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"L’heure envolée" évoque l’exil, la mémoire et la quête de soi à travers une poésie lyrique et vibrante. Entre nostalgie et émerveillement, ces vers tissent des paysages intérieurs où chaque image capture l’éphémère avec une intensité saisissante. À la fois intime et universel, ce recueil célèbre la richesse des émotions humaines et vous invite à un voyage sensoriel hors du temps.
À PROPOS DE L'AUTRICE
Sylvie Mochiri Miller, traductrice et auteure, explore l’exil et l’identité à travers une écriture à la fois poétique et littéraire, qui résonne avec une profonde universalité. Ses traductions de poètes persans contemporains, notamment dans Iran en transition publié chez L’Harmattan, témoignent d’un attachement profond à ses racines franco-iraniennes.
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Seitenzahl: 41
Veröffentlichungsjahr: 2025
Sylvie Mochiri Miller
L’heure envolée
Recueil
© Lys Bleu Éditions – Sylvie Mochiri Miller
ISBN : 979-10-422-6347-8
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Pour Sacha
L’heure envolée offre une harmonie en deux parties : des poèmes courts et autonomes, parfois extraits de La Comblée de Larmes et L’envers en soi, où chaque vers révèle pleinement sa profondeur. Ensemble, ces œuvres s’enrichissent mutuellement pour inviter à une immersion poétique riche et captivante.
Mais voici que revient le soleil en hiver
Éclaboussant mes jours de chaudes randonnées
Dans la blanche campagne où déjà s’exaspèrent
Les jeunes primevères de ne pouvoir percer
Voici, dans le lointain, s’approchant à tire d’ailes
Éperdues de bonheur dans ce retour soudain
Des dizaines, que dis-je, des milliers d’hirondelles
Voici, tout près de toi
Mon cœur transi de froid
Si tu ne m’aimes pas
J’irai danser là-bas
le merle sur l’ardoise des toits,
c’est le sourire de l’aube à moi,
le vent dans l’arbre
– une caresse,
l’herbe qui ploie sous la tendresse de ses doigts
– un baume pour mes premiers pas,
la rosée qui s’évapore,
c’est l’aurore venue sécher
les larmes sur la joue du monde
Je me souviens
Je me souviens de pleins feuillages
Bruissant dans l’air ocre du soir
Le ciel menait en équipage
De chaudes teintes de parloir
Et puis des rues il me souvient
L’incendie de mes pas au passage des murs
Tous mes sens en émoi l’iris en démesure
La fraîcheur des jardins
Où tout cuivré qu’il fut
D’implacable chaleur
Le midi se coulait à l’ombre d’un mûrier
Les estrades de bois
Au-dessus d’un ruisseau
Et les tapis jetés et les hauts verres à thé
Et le vent dans les arbres
Et les mots envolés
Vastes étaient les marbres des palais sur la dalle
Le silence des plaines aux cosmiques pavots
Les jets de peupliers les rondes de bouleaux
Volubiles futaies saturées de corbeaux
Volubiles futaies dans leur bogue de toile
Pour peindre ces nids d’aigles perchés au fait du monde
Un peintre en moi prend la relève
Affiche une lentille d’orfèvre
Affadit en forêts baroques
En terres ventrues sous le soc
Ces chaînes de haute lignée.
Te souviens-tu murmure-t-elle
Ravie des mots dits à mi-voix
Te souviens-tu du nom
De ces raisins si grêles
Qu’on les croyait rubis
Roulant contre nos dents
Et dont les teintes si
Les fruits de saison chaude
Tardaient jusqu’à l’hiver
Prêteraient aux cépages
L’aria des grenadiers ?
Rappelle-toi
Se chante-t-elle encore
Ces corolles jaunes
Et leur alliage d’or
Qui chamarrait les branches
En une nuit d’hiver
Et dont le suc aurait
Aux arpèges d’abeilles
Indiqué les massifs exténués de l’automne
Comme autant de ruchers
Au fond d’un champ de neige
Des murets étoilés de géraniums en fleurs
Abritent des jardins que je devine frais
Dans cette heure cuivrée d’implacable chaleur
Où tout semble dormir et se laisse brûler
L’odeur fade et mouillée des pelouses tondues
Me parvient à la rue en veloutes sucrées
Écœurante de pulpe éclatante et fendue
Dont les relents acides me donnent la nausée
Et c’est dans ces jardins aux clapotis charmants
De bassins et d’enfants que l’été reste beau
La terre attend l’automne et la pluie pour couver
Sur ses vieilles blessures chaque arpent de repos
C’est à la magie
de toi
que je te dois
d’être restée
à la magie de ces moments
lumineux révélateurs
qu’avide
je guette en toi
chaque fois
où tu les crées
deux trois moments
d’intensité
que la vie et le dérisoire
font s’embourber
dans ma mémoire
deux trois moments
diffus dont l’onde
— lorsque j’erre sous la pluie,
hésitante à te quitter –
m’électrifie
À la proue de l’exil, il y a son pays
Que le flot de ses mots même ne saurait dire
Des vents larges d’avril au fort de ses récits
Qu’il invente à défaut de bien se souvenir.
Au diaphragme des yeux, sa peine, en porte-voix,
Sans voix.
Au fil ténu des cils, une coulée de saules
Encore mouillés de songes
Au fond de ses mensonges
L’obole
D’un enfant
Qui l’écoute et le croit