L’homme aux futurs - Jean-Patrick Michel - E-Book

L’homme aux futurs E-Book

Jean-Patrick Michel

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Beschreibung

Deux assassinats à l'arme blanche secouent Boston en l'espace d'un mois, tandis que la meurtrière demeure introuvable. Parallèlement, Mike Cullingham, homme d'affaires charismatique, évolue dans un univers trouble, tissé de relations ambiguës. Il se retrouve pris au cœur d'une intrigue où gravitent trois femmes : Iliana, une enseignante-chercheuse brillante à l'université de Harvard ; Lisa, une envoûtante barmaid ; et Joanna, sa propre sœur. Assisté de son fidèle lieutenant Gaby, Mike tente de jongler entre ses affaires et les défis que ces femmes imposent à sa vie. Mais derrière son élégance et sa maîtrise apparente, Mike dissimule un secret : une aptitude singulière qu'il ne maîtrise qu'imparfaitement – celle de revenir à un moment précis du passé pour en modifier le cours. Ce phénomène, aussi fascinant que déroutant, pourrait se révéler être un piège. Et si ce don, en apparence salvateur, menaçait de devenir sa plus grande malédiction ?

À PROPOS DE L'AUTEUR

Jean-Patrick Michel affectionne particulièrement les moments où l'imaginaire prend le pas sur la réalité. À l'instar de son précédent roman, il met en lumière des personnages dont l'existence, bien ancrée dans le réel, se retrouve bouleversée par un événement d'ordre fantastique.

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Seitenzahl: 165

Veröffentlichungsjahr: 2025

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Ähnliche


Jean-Patrick Michel

L’homme aux futurs

Roman

© Lys Bleu Éditions – Jean-Patrick Michel

ISBN : 979-10-422-5991-4

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Du même auteur

Jean-Michel Morgan

Enlèvement demandé

, aux Éditions Le Manuscrit (2008) ;

Adélaïde… ou l’histoire d’une vieille

, aux Éditions Édilivre (2018) ;

Vagabond d’âme – Quand l’esprit prend corps

, aux Éditions Édilivre (2022).

Le passé dit qui tu es vraiment, l’avenir te laisse encore croire que tu peux devenir un autre.

Chapitre I

— Nous nous sommes enfin échappés de ce vernissage. Comment avez-vous échoué ici ?
— J’ai réussi à me faufiler. Je sais, ce n’est pas bien.
— Êtes-vous une habituée des galeries d’art ?
— Non, pas spécialement, je passais juste devant et je pensais que les œuvres exposées auraient plus d’intérêt.
— Vous avez de la chance ! On ne m’épargne aucune de ces mondanités. Ma fille est la gérante de cette galerie.
— Je compatis.
— Ne riez pas, j’en suis le propriétaire et elle me coûte une fortune.
— Les œuvres proposées ne trouvent-elles pas preneurs ?
— Très peu de ventes, mais que ne ferais-je pas pour ma fille unique ? Elle est comme un poisson dans l’eau et la voir heureuse me contente. Dans la vie, c’est bien la seule personne à qui je cède.
— Il y a le père et l’homme d’affaires.
— Exactement et, en affaires, je suis un vrai requin. Pour être tout à fait honnête, ces vernissages ont tout de même un intérêt pour moi.
— Les rencontres féminines, je suppose ?
— Je suis un homme très occupé. Ici, je trouve toujours une jeune femme prête à m’accorder au moins une soirée.
— J’en suis la preuve !
— C’est idéal pour moi, j’habite à cinq minutes à pied, un brownstone à environ cinq cents mètres. Il s’agit de ma résidence bostonienne. En quittant la galerie, il suffit de remonter Newbury Street jusqu’au grand jardin public.

L’air était doux en cette fin de printemps. Ce couple d’un soir, mal assorti, termina le chemin en silence.

Lorsque vous poussiez la porte d’entrée en bois massif et vitrée du brownstone, vous étiez accueilli dans un vestibule spacieux, au sol en marbre écru, poli, aux murs recouverts de boiseries brunes et de moulures dorées. Un canapé en cuir grenat et une table basse en bois d’ébène avec marqueterie, sur laquelle était disposée la presse du jour, vous permettaient de patienter en attendant la venue de votre hôte. Vous entriez en fait dans un triplex. À l’étage, une porte d’entrée en chêne donnait accès au salon. Les murs étaient décorés de tableaux d’art dont Shannen reconnut, notamment, un Renoir et des photographies dont une très belle nocturne typique de Brassaï, ou encore les images complexes de Sally Mann et des portraits de Richard Avedon. Il y avait également une bibliothèque bien garnie d’œuvres diverses, richement reliées, qui allaient des grands classiques de William Shakespeare aux aventures de Sherlock Holmes. De nombreuses plantes vertes apportaient une ambiance plus chaleureuse à ce faste quelque peu démonstratif. En montant les escaliers, vous arriviez au deuxième étage où se trouvait la salle à manger meublée d’une grande table en bois de merisier et de chaises tapissées de tissus élégants et colorés où dominait le ton pêche. Un buffet haut occupait tout un pan de mur. Les grandes fenêtres laissaient pénétrer généreusement la lumière naturelle. La cuisine était adjacente et entièrement équipée avec des appareils électroménagers modernes. Rien ne manquait pour préparer des mets raffinés aux convives. Les placards, nombreux, offraient beaucoup d’espaces de rangement. Au troisième étage, il y avait trois chambres. La chambre principale était équipée d’un lit double king size, d’un dressing, d’une salle de bains privative avec une baignoire jacuzzi ainsi qu’une douche séparée. Le bleu y régnait en maître. Chacune des autres chambres possédait également un lit double et une salle de bains privative avec douche. Enfin, le dernier étage, sous combles, ouvrait sur un grand bureau dont les fenêtres offraient une vue imprenable sur le grand jardin public de Boston. Il était meublé d’un immense bureau anglais de style victorien, de chaises confortables et d’une bibliothèque encastrée.

— Montons directement au troisième.
— Vous ne m’offrez pas un verre ?
— Comme je vous l’ai dit, je suis un homme à l’emploi du temps surchargé. Je n’ai pas le temps ni la propension à la galanterie, et encore moins au romantisme. Nous savons tous les deux pourquoi nous sommes ici.
— À défaut de galanterie ou de romantisme, un brin de courtoisie ?
— Je vais fournir un effort pour vous en vous demandant votre prénom.
— Shannen.
— Très bien, Shannen, il n’est pas utile que je me présente, quasiment tout le monde me connaît aux États-Unis.
— Sans aucun doute.
— Vous êtes une jolie brune, bien foutue. Je veux juste vous sauter et, à moins d’être naïve, cela vous convient.

Sur ces mots, au palier du second étage, il agrippa Shannen par les épaules et la fit pivoter face au mur. Il se colla à elle. À travers les vêtements, il frotta son sexe en érection sur les fesses de sa maîtresse d’un soir puis, de ses deux mains potelées, attrapa les seins qu’il malaxa sans ménagement.

— Je sens qu’il y a urgence, déclara Shannen. Allez vous installer confortablement dans votre chambre. Indiquez-moi une salle de bains que je me prépare. Ensuite, je m’attacherai à ce que vous n’oubliiez pas cette nuit.
— Des promesses, que des promesses, répondit-il en se frottant encore plus énergiquement.

Shannen, de sa main droite, saisit le sexe en érection à travers le pantalon. Le gardant en main, elle monta l’escalier, entraînant l’impatient à sa suite. Elle trouva la chambre principale au troisième étage et conduisit son amant jusqu’au lit.

— Déshabillez-vous et allongez-vous. Je reviens…

John s’exécuta pendant que Shannen sortait de la pièce. Elle redescendit au second étage, passa par la cuisine, puis remonta jusqu’au troisième. Dans la vaste salle de bains de l’une des chambres d’amis, elle se dénuda, vérifia son maquillage dans un des miroirs surmontant les deux vasques beiges qui autorisaient un usage en binôme du lieu. Une douche à l’italienne occupait un tiers de l’espace. Du marbre du Portugal habillait le sol et un carrelage mural de teinte caramel recouvrait l’ensemble des murs jusqu’au plafond. Shannen se présenta nue à la porte de la chambre. À sa grande surprise, John avait pris l’initiative d’un éclairage tamisé. Il était allongé sur le dos, le sexe dressé. C’était un gros bonhomme d’une centaine de kilos. Pas très grand, à peine un mètre soixante-dix, il faisait plus que grassouillet. Elle savait par la presse qu’il avait cinquante-huit ans. Son crâne était rasé, ses yeux d’un bleu profond accompagnaient un regard vif contrastant avec l’aspect lourdaud de son visage. Il se dégageait de cet être quelque chose de malsain. Shannen s’approcha du lit, sa main droite cachée dans son dos tandis que la gauche désigna de l’index la verge tendue.

— Tu vas voir toi, tu vas pleurer. Je vais te vider comme jamais !
— Elle n’attend que ça. Vas-y, mets-toi au boulot, petite salope. Après ta mise en bouche, je te sodomiserai. Il n’y a que ça qui me soulage.
— Vous êtes très classe, John, répondit-elle ironiquement tout en s’installant à califourchon sur ses cuisses. Elle commença doucement à lui caresser le pénis du bout des doigts de sa main gauche.

John tendit les bras et posa une main sur chacun des seins, les triturant et pinçant les mamelons.

— Allez, petite pute, c’est bon, tu vas bientôt pouvoir me présenter ton petit cul ! Tu peux aussi utiliser ton autre main, je vois qu’elle est inactive dans ton dos.
— Tu as raison John, mais la droite est une main experte…
— Ta gauche est déjà pas mal. D’ailleurs, c’est le moment, retourne-toi !
— Pas d’impatience, juste encore un court instant, savoure.

Alors que John commençait à émettre des grognements de satisfaction, le bras droit de Shannen se leva, sa main tenant un couteau de cuisine dont la lame pointue et aiguisée mesurait vingt centimètres. Avant que John ne réalisât vraiment, une douleur aiguë lui traversa l’épaule droite, puis la gauche, et irradia tout son être.

— Un, deux, trois, quatre et cinq, comptait Shannen, plantant et ressortant la lame effilée avec célérité.

Elle suspendit quelques instants ses gestes et regarda à travers la fenêtre les lumières de la ville. Elle pensa que Boston était belle la nuit aussi, avant de frapper de nouveau en égrenant les chiffres de un à cinq. Le sang avait envahi le thorax de sa victime dont le visage était déformé par la douleur. Ses yeux étaient exorbités tandis que la bouche grande ouverte n’était plus capable d’émettre le moindre son. Le dernier cri déchirant s’était déjà perdu dans la maison, vibration vitale avant un silence fatal.

— Un, deux, trois, quatre et cinq, résonnait la voix de Shannen.

Le sang s’écoulait sur le lit, absorbé au fur et à mesure par la housse et la couette. La main droite de Shannen était totalement rouge. Ses bras, ses cuisses, son ventre et son sexe étaient éclaboussés par ce liquide tiède et doux qui, par endroits, laissait apparaître des coulures sur sa peau. Le corps, sous elle, était quasiment inerte.

— Un, deux, trois, quatre et cinq. Le sang s’écoulait toujours et le couteau continuait son œuvre.

Elle s’interrompit, laissant son bras en suspens au-dessus de sa tête. Elle sentait le sang couler également sur son visage. Elle frappait à toute vitesse et avec violence. Le couteau s’enfonçait jusqu’à la garde. Elle compta cette fois jusqu’à quatre. Elle avait pris soin jusque-là d’éviter le cœur, de manière plus symbolique qu’autre chose. Les épaules, les bras, l’estomac, le ventre, les flancs, la cage thoracique avaient été ses cibles.

— Et cinq ! La lame se ficha en plein cœur.

Le tronc de John n’était plus qu’une plaie béante et le lit un lac sanguin. Shannen retira l’arme. Le sexe de John, si vindicatif, si fier, si démonstratif et certain de sa virilité, n’était plus qu’une petite crevette rabougrie.

Elle posa l’arme près du corps sans vie et quitta la chambre. Elle se rendit dans la salle de bains et prit une longue douche. Le sang s’écoulait jusqu’à ses pieds avant de disparaître par la bonde. Elle se lava énergiquement le corps avec du savon, ainsi que le visage. L’odeur du sang était tenace. Elle le savait, elle se souvenait de chaque fois. Elle se sécha partiellement et s’enveloppa d’un des peignoirs proprement pliés dans un meuble colonne. Dans son sac à main, elle s’empara d’une paire de gants en latex puis descendit jusqu’au vestibule. La centrale du système de chauffage réversible était intégrée dans un boîtier en PVC. Elle l’ouvrit et commença à circuler dans le menu du système. Il était assez sophistiqué, avec programmation et temporisation pour chaque pièce. En faisant défiler le menu, elle trouva facilement les informations de la chambre principale. Sans difficulté, elle programma les sept heures suivantes à la température maximale possible, soit 35 degrés. Dans le journal de la centrale, elle effaça l’historique et cocha l’option « ne pas conserver l’historique ». Elle remonta ensuite dans la chambre. L’odeur du sang avait imprégné la pièce, l’air ambiant était nauséabond. Elle s’assura que la porte fût entrouverte. Il fallait à la fois que la température augmente significativement, mais également que cette pièce puisse retrouver assez rapidement, au bout des sept heures, sa température habituelle. Shannen retira ses gants et les rangea dans son sac à main. Ses empreintes étaient partout dans la maison, tout comme son ADN, mais pour être utiles, encore fallait-il pouvoir les rapprocher du fichier d’empreintes génétiques, le CODIS. Or, ni ses empreintes ni son ADN n’étaient référencés dans cette base. Aux États-Unis, il convenait d’être particulièrement vigilant. Vous pouviez facilement réaliser un test ADN à titre privé, cependant le piège était que le FBI avait autorité pour récupérer ces résultats afin de les intégrer au CODIS. Vous vous retrouviez fiché sans avoir commis la moindre infraction. L’important était que l’on ne retrouve pas ses empreintes sur la centrale de commande du chauffage. La hausse temporaire de température devrait suffire à brouiller l’heure du décès de John Foller. Ce milliardaire, désigné souvent comme un modèle de réussite à l’américaine, était parti de rien et avait construit un empire. Comme souvent, cet empire avait eu un prix pour les autres. Mais de ça, Shannen n’en avait cure, une autre motivation l’animait. Elle descendit dans la cuisine et ouvrit le réfrigérateur. Il abritait du foie gras, du saumon fumé, du caviar, des bouteilles de champagne, mais aussi de la confiture et du beurre de cacahouète. Dans un des placards, elle finit par trouver du pain de mie, une flûte à champagne et, dans le même tiroir où elle avait pris l’arme du crime, un couteau. Elle alla s’installer dans le salon pour déguster, lovée dans le canapé, un peu de foie gras, du caviar et apprécia l’excellent breuvage français. Le salon était cosy, bien que trop surchargé en meubles et décorations. On sentait la volonté d’épater par un luxe excessif et pas nécessairement harmonieux. Shannen prit le temps de débarrasser la table basse, de mettre le couteau et la flûte au lave-vaisselle et de ranger le pain de mie restant. Elle regagna la salle de bains pour se rhabiller. Devant l’un des miroirs, elle remit un peu de mascara et de rouge à lèvres. En redescendant, elle jeta un coup d’œil à la pendule de la cuisine. Elle indiquait 22 h. Il était temps pour elle d’être aperçue dans quelque endroit. La nuit était claire et dans le jardin public éclairé se détachaient des ombres vertes. Bien que sa destination fût proche, Shannen s’engouffra dans le premier taxi disponible. Elle indiqua au chauffeur l’adresse d’un bar sur Boylston Street. Elle paya la course en espèces. Le Solas Irish Pub était rattaché à l’hôtel Lenox et proposait un cadre un peu plus raffiné que celui des pubs irlandais moyens. Sur sa façade en boiserie noire, son nom s’écrivait en lettres d’or. La clientèle y était plutôt jeune et branchée, mais le principe restait le même : on y venait principalement pour boire une Guinness et engloutir un repas consistant à base de burgers, en étant confortablement installé sur les banquettes de cuir ou au comptoir, qui était recouvert d’un très beau marbre blanc nacré. Elle s’assit au bar et commanda un mojito. Quelle meilleure manière de se faire remarquer dans un endroit où la bière coule à flots ! Elle rappela le barman pour lui signifier, avec un sourire délicieux, que le cocktail manquait d’un peu de rhum. Il saisit la bouteille de ce parfumé liquide dont il rajouta une bonne rasade. Lorsque son verre fut vide, elle laissa en espèces sur le comptoir le règlement de sa consommation en y ajoutant un bon pourboire. Elle quitta l’établissement et rejoignit sa voiture, qu’elle avait pris soin de garer à proximité avant de se rendre à la galerie par les transports en commun. Installée au volant, elle commença par retirer sa perruque, puis, se regardant dans le rétroviseur intérieur, ôta les lentilles de contact qui donnaient cette teinte azur à ses yeux. À l’aide d’un coton imbibé de démaquillant, elle retira la teinture waterproof de ses sourcils. Elle regroupa dans un sac plastique la perruque, les lentilles de contact, les gants en latex, le coton sale. Elle brûlerait tout ceci dans son poêle à bois en arrivant chez elle. Ces accessoires lui seraient désormais inutiles.

Chapitre II