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"L’idiolecte ou les récits cutanés" puise ses racines dans des instants vécus par ses auteurs, enrichis par une fascination pour la puissance des mots et leur mélodie intrinsèque. Ce roman tisse une alliance subtile entre les idées, parfois paradoxales, offrant une réflexion singulière sur le monde d’hier et d’aujourd’hui, et sur le lien profond entre l’individu, son psychisme et une société en désarroi. Plus qu’une œuvre littéraire, il s’agit d’une quête où la pensée se déploie avec résilience, dans un élan poétique et introspectif, invitant le lecteur à découvrir un regard inédit, empreint de profondeur et d’humanité.
À PROPOS DES AUTEURS
Jean-Luc Dufour et
André Allart, écrivains français, ont uni leurs plumes pour signer "L'idiolecte ou les récits cutanés", un ouvrage publié aux éditions Le Lys Bleu.
Inspiré de fragments de vie personnelle, ce roman explore le pouvoir évocateur du langage et la musique singulière des mots. À travers une construction d’idées parfois contrastées, les auteurs livrent une méditation originale sur les mutations du monde, entre mémoire et présent, tout en sondant les liens profonds entre l’être, son intériorité et une société en perte de repères.
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Seitenzahl: 131
Veröffentlichungsjahr: 2025
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Jean-Luc Dufour & André Allart
L’idiolecte ou les récits cutanés
Roman
© Lys Bleu Éditions – Jean-Luc Dufour & André Allart
ISBN : 979-10-422-6191-7
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
La nouvelle édition a été l’occasion de replonger dans cette écriture, fruit de nos délires, où l’esprit iconoclaste et subversif n’avait pas de limites. La seule qu’on ait rencontrée c’est notre impuissance, face à ce monde qu’on ne comprend pas toujours, cette humanité qui se fourvoie et cette recherche de place qu’on n’a jamais vraiment trouvée. Des losers magnifiques.
Ce qui définissait au début cet écrit, c’était une surenchère dans un jeu débridé de situations vécues, de personnages, de mots proches de la provocation (jeu dans lequel je n’ai pas été le dernier). À relire, j’en revois la fantaisie, les débordements, l’énergie qui nous habitait. C’est en même temps le regard sur une époque qui ne pense qu’à la rentabilité (le néo-capitalisme) et qui nous emprisonne dedans. Mais cet écrit c’est aussi (par la musicalité du texte), un contre-pied aux horreurs d’hier et d’aujourd’hui, les quotidiennes et celles de demain. Je revois aussi tout le travail de structuration que ça m’a demandé, pour garder un équilibre entre le rêve, le réel, les désirs, une ébauche de récit et comment trouver une cohérence entre les mots de l’un et les idées de l’autre. Mais ce qui ressortait par moments, dans la première édition, c’est qu’elle donnait un livre presque impossible à lire. C’était presque un paradoxe et pour moi une déception de ne pas pouvoir partager ce travail. Je me suis attelé dans cette nouvelle version à alléger le propos dans certains passages, à lever ce qui apportait de la confusion, essayant de mettre chaque chose à une place, du moins ce qui ne l’était pas. J’ai continué à renforcer certains contrastes et ce n’est pas un hasard si les temps employés sont principalement le présent et l’imparfait de l’indicatif, ils rendent le moment plus vivant. J’ai retravaillé par endroits la manière pour donner une forme à ce qui n’en avait pas. J’ai accepté de guider cette embarcation, aussi petite soit-elle, de lui donner une direction en essayant de ne pas trahir, de ne pas dénaturer ce qui nous a aminé. Je me suis aussi réapproprié en partie ce texte, laissant à chacun la possibilité (ou pas) d’écrire sa propre histoire. Je ne peux, ni me substituer, ni prendre la place d’un autre, même pour le satisfaire. Même avec les meilleures intentions du monde, il me fallait chercher dans ce que je suis, dans ce que j’ai été. L’écriture est une chose trop personnelle si on veut qu’elle sonne juste. J’ai donc supprimé certains paragraphes où je racontais l’histoire de l’autre. C’est là que j’arrive à la place qu’a occupée André. Il m’a accompagné dans cette aventure, m’a permis de transgresser, d’oser aller là où j’avais peur d’aller (c’est toute la différence entre un introverti et un extraverti), d’être iconoclaste. C’est un mot clé, mais cette capacité de transformation doit servir pour avancer et non le contraire, et on ne peut l’être que sur ce qu’on écrit soi-même. Ce fut un travail de Sisyphe dès le début. Ce fut en soi une aventure, qu’il en soit remercié, parce que, sans lui, rien n’aurait été possible. Il n’en reste pas moins que ces textes ne sont pas lisses, ils débordent souvent, telles des pulsions. Cette force de vie qu’il nous faut canaliser pour ne pas la rendre destructrice. La poésie, le surréalisme, la révolte, les souvenirs, l’inconscient et les rêves sont les axes de cet écrit.
JLD
Va pas tarder, la flotte. Flic, floc, ça brume, ça pique… goutte à goutte qui s’immisce dans un bric à broc, un cafouillis de pistons… ça racle, ça frotte… ça tangue, ça grince, ça lime… ça disloque les barriques, ça barbote. Beau linge… ! Malle longue par-dessus les containers, allez hop ! Sortez qu’on s’y remette.
Collé au bastringue, on s’emploie, on s’use, on touche les bords, on se râpe la peau, les doigts. Poisseux, on s’éternise, on pense en finir avec le bisquain, la vieille carcasse. Alors on s’accroche, à cirer les planches, à raboter les lattes, à mordre les chausses. À deux on se tient au jus, à trois on se renifle le mensonge, on se lèche les embrouilles. Ad hoc sous les calibres à pas pouvoir se sentir. Contorsionnistes qui se tordent les pouces avant de s’envoyer des claques.
Dans ce roulis de cornes de brume les mâts ont des trous, les torons enlacent les voiles. À tribord les croisements s’emmêlent. Quand la brume irrite les épissures les préjugés affleurent. Un coup de chien à pas pouvoir dresser un cap, à rien n’y pouvoir. Dans ce moscos sans gare tu distingues les mareyeurs, les blondes matines devant ce que tu crois être au loin la pharmacie, ce petit point qui s’éloigne.
Passé la digue tout se soulève. Fiévreuses, les pulsions nous séparent. Quarté de tarons t’entends les cris rauques d’un chat. C’est quoi ce bordel… ? Une farce… ? Un viol… ? L’insurrection… ?
À crude ça revient, ça nous dégouline, ça nous pend au crachoir. Morbacs sur la paillasse à compter les morceaux. Alors, s’échapper de quoi… ? Pour qui… ? L’envie de dire ou de se cacher… ?
L’humany-party… ? Je la salue salie. Septique, exubérante, avec ses aspirants, ses bandeurs fratricides… l’œil sur le mignard, leurs langues châtrées, les amygdales bien chargées. Pas assez admiratif, mais ça va venir, ça viendra. La route est longue et nous venons juste de partir.
Alors, se gêner pourquoi, pour quoi faire ?
Tout en repli, je me suis trouvé dans les latrines pleines, dur de la bidoche. Pressions suaves j’en régurgite la boue.
Avec le même acharnement on fauche, on superpose, on se remplie sans scrupules. La performance s’éternise, puis on reprend endémique, toujours sans scrupule, en pressions suaves… ça remonte à couteaux tirés, ridés, pliés, la pelle longue à pas creuser un trou… les vieux pourris, les vieilles birbes, peux plus les voir ! Plus rien pour des pareilles ! Les bonnes manières… ? Ça tue… ! Quand tout se propage, ça tue encore !
Déranger Béthane, les migrantes, Nordine, Salim, les barbelés. Appuyé au garde-corps, Fernand rugit comme en cellule… Trop près du quai passe par-dessus bord. Éjecté dans les vestiges des flots. Dans la débâcle tu jettes, tu retournes, qui te froisse… ? Qui tu croises… ? Le fiel, les tropiques, le giratoire, les vaniteux, les renversés du Mékong ? Les feignasses, les biseloques ?
Un peu tout ce qui nous défrise… tu peux ajouter au toxique le goût du rance.
Puis tout devient mou. Flageoli-flageola je reste sur le pont avec les blancs gitons, goïs et gouines superposés à pas poser un pied. Dans les alléluias je bloblote tout en reluquant ailleurs…
Changement de proue, du rostre à l’étrave tout envoyer bambalon. Sur l’onde fluide, la grande pinasse tire au sud, racle le fond. Battue par les flots, fluctuante, elle reviendra dans la mise en scène, plus tard. Dans le bouillon le grésil lui ronge la coque. Tourbillons dont tu connais les arcanes, les secrets sous les ressorts, les emboutis.
À tâtons après neuvaine son ombre s’étire. En quarantaine elle oublie parfois de tourner. Qui improvise cette masse ?
Contorsionniste de la trappe arrière t’exiges, mais tu n’as que le bocal. Traversant les malles sulfatés, nous sommes à la recherche des verticaux. Dans tout ce barda flanqué de marque mal, à proximité des allergies…
Des abdos… ? Oui, mais pas trop.
(C’est beau les grassiques…)
Grillé par les oxydes pousser le racontable aux antipodes, biscuit-biscuit chez les Nacaques. Avec les crabes exalter l’hurma. Toutes ces blessures qui n’arrêtent pas de suinter. De l’anis à l’étoile écrire en langue mauvaise, rien y comprendre, personne pour interdire. Vivre l’effronterie, les rêves clignotants, l’emboucane, la brague vagabonde, la jouaille, St-Cypre et les cadières.
Reprendre les pilules pour marcher communément, un tantinet plus haut que les gammes, en débandade totale.
Ces trucs pornos qui retombent à plat, béquilles de pas grand-chose qui sortent du froc, qui prennent des proportions énormes, des positions ridicules, c’est pour préparer le terrain. Mettre autre chose dans la tête, faire penser à l’albergie.
Faut s’appeler Albert pour partir dans cette piscine qui va tout avaler.
Et même si l’effet de manche finit dans les limbes, emporte-t-on des fleurs au pays des morts ?
Bousculé par les embruns ce matin, je débulle.
Dans une tasse en porcelaine je bois un café : « Bien chaud… ! ». Je vois les autres boire le leur « salé ».
Guère épais observer l’hurma, la belle assoiffée. Au-delà des gouvernes elle poursuit le nébuleux. À la traverse, à la filoche, toujours plus haut dans les gammes, bien au-delà des normes.
Caché derrière mes pensées je prends l’air du large… paroissien de l’ordinaire. Devant la porte remonte des odeurs oubliées. Les vieilles pompes à maman… ? L’impression qu’elles marchaient toutes seules. Menton bas, voir défiler les failles, chercher dans l’aube le jour qui se fait attendre. Dans ce court instant se mélange l’éloignement, la proximité, tout ce qui dérive sans conclure, cette fausse idée de permanence.
Tout ça forme une expansion sans perspective où j’essaie de trouver ma place. Appréhender la misère ? Déjà oublié, le goût du large.
Des coupes en biais, des césures franches, des coups d’estoc… sur une échine ou un museau raconter la bordure, vacataire ici-bas, mains de pâti et têtes de veau. Parodie neutronique, joliesse bousillée d’un monde qui nous échappe. Faire exploser les mauvaises nouvelles… ? À croire que tout en est couvert, tellement ça coule.
Creusant mon bonnet de créances je me fais l’écho porte-parole de ce vivant face à Goliath. Nuits branlantes où les conflits entrent dans la nasse. Gris phorique, vert biblique, noir rectum, virer les étiquettes pour oublier les fracasses. Sans état d’âme, couper l’exsudat, en Tatési pousser l’hormone. Plié en deux dans les fonds barrés, toucher l’instinct.
Balafres de javelle recrachées sur Maginot, regarder qui est le bouc, qui est l’âne, qui paie les crimes, qui fait pleurer les veuves. Pourquoi ces impunis, qui sont ces fructifieurs, ces inquisiteurs, ces mollahs, ces géniteurs, ces rabougris… tourner le dos aux gardes à tous, à ce qui fait orage. Combien pour vivre… ? Géraldine se croit insomniaque ? Penses-tu, ça l’empêche pas de dormir !
Le cerveau vaut un détour. Parfois à faire croire presque rien. À s’arranger le nez, la mise en plis, le pardessus. Le cerveau nous joue des tours à te faire croire daltonien.
Sans jamais y avoir été, mon père, tout comme n’avait pas plus… mais convaincu d’y être. Où était-il réellement… ? Qu’est devenu son tranchant qui se gênait de rien ?
Il s’inscrit dans une filiation, un préciput… rien de plus qu’un écho qui m’a traversé, un pli sous les côtes. Le temps nous traverse et se dédouble… du coup on se protège les genoux. Ça nous gratte quand il excite son courroux.
(Du vert, du gris… des chiens, des loups.)
Sans processus de division, une partie de toi parle à l’autre. Dire : « Le cerveau nous joue des tours. » C’est Abel qui parle à Caïn. Ça n’enlève rien aux névrotiques… capucins en laine grise, il pleut sur leurs capuches, ça mêle leurs peaux au paradis troué.
Abandonné des batailles mille et une, on peindrait tout avec la bouche. Guidé par les docteurs du réverbère, bernicles moches comme groggy. À se trifouiller le pancréas, se décaler les fonds de caque. Le même sourire pour la praline ?
Non, pas pour tous…
Dans les serviettes éponges suaient les jours sans pain. Autour du bien détruit, tous ces désirs qu’on empile. Avant que l’aveuglement nous débarque tout mettre à l’étable. Les boules et le sapin, le bœuf gras, un peu de vin, le goût des tanins, même le goût du triste. Tout ce qui fait que tout recommence.
Un peu trop tard pour compter… ?
Personne ne comptera, pas de comptable. Mais, pour l’infini, il n’est jamais trop tard, tout lui est possible.
Dans les cuves dépressionnaires, nos ventres sentent la rouille. Dans les citernes vides, nos mains cherchent la fente.
Partir sans avoir vu les guêpiers de la potence… ?
Je reconnais ses doigts qui suintent : hop ! Hop ! Hop… ! Plus personne ne peut nous sauver du truc qui tâche.
Hors du carré, lâché avec ceux qui ne connaissent pas les règles, plus rien à desserrer… !
Pour tous… ? Oui, pour tous !
Sur la feuille dérivent nos idées noires, nos envies d’aplats. Peindre des fleurs… ?
Warhol est mort dans l’acidité gastrique d’un pochoir de poche, usé jusqu’à la corde. Viallat a jeté l’éponge depuis longtemps. Dans les cales, Soulages passe le balai, broie du noir. Botero bouffe ses choux. Dans quel caca ces pébroques… ? Au rabais, ne valent pas un loulou.
Méconnaissable Bacon, ses souvenirs lui déforment la face. Miro et ses myriades bleues éteignent la lumière, tout à reprendre. Un prétendant de plus… Traquandi… ? Viendra quand les poules n’auront plus de dents. Cerise sur le ghetto c’est Schulz qui n’y meurt pas dedans. Juste son chien Nemrod qui le suit. Je le vois, il me sourit.
Quand tous seront partis j’irai manger des andouillettes, bananes séchées, cocos en boîte. Là où tout baigne pour le meilleur, même si tout nous ment si bien, dans une eau aussi chaude que leur pisse. En attendant, dans la poussée des vapeurs, je souille ma robe de bure, à coups de bleus, de blues. À passions crudes, à pleines dents sans que rien ne s’engoupille. En mésentente, on y est penchu, c’est certain.
Code-phare, la patineuse se propulsait à fleur d’eau. La puce aux yeux doux dansait le crawl, la javanaise. Vu de loin, tout semblait léger, tout paraissait si calme, symétrique. Ses fines pattes faisaient des ronds, de petits cercles concentriques. Poésie de l’amour et de l’eau fraîche, de fines bulles d’air montaient en surface, prenaient le contre-pied des gouttes qui retombaient, troublaient le ruisseau alangui.
Flanquée dans un coin, le compas dans l’œil, une araignée bien rouge attendait sur la flaque. En embuscade, elle porte ses pattes à sa bouche. Miam-miam patapon, elle avance ses pions.
Parce qu’il faut bien se mettre en danger, dans l’entonnoir, elle se rua, la patineuse, dérapant elle se prit les pattes dans le filet. La poilue l’enroula, lui injecta un préalable avant l’aspiration. Une valse de trop et maintenant elle sèche dans la toile. La flaque redevenue immobile, tout semblait à nouveau tranquille, sage et serein.