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Mary, jeune écrivain, depuis quelque temps en panne d’inspiration, tente de combattre le syndrome de la feuille blanche… Aucune idée, aucune illumination jusqu’à ce que commence une histoire noire, loin de ce qu’elle écrit d’habitude. Imagination lugubre ou réalité ? L’esprit en otage est un mélange de polar, de fantastique et de manipulation qui nous plonge dans un suspens inédit.
A PROPOS DE L'AUTEURE
Pour
Mary Pourquoi, lire n’est pas qu’un plaisir, c’est un besoin. Alors, chaque fois qu’elle est séduite par un livre, son esprit est émerveillé que ce soit par le biais d’un bruit, d’une couleur ou d’une ambiance qui le lui rappelle.
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Seitenzahl: 311
Veröffentlichungsjahr: 2022
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Mary Pourquoi
L’esprit en otage
Roman
© Lys Bleu Éditions – Mary Pourquoi
ISBN : 979-10-377-5344-1
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
L’homme se lève et recule d’un pas pour mieux contempler son œuvre. Un sourire satisfait étire ses lèvres. Ses dernières heures d’effort et de concentration sont récompensées : le hibou possède maintenant un regard d’un vert exceptionnel. Toutefois, ses yeux trop humains donnent à l’animal naturalisé un air étrange.
Les mains sur les hanches, l’artiste ricane. Il est seul dans une grande pièce rectangulaire encombrée de nombreux animaux, tous empaillés, avec pour la plupart des orbites encore vides, pour d’autres des regards troublants qui donnent la chair de poule.
Avec ses yeux d’un bleu très clair, ses traits fins qui lui donnent un air efféminé, démenti par une peau pigmentée et presque bleue malgré un rasage quotidien, ses cheveux noirs et épais, Jack est plutôt bel homme.
Il regarde avec ravissement sa dernière réalisation, puis relève brusquement la tête, fixe le vide devant lui, tous les sens en alerte.
Les doigts de Mary cessent aussitôt de frapper son clavier. Ses yeux rivés sur l’écran ont cru apercevoir au-delà des mots le regard de Jack, comme s’il la regardait elle ! La surprise a été si saisissante qu’elle s’est d’instinct légèrement écartée du bureau, un frisson parcourt son dos. Après une grimace moqueuse vers l’écran, elle se rapproche à nouveau de son bureau autant que son ventre maintenant proéminent le lui permet. Voilà qu’elle se fait peur toute seule ! « Allez, concentre-toi ma vieille tu étais bien partie ! »
Mary replace ses doigts sur le clavier.
Jack se sent épié, il jette un dernier regard autour de lui qui lui confirme qu’il est seul dans la pièce, Jack prend le hibou avec d’infinies précautions et le place sur le buffet du salon.
Il ramasse ses pinceaux et part les nettoyer dans la cuisine en se félicitant intérieurement de la qualité de son œuvre. Le regard qu’il a reproduit est la copie conforme du modèle. Son matériel nettoyé, il retourne dans le salon et range ses tubes de peinture. Il ne reste maintenant sur la table qu’un bocal. Un bocal qui contient…
Pour la seconde fois en quelques minutes, Mary retire vivement ses mains du clavier. Rien ne se passe comme d’habitude. En dehors de l’ambiance lugubre qui se dégage des mots qu’elle couche sur le papier, elle n’a pas l’impression « d’inventer » une histoire, mais plutôt celle d’être la spectatrice de faits réels qui se déroulent… quelque part…
Malgré la température plutôt fraîche de la pièce, son dos est moite de sueur et son tee-shirt lui colle à la peau. Elle porte une main protectrice sur son ventre, geste devenu fréquent ces dernières semaines, et tente de calmer sa respiration soudain plus rapide.
La jeune femme hésite sur l’attitude à adopter. Une partie d’elle veut continuer sa séance d’écriture, trop heureuse d’avoir enfin vaincu son syndrome de la page blanche, sa raison, elle, lui commande d’arrêter immédiatement devant le stress que lui provoque le début de son histoire.
Jack se sent nerveux, il a la très désagréable impression depuis quelques minutes d’être observé. Il s’approche de la fenêtre et soulève légèrement le double rideau. À l’extérieur, le portail du jardin est bien fermé, sa voiture garée dans l’allée où il l’a laissée à son retour tardif la nuit précédente.
Jack se dirige vers la salle de bain.
Avant même que son personnage n’ouvre la porte de la pièce, Mary sait qu’elle va se retrouver face à une abomination. Ses doigts s’agitent maintenant avec frénésie sur le clavier, comme animés de leur propre volonté. Même si elle le voulait, elle ne pourrait pas les arrêter. Elle est passée du rôle d’écrivain à celui de spectatrice…
Jack pousse la porte et se penche au-dessus de la baignoire. « Eh bien merci ma belle, tes yeux sont du plus bel effet sur mon hibou, c’est tout à fait ce dont il avait besoin. Merci pour lui ! » Un rire lugubre retentit alors dans la petite pièce.
Les yeux écarquillés, Mary contemple le corps avachi dans la baignoire. Alors que ses doigts continuent leur danse folle, elle sait qu’elle assiste à un fait réel. Elle sent qu’elle n’imagine pas ce qu’elle écrit mais qu’elle « voit » quelque chose qui quelque part, elle en est persuadée, n’est pas une fiction mais une réalité.
La morte qui se trouve dans la baignoire porte des chaussures de sport et un jean. Elle était certainement une jolie femme avant d’être ce cadavre ensanglanté. L’angle anormal formé par son poignet droit indique que le membre doit être cassé. La victime a dû se débattre pour tenter de sauver sa vie. Elle porte une veste en jean et un chemisier blanc imbibés de sang séché. Les yeux de Mary remontent le long du cou, une large coupure laisse entrevoir les organes internes, le sang coagulé tout autour de la blessure a pris une teinte brunâtre. Aucun doute possible, son meurtrier l’a égorgée. En remontant encore vers le visage, Mary découvre la bouche de la jeune femme figée dans une grimace d’horreur. Mary sent sa respiration s’accélérer. La victime avait certainement compris qu’elle n’échapperait pas à la mort. Lorsque Mary atteint les deux orbites vides, elle ne réussit pas à retenir le cri qui monte du fond de sa gorge…
« Qui est là ? » Jack s’est soudain arrêté de rire et regarde autour de lui. Il fixe le vide, et un sourire méchant éclaire son visage. « Ah te voilà enfin ! Je me demandais quand tu arriverais enfin figure-toi. J’aurais cru que mes occupations de cette nuit t’auraient davantage intéressées. Mais non ! Pourtant j’ai largement essayé de lier contact plus tôt… je t’appelais… mais tu ne t’es pas laissé connecter facilement. À moins que je ne me trompe, tu n’es pas là depuis longtemps n’est-ce pas ? J’ai bien senti quelque chose dans le salon tout à l’heure, mais je n’avais pas compris que c’était toi. L’excitation de ma dernière œuvre m’a aveuglé… » Jack émet un rire sonore. « Aveuglé… tu as compris ? le jeu de mots ? Non ? Bon, laisse tomber. Excuse-moi si j’avais su que tu choisirais ce moment pour arriver je t’aurais accueillie différemment ».
Jack fait un pas dans le couloir. Soudain, il stoppe net, se campe bien droit sur ses jambes et les mains sur les hanches, dit d’une voix moqueuse : « Ne prends pas cet air effarouché Mary. Tu sais très bien que c’est à toi que je parle ».
Mary pose ses deux mains sur son ventre. Elle a l’impression d’être devant une scène de cinéma dans laquelle l’acteur s’adresse au spectateur. Et dans le cas présent le spectateur, c’est… elle ! L’homme lui parle. Son personnage lui parle ! Sans qu’elle s’en rende compte, ses doigts ont retrouvé le chemin du clavier. Mary sait que c’est impossible, ce qui se passe ne peut pas arriver. Elle invente une histoire… Pourtant une petite voix lui affirme le contraire.
— Viens, suis-moi, je crois qu’une petite discussion s’impose. Jack retourna d’un pas rapide dans le salon.
Comme il vient de lui demander, Mary le suit. C’est comme si elle flottait derrière lui dans le couloir qui traverse la maison. Elle peut voir les meubles, les bibelots, jusqu’aux motifs de la tapisserie. Alors qu’elle est assise devant son écran, les yeux fixés sur les mots qui couvrent la fenêtre du traitement de texte, Mary voit autre chose… elle découvre l’intérieur de la maison de Jack.
De nouveau dans le salon, Jack prend place dans un fauteuil de cuir près de la fenêtre dont le rideau est toujours fermé. Il saisit un paquet de Marlboro, et après s’être contorsionné pour attraper le briquet au fond de la poche de son pantalon, allume une cigarette. Il tire une longue bouffée avant de recracher une partie de la fumée avec lenteur. « Bah quoi ? Tu pourrais quand même me répondre, t’es pas très polie… allez fais donc pas ta timide Mary ».
Mary toussote, brusquement incommodée par une odeur de fumée qui lui gratte la gorge et lui pique les yeux. Elle regarde furtivement autour d’elle, mais ne peut que constater qu’aucune fumée n’a envahi son bureau ! Elle reporte ses yeux sur l’écran, déglutit avant de se résoudre à parler : « Vous répondre ? »
Elle secoue la tête plusieurs fois, avant même de s’en rendre compte, elle vient de dire à haute voix ce qu’elle vient d’écrire. La situation dépasse tout ce qu’elle a pu imaginer. Est-elle en train de perdre la raison ?
Jack tapote nerveusement l’accoudoir de son fauteuil.
— Bon, ça suffit les conneries. Arrête ça, tu m’énerves. Ne fais pas comme si tu n’avais pas compris. Oui, tu me parles. Oui, nous communiquons. Toi et Moi. Alors un conseil, arrête de faire ta mijaurée en tentant de me faire croire que tu ne comprends pas ce qui arrive… parce que je ne suis pas un simple personnage sorti de ton esprit… Jack soupire. Le ton de sa voix laisse supposer un grand agacement. Il reprend un peu plus aimable : « C’est vrai que pour toi ça doit être un peu étrange… Je vais rester calme et te laisser un peu de temps pour t’habituer… pour que tu comprennes bien… Ah oui, un détail, tu n’es pas folle, je t’ai choisie c’est tout ».
Mary est si choquée par ce que ses doigts écrivent qu’elle ne relève pas tout de suite la fin de la phrase. Elle n’a pas pour habitude de faire parler ses personnages de façon si grossière. Elle a l’impression de découvrir les mots au fur et à mesure qu’ils s’affichent. Pourtant sa raison lui affirme que c’est impossible, elle est en train d’écrire un roman. Son roman. Celui dont elle a promis à son éditeur qu’il serait différent des autres.
Mary se met à réfléchir… depuis quelques mois, elle est incapable d’écrire la moindre ligne. Ses idées sont comme taries… et lorsqu’elle réussit à en avoir quelques-unes, elles refusent de se coordonner et de s’enchaîner pour créer une histoire. Peut-être que son subconscient tente quelque chose pour lui permettre de se remettre au travail. C’est sûrement ça. Son subconscient crée le texte et son état conscient n’en prend connaissance que quelques centièmes de secondes plus tard. Rassurée, Mary décide de jouer le jeu… « Vous dites que nous communiquons c’est bien cela ? »
— Bah, je ne sais pas comment tu appelles ça quand deux personnes discutent ensemble à distance, moi je dis « communiquent » ou « tchatent » si tu veux te la jouer branchée. « Appelle ça comme ça te chante ma grande mais le résultat est le même ».
Mary décide d’ignorer les écarts de langage de son personnage afin de ne pas l’encourager sur cette voie. Elle relit ce que Jack vient de lui dire. « Mais comment est-ce possible ? Et pourquoi dites-vous que vous m’avez choisie, et qu’est-ce que c’est que cette histoire de connexion ? »
— Oh, ne commence pas à te poser trop de questions métaphysiques. Je t’expliquerai ou tu comprendras toute seule au fur et à mesure du temps que nous allons passer ensemble. Dis-toi pour l’instant que c’est comme ça et c’est tout. Il faut juste que tu acceptes que je ne sois pas un de tes personnages de roman à qui tu fais faire ce que tu veux. Ici, c’est moi qui mène la danse. Tu subiras mes choix et mes envies. Pour t’expliquer un peu plus… tu n’écris pas un roman, tu écris une réalité même si elle n’est pas vraiment la tienne… ou en tout cas pas encore. Pour faire simple, n’essaye pas d’intervenir, contente-toi d’observer et d’écrire et tout ira bien.
Mary se concentre pour comprendre ce qui se passe. Elle ne veut pas offusquer son personnage… ou plutôt cet homme… toutefois, elle a encore besoin d’éclaircissements. « Donc si je comprends bien, je ne pourrai pas mener mon roman comme je l’entends, je devrai tenir compte de ton point de vue c’est bien ça ? »
— Eh bien c’est presque ça, elle comprend vite la petite dame. À une exception près, je viens de t’expliquer que tu n’écrivais pas un roman, c’est juste ma réalité. Contente-toi d’observer et d’écrire correctement ce que tu vois. Après tout, je te sers un livre sur un plateau alors, tu ne vas pas te plaindre quand même. De temps en temps, je te demanderai peut-être un petit coup de main d’ordre pratique… mais lorsque nous serons devenus très proches tous les deux…
— OK. Et si j’interviens quand même, si je ne me contente pas de regarder ?
— Oh tu le ferras tu verras, je saurai te convaincre.
— Oui bien sûr, je n’en doute pas. Vu ta première performance. Dis-moi que t’ai-je donc fait faire à cette pauvre fille que j’ai aperçue dans ta baignoire ?
— Qu’est-ce que JE lui ai fait tu veux dire, je tiens à te faire remarquer que tu n’étais pas encore arrivée lorsque je l’ai rencontrée. Elle était au bar LE GRILLON hier soir, à une vingtaine de bornes d’ici. Elle était seule, ça tombait bien. J’ai tout de suite été attiré par ses yeux. Des yeux verts surprenants. Exactement ceux dont j’avais besoin pour le hibou. Je l’ai invitée à prendre un verre, puis deux, puis plusieurs… elle n’était pas farouche la gamine. Après, ça a été un jeu d’enfant. Je l’ai convaincue de monter dans la voiture, je l’ai emmenée dans les bois derrière la nationale, je l’ai égorgée, Eh oui… j’aurais pu l’étrangler mais tu comprends je ne voulais pas que ses yeux soient abîmés, alors je n’ai pas pris de risque.
Tout en continuant son récit d’un ton badin, comme s’il parlait d’une sortie avec sa petite amie, Jack tire quelques bouffées sur sa cigarette qui continue d’importuner Mary qui se met à tousser. Jack l’ignore et reprend : « J’ai lu dans des bouquins que lorsque quelqu’un se fait étrangler, en plus d’avoir le teint qui vire au bleu gris, il peut avoir les yeux injectés de sang. Ça aurait été triste, elle serait morte pour rien. Donc une fois son joli petit cou tranché, je l’ai mise dans le coffre et je l’ai ramenée ici. C’est vraiment dommage que tu ne sois pas arrivée plus tôt, t’aurais dû voir ça quand j’ai enfoncé mon couteau dans sa gorge, il est rentré comme dans du beurre, le sang a jailli et elle m’a regardé comme si elle voyait un extra-terrestre, c’était comique… »
Mary sent la nausée l’envahir. Elle a déjà écrit une dizaine de fictions, mais jamais quelque chose d’aussi macabre. Rien dans ses romans d’aventures ou ses contes à caractère fantastique n’a jamais été si sanglant, si violent. Que lui arrive-t-il ? La tension des dernières semaines, les heures de doute de ne plus réussir à écrire se manifestent-elles par ce changement radical de style ? Une petite voix lui souffle de quitter le logiciel et de rapidement effacer le fichier qu’elle vient de créer, mais une autre partie d’elle veut connaître la suite de l’histoire. Qui est cet homme ? Que fait-il ? Et pourquoi ? Après tout, peut-être que dans quelques dizaines de pages elle aura de quoi construire un vrai polar…
— Dis donc, tu pourrais être un peu plus attentive quand je te parle. Je suis quand même en train de t’expliquer ce qui est arrivé avant que tu ne rentres en scène…
L’homme éteint sa cigarette dans un cendrier qui se trouve sur la table basse devant lui.
— Lorsque je suis rentré, j’ai installé la demoiselle dans la baignoire, parce que je n’avais pas envie de tout saloper avec son sang.
Les yeux de Jack se plissent comme s’il revivait la scène.
— Alors, j’ai récupéré ses yeux délicatement sans les abîmer. Mon hibou m’attendait et j’étais pressé de me mettre au travail. Jack se lève alors, s’approche du buffet et saisit fièrement l’animal empaillé pour le brandir face à lui. « Regarde il est magnifique non ? »
Mary regarde l’animal. Les yeux verts sont la réplique exacte de ceux qu’elle a aperçus dans le bocal quelques minutes auparavant. La couleur est parfaite et le travail minutieux.
Elle regarde tout autour de la pièce et observe les autres animaux empaillés. Deux renards, une belette, une tête de biche, un canard sauvage, une loutre, une hermine blanche… et beaucoup d’autres encore. Seuls, le hibou, un écureuil et une loutre ont des yeux verts, les autres, avec leurs orbites encore vides créent une ambiance de film d’horreur. Déglutissant avec peine, Mary reporte son attention sur Jack : « Tu comptes trouver des modèles pour chacun d’eux ? »
L’homme hausse les épaules.
— J’espère… mais tu vois, ce n’est pas si facile que ça, il faut des yeux parfaits, des yeux d’une couleur parfaite… verte. Il faut qu’ils soient verts. Toutes les nuances de vert sont acceptables. Cela faisait des semaines que je cherchais le regard pour le hibou. Mais je dois t’avouer quelque chose… même si c’est la troisième fois… passer à l’acte n’est pas encore facile. Jack traverse la pièce et se dirige vers l’hermine blanche qu’il saisit délicatement. Il caresse amoureusement les longs poils soyeux de l’animal. « Regarde comme elle est belle. Ne mérite-t-elle pas un regard exceptionnel ? »
L’homme regarde droit devant lui et Mary a l’impression que ses yeux la transpercent. Comme elle ne répond pas, Jack continue.
— Des yeux vert clair, ou avec des paillettes… des yeux lumineux… elle sera ma-gni-fi-que ! mais tu vas m’aider.
— T’aider ? Comment ça ?
— Quoi comment ça ? Tu es écrivain non ? Alors tu vas te débrouiller pour que je rencontre la fille qui possédera les yeux dont j’ai besoin. Je viens de te dire ce que je voulais des yeux vert clair exceptionnels.
La voix de Jack est montée d’un cran. Il a reposé l’hermine et agite ses bras en parlant.
— Pourquoi crois-tu que je t’ai choisie TOI ? Parce que tu peux influencer l’histoire pour qu’elle devienne ma réalité. Dis donc ma grande va falloir te remuer un peu plus que ça… je te trouve un peu molle du genou !
Mary écarquille les yeux, comment son personnage ose-t-il lui parler sur ce ton ? Elle ne l’accepte de personne et encore moins de quelqu’un qui n’existe pas. Elle n’a pas le temps de répondre, que la voix reprend de plus belle :
— Comment je n’existe pas ? Pauvre fille, tu n’es pas au bout de tes surprises. Enfin, je ne peux pas tout te dire tout de suite ça pourrait te rendre complètement folle, mais sache que je vis avec ou sans toi, même si tu as un petit pouvoir d’orienter certaines choses qui m’entourent à cause du lien que j’ai tissé entre nous deux. Mais tu ne peux influencer qu’une partie de l’histoire, je reste maître du reste. Et bientôt, je serai… bon Stop ! Et Jack se tait comme s’il allait dévoiler un lourd secret. « J’ai faim, tu vas t’entraîner, tu vas me suivre dans un bon restau pour un bon repas OK ? »
Sans que son esprit ne maîtrise la suite de l’histoire, les doigts de Mary continuent leur danse folle et les caractères continuent de couvrir l’écran qu’elle fixe dans un état second. Elle décide de reprendre le contrôle des évènements. « Doucement, Jack, avant tu vas me dire qui tu es vraiment ? Ce que tu fais dans la vie ? Tes amis ? Ta famille… et pourquoi cette obsession sur les yeux verts ? »
Jack fixe Mary au-delà de l’écran : « Je t’expliquerai plus tard j’ai faim, donc d’abord je vais manger. Il va falloir que tu acceptes que ce soit moi qui décide ma jolie. Essaye de ne pas l’oublier et tout se passera bien. Je te demanderai juste “un petit coup de pouce” de temps en temps, comme comment dire… “la providence” pour le reste, un conseil : laisse-moi faire ».
Jack s’engage dans le couloir qui mène à sa chambre : « je vais chercher une veste », en passant, il repousse du pied la porte de la salle de bain restée ouverte « je m’occuperai du corps plus tard, enfin pas trop tard quand même, sinon cette pétasse serait capable de me pourrir l’air de la maison en commençant à se décomposer ici ! »
Cinq minutes plus tard, il est assis derrière le volant de sa voiture, non sans avoir vérifié que la maison est bien verrouillée. Il insère un CD dans le lecteur, un air de country envahit aussitôt l’habitacle. Jack commande l’ouverture du portail électrique et s’engage dans le flot réduit de la circulation.
Mary qui a l’impression d’assister à un film lui demande :
— Mais dis donc, tu ne crains d’avoir été reconnu par quelqu’un hier soir pendant que tu saoulais cette fille ?
— T’inquiète pas chérie, tu auras l’occasion de voir les diverses solutions que j’ai trouvées pour qu’on ne me reconnaisse pas. Ah, au fait, c’est quoi cette musique de fond chez toi ? Du classique ? C’est l’horreur ! Et puis avec ma country, ça fait cacophonie, le mieux serait que tu éteignes ton poste.
Mary fait la grimace, lorsque Jack s’adresse à elle, elle a vraiment l’impression de l’entendre parler. Elle peut même percevoir l’intonation de sa voix. Sa liberté de langage l’agace. Et puis le terme « Chérie » venant de sa bouche la rend tout simplement furieuse. Enfin, que cet individu se permette de critiquer Tchaïkovski et lui donne des ordres… il dépasse les bornes.
Alors qu’elle fulmine intérieurement, Mary prend conscience que Jack sent, entend ce qui se passe chez elle comme elle partage ce qui se passe chez lui… une nouvelle vague de frissons lui parcourt le dos.
Quelques minutes plus tard, Jack arrive au centre-ville.
Alors que Mary peut voir les décors qui entourent Jack avec précision, toutes les indications concernant l’emplacement géographique où il se trouve demeurent mystérieusement floues. Alors qu’il est passé devant plusieurs panneaux d’indications routières, Mary n’a jamais réussi à déchiffrer le moindre nom de ville ou de rue, les caractères, chaque fois apparaissent comme derrière une vitre tellement embuée qu’ils restent illisibles. Elle ne sait donc pas encore dans quelle ville se déroule son histoire mais décide d’ignorer ce détail et continue d’écrire.
Jack se dirige vers un petit restaurant à la devanture soignée. L’enseigne au nom de Barracuda a été fraîchement repeinte. En passant une première fois devant l’établissement, Jack ne trouve aucune place pour se garer.
— Eh dis donc, tu te fiches de moi ou quoi ? Trouve-moi une place je veux dîner ici.
Interloquée, Mary ralentit la cadence de ses doigts, mais cette fois, sans s’arrêter vraiment. Mary ne doute pas un instant que Jack s’adresse à elle. Avec un sourire, elle continue d’écrire.
Au moment où Jack passe pour la seconde fois devant Le Barracuda, une voiture quitte la place qu’elle occupait juste devant l’entrée. Avec un soupir de satisfaction, Jack s’y engouffre et s’adresse à Mary sur un ton narquois :
— Tu vois que tu peux m’aider utilement quand tu fournis un effort… C’est parfait !
Jack sort de sa voiture, et pénètre dans le restaurant après avoir verrouillé les portières. À peine est-il à l’intérieur qu’une jeune serveuse s’avance vers lui, un sourire lumineux aux lèvres. Plus petite que Jack, elle porte une mini-jupe qui ne cache presque rien de ses longues et jolies jambes. Des boucles blondes encadrent un visage fin au teint clair. Ses yeux pétillent de joie de vivre.
L’estomac de Mary se contracte. Elle a vu les yeux magnifiques de la jeune femme, et a aussitôt senti le danger rôder… ses yeux sont verts.
« Bonjour, Jack, comment vas-tu ? » sans attendre la réponse, la jeune femme l’entraîne par le bras. « Viens je vais t’installer là-bas, tu seras tranquille… Tu as bien fait de venir aujourd’hui, nous avons ton plat préféré : du couscous ! »
Jack se laisse mener de bonne grâce pose son manteau sur le dossier de la chaise que la jeune femme vient d’écarter d’une table dressée pour une personne.
— Du couscous ? Chouette, c’est parfait Julia. J’en ai déjà l’eau à la bouche. Apporte-moi aussi un whisky s’il te plaît.
— Tout de suite Jack.
La jeune femme sourit une nouvelle fois et après un clin d’œil disparaît en cuisine.
Jack commence alors à observer les autres clients installés dans la salle. Tel un chasseur, Jack épie. Sur les trois femmes présentes, deux ne correspondent pas aux critères qu’il recherche, la première a les yeux marron foncé, la seconde des yeux bridés d’un noir profond. La troisième lui tourne le dos, il n’a pas encore pu apercevoir la couleur de ses yeux.
Tout à ses réflexions, il n’a pas vu Julia revenir avec une assiette remplie d’un couscous odorant et sursaute légèrement lorsqu’elle la dépose devant lui.
— Oh, excuse-moi Jack, je t’ai fait peur… tu semblais absorbé par tes pensées. Voilà, je te souhaite un bon appétit.
— Merci, Julia.
L’odeur est appétissante et Jack constate immédiatement qu’elle est à la hauteur du goût. Alors qu’il se délecte de son plat, Julia entreprend de débarrasser la table la plus proche de la sienne, tout en lui jetant de nombreux coups d’œil. La jeune femme, sous le charme de son client préféré, prend son temps, désirant rester proche le plus longtemps possible.
— C’est bon Jack ?
— Excellent Julia, Excellent.
Jack replonge le nez dans son assiette. La cuisine est réellement délicieuse, le patron, malgré son sale caractère, a un véritable don culinaire et Jack qui apprécie la bonne chère est devenu un habitué du restaurant.
Entre deux bouchées, Jack marmonne tout bas « Voilà, maintenant tu connais Julia, c’est une gentille fille… mais bon… elle n’a pas inventé le fil à couper le beurre… elle semble avoir un petit faible pour moi… alors je la laisse faire… j’aime être dorloté ». La troisième femme, celle qui lui tourne le dos se lève et se retourne pour enfiler son manteau, Jack scrute son visage. Les yeux de la femme sont bleus, désintéressé Jack replonge son regard dans son assiette. Il reprend : « Tu as vu les yeux de Julia ? D’un joli vert non ? Je pense que je pourrais les choisir pour l’un de mes animaux. Je vais étudier ça en rentrant… D’ailleurs, n’oublie pas de m’y faire penser s’il te plaît ? »
Mary sursaute. Elle ne se fait pas à l’idée que Jack puisse lui parler. Et maintenant, il se permet même de lui demander un service en vue de son prochain crime ! Il a le toupet de lui présenter la fille qui sera certainement sa prochaine victime ! Mary est abasourdie. Elle regarde sa montre et s’aperçoit que midi est proche. Elle va devoir interrompre sa séance d’écriture pour aller préparer le repas. Duncan l’a prévenu qu’il la rejoindrait pour déjeuner. C’est la première fois depuis des mois qu’elle réussit à écrire plus de dix lignes et se sent frustrée à l’idée de devoir s’arrêter. Elle enregistre son fichier et éteint l’ordinateur.
Alors qu’elle s’affaire en cuisine, son attention revient sans cesse sur Jack. Elle tente de comprendre ce qui vient de se passer sans réussir à trouver une explication satisfaisante au phénomène qu’elle vient de vivre. À la réflexion, elle déteste tout ce qu’elle vient d’écrire. Tout ça a certainement été provoqué par le mal de crâne épouvantable qui lui martelait la tête depuis son réveil. C’était ça, la douleur avait été si violente qu’elle a provoqué un incident insensé… Le cerveau a un fonctionnement très complexe et Mary se rassure en pensant que dans son état, en plus des hormones chamboulées, le mal de tête a provoqué quelques bizarreries dans son esprit.
Après le repas, c’est décidé, elle effacera le fichier et repartira sur une nouvelle histoire. Elle caresse doucement son ventre si tendu qu’elle a parfois l’impression qu’il va éclater comme un fruit trop mûr. « Pardon mon bébé, j’ai dû te faire peur à toi aussi, je suis désolée, je ne sais pas ce qui m’a pris d’écrire des horreurs pareilles ! »
Lorsque Duncan rentre une demi-heure plus tard, Mary a déjà dressé la table. Ensemble, ils s’installent dans la cuisine et déjeunent avec appétit. Mary est gaie, son mal de tête dissipé, elle a décidé d’oublier les évènements de la matinée. Elle décide de passer sous silence l’expérience qu’elle a vécue ce matin pour ne pas effrayer son époux.
Duncan avec un plaisir évident mord à pleines dents dans le rumsteck que Mary lui a cuisiné. Entre deux bouchées, constatant que Mary n’aborde pas le sujet il demande : « alors, tu as appelé ton éditeur ce matin ? ».
Mary hoche la tête : « Oui oui. Nous avons eu une petite conversation… J’ai réussi à le convaincre de me laisser encore six mois pour lui apporter mon prochain roman. »
— Six mois ? Ça sera suffisant ? Tu m’as dit que tu n’avais pas encore écrit une seule ligne…
— Oui, mais ce matin… je ne sais pas… j’ai l’impression que je tiens une nouvelle histoire.
Duncan repose ses couverts, les coudes sur la table il joint les mains au-dessus de son assiette :
— Depuis ce matin ? Six mois ? Tu comptes bosser jour et nuit Mary ? Tu ne vas pas pouvoir écrire dix ou douze heures par jour en ce moment… Avec le bébé qui arrive en plus tu penses que tu auras assez de temps pour finaliser un roman ?
— Non bien sûr je ne vais pas écrire jour et nuit… mais j’ai déjà couché quelques idées sur le papier… je pense vraiment que le temps sera suffisant… Fais-moi confiance Duncan. S’il te plaît.
Avec un regard soucieux, Duncan décide de donner un dernier avis :
— OK, enfin vas-y doucement. Après tout, tenir le délai importe peu. Chacun de tes romans lui rapporte trop de fric pour que ton éditeur te laisse tomber de toute façon. Ce que je veux c’est que tu ne travailles pas trop en ce moment. Tu arrives en fin de grossesse tu dois te reposer… D’ailleurs comment s’est passée ta matinée, ma chérie ?
— Très bien, je me suis reposée.
Duncan se sent rassuré par le sourire radieux qui s’étale sur le visage de son épouse. Les derniers mois ont été éprouvants pour la jeune femme. Après avoir attendu vainement une grossesse pendant plusieurs années, elle a enchaîné deux fausses couches… La dernière tardive l’a d’ailleurs plongée dans une grave dépression dont Duncan a cru pendant quelque temps qu’elle ne s’en sortirait pas.
Cette nouvelle grossesse inespérée a permis à Mary de ressortir de l’abîme dans lequel elle était en train de se noyer. Duncan souhaite qu’elle se sente bien et que l’enfant naisse en bonne santé. Tout le reste n’a plus aucune importance à ses yeux.
Rassuré par le bonheur qu’affiche le visage qu’il aime tant, Duncan décide d’aborder le sujet qui l’a fait cogiter toute la matinée.
— Dis donc, je voulais te demander une chose… mais il faut que tu sois d’accord…
Mary pose à son tour ses couverts et observe son mari.
— Harry m’a confié un nouveau compte très important pour l’agence. Il faudrait que je rencontre plusieurs personnes mais ça impliquerait que je parte en déplacement les cinq prochains jours. C’est pour ça que je voulais être sûr que tu étais en forme. Te sens-tu capable de rester seule tout ce temps-là ?
— Sans aucun souci. Ne t’inquiète pas je me sens parfaitement capable de m’assumer pendant cinq petites journées.
Duncan scrute le visage de Mary à la recherche du moindre signe d’hésitation ou de contrariété, mais Mary affiche un vrai sourire. Il s’attendait à une réaction plus mitigée de sa part mais avec étonnement et soulagement il découvre que cette annonce n’a pas l’air de la contrarier.
— Tu partiras quand ?
— Après-demain. Et puis plus vite je serai parti plus vite je serai revenu.
Mary sourit. Elle se réjouit intérieurement de la nouvelle. Cela va lui permettre d’avancer sur son roman. Car après réflexion elle va continuer. Elle n’effacera pas le fichier de ce matin. L’absence de Duncan va lui permettre de beaucoup avancer.
— Si tu as le moindre problème, tu m’appelles, le portable ne sera jamais éteint. Si ça ne va pas, je reviendrai immédiatement.
— Ne t’en fais pas, tout ira bien. De toute façon, je n’accouche pas avant encore un mois au moins, tu sais…
Duncan hoche la tête. Il se promet intérieurement d’appeler l’après-midi même la meilleure amie de Mary pour lui demander de veiller sur son épouse pendant son absence.
Ensemble, ils terminent le repas discutant de choses et d’autres.
Moins d’une heure plus tard, Duncan repart travailler. Mary se dépêche alors de débarrasser la table pour regagner son bureau.
De retour devant son écran Mary relit le texte qu’elle a écrit le matin. Cela provoque en elle une étrange impression, comme si elle lisait l’histoire d’un autre écrivain. C’est tellement différent de ses textes habituels, de son style.
Cette impression de discuter avec l’un de ses personnages… Était-ce son mal de tête qui l’avait perturbée au point de provoquer ces évènements ?
Elle se lève pour aller mettre de la musique, mais au moment d’appuyer sur le bouton « play » elle suspend son geste au souvenir du ton sarcastique de Jack lorsqu’il lui a parlé de Tchaïkovski. Elle retourne derrière son clavier sans mettre le CD en marche.
De nouveau prête à écrire, elle hésite une dernière fois à effacer le fichier. Mais, persuadée que son texte représente une bonne base pour un roman policier, elle décide d’ouvrir le logiciel de traitement de texte.
« Eh bien ma petite dame, on hésite à me fausser compagnie ? Ce n’est pas bien du tout ça ! Il n’en est pas question… »
Jack une nouvelle fois a réussi à franchir le monde de l’irréel pour faire entendre sa voix. Après réflexion Mary se dit que l’expérience est amusante, et puis si elle lui permet d’écrire plus rapidement pourquoi ne pas en profiter ?
« Non non Jack, ne t’inquiète pas, ce n’est pas mon intention. Au contraire, imagine-toi qu’à partir de demain nous ne serons plus que tous les… deux… Mon mari part en déplacement plusieurs jours, je pourrai donc passer l’intégralité de mes journées avec toi. » Mary a failli dire « tous les trois » comme elle le fait ces derniers temps intégrant son futur bébé dans tous ses actes. Mais, sans savoir pourquoi un sentiment de protection instinctive l’a cette fois-ci incitée à le laisser en dehors de l’histoire.
— Parfait tout ça, on va donc pouvoir se remettre au travail. Le ton de Jack est celui d’un homme satisfait.
Alors qu’il lui parle, Mary s’aperçoit que Jack est de retour dans la maison.
La lumière du salon est allumée. Jack s’approche de la fenêtre et écarte un peu le rideau.
— Regarde ça y est, il fait nuit. Il est temps de s’occuper du macchabée qui encombre ma baignoire.
— Je te trouve un peu cruel de traiter cette pauvre fille de macchabée. Ce n’est pas elle qui t’a demandé de la tuer pour lui prendre ses yeux. Tu pourrais au moins traiter sa dépouille avec respect Jack.
— Bah voyons, allez, arrête d’accord ? Tu ne veux quand même pas que je lui creuse une jolie tombe et que je mette une croix dessus non ? Et puis temps qu’on y est, on a qu’à lui commander une messe chez le curé. Faut pas déconner, ma grande. C’était une petite allumeuse c’est tout. Elle me connaissait depuis moins de deux heures quand elle est montée dans ma voiture. Je suis sûr que cette cochonne avait des idées derrière la tête. Si j’avais voulu, j’aurais pu la sauter avant de la tuer.
Mary ouvre la bouche mais se retient de répondre. Jack n’est plus seulement grossier, il est odieux. Elle continue d’écrire tout en sentant sa colère grandir contre ce personnage de plus en plus antipathique.
— Mary, contrairement à ce que tu penses, je ne l’aurais pas violée. Je n’en aurais pas eu besoin. Je t’expliquais juste que c’est ce qu’elle attendait cette petite allumeuse, si elle est montée dans ma voiture, c’était justement avec cet espoir.