendit l’enfant. Orion le prit tendrement dans ses bras.

— Je ne serai pas loin si vous avez besoin de mon aide, murmura-t-elle.

Orion acquiesça et regarda les joues rondes et roses du nouveau-né endormi. Il leva un doigt et le fit délicatement glisser le long de la joue du bébé, qui tourna la tête et ouvrit la bouche presque immédiatement.

— Il… va… bien ? demanda Shamill d’une voix presque inaudible.

Le regard d’Orion se porta vers sa femme. Ses yeux étaient ouverts, mais il pouvait y voir les ombres de la mort. Toute vivacité et clarté avait disparu de son regard. La lumière qui brillait habituellement dans ses yeux n’était plus qu’à peine visible.

— Oui, il va bien, dit Orion en ajustant le bébé dans ses bras afin que Shamill puisse le voir.

L’ombre d’un sourire se dessina sur les lèvres de la reine avant de disparaître. Elle grimaça et prit une inspiration tremblante. Ses paupières papillonnèrent et se fermèrent un moment avant qu’elle les force à se rouvrir. Leurs regards se rivèrent l’un à l’autre et le chagrin envahit Orion. Bien que Shamill et lui n’aient jamais été amoureux, ils étaient bons amis. Il respectait sa grâce discrète et sa douce âme.

— Dolph…, murmura-t-elle.

— Il est en sécurité, la rassura Orion.

— Laisse-moi… juste une… fois… avant…

Orion déposa doucement le bébé sur la poitrine de Shamill. Il tendit instinctivement une main pour attraper la larme qui s’échappa du coin de son œil. Sa main gauche bougea, mais elle était trop faible pour la lever. Il prit alors sa main et plaça les doigts froids de Shamill contre la joue chaude de leur fils.

— Quel… nom… ? demanda-t-elle d’une voix râpeuse.

— Juno. Il s’appelle Juno, comme tu y tenais, dit Orion avec un petit sourire triste.

— Juno…, murmura Shamill.

Orion prit sa main quand elle commença à glisser. Levant ses doigts froids à ses lèvres, il les embrassa. Son regard resta rivé sur son visage alors que la lumière ténue dans ses yeux tourbillonnait avant de disparaître. Le faible cri de Juno le transperça, comme si l’enfant pouvait sentir que sa mère s’en était allée.

— Que ton voyage t’apporte le bonheur, Shamill. Je protégerai nos deux fils et le royaume, dit Orion à voix basse.

Il se pencha et l’embrassa sur le front avant de prendre doucement le bébé agité dans ses bras. Le chagrin l’envahit tandis qu’il se levait du lit. Il se tourna et vit Kelia dans l’embrasure de la porte ouverte. Elle commença à avancer, les bras tendus devant elle, mais il secoua la tête.

— Où est Dolph ? demanda-t-il.

— Le jeune seigneur est avec sa gouvernante dans le jardin.

— Je veux que tu trouves une gouvernante pour Juno. Dis-lui de me retrouver dans le jardin dans dix minutes, ordonna Orion.

— Oui, Votre Majesté, dit Kelia en inclinant la tête.

Orion passa dans le salon et franchit les portes du balcon. À leur mariage, Shamill avait tenu à avoir un appartement au premier étage, car elle avait peur de la hauteur et aimait la proximité des jardins. Les appartements d’Orion se trouvaient dans la tour ouest. Il préférait pouvoir regarder l’océan lorsqu’il se trouvait sur l’île.

Orion traversa le grand balcon couvert puis descendit les marches et continua le long du chemin de pierre. Il abrita instinctivement le bébé dans ses bras tandis qu’il progressait dans le jardin. Bien que le soleil soit bas à l’horizon, il savait que le nouveau-né serait sensible à la lumière. Il s’arrêta sous un arbre non loin de là et écouta. Un sourire se dessina sur ses lèvres en entendant le petit cri strident de son fils aîné, suivi d’un bruit d’éclaboussure.

— Maître Dolph, vous ne devez pas vous mouiller ! Le dîner sera bientôt prêt, réprimanda sévèrement la gouvernante.

Orion descendit le chemin vers un petit ruisseau, qui traversait le jardin. Dolph était assis en plein milieu, riant et tapant dans l’eau. Son fils aîné était déjà difficile, et à en juger par l’expression frustrée de la femme, il allait sans doute devoir désigner une nouvelle gouvernante avant longtemps.

— Je m’en occupe, dit Orion d’un ton dédaigneux.

La femme se retourna, surprise. Il vit son regard se diriger vers le bébé dans ses bras avant de revenir à son visage. Elle eut l’air ébranlée.

— Oui, Votre Majesté. Je… Je suis sincèrement désolée pour la reine, dit-elle en portant ses doigts à sa poitrine, près de son cœur.

— Ma gratitude pour votre compassion, répondit Orion avant de reporter son attention sur son fils aîné. Dolph, viens ici.

— Père, je peux faire danser l’eau ! gloussa le garçon en remuant les doigts.

Orion regarda l’eau s’élever et tourbillonner au commandement de son fils. Il était indéniable que Dolph serait un très puissant souverain un jour. Le ravissement de son fils aîné le fit sourire. La vie continuait.

— Très bien, mon fils. Viens, je te présente ton petit frère, dit Orion en se dirigeant vers un banc en pierre sous un arbre pour s’y asseoir.

— Je peux lui apprendre à faire danser l’eau ? demanda Dolph en montant sur la rive.

Orion émit un petit rire.

— Quand il sera plus grand, promit-il.

Dolph accourut auprès de son père. Il s’arrêta et baissa les yeux vers le petit paquet dans les bras d’Orion avant de regarder son père en fronçant les sourcils. Un autre sourire courba les lèvres d’Orion face à l’expression perplexe de son fils.

— Il est petit, dit-il en regardant de nouveau son frère.

— Tout comme tu l’étais à son âge, expliqua doucement Orion.

— Je peux le toucher ? demanda Dolph en levant les yeux vers son père.

— Oui, mais fais doucement, répondit-il en réajustant Juno afin que son grand frère puisse mieux le voir.

— Mère est partie. Elle veut plus être avec nous ? demanda Dolph en faisant glisser un doigt sur la joue de Juno.

— Qui t’a parlé de ta mère ? interrogea Orion en regardant intensément son fils.

Dolph gloussa quand Juno ouvrit la bouche et essaya de sucer son doigt. Orion pinça les lèvres d’agacement. C’était à lui d’expliquer ce qui était arrivé à Shamill. Si la gouvernante avait dit quoi que ce soit…

— L’eau, répondit Dolph. Il aura des dents ?

— L’eau… ? demanda Orion en fronçant les sourcils.

Dolph hocha la tête et leva les yeux vers son père.

— L’eau m’a dit que mère était retournée à elle. Elle a dit qu’il fallait pas être triste parce qu’un jour, on aurait une nouvelle mère qui nous aimera autant. Je peux retourner jouer dans l’eau ?

Orion acquiesça, stupéfié par la déclaration de son fils. Le bruit de pas approchant attira son attention. Kapian, Kelia et une jeune fille s’arrêtèrent brièvement près du chemin menant au banc en pierre sur lequel il était assis.

Orion se leva à leur approche. Kelia tendit les mains vers Juno, qui recommençait à s’agiter. Il lui donna le nouveau-né.

— Nous prendrons soin de lui, Votre Majesté, dit Kelia. Voici ma petite-fille, Karin.

— Merci, Kelia, répondit distraitement Orion.

Regarder Karin serrer tendrement Juno dans ses bras, avant que Kelia et elle ne tournent les talons et s’en aillent, lui fit commencer à prendre conscience de ce qui s’était passé. Orion se retourna pour regarder Dolph jouer dans l’eau. Même à l’âge tendre de deux ans et demi, son aîné montrait déjà les pouvoirs de son droit de naissance en tant que prince du peuple de la mer. Dolph aurait besoin d’une main ferme pour le guider.

Orion jeta un coup d’œil à son ami Kapian.

— Je veux savoir ce qui s’est passé exactement. Shamill était terrifiée par la hauteur. Elle n’aurait jamais marché le long du chemin de la falaise, déclara-t-il sombrement.

— Tu auras un rapport complet dès que possible. J’ai également ordonné la construction de rampes de sécurité temporaires le long des falaises. Réparer tous les dégâts prendra du temps, mais nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour qu’une telle tragédie ne se reproduise jamais, promit Kapian.

Orion hocha la tête, perdu dans ses pensées. Il y avait trop à faire dans l’immédiat pour céder au chagrin qui l’accablait. La mort de Shamill allait non seulement laisser un vide dans sa vie, mais aussi dans le royaume.

1

Dans le présent — Yachats, Oregon :

Le cœur de Jenny Ackerly lui disait que sa meilleure amie n’était pas morte — même si sa tête soutenait le contraire. La longue route sinueuse à travers les séquoias le long de la côte de l’Oregon ressemblait beaucoup à sa vie au cours de deux dernières années, depuis la disparition de Carly : un tortueux voyage sans fin. Elle était prête à voir la route de la vie se redresser afin qu’elle puisse voir où elle pouvait bien la mener.

— Elle n’est pas morte. Je le saurais, bon sang ! jura-t-elle entre ses dents.

La brûlure dans ses yeux et le soudain besoin d’éternuer prévinrent Jenny qu’elle était sur le point de se mettre à pleurer. C’était toujours le cas lorsqu’elle se trouvait à moins de cinq kilomètres du parc d’État de Yachats.

Elle garda les yeux sur la route tandis qu’elle se penchait vers le siège passager pour ouvrir la boîte à gants de sa Subaru Outback et en sortir une poignée de serviettes qu’elle avait prises dans différents restaurants. Les derniers mouchoirs qu’il lui restait après sa dernière venue, trois mois plus tôt, avaient déjà tous servi.

Elle essuya les larmes qui s’échappaient sur ses joues avant de se moucher bruyamment dans la serviette humide. La serviette usagée finit dans la boîte de mouchoirs vide. Elle tourna ensuite le bouton de la radio et augmenta le volume. Un autre grand juron tremblant lui échappa quand une nouvelle chanson commença et qu’elle reconnut que c’était l’une des préférées de Carly. Il va sans dire que cela remit la fontaine en route. Elle appuya sur le bouton et éteignit la radio.

Prenant une autre serviette, elle tamponna les larmes qui menaçaient de l’aveugler. Si elle se mettait à trop pleurer, elle allait devoir s’arrêter sur le bas-côté de la route. Ce ne serait pas la première fois qu’elle était forcée de se garer jusqu’à ce qu’elle se ressaisisse. Malheureusement, pleurer avait pour seuls effets de la rendre toute rouge et de grignoter un temps précieux qu’elle pourrait mettre à profit pour découvrir ce qui était arrivé à Carly. Se mouchant une dernière fois, elle fourra rageusement la serviette usagée dans la boîte, qui s’emplissait rapidement.

— Je te jure, Carly, quand je trouverai qui t’a fait ça, je vais les carboniser. Je vais les démembrer avant de les réassembler et leur demander ce que ça fait, et tout recommencer, jura Jenny en agrippant si fermement le volant que ses jointures étaient blanches. S’ils ont osé te faire sou… souf… souffrir, je les enterrerai dans une fourmilière au milieu du désert et je regarderai les fourmis de feu les dévorer, tout en buvant une limonade bien fraîche.

Bon, d’accord, elle ne le ferait pas vraiment, mais elle pouvait l’imaginer. Oui, elle pouvait devenir légèrement sanguinaire quand quelqu’un faisait du mal à ses amis. Jenny décréta que c’était ainsi lorsque l’on avait les cheveux roux. Elle était connue pour avoir un bon tempérament et être calme… jusqu’à ce que quelqu’un fasse quelque chose pour la mettre en rogne. Alors le caractère qu’elle avait hérité de son père se révélait dans toute sa splendeur.

Jenny ralentit et mit son clignotant dès qu’elle vit la sortie un peu plus loin. Elle tourna à gauche à l’entrée du parc d’État de Yachats et suivit la route jusqu’à la cabine du ranger. Une légère bruine s’était mise à tomber, mais cela ne l’empêcherait pas de remplir sa mission. Qu’il pleuve ou qu’il vente, elle suivrait le dernier sentier emprunté par Carly. Elle en fouillerait le moindre centimètre carré dans l’espoir que les intempéries et le temps avaient exposé des indices que la police et tous les volontaires avaient peut-être manqués lorsqu’elle avait déclaré la disparition de son amie, deux ans plus tôt.

— Combien ? demanda le ranger une fois qu’elle se fut arrêtée au niveau de la fenêtre.

— Juste une, répondit Jenny en lui tendant son pass annuel.

Le ranger l’étudia un moment avant de la regarder. Jenny sentit son regard passer sur son visage. Il ne mit pas longtemps à la reconnaître.

— Vous êtes la fille qui continue de chercher celle qui a disparu, non ? demanda-t-il en s’appuyant sur le rebord de la fenêtre.

Jenny grimaça avant d’acquiescer.

— Elle s’appelle Carly Tate. Est-ce que quelqu’un a trouvé quoi que ce soit ? demanda-t-elle en tendant la main pour reprendre le pass.

— Non, rien. Il y a quelques personnes qui viennent encore à l’occasion pour chercher, mais ça fait un bail, répondit le ranger avec un sourire engageant. Je finis à trois heures si vous voulez que je vienne avec vous.

Jenny pinça les lèvres et secoua la tête.

— Ça ira. Je n’ai pas beaucoup de temps aujourd’hui, mentit-elle.

Le sourire du ranger retomba et il haussa les épaules.

— Soyez prudente. Le sentier qui mène à la baie est un peu érodé, dit-il en lui donnant le pass et une carte de stationnement. Faites attention aux brusques changements de temps. Le brouillard et la pluie peuvent arriver rapidement à cette période de l’année, et ça limite la visibilité.

— Je serai vigilante, merci.

Jenny n’attendit pas d’entendre le reste de son baratin mémorisé. Ayant grandi dans le coin, elle était consciente que le temps pouvait changer soudainement et savait comment y faire face. Elle actionna le bouton pour remonter la vitre, puis appuya un peu plus fort que prévu sur l’accélérateur et ressentit la secousse du dos d’âne. Avec une grimace, elle leva légèrement le pied et s’éloigna lentement.

Lorsqu’elle fut hors de vue du ranger, elle accéléra à nouveau. Elle suivit la longue route sinueuse et tourna au bon moment sans avoir besoin de lire les panneaux ; elle savait où elle allait. Alors qu’elle se garait sur le parking, elle remarqua avec satisfaction qu’une seule autre voiture était stationnée et ses propriétaires semblaient sur le point de partir.

Jenny resta dans sa voiture et attendit pendant que l’homme et la femme se disputaient au sujet de la carte qu’ils regardaient. Tapotant sur le volant du bout des doigts, elle résista impatiemment à l’impulsion de sortir pour demander au couple s’ils avaient besoin d’aide. Elle coupa le moteur, détacha sa ceinture de sécurité et se tourna pour attraper sa veste sur le siège arrière.

Se redressant sur son siège, elle cligna des yeux pour chasser les larmes qui menaçaient une fois encore et poussa un grand soupir tremblant quand la voiture d’à côté finit par s’en aller. Elle ouvrit la portière, sortit, enfila sa veste, la ferma et referma la portière. Par habitude, elle regarda autour d’elle avant de verrouiller la voiture et de mettre les clés dans sa poche.

Depuis la disparition de Carly, deux ans plus tôt, Jenny ne se sentait plus en sécurité. Elle avait déménagé de la petite communauté côtière de Yachats, Oregon, un peu plus d’un an auparavant, dans le but de passer à autre chose. Pour le moment, elle devait reconnaître qu’elle n’y arrivait pas très bien.

Jenny gravit lentement le chemin et marqua une pause à une bifurcation. Le sentier qui s’étendait devant elle faisait une boucle à travers la forêt et longeait la montagne. Celui à sa droite menait à la crique et à la plage.

Elle écarta rapidement cette zone. Carly avait laissé dans sa voiture une carte du parc sur laquelle le plus long sentier était surligné en vert avec les mots « Je peux le faire » écrits à côté. Jenny sourit en se remémorant la note « glace » entourée en noir au bout du sentier.

Enfonçant ses mains dans ses poches, elle passa devant le panneau indiquant la plage. Tandis qu’elle marchait, elle inspira les riches odeurs des plantes à feuillage persistant, du sol humide et de l’air marin glacé. Elle scruta le sentier pendant que son esprit se concentrait pour imaginer comment cela avait été pour Carly.

— Elle aurait beaucoup grommelé, songea Jenny à haute voix après plus d’un kilomètre le long du chemin.

Elle s’arrêta pour regarder autour d’elle et soupira. De grands arbres, des fougères denses et des ravins pentus accueillirent son regard intense. Il était possible que Carly ait trébuché, roulé sur le côté dans les fougères et se soit cogné la tête sur une pierre avant d’être engloutie par l’épaisse végétation.

Carly était connue pour sa maladresse. Il est possible que la malchance ait été le seul crime commis ici, reconnut silencieusement Jenny.

— Si c’était arrivé, quelqu’un l’aurait forcément trouvée, murmura-t-elle avant de continuer son ascension de l’étroit sentier.

Jenny regagna la ville au crépuscule. Cette visite s’était également avérée infructueuse, sans aucune nouvelle piste. Il ne lui restait plus qu’un arrêt à faire avant de finir pour la journée.

Ralentissant en entrant dans la ville, elle regarda autour d’elle à la recherche d’une place de stationnement. Maintenant que l’été commençait et que les gens partaient en vacances, la ville accueillait bon nombre de touristes. Un soupir soulagé lui échappa à la vue de deux places de stationnement libres devant le poste de police.

Elle mit son clignotant et attendit que plusieurs voitures passent avant de se garer sur l’une des places libres. Un rapide coup d’œil à l’horloge lui apprit qu’il était plus tard qu’elle ne le pensait. Elle mit la voiture en position parking, coupa le moteur et regarda droit devant. La femme qu’elle vit à l’accueil semblait se préparer à partir.

Jenny ne perdit pas de temps en détachant sa ceinture de sécurité et en ouvrant sa portière. Elle espérait que le nouvel inspecteur avec qui elle avait parlé au cours des derniers mois était de service. Il n’était pas visible par la fenêtre, mais une lumière provenait d’un bureau au bout du couloir. Après avoir claqué la portière, elle la verrouilla et s’élança sur le trottoir. Elle poussa la porte au moment où la femme de l’accueil glissa la bandoulière de son sac à main sur son épaule.

— Puis-je vous aider ? demanda-t-elle en regardant Jenny entrer.

Cette dernière sourit, se remémorant l’avoir vue lors de sa dernière visite. Elle espérait que Patty se souviendrait également d’elle. Il lui fallut un moment avant de la reconnaître. Patty jeta un rapide coup d’œil par-dessus son épaule.

— Mike, la femme pour la personne disparue est de retour, lança-t-elle en contournant le comptoir. Il arrive dans un instant. Il est au téléphone.

— Merci, répondit Jenny avec un sourire reconnaissant avant de se mettre sur le côté

— Il n’y a pas de quoi. Je dois aller chercher mon fils. Passez une bonne soirée, dit Patty avec un sourire décontracté avant d’ouvrir la porte et de sortir.

Jenny entendait la voix d’un homme qui parlait doucement en arrière-plan. Pivotant, elle se dirigea vers la fenêtre et regarda la rue sans la voir. Elle ne voulait pas donner l’impression d’espionner sa conversation. Perdue dans ses pensées, elle ne prit conscience qu’il avait fini que lorsqu’il parla derrière elle.

— Bonsoir, Mademoiselle Ackerly, la salua Mike Hallbrook de sa voix chaude et douce.

Jenny se tourna pour regarder le grand et bel homme, qui semblait avoir la trentaine. Mike Hallbrook avait l’une de ces attitudes calmes et tranquilles qui vous attiraient et vous donnaient un sentiment de sécurité. L’autorité indéniable de sa posture lui disait que malgré son apparente décontraction, il était toujours en alerte.

Elle leva une main pour mettre une mèche de cheveux derrière son oreille et se mordilla la lèvre d’indécision. Passer si tard la faisait légèrement culpabiliser. Dans une petite ville comme Yachats, il n’était pas vraiment nécessaire que quelqu’un avec l’expertise de Mike soit de service après les heures de bureau à moins qu’un crime grave n’ait été commis. Elle devait néanmoins demander.

Jenny offrit un sourire las et contrit à Mike. Après dix heures de marche et de fouille dans les moindres recoins du sentier, elle était épuisée et échevelée. Elle était simplement reconnaissante de voir que sa présence si tardive ne semble pas le gêner.

— Bonsoir, inspecteur Hallbrook. Merci de me recevoir, répondit-elle.

Mike Hallbrook hocha la tête.

— Je vous en prie. Que puis-je faire pour vous ?

Jenny sentait son examen minutieux. Elle imaginait très bien ce qu’il voyait : des vêtements humides et froissés, des yeux cernés, des cheveux décoiffés par le vent et des joues rouges. Elle ressemblait à quelque chose qui se serait échoué sur le rivage. Un sourire las étira ses lèvres et elle prit une inspiration fatiguée avant d’expirer.

— Je venais voir s’il y avait des nouvelles sur l’affaire de la disparition de Carly Tate.

— Rien depuis votre dernière venue, il y a trois mois, répondit Mike d’un ton compatissant.

— Oh… L’affaire… l’affaire n’a pas été classée, si ?

Mike Hallbrook détailla l’apparence fatiguée et échevelée de la femme en face de lui. Un instant, le regret le traversa à l’idée de ne pas pouvoir lui donner la réponse à la question qu’elle posait depuis deux ans : qu’était-il arrivé à son amie ? Le sort de Carly Tate était toujours inconnu — une affaire non résolue pour leur petite ville.

Quand Patty, l’hôtesse d’accueil du département de police de Yachats, l’avait appelé alors qu’elle était sur le point de partir, pour lui dire que la fille qui cherchait la femme disparue était de retour, Mike n’avait pas eu besoin du numéro de l’affaire pour savoir de qui elle parlait. Peu de crimes restaient non résolus dans la région.

— Non, l’affaire ne sera pas classée tant que l’on ne saura pas ce qui est arrivé à votre amie. Malheureusement, nous n’avons pas grand-chose. Je continue à enquêter sur des pistes. Avez-vous de nouvelles informations ?

Jenny secoua la tête et enroula ses bras autour de sa taille.

— Non. Avez-vous eu l’occasion de reparler à Ross Galloway ? C’était le dernier gars avec qui Carly est sortie. Je voulais vous poser la question, mais j’oubliais à chaque fois.

Mike hocha la tête.

— Oui. Il a un solide alibi pour le jour de la disparition de Carly.

Il fit un pas en avant quand des larmes montèrent aux yeux de Jenny. C’était dans ce genre de moment qu’il détestait être flic. Il la regarda baisser la tête et sortir un mouchoir de sa poche. Elle leva les yeux vers lui après avoir pris une inspiration tremblante. Un petit sourire se dessina sur ses lèvres à la vue de son expression déterminée.

— J’ai laissé mon numéro de téléphone à votre hôtesse d’accueil la dernière fois que je suis venue. Pourriez-vous m’appeler si vous trouvez quoi que ce soit ?

— Je vais m’assurer que c’est le même numéro que j’ai dans le dossier. Si nous trouvons quoi que ce soit, je vous contacterai sans faute, promit-il.

— Merci, dit-elle en pivotant vers la porte.

— Je vous en prie. Et si vous pensez à quelque chose qui pourrait aider à localiser votre amie, n’hésitez pas à appeler, ajouta Mike.

— Très bien. Je prévois de rester ici toute la semaine. Merci encore de ne pas avoir abandonné Carly, dit Jenny en lui jetant un coup d’œil quand il passa un bras derrière elle pour ouvrir la porte.

— Nous la ramènerons, répondit-il doucement.

Des larmes retenues brillèrent dans les yeux de Jenny. Elle hocha la tête et franchit la porte. Mike la regarda se précipiter sur le trottoir vers une Subaru rouge foncé garée devant le poste. Il resta dans l’embrasure de la porte, perdu dans ses pensées.

L’affaire le laissait perplexe. Suite aux rares conversations qu’il avait eues avec les parents de Carly, il avait déduit qu’ils avaient déjà accepté le fait que leur fille était morte et qu’on ne la retrouverait probablement jamais. La résignation froide et détachée dans leurs voix était à l’exact opposé du chagrin de Jenny Ackerly. Au cours de son enquête, il avait appris que Carly avait été une jeune femme chaleureuse et joyeuse qui s’entendait avec tout le monde. Même Ross Galloway avait secoué la tête et dit qu’il ne pouvait pas imaginer qui que ce soit voulant faire du mal à Carly.

— Elle représente déjà assez de danger pour elle-même, avait-il dit avec exaspération.

Lorsque Mike avait encouragé Ross à lui expliquer ce qu’il entendait par là, il avait découvert que Carly était connue pour être une femme adorable, mais maladroite. Quand Ross avait décrit la façon dont elle avait mis le feu à son bateau — un incendie vraiment mineur, s’était-il hâté de clarifier —, cela avait aidé Mike à comprendre certaines allusions faites par d’autres personnes à propos de Carly.

— Connaissant Carly, elle s’est probablement perdue dans les bois ou est tombée d’une falaise, avait dit Ross en haussant les épaules. Ce ne serait pas la première fois.

C’était une possibilité, mais quelque chose disait à Mike que cela allait au-delà du simple fait de se perdre. Les nombreuses équipes de recherche auraient trouvé quelque chose. Si Carly était tombée de la falaise, les vagues auraient ramené son corps sur le rivage en raison de la forme de la crique. Il avait déjà vérifié cette zone.

Mike cligna des yeux quand un habitant passa devant lui et klaxonna en guise de salutation. Il leva machinalement la main pour le saluer et se rendit compte qu’il se tenait toujours dans l’embrasure de la porte du petit poste de police. Résigné, il secoua la tête, recula, ferma la porte et la verrouilla.

Il aurait déjà dû être parti. Au lieu de cela, il retourna vers son bureau. Il jetterait peut-être un autre coup d’œil au dossier et verrait s’il n’avait pas raté quelque chose. Après tout, ce n’était pas comme si les gens disparaissaient tout simplement de la surface de la Terre ! Il devait y avoir un indice quelque part, qui lui indiquerait la bonne direction pour découvrir ce qui était arrivé à Carly Tate.

2

Jenny sortit en marche arrière de la place de stationnement et se dirigea vers le sud. Elle ne roulait que depuis quelques minutes lorsque son estomac gronda. Grimaçant au rappel qu’elle n’avait pas mangé de la journée, elle envisagea ses options : s’arrêter au supermarché ou à l’un des restaurants.

Elle décida rapidement qu’affronter la foule au supermarché et devoir ensuite préparer quelque chose à manger était au-dessus de ses forces. Cette décision prise, elle se concentra pour choisir où s’arrêter. Elle n’avait vraiment pas envie de se rendre seule dans l’un des beaux restaurants du front de mer. Ce qu’elle voulait vraiment, c’était une bonne bière bien fraîche et un fish and chips1.

Tournant à droite au feu rouge, elle se dirigea vers l’un des pubs les plus populaires auprès des habitants. Cinq minutes plus tard, elle se garait sur le parking du Underground Pub. L’extérieur ne payait pas de mine de, mais il proposait de la bonne nourriture, de la bière fraîche, de la musique live et une ambiance agréable.

Elle attrapa son sac à main et sa veste sur le siège passager, ouvrit la portière et sortit de la voiture. L’odeur de l’océan mêlé aux arômes parfumés de la nourriture firent une fois de plus gronder son estomac d’impatience.

Jenny ferma et verrouilla la portière. Les mouettes criaient en atterrissant sur les quais dans l’espoir de trouver un repas auprès des pêcheurs qui nettoyaient leurs prises du jour ou d’un client généreux prêt à partager une frite ou deux. Une brise fraîche tourbillonna autour d’elle et elle enfila rapidement sa veste quand un frisson la parcourut des pieds à la tête. Passant la bandoulière de son sac à main sur son épaule, elle traversa le parking au sol gravillonné inégal vers l’entrée du pub.

Jenny ouvrit la porte et entra dans l’intérieur sombre. Elle marqua une pause le temps que ses yeux s’habituent puis jeta un regard autour d’elle. L’équipement du groupe était installé le long d’un mur. Des tables en bois chargées de condiments et des chaises usées mais robustes remplissaient l’intérieur à tel point que Jenny fut étonnée que la serveuse parvienne à se glisser entre elles.

Il était encore tôt et des clients occupaient déjà près de la moitié des tables. Jenny fit un signe de tête à la serveuse lorsqu’elle lui lança de s’asseoir où elle voulait. Se faufilant entre deux tables, elle se dirigea vers une qui se trouvait au fond, près de la grande double porte menant au patio.