L’Impératrice récalcitrante de Ristéard - S.E. Smith - E-Book

L’Impératrice récalcitrante de Ristéard E-Book

S.E. Smith

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Beschreibung

Bestseller de la liste de USA Today !
 Ricki Bailey a l’habitude de traiter avec des diplomates et de s’occuper de situations complexes. Après tout, elle a passé la majeure partie de son temps à organiser les voyages à l’étranger du Cirque de Magik… et maintenant, sur d’autres planètes.
 
 Elle croyait qu’apprendre de nouvelles lois et coutumes serait difficile, mais ce n’est rien comparé à l’intérêt soudain que lui porte un imposant extraterrestre bleu du nom de Ristéard, le grand dirigeant d’Elpidios ! Ricki se retrouve à penser des mots pas très polis qu’elle ne soupçonnait pas de faire partie de son vocabulaire.
 Ristéard est stupéfait de voir apparaître la grande impératrice, la belle extraterrestre qui, d’après la prophétie, sauvera son monde, mais il est encore plus ébahi quand elle refuse ses attentions ! Alors que la survie de sa planète est en jeu, il n’a pas le temps de faire les choses à la loyale…
Auteur de renommée internationale, S.E. Smith propose une nouvelle histoire d’action pleine de romance et d’aventure. Débordant de l’humour qui la caractérise, de paysages éclatants et de personnages attachants, il est certain que ce livre deviendra un nouveau favori des fans !

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Seitenzahl: 307

Veröffentlichungsjahr: 2021

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L’Impératrice récalcitrante de Ristéard

Les Seigneurs de Kassis Tome 4

S.E. Smith

Remerciements

Je voudrais remercier mon mari Steve de croire en moi et d'être assez fier de moi pour me donner le courage de suivre mes rêves. J'aimerais également remercier tout particulièrement ma sœur et meilleure amie, Linda, qui non seulement m'a encouragée à écrire mais a également lu le manuscrit. Et également mes autres amis qui croient en moi : Jennifer, Jasmin, Maria, Rebecca, Gaelle, Angelique, Charlotte, Rocío, Aileen, Julie, Jackie, Lisa, Sally, Elizabeth (Beth), Laurelle, et Narelle. Les filles qui m'aident à continuer !

Et un merci tout particulier à Paul Heitsch, David Brenin, Samantha Cook, Suzanne Elise Freeman, Laura Sophie, Vincent Fallow, Amandine Vincent, et PJ Ochlan, les voix fantastiques derrière mes livres audios !

—S.E. Smith

L’Impératrice récalcitrante de Ristéard

Les Seigneurs de Kassis Tome 4

Copyright © 2021 par Susan E. Smith

Publication E-Book en anglais février 2015

Publication E-Book en français août 2021

Couverture par : Melody Simmons et Montana Publishing

Traduit Par : Gaëlle Darde

Relu Par : Marine Rocamora

TOUS DROITS RÉSERVÉS :

Cette œuvre littéraire ne peut être reproduite ou transmise sous quelque forme ou par quelque moyen que ce soit, y compris la reproduction électronique ou photographique, en tout ou en partie, sans l'autorisation écrite expresse de l'auteur.

Tous les personnages et événements de ce livre sont fictifs ou ont été utilisés de façon fictive, et ne doivent pas être interprétés comme étant réels. Toute ressemblance avec des personnes vivantes ou décédées, des événements réels ou des organisations est strictement fortuite et n'est pas voulue par l'auteur.

Résumé : Le grand dirigeant Ristéard a besoin de Ricki. C’est la grande impératrice annoncée par la prophétie comme la sauveuse de leur monde, et il ne peut pas lui permettre de garder ses distances trop longtemps.

ISBN : 9781956052190 (livre de poche)

ISBN : 9781956052183 (eBook)

Romance (amour, contenu sexuel explicite) | Science-Fiction (Extraterrestres) | Contemporain | Paranormal | Action/Aventure | Fantasy

Publié par Montana Publishing, LLC

& SE Smith de Florida Inc. www.sesmithfl.com

Sommaire

Chapitre 1

Chapitre 2

Chapitre 3

Chapitre 4

Chapitre 5

Chapitre 6

Chapitre 7

Chapitre 8

Chapitre 9

Chapitre 10

Chapitre 11

Chapitre 12

Chapitre 13

Chapitre 14

Chapitre 15

Chapitre 16

Chapitre 17

Chapitre 18

Chapitre 19

Chapitre 20

Chapitre 21

Chapitre 22

Chapitre 23

Chapitre 24

Chapitre 25

À suivre…

Plus de livres et d’informations

À propos de l’auteur

Résumé

Mattie Abrams a toujours eu le coup pour dresser les animaux. En travaillant avec le Cirque de Magik, elle sait qu’elle a enfin trouvé le foyer qu’elle cherchait désespérément. Elle ferait n’importe quoi pour garder sa petite famille du cirque et ses animaux, y compris les suivre où qu’ils aillent. Quand le propriétaire du cirque annonce qu’il va les emmener dans les étoiles, elle ne s’attend pas à ce que ce soit aussi loin… ni aussi dangereux.

Jai t’Dubar n’aurait jamais pensé trouver sa compagne parmi la ménagerie d’Humains ramenée sur sa planète, mais lorsqu’une beauté délicate passe à côté de lui, son monde est transformé.

Auteur de renommée internationale, S.E. Smith propose une nouvelle histoire d’action pleine de romance et d’aventure. Débordant de l’humour qui la caractérise, de paysages éclatants et de personnages attachants, il est certain que ce livre deviendra un nouveau favori des fans !

Chapitre 1

Vingt-quatre ans plus tôt,

Sur Terre :

L’homme vêtu de noir contourna la caravane sombre attelée au gros pick-up. Il maintint le paquet contre son corps, comme s’il craignait qu’il ne disparaisse. Entendant une toux suivie de plusieurs voix dans le chapiteau, il marqua une pause. Le paquet dans ses bras bougea légèrement, le ramenant à sa mission.

Il n’avait pas beaucoup de temps. S’approchant de la caravane, il déposa lentement le bébé emmailloté sur la marche. Un bref instant, sa main resta en suspens au-dessus de la joue pâle. Le chagrin et le regret, deux émotions qu’il n’avait encore jamais ressenties, le tiraillèrent.

— Prends soin de toi, ma fille, je viendrai te chercher quand tu seras plus âgée, si je le peux, murmura la voix apaisante dans un étrange dialecte.

De la tristesse assombrit ses yeux bleu vif alors qu’il tirait une enveloppe de sa chemise et la glissait dans la couverture avant de se redresser. Il retourna dans l’ombre de la caravane quand les voix s’approchèrent. Il ferait bientôt jour, et il devait partir avant qu’il y ait assez de lumière pour que les gens qui allaient et venaient parmi le rassemblement de camping-cars ne puissent le voir.

Il venait de se glisser sur le côté de la caravane quand il entendit la porte s’ouvrir. Un lent hoquet surpris suivi d’un cri étouffé fendit l’air. Se penchant en arrière, il attendit de voir s’il avait pris la bonne décision.

— Walter ! appela une femme. Walter, viens là !

Une voix profonde lui répondit :

— Qu’est-ce qu’il y a, Nema ?

Mentalement, il pouvait presque voir ce que la femme avait découvert : la même peau pâle et délicate, les mêmes cheveux d’un doré vif et la promesse de ses propres yeux bleus, les seuls traits évidents qu’il avait transmis à sa fille. Serrant les poings, il se força à rester immobile, silencieux, en attendant de voir s’ils accepteraient le précieux cadeau qu’il avait déposé devant leur porte.

— C’est un bébé, murmura Nema d’un ton larmoyant. N’est-elle pas magnifique, Walter ?

— Allons, Nema… Qu’est-ce que c’est que ça ?

Une lumière tamisée s’alluma, puis il entendit un froissement de papier. L’espace d’un instant, seuls les aboiements d’un chien au loin et le coassement bas des grenouilles dans un étang brisèrent le silence.

— Qu’est-ce que ça dit ? demanda doucement Nema.

— Je vous en prie, protégez notre fille. Elle a besoin d’un foyer aimant où elle sera acceptée pour qui elle est. Elle s’appelle Ricki. Je vous confie mon cœur… Je vous en supplie, protégez-la et prenez soin d’elle comme si c’était votre propre enfant.

— Oh, Walter, dit-elle en reniflant. Elle est magnifique. On a une fille, une belle fille à nous.

— Nema…

Walter poussa un soupir.

— Elle est belle, tout comme toi. On part dans seulement quelques heures.

— On ne va pas…

Elle hésita en regardant le nourrisson endormi dans ses bras.

— Non, je connais un avocat qui peut s’occuper de la paperasse, répondit Walter d’une voix bourrue.

— Ricki, dit tendrement Nema. Ricki Rose Bailey.

— Nema.

— Ça ne dérangerait pas Rose. Elle aurait adoré avoir une petite sœur qui porte son nom. Je sais qu’elle la regarde en ce moment même et qu’elle sourit avec fierté.

— C’est un nom magnifique, Ricki Rose.

La gorge de Walter se noua au souvenir de leur superbe fille, morte pendant l’accouchement voilà un an. Il avait failli perdre Nema aussi. Elle avait dû subir une opération en urgence afin de ne pas se vider de son sang. Par conséquent, ils ne pourraient jamais avoir l’enfant dont ils rêvaient. Ses doigts tremblaient quand il tendit timidement une main vers la joue du nourrisson endormi. Lorsqu’il leva les yeux, il vit de l’espoir, de la peur et des larmes dans ceux de sa femme bien-aimée.

— Aussi magnifique que toi, Nema. Je t’aime.

Elle leva la tête et sourit.

— Je t’aime aussi, Walter, murmura-t-elle avant de faire claquer sa langue. Tu peux aller voir si Mary a du lait maternisé ? Je dois sortir ce qu’on avait préparé pour Rose. Oh, Walter, on a une fille !

Il contempla le petit corps de son épouse. Faisant tout juste un mètre six, elle ressemblait elle-même à une enfant vue de dos. Il semblait la dominer du haut de son mètre vingt-quatre. Un soupir lui échappa lorsqu’il pensa aux deux boîtes cachées au fond du placard dans leur chambre. Elle avait refusé qu’il donne les affaires pour le bébé, elle n’était pas prête. Il savait qu’elle espérait qu’ils adopteraient un jour un enfant, mais il avait craint qu’aucun juge ne le leur permette.

Ce n’était pas parce qu’ils étaient tous deux atteints de nanisme, mais à cause de leur mode de vie. En tant que propriétaires du Cirque de Magik, petit mais unique, et rempli de personnalités tout aussi singulières venant du monde entier, ils étaient tout le temps sur la route. Il avait employé tout l’argent dont il avait hérité, en plus de ce qu’il avait gagné en tant que membre du cirque, pour le racheter aux anciens propriétaires et en faire l’un des meilleurs spectacles de tous les temps.

Un sourire illumina lentement son visage lorsqu’il entendit Nema chanter doucement.

— Je suis père, dit-il avec un petit rire. On a une fille.

La silhouette qui se tenait dans l’ombre s’éloigna silencieusement quand la porte se ferma. Son cœur était plus léger alors qu’il laissait derrière lui le spectacle itinérant qu’il avait découvert plus tôt. Il avait passé la majeure partie de la journée à les écouter et à les regarder de loin. Au fond de lui, il savait que c’était l’option la plus prometteuse pour protéger sa fille de ceux qui voudraient la tuer, comme ils avaient tué sa mère.

Il s’arrêta brièvement pour regarder une dernière fois l’étrange rassemblement de tentes, de caravanes et de petits stands de foire avant de se retourner. Un nourrisson n’avait pas sa place là où il allait. Il ne vit pas les deux hommes qui l’étudiaient tandis qu’il disparaissait dans la brume matinale.

Chapitre 2

Ristéard toucha du revers de la main le sang qui coulait de la coupure à sa joue. Il plissa les yeux en observant les deux hommes et la femme qui l’encerclaient. Faisant passer la lame dans sa main droite, il appuya sur le bouton caché au milieu du manche.

Il baissa sa main libre et attrapa la deuxième lame qui s’était séparée de la première. Quand la femme lui grogna dessus et avança, il tourna sur lui-même et lui trancha la gorge avec la lame dans sa main gauche, avant de continuer son cercle et de faire glisser l’autre en travers de la cuisse de l’un des mâles.

De la satisfaction le parcourut lorsque celui-ci tomba au sol ; il avait sectionné le muscle, des tendons et des veines. L’homme saisit sa jambe dans une tentative désespérée d’étancher le sang qui se déversait de la plaie béante. Ristéard comprit qu’il avait tranché l’artère fémorale et que l’assassin se viderait de son sang en quelques minutes s’il ne recevait pas de soins immédiatement. Il commença à tourner autour de son dernier adversaire.

— Qui vous envoie ?

Le mâle se contenta de secouer la tête et de sourire, sans jamais le quitter des yeux. Il sauta en arrière, esquivant l’attaque de l’homme. Il lâcha un juron bas lorsque la lame de l’épée s’étendit soudain et traça une longue entaille superficielle dans son cou.

Une fureur blanche brûla dans ses veines avant qu’un calme glacial ne l’envahisse. Il effacerait le sourire suffisant de ce salaud. Reculant, il rangea la courte lame fine dans un fourreau à sa ceinture. Faisant tournoyer celle dans sa main gauche, il contra une nouvelle attaque tout en faisant un pas de côté.

— J’obtiendrai les réponses que je désire et quand j’en aurai fini, vous regretterez que je ne vous aie pas tué avant vos camarades.

La voix de Ristéard était dénuée de toute émotion tandis qu’il s’adressait au mâle sur sa droite.

— C’est vous qui mourrez, Grand Dirigeant. Vous auriez dû garder vos deux lames, vous auriez peut-être eu une chance de survivre.

— Qui dit que je ne les ai pas gardées ? murmura Ristéard avec satisfaction.

Il fit décrire un arc de cercle à l’arme dans sa main. Son doigt passa sur le deuxième bouton sur le manche, libérant des dizaines de petites lames couvertes d’un poison à effet lent. Cette arme était l’une de ses inventions et lui avait sauvé la vie à maintes reprises par le passé.

Le visage de l’autre mâle se teinta de surprise alors que les projectiles mortels perçaient sa poitrine, ses bras et son ventre. Ristéard savait qu’il n’aurait que peu de temps pour obtenir les informations qu’il voulait avant que l’assassin ne meure. Le meurtre de son grand-père lui avait appris qu’il valait mieux éliminer une menace aussi rapidement que possible. Son aïeul était mort en essayant d’interroger l’un des hommes venus le tuer.

Le fracas de l’épée sur le sol retentit dans le long couloir obscur du palais. Son ennemi tomba à genoux, son regard rivé aux yeux argentés froids de Ristéard. Le poison commençait déjà à paralyser les muscles de l’assassin.

— Je m’attendais à ce que vous résistiez plus longtemps, murmura l’homme en un murmure éraillé.

— Vous aviez tort.

Ristéard s’approcha, puis pencha la tête alors qu’il faisait courir sa lame sur la joue du mâle, au même endroit où la femme avait entaillé la sienne.

— Qui vous envoie ?

— Je ne vous… le… dirai… jamais…

L’air mécontent, Ristéard secoua la tête.

— Mauvaise réponse.

Il frappa l’homme, le faisant tomber sur le flanc.

— J’obtiendrai les réponses à mes questions avant de vous laisser mourir.

Il porta son regard vers la porte qui s’illumina un instant avant de tomber à l’intérieur de la pièce. Trois de ses quatre gardes personnels, choisis par ses soins, étudièrent brièvement la pièce depuis le seuil avant d’entrer. Ils étaient couverts de sang, un peu du leur et beaucoup de celui de leurs ennemis.

À leur retour sur Elpidios, ils avaient découvert qu’on leur avait tendu un piège. Il n’en attendait pas moins. Il savait que certains membres du conseil pensaient qu’il n’en faisait pas assez pour sauver leur monde. Dire que c’était à cause de ces salauds que leur planète se mourait était discutable. Emyr, Sadao et Andras avançaient prudemment. Ce dernier appela :

— Ristéard.

— Où est Harald ? demanda-t-il.

Il reporta son attention sur le mourant, qui s’agitait tandis que le poison se répandait lentement dans son corps.

— Il s’amuse avec son assassin, répondit Emyr.

Il jeta un coup d’œil au mâle puis aux deux autres cadavres.

— On dirait qu’ils étaient neuf, cette fois.

— Trouvez Harald, ordonna Ristéard avant de se retourner vers son assaillant. Je vous retrouverai dans mon bureau une fois que j’en aurai terminé ici.

Andras leva une main et les deux autres hommes hochèrent la tête. Un léger sourire flotta sur les lèvres de Ristéard. Il savait qu’Andras ne le laisserait plus jamais seul. Se penchant en avant, il fit rouler sur le dos l’homme qui se tortillait et leva sa lame.

— Maintenant, vous allez me dire ce que vous savez.

Deux heures plus tard, Ristéard regardait par la fenêtre de son bureau. Les boucliers au-dessus de la planète tenaient à peine. Bientôt, il devrait faire évacuer les villes et activer les boucliers secondaires afin de ne protéger que le palais.

Les cristaux de sang qu’il avait rapportés aideraient temporairement son monde, mais ils avaient besoin de plus, bien plus pour que la planète survive. Son espèce pouvait être exposée à un taux de radiation beaucoup plus élevé que la plupart, mais même eux ne survivraient pas si les niveaux continuaient à croître. Un coup contre la porte de son bureau détourna son attention de la pâle lueur du soleil qui brillait à travers les fenêtres teintées.

— Entrez.

Il relâcha sa prise sur la lame à son flanc en voyant Andras sur le seuil. Il hocha la tête et reprit son observation de la ville en contrebas. La vie continuait, comme si personne ne s’inquiétait qu’elle pourrait prendre fin le lendemain.

L’image d’un visage délicat se forma soudain dans son esprit. Celui d’une femme avec cheveux de la couleur du soleil, des yeux de la même tête que la peau d’un nouveau-né elpidios, et une carnation pareille aux fleurs nocturnes qui ne fleurissaient que lorsque les deux lunes étaient pleines. La prophétie était-elle vraie ? Était-elle celle qui sauverait son monde ? Si oui, comment ? Comment une femme, en particulier une extraterrestre d’une autre planète, pourrait-elle le sauver si elle ne connaissait rien à son sujet ?

Andras traversa silencieusement la pièce pour le rejoindre. Pendant un moment, ils contemplèrent la ville en silence. Ils avaient rapporté un bref répit. Les cristaux reproduits par les Kassisans fonctionnaient, mais ils étaient plus petits et plus faibles que ceux qu’ils trouvaient jadis en abondance sur la surface de la planète.

Andras poussa un gros soupir avant de prendre la parole.

— L’assassin que poursuivait Harald n’avait pas de nouvelles informations. La seule chose qu’il est parvenu à apprendre de lui avant qu’il meure, c’est que le nouveau dirigeant apparaîtrait le jour de l’anniversaire de l’Illumination d’Elpidios, un évènement qui ne s’est produit qu’une fois tous les deux mille ans. Alors, la troisième lune est sortie de l’ombre de ses grandes sœurs et a brillé pleinement. Chaque assassin que nous avons interrogé au cours des deux dernières années a dit la même chose. Je crains que nous ne soyons pas plus avancés dans la recherche des responsables des attaques que nous l’étions avant la mort de votre père. Je propose que nous exécutions les membres du conseil pour en finir une bonne fois pour toutes.

Un sourire amusé étira les lèvres de Ristéard.

— Vous commencez à parler comme moi.

— Notre monde se meurt, murmura Andras en observant le mouvement des gens en contrebas. Même avec l’aide des Kassisans, produire assez de cristaux pour alimenter les boucliers est impossible. Certains endroits de la planète deviennent déjà inhabitables. Il vaudrait mieux commencer l’évacuation.

— Et faire quoi ? S’enfermer sous terre pour mourir encore plus lentement ? demanda sèchement Ristéard. Non, il y a une autre option.

Le garde le regarda avec surprise, une ride perplexe lui barrant le front.

— Quelle option ? Les Kassisans ont-ils d’autres cristaux qu’ils sont prêts à nous donner ?

— Non, ils sont censés avoir quelque chose de bien plus précieux.

Andras darda un regard frustré sur lui alors que Ristéard se dirigeait vers son bureau.

— Quoi ?

Il appuya sur un bouton sur son bureau. L’image d’une femelle, celle à laquelle il pensait plus tôt, apparut. Il considéra les traits pâles de l’extraterrestre, surpris par l’attirance immédiate qu’il ressentit devant le regard bleu vif qui soutenait le sien avec un léger agacement. Il sourit au souvenir des paroles furieuses qu’elle lui avait adressées quelques semaines plus tôt.

— La légendaire impératrice d’Elpidios, mon épouse mythique, répondit-il en regardant l’expression stupéfaite d’Andras. D’après la prophétie, elle sauvera notre monde. Je suggère que nous le vérifiions.

Le regard de l’homme fit des va-et-vient entre l’image holographique de la femme et Ristéard. Il ouvrit et ferma la bouche deux fois alors qu’il essayait de comprendre comment cette étrange créature blême était censée être l’impératrice de la prophétie. Tous les jeunes enfants elpidios entendaient des histoires à son sujet à l’heure du coucher.

Le scepticisme assombrit ses traits tandis qu’il fixait son ami et dirigeant.

— Vous y croyez vraiment ? Elle ne nous ressemble même pas. Elle est très… pâle, ajouta-t-il avec une grimace. En plus, tout le monde sait que cette légende n’est qu’un conte pour donner de l’espoir aux petits enfants.

Perdu dans ses pensées, Ristéard continua de contempler l’image. Oui, c’était un conte raconté pour faire espérer les enfants. Pourtant, derrière tous les grands contes, il y avait une once de vérité. Il pensa à l’une de ses commandants, Mena Rue, et à la passion avec laquelle elle avait insisté que les tablettes anciennes trouvées par ses parents parlaient du premier signe de l’arrivée de la grande impératrice.

Ce qui l’inquiétait, c’était que pour le moment, ce qui avait été prédit se produisait réellement ! La bataille contre le perfide Kassisan, et les trois femelles qui avaient sauvé la vie de Torak et Jazin Ja Kel Coradon, deux des trois membres régnants de la maison de Kassis, étaient une coïncidence qu’il ne pouvait ignorer. Non seulement il y avait trois grandes guerrières, mais elles avaient joué un rôle crucial pour sauver la maison de Kassis et avaient ramené un groupe de guerriers insolites, dont une femelle qui ressemblait étrangement à…

— Notifiez la commandante Rue que je veux la voir immédiatement, ordonna soudain Ristéard. Je veux aussi toute information que Dedeis Rue et son épouse sont parvenus à déchiffrer sur les tablettes anciennes.

Andras inclina la tête avant de partir vers la porte. Alors qu’elle s’ouvrait, il s’arrêta et regarda Ristéard, sourcils froncés. Il observa une nouvelle fois l’hologramme.

— Comment envisagez-vous de découvrir si c’est réellement l’impératrice qui sauvera notre monde ? Et si elle n’accepte pas de nous aider ?

Ristéard se détourna de l’image avec un air renfrogné.

— Elle acceptera, répondit-il avec arrogance.

— Comment le savez-vous ?

Une lueur déterminée brilla dans ses yeux.

— Parce qu’elle n’aura pas d’autre choix. Elle nous aidera, même si je dois l’enlever pour qu’elle le fasse.

Andras resta silencieux un moment avant qu’un sourire n’étire involontairement ses lèvres. Les choses semblaient sur le point de devenir très intéressantes… d’une façon ou d’une autre. Soit ils découvriraient qu’ils avaient trouvé l’impératrice de l’Illumination d’Elpidios annoncée par la prophétie, soit une guerre éclaterait avec les Kassisans. Quoi qu’il en soit, la vie du peuple d’Elpidios et de leur grand dirigeant changerait.

— J’ordonnerai à la commandante Rue de venir immédiatement et d’apporter toute information qu’elle possède. Et je préviendrai Emyr, Sadao et Harald qu’ils doivent se préparer pour une mission secrète.

Ristéard acquiesça d’un signe de tête. Il se laissa lentement tomber sur le grand fauteuil derrière son bureau, les yeux rivés sur l’image de Ricki Bailey. Pendant un instant, un sentiment d’indécision le traversa. Le refoulant, il se pencha en avant et saisit une commande sur la console sur son bureau.

Une deuxième image apparut, celle des tablettes antiques que Dedeis Rue avait découvertes. Il voulait comparer les informations qu’apporterait la commandante Rue avec celles qu’il avait déjà obtenues. Dans son intérêt, et celui de ses parents, il valait mieux que ce qu’elle lui dirait corresponde ou soit plus détaillé que ce que le dossier contenait déjà.

— Qui es-tu ? marmonna-t-il en étudiant attentivement les deux images. Comment est-ce possible ?

Les images étaient presque identiques. La tablette de pierre était délavée et il en manquait une partie, mais les traits étaient si semblables que l’on aurait cru que Ricki Bailey avait posé pour la gravure voilà deux mille ans. S’il y avait bien une chose qu’il n’aimait pas, c’était les questions sans réponse. En entendant un petit coup à la porte, il lança :

— Entrez.

Une femme bleue élancée entra dans la pièce, un sourire sensuel aux lèvres. Elle était vêtue de la robe traditionnelle que portaient la plupart des femmes. Elle était enroulée autour de son corps, formant un pli sur une délicate épaule bleue, et était retenue par une grosse broche noire. Il fronça les sourcils quand elle ferma la porte et détacha la broche.

— J’ai entendu dire que vous étiez revenu, murmura-t-elle. Je suis là pour vous donner du plaisir, Monsieur le grand dirigeant.

Chapitre 3

Ricki parcourut le chapiteau du regard à la recherche de son père. Un sourire courba ses lèvres quand elle le vit en train de parler avec Stan, le génie de l’informatique derrière la majeure partie de leurs numéros. Stan était très gentil et essayait de la convaincre de sortir avec lui depuis un an.

Le problème, c’était qu’elle avait une règle très stricte en ce qui concernait les relations avec des membres du cirque. Elle voulait s’assurer que la personne avec qui elle sortait s’intéressait à elle et pas à la fortune de ses parents. Cela leur compliquerait également la vie si la relation ne fonctionnait pas. Comme elle n’avait aucune intention de quitter le cirque, elle devrait vivre avec son ex, ou la personne devrait partir.

Ricki se voyait comme quelqu’un de très calme et logique qui envisageait tous les scénarios possibles. En se basant sur la probabilité qu’une telle relation échoue, elle avait décidé qu’éviter toute sorte de rapports personnels avec les hommes qui voyageaient avec eux était le meilleur moyen de maintenir un environnement sain dans sa vie professionnelle et privée. Étant donné que cela lui laissait seulement ceux qui n’étaient pas associés avec le cirque, qui était constamment sur la route, elle n’avait jamais eu de relations amoureuses à proprement parler. Oh, elle avait eu des rencards à l’occasion avec des gars rencontrés pendant leurs voyages, mais elle avait rapidement découvert qu’ils étaient plus épris de son style de vie que d’elle. Cette prise de conscience s’accompagnait souvent de la perte de tout espoir qu’il y aurait d’un deuxième rendez-vous.

Non, pensa-t-elle, son visage prenant le masque serein qu’elle affichait toujours quand elle se sentait complexée, les choses ne sont plus les mêmes.

Se tournant, elle sourit à Jo Strauss, ou Jo Ja Kel Coradon, comme elle s’appelait à présent. Jo était sa meilleure amie, et la seule qui savait et comprenait réellement que Ricki se sentait souvent inadaptée. Elle n’était pas talentueuse comme Jo et sa sœur cadette, Star. Elle ne pouvait pas fendre l’air, lancer des couteaux comme River Knight-Ja Kel Coradon, écrire des programmes complexes comme Stan, ni faire les centaines d’autres choses que ses amis et sa famille adoptive du cirque pouvaient faire. Elle était douée dans deux domaines : l’organisation et s’occuper des nombreux problèmes complexes qu’apportaient les déplacements d’un cirque de cette taille.

Son sourire s’élargit lorsqu’elle vit Marvin et Martin, les deux mimes qui s’étaient avérés être des extraterrestres, arrêter Manota Ja Kel Coradon, le mari de Jo. Ils l’avaient toujours fascinée. Ils étaient si doués qu’elle se retrouvait souvent absorbée par leurs facéties. Avoir découvert qu’ils n’étaient pas humains n’avait pas changé son opinion à leur égard. Ils n’en étaient que plus à leur place dans le cirque. Ses parents avaient accueilli une telle ribambelle de marginaux et d’âmes en peine au fil des années qu’ils faisaient partie de la norme.

De qui je me moque ? pensa Ricki en soupirant. Je suis aussi marginale que le reste. C’est peut-être pour ça que je ne veux jamais quitter le cirque.

Quand elle avait cinq ans, ses parents lui avaient expliqué comment elle était entrée dans leur vie. À cette époque, elle était presque aussi grande que sa mère. Elle se rappelait lui avoir demandé pourquoi elle était leur ressemblait si peu.

— Maman, pourquoi j’ai les cheveux blonds et papa et toi vous avez les cheveux bruns ? Star et Jo ressemblent à leurs parents, mais moi je vous ressemble pas du tout.

Sa mère avait regardé son père pendant plusieurs longues secondes, puis lui avait tendrement pris la main et l’avait fait s’asseoir. Ricki se souvenait de sa mère lui racontant comment elle l’avait trouvée sur les marches de leur caravane. Elle avait écouté attentivement, hochant la tête alors que ses parents lui disaient qu’elle était un merveilleux cadeau et qu’ils l’aimaient énormément.

— Tu crois qu’ils vont revenir me chercher ? avait-elle demandé, effrayée. Si on continue à déménager, ils vont pas pouvoir me trouver, hein ? Je veux pas qu’ils m’emmènent loin de papa et toi.

Nema l’avait attirée dans ses bras et avait serré son corps tremblant.

— Oh, Ricki. Non, Ricki, on ne les laisserait jamais t’emmener. Tu es notre petite fille, n’est-ce pas, Walter ? Tu es notre fille !

— Un peu, mon neveu, avait-il assuré d’une voix bourrue. On est tes parents, Ricki. Et laisse-moi te dire une chose, chaque membre de ce cirque se battrait pour te garder. Tu seras toujours notre petite fille, quoi qu’il arrive !

Elle avait relevé le menton d’un air obstiné.

— T’as bien raison, papa. Je veux jamais vous quitter, maman, toi et le cirque !

Ricki gloussa doucement au souvenir de sa réponse farouche. Elle avait surpris ses parents et elle-même, mais c’était à ce moment qu’elle avait su qu’elle ne quitterait jamais le cirque. Chaque membre l’acceptait comme elle était : juste Ricki, une fille simple et ordinaire. Ils se fichaient qu’elle ne puisse pas faire toutes les choses merveilleuses et magiques qu’ils faisaient. Ils l’aimaient pour qui elle était… une fille timide, logique, organisée et pragmatique. Jo la tira de sa rêverie.

— Ricki !

— Salut, Jo.

Ricki pouffa en entendant Manota pousser un grondement bas lorsque Marvin sortit une longue écharpe de son oreille.

— J’espère que Manota ne va pas les tuer.

Jo laissa échapper un rire nasal et lança un regard énamouré vers son compagnon.

— Tu te moques de moi ? Après ce en quoi ils se sont transformés il y a quelques semaines ? Je ne crois pas que quoi que ce soit puisse les tuer.

Ricki sourit quand Martin se tourna vers elle. L’expression de la jeune femme s’adoucit devant la question intense dans ses yeux. C’était comme s’il essayait de jauger sa réaction. Elle inclina légèrement la tête pour lui faire savoir que leur nouveau statut d’extraterrestres résidents du cirque ne la dérangeait pas.

— Comment va Thea ? demanda doucement Ricki. Elle était très contrariée. Elle leur a pardonné ?

Jo secoua la tête et poussa un soupir.

— Je ne crois pas. Elle ne parle pas beaucoup, mais à mon avis, ce n’est pas d’avoir découvert que les hommes qu’elle aime ne sont pas ce qu’elle croyait qui l’a blessée. Je pense que ce qui la dérange le plus, c’est qu’ils ne lui aient rien dit.

Ricki acquiesça, observant les deux frères alors qu’ils quittaient silencieusement le chapiteau.

— Je crois qu’ils ont fini de taquiner ton mari.

— Je leur ai demandé de le retenir s’il me poursuit, avoua Jo avec une lueur amusée dans les yeux. Depuis qu’il a découvert que je suis enceinte, il essaye de m’enfermer à double tour. Il est terrifié à l’idée que je fasse quoi que ce soit.

Ricki esquissa un sourire teinté de tristesse.

— Va le voir, murmura-t-elle. Il veut seulement te protéger. C’est évident qu’il t’aime énormément.

Jo se tourna vers Manota, qui les fixait, de l’inquiétude et de l’amour dans ses yeux quand il les posait sur la silhouette légèrement arrondie de Jo. Elle opina du chef quand Jo murmura qu’elles se reverraient plus tard. Quelque chose lui disait que cette dernière serait probablement très occupée. Cette simple pensée la fit de nouveau rougir. Elle se demandait comment ce serait d’être tant aimée.

— Tu es aussi belle qu’à l’accoutumée, Ricki, commenta Stan en s’approchant. Quand est-ce que tu vas céder et me laisser t’inviter à dîner ?

Surprise, la jeune femme se tourna. Elle considéra Stan pendant plusieurs longues secondes avant de conclure qu’elle devait prendre une décision. Elle n’était plus sur Terre. Si elle voulait se mettre en couple, n’était-ce pas mieux que ce soit avec quelqu’un qu’elle connaissait, respectait et en qui elle avait confiance ? Stan remplissait tous ces critères. Bien qu’il n’emballe pas son cœur comme…

Écartant ses pensées du chemin qu’elles empruntaient, elle répondit soudainement :

— Et si on disait ce soir ? Enfin, si…

— Ce serait génial, accepta immédiatement Stan avec un sourire décontracté. Je passerai à ta caravane avant la tombée de la nuit. J’ai trouvé un super endroit en ville.

Ricki acquiesça d’un signe de tête, remonta ses lunettes et sourit nerveusement.

— Ça a l’air top. J’ai hâte de te voir ce soir. Si tu veux bien m’excuser, je dois discuter avec mon père. À plus tard.

Elle le regarda s’éloigner et se diriger vers l’un des clowns, qui s’occupait du gréement et avait besoin d’aide. Elle refusait de prêter attention aux palpitations dans son ventre. Il était grand temps qu’elle décide ce qu’elle voulait faire de sa vie. Stan avait prouvé qu’il était fiable, gentil, attentionné. En outre, elle doutait fortement que les devises de la Terre soient acceptées ici ; la fortune de ses parents n’avait donc plus d’importance.

— Papa, il faut qu’on parle de quelques trucs si tu as un moment, appela Ricki.

Walter lança un regard vers Ricki et sentit une vague de fierté et d’inquiétude avant de se reconcentrer sur Marcus. L’extraordinaire magicien était en réalité un maître du vol à la tire et un arnaqueur qui avait appris les ficelles du métier dans les rues de Las Vegas. Il n’était qu’un parmi des dizaines d’autres qui avaient gravité autour du cirque, à la recherche d’une vie qui les protégerait de leur passé et leur fournirait l’excitation dont ils avaient besoin. Il hocha la tête.

— J’arrive, Ricki. Marcus, vérifiez demain comment tout le monde va, Stan et toi. C’est encore nouveau pour tout le monde et je sais que certains scientifiques vont venir examiner nos animaux.

Marcus grogna et fit la grimace.

— Tu sais combien Katarina est protectrice envers ses fauves, Walter. Il y a autant de chances qu’elle leur dise de manger les extraterrestres qu’elle les autorise à s’approcher de ses bébés.

— Eh bien, assurez-vous qu’elle ne fasse pas ça, gronda Walter en se détournant. Dites-lui de contrôler ces maudits félins et que manger nos hôtes ne contribuera pas à nous faire accepter.

— Bon sang, grommela Marcus. Je déteste devoir m’occuper de cette Russe folle. Elle lance toujours un de ces satanés fauves à ma poursuite.

Stan, qui aidait l’un des clowns avec du matériel, se frotta les mains.

— Ouais, eh bien, elle ne le ferait pas si elle ne t’avait pas surpris en train d’essayer de fourrer le bébé ocelot dans une de tes boîtes de disparition, fit-il remarquer. Je t’avais prévenu qu’elle est très protectrice envers eux.

Walter secoua la tête alors que les deux hommes quittaient le chapiteau. Marcus avait raison, Katarina Danshov était extrêmement difficile en ce qui concernait sa ménagerie de compagnons félins, à tel point qu’elle n’allait jamais nulle part sans au moins l’un d’entre eux. Il ne remettait pas en question sa capacité à les contrôler. Maintenant qu’il savait que les extraterrestres existaient vraiment, il en avait conclu que ce n’était pas si étrange.

— Qu’est-ce qu’il y a, mon cœur ? demanda-t-il à Ricki. Je te jure, tu deviens de plus en plus belle à chaque jour qui passe. Quand vas-tu te trouver un jeune homme ? Tu sais que ta mère a hâte d’avoir des petits-enfants.

Elle leva les yeux au ciel et pinça les lèvres pour contenir un gémissement. Depuis que River, Star et Jo étaient enceintes, sa mère n’arrêtait pas de faire allusion au fait qu’elle adorerait avoir un petit-fils ou une petite-fille à câliner.

Elle n’arrêtait pas de lui faire remarquer que pour avoir un enfant, il fallait d’abord qu’elle se trouve un mari. Par conséquent, sa mère lui avait envoyé une longue liste de bons partis. Secouant la tête, elle se concentra plutôt sur sa tablette.

— Tu es aussi terrible que maman, grommela-t-elle entre ses dents.

Walter souffla et croisa les bras.

— On ne se fait plus tout jeunes et toi non plus.

Son regard s’adoucit à la vue des joues rougies de sa fille.

— On ne veut pas que tu sois seule, c’est tout, Ricki. Si jamais il nous arrivait quelque chose, à ta mère et moi…

Ricki se tourna brusquement vers son père. De l’inquiétude et de la crainte assombrirent ses yeux bleu vif alors qu’elle l’observait. L’espace d’un instant, elle se mordit la lèvre. L’un d’entre eux était-il malade ? Elle pourrait prendre rendez-vous avec l’un des guérisseurs. La médecine sur cette planète était bien plus sophistiquée que sur Terre. Si quelque chose n’allait pas, les médecins ici pourraient sûrement s’en occuper.

— L’un d’entre vous est malade ? demanda-t-elle d’un ton éraillé. Je peux prendre rendez-vous avec Shavic immédiatement. River dit qu’il est merveilleux.

Walter laissa retomber ses bras le long de ses flancs avant de prendre la main de Ricki pour la rassurer. Secouant la tête, il la guida vers les gradins en aluminium et attendit qu’elle s’assoie. Nema lui avait demandé d’avoir une conversation avec elle.

— Euh, Ricki, ça fait un moment que je veux te parler de quelque chose…

Sa voix était mal assurée alors qu’il marchait de long en large devant elle.

— Ta mère et moi… eh bien… Elle pensait que ce serait peut-être mieux si je te parlais de ça, pour te donner le point de vue d’un homme et tout ça.

Ricki écarquilla les yeux, puis resta paupières mi-closes pour dissimuler son amusement et sa mortification. Quelque chose lui disait qu’elle n’allait pas apprécier ce que son père avait à dire. Elle releva la tête vers son visage quand il s’éclaircit la voix.

— Bon, Ricki, commença-t-il d’un ton gêné. Il y a des choses qui se produisent naturellement dans la vie. Par exemple, un homme qui rencontre une femme ou l’inverse. Lorsqu’un homme trouve une femme attirante, il le montrera de plusieurs façons différentes. S’il sait ce qui vaut mieux pour lui, il fera le bon choix et viendra me demander la permission de te courtiser.