L’escarpin de la berge - Richard Sylar - E-Book

L’escarpin de la berge E-Book

Richard Sylar

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Beschreibung

Saint-Dié-des-Vosges, au lendemain d’un fort orage, un escarpin rouge est retrouvé au bord d’un ruisseau. À côté, l’empreinte de sa paire manquante. À qui peut bien appartenir ce mystérieux accessoire qui, compte tenu de la météo, n’avait rien à faire à cet endroit ? L’attention et la tension suscitées par cette énigme plongent cette commune dans une torpeur profonde. Là se trouve le point de départ d’une enquête où chaque détail tiendra lieu d’élément capital.


À PROPOS DE L'AUTEUR


Après "Le lacet du Donon", "Un pécheur retrouvé noyé" et "Sous la haute tension", publiés par Le Lys Bleu Éditions, Richard Sylar vous revient avec le thriller policier L’escarpin de la berge. Cette nouvelle production est un plongeon dans un univers meublé de suspens et d’actions palpitantes, pour combler tous les amoureux de ce genre littéraire et ceux qui ne le sont pas encore.

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Richard Sylar

L’escarpin de la berge

Roman

© Lys Bleu Éditions – Richard Sylar

ISBN :979-10-422-2306-9

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Du même auteur

Le Lys Bleu Éditions :

– Se sentir bien au Maroc, 2020 ;
– Le parfum de l’étoile, 2020 ;
– Le lacet du Donon, 2021 ;
– Un pêcheur retrouvé noyé, 2022 ;
– Sous la haute tension, 2023.

Avertissement

Cet ouvrage est une œuvre de fiction. Les personnages sont une pure invention. Lorsque l’auteur fait allusion à des personnes, des organismes ou des lieux existants ou ayant existé, c’est uniquement pour mieux intégrer l’action dans la réalité historique sans causer de préjudices à la société.

Préface

Tous les matins, le petit déjeuner terminé, Éric se charge de débarrasser la table. Bien que cela ne soit pas conseillé, ce ne sont pas ces quelques miettes de pain et de brioche qu’il jette dans la cour qui vont faire du mal à ces nombreux oiseaux impatients de sa venue. Ensuite, il va ouvrir les deux portes d’entrée de son parking.

Après ce rituel quotidien, Éric fait quelques pas sur le trottoir en direction du ruisseau. Ce petit cours d’eau porte le nom d’une des montagnes dominantes de Saint-Dié-des-Vosges, l’Ormont. Avant qu’il ne disparaisse sous le pont de la route principale, cet affluent de la rivière Meurthe a longé la propriété d’Éric. À cet endroit, le niveau de l’eau est réduit à un petit filet en période de grande chaleur, pour atteindre une hauteur de 50 à 60 cm sur une largeur de 2 mètres lorsqu’il y a un très fort orage. C’est ainsi qu’avant de commencer la journée, Éric vient le regarder s’écouler. Mais ce matin, sa vision du lieu ne ressemblait pas aux autres jours.

Chapitre I

Depuis l’acquisition de ma maison en 2015, je me charge de nettoyer la berge jouxtant ma propriété, de couper les grandes herbes et d’enlever les branches qui pourraient créer un obstacle, et ce, pour que ne se reproduise pas l’inondation du quartier survenue il y a plus d’une dizaine d’années, d’après les dires des voisins. Ma satisfaction est de voir les promeneurs traverser la route, s’arrêter pour regarder ce charmant ruisseau, se mettre assis sur la berge et même y faire boire leur chien dans l’eau claire ou l’y faire patauger.

Ce mardi matin, après avoir constaté le niveau d’une eau boueuse d’une hauteur de 50 cm, mon regard se porte sur une chaussure de femme de couleur rouge. Elle se trouve de mon côté sur la berge qui est très en pente, à mi-hauteur à environ 40 cm d’un des montants du pont. Comme il m’arrive souvent de trouver des canettes et bien d’autres détritus provenant de l’incivilité des gens, je ne m’inquiète pas de sa présence, mon seul problème est la hauteur de l’eau.

Rentré chez moi, en me rasant, je revois cette chaussure devant mes yeux, elle m’inquiète un peu. Il faut que je me rassure en observant mieux les alentours. J’en parle à mon épouse, Christiane, qui vient avec moi pour constater mon intrigue. Une traînée se trouve à environ 30 cm de cette chaussure immobilisée.

Christiane précise :

— Cette chaussure s’appelle un escarpin, il provient d’un pied gauche, il n’a pas été perdu. La personne a été déchaussée, le talon s’est planté dans le sol.

— Cela paraît vraiment étrange ; hier, il n’y avait rien, moi je vais l’appeler une chaussure rouge, elle aurait attiré mon regard, comme cela fut ce matin.

Ma femme me fait une remarque :

— Hier soir, nous avons entendu plusieurs portes se refermer, nos amis Gérard et Claudine étaient toujours à la maison, il était 22 heures 15.

Je confirme.

— Cette voiture se trouvait proche de notre portail d’entrée. Le démarrage du moteur diesel ne trompe pas, surtout à cette heure de la nuit, les bruits se perçoivent plus facilement que dans la journée ; ils ne sont pas couverts par le bruit des activités quotidiennes et le passage des véhicules qu’il peut y avoir le jour.

Après réflexion, en regardant cette chaussure, je ne voulais pas admettre qu’une personne puisse se trouver sous le pont, emportée par le débit important provoqué par les fortes précipitations de ces derniers jours. À notre époque, il faut s’attendre à tout. L’idée me vient de traverser la route pour regarder de l’autre côté, à travers la haie qui borde le dessus du pont, pour voir si rien n’est suspect, mais tout semble normal dans le sillage du cours d’eau. À savoir que ce passage d’eau, sous cette route, n’est pas lisse. De nombreuses aspérités se sont formées sur les côtés, du fait que la route comme le pont ont été élargis avec une différence de niveau… Un corps pourrait rester bloqué malgré le niveau élevé de l’eau… Ma réflexion saugrenue n’engage que moi, mais reste plausible. Dans cet endroit paisible, rien n’est à exclure, il peut se passer le pire, les journaux en sont malheureusement garnis. Nous sommes tellement nourris par des faits divers de toute nature, je reste songeur en fixant cette chaussure. Beaucoup de choses tournent dans ma tête : je m’imagine une femme remontant la berge, avec autant d’eau, cela n’est pas possible. Ou une femme poussée pour la noyer, ou simplement qui veut se noyer, si près de chez moi, je ne veux pas y croire non plus.

Je prends la décision de prévenir le commissariat. La personne du standard, après lui avoir révélé l’objet de mon appel, me demande mon nom et mon adresse, comme il est d’usage, et elle me signifie qu’une patrouille va être informée.

Moins de 20 minutes plus tard, un véhicule de police vient stationner devant chez moi. Je me joins à eux, en leur montrant sur la berge ce qui me semble étrange.

— Une chaussure de femme à cet endroit avec un niveau d’eau aussi important ne me semble pas normal.

Un policier ne semble pas surpris :

— Avec tout ce que l’on trouve aux abords des routes, cela pourrait être normal.

Son collègue, plus réservé, observe bien la chaussure :

— Non, une aussi belle chaussure n’a pu être jetée, vu son poids, lancée par-dessus le pont, elle ne pouvait pas se planter dans le sol aussi profondément, et en plus, avec la pente, elle serait descendue dans l’eau. Visiblement, elle est sortie du pied de la personne, après que le talon s’est enfoncé. Je préviens le commissariat pour la suite à prendre. Les enquêteurs sont plus spécialisés pour ce genre de situation.

Peu de temps après, un véhicule banalisé, avec seulement un gyrophare sur la planche de bord, arrive. Les deux occupants, habillés en civil, se présentent.

— Lieutenant Claude.

— Brigadier Alain.

Leur collègue, en uniforme, leur montre de quoi il s’agit. Le lieutenant prend aussitôt la parole.

— Cette chaussure n’a pas été lancée, elle a été perdue par la femme qui la portait. L’autre chaussure a laissé une trace, elle devrait être toujours à son pied. Mais où est la femme ?

Le brigadier me demande.

— Vous n’avez rien entendu ?

— Hier soir, il était 22 heures 15, nous avons été surpris par plusieurs bruits de portières, ensuite une voiture a démarré ; à son bruit, c’était un diesel. Nous étions en fin de repas avec un couple d’amis. Ce qui nous a surpris, ce fut d’entendre la voiture aussi proche, comme si elle se trouvait dans l’entrée.

Le lieutenant reprend.

— Avec la hauteur de l’eau, il va être difficile de regarder sous le pont.

— Avant de vous appeler, je suis allé regarder de l’autre côté, mais il n’y a rien à signaler, il faut dire qu’avec le débit important tout est emmené rapidement.

— Il y a une solution, c’est de faire venir les pompiers pour explorer les lieux, mais il faudrait vraiment être sûr de notre coup.

Je réfléchissais à la façon de procéder pour regarder en dessous du pont. Malgré la baisse du niveau d’eau, il n’y avait que 40 centimètres de libres. Soudain, une idée me vint que je proposai au lieutenant :

— J’ai un gros rétroviseur de camion. Si je le fixe sur un balai avec une large bande adhésive, il devrait être possible, depuis le pont, de voir jusqu’à la sortie.

Le brigadier trouve l’idée astucieuse.

— Cela ne coûte rien d’essayer, mais il manquera sûrement un peu de lumière pour bien observer le dessous.

— Je peux faire de même avec un projecteur LED que je viens d’acheter, au moins, il va servir. Cela va prendre 5 minutes pour faire l’équipement.

Depuis le pont, le rétroviseur nous montre bien l’extrémité. Nous remarquons une aspérité au-dessus du niveau, sur un côté, que l’on ne peut pas déterminer, faute de lumière. C’est là qu’intervient le brigadier avec le projecteur fixé sur un autre balai. Le dessous du pont se trouve éclairé comme en plein jour. L’aspérité se révèle, en dépit de l’eau boueuse qui l’a éclaboussée. C’est une forme recouverte de tissus, une partie de couleur rouge et l’autre clair, à environ 5 mètres.

Le lieutenant peut être maintenant sûr de ce qu’il va annoncer :

— Nous sommes fixés sur la propriétaire de la chaussure. Je préviens les pompiers, pour l’intervention d’une section de sauvetage en eaux vives. Le commandant de l’hôtel de police est prévenu ainsi que la PTS, un légiste et le service chargé d’isoler les lieux d’éventuels passants curieux.

Tout ce monde arrive dans le quartier, un service de circulation est mis en place. Daniel, de la PTS, se charge de prendre des photos de la chaussure et de l’environnement. Le plus compliqué est de s’infiltrer sous le pont qui n’est déjà pas très haut en temps normal, mais avec 50 centimètres d’eau sur une largeur de 2 mètres, avec un débit important et la pente, il est impossible d’avancer normalement sans être renversé.

Après concertation, les pompiers décident de fixer deux bouées à plat, presque côte à côte, sur une extrémité d’une grande échelle en alu de plus de 4 mètres de long, pour la faire flotter afin qu’un homme, équipé d’une combinaison de plongée, puisse y prendre place, allongé. C’est la seule possibilité d’atteindre le corps bloqué sous le pont. Deux autres pompiers équipés de cuissardes, se tenant dans l’eau et appuyés contre les berges et les montants du pont, vont guider et retenir l’échelle. Le pompier, allongé sur l’avant, se guide à l’aide d’une gaffe. Une fois proche du corps, il le tire sur ce radeau improvisé en le maintenant avec une sangle. L’échelle peut alors être ramenée vers l’extérieur.

À la sortie du pont, ramenés au jour, les deux pompiers en cuissardes passent deux sangles sous le corps de la femme pour le hisser sur le haut de la berge, afin de le déposer sur un brancard, à l’abri des curieux. L’autre chaussure manquante se trouve bien à son pied droit, elle est vêtue d’une robe rouge et d’une veste en toile claire, couleur crème, recouvertes de boue.

Robert, le légiste, fait les premières constatations.

— À première vue, la femme a les vêtements boutonnés, elle n’a pas subi d’arrachement. Une autre constatation au niveau de son cou, la femme présente des marques de strangulation. La mort remonterait à plus de 10 heures ; la noyade semble être post-mortem, des analyses plus approfondies nous en diront plus. Daniel, de la PTS, fouille les poches de la veste ; ni papier d’identité, ni portable, ni un quelconque objet ne s’y trouvent.

Le pompier qui a récupéré la femme précise au légiste :

— La femme est restée bloquée sous le pont, accrochée par ses vêtements à deux morceaux de ferraille qui dépassent du béton.

Le commandant, présent sur les lieux, prévient le Procureur.

— Monsieur le Procureur, nous sommes devant le cadavre d’une femme blanche d’environ 30 - 35 ans, retrouvé dans l’eau d’un ruisseau, plus exactement, sous le pont d’un cours d’eau en crue. Elle ne possède aucun papier d’identité sur elle. Sa découverte est due à la présence d’une chaussure sur une berge, signalée par le propriétaire de la maison voisine. Des traces de strangulation ont été relevées par le légiste.

— Commandant, faites transférer le corps par un service spécialisé, à l’IML de Nancy. Je demande à la DPJ un officier pour vous aider dans l’enquête qui ne va pas être simple à résoudre.

Comme dans tous les cas de ce genre, deux journalistes rapidement informés tentent de se rapprocher pour prendre des photos et glaner des informations malgré la bâche d’isolation tendue à cet effet ; ils sont refoulés. À l’arrivée de la voiture mortuaire, le service d’ordre fait reculer les curieux, toujours attirés par les sensations fortes.

Le commandant et le lieutenant viennent s’entretenir avec moi.

— Je dois vous remercier pour votre aide, nous sommes appelés à nous revoir. En attendant, je vous conseille de rester le plus discret possible vis-à-vis de la presse et d’autres personnes ; les interprétations de ces personnes sont souvent divulguées, déformées et peuvent causer des problèmes aux enquêteurs.

— Merci, messieurs, pour vos conseils. Lieutenant, j’en prends bonne note. Je reste à votre disposition pour la suite.

Chapitre II

Le rapport de l’IML de Nancy est établi par la légiste Carole, le mercredi, le lendemain de l’arrivée du corps.

Femme blanche, non identifiée, d’une taille de 1 m 60, 58 kg, yeux bleus, cheveux châtains, pas de signe particulier, pas de bijoux. Autour du cou, des marques très visibles d’un fort serrage par des mains qui s’apparenteraient à celles d’une femme. À ce même endroit, des marques d’ongles ont marqué profondément la peau. La main d’un homme peut laisser les mêmes empreintes ; ce n’est qu’une supposition qui reste à confirmer.

La longue stagnation et le rapide courant de l’eau ne facilitent pas le travail du légiste pour obtenir de plus amples informations. La compression des veines et de la trachée a provoqué une asphyxie mécanique, la mort a suivi, la noyade est post-mortem. Un examen complet du corps ne révèle aucune autre trace de lutte, la victime a eu un ou des rapports sexuels consentis, peu de temps avant sa mort l’heure ne peut être confirmée. Des analyses ADN sont en cours. L’heure de la mort se situerait lundi, entre 20 et 22 heures. Là encore, l’eau froide passée sur le corps a perturbé les références. Une photo de la femme relookée est transmise au commissariat, pour faciliter son identification.

Au bas du rapport, une autre précision…

Cette femme n’a jamais eu d’enfants.

Les recherches vont commencer pour mettre un nom sur l’inconnue. Pour débuter, un briefing a lieu en présence du commandant et du capitaine Philippe, de la DPJ de Nancy. L’officier a été demandé par le procureur pour renforcer l’effectif de Saint-Dié. Spécialisé dans les homicides, il connaît bien ce commissariat. Ce n’est pas la première fois qu’il y vient pour des affaires criminelles.

Après les présentations, faites par le commandant, il prend la parole.

— Mesdames, messieurs, comme je viens de l’apprendre, la femme retrouvée n’a pas d’identité. Une photo, faite par l’IML, va être distribuée à chaque patrouille. Dans une ville de 20 000 habitants, cela ne devrait pas être un problème de mettre un nom sur ce cadavre. Avec le lieutenant Claude, et Daniel de la PTS, je vais me rendre là où le corps a été trouvé, et essayer de comprendre comment l’inconnue a pu se retrouver dans l’eau.

Pendant ce temps, le brigadier Alain et un autre fonctionnaire vont se charger de montrer la photo dans les bars et les restaurants de Saint-Dié avant que celle-ci ne soit diffusée dans la presse. Je précise qu’on ne se tournera vers la solution médiatique qu’en tout dernier recours, et ce, pour éviter l’affluence d’appels qui, bien souvent, sont difficiles à exploiter à cause des confusions.

Le déplacement se fait sur les lieux où a été trouvé le corps. Le lieutenant veut donner des précisions au capitaine, mais celui-ci préfère aller trouver Éric, le voisin, qui va être plus précis sur ce qu’il a trouvé le mardi matin.

Les présentations faites, le capitaine s’adresse à Éric.

— Tout d’abord, reconnaissez-vous cette dame sur cette photo ?

— Non, beaucoup de monde se déplace en voiture, nous sommes un peu excentrés de la ville, de plus, la vitesse n’est pas toujours respectée, alors il est difficile d’identifier ou de se mémoriser les conducteurs. De nombreux véhicules empruntent cette route qui permet d’accéder à plusieurs lotissements avant la forêt, ou de rejoindre les villages situés sur le plateau, ce qui évite la montée du centre hospitalier.

— Monsieur Éric, expliquez-moi ce que vous avez vu depuis le début.

— Donc, mardi matin, en venant ouvrir le portail, comme tous les matins, je fais quelques pas pour regarder le niveau du ruisseau, toujours par crainte que le pont soit obstrué et provoque une inondation, comme ce qui s’est passé il y a une dizaine d’années, et surtout après les pluies diluviennes qui se sont abattues ces derniers jours dans la proche montagne. Ce matin-là, le niveau était bien plus haut qu’aujourd’hui et mon regard s’est porté sur une chaussure de femme de couleur rouge, à mi-hauteur sur la berge. Au premier regard, cela ne m’a pas paru étrange, il y a tellement de détritus lancés depuis le pont. Je suis rentré à la maison, comme je l’ai dit au lieutenant. En me rasant, la vision de la chaussure rouge repasse devant mes yeux. Je viens à en parler à ma femme, et nous sommes venus voir. En observant bien, elle me dit : « ce n’est pas une chaussure qui a été lancée, elle a été plantée dans la terre par la personne qui l’avait à son pied. Si elle avait été lancée, elle ne serait pas restée dans la pente ». Je décidai alors de prévenir le commissariat. Rapidement, une patrouille de fonctionnaires est venue sur les lieux. Pour l’un d’entre eux, la chaussure a été lancée, pour l’autre fonctionnaire, elle a été plantée. Ensuite, ils ont fait appel à vous, lieutenant.