L’éveil du grand dieu Pan - Tome 1 - Sarah Jessy Valdes - E-Book

L’éveil du grand dieu Pan - Tome 1 E-Book

Sarah Jessy Valdes

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Beschreibung

Fraîchement installée à Sainte-Colombe, Natasha se rapproche d’Emmanuela, sa voisine, ignorant la vraie identité de celle-ci. En effet, en plus d’être douée pour les langues anciennes et les incantations vikings, Emmanuela est la descendante d’une Völva, une voyante et magicienne pratiquant d’antiques rituels scandinaves. Natasha survivra-t-elle aux véritables intentions de celle qu’elle considère comme une amie ?

À PROPOS DE L'AUTRICE

Fascinée par les auteurs de littérature horrifique et philosophique, Sarah Jessy Valdes cultive un profond intérêt pour les mystères qui entourent les forêts scandinaves. Dans le but de partager cette passion avec ses lecteurs, elle donne vie à "L’éveil du grand dieu Pan", le premier tome d’une saga qui explore les mystères de cette divinité grecque énigmatique.

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Sarah Jessy Valdes

L’éveil du grand dieu Pan

Tome I

Roman

© Lys Bleu Éditions – Sarah Jessy Valdes

ISBN : 979-10-422-1434-0

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Chapitre1

La rencontre

Natasha était dans sa voiture et dominait le volant comme personne, sa Volkswagen noire se dirigeait vers Sainte-Colombe. Paul venait de l’appeler, mais elle n’en avait que faire depuis un certain temps, elle s’était lassée de lui. Elle était en arrêt-maladie et comptait bien en profiter pour faire du kayak, nager dans un lac aux eaux limpides et translucides, faire des randonnées en montagne et observer la faune locale, et évidemment, aller en boîte de nuit, se faire des amis. Peut-être trouver quelqu’un d’autre à aimer, car franchement, entre Paul et elle, ce n’était plus ça. Comme l’écume de la mer se jette sur la berge et s’estompe. Ainsi, son amour pour lui s’était évaporé. À vrai dire, elle sortait avec lui seulement par gentillesse, car c’était un gentil gars, mais en fait son âme, sa conscience, son inconscient cherchaient un amour plus profond, une passion plus sauvage et des contrées lointaines où l’amour est transcendant. Et toutes ces musiques de rap, qu’il écoutait sans cesse, étaient pour elle l’un des 6es cercles de l’enfer. C’était à vomir. Elle, Natacha, avait toujours préféré le métal américain avec des textes profonds puisant dans les contrées sauvages et inexplorées des parcs nationaux U.S. ainsi que dans les mœurs des Américains. Elle chantait aussi des musiques mystiques, parfois religieuses, comme Hillsong ou écoutait de l’electro. Or, il fallait l’avouer, leurs goûts musicaux étaient totalement opposés. Il était aussi sec qu’un caillou dans le désert Australien. Et leurs conversations étaient complètement platoniques. Alors, elle devait dès aujourd’hui couper court à leurs relations. Elle le ferait une fois installer, avec toute la force et la violence, mais aussi la douceur qu’elle avait en elle. Elle soupirait après plus, il lui fallait un nouveau départ et un nouvel être à aimer. Alors qu’elle transportait les cartons qui étaient compactés, dans son véhicule, elle était sur une rocade entourée d’immenses champs de maïs, en route vers son nouvel appartement situé à Sainte-Colombe près d’Avallon. Sur la route, une pensée très égocentrique, mais vraie lui vint à l’esprit, elle se rendit compte qu’elle n’avait besoin de personne.

Elle était assez débrouillarde et autonome pour une fille de son âge, elle avait 24 ans. Elle et sa superbe Golf 3 noir brillant, comme un onyx brut, faisaient brûler l’asphalte de la route au contact des pneus sur le goudron qui luisait au soleil. Elle avait quitté l’appartement de son si tendre Paul. Elle avait tout entassé, toutes ses affaires de son ancienne chambre pour un T2 repeint flambant neuf avec baignoire. Elle avait toujours aimé faire les choses elle-même par ses propres forces et cela lui apportait une satisfaction et un sentiment de victoire sans égal. Elle faisait les vidanges elle-même, et même avait un jour changé les plaquettes de frein avec une barre de fer en guise de piston. Elle était manuelle, sa formation de mécanicienne aéronautique lui avait bien servi et elle l’avait réussie haut la main. Et pour les randonnées, elle avait parcouru l’immense forêt de hêtres d’Iraty au Pays basque, toute seule, et sans se perdre, elle avait un lien étroit avec la nature qu’elle ne s’expliquait pas. À l’aide de son GPS durant sa balade, elle avait retrouvé son chemin et elle avait adoré le moment où elle sentait qu’elle était au milieu de nulle part. Elle était en arrêt de travail et elle comptait bien en profiter. Alors qu’elle roulait sur les musiques de Perfect Circle, une voiture devant la sienne avait comme un logo, un autocollant luisant, représentant une lune écarlate surplombée d’un signe tribal ésotérique atypique, mais significatif qui lui était inconnu. Un frisson la traversa, comme un vent glacial qui vous traverse le corps. Elle tressaillit puis inclina la tête sur la gauche violemment puis la recentra. C’était un toc, ça lui arrivait certaines fois, elle ne se l’expliquait pas. C’est comme cette étrange habitude qu’elle avait de casser beaucoup de choses sans le vouloir, surtout quand elle avait bu. La voiture d’un blanc cassé, une Audi d’un ancien modèle bifurqua à droite vers les profondeurs de L’Yonne, vers une route entourée de champs de tournesols. Elle eut un drôle de pressentiment. Comme le corbeau qui présage de mauvais augure, cette voiture en était une.

Elle arriva à Sainte-Colombe, c’était la campagne, complètement ravitaillée par les corbeaux, mais elle voulait respirer le grand air, et fuir la ville. Dans le village, il n’y avait pas d’âmes qui vivent, elle se demanda si c’était normal ? Soudain, elle aperçut juste un homme en robe de chambre rentrer ses poubelles et elle rigola et dit à haute voix :

— C’est quoi ce bled paumé !

Elle arriva au parking de la bâtisse, et elle y vit un saule pleureur trônant au beau milieu d’un terre-plein central, comme triomphant. Il restait une place envahie de buddleia David en pleine floraison, les fleurs telles des lances de chevaliers attaquaient la place de parking. Le jardinier devait sûrement être en Vacances, pensa-t-elle ironiquement.

L’immeuble austère, mais repeint tout récemment, était paradoxalement accueillant. Elle se gara puis éteignit le contact. Un homme se tenait à l’entrée, le propriétaire peut-être, il avait un chapeau de paille, il faisait chaud ce jour-là. Ses bras étaient lacérés, et boursouflés. Il avait des coups de soleil sur tout le visage et des ridules façonnées par les années, mais aussi par la douleur de ces temps de crises froides et difficiles qui régnaient dans la région en hiver. Mais son regard était transperçant et sage. Il la salua et lui porta un regard bienveillant. Elle surpassa sa timidité et lui rendit sa salutation.

Elle devina que c’était le jardinier. On était au mois de juillet, il faisait très chaud, il devait certainement faire une pause. Elle monta un escalier en colimaçon d’un bois sombre, éclairait seulement par des vitraux ressemblant quasiment à ceux des cathédrales.

Son nouveau nid douillet était au troisième étage. L’agence lui avait donné les clés hier, un numéro 4 devait surplomber la porte en bois de cèdre. Elle suait, des gouttes perlées de son nez. Ses seins suintés. Enfin, elle atteignit le troisième étage.

Il y avait une seule lumière, une sorte d’applique murale en forme de candélabre qui éclairait à peine le couloir d’un rouge phosphorescent. Elle trouva cela original, mais aussi pas très net.

Elle entra dans le couloir, un couloir sombre, humide et décrépit avec une vieille tapisserie représentant des colibris volant dans une jungle sauvage. Elle fit face à la porte de son appartement.

Le numéro 4 était estompé et rouillé. Elle saisit la clé froide et métallique assez ancienne de son jean Caporal et l’inséra. Quand elle sursauta, un cri jaillit de la porte d’en face. Elle eut peur un court instant, puis une odeur de rose mêlée à du pin brûlé captiva toute son attention, et même ses sens. Elle inhala goulûment, profondément cette odeur qu’elle n’avait jamais sentie nulle part ailleurs, cela lui fit tourner les sens vers l’extase la plus totale.

L’odeur provenait de la porte opposée à la sienne. Mais le cri hystérique également.

Elle abaissa les yeux et vit, un tapis devant la porte ornée d’une lune rouge sang, juxtaposé à des formes tribales telles que le logo, la triquetra ou le triangle celtique se retrouvant sur le livre des ombres dans la série Charmed. Puis elle entendit un fracas, c’était un coup porté sur un meuble. Puis des sanglots de rage. Une jeune femme criait au téléphone et elle disait :

— C’est fini, je ne veux plus vous voir toi, maman, et Elias, vous n’êtes que des langues de vipère et je vous rendrai le mal que vous m’avez fait !

Puis elle éclata de rire, un rire victorieux, mais fou aussi. Comme si une sentence irrévocable allait tomber tel l’éclair du midi foudroyant l’Occident. Sa voix était douce, très féminine et il en dégageait une force et une autorité délicieuses. Natasha eut honte, mais sa voix était si suave que cela l’hypnotisa un court instant, et la séduisit.

Un silence, puis des sanglots éclatèrent. Ensuite, plus rien. Elle prit les cartons, les posa méticuleusement à tel endroit dans un coin de la pièce, l’intensité de l’ampoule de son appartement était faible, puis elle commença le sport de la journée : monter et descendre de sa voiture à son appartement, ses affaires et ses cartons. Les cartons étaient lourds, l’odeur de fumée mêlée à la rose était toujours là, mélangée maintenant à sa transpiration. Elle s’infusait en elle comme une feuille de thé et cela l’apaisait, mais la faisait planer aussi un peu. C’était fini, tout avait été déballé, elle était éreintée, lasse, mais toujours apaisée. La voiture était vide enfin, c’était fini. Les déménageurs étaient passés pour les meubles. Il était 19 h, le silence était d’or. Alors qu’elle était confortablement assise sur son canapé bleu ciel arborant des feuilles d’oliviers et des montagnes désertiques ponctuées d’oliviers et de massif de bruyères grecs, son portable sonna sur la musique des Doors, vous savez où le chanteur dit : « Il y a un tueur sur la route », elle adorait ce groupe. Elle répondit, car c’était Paul : « Merde ! pensa-t-elle. Qu’est-ce que je vais lui dire ? »

Il y eut un :

— Natasha ?

Elle lui répondit :

— Oui ? Calmement.

— T’es parti ce matin, tu ne m’as pas prévenu, t’as pris toutes tes affaires sauf notre portrait. Mon cœur, qu’est-ce qui se passe ?

Elle répondit :

— Écoute Paul, j’ai essayé de te le dire, mais c’est fini ! Toi et moi ça ne colle pas ! Mais tu n’écoutes pas !

Elle respira à pleins poumons cette odeur et soudain, elle perdit la tête et cria :

— Maintenant, tu me lâches, j’en ai marre de tout ton Jul et tes rappeurs qui se défoncent au joint toute la journée ! Puis de ta beuh qui te ramollit le phallus, m’appelle plus, c’est fini entre nous ! Trouve-toi une rappeuse !

Elle lui raccrocha au nez. Oh, elle se sentait libérée d’un poids énorme. C’était libérateur. Habituellement, elle n’était pas aussi directe, mais l’odeur toujours omniprésente qui passait sous la porte et envahissait la pièce l’avait comme possédée. Et elle pressentait que cela avait réveillé un instinct primitif, un animal endormi au fond d’elle.

Natasha Pantazi avait les cheveux d’un noir de jais et des lunettes. À l’école, on l’appelait le corbaque ou binoclarde. Cependant, elle avait un joli visage, mais ses lunettes rendaient tout cela disgracieux, elle était jolie, mais sans plus.

Elle était née en Grèce où sa famille avait une ferme avec une culture d’olivier, il y avait des bruyères autour de la maison et il y avait ce pâturage où elle et son père avaient un troupeau de brebis. Mais après la mort de son père, elle était partie, très jeune pour la France avec sa mère et ses frères et sœurs. La mère de Natasha parvenait tant bien que mal à joindre les deux bouts dans ce nouveau pays.

Ses cheveux fins et secs qui tombaient séparés par une raie bien droite, lui donnaient un air trop sérieux. Cependant, elle avait ce côté sauvage que peu de gens connaissaient, sauf sa famille et sa mère qui l’appelait très peu d’ailleurs à cause de cela. Son caractère et sa personnalité assez sauvage ne rentraient pas dans les mœurs strictes et calmes des Pantazis, et la mère de Natasha n’en avait que faire de l’avenir de sa fille. Christina Pantazi, la mère de Natasha, n’avait aucun espoir en sa fille Natasha. Et cela brisait la jeune fille au plus profond de son être.

Son frère, Alexandre était indifférent, elle voulait sa mort, il ne l’appelait jamais, et ne lui avait jamais avoué pourquoi il l’a snobé, il était le préféré dans la famille, car c’était une famille misogyne. Sinon à part le fait qu’elle nourrissait une colère noire pour tous ses détails familiaux, tout allait bien. Mais le diable ne se cache-t-il pas dans les détails ?

Elle avait pris une douche et s’était changée, elle portait un haut rouge bordeaux avec un Jean bleu délavé. Elle avait des plis sur le front surtout quand elle était en colère puis des ridules à certains endroits, mais elle souriait naturellement aux gens et elle avait un certain charme, malgré ses lunettes Guess. Elle avait de beaux yeux bruns légèrement bridés, car elle était astigmate. Elle était petite de taille et mince.

Enfin, elle s’endormit sur son canapé devant la série : GhostAdventures, une série de reportages, très célèbre aux États-Unis, où des équipes de chasseurs de fantômes vont dans les lieux les plus hantés et maudits de leur pays.

Enfin, elle tomba dans un sommeil profond et paradoxal qui régénéra son corps mort et épuisé. Un rêve lui vint, une lune rouge arborait des bois ancestraux de sapins dont l’écorce était gravée de runes. Leurs cimes s’élevaient jusqu’au ciel, puis une brume, et des bêlements de moutons, puis elle vit un être assis penché sur un rocher, jouant un son de flûte divinement envoûtant, il avait des cornes et des cheveux d’homme mi-longs d’un noir profond et des yeux rouge feu… Des bruits de sabots rythmaient l’étrange mélodie… Et il murmurait en langue inconnue, mais c’était comme familier…

Elle se réveilla puis elle regarda son portable. Et elle vit 3 h 30 du matin, brusquement, elle était assoiffée, apeurée, mais aussi fascinée par cet étrange être…

Elle se leva, attrapa un verre illustré de tournesols, et se servit un bon verre de jus d’orange.

Elle se demanda qui il était, puis elle se rendormit tranquillement, d’un doux sommeil, car paradoxalement, ce rêve lui avait apporté une paix intérieure.

Le lendemain, elle se leva vers 14 h 30, elle fut étonnée, ce n’était pas dans ses habitudes, ce qu’elle ignorait c’est que l’encens avait des effets secondaires comme la somnolence, voilà pourquoi elle s’était réveillée si tard. Elle s’habilla, mit un haut blanc Super Dry, un jean bleu clair et ses chaussures rouges U.S. Polo qu’elle adorait. Elle n’était pas prête à recevoir qui que ce soit et comptait lire un Lovecraft ou regarder un film d’horreur toute l’après-midi. Quand, vers 15 heures, la porte toqua. Elle ouvrit et une grande blonde aux yeux foncés lui faisait face à la fois droite comme un soldat, mais aussi décontractée. Elle portait un tee-shirt de Chris Isaak et un short en jean délavé de la marque H&M.

Natasha lui dit :

— Salut oh, c’est fou, j’adore Chris Isaak !

Son teint était très pâle, mais son liner parfaitement tracé lui faisait des yeux de biche. Elle lui rétorqua d’un ton enjôleur :

— Salut, oui moi aussi, je suis folle de ses musiques ! Enchantée, je suis la voisine d’en face, je cherche mon chaton Craven… Tu ne l’aurais pas aperçu dans le coin ? J’étais tellement défoncée, que j’ai laissé la porte ouverte et il a dû prendre la poudre d’escampette !

Elle avait un léger accent nordique, un peu de style allemand. Et le ton de sa voix était autoritaire et sérieux. Natasha répondit du tac au tac :

— Il est de quelle couleur ?

Elle répondit d’un ton blasé :

— Il est roux, c’est un vrai filou !

Ses lèvres légèrement pulpeuses étaient rouge bordeaux et brillantes. Elle avait ajouté du gloss de chez Sephora par-dessus. C’était un rouge à lèvres Chanel numéro 5. Au même moment où elle lui dit cela, elle toucha son bras amicalement et lui fit de l’œil tout en la déshabillant du regard. Puis, elle s’approcha suavement de Natasha, elle lui dit doucement :

— J’adore ton style moi aussi…

Il n’y avait plus l’odeur étrange d’hier. Mais la Nordique avait déclenché une attraction sexuelle entre elles et cela ne déplut pas à Natasha.

Elle pouvait maintenant, plus près d’elle, sentir le gingembre mêlé au citron ! Elles étaient tellement proches à cet instant. C’était enivrant. La Suédoise posa une main sur le linteau de la porte et lui proposa :

— Dis, ça te dirait ce soir, de venir faire la fête chez moi ? Je viens de Suède et nous, la beuverie, ça nous connaît ! Tu t’appelles Natasha Pantazi, je crois, j’ai lu sur la boîte aux lettres, moi, c’est Emmanuela Christensen, ravie de faire ta connaissance, ma jolie !

Voulant se faire des amis et la trouvant énigmatique et à son goût, elle accepta spontanément :

— OK, pourquoi pas !

Elle répondit enjouée :

— Trop top, à ce soir ! et elle partit en sautillant de joie.

À ce moment-là, Natasha n’était pas gay. Pour elle, c’était purement amical et même pas envisageable, mais ce qui venait de se produire physiquement entre elles, c’était inédit, elle en voulait plus. Mais la suite des événements leur apprendra que certains feux ne doivent jamais s’allumer.

 

 

 

 

 

Chapitre 2

Le lac

 

 

 

Il y avait un lac près de Bois-Beau-Vert à dix kilomètres de Sainte-Colombe. Ce lac, elle voulait le découvrir de ses propres yeux, et y plonger entièrement et ne faire plus qu’une avec l’eau transcendante. On dit que l’eau c’est la vie, l’eau purifie et bien, elle voulait revivre dans ces eaux vivifiantes et se nettoyer de toutes les souillures de son âme. Elle monta donc à bord de sa Golf 3 dont la carrosserie aveuglante, luisait au soleil et elle prit la route vers Bois-Beau-Vert, et quitta sa nouvelle ville très tranquille et aussi déserte que dans le film Silent Hill.

Elle descendit de sa Volkswagen et il n’y avait pas un troll, mais la brochure touristique ne mentait pas, l’eau était bleu émeraude, mêlée à une lueur bleue profonde telle une pierre de lapis-lazuli, et elle était translucide. Il y avait un ponton.

Elle marcha vers ce ponton en bois délabré tout en observant les alentours, le lac était cerclé de massifs de chênes ancestraux puis des érables aux couleurs d’automnes ainsi que des parrotias de Perse aux fleurs écarlates. Elle atteignit le ponton et il y manquait une planche ou deux.