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Vainqueur du RomCon Readers’ Crown 2014 !
Ha’ven Ha’darra est le prince des Curizans, une espèce connue pour sa technologie. Pas même ses meilleurs amis ne savent qu’il a des pouvoirs magiques, mais ses pouvoirs deviennent incontrôlables, et il se pourrait qu’ils découvrent par eux-mêmes ce dont il est capable.
Emma est devenue recluse et il n’y a rien qu’elle désire plus que s’éteindre dans une mort paisible. Après qu’elle ait été secourue par des extraterrestres, ses blessures physiques furent guéries mais ils ne parvinrent pas à atteindre celles cachées au plus profond d’elle. Ha’ven, cependant enflamme son tempérament de façon exaspérante, lui faisant vivre pleinement l’instant présent avec ses affirmations impossibles que sa magie est venue se mêler à la sienne, qu’ils sont faits l’un pour l’autre…
Auteur de renommée internationale, S.E. Smith nous présente une nouvelle histoire pleine d'action, de romance et d’aventure. Débordant de l’humour qui la caractérise, de paysages éclatants, et de personnages attachants, il est certain que ce livre deviendra un nouveau favori des fans !
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Seitenzahl: 380
Veröffentlichungsjahr: 2019
Je voudrais remercier mon mari Steve de croire en moi et d'être assez fier de moi pour me donner le courage de suivre mes rêves. J'aimerais également remercier tout particulièrement ma sœur et meilleure amie, Linda, qui non seulement m'a encouragée à écrire mais a également lu le manuscrit. Et également mes autres amis qui croient en moi : Jennifer, Jasmin, Maria, Rebecca, Gaelle, Angelique, Charlotte, Rocío, Aileen, Julie, Jackie, Lisa, Sally, Elizabeth (Beth), Laurelle, et Narelle. Les filles qui m'aident à continuer !
Et un merci tout particulier à Paul Heitsch, David Brenin, Samantha Cook, Suzanne Elise Freeman, Laura Sophie, Vincent Fallow, Amandine Vincent, et PJ Ochlan, les voix fantastiques derrière mes livres audios !
—S.E. Smith
La Chanson de Ha’ven : Les Guerriers Curizans Tome 1
Copyright © 2019 par Susan E. Smith
Publication E-Book en anglais novembre 2013
Publication E-Book en français octobre 2019
Traduit Par : Gaëlle Darde
Relu Par : Charlotte Spender
Couverture par : Melody Simmons et Montana Publishing
TOUS DROITS RÉSERVÉS :
Cette œuvre littéraire ne peut être reproduite ou transmise sous quelque forme ou par quelque moyen que ce soit, y compris la reproduction électronique ou photographique, en tout ou en partie, sans l'autorisation écrite expresse de l'auteur. Aucune partie de l’œuvre de l'auteur ne pourra être utilisée pour l'entraînement d'une IA sans l'autorisation écrite expresse de l'auteur. Tous les personnages et événements de ce livre sont fictifs ou ont été utilisés de façon fictive, et ne doivent pas être interprétés comme étant réels. Toute ressemblance avec des personnes vivantes ou décédées, des événements réels ou des organisations est strictement fortuite et n'est pas voulue par l'auteur.
Résumé : Emma Watson est une femelle humaine recluse et meurtrie ; et une fois que Ha’ven, le prince héritier des Curizans, la voit, il ne parvient pas à imaginer aimer qui que ce soit d’autre.
ISBN : 9781944125851 (livre de poche)
ISBN : 9781078739757 (BN livre de poche)
ISBN : 9781944125837 (eBook)
Romance avec des scènes explicites | Aventure | Fantasy | Paranormal – Magie | Science-fiction – Extraterrestres
Publié par Montana Publishing, LLC
& SE Smith de Florida Inc. www.sesmithfl.com
Prologue
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18
Chapitre 19
Chapitre 20
Chapitre 21
Chapitre 22
Chapitre 23
Chapitre 24
Chapitre 25
Chapitre 26
Chapitre 27
Chapitre 28
Chapitre 29
Chapitre 30
Plus de livres et d’informations
À propos de l’auteur
Vainqueur du RomCon Readers’ Crown 2014 !
Ha’ven Ha’darra est le prince des Curizans, une espèce connue pour sa technologie. Pas même ses meilleurs amis ne savent qu’il a des pouvoirs magiques, mais ses pouvoirs deviennent incontrôlables, et il se pourrait qu’ils découvrent par eux-mêmes ce dont il est capable.
Emma est devenue recluse et il n’y a rien qu’elle désire plus que s’éteindre dans une mort paisible. Après qu’elle ait été secourue par des extraterrestres, ses blessures physiques furent guéries mais ils ne parvinrent pas à atteindre celles cachées au plus profond d’elle. Ha’ven, cependant enflamme son tempérament de façon exaspérante, lui faisant vivre pleinement l’instant présent avec ses affirmations impossibles que sa magie est venue se mêler à la sienne, qu’ils sont faits l’un pour l’autre…
Auteur de renommée internationale, S.E. Smith nous présente une nouvelle histoire pleine d'action, de romance et d’aventure. Débordant de l’humour qui la caractérise, de paysages éclatants, et de personnages attachants, il est certain que ce livre deviendra un nouveau favori des fans !
Il y a plus d’un siècle, une Grande Guerre faisait rage entre trois des plus féroces espèces d’une galaxie connue sous le nom de Heron Prime. Ces espèces étaient les métamorphes dragons valdiers, les métamorphes chats sarafins, et les puissants Curizans, une espèce dont les talents en matière de technologie n’étaient surpassés que par leur capacité à utiliser et à manipuler l’énergie qui les entourent.
La guerre fut longue et violente, déchirant la galaxie pendant près d’un siècle sans qu’aucune des espèces ne parvienne à surpasser les capacités des autres. Ce ne fut que lorsque deux jeunes princes et un très jeune roi joignirent leurs forces dans une alliance inattendue qu’il fut découvert que des forces de leurs propres mondes étaient responsables de la guerre. Ces forces étaient déterminées à éliminer les Maisons dirigeantes afin de pouvoir prendre le contrôle et mener un règne de perfidie et de terreur.
L’amitié qui se développa entre Ha’ven Ha’darra, prince de Curizan, Vox d’Rojah, roi de Sarafin, et Creon Reykill, prince de Valdier, devint indestructible alors qu’ils travaillèrent ensemble pour amener la paix à leurs peuples et capturer les responsables des carnages et de la destruction sur leurs mondes.
Les traîtres, toujours déterminés à éliminer les familles royales, kidnappèrent Zoran Reykill, le dirigeant des Valdiers, dans l’espoir de relancer la guerre. Grièvement blessé, Zoran s’échappa dans son vaisseau de guerre symbiotique vers une planète inconnue dans un système stellaire lointain. Après avoir atterri sur Terre, il fut secouru par une jeune femelle. Il la revendiqua comme sa compagne et rentra sur son monde avec elle et plusieurs autres femelles. Lors d’une nouvelle visite, d’autres femmes de la Terre furent ramenées à Valdier.
Ceran-Pax, Planète Natale des Curizans
Ha’ven prit une profonde inspiration alors qu’il traversait en courant les chemins tortueux. Son objectif était d’atteindre ses quartiers et la chambre renforcée qui se trouvait dessous. Il jura quand il sentit une autre explosion d’énergie brûlante déferler à l’intérieur de son corps.
J’aurais dû retourner à mes quartiers il y a des heures, pensa-t-il sombrement.
Il trébucha et ralentit quand il approcha la bifurcation sur le chemin. Il scanna attentivement l’immense jardin qui séparait sa demeure de celles de ses parents et de ses frères. L’effroi l’envahit quand il réalisa qu’il ne parviendrait pas à rentrer à temps. Le déferlement en lui avait tant crû que l’effort qu’il devait fournir pour retenir la sombre puissance en lui le faisait haleter. Ses yeux se levèrent tandis qu’il s’arrêtait à l’embranchement, et il se retrouva à fixer le ciel dégagé de la nuit et à prier qu’un miracle se produise. Ses yeux le brûlaient alors qu’il se sentait perdre le contrôle.
Pourquoi ? demanda-t-il, en proie à une souffrance atroce et silencieuse. Pourquoi ne puis-je pas trouver un moyen d’exploiter la puissance létale qui s’est déchaînée lors de ma captivité ? Combien de temps vais-je devoir souffrir avant de perdre la raison ou de tuer ceux que j’aime ?
Les étoiles scintillaient, comme si elles se moquaient de lui et de son manque de sang-froid. Son corps vibrait de la puissance réprimée en lui. Il aurait voulu plus s’éloigner du palais, mais il avait été en réunion toute la journée et avait attendu trop longtemps. Il craignait à présent de ne pas être capable de contrôler l’excédent d’énergie qui s’était accumulé en lui comme dans un volcan resté endormi bien trop longtemps. Des couleurs tourbillonnaient autour de ses poings serrés et remontaient le long de ses bras. Il serra les dents, luttant contre l’énergie qui menaçait de le brûler de l’intérieur.
Il prit une inspiration irrégulière et balaya à nouveau les jardins du regard afin de s’assurer que personne ne se trouvait près de lui. Avec un grognement sonore, il se laissa tomber à genoux, desserra les poings et plaqua ses paumes contre le sol. Un frisson secoua sa haute et imposante carrure alors qu’il fermait les yeux. Il libéra les longs tentacules d’énergie qui tourbillonnèrent autour de lui avant de s’enfoncer brusquement dans le sol meuble. Le sol se tordit et gémit face à cette attaque. Un cri s’arracha de ses lèvres tandis que le puissant déferlement explosait hors de lui. Il savait que tout dans un rayon d’un demi-kilomètre autour de lui serait détruit s’il ne bridait pas le déferlement d’énergie qui s’échappait de son corps. Il haletait alors qu’il essayait de reprendre le contrôle et de réguler le flot, en vain. Il avait perdu le contrôle… une fois de plus. Il ne pouvait qu’espérer qu’il se trouvait assez loin de tout le monde tandis que la puissance en lui se libérait.
— Non ! rugit Ha’ven, ouvrant ses yeux brillants et les levant vers les étoiles. Non ! grogna-t-il à nouveau, serrant les dents tandis que la douleur envahissait son corps alors que l’énergie brute explosait hors de lui en des vagues ressemblants à celles causées par une énorme pierre jetée dans un bassin calme.
— Ha’ven ! cria son père d’une voix sévère. Concentre-toi, mon fils. Libère-la lentement. Tu peux le faire, dit Melek d’une voix plus calme. Je t’aiderai si tu n’y arrives pas.
Ha’ven émit un sifflement alors qu’il se battait pour contrôler les filins d’énergie tourbillonnante. Il sentit les bandes s’enrouler autour de ses avant-bras épais. Il prit des inspirations profondes et apaisantes, luttant pour vider son esprit et ne se concentrer que sur les bandes.
Fermant les yeux, il se concentra comme son grand-père le lui avait appris. Il imagina l’énergie s’enfonçant profondément dans le sol et nourrissant le jardin. Des bandes rouges et dorées s’entremêlèrent et s’enfoncèrent plus profondément dans le sol qui s’assombrissait. Il ne vit pas la nouvelle vie jaillir du sol, les arbres grandir, ou encore les vignes serpenter le long du sol luxuriant. Au moment où il crut avoir peut-être repris le contrôle, une autre vague le frappa plus fort et plus longtemps.
Ha’ven jeta la tête en arrière et rugit alors que des bandes d’énergie sombre explosèrent comme une supernova, rasant les nouvelles pousses et brisant les arbres comme des cure-dents. Les couleurs tourbillonnantes d’énergie s’estompèrent tout aussi rapidement, le laissant faible et malade. Il tomba en avant sur les mains et baissa la tête jusqu’à ce qu’elle touche presque le sol. Inspirant profondément, il lutta contre la faiblesse paralysante qui le menaçait. Se forçant à relever la tête, il regarda dans la direction d’où la voix de son père l’avait appelé.
Il refoula la nausée et regarda en arrière vers le chemin qu’il avait emprunté. Il poussa un soupir de soulagement quand il vit son père debout quelques mètres derrière lui. Il détourna le visage afin que l’homme qui n’était que récemment revenu dans sa vie ne puisse pas voir la honte qui s’y trouvait.
Se forçant à se redresser, il prit lentement appui sur ses talons jusqu’à ce qu’il se tienne droit, les mains sur les cuisses. Il continua à respirer profondément jusqu’à ce qu’il cesse de trembler.
— Tu n’aurais pas dû me suivre, cracha Ha’ven d’une voix sombre et rauque.
Il tourna à nouveau la tête pour jeter un regard noir au grand mâle qui baissait lentement les bras. L’éclatant bouclier que Melek avait levé commença à se dissoudre tandis que ses mains retombaient silencieusement le long de ses flancs.
— J’aurais pu te tuer, grogna Ha’ven en se relevant sur des jambes tremblantes.
— Tu aurais dû me le dire, dit Melek d’une voix bourrue en s’approchant de Ha’ven qui était à présent debout et raide.
Ha’ven regarda son père et grimaça de dégoût.
— Te dire quoi ? Que j’ai perdu le contrôle de mes pouvoirs ? Que je serai bientôt trop dangereux pour être gardé en vie ? demanda-t-il, dégoûté.
Melek mit une main sur l’épaule de Ha’ven.
— Je ne peux pas t’aider si tu ne me laisses pas le faire, répondit-il calmement.
Ha’ven resta figé un moment avant de hausser les épaules, résigné. Il regarda la destruction autour de lui. Il prit une profonde inspiration et se concentra, appelant l’énergie tout au fond de lui. Il la contrôlait, cette fois, lorsqu’il leva les mains. Il concentra l’énergie qui se trouvait autour et à l’intérieur de lui et envoya des flots sinueux en direction de la végétation détruite et broyée.
Melek regarda en silence les bandes tourbillonnantes atteindre les dégâts et ressouder les morceaux brisés. Le fait que son fils aîné ne puisse pas réparer son âme de la même façon le faisait souffrir en son for intérieur. Un regret amer le déchira à l’idée de ne pas avoir été là quand Ha’ven avait besoin de lui.
Une fois que Ha’ven eut fini de réparer les dégâts, il se tourna silencieusement et repartit en direction de ses quartiers. Il savait que son père marchait à ses côtés, analysant calmement ce qu’il avait vu. Une part de lui voulait fulminer et hurler à l’homme à côté de lui de le laisser seul tandis qu’une autre réalisait que cela n’arriverait jamais.
S’il y avait une chose qu’il savait à propos de sa famille, c’était qu’ils ne tournaient jamais le dos quand l’un d’entre eux avait des ennuis. Il n’était guère différent. Il avait envoyé ses deux demi-frères cadets, les jumeaux Adalard et Jazar, que tout le monde appelait Flèche à cause de sa passion pour l’archerie, accomplir des missions qui étaient censées assurer leur sécurité. Au lieu de cela, ils avaient tous les deux failli être tués par les assassins lancés à leur poursuite.
— Ha’ven, commença doucement Melek.
— Tu ne peux pas m’aider, l’interrompit abruptement Ha’ven avant de s’arrêter et de se tourner pour le regarder. Il n’y a rien qui puisse être fait pour me sauver, continua-t-il d’une voix plus basse. Ce qu’Aria a déchaîné me consume.
Melek étudia l’expression sombre sur le visage de son fils. La sienne s’assombrit aussi quand il repensa aux dommages qu’avait causé la perfide fille de son cousin. Aria était née dans la lignée de la Maison royale de Ceran-Pax, mais elle avait été tout sauf satisfaite de passer sa vie à être dorlotée. Elle était avide de pouvoir.
Aria s’était alliée à Ben’qumain, le demi-frère de Ha’ven, dans l’espoir d’évincer la famille Ha’darra du pouvoir. Ben’qumain était jaloux du pouvoir qu’avait son demi-frère aîné en tant qu’héritier au trône de Curizan. Simplement renverser la famille dirigeante de Curizan ne suffisait à satisfaire les deux traîtres. Ils avaient forgé une alliance avec Raffvin Reykill de Valdier et des rebelles dans le but de renverser également les d’Rojah, la famille dirigeante de Sarafin. Leur plan était simple : ils voulaient diviser les trois espèces les plus puissantes. Ils avaient réussi dans une certaine mesure.
Ils avaient minutieusement orchestré la Grande Guerre entre les trois espèces. Des milliers de membres de chacune des trois étaient morts inutilement. Melek se sentait coupable de ne pas avoir découvert ce plan plus tôt.
Melek mit une main sur l’épaule de Ha’ven pour empêcher son fils de se détourner de lui. Il savait qu’il ferait tout ce qui serait nécessaire pour sauver la famille qu’il n’avait été que récemment capable de revendiquer. Il ne perdrait pas à nouveau le moindre d’entre eux ; pas sa compagne adorée, Narissa, ni ses trois fils. Il avait rapidement revendiqué Adalard et Flèche à son retour.
— Il y a peut-être un moyen, insista Melek avec détermination.
— Comment ? demanda Ha’ven avant de tendre le bras et de désigner le chemin derrière eux. Tu as vu ce qui s’est passé ! Je perds lentement le contrôle. C’est plus puissant à chaque fois. Si je perds le contrôle au mauvais moment, même ton bouclier ne suffira pas à te protéger. Tu crois que je veux prendre le risque de te tuer ou de tuer Mère ou mes frères ?
— Tout ce que je demande, c’est que tu n’abandonnes pas, dit Melek. Je ne te perdrai pas. J’ai passé trop d’années à te regarder de loin. Je ne perdrai pas à nouveau ma famille maintenant que je l’ai récupérée.
Ha’ven ouvrit la bouche pour asséner une réplique pleine d’amertume, mais il la ravala. Il savait quel sacrifice son père biologique avait dû faire pour son peuple. Même dans l’obscurité, Ha’ven pouvait voir les lignes d’anxiété aux coins de la bouche de son père.
En tant que second fils de la famille régnante, Melek avait dû s’écarter quand la femme qu’il aimait avait été donnée à son frère aîné, Hermon, dans le but de renforcer la famille régnante.
Hermon ne s’était pas mis en couple avec la mère de son fils, une femme d’une classe sociale plus basse. Ben’qumain était né seulement quelques jours après que Narissa ait donné naissance à Ha’ven qui avait été conçu durant l’unique brève nuit que sa mère et Melek avait passé ensemble avant d’être séparés.
La mère de Ben’qumain avait envoyé son nouveau-né à Hermon dans une tentative d’ébranler la nouvelle alliance entre les maisons royales. À la place, Narissa avait pris la responsabilité d’élever les deux nouveau-nés comme s’ils étaient tous les deux siens. Six ans plus tard, elle avait donné naissance à des jumeaux, Adalard et Jazar. Le ressentiment qu’éprouvait Ben’qumain grandit avec le temps alors qu’il devenait évident qu’il n’avait pas hérité des pouvoirs que Ha’ven et ses deux frères cadets possédaient.
Hermon était alors tombé amoureux de sa nouvelle compagne, ignorant que son cœur appartenait à son frère cadet et que Ha’ven n’était pas son fils. Au fil du temps, Narissa finit par réellement s’attacher à Hermon bien que cet amour ne fût pas animé de la même passion profonde qu’elle éprouvait pour Melek. Ce dernier, par respect pour le règne de son frère, avait choisi des tâches qui le tenaient loin du palais aussi longtemps que possible. Il avait commandé l’armée curizan puis avait ensuite fini par guider Ha’ven et travailler à ses côtés durant la Grande Guerre quand ce dernier fut assez âgé pour rejoindre l’armée. Il avait chéri le temps passé avec son fils même s’il ne pouvait pas le revendiquer comme tel.
Ce ne fut que récemment que Ha’ven découvrit que non seulement Ben’qumain était responsable de la mort de Hermon, mais aussi que Melek était son vrai père. Il avait toujours respecté Melek pour son intégrité, son honneur et sa présence d’esprit. Et pourtant, il lui avait été difficile d’accepter que le mâle qu’il avait toujours vu comme étant son mentor était en réalité aussi son père.
Par chance, Melek était rentré à temps pour empêcher ceux qui travaillaient aux côtés de son neveu de tuer sa mère et ses frères cadets. Zoran Reykill, le roi des Valdiers, avait fini par tuer Ben’qumain quand il avait commis l’erreur d’attaquer la compagne humaine de Zoran. Les lèvres de Ha’ven se courbèrent alors qu’il pensa à l’espèce de dragons métamorphes qu’ils avaient combattue durant la guerre et qui était au final devenue un de leurs plus puissants alliés.
Creon Reykill, le plus jeune membre de la famille royale, et lui étaient devenus bons amis après s’être retrouvés piégés dans le même tunnel minier durant la guerre. Peu après, Creon avait rencontré et était tombé amoureux de sa cousine, Aria, ignorant l’existence de ses plans perfides pour prendre le pouvoir.
Aria avait utilisé contre eux le fait qu’elle était liée à eux deux. Elle s’était servie de ce qu’elle savait de lui pour le kidnapper et l’emprisonner. Elle s’était servie de Creon pour trouver des informations afin d’aider ceux qui essayaient de renverser leurs gouvernements. Creon avait fini par découvrir sa trahison et avait sauvé la vie de Ha’ven.
Leur alliance avait été scellée et Ha’ven savait qu’il ferait tout ce qui était en son pouvoir pour aider Creon et ses frères à vaincre leur oncle. Malheureusement, il devait encore s’occuper des traîtres curizans qui avaient travaillé aux côtés de Ben’qumain. Ils voulaient à présent renverser la famille régnante à tout prix car ils savaient que dès qu’ils seraient découverts, ils seraient condamnés à mort pour trahison envers leur peuple.
— Je… j’apprécierais toute aide que tu pourrais me donner, admit Ha’ven à contrecœur.
Melek hocha solennellement la tête avant de lever les yeux vers les étoiles qui brillaient haut dans le ciel.
— Il y a peut-être des informations dans les anciennes archives. Je travaillerai avec ceux en charge de les garder, dit-il en dirigeant à nouveau son regard vers Ha’ven.
Ha’ven hocha brièvement la tête.
— Parles-en avec Salvin. Je lui fais confiance pour ne pas éventer le problème, répondit Ha’ven. J’ai besoin de passer quelques choses en revue avant qu’Adalard et moi ne partions pour Valdier dans la matinée. Un piège a été mis en place pour Raffvin. Je crois comprendre que les choses ont changé à tel point qu’il est probable que nous éliminions bientôt un autre leader majeur de la rébellion.
Melek prit une profonde inspiration puis la relâcha.
— Je serai heureux quand le reste d’entre eux auront été traduits en justice. Je travaillerai avec Flèche pour continuer à démasquer ceux qui travaillent toujours contre la famille royale ici.
— Merci, dit Ha’ven, se tournant pour continuer son chemin.
— Ha’ven, l’appela doucement Melek.
Celui-ci se tourna et regarda l’ombre noire de son père.
— Fais attention. Ta mère m’a fait promettre de te le dire.
Ha’ven ne prit même pas la peine d’essayer de retenir le petit sourire qui se dessina sur ses lèvres alors qu’il regardait l’homme qui luttait pour trouver sa place dans la vie de son fils adulte. Il voyait la préoccupation, la fierté et l’inquiétude. C’était la raison pour laquelle il voulait éviter toute relation sérieuse. Il avait bien assez de sujets d’inquiétude sans ajouter de femelle pour couronner le tout.
— Mais alors comment suis-je censé m’amuser ? répondit Ha’ven avec un petit rire tout en se retournant avant de disparaître dans l’obscurité.
Melek laissa échapper un soupir et secoua la tête.
— C’est exactement ce que ta mère a dit que tu dirais, marmonna-t-il avant de se tourner pour retourner à ses propres quartiers.
Ha’ven manœuvra le vaisseau de transport à travers les épais nuages à près de dix kilomètres du palais royale de Valdier. Il avait quitté Ceran-Pax voilà plusieurs jours avec Adalard comme seul compagnon. Seuls quelques habitants de la planète triés sur le volet savaient qu’ils arrivaient. Il avait pris cette décision après avoir longuement parlé avec Creon Reykill. Les deux hommes avaient décidé qu’il serait prudent qu’aussi peu de personnes que possible soient au courant de leur présence, à Adalard et lui.
En temps normal, il préférait voyager seul quand il le pouvait, mais Adalard avait insisté pour l’accompagner. Ha’ven savait que son frère voulait s’assurer par lui-même que Mandra s’était remis des blessures dont il avait souffert quand il avait combattu Raffvin et son armée peu auparavant. Son frère cadet s’était entiché de la femme humaine que Mandra Reykill avait prise pour compagne.
Ha’ven commençait personnellement à penser qu’il valait mieux éviter cette espèce. Quand il en avait entendu parler pour la première fois et avait rencontré Carmen, la compagne de Creon, cela avait éveillé sa curiosité. Après tout, ce n’était pas souvent qu’il se retrouvait pendu la tête en bas à la queue d’une femelle dragon, ou piégé sous une pile de corps avec elle assise sur lui ou qu’une mèche de ses cheveux était prise comme trophée.
Simplement, plus il passait de temps en compagnie de cette espèce, plus il voyait l’influence que ses membres avaient sur les autres espèces et cela l’inquiétait. Il aimait sa liberté, et bien qu’il ne serait pas contre le fait de s’amuser une nuit ou deux, il n’avait aucune envie de se retrouver sous l’emprise de leur envoûtement, quel qu’il soit.
Il ne savait vraiment pas ce qu’il y avait chez elles, mais chacun des frères Reykill était tombé sous le charme de l’une d’entre elles. Si ce que Creon lui avait dit l’autre nuit était vrai, cela ne se limitait pas non plus aux femelles de l’espèce.
Ha’ven avait été sous le choc quand Creon lui avait appris que sa mère avait été revendiquée par le père de la femelle humaine appelée Trisha. Ha’ven espérait simplement qu’il n’y avait pas d’autres membres de cette espèce dans les parages. Si c’était le cas, il prévoyait de les éviter à tout prix.
— Je veux voir comment vont Ariel et Mandra, commenta Adalard, interrompant sa rêverie alors qu’il démarrait le mécanisme d’atterrissage. Tu aurais dû voir Bahadur essayer de charmer Ariel pour qu’elle quitte Mandra pour lui.
— Bahadur ? répéta Ha’ven, surpris, en regardant son frère d’un air choqué. Ce bâtard insensible voulait la compagne humaine de Mandra pour lui tout seul ?
Adalard ricana et hocha la tête.
— Ouais, je crois qu’il prévoit de prendre des vacances quand tout ceci sera terminé. Elle l’a fasciné et il m’a demandé de découvrir la localisation de sa planète.
Ce qu’Adalard ne disait pas à son frère aîné, c’était qu’Ariel avait aussi mentionné une femelle de sa planète qu’elle pensait être parfaite pour lui. Il n’était pas intéressé par quoi que ce soit de permanent, comme une partenaire de vie, mais il n’était pas contre l’idée de s’amuser un peu. Si cette Samara dont avait parlé Ariel était ne serait-ce qu’à moitié aussi intéressante que cette dernière, il aimerait bien la rencontrer et explorer les différences entre leurs deux espèces pendant un petit moment.
— Eh bien, dis à Bahadur que non. Je sais que j’ai mentionné qu’il pourrait être intéressant de s’amuser avec une ou deux, mais j’ai changé d’avis à propos du fait de vouloir rencontrer cette espèce, dit Ha’ven en frissonnant. La dernière chose dont nous avons besoin est avoir une flopée de ces Humains sur notre planète. Tu as vu à quelle vitesse ils ont mis la famille royale de Valdier à genoux… littéralement. Creon m’a dit que sa compagne l’a tabassé et que celle de Mandra l’a assommé !
Le rire rauque d’Adalard emplit le cockpit du véhicule à l’idée de minuscules femelles dérouillant des mâles deux fois plus grands qu’elles. Il plaisanta avec Ha’ven à propos de quelques autres histoires qu’il avait entendues des membres de l’équipage voyageant avec Mandra. Il raconta des histoires allant de la collection d’animaux de compagnie d’Ariel à ses propres observations après l’avoir vue tabasser les marchands dans le bar sur le spatioport où ils étaient venus le chercher.
Ha’ven ne l’écouta que d’une oreille, se demandant ce qui avait pu arriver aux énormes métamorphes dragons pour qu’ils changent ainsi. D’après ce que lui avait dit Adalard et du peu qu’il avait vu, il y avait définitivement quelque chose chez cette espèce qui chamboulait ses amis et leurs symbiotes.
Diable, même Vox était tombé fou amoureux d’une femelle humaine que les Antrox avaient dans leur mine ! Le maudit métamorphe chat était tout aussi létal qu’eux et était connu pour prendre ses femmes vite et fort. La femelle humaine avait tant chamboulé son ami velu que le roi sarafin courrait pratiquement après sa propre queue la dernière fois qu’il lui avait parlé !
— Et si cela ne suffisait pas, ils ont à présent des jeunes dont ils doivent s’inquiéter, disait Adalard alors qu’il terminait la procédure d’atterrissage tandis que Ha’ven les guidait vers une clairière juste assez grande pour le véhicule. Je sais qu’ils s’inquiètent à l’idée que Raffvin ou ceux qui travaillent pour lui puissent essayer de les attaquer.
Ha’ven regarda brièvement Adalard avant de rediriger son attention sur l’approche finale. Il se mit en vol stationnaire au-dessus de l’herbe épaisse, puis fit atterrir le véhicule au centre de la petite prairie. Il éteignit les moteurs d’un mouvement des mains, aspirant les bandes d’énergie tourbillonnantes dans son corps. Un autre avantage de voyager dans ce véhicule était qu’il pouvait utiliser sa propre énergie pour l’alimenter, réduisant ainsi le risque que le scénario de l’autre nuit se produise à nouveau.
— Creon m’a parlé de ses filles, admit Ha’ven. Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour les protéger, sa compagne et elles.
Adalard se contenta de hocher la tête. Il savait que ses pouvoirs étaient considérables, mais ils faisaient pâle figure comparés à ceux de son frère aîné. Adalard et son jumeau avaient toujours admiré Ha’ven qui les avait protégés de Ben’qumain quand ils étaient encore jeunes et vulnérables. Il les avait encouragés à travailler ensemble et à développer les pouvoirs en eux. Depuis sa captivité sur un astéroïde prison connu sous le nom de l’Enfer, les pouvoirs de Ha’ven avaient grandi au point que Flèche et lui s’inquiétaient de l’effet qu’ils pourraient avoir sur lui.
— Ha’ven, dit Adalard en se tournant pour regarder son frère aîné alors qu’il commençait à se lever. Est-ce que tu vas bien ? La nuit dernière, j’ai senti…
La voix d’Adalard mourut tandis qu’il étudiait l’immense mâle en face de lui.
Ha’ven vit l’inquiétude sur le visage de son frère cadet. Ses yeux balayèrent la longue cicatrice qui ornait la joue d’Adalard. Son frère refusait de la faire retirer, déclarant qu’elle lui rappelait l’existence des dangers autour de lui.
— Je vais bien, dit Ha’ven avec un petit hochement de tête. Voyons voir quels plans ont été mis en place. Raffvin n’est pas le seul danger. Nous devons encore nous charger des traîtres dans nos rangs.
Adalard hocha la tête et se leva. Il suivit son frère dans le couloir et sortit par la petite écoutille située sous le vaisseau spatial. Une fois qu’Adalard fut assez éloigné du véhicule, Ha’ven appuya sur un bouton situé sur la ceinture attachée bas sur ses hanches. Le véhicule scintilla un instant avant de disparaître.
Les Curizans utilisaient une combinaison de technologie et de « magie » comme l’appelaient certains des mondes. Ils étaient en réalité capables de recueillir l’énergie qui se trouvait autour d’eux et de la conserver à l’intérieur de leurs corps. Une fois qu’elle s’y trouvait, ils pouvaient la manipuler pour faire tout ce qu’ils désiraient.
Chaque Curizan naissait avec des capacités et un niveau de contrôle différents. Certains s’en servaient pour être guérisseurs, certains devenaient de meilleurs pilotes, certains de meilleurs guerriers. Ceux qui régnaient dans la Maison royale de Curizan étaient capables de la maîtriser et de la manipuler de façons qui dépassaient les capacités limitées de la plupart des citoyens de Ceran-Pax.
La famille Ha’darra régnait depuis des siècles. Ha’ven était en train de découvrir que leur puissance ne connaissait pas de limite. L’étendue complète de leurs capacités n’avait jamais été explorée par crainte que, si libérée, leur puissance pourrait détruire non seulement celui qui la manipulait mais aussi le monde entier.
Ha’ven avait toujours cru qu’il s’agissait d’un mythe transmis à travers les siècles pour mettre en garde les générations à venir des dangers du pouvoir absolu. Après tout, un homme mort ne pouvait pas régner sur une planète morte. Il savait à présent que les mises en garde étaient bel et bien réelles. S’il ne parvenait pas à trouver rapidement un moyen de contrôler la puissance qui croissait en lui, la seule solution serait d’éliminer la menace faite à son monde.
— Ha’ven, est-ce que tu es prêt ? demanda Adalard en lui touchant le bras. La salle de téléportation est prête, c’est quand tu veux.
— Dis-leur que c’est bon, dit Ha’ven, s’écartant brusquement et marmonnant un juron quand il réalisa qu’Adalard le regardait toujours d’un air inquiet.
Quelques secondes plus tard, Adalard et lui se trouvaient dans la salle de téléportation centrale à l’intérieur du palais. S’il avait été à bord de l’un des plus grands vaisseaux de guerre curizans, il se serait simplement téléporté dans la pièce, mais il était inenvisageable qu’ils laissent leur véhicule dans l’espace sans personne à bord. Il contenait une nouvelle technologie qu’Adalard et lui avaient récemment développée.
Le véhicule, petit mais pourtant racé, était parfait pour ce genre de mission. Il avait été conçu afin qu’un équipage de deux ou trois personnes puissent voyager très confortablement à bord pendant des mois si nécessaire ou pour des missions furtives comme celle-ci. Ils l’avaient conçu de façon à ce qu’il fonctionne spécifiquement avec l’énergie qu’ils pouvaient manipuler. Les armes, la navigation, et les boucliers montaient en puissance au fur et à mesure qu’ils y injectaient directement leurs pouvoirs.
Il se servait principalement du véhicule pour des petits trajets comme celui-ci, préférant voyager seul quand cela était possible. Il avait au départ prévu de faire le trajet à bord d’un vaisseau de guerre avec Bahadur et Adalard, mais après une longue discussion avec Melek et ses frères, ils avaient décidé d’envoyer plusieurs de leurs généraux de confiance, y compris Bahadur, se charger de quelques-unes des bases rebelles que Flèche avait récemment découvertes.
Flèche mènerait la lutte pendant qu’Adalard et lui travaillaient avec les Valdiers. Raffvin était un des instigateurs clés derrière la rébellion et un des plus létaux. Il devait être arrêté une bonne fois pour toutes.
Il prit une profonde inspiration alors qu’il sentit l’énergie l’entourer tandis que l’appareil verrouillait sa position. Ses yeux se plissèrent quand il sentit l’énergie du faisceau de téléportation fusionner avec celle à l’intérieur de lui. Il ne ressentit pas la désorientation dont beaucoup se plaignaient au début. Il vit et sentit son corps se briser en de minuscules particules et se délecta de la sensation de liberté que cela lui fit ressentir. Il gémit presque quand il sentit son corps se rematérialiser sur la plateforme.
Il va vraiment falloir que je découvre comment faire cela moi-même, pensa-t-il avant que ses yeux ne rencontrent les yeux or foncé de Creon Reykill.
— Zoran a organisé une réunion, expliqua Creon alors qu’ils traversaient les couloirs du palais valdier. Le compagnon de Dola sera là lui aussi. Il a un plan et il pense qu’il fonctionnera. As-tu trouvé quoi que ce soit de nouveau sur ceux qui travaillaient avec Ben’qumain sur ton monde ?
— Oui, il semblerait que même mort, mon ancien demi-frère cause toujours des problèmes, dit Ha’ven d’une voix pesante.
— Je suis simplement heureux qu’il soit mort, dit Adalard en faisant glisser ses doigts le long de la cicatrice sur sa joue. J’aurais aimé être là quand Zoran l’a brûlé.
Ha’ven ne répondit pas. Il avait été présent. En effet, il avait été celui qui avait dévié les pouvoirs de Ben’qumain afin qu’il ne puisse pas s’en servir pour attaquer Zoran. Bien que son demi-frère ait été de sang royal, il n’était pas très puissant. C’était une des choses dont il avait été jaloux chez Ha’ven. Malheureusement, Aria, elle, était puissante et elle avait su comment emprisonner Ha’ven. Ce à quoi aucun d’entre eux ne s’était attendu était la puissance qu’elle libérerait involontairement durant le temps que Ha’ven avait passé sur l’Enfer.
Les hommes traversèrent à grandes enjambées les longs couloirs étincelants. Du marbre blanc brillant et noir chatoyait sur les sols et les murs. Ha’ven jeta un regard amusé à son ami. Il ne voulait rien dire mais son ami semblait avoir lui aussi été emprisonné sur un astéroïde et torturé. Des rides d’épuisement étaient visibles autour de ses yeux et de sa bouche, sans parler du fait que ses cheveux étaient attachés de travers derrière lui comme s’il l’avait fait à la hâte.
Ha’ven ne put s’empêcher de lui demander :
— Comment va la vie de mâle en couple ? Tu as l’air…
Il finit son commentaire avec un signe de la main en direction des cheveux de Creon.
— Quoi ? répondit distraitement Creon avant d’afficher un petit sourire. C’est génial la vie de mâle en couple, dit-il, ignorant la toux étouffée d’incrédulité d’Adalard. C’est être père qui est… un défi. Avoir deux minuscules femelles est éprouvant. Elles sont si petites. J’ai peur de leur faire mal rien qu’en les soulevant. Carmen ne cesse de me répéter qu’elles sont plus résistantes qu’elles en ont l’air mais je ne comprends pas comment c’est possible. Tu devrais voir Trelon, ajouta-t-il avec un grand sourire. Si tu trouves que j’ai mauvaise mine, il est un million de fois pire. Je ne crois pas qu’il ait dormi plus de quelques heures d’affilée depuis la naissance de ses deux petites.
Ha’ven secoua la tête.
— Je suis juste content que ce soit toi et pas moi, mon ami, dit-il d’un air dégoûté. Je n’arrive pas à croire que Vox et toi vous soyez entichés de cette espèce. Qu’y a-t-il chez elles qui vous a fait perdre le contrôle à tous les deux ?
Creon s’arrêta dans le couloir et étudia son ami. Il n’était pas le seul à avoir l’air fatigué. Quelque chose n’allait pas chez Ha’ven. Mais il connaissait assez bien l’immense guerrier curizan pour savoir qu’il valait mieux ne pas demander. S’il était patient, il découvrirait ce qui dérangeait son ami. Malgré la fatigue, il voyait aussi de la curiosité briller dans son regard intense.
— Elle remplit le vide qui se trouve en moi, dit doucement Creon. J’étais inquiet quand je suis retourné sur son monde avec elle.
— Pourquoi ? demanda Adalard avant de se déplacer pour être à côté de son frère. Que s’est-il passé ?
Creon regarda dans le couloir pendant plusieurs longues secondes avant de se retourner pour faire face aux deux hommes. Son visage était sombre. Il jeta un nouveau coup d’œil aux alentours avant de faire un signe de tête en direction d’une petite alcôve située près de plusieurs fenêtres. Il s’y rendit et s’appuya contre le mur près des longues fenêtres qui donnaient sur le jardin central.
— Carmen avait besoin de tourner la page, commença Creon en regardant intensément les deux hommes. Son premier compagnon a été assassiné et elle a été grièvement blessée par un mâle très dangereux sur sa planète pendant qu’elle protégeait le petit d’un autre. Elle était enceinte quand elle a été attaquée et elle a aussi perdu son petit. Elle voulait…, Creon fit une pause et prit une profonde inspiration tout en se tournant pour regarder en direction des jardins. Elle avait besoin de tourner la page avant de pouvoir accepter sa nouvelle vie. Elle voulait trouver et éliminer le mâle qui lui a tant pris. Je savais qu’elle ne serait pas capable de passer autre chose si elle ne le faisait pas.
Adalard jura entre ses dents.
— Je ne peux pas lui en vouloir, mais comment as-tu pu prendre le risque de la remettre en danger de cette façon ? demanda-t-il, incrédule. Elle portait vos petites alors, n’est-ce pas ?
Creon se tourna et fusilla Adalard du regard.
— Oui, mais tu as rencontré Ariel. Carmen est encore plus obstinée que sa sœur ! Que penses-tu qu’il se serait produit si j’avais refusé ? Ariel et elle ont déjà essayé de s’échapper une fois. Crois-tu vraiment que je mettrais sa vie en danger ? C’était la seule façon que j’avais trouvée pour la garder avec moi. Elle… elle a failli mettre fin à ses jours plus d’une fois. Je n’allais pas prendre le risque que cela se produise à nouveau, rétorqua laconiquement Creon.
Ha’ven mit une main sur le bras de Creon.
— Nous ne jugeons pas ta décision, Creon. Je sais plus que quiconque que tu ne mettrais jamais intentionnellement en danger ceux à qui tu tiens, dit-il doucement.
Les yeux de Creon se dirigèrent brusquement vers ceux de Ha’ven. Il n’y vit aucune récrimination même si cela aurait été justifié. C’était de sa faute si Ha’ven avait été capturé et torturé. C’était son refus borné de croire qu’Aria, la femme qu’il croyait aimer, le trahirait.
Son déni avait presque coûté la vie à Ha’ven. Il avait tué Aria et avait tiré d’elle toutes les perfidies qu’elle avait commises avant de lui apporter le soulagement de la mort. Après que Vox et lui aient secouru Ha’ven de la prison dans laquelle il était retenu, il avait regretté ne pas avoir tué la salope encore plus lentement.
Les yeux de Creon se dirigèrent vers Adalard qui hochait la tête pour montrer qu’il était d’accord.
— Je ne voulais pas manquer de respect, Creon. Il est seulement difficile de croire que des femelles puissent réagir si différemment. Même nos femelles ne sont pas vraiment des combattantes. Elles peuvent être des salopes menteuses et trompeuses, mais elles ne savent pas se battre comme un guerrier. J’ai vu la compagne de Mandra en action. Je ne peux qu’imaginer comment doit être ta compagne, dit-il avec un sourire en coin.
— Je me suis assuré qu’elle soit tout le temps sous protection, non pas que ça ait fait de grosse différence. Elle a quand même réglé les choses elle-même. Peu après que nous soyons arrivés sur son monde, un homme qu’elle connaissait l’a contactée et lui a dit où elle pourrait trouver l’homme qu’elle pourchassait. Carmen, Jaguin, Gunner et moi sommes allés lui faire face.
Creon fit une pause et ses yeux prirent une couleur d’un or plus foncé, révélant sa colère.
— Le mâle avait deux femelles dans la pièce avec lui. Elles avaient toutes les deux été brutalement tabassées et torturées. Il avait fait ça en guise de vengeance pour une blessure dont il tenait Carmen pour responsable. L’Humain cherchait toute femelle qui ressemblait un tant soit peu à ma compagne. Une fois qu’il en avait trouvé une, il la torturait et la tuait. D’après l’une des femelles que nous avons secourues, il en avait déjà tué deux autres peu de temps avant que nous arrivions.
Ha’ven émit un sifflement tout en se reculant. Il ne savait que trop bien ce que cela faisait d’être torturé. Le sentiment d’impuissance. Les sentiments de désespoir et finalement la rage d’être à la merci et sous le contrôle de quelqu’un d’autre. Venait ensuite une autre vague de sentiments.
Le désir d’échapper à la douleur, que ce soit par la mort ou par tout autre moyen. Il n’arrivait pas à imaginer quelqu’un infligeant une telle douleur à des femmes innocentes simplement pour le plaisir. Cela allait à l’encontre de tous ses principes.
— Et les femelles ? demanda curieusement Adalard. Les avez-vous ramenées avec vous ?
Creon hocha la tête.
— Oui, l’une d’entre elle est la partenaire de vie de Jaguin, dit-il.
Ha’ven se tourna quand la porte en face d’eux s’ouvrit, Zoran leur jetant un regard noir depuis l’embrasure de la porte. La vie de mâle en couple devait être plaisante pour l’immense chef des Valdiers car ce n’était pas de l’épuisement qui était à l’origine de son air renfrogné. Il semblait plus être dû à de l’impatience d’après la façon dont ses yeux balayaient le couloir.
— Que faites-vous là ? Je veux en terminer avec ça, grogna Zoran. Abby et Zohar vont devoir attendre pour dîner si on n’en finit pas rapidement avec ça.
Ha’ven leva les yeux au ciel.
— Je vois que tu es toujours aussi plaisant qu’à ton habitude, dit-il d’une voix traînante en sortant en premier de l’alcôve.
— Ferme-la, Ha’ven, rétorqua Zoran. Creon aurait dû me laisser te cramer le cul. Je ne sais pas pourquoi il aime tant traîner avec toi et cette boule de poils.
Ha’ven ne put s’empêcher de railler Zoran sur à quel point il était collet monté sur à peu près tout.
— Peut-être parce que contrairement à toi, on n’a pas de balais dans le cul ?
— Un de ces jours, mon mignon, tu n’auras pas ta technologie extravagante avec toi et tu ne pourras plus te cacher, rétorqua Zoran, bien que l’étincelle d’amusement dans ses yeux retirât le côté mordant de ses paroles.
Ha’ven émit un petit rire.
— Jamais. Elle fait autant partie de moi que ton dragon et ton symbiote font partie de toi.
Il n’ajouta pas que ce n’était pas seulement sa technologie qui le protégeait.
— Salutations, Dame Ariel, Dame Reykill, dit Adalard en entrant dans la pièce à la suite de son frère. Puis-je me permettre de dire que vous êtes toutes les deux aussi ravissantes qu’à votre habitude. Je vois que Bahadur n’a pas réussi à vous persuader de quitter le gros dragon qui vous a revendiquée, Dame Ariel.
Le sombre grognement de Mandra fit vibrer l’air alors qu’il attirait Ariel contre son corps dur. Ses yeux volèrent derrière Ha’ven et Adalard pour se poser sur Creon. Il regarda son petit frère hocher la tête pour signifier que Bahadur n’était pas là. Il expira l’air qu’il avait inspiré.
— Vous allez avoir besoin d’un nouveau général si ce bâtard n’arrête pas de lui envoyer des cadeaux. Je vais le découper en petits morceaux et le renvoyer sur son monde dans une toute petite boîte, grogna Mandra d’une voix grave.
Les rires de Morian et d’Ariel emplirent l’air tandis que les hommes commencèrent à rivaliser pour trouver le meilleur moyen de tuer Bahadur. Même Ha’ven ne put résister à l’envie d’ajouter quelques suggestions. Les choses ne se calmèrent qu’une fois qu’un étrange mâle entra silencieusement dans la pièce.
Les yeux de Ha’ven parcoururent Paul Grove lorsqu’il entra. Une vague de malaise traversa Ha’ven quand il réalisa que ce mâle avait pris note de tout ce qui se trouvait dans la pièce en seulement quelques secondes. Il n’avait aucun doute quant au fait que ce mâle serait un opposant létal lors d’un combat. Le regard du mâle se posa sur Morian Reykill dont les joues prirent une délicate couleur rose avant qu’Ariel et elle ne prennent congé.
— Paul, appela Zoran depuis son siège à la tête de la grande table en palissandre. Je voudrais te présenter quelques-uns des guerriers les plus expérimentés et les plus létaux des galaxies connues.
Ha’ven leva les yeux au ciel en entendant la présentation de Zoran.
— N’oublie pas aussi le plus beau, dit Ha’ven d’une voix traînante.
Ce commentaire fit repartir le groupe d’hommes. Ha’ven s’installa confortablement, un petit sourire lui courbant les lèvres alors qu’il écoutait les blagues, les commentaires grossiers, et regardait les gestes encore plus grossiers que les hommes s’échangeaient. C’était une bonne chose. Cela créait de la camaraderie entre les guerriers et cela les rendrait plus forts.
Tu t’es plus battu pour ceux en qui tu avais confiance et que tu respectais,