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L’initiative d’un commandant
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Seitenzahl: 374
Veröffentlichungsjahr: 2020
Je voudrais remercier mon mari Steve de croire en moi et d'être assez fier de moi pour me donner le courage de suivre mes rêves. J'aimerais également remercier tout particulièrement ma sœur et meilleure amie, Linda, qui non seulement m'a encouragée à écrire mais a également lu le manuscrit. Et également mes autres amis qui croient en moi : Jennifer, Jasmin, Maria, Rebecca, Gaelle, Angelique, Charlotte, Rocío, Aileen, Julie, Jackie, Lisa, Sally, Elizabeth (Beth), Laurelle, et Narelle. Les filles qui m'aident à continuer !
Et un merci tout particulier à Paul Heitsch, David Brenin, Samantha Cook, Suzanne Elise Freeman, Laura Sophie, Vincent Fallow, Amandine Vincent, et PJ Ochlan, les voix fantastiques derrière mes livres audios !
—S.E. Smith
L’initiative d’un commandant
Projet Gliese 581g, Tome 1
Copyright © 2020 par Susan E. Smith
Publication E-Book en anglais avril 2016
Publication E-Book en français novembre 2020
Couverture par : Melody Simmons et Montana Publishing
Traduit Par : Gaëlle Darde
Relu Par : Charlotte Spender
TOUS DROITS RÉSERVÉS :
Cette œuvre littéraire ne peut être reproduite ou transmise sous quelque forme ou par quelque moyen que ce soit, y compris la reproduction électronique ou photographique, en tout ou en partie, sans l'autorisation écrite expresse de l'auteur.
Tous les personnages et événements de ce livre sont fictifs ou ont été utilisés de façon fictive, et ne doivent pas être interprétés comme étant réels. Toute ressemblance avec des personnes vivantes ou décédées, des événements réels ou des organisations est strictement fortuite et n'est pas voulue par l'auteur.
Résumé : Une équipe internationale quitte la Terre pour enquêter sur un mystérieux objet dans notre système solaire qui a clairement été fabriqué par quelqu’un, quelqu’un qui ne vient pas de la Terre.
ISBN : 9781952021541 (livre de poche)
ISBN : 9781952021534 (eBook)
Science-Fiction | Exploration Spatiale | Guerres Galactiques | Romance (sans contenu explicite)
Publié par Montana Publishing, LLC
& SE Smith de Florida Inc. www.sesmithfl.com
Résumé
Prologue
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18
Chapitre 19
Chapitre 20
Chapitre 21
Chapitre 22
Chapitre 23
Chapitre 24
Chapitre 25
Chapitre 26
Chapitre 27
Chapitre 28
Notes
Plus de livres et d’informations
À propos de l’auteur
À la recherche de réponses que nous ne sommes pas encore prêts à entendre…
La carrière du lieutenant commander Joshua Manson l’a mené en de nombreux lieux, mais jamais là où il a toujours rêvé d’aller : dans l’espace. Ses méthodes parfois controversées lors des missions lui ont valu la réputation de n’en faire qu’à sa tête, ainsi, lorsque Josh reçoit une convocation à Washington, D.C. après une mission difficile, il redoute de bientôt voir sa carrière toucher à sa fin. Pourtant, une fois sur place, Josh se voit offrir une opportunité unique, le commandement d’une mission ayant pour but d’enquêter sur un objet inconnu dans l’espace. Plus il en apprend, plus il est déterminé à le faire, même si cela signifie un aller simple sans retour possible.
La famille de Cassa de Rola a vécu pendant des siècles dans la paisible vallée dans laquelle leur ferme est implantée. Elle espère de tout cœur que leur vallée restera paisible, mais avec l’agitation grandissante entre les forces intergalactiques, il est peu probable que sa famille soit épargnée plus longtemps. Lorsqu’un objet insolite tombe du ciel et que Cassa découvre un mâle étrange dans la boîte, elle sait que l’accueillir va mettre en danger les vies de tous ceux qui lui sont proches, mais elle ne peut le laisser sans défense.
Les forces militaires des deux camps sont déterminées à découvrir les origines de la capsule de survie qui s’est écrasée dans la ferme de Rola et à retrouver quiconque était à l’intérieur. Une réaction en chaîne s’ensuit, et quand le combat entre la Légion et l’Ordre Vaillant dégénère en une guerre totale, un nouveau leader rebelle qui va changer la galaxie, et la vie de Cassa, pour toujours émerge des étoiles.
Auteur de renommée internationale, S. E. Smith nous présente une nouvelle histoire pleine d’action et d’aventure. Débordant de l’humour qui la caractérise, de paysages éclatants et de personnages attachants, il est certain que ce livre deviendra un nouveau favori des fans !
Science-Fiction | Exploration Spatiale | Guerres Galactiques | Romance (sans contenu explicite)
Vingt ans plus tôt :
Centre spatial Kennedy, Floride :
Joshua Manson était debout dans les tribunes en face de l’aire de lancement, absolument stupéfait, le regard rivé sur le ciel au-dessus de lui. Des larmes lui brûlèrent soudain les yeux, mais pas à cause du soleil brillant ou du vent froid qui essayait de transpercer sa veste, cependant. Non, c’était à cause de l’étrange traînée à la suite de la fusée qui était censée emmener son père dans l’espace pour la dernière fois que ses yeux le brûlaient.
Après presque dix-huit ans de vie commune, son père et lui avaient connu des mésententes à l’occasion ; enfin, peut-être plus qu’occasionnellement, mais toujours était-il qu’il n’avait jamais manqué un des décollages de son père. Même la dispute qu’ils avaient eue la veille pour savoir si Josh devait finir ses études à l’université avant de rejoindre l’armée ne l’avait pas empêché de venir soutenir silencieusement son père.
Ce dernier voulait qu’il passe d’abord son diplôme et qu’ensuite il rejoigne la marine. Josh voulait s’engager dans l’armée en même temps que son meilleur ami, Ashton Haze, afin qu’ils puissent continuer à faire des choses ensemble. C’était une dispute idiote.
Josh ne savait pas vraiment ce qui l’avait déclenchée. C’était comme si un drapeau rouge était apparu devant son visage quand son père avait commencé à parler au téléphone la veille au soir. Ils s’étaient disputés à propos de tout. À présent, il aurait voulu pouvoir retirer les mots durs qu’il avait eus ; des mots qu’il ne pensait pas réellement. La douleur le transperça à cette idée. Il regarda fixement le ciel avec un sentiment croissant que son esprit lui jouait des tours.
— Je suis vraiment désolé, murmura une voix derrière lui.
Josh resta stupéfié, acceptant la compassion d’un signe de tête, bien que les mots ne puissent pas pénétrer ce que son esprit comprenait. La navette spatiale avait disparu, explosant en une boule de feu laissant des traînées de cristaux de glace dans son sillage alors qu’elle tombait dans l’océan en contrebas. Le bruit de pleurs résonnait autour de lui.
Il sursauta en sentant une main sur son bras. Il cligna des yeux dans une tentative pour se concentrer et vit un membre du personnel de sécurité de la NASA debout à côté de lui, une expression sinistre sur le visage. L’homme dit quelque chose, mais l’esprit de Josh ne parvint pas à déchiffrer ce qu’il disait. Ce ne fut que lorsque l’homme répéta sa demande que Josh hocha la tête en signe de compréhension.
— Suivez-moi.
Hébété, Josh descendit les étroites marches des gradins, son regard volant vers les vestiges de la navette qui venait d’effectuer son dernier voyage. D’autres membres des familles de l’équipage étaient guidés vers un grand bus. Il attendit que plusieurs personnes devant lui soient entrées avant de monter les marches, la chaleur à l’intérieur du bus l’étouffant presque.
Se glissant sur un siège vide, il regarda fixement par la fenêtre tintée. Son père était parti. Le dernier membre de sa famille. Il était seul au monde, il n’avait plus personne, excepté son meilleur ami, Ash. Il baissa brusquement les yeux en sentant son téléphone portable vibrer. Il l’ouvrit et le regarda, reconnaissant le numéro d’Ash. Il appuya sur le bouton pour décrocher et leva le téléphone à son oreille.
— Est-ce que c’est vrai, mec ? demanda Ash d’une voix légèrement rauque.
— Oui, répondit Josh d’un ton tendu.
— Je suis désolé, finit par dire Ash avec un soupir. Je suis là pour toi.
— Je sais, marmonna Josh, baissant les yeux afin de ne pas voir la longue ligne de voitures et les gens qui restaient à discuter de ce qui venait de se produire. Merci.
— Je suis sincère, dit franchement son ami.
— Je sais, répondit Josh, fermant les yeux. On parlera plus tard.
— D’ac. Accroche-toi.
Josh appuya sur le bouton rouge. Il sentit sa réaction au choc le frapper telle une vague scélérate. Ouvrant les yeux, il regarda la tour squelettique de l’aire de lancement au loin. Son père adorait être un astronaute. Il lui avait un jour dit qu’il n’y avait rien de tel que voir la Terre du dessus pour pouvoir apprécier combien on était seuls et isolés dans l’immensité de l’espace. En cet instant, cet espace semblait grand, effrayant et vide aux yeux de Josh.
— Au revoir, murmura-t-il quand la première vraie vague de chagrin le frappa. Ah, merde. Je t’aime, papa. J’espère que tu le sais. Je t’aime, s’étrangla-t-il, fermant les yeux lorsqu’une violente vague de douleur le traversa.
Dix ans plus tard :
À l’extérieur de Flagstaff, Arizona :
— Est-ce que tu as besoin de quoi que ce soit d’autre, papa ? demanda Julia Marksdale en entrant dans l’observatoire.
— Non, merci. J’ai tout ce dont j’ai besoin pour le moment, répondit Harry Marksdale d’une voix distraite.
Julia secoua la tête et soupira. Son père avait été distrait cette dernière semaine. Elle gloussa en voyant qu’il avait accidentellement mis les restes de son sandwich dans sa tasse de café plutôt que dans l’assiette. Il était penché sur l’ordinateur devant lui et l’étudiait, les sourcils froncés.
— Qu’est-ce qui ne va pas ? demanda-t-elle en s’approchant pour se tenir derrière lui.
Julia regarda son père se passer une main sur le visage et se pencher en arrière pour lever des yeux fatigués vers elle. Il secoua la tête et poussa un soupir las. Elle tendit la main et lui toucha l’épaule quand il ferma les yeux un instant.
— Je ne sais pas, admit-il d’une voix fatiguée, ouvrant lentement les yeux pour la regarder. Ce n’est peut-être rien. Il faut que je prenne d’autres photos et que je les examine.
— Tu étudies toujours le système de Gliese ? demanda Julia, rapprochant une petite chaise en métal pliable de la table où plusieurs ordinateurs différents étaient branchés.
— Oui, répondit Harry en adressant un sourire distrait à sa fille avant de se tourner pour l’étudier un moment. Tu ressembles tant à ta mère quand elle avait ton âge.
Julia résista à l’envie irrésistible de lever les yeux au ciel comme elle le faisait adolescente. Il disait des choses de ce genre plus fréquemment ces temps-ci. Elle commençait à penser que le manque de sommeil lui faisait un peu perdre la tête.
À vingt-deux ans, elle avait l’habitude d’être celle qui prenait soin de lui. Sa mère les avait quittés alors qu’elle avait dix ans. Le désert à l’extérieur de Flagstaff en Arizona n’était pas l’endroit où sa mère, Carry Marksdale, voulait passer le reste de sa vie. Le fait que son père passait plus de temps à regarder les étoiles que son épouse n’avait pas aidé. Quand sa mère lui avait donné le choix de partir ou de rester, Julia avait choisi de rester. Elle aimait le désert et les étoiles autant que son père. En fin de compte, elle soupçonnait sa mère d’avoir été soulagée, car les seules fois où elle entendait parler d’elle, c’était pour son anniversaire.
— Alors, qu’est-ce que tu étudies si intensément ? demanda plutôt Julia en regardant les images floues sur l’écran.
Harry se retourna vers le moniteur et fronça les sourcils.
— Je ne sais pas vraiment, admit-il. Ce n’est peut-être rien. J’attends la livraison d’un nouveau télescope, alors j’espère que ça aidera.
Julia leva les yeux vers le vieux télescope Cassegrain quatorze pouces. C’était actuellement le plus grand télescope que possédait son père. Les deux autres étaient un plus petit télescope de huit pouces et une lunette astronomique. Ils se trouvaient chacun dans un autre plus petit observatoire sur la propriété.
— Je t’aiderai à l’installer demain soir quand j’en aurai terminé avec le cours que je donne, dit Julia avec un sourire. Est-ce qu’il te reste beaucoup de choses à faire ce soir ? J’allais préparer quelque chose pour le dîner.
Harry regarda l’écran d’ordinateur en soupirant avant de lui sourire. L’espace d’un instant, elle vit ses yeux se voiler comme s’il s’était à nouveau perdu dans ses pensées, quelles qu’elles fussent, avant qu’ils ne s’éclaircissent. Son sourire en coin lui dit qu’elle avait remporté la bataille contre les étoiles cette fois.
— Je monterai dans quelques minutes, promit-il avec un sourire affectueux. Je dois simplement tout vérifier une dernière fois avant.
Julia se leva de la chaise et se pencha pour déposer un baiser sur le front de son père. Elle soupira et prit les restes de son déjeuner dans le vieux café. Un petit rire lui échappa quand elle vit la grimace qui traversa son visage.
— Si tu ne viens pas, je reviendrai, dit-elle en secouant la tête. Je t’aime, papa.
— Je t’aime aussi, ma chérie, répondit distraitement Harry, déjà perdu dans ce qu’il faisait.
Julia regarda une dernière fois l’écran d’ordinateur, un pli lui barrant le front. Son père était un excellent astronome. Non seulement il enseignait l’astronomie et dirigeait le programme du planétarium avec les étudiants de premier cycle de la Northern Arizona University1, mais il avait aussi une impressionnante installation privée. Elle avait récemment terminé son doctorat en astronomie et physique, enseignait à l’université et travaillait comme bénévole à l’observatoire Lowell. Son amour de l’univers avait été nourri par les histoires fascinantes que son père lui avait racontées quand elle était enfant.
— À tout de suite, papa, dit-elle à nouveau.
Harry regarda fixement les photos affichées sur l’écran avant que son regard ne se pose sur les images brillantes qu’il avait imprimées plus tôt. Il avait déjà oublié sa promesse à Julia de ne pas être très long. Prenant l’oculaire dont il se servait pour grossir les objets sur la feuille devant lui, il se pencha en avant et regarda la tache sur la photo. Il fit de même avec la centaine d’autres photos qu’il avait prises ces derniers mois.
— Demain, j’aurai une meilleure occasion de voir ce que tu es, murmura-t-il, se refonçant dans son siège et fixant l’écran d’ordinateur du regard.
Il se leva avec raideur de sa chaise lorsque son estomac gronda, et se tourna vers la porte. Il reviendrait pour quelques heures après le dîner. Le télescope et la caméra étaient déjà installés. Il n’aurait plus qu’à traiter les images le lendemain.
Marquant une pause à la porte de l’observatoire, il laissa son regard dériver une dernière fois vers les images. Il y avait quelque chose ; quelque chose qui n’était pas naturel et pas censé être là. Il le sentait en son for intérieur. Il devait seulement trouver plus de preuves.
Huit ans plus tard :
Pentagone, Washington, D.C. :
Le lieutenant commander2Joshua Manson coinça son chapeau sous son bras alors qu’il pénétrait dans l’entrée principale du Pentagone et traversait le point de contrôle de sécurité. Il y en aurait plusieurs autres avant qu’il atteigne sa destination. Les mesures de sécurité continuaient d’être renforcées tandis que la guerre contre le terrorisme empirait ; une guerre qu’il avait récemment vue de ses propres yeux.
Il regardait droit devant lui à mesure qu’il progressait dans le couloir, tournant à droite à l’intersection principale. Il passa devant les Bureaux des Employés Administratifs de l’Armée, remarquant les changements qui avaient été apportés au cours de l’année passée. Un rapide coup d’œil à sa montre lui apprit qu’il parviendrait à arriver à l’heure à sa réunion. Il parcourut brièvement du regard les différents membres du personnel qu’il dépassait dans les couloirs, mais ne reconnut personne. Tournant à droite, il se retrouva bientôt devant un escalier qui le ferait descendre de plusieurs étages.
Les incessantes rénovations du Pentagone rendaient difficile l’accès au département de la marine. Il avait abandonné l’idée d’essayer de mémoriser l’agencement intérieur du bâtiment. Chaque fois qu’il pensait avoir tout retenu, il découvrait que le nouveau commandant en chef avait ordonné de faire des changements. Il ne serait pas surprenant qu’un escalier se termine abruptement ou qu’un couloir ne mène nulle part.
— Josh, appela quelqu’un derrière lui.
Il se tourna et vit un visage familier. Il arqua un sourcil en patientant. Ashton « Ash » Haze traversa le couloir dans sa direction, une expression inquiète sur le visage. Le nœud dans l’estomac de Josh commença à se resserrer. Si Ash était inquiet, cela signifiait que tout le monde devrait s’inquiéter. Son ami était connu pour être du genre à ignorer les soucis et à profiter de la vie.
— Qu’est-ce que tu fais ici ? demanda Josh quand il s’arrêta devant lui. Je croyais que tu étais en permission et que tu étais rentré chez toi.
— J’étais chez moi, mais on m’a appelé pour me dire de venir ici, répondit Ash en haussant les épaules. Je croyais que les choses se calmeraient maintenant que l’enquête est terminée.
Les lèvres de Josh se pincèrent fermement.
— Pareil, répondit-il d’un ton léger avant de se retourner pour reprendre sa route. Tu ne m’as pas dit pourquoi tu es là.
Ash haussa les épaules.
— L’assistant de l’amiral Greenburg m’a envoyé une notification. Il n’y avait pas d’explication, elle disait simplement que je devais faire l’honneur de ma charmante présence à l’amiral. J’ai fait beaucoup de choses idiotes dans ma vie, en te suivant, pour la plupart, mais désobéir à un ordre direct d’un amiral n’est pas sur ma liste, rétorqua-t-il avec un sourire décontracté. Et toi ? Je m’attendais à ce que tu sois de corvée de latrines après la façon dont le capitaine Horne t’a démoli.
— Nous… Il nous a démolis tous les deux. Il ne menaçait pas que moi, si tu te souviens bien ? répondit Josh avec un sourire avant qu’il ne s’efface. Il comprend que nous n’avions pas le choix. Notre mission était de protéger l’avion que nous escortions et c’est ce qu’on a fait.
— Mais ça ne veut quand même pas dire que ça n’a pas causé d’incident international, répondit sèchement Ash alors qu’ils tournaient à gauche avant de tourner immédiatement à droite pour rejoindre les bureaux administratifs de la Navy.
Josh hocha la tête avant d’ouvrir la porte. Son esprit repassa rapidement la récente enquête à cause de laquelle Ash et lui avaient été interdits de vol. Ils assuraient un service d’escorte militaire pour un groupe de dignitaires quand deux avions de chasse étaient apparus sur leur radar. Leurs efforts répétés pour prévenir les aéronefs qu’ils devaient s’éloigner s’étaient avérés vains, alors Ash et lui avaient ouvert le feu. Les avions de chasse avaient été volés dans une base militaire secrète en Arabie saoudite. Le problème avait été révélé lorsque les informations du monde entier avaient crié à qui voulait l’entendre que les États-Unis avaient attaqué deux avions de chasse alliés.
Ça aurait été bien si les médias avaient pu raconter l’histoire en entier plutôt que celle qui créerait le plus de controverse afin de pouvoir vendre du temps publicitaire, pensa amèrement Josh.
Leurs vies, à Ash et lui, étaient « en pause » depuis six mois, en attendant que l’enquête soit terminée. Afin de cacher les problèmes de sécurité, les vrais détails des découvertes étaient scellés. Malheureusement, Ash et lui étaient tous les deux interdits de vol jusqu’à ce que le Sénat dévoile les conclusions définitives.
Josh s’approcha du bureau d’accueil et tendit son badge de sécurité à la femme qui y était assise. Elle le passa dans la machine avant de prendre celui que lui tendait Ash. Elle resta silencieuse pendant plusieurs longues minutes alors qu’elle regardait fixement l’écran d’ordinateur devant elle, puis elle leur adressa un bref sourire poli.
— Je vais prévenir l’assistant de l’amiral de votre présence, dit-elle. Asseyez-vous.
Josh hocha brièvement la tête tandis qu’Ash lui fit un de ses signes de tête décontracté à la « c’est un plaisir de vous rencontrer ». La femme ignora ostensiblement le sourire aguicheur d’Ash et se reconcentra sur ce qu’elle faisait avant qu’ils n’entrent. Un sourire narquois se dessina sur les lèvres de Josh à la vue de l’expression peinée de son ami. Il n’avait pas manqué la légère marque de bronzage autour de l’annulaire de la main gauche de la femme ni l’air légèrement hostile dans ses yeux marron foncé.
— Je dois perdre la main, se plaignit Ash en allant s’asseoir à côté de Josh.
Ce dernier se pencha en arrière et ferma les yeux un moment. La douleur lancinante dans sa tête empirait. Il avait pris l’avion tôt ce matin-là et n’avait dormi que quelques heures. Il entrouvrit une paupière et vit l’air calculateur dans les yeux d’Ash alors qu’il fixait la réceptionniste.
— Oublie, murmura Josh. Les hommes ne sont pas dans ses bonnes grâces en ce moment.
Ash se pencha en arrière et croisa les bras. Josh sentait qu’un pli barrait maintenant le front de son ami tandis qu’il regardait fixement la femme. Il jeta un coup d’œil à Josh et se renfrogna.
— Bon, comment tu le sais ? grommela Ash.
Josh secoua la tête, ouvrit les yeux et braqua son regard sur son ami.
— On pourrait croire que tu aurais appris à chercher les indices, répondit-il sèchement. L’annulaire de sa main gauche a encore la marque de bronzage et la trace de son alliance. Elle vient de la retirer. Je suppose que si tu regardais dans le tiroir de son bureau, ou encore mieux, dans la poubelle, tu la trouverais.
— Elle l’a peut-être enlevée pour se laver les mains et elle a oublié de la remettre, déduisit Ash.
Josh secoua la tête.
— Non, elle l’a enlevée délibérément. La trace sur son doigt montre qu’elle ne l’enlevait pas souvent. Elle est aussi plus maquillée que d’habitude. La photo sur son badge et celle sur le mur derrière le bureau montrent qu’elle ne met généralement que peu de maquillage. Sa lèvre inférieure est également gonflée, comme si elle l’avait mordue à maintes reprises, et ses yeux sont rouges car elle a pleuré. En plus, elle a récemment changé la photo sur son bureau. Elle y avait une photo de son mari avant. Maintenant, il y a une photo d’un chien, mais elle est tordue sous le verre. Si tu regardes attentivement, tu verras une tache d’encre dessus. Le chien n’est pas à elle, au fait. Il n’y a pas de poils de chien sur son uniforme, ajouta-t-il.
— Parfois, je déteste vraiment ta capacité à remarquer jusqu’au moindre détail. La chasse n’a plus rien d’amusant avec toi, marmonna Ash avant de regarder à nouveau la femme. Quels autres indices tu as vus, Sherlock ?
Un petit rire échappa à Josh et il secoua une nouvelle fois la tête.
— Elle a pincé les lèvres quand tu lui as souri. Je te jure, si elle avait un flingue, tu aurais une bastos dans le cul à l’heure qu’il est, dit-il. Non, je suspecte son mari de s’être finalement fait prendre la main dans le sac pendant qu’il la trompait et qu’elle l’a jeté dehors.
Ash soupira.
— Je déteste l’admettre, mais tu as probablement raison… une fois de plus.
Il poussa un petit grognement lorsque le téléphone sonna et que la réceptionniste décrocha. Elle cracha quelques mots crus avant de raccrocher le téléphone avec un léger fracas.
— Bien sûr, je reste ouvert à l’idée de l’aider à oublier sa déception amoureuse. Je sais très bien réconforter les gens.
Josh était sur le point de répondre quand la porte menant aux bureaux internes s’ouvrit soudain. Un jeune yeoman3 à l’air crispé se tenait sur le seuil. Josh se leva au moment où l’homme se tourna vers eux.
— Commandant Manson, Commandant Haze, l’amiral Greenburg est prêt à vous recevoir, dit le jeune homme.
Ash se leva derrière lui. Le yeoman resta immobile alors qu’Ash et lui passaient la porte. Une fois qu’ils furent entrés, l’homme pivota sur ses talons et les guida à travers une série de bureaux intérieurs jusqu’à ce qu’il s’arrête devant la somptueuse porte en bois sombre sur laquelle se trouvait le nom de l’amiral Greenburg. Le yeoman l’ouvrit et annonça leur arrivée.
Josh entra le premier, suivi par Ash. Il entendit le petit bruit sec quand l’assistant personnel de l’amiral ferma doucement la porte derrière eux. Son ami et lui restèrent au garde-à-vous jusqu’à ce que l’amiral lève enfin les yeux plusieurs minutes plus tard. L’esprit de Josh passa rapidement en revue toutes les explications possibles de leur présence, à Ash et lui. Chacune d’entre elles le menait à la même conclusion : ils étaient tous les deux sur le point de voir leur carrière prendre une direction différente de celle à laquelle ils s’attendaient — et cela n’allait probablement pas être un changement positif.
Du haut de ses trente ans, Josh avait treize ans d’ancienneté dans la Navy. Il prévoyait de faire les trente années complètes. Son espoir de rejoindre le programme spatial quelques années plus tôt avait lentement disparu après plusieurs lettres de rejet, mais son amour de l’aviation était toujours aussi fort. Bien qu’il soit un excellent pilote, sa tendance à faire les choses à sa façon lui avait attiré des ennuis plus d’une fois, même s’il avait eu raison la plupart du temps.
— Repos, finit par dire l’amiral Greenburg avec un signe de tête. Asseyez-vous.
Josh s’assit dans l’un des luxueux fauteuils qui avaient été placés devant le bureau et Ash prit l’autre. Il resta crispé sur son siège en attendant que l’amiral prenne la parole. Son regard se posa rapidement sur le dossier ouvert sur le bureau de son supérieur. S’il devait deviner, ce dossier concernait soit Ash soit lui.
L’amiral Greenburg se carra dans son siège et les étudia attentivement pendant plusieurs longues secondes, puis se pencha à nouveau en avant. L’expression sur son visage montrait clairement qu’il n’aimait pas ce qu’il avait sous les yeux ; un autre signe que cette entrevue n’allait pas être plaisante.
— Vous avez tous les deux postulé au programme spatial à plusieurs reprises, pourquoi ? demanda franchement Greenburg.
Josh fronça les sourcils. Il ne s’était pas attendu à une telle question. Il n’était pas souvent pris au dépourvu, mais le début de cette conversation l’avait certainement surpris.
Il haussa les épaules.
— Vous savez que mon père faisait partie du programme spatial, dit-il. Il a participé à trois missions dans l’espace. Cela me semblait simplement naturel de marcher sur ses traces.
Greenburg se tourna vers Ash.
— Et vous ? demanda-t-il.
Josh sentit son ami lui jeter un rapide coup d’œil avant de se reconcentrer sur l’amiral. Une partie de lui voulait sourire à Ash. Il se demandait comment son ami allait répondre à la question : honnêtement ou s’il offrirait une réponse politiquement correcte. Connaissant plus que bien Ash, il doutait que son ami soit capable de se retenir de mettre les pieds dans le plat.
— Josh m’a parié que je ne serais pas accepté, admit Ash.
Ouep, la vérité à chaque fois, pensa Josh.
C’était tout aussi bien ; Ash n’était pas un très bon menteur. Il était un sacré bon pilote et ami, cela dit. C’était grâce à cela qu’ils excellaient en équipe.
— Il a donc perdu ce pari. Vous devez tous les deux vous présenter au Centre spatial Lyndon B. Johnson demain matin, déclara l’amiral Greenburg.
Josh cligna des yeux, surpris. Ash inspira brusquement. Josh se pencha en avant et fixa l’amiral d’un air déconcerté.
— Pourquoi ? demanda-t-il franchement.
L’amiral étudia de nouveau son visage dur pendant plusieurs longues secondes avant de répondre. Ses lèvres étaient pincées. Josh jeta un autre coup d’œil au dossier sur le bureau de l’amiral. Le sous-titre « Famille » était écrit en grosses lettres et en gras en haut de la page. Ni lui ni Ash n’avait de parents vivants. C’était un point commun qui les liait. Ash avait été adopté par une femme âgée, mais elle était décédée voilà presque cinq ans.
— Pour une mission top secret, déclara l’amiral. On m’a demandé de choisir deux candidats qui seraient assez fous pour participer à une mission suicide. Vos noms sont ressortis. Vous découvrirez les détails à votre arrivée demain matin. Mon assistant a pris toutes les dispositions. Vous pouvez partir.
Josh se leva lentement de son siège quand l’amiral ferma le dossier devant lui. La porte s’ouvrit immédiatement, presque comme si le yeoman était resté à écouter derrière. Ash se leva à côté de lui et lui lança un regard déconcerté avant d’adresser un salut à l’amiral et de tourner brusquement les talons. Josh fit de même et le suivit d’un pas plus lent. Il s’arrêta à la porte en entendant son nom.
— Commandant Manson, appela Greenburg.
Josh se tourna.
— Oui, Amiral ? répondit-il.
Celui-ci se leva de son siège et le contourna pour venir se tenir à l’angle de son bureau. Josh remarqua qu’il avait les deux dossiers à la main. Ses yeux remontèrent vers le visage de l’amiral.
— Je connaissais votre père. C’était un homme bien et un excellent astronaute. Il aurait été fier de vous. Quoi qu’il arrive, ne déshonorez pas sa mémoire, ni moi, ordonna Greenburg.
Josh regarda fixement l’amiral un instant avant de répondre.
— Oui, Amiral, dit-il doucement.
Sortant du bureau, il traversa à grands pas le couloir où Ash l’attendait, une expression perplexe sur le visage. Ils attendirent impatiemment alors que l’assistant de l’amiral tendait à chacun un paquet avant d’expliquer qu’ils prendraient un avion militaire pour Houston à cinq cents heures le lendemain matin.
Ils restèrent tous deux silencieux jusqu’à ce qu’ils aient quitté le bureau. Ash lui saisit le bras une fois qu’ils furent dans le couloir. Josh se tourna pour regarder le visage sombre de son ami.
— Qu’est-ce qui se passe, bon sang ? demanda Ash en levant l’enveloppe. Je croyais qu’on allait se faire enguirlander comme pas possible, et au lieu de ça, ils nous envoient soudain rejoindre le programme d’entraînement des astronautes. C’est quoi ce bordel ?
— Je n’en sais pas plus que toi, Ash, répondit Josh, les sourcils froncés, avant de baisser les yeux vers le dossier, puis de relever la tête.
Ash poussa un long soupir et le regarda d’un air renfrogné.
— Quand tu es pris par surprise, je sais qu’on est dans la merde, marmonna-t-il en se détournant. J’ai besoin d’un verre.
— Tu n’es pas le seul, dit Josh. J’ai une chambre au Plaza. On se retrouve au Boundary à mille neuf cents heures.
— Ça me va, répondit Ash tandis qu’ils traversaient le point de contrôle de sécurité. Et, Josh…
Celui-ci s’arrêta et se retourna devant les marches.
— Ouais, répondit-il.
Ash lui adressa un petit sourire.
— Je m’attends à ce que tu découvres ce qui se trame, mec. Tu sais que je n’aime pas être pris par surprise par des conneries de ce genre, répondit-il d’un ton moitié taquin, moitié sérieux.
— Moi non plus, rétorqua Josh avant de se tourner. Mille neuf cents heures. Ne sois pas en retard !
Centre Spatial Lyndon B. Johnson, Houston, Texas : 0800 heures.
Josh tendit la main pour récupérer son badge de sécurité et ramassa le petit sac contenant ses affaires. Son regard balaya l’immense zone d’accueil du complexe avant de se poser sur une femme mûre, qui se dirigeait vers Ash et lui. Elle s’arrêta pour parler avec l’un des gardes tout leur jetant plusieurs coups d’œil avant de hocher la tête.
— Commandant Manson, Commandant Haze, bienvenue au programme spatial. Je m’appelle Lydia Gaines. Je suis l’une des scientifiques supérieurs qui superviseront votre entraînement. Veuillez me suivre, dit-elle avec un sourire chaleureux avant de tendre la main pour prendre les deux badges qu’un agent de sécurité tenait.
Elle se retourna vers eux et lui en tendit un avant de tendre l’autre à Ash.
— Vous devrez les garder sur vous en permanence. Sinon, vous vous retrouverez enfermés dehors.
— Docteur Gaines, pouvez-vous nous dire ce que tout cela signifie ? demanda Josh en fronçant les sourcils. Les informations qui nous ont été données n’étaient guère plus qu’un ordre de nous présenter ici.
Lydia sourit par-dessus son épaule tandis qu’elle passait son badge devant une borne éclairée, puis elle avança. Josh fit de même et la suivit. Ash lui lança un coup d’œil en arquant un sourcil et répéta l’opération.
— Tout vous sera expliqué sous peu, Commandant. Je m’excuse du peu d’informations fourni jusqu’à présent. J’ai, euh, prévu un briefing dans l’heure, lui assura Lydia en s’arrêtant devant une série d’ascenseurs. Je pense qu’il serait préférable que toute l’équipe soit présente.
— L’équipe ? demanda Ash en regardant les portes s’ouvrir.
Josh observa Lydia acquiescer d’un signe de tête et entrer dans l’ascenseur. Il la suivit et se retourna. Ash arqua de nouveau un sourcil à son attention. C’était sa façon de lui demander s’il avait compris quelque chose. Josh secoua la tête de façon quasi imperceptible.
Il alla se tenir au fond afin d’être derrière la femme. Il lui donnait le milieu de la soixantaine. Il la parcourut du regard. Elle portait un pantalon de costume marron et un chemisier rouge foncé avec une large ceinture rouge assortie autour de la taille. Ses pieds étaient chaussés de mocassins marron confortables et assortis à son pantalon. À l’exception de son badge, elle semblait ne rien porter d’autre. Le manque d’informations frustrait Josh.
— Depuis combien de temps êtes-vous à Houston, docteur Gaines ? demanda poliment Josh.
Lydia regarda par-dessus son épaule avec un sourire.
— Presque, euh, dix ans, Commandant, répondit-elle. Pourquoi cette question ?
— Simple curiosité, dit Josh en haussant les épaules. J’imagine que le temps n’est pas si différent de celui de la Louisiane.
Le petit rire de Lydia emplit l’ascenseur tandis qu’il commençait à ralentir.
— Bravo, Commandant. Pouvez-vous me dire de quelle partie de la Louisiane je viens ? demanda-t-elle, affichant elle aussi une expression curieuse.
— De la périphérie de La Nouvelle-Orléans, peut-être de la zone de Metairie, répondit Josh. Vous avez un léger accent français sur certaines syllabes et vous utilisez souvent l’onomatopée « euh », qui est commune dans le dialecte du sud de la Louisiane.
Les yeux de Lydia s’écarquillèrent et elle acquiesça d’un signe de tête.
— Votre dossier indiquait que vous étiez un homme intelligent, Commandant Manson. Vous aurez besoin de votre intelligence pour cette mission, ajouta-t-elle avant de se retourner et de sortir de l’ascenseur.
— Je me demande ce que ce dossier peut bien contenir sur moi…, marmonna Ash entre ses dents. Comment est-ce que tu as su d’où elle venait ?
Les lèvres de Josh s’étirèrent en un petit sourire satisfait.
— La dernière femme avec qui je suis sorti venait de La Nouvelle-Orléans et disait « euh » dans presque toutes ses phrases, admit-il avec un sourire malicieux. Je l’ai immédiatement reconnu. Ce n’est pas quelque chose qui s’oublie, surtout quand c’est répété entre des exclamations de passion.
Ash ricana et secoua la tête.
— Il n’y a que toi pour remarquer quelque chose comme ça, marmonna-t-il.
Josh traversa le long couloir en suivant leur escorte. Chaque salle devant laquelle ils passèrent était bondée. Ce qui était étrange, c’était que tout le monde s’arrêtait pour les dévisager avant de se lancer dans des conversations enthousiastes lorsque Ash et lui passaient devant une salle.
— Il se trame quelque chose, murmura Ash en jetant un coup d’œil aux pièces en passant. Je te jure que je commence à avoir l’impression qu’on est sur le point d’être jetés en pâture aux lions ou quelque chose comme ça.
— C’est le « ou quelque chose comme ça » qui m’inquiète, répondit Josh à voix basse.
Il ralentit sa foulée avant de s’arrêter quand Lydia marqua une pause devant une salle. Sa main saisit la poignée de la porte et elle leur sourit à tous les deux avec un soupçon de fierté et d’impatience. Josh était certain qu’elle sentait leur frustration et leur curiosité.
— Commandants, je vous souhaite la bienvenue au Projet Gliese 581g, dit Lydia avant d’ouvrir la porte et de leur faire signe d’entrer.
Josh jeta un coup d’œil à Lydia avant de passer la porte. Ses yeux s’écarquillèrent lorsqu’il vit qu’au lieu de se trouver dans une salle de conférence, ils étaient dans ce qui semblait être une immense salle d’entraînement. Des dizaines de personnes cessèrent leurs activités quand Ash et lui y entrèrent.
Au centre de la pièce trônait un vaisseau spatial à l’allure étrange, ou du moins une partie d’un vaisseau. Il s’en approcha, les yeux rivés sur le design futuriste. Son regard parcourut la coque extérieure. De petits hublots sur la partie basse donnaient une idée de ce qui pouvait se trouver à l’intérieur. L’appareil était bien différent des navettes spatiales qu’il avait pu voir.
— Qu’est-ce que c’est ? demanda-t-il en fronçant les sourcils.
— C’est une réplique du vaisseau Gliese 581, répondit une voix douce. Un astronef longue distance fabriqué spécialement pour une exploration prolongée.
Josh se retourna et vit une femme mince en début de trentaine s’approcher de lui. Elle portait un jean bleu délavé et un haut en coton blanc. Ses cheveux bruns étaient rassemblés haut sur sa tête en un chignon décoiffé avec de petites mèches qui retombaient autour de son visage. Ses yeux marron foncé étaient perçants, affichaient un regard curieux et les jaugeaient intensément, comme si elle était en train d’évaluer si Ash et lui répondaient à ses attentes. Elle tenait deux classeurs dans sa main gauche.
— Docteur Julia Marksdale, dit-elle en tendant la main droite.
— Josh Manson, répondit-il en lui serrant la main avant de se tourner tandis qu’Ash s’avançait.
— Ashton Haze, mais tout le monde m’appelle…, commença à dire Ash avec son sourire décontracté, qui faisait fondre le cœur des femmes.
— Ash, finit Julia Marksdale avec un sourire. Votre réputation est bien documentée, comme celle du commandant Manson. Nous sommes honorés de vous compter parmi notre équipe. Lydia, je vais leur montrer la salle d’opérations du Gliese, si vous voulez, pendant que vous prévenez tout le monde de leur arrivée.
— Merci. Messieurs, je vous laisse entre de très bonnes mains, répondit Lydia avec un sourire. On se retrouve pour le briefing détaillé dans une heure.
Julia hocha la tête. Elle attendit que Lydia soit partie puis se retourna pour les regarder. Les yeux de Josh descendirent instinctivement vers sa main gauche, elle était nue et aucun signe n’indiquait qu’une bague y avait été portée. Sa curiosité crût lorsqu’elle pivota et regarda la réplique. Elle la désigna de la main et leur sourit avec fierté.
— C’est légèrement différent des aéronefs que vous avez l’habitude de piloter. Voulez-vous voir l’intérieur ? demanda-t-elle, souriant quand les deux hommes acquiescèrent.
— Est-ce que cela remplace les navettes ? J’ai cru comprendre que des compagnies privées reprenaient le développement d’astronefs réutilisables pour transporter les astronautes, commenta Ash en observant l’énorme capsule circulaire.
— C’est légèrement différent, répondit Julia. Bien qu’il y ait plusieurs investisseurs privés, ce vaisseau spatial est conçu pour une mission interplanétaire.
La surprise l’envahit à ses mots. Il jeta un coup d’œil à Ash. Son ami affichait une expression qui signifiait « putain-ça-veut-dire-quoi ». Il ressentait la même chose alors qu’il s’avançait.
— Le Projet Gliese 581g est un projet international débuté il y a six ans. Le lancement est prévu pour dans dix-huit mois, si tout se passe bien, dit Julia en faisant le tour pour rejoindre un escalier portatif raide.
— De quoi dépend le fait que tout se passe bien ? demanda Ash.
Julia s’arrêta sur la quatrième marche et se retourna pour les regarder. Un petit sourire étira ses lèvres. Josh sentit ce regard évaluateur tandis qu’elle les étudiait une nouvelle fois.
— Du fait que vous acceptiez tous les deux cette mission ou non, répondit Julia avant de se retourner pour continuer son ascension. L’équipe a besoin de vous, mais cette mission se base sur le volontariat en raison de sa nature.
— Ça serait bien de comprendre ce qu’il se passe, bon sang. D’habitude, le briefing se fait en premier, rétorqua Josh derrière elle.
— Je suis d’accord, répondit Ash d’une voix frustrée en regardant Julia. Ça serait sympa que quelqu’un nous dise enfin pourquoi on est là.
Julia se mordit la lèvre et hocha la tête.
— Laissez-moi vous montrer le Gliese 581 et je vous expliquerai ce que je peux avant le briefing, répondit-elle, avant de se retourner pour finir de gravir l’escalier.
Josh déglutit et parcourut du regard le tableau de bord futuriste. Il ressemblait à quelque chose tout droit sorti du tournage d’un film. Il passa sa main le long du dossier du siège tandis que son regard se posait sur le panneau de contrôle sophistiqué. Julia se tenait sur le côté en silence.
— C’est sérieux ? demanda Ash d’une voix rauque et émerveillée.
— Oui, répondit Julia. Il s’agit d’une réplique exacte de la salle des opérations du Gliese 581. Je suis navrée qu’aucun de vous n’ait été briefé avant de venir ici. Quelques petites choses doivent être approuvées avant que je puisse en discuter de façon plus approfondie avec vous. Lydia et moi essayons de rectifier cette erreur autant que nous le pouvons pour le moment. J’espère que vous comprenez la situation délicate dans laquelle je me trouve actuellement. Je promets d’être ouverte à propos de tout dès que j’aurai reçu l’autorisation finale de le faire. Lydia a suggéré que vous seriez peut-être intéressés par l’idée de voir le simulateur du Gliese 581 pendant qu’elle rassemble l’équipe. Certains membres se trouvent dans d’autres bâtiments du complexe. Elle pensait aussi que ça pourrait vous aider à avoir une idée plus claire de ce dont nous allons parler.
Josh hocha la tête ; il ne manqua pas la tension dans la voix de Julia ou l’allusion qu’il y avait bien plus en jeu qu’une simple mission dans l’espace. Quoi que ce fût, c’était bien plus qu’un simple aéronef top secret. Il n’était pas fait pour rester en orbite. Comme l’avait dit Julia, ce genre de technologie était conçu pour des voyages longue distance à travers l’espace profond.
Il s’arrêta devant la console et regarda les techniciens se déplacer autour du simulateur à travers ce qui ressemblait à un grand hublot. La vitre intérieure ne correspondait pas à ce qu’il avait vu à l’extérieur. Son regard parcourut la console devant lui et il remarqua un petit écran, qui affichait la même image.
— D’en dessous, on aurait dit qu’il y avait juste de petites fenêtres, commenta Josh en fronçant les sourcils.
— Ce que vous voyez est une illusion, dit Julia en s’avançant pour toucher plusieurs icônes sur l’écran de la console. C’est une nouvelle technologie développée par les Chinois. Cela va nous donner une plus grande vue de ce que nous voyons et aider à réduire certaines sensations dues au fait d’être dans un espace restreint pendant une longue période. Du moins, c’est ce que nous espérons, ajouta-t-elle avant d’éteindre les caméras.
Josh cligna des yeux lorsqu’il vit un mur arrondi apparaître devant lui. Cela ressemblait presque à un grand écran de cinéma quand les caméras étaient éteintes. Il se pencha en avant et répéta les gestes réalisés par Julia quelques secondes auparavant et un visuel de la vaste salle réapparut.
— La résolution est la meilleure que j’aie jamais vue, murmura Josh avec approbation. Il n’y a aucune distorsion comme il pourrait y avoir avec une fenêtre normale. Est-ce qu’on peut aussi enregistrer ?
— Oui, répondit Julia. Il sera nécessaire pour cette mission de documenter autant que possible et d’envoyer les informations à la Terre.
— J’imagine que le briefing va parler de cette mission ? En résumé, de quoi s’agit-il ? demanda Ash en se glissant sur le siège à côté de l’endroit où se tenait Josh.
Julia baissa les yeux vers Ash.
— Il s’agit de découvrir si nous sommes seuls dans l’univers ou non, répondit-elle doucement.
Josh, qui était en train d’étudier les commandes, releva brusquement la tête. Dans sa vision périphérique, il vit Ash tourner lui aussi la tête. Sa mâchoire se crispa en réaction à ce qu’elle avait dit.
— Vous pensez que nous ne le sommes pas ? demanda Josh.
Julia le regarda et hocha la tête.
— Je sais que nous ne le sommes pas. La question est, qu’est-il arrivé aux autres et d’où viennent-ils ? répondit-elle avant de jeter un coup d’œil à sa montre. Il est presque temps de retrouver le reste de l’équipe. Il y a encore des informations que j’aimerais passer en revue avec vous avant le briefing.
Vingt minutes plus tard, Josh et Ash étaient assis dans une vaste pièce, qui ressemblait plus à un mini-théâtre qu’à une salle de conférence. Chaque siège était occupé. Julia les avait escortés au premier rang et leur avait fait signe de s’asseoir avant de monter sur la petite estrade et de rejoindre Lydia.