Erhalten Sie Zugang zu diesem und mehr als 300000 Büchern ab EUR 5,99 monatlich.
An 990, Bretagne. Afin de sauver son père d’un homme cruel qui en veut à sa vie, Zaïg doit braver d’innombrables dangers. Pour l’aider dans sa tâche, elle rencontre Oswald, un mage puissant, qui lui révélera par la même occasion sa véritable nature. Ensemble, ils tenteront alors de faire l’impossible pour mener à bien cette mission.
À PROPOS DE L'AUTEURE
Depuis toujours,
Camille Colletti est passionnée par l’écriture qui lui procure à chaque fois un bonheur indicible. Plus qu’une simple histoire, la réalisation de
L’homme-loup représente son affranchissement d’une partie douloureuse de sa vie.
Sie lesen das E-Book in den Legimi-Apps auf:
Seitenzahl: 130
Veröffentlichungsjahr: 2022
Das E-Book (TTS) können Sie hören im Abo „Legimi Premium” in Legimi-Apps auf:
Camille Colletti
L’homme-loup
Roman
© Lys Bleu Éditions – Camille Colletti
ISBN :979-10-377-7037-0
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Cette œuvre est destinée aux adolescents et jeunes adultes.
Des passages pourraient heurter la sensibilité des plus jeunes lecteurs.
Chers lecteurs, c’est avec une grande joie que je vous propose cette œuvre. Elle naquit dans mon esprit en 2018 et n’a pas cessé de germer au fil du temps. Puis un matin, je me suis lancée.
Quelle joie de voir se dessiner, ligne après ligne, ce rêve qui m’a tant inspirée ! J’ai mis presque deux ans à l’écrire, effectuant des recherches historiques tout en essayant d’y mettre toute la magie de mon esprit. Je me suis parfois découragée, la peur de la page blanche pour un projet qui n’avait pas l’intention d’être publié.
Puis l’inspiration est revenue et je n’ai pas arrêté d’écrire, de jour comme de nuit. Il fallait que je sorte toute cette histoire de ma tête.
À vous, chers lecteurs, bienvenus dans mon monde.
Vos rêves parlent
J’ai su écouter les miens
Mon passé a resurgi une nuit
J’en ai fait une histoire
J’ai fait mon deuil
Tout commença dans mon petit village, dans le royaume de Bretagne, en 990. Notre souverain, Conan 1er, est bon, juste, et veut faire prospérer la Bretagne. Le château du duc est splendide, du moins, les remparts extérieurs le sont… Moi je suis née bien loin de tout ce faste et de ces mondanités. Je suis née à la ferme de mes parents. Enfin née, c’est plus compliqué que ça. On m’a trouvé près du ruisseau de Béllière. Mes parents passaient toujours par là pour aller puiser de l’eau, et ils tombèrent sur un nourrisson, c’était moi. Je n’ai jamais su qui étaient mes vrais parents, mais peu importe, j’ai eu de l’amour et c’est le principal. On me donna le nom de Louise mais toute ma vie on m’a appelée Zaïg, ça veut dire « petite Louise » en vieux breton. Mon père s’appelait Olier et ma mère Aziliz, ils se sont croisés une fois et ils se sont aimés. C’est une jolie histoire n’est-ce pas ? J’aurais voulu vous dire qu’ils s’aimèrent jusqu’à leur mort mais le destin nous avait réservé quelque chose de plus cruel.
Quand j’avais treize ans, mon père, qui était très courageux et qui entretenait sa ferme d’une main de maître, avait parfois quelques petits retards de paiement envers le propriétaire du domaine. Le Seigneur qui nous louait ses terres était un homme horrible et cruel, plus d’une fois nous l’avions vu tuer des moutons sans raison et les emporter. Le berger qui passait ensuite se voyait dépossédé d’une source de revenus. Personne dans le comté de ce Seigneur n’osait faire de bruit quand il passait voir les fermes. Un matin, alors que mes parents et moi étions en train d’effectuer nos travaux, nous entendîmes des chevaux au galop. Ma mère me dit alors : « Zaïg retourne à l’intérieur ! » Je m’exécutais, je n’avais que trop entendu ces sabots taper le sol du comté et cela ne signifiait rien de bon. Dix hommes arrivèrent sur des chevaux noirs terrifiants et s’arrêtèrent au niveau de notre ferme, ils étaient vêtus d’une armure et leurs heaumes étaient surplombés de pics en acier. Un onzième arriva, lui aussi sur un cheval noir. En plus de son armure et de son heaume, il avait une épée sertie de rubis au niveau du pommeau. Il mit pied à terre et enleva son casque. Il était d’une laideur à faire peur, il était vieux, presque soixante ans, il avait d’énormes sourcils broussailleux, un nez crochu et tordu. On voyait que son œil droit avait été victime d’un coup car un voile blanc s’était déposé sur sa pupille, il avait une barbe longue et noire, et quand il ouvrait la bouche pour cracher, on voyait que ses dents étaient gâtées. Il dit de sa voix rauque : « Je suis le Seigneur Efflam et je souhaite parler à l’homme qui habite ici ». Mes parents qui s’étaient inclinés en signe de respect étaient terrifiés. Cependant, mon père releva la tête quand le maître demanda à lui parler. Il attendit que le Seigneur parle en premier.
— Tu me dois deux deniers, paysan ! cela fait longtemps que j’attends mon tribut et je commence à perdre patience.
Il était planté là, devant mon père, avec cette énorme armure de métal. Il faisait presque deux têtes de plus et je voyais dans les yeux du maître qu’il n’en resterait pas là aujourd’hui.
— Mon Seigneur, dit mon père en courbant à nouveau l’échine devant lui.
— Je sais que je vous dois de l’argent, cependant les récoltes ont été mauvaises cette année et notre bétail est tombé malade. J’ai à peine de quoi faire vivre ma famille, s’il vous plaît, mon Seigneur, laissez-moi encore un peu de temps.
— Du temps je t’en ai laissé beaucoup, fermier ! on pouvait sentir de l’agacement dans sa voix. Mais je peux encore consentir un petit effort.
— Oh merci mon Seigneur, dit mon père qui se voyait rabaissé au rang de mendiant.
— De rien, tu as jusqu’à demain soir pour me trouver trois deniers. Tu m’en dois un de plus pour m’être déplacé pour rien, minable vermine !
— Mon Seigneur, c’est impossible, comment pourrais-je réunir une telle somme d’argent pour demain ?
— Je ne sais pas ! Trouve un moyen, tu n’as qu’à vendre ta femme et ta fille. Je suis sûr que tu en auras pour un bon prix, dit-il d’une voix moqueuse.
Le maître partit sur ces horribles paroles qui laissèrent mon père sans voix. Il prit ma mère dans ses bras et on pouvait voir de la peur sur son visage. Jamais encore je n’avais vu pareille expression chez lui. Ils rentrèrent à la maison et mon père nous fit asseoir ma mère et moi près du feu.
— Tu ne vas pas nous vendre, père ? dis-je un soupçon d’horreur dans la voix.
— Non, mon enfant, dit-il pour me rassurer, j’ai peut-être une autre solution.
— Laquelle ? dit ma mère pleine d’angoisse.
— Je vais vendre le bétail et les parcelles du champ. Avec cela, on pourra espérer échapper à cet homme.
— Mais une fois qu’on aura tout vendu nous n’aurons plus rien pour vivre, Olier !
Ma mère semblait désemparée, elle regarda mon père comme si leur dernière heure était venue. Moi j’étais là près de l’âtre et j’attendais qu’une décision soit prise sans vraiment comprendre que nous risquions de tout perdre. L’innocence d’un enfant est parfois bénéfique, on ne se rend pas compte que notre vie est sur le point de changer. On garde espoir et, si quelque chose de mal arrive, on se dit que nos parents seront là pour nous aider. Nous restâmes un moment comme cela à regarder le feu crépiter, puis mon père dit :
— Quand nous l’aurons payé, nous partirons loin d’ici, dans un autre royaume, refaire notre vie, nous pourrions aller en pays nantais, il paraît que là-bas les terres y sont vastes et fertiles.
— Tu veux nous faire quitter le pays de Loudéac ! dit ma mère affolée, mais c’est chez nous ici, nous y sommes nés, et Zaïg aussi ! Et puis même si nous voulions partir, il nous faut de l’argent pour un tel voyage et nous n’aurons plus rien demain !
— Aziliz, je sais que cela est difficile à admettre mais notre vie demain changera, quoi qu’il arrive.
Mon père ne croyait pas si bien dire. Cette nuit-là, je m’endormais comme d’habitude, mais mes parents restèrent debout et parlèrent toute la nuit de ce qui allait nous arriver. Au matin, je sortis de ma paillasse et j’eus la surprise de ne voir aucune vache et aucun petit veau dans l’étable. Mon père n’était pas là non plus. Ma mère cousait et quand elle me vit, elle eut un sourire tendre pour moi :
— Bonjour, Zaïg, tu as bien dormi ? Aujourd’hui pas de travaux à la ferme, mais si tu le veux, tu peux cueillir les carottes. Nous allons avoir une longue route à faire.
Malgré sa voix douce et rassurante, je voyais que quelque chose n’allait pas, pourtant elle était égale à elle-même : ses longs cheveux roux dépassaient de son bonnet de lin, se moquant de ce qu’on pouvait dire de cette allure. Elle avait son habit marron et rapiécé de partout. Elle était comme tous les autres jours. Pourtant dans son regard vert émeraude, je pouvais voir qu’elle pensait intensément à quelque chose. Je savais que nous devions partir mais je ne comprenais pas pourquoi cela la perturbait autant. Je pris un copieux repas et allai chercher les carottes, il y en avait quelques-unes, les autres n’étaient pas encore prêtes pour la récolte. J’en pris une quinzaine et rentrai à la maison. Au même moment, mon père passa la porte, la mine basse.
— Alors ? dit ma mère en sautant de son tabouret.
— Deux deniers, je n’ai eu que deux deniers pour le bétail et les parcelles de terre.
— Comment, mais cela vaut beaucoup plus ! Pourquoi tu n’as pas eu plus d’argent ?
— Parce que personne ne veut venir cultiver ces terres ici, ils ont tous peur d’Efflam. Personne n’est assez fou pour risquer de subir le même sort que nous.
Mon père tomba lourdement sur le tabouret qui était à côté du feu, et je voyais qu’il se posait mille et une questions sans vraiment trop comprendre ce qu’il adviendrait de nous. Ma mère m’autorisa à aller à la rivière jusqu’au soir jouer avec mes amis. D’habitude je n’ai jamais le temps de faire cela car la ferme est grande et il faut travailler dur tous les jours. Jamais je ne m’étais autant amusée, mes amis et moi grimpions dans les arbres et nous essayions d’attraper les petits poissons de la rivière sans grand succès.
Le jour commençait à tomber et je retournai chez moi. Quand j’arrivai, le Seigneur était déjà là. Soudain, je vis quelque chose qui m’horrifia, mon père fut mis aux fers et on l’attacha à la selle d’un cheval, il commença à partir quand j’eus un cri de désespoir qui arrêta le convoi : « PAPA ! » Je courus vers lui quand le Seigneur Efflam vint se mettre entre nous deux. « Libérez mon père ! » dis-je avec violence, ma mère vint me prendre par le bras et me tira jusqu’à la maison.
— Lâche-moi ! lui dis-je en pleurs, pourquoi il l’emmène ? Il n’a rien fait de mal !
— Zaïg, tais-toi s’il te plaît, dit ma mère en me serrant dans ses bras.
Efflam s’avança vers moi et tira mes longs cheveux noirs jusqu’au cheval où était mon père, je hurlais de douleur, mes mains agrippées à celles du Seigneur pour qu’il me lâche. Il me laissa à deux mètres de mon père et je courus vers lui pour une étreinte et surtout je voulais comprendre pourquoi père devait partir. Avant même qu’il puisse me répondre, Efflam dit :
— Ton père va rester dans mon château jusqu’à ce qu’il me rembourse sa dette. Il me doit encore un denier et je crois bien que je vais lui en rajouter un pour ne pas m’avoir donné les trois précédents, dit-il d’une voix rieuse.
— Mais vous ne lui avez demandé que deux deniers au départ et il a réussi à trouver l’argent, laissez-le partir je vous en prie.
Mes larmes coulaient sur mes joues dans un flot ininterrompu, j’étais à genoux dans la boue suppliant pour qu’il reparte avec nous. Le maître se mit à rire devant moi laissant apparaître ses affreuses dents pourries.
— Si tu veux vraiment revoir ton père, tu viendras le délivrer dans les oubliettes. Allez, pars, avant que je décide de te prendre toi aussi !
— Je viendrais te chercher, père ! je te le promets, je ne t’abandonnerais pas ! Même si cela doit me prendre une vie, tu reviendras chez nous.
Je reculais en repartant vers ma mère quand soudain j’entendis : « Brûlez-moi ça ! » je fis volte-face et vis un garde aller vers notre maison avec une torche, il mit le feu au toit de paille. En quelques secondes, le feu se rependit, ma mère regardait sa maison partir en fumée, elle était en larmes. Quant à moi, je me retournai et vis mon père partir, ses yeux ébène me fixèrent comme pour me dire : « Je ne renonce pas, alors toi non plus ».
Cela faisait six jours que nous n’avions plus de maison, que nous dormions dehors sans abri pour nous protéger du froid, et sans nourriture. Nous avions trouvé refuge près du ruisseau où on m’avait recueillie quand j’étais bébé. Je ne perdais pas espoir, je savais que la situation ne pouvait que s’améliorer vu que nous étions tombés très bas. Alors, chaque jour j’allais à l’église prier pour que mon père ne reste pas dans ce château, enchaîné comme un animal, dans une cage, peut-être même sans eau ni nourriture.
Un matin, alors que je revenais de la messe, je trouvais ma mère assise sur une pierre près du ruisseau, je me mis à côté d’elle, profitant des faibles lueurs de soleil de cette journée de mars. Elle ne parlait pas depuis que mon père était parti. Quant à moi, j’essayais de trouver une solution pour le libérer. Elle semblait résignée à vivre ainsi jusqu’à la fin de ses jours, ce n’était pas mon cas. Je partis vers midi au marché pour essayer de voler du pain pour remplir mon estomac. Si ma mère voulait manger, elle n’avait qu’à voler elle aussi. Désolée, mère, mais chacune pour sa peau ! Il ne fallait pas trop traîner, certains marchands font du commerce d’esclaves et une jeune enfant de treize ans est une cible facile. Quand j’eus avalé mon morceau de pain rassis, je repris le chemin du ruisseau mais j’avais l’impression d’être suivie, je décidai donc d’accélérer le pas, puis au détour d’un sentier, un homme de presque cinquante ans, se planta devant moi, je fis demi-tour pour lui échapper et il était là à nouveau. Comment avait-il pu se mouvoir aussi vite ? Il me souriait en coin, je ne savais pas si c’était un sourire de politesse ou le genre de sourire qui vous annonce des ennuis. Il avait une peau de loup sur le dos, un bâton surplombé d’une boule en verre dans la main gauche, des cheveux noirs, très longs, et des yeux violets. Jamais encore je n’avais vu une couleur d’yeux comme celle-là.
— Ne fuis pas, mon enfant, dit-il, je suis là pour t’aider.
Sa voix remplie de douceur ne m’inspira pas confiance. Cependant, je lui répondis de peur qu’il ne se jette sur moi :