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Tout le monde connaît Karl Marx (1818-1883), le théoricien de la lutte des classes. Mais peu s’intéresse à l’homme, au philosophe et au journaliste engagé, le condamnant d’avance pour ce que ses successeurs ont fait de ses travaux et de ses idéaux. Son texte remarquable sur la Commune de Paris, présenté ici, n’a guère suscité de polémique. Les historiens contemporains s’accordent à lui reconnaître justesse et justification. Pour la rédaction de ce volume « coup de poing », il a réuni et compilé tout ce qu’il trouvait dans les journaux anglais, français et allemand sur la progression de la guerre civile opposant les communards aux forces versaillaises. Ayant vécu à Paris plusieurs années, impressionné par ce mouvement populaire dans lequel il perçoit un « modèle », il veut s’en faire le héraut et s’adresser à la classe ouvrière mondiale. Son portrait des forces en présence est sans concession, pour ceux qu’il soutient comme pour les tyrans qu’il combat : Adolphe Thiers est le chef d’un « gouvernement de défection nationale » et la dénonciation des manœuvres du chancelier Bismarck lui permet de régler quelques comptes personnels. Il faut en effet rappeler que la Commune est directement issue du conflit franco-prussien de 1870, générant une opposition frontale entre ceux qui refusent la défaite et ceux qui s’en accommodent.
À PROPOS DES AUTEURS
Friedrich Engels, né le 28 novembre 1820 à Barmen (Prusse) et mort le 5 août 1895 à Londres, est un philosophe, sociologue, anthropologue et un théoricien socialiste et communiste allemand, grand ami de Karl Marx. Après la mort de ce dernier, il assure, à partir des brouillons laissés par son ami, la rédaction définitive et la publication des livres II et III du "Capital".
Engels a été militant de la Ligue des communistes, de l'Association internationale des travailleurs (Première Internationale) et de l'Internationale ouvrière (Deuxième Internationale).
Karl Marx, né le 5 mai 1818 à Trèves dans le grand-duché du Bas-Rhin et mort le 14 mars 1883 à Londres, est un philosophe, économiste, historien, sociologue, journaliste, théoricien de la révolution[4], socialiste et communiste prussien. Il est connu pour sa conception matérialiste de l'histoire, son analyse des rouages du capitalisme et de la lutte des classes, et pour son activité révolutionnaire au sein du mouvement ouvrier. Il a notamment été un des membres dirigeants de l'Association internationale des travailleurs (Première Internationale). Des courants de pensée se revendiquant principalement des travaux de Marx sont désignés sous le nom de marxisme. Marx a eu une grande influence sur le développement ultérieur des sciences humaines et sociales. Ses travaux ont marqué de façon considérable le XXe siècle, au cours duquel de nombreux mouvements révolutionnaires et intellectuels se sont réclamés de sa pensée.
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Veröffentlichungsjahr: 2025
La Commune de Paris
La Commune de Paris
Karl Marx
MAGELLAN & Cie
Proclamation de la Commune de Paris sur la place de l’Hôtel-de-Ville.
AVANT-PROPOS7
Introduction13
PREMIÈRE ADRESSE SUR LA GUERRE FRANCO-ALLEMANDE37
seconde ADRESSE SUR LA GUERRE FRANCO-ALLEMANDE47
aDRESSE SUR LA GUERRE civile en france65
KARL MARX157
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AVANT-PROPOS
par Marc Wiltz
Chacun connaît Karl Marx, surtout de nom, avec tout ce qui s’attache à son œuvre de philosophe, au Capital, et à tous les développements du communisme, et ses dévoiements. L’homme décédé à Londres en 1883, après une vie entière passée à réfléchir, à écrire et à agir sur la condition du travail, peut-il être considéré comme responsable de ce que ses successeurs ont fait de ses travaux, de ses principes ou de ses idéaux ?
Son texte remarquable sur la Commune de Paris, présenté ici, n’a guère suscité de polémique. Les historiens contemporains s’accordent à lui reconnaître justesse et justification, même s’il se présente sous la forme d’un pamphlet. The Civil War in France, son titre original en anglais, a été écrit au nom du Conseil général de l’Association internationale des travailleurs, appellation officielle de la « Première Internationale », fondée à Londres en 1864 et dont l’objectif premier était de coordonner le développement du mouvement ouvrier naissant dans les pays européens récemment industrialisés.
Karl Marx en 1874 à Londres, photographie.
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La Commune de Paris
La première édition du texte est une mince brochure de trente-cinq pages tirée à mille exemplaires, publiée à Londres dès le 13 juin 1871, c’est-à-dire quelques jours à peine après la chute de la Commune. D’autres éditions suivent rapidement soit sous la forme de brochures, soit en parution dans les journaux, avec de nombreuses traductions en français, en allemand, en russe, en italien, en espagnol, en flamand, en croate, en danois, en polonais… pour faire face au succès. La traduction allemande est faite par son ami de longue date Friedrich Engels.
Marx vit à Londres depuis 1849. Pour la rédaction de ce volume « coup de poing », il a réuni et compilé tout ce qu’il trouvait de coupures de journaux anglais, français et allemand racontant la progression de la guerre civile qui oppose les communards aux forces versaillaises. Il s’est également renseigné auprès de plusieurs personnalités de premier plan de la Commune, avec lesquelles il est en contact depuis longtemps. Il a en effet vécu à Paris entre 1843 et 1845, puis entre 1848 et 1849, expulsé les deux fois pour ses prises de position. Très impressionné par ce mouvement populaire dans lequel il perçoit un « modèle », il veut s’en faire le héraut et s’adresser à la classe ouvrière mondiale. Son portrait des forces en présence est sans concession, à la fois pour ceux qu’il soutient et pour les tyrans qu’il combat : côté français, Adolphe Thiers n’est pas épargné par sa verve, le gouvernement étant décrit comme un « gouvernement de défection nationale » et son chef comme un
Avant-propos
parvenu avide et rempli de haine ; côté allemand, la dénonciation des manœuvres du chancelier Bismarck lui permet de régler quelques comptes personnels. Il faut en effet rappeler que la Commune est directement issue du conflit franco-prussien de 1870, générant une opposition frontale entre ceux qui refusent la défaite et ceux qui s’en accommodent. À la chute du Second Empire marqué par le désastre de Sedan (capitulation du 2 septembre 1870), le peuple parisien, malgré la famine et les sacrifices, n’accepte pas le désarmement voulu par Thiers, et choisit délibérément de poursuivre la « guerre civile ». Marx met ici en lumière ces combats pour la liberté de la classe ouvrière et les avancées sociales créées par le mouvement populaire, tuées dans l’œuf. En 1940, il y aura comme une redite de l’histoire…
En 1891, lors du vingtième anniversaire de la Commune de Paris, Engels proposera une nouvelle édition augmentée d’une introduction, elle aussi reproduite ici, soulignant l’importance historique de cette tragédie française qui a causé la mort de vingt mille personnes, et l’exil de beaucoup d’autres.
Double-page ci-dessous : les canons de la Garde nationale sur la butte Montmartre, gravure.
Friedrich Engels avec Karl Marx et ses trois filles Jenny Caroline, Jenny Julia Eleanor et Jenny Laura, vers 1964 à Londres.
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Introduction
par Friedrich Engels
rédigée à Londres, pour le vingtième anniversaire
de la Commune de Paris, le 18 mars 1891
C’est à l’improviste que j’ai été invité à faire une nouvelle édition de l’Adressedu Conseil général de l’Internationale sur La Guerre civile en Franceet à y joindre une introduction. Aussi ne puis-je ici que mentionner brièvement les points les plus essentiels.
Je fais précéder cette étude plus considérable des deux Adressesplus courtes du Conseil général sur la guerre franco-allemande. D’abord, parce que dans La Guerre civileon se réfère à la seconde, qui n’est pas elle-même entièrement intelligible sans la première. Ensuite, parce que ces Adresses, toutes deux rédigées par Marx, sont, tout autant que La Guerre civile, des exemples éminents du don merveilleux dont l’auteur a fait pour la première fois la preuve dans Le 18 Brumaire de Louis Bonaparte, et qui lui permet de saisir clairement le caractère, la portée et les conséquences nécessaires des
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La Commune de Paris
grands événements historiques, au moment même où ces événements se produisent encore sous nos yeux ou achèvent à peine de se dérouler. Et, enfin, parce que nous souffrons aujourd’hui encore en Allemagne des suites prédites par Marx, de ces événements.
Est-ce qu’on n’a pas vu se réaliser la prédiction de la première Adresse : si la guerre de défense de l’Allemagne contre Louis Bonaparte dégénère en guerre de conquête contre le peuple français, toutes les misères qui se sont abattues sur l’Allemagne après les guerres dites de libération renaîtront-elles avec une intensité nouvelle1 ? N’avons-nous pas eu encore vingt autres années de domination bismarckienne, et pour remplacer les persécutions contre les « démagogues »2, la loi d’exception et la chasse aux socialistes, avec le même arbitraire policier, avec littéralement la même façon monstrueuse d’interpréter la loi ?
Et ne s’est-elle pas réalisée à la lettre la prédiction que l’annexion de l’Alsace-Lorraine « jetterait la France dans les bras de la Russie3 » et qu’après cette annexion l’Allemagne ou bien deviendrait le valet servile de la Russie, ou bien serait obligée, après un court répit, de s’armer pour une nouvelle guerre et,
1. Allusion aux conflits qui avaient suivi les annexions d’une partie de l’Allemagne par Napoléon 1eren 1813 et 1814. (N.d.É.)
2. Nom malveillant désignant les démocrates dans les années 1820 au sein des États allemands. (N.d.É.)
3. Dans la deuxième Adresseprésentée plus loin, Marx avait prévu que l’annexion de l’Alsace et de la Lorraine pousserait la France à chercher des alliés pour sa « revanche », auprès de la Russie tsariste en particulier. (N.d.É.)
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Introduction
à vrai dire, « pour une guerre raciale contre les races latines et slaves coalisées » ? Est-ce que l’annexion des provinces françaises n’a pas poussé la France dans les bras de la Russie ? Bismarck n’a-t-il pas vainement, pendant vingt années entières, brigué les bonnes grâces du tsar, s’abaissant à des services plus vils encore que ceux que la petite Prusse, avant qu’elle ne fût « la première puissance d’Europe », avait coutume de déposer aux pieds de la Sainte-Russie ? Et ne voit-on pas quotidiennement, suspendue au-dessus de notre tête, telle l’épée de Damoclès, la menace d’une guerre, au premier jour de laquelle tous les traités d’alliance des princes s’en iront en fumée ? D’une guerre dont rien n’est sûr que l’absolue incertitude de son issue, d’une guerre raciale qui livrera toute l’Europe aux ravages de quinze à vingt millions d’hommes armés ; et si elle ne fait pas encore rage, c’est uniquement parce que le plus fort des grands États militaires est pris de peur devant l’imprévisibilité totale du résultat final.
Il est d’autant plus nécessaire de mettre à nouveau à la portée des ouvriers allemands ces preuves brillantes et à demi oubliées de la clairvoyance de la politique ouvrière internationale de 1870.
Ce qui est vrai de ces deux Adresses, l’est aussi de celle sur La Guerre civile en France. Le 28 mai 1871, les derniers combattants de la Commune succombaient sous le nombre sur les pentes de Belleville, et deux jours après, le 30, Marx lisait déjà devant le Conseil général ce travail où la signification historique de la Commune
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La Commune de Paris
de Paris est marquée en quelques traits vigoureux, mais si pénétrants, et surtout si vrais, qu’on en chercherait en vain l’équivalent dans l’ensemble de l’abondante littérature écrite sur ce sujet.
Le développement économique et politique de la France depuis 1789 a fait que, depuis cinquante ans, aucune révolution n’a pu éclater à Paris sans revêtir un caractère prolétarien, de sorte qu’après la victoire, le prolétariat, qui l’avait payée de son sang, entrait en scène avec ses revendications propres. Ces revendications étaient plus ou moins fumeuses, et même confuses, selon le degré de maturité atteint par les ouvriers parisiens mais, en définitive, elles visaient toutes à la suppression de l’antagonisme de classes entre capitalistes et ouvriers. Comment la chose devait se faire, à vrai dire on ne le savait pas. Mais à elle seule, si indéterminée qu’elle fût encore dans sa forme, la revendication contenait un danger pour l’ordre social établi : les ouvriers qui la posaient étaient encore armés ; pour les bourgeois qui se trouvaient au pouvoir, le désarmement des ouvriers était donc le premier devoir. Aussi, après chaque révolution, acquise au prix du sang des ouvriers, éclate une nouvelle lutte qui se termine par la défaite de ceux-ci. C’est en 1848 que la chose arriva pour la première fois. Les bourgeois libéraux de l’opposition parlementaire tinrent des banquets où ils réclamaient la réalisation de la réforme électorale, qui devait assurer la domination de leur parti. De plus en plus contraints dans leur lutte contre le gouvernement à faire appel au peuple, ils
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Introduction
furent obligés de céder peu à peu le pas aux couches radicales et républicaines de la bourgeoisie et de la petite bourgeoisie. Mais, derrière elles, se tenaient les ouvriers révolutionnaires, et ceux-ci, depuis 1830, avaient acquis beaucoup plus d’indépendance politique que les bourgeois et même que les républicains n’en avaient idée. Quand la crise éclata entre le gouvernement et l’opposition, les ouvriers engagèrent le combat de rues. Louis-Philippe disparut, et avec lui la réforme électorale ; à sa place se dressa la république, la république « sociale», comme les ouvriers victorieux la qualifièrent eux-mêmes. Ce qu’il fallait entendre par république sociale, c’est ce que personne ne savait au juste, pas même les ouvriers. Mais maintenant, ils avaient des armes et ils étaient une force dans l’État. Aussi, dès que les bourgeois républicains qui se trouvaient au pouvoir sentirent le sol se raffermir sous leurs pieds, leur premier objectif fut-il de désarmer les ouvriers. Voici comment cela se fit : en violant délibérément la parole donnée, en méprisant ouvertement les prolétaires, en tentant de bannir les sans-travail dans une province lointaine, on les précipita dans l’insurrection de juin 1848. Et comme on avait pris soin de réunir les forces suffisantes, les ouvriers, après une lutte héroïque de cinq jours, furent écrasés. On fit alors un massacre parmi les prisonniers sans défense, comme on n’en avait pas vu de pareil depuis les jours des guerres civiles qui ont préparé la chute de la République romaine. Pour la première fois, la bourgeoisie montrait jusqu’à quelle folle cruauté dans la vengeance elle peut
TABLE DES MATIÈRES
AVANT-PROPOS
INTRODUCTION
PREMIÈRE ADRESSE SUR LA GUERRE FRANCO-ALLEMANDE
SECONDE ADRESSE SUR LA GUERRE FRANCO-ALLEMANDE
ADRESSE SUR LA GUERRE CIVILE EN FRANCE
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Table of Contents