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Jean souhaite changer de vie. Un peu contraint, il quitte son poste d’informaticien pour restaurer un corps de ferme qu’il prévoit de transformer en une chambre d’hôtes. Très rapidement, la vieille maison lui procure d’étranges sensations : bruits, odeurs, présences… S’agirait-il d’une maison hantée ? Soucieux d’en savoir plus, il décide de rencontrer l’ancien occupant et se retrouve face à une situation bien plus compliquée que ce qu’il avait imaginé…
À PROPOS DE L’AUTRICE
Depuis la classe de sixième, Lucie Chuard tisse des récits captivants, des nouvelles et des romans. Le désir inébranlable de partager ses écrits, ses voyages et les fragments de sa vie avec les autres l’a toujours animée. Aujourd’hui, grâce à une reconversion professionnelle, elle se recentre sur elle-même et sur ses rêves. Encouragée par ses fans, elle ose enfin sauter le pas avec ce premier roman.
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Seitenzahl: 167
Veröffentlichungsjahr: 2023
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Lucie Chuard
La femme sur la photo
Roman
© Lys Bleu Éditions – Lucie Chuard
ISBN : 979-10-422-0380-1
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L. 122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L. 122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivante du Code de la propriété intellectuelle.
Jean était transi de froid. Dehors sous la pluie glaciale de ce début de février, il attendait depuis presque un quart d’heure. Il grelottait en se frottant les mains, soufflant dessus pour tenter vainement de les réchauffer. Comme il se maudissait d’avoir oublié ses gants aujourd’hui.
Mais qu’est-ce qu’il branle cet abruti ? Je vais pas rester toute la journée à crever de froid moi !
L’homme regarda pour la quatrième fois son téléphone. Trois appels manqués de sa RH. Et merde… S’il avait su qu’il avait eu tout ce temps, il aurait déjà répondu. Il aurait au minimum été tranquille de ce point de vue.
Jean détaillait chaque voiture qui passait dans la rue, c’est-à-dire pas beaucoup. Il espérait que son interlocuteur ne tarderait pas. L’homme ne l’imaginait pas conduire un tout terrain ou une voiture ancienne et cabossée, plutôt une berline ou une citadine. Aussi les regardait-il avec plus d’attention encore.
Autour de lui, la rue était déserte. Il n’y avait aucune voiture garée sur le trottoir et tout semblait indiquer que les habitants du coin étaient tous partis travailler. Les quelques maisons de la rue étaient toutes des maisons de charmes, recouvertes de crépi, construites à une époque où la plupart des bâtiments étaient faits à la chaîne, selon le même plan.
Jean reposa le regard sur la maison devant laquelle il se trouvait. Une petite bâtisse avec un étage, toute en parpaings et elle aussi recouverte d’une épaisse couche de crépi noirci par la pollution de l’air. Les grandes fenêtres des salles du rez-de-chaussée l’empêchaient presque de voir son propre reflet. Celui d’un homme quadragénaire, aux cheveux poivre et sel et à l’allure un peu bedonnante, bien qu’une partie de son corps soit dissimulé derrière l’énorme panneau « À VENDRE ».
L’homme soupira, la maison avait l’air dans un état de délabrement poussé. Espérer la vendre, même à un prix dérisoire, était idiot. Mais partir en douce du travail pour visiter cette maison n’était pas plus intelligent, il en avait conscience.
« Bonjour, Monsieur Bare ? demanda une voix monotone avec un fort accent du nord.
— Ouais, répondit Jean en se tournant.
— Michel Argan, ‘scusez mon retard, il y avo’ du monde sur lo route… »
Ça m’a pas empêché d’être à l’heure, moi, pensa Jean sans rien en dire. Son interlocuteur, un petit homme d’une trentaine d’années, cherchait déjà la bonne clé parmi son trousseau pour ouvrir la porte en PVC de la petite maison. Il avait également commencé à proférer son charabia d’agent immobilier, vantant des mérites que l’annonce décrivait déjà : surface au sol, présence du centre-ville non loin, etc. Quand, finalement, la porte s’ouvrit enfin, l’agent s’y engouffra précipitamment.
« Quel froid de canard, plaisanta ce dernier. »
Jean lui répondit par un regard glacial qui montrait ce qu’il pensait : et encore, t’as pas attendu presque vingt minutes dehors… Le Michel émit un rire gêné, comprenant très bien le sous-entendu que portaient les yeux de son client. Pour se redonner une contenance, il présenta la maison : une petite bâtisse sans prétention, avec quelques travaux à entreprendre pour moderniser isolation, chauffage et décoration.
Quelques ? Il se fout de ma gueule ! Il doit bien y en avoir pour autant de travaux que le prix de la baraque…
Si Jean appréciait difficilement l’esthétique et l’agencement du logement, il était convaincu qu’il ne s’agissait pas de celui dont il avait besoin. En effet, la maison n’avait qu’une chambre. Or il lui en fallait au moins deux ou trois pour son projet : ouvrir une chambre d’hôte.
La visite se poursuivit dans une ambiance maussade, rythmée par les mérites vantés par l’agent immobilier, et par les grognements désapprobateurs de Jean. Après une demi-heure de visite, les deux hommes se retournèrent vers la sortie. Jean se demandait pourquoi il n’avait pas écourté la visite plutôt que de perdre son temps en palabre et en faux semblants. Encore une fois, Jean n’avait pas trouvé la perle rare qu’il souhaitait.
Cela faisait déjà quelques mois qu’il arpentait les sites de vente et d’achat de bien immobilier, et les agences en quête de la maison de ses rêves. Il n’avait pas besoin d’un grand jardin, ou d’être en centre-ville ; simplement d’avoir de quoi louer des chambres afin de voir du monde et d’en vivre tranquillement. Jusque-là, les rares pépites qu’il avait vues coûtaient bien deux à trois fois son budget limite, travaux compris. Certes, l’homme n’avait pas une enveloppe mirobolante, mais il devrait bien pouvoir trouver chaussure à son pied.
Michel retint Jean encore quelques minutes sur le pas de la porte, présentant les formules de politesse usuelles du type « n’hésitez pas à m’appeler » ou encore « Si j’ai autre chose dans votre budget, je vous recontacte ». Mais le client n’était pas dupe. Cet idiot ne lui proposerait rien de juteux. Il ne lui présentait des biens que par obligation de son employeur sûrement. Gardant les plus beaux lieux pour un client susceptible de pouvoir l’acheter, lui…
Finalement, l’agent lâcha son client après avoir déclaré en riant « Oups, je suis en retard pour ma prochaine visite… Je dirai qu’il y avait du monde sur la route ! » Jean contracta sa mâchoire. Michel se rendit compte de sa gaffe : ayant dit la même chose en arrivant, il ne pouvait en être que de même pour lui.
Mais quel abruti celui-là…
Rejoignant sa voiture, les mains dans les poches, tentant de se réchauffer, Jean regarda les autres maisons de la rue. Non, même le quartier n’offrait rien de bien intéressant pour son projet. Il se félicitait presque d’avoir eu le pressentiment que cette visite ne serait pas la bonne.
Son esprit vagabondait. Allait-il réussir à trouver la perle rare dont il avait cruellement besoin ? Il recherchait à proximité relative de la ville, ce qui devrait aider à la baisse des prix, d’autant qu’Arras n’est pas une si grande ville que cela. Le prix au mètre carré dans la région environnante était donc plutôt abordable. Mais rien à faire : la crise du Covid, déjà trois ans auparavant, avait vu les prix de l’immobilier décoller et tout le monde s’était jeté sur les grandes maisons à retaper, craignant de s’ennuyer en plein confinement.
Pas cool les gars de pas partager… Comment ils vont faire les jeunes et les gens comme moi s’il reste plus que les taudis et les villas pour super riches ?
Jean rentra dans sa voiture, une Peugeot 208 sans prétention. Rien n’en avait chez lui. Il était informaticien dans la filiale d’une grande entreprise, sans femme ni enfant. Un profil assez peu commun vu son âge. Mais il s’en accommodait sans trop de problèmes.
Il prit la direction de son appartement. Un T3 d’à peine cinquante mètres carrés. Il n’avait pas vraiment besoin de plus à l’heure actuelle. De quoi dormir et télétravailler. Cela lui suffisait… avant. Aujourd’hui, Jean cherchait à acheter, et à avoir plus grand. Il voulait changer de métier. Informaticien ne lui plaisait plus. Il en avait assez qu’on ne lui parle qu’en cas de problème, qu’on vienne le voir pour des soucis qui se trouvent le plus souvent « entre le clavier et la chaise ». Il avait de belles anecdotes, comme comment l’un de ses collègues s’était retrouvé avec un virus ouvrant des pops-up pornographiques sur son ordinateur de travail. Mais les blagues et les rires entre associés ne suffisaient pas à son bonheur. Il avait besoin d’un travail plus humain, plus social. Il avait besoin de se sentir utile.
L’homme ouvrit la porte de son appartement, accrocha la clé de sa voiture au clou, et regarda son bureau, qu’il voyait de l’entrée. Il savait qu’il devait se remettre au travail. Son absence avait sûrement déjà été notée par ses supérieurs. Mais il n’arrivait pas à s’y résoudre. Au lieu de cela, il se dirigea vers la cuisine. En passant, il accrocha sa veste en cuir au porte-manteau. L’homme ouvrit le placard et attrapa une tasse.
Mmh… Elle est mal lavée… Encore… Putain de lave-vaisselle…
Il relava son bol à la main et se servit un café. L’amertume le fit grimacer, peut-être finirait-il par apprécier cette boisson. En attendant, la socialisation et le besoin d’énergie lui avaient fait commencer ce breuvage qu’il estimait du démon, bien qu’il ne soit pas croyant.
Ne trouvant aucun autre prétexte pour repousser son retour au travail, Jean s’assit à son bureau. Il observa un instant son plan de travail puis déverrouilla son ordinateur. Dix-sept notifications.
Eh beh… Je leur ai manqué on dirait…
Avec réticence, il commença à répondre à chaque demande. Comme à leur habitude, ses collègues de travail ne le contactaient que pour des broutilles. Untel n’arrivait pas à ouvrir un fichier, un autre avait pour la septième fois supprimé un document important et voulait le restaurer avant la mise à jour de la sauvegarde du serveur. Il n’y avait décidément pas que des prix Nobel dans la boîte. À se demander comment l’entreprise faisait pour ne pas être en déficit ou complètement inutile.
L’informaticien se forçait à prendre un air aimable avec chacun de ses collègues, autrement ils ne lui demanderaient plus, et c’est là qu’ils feront des bêtises sur leur session. Être aimable quand on communique par tchat interposé ce n’est pas simplement répondre un « Bonjour comment vas-tu ? » quand son collègue n’avait pas même pris la peine de saluer. Non, il fallait faire preuve de patience et de pédagogie. Qualités que Jean avait ces derniers temps beaucoup de difficultés à présenter.
Jean finit de résoudre ses tickets peu après 18 heures. Parfait, il pouvait au moins se débrancher sans qu’on ne vienne l’enguirlander. Après tout, il était hors de question qu’on vienne lui demander de faire des heures supplémentaires. Comme depuis quelques mois, il éteignit tout moyen de communication relié à son entreprise : ordinateur portable et téléphone professionnel.
Une fois délesté de ses obligations, il alluma sa propre tour. Il allait pouvoir flâner sur des sites immobiliers et les réseaux sociaux. Après deux heures de recherches, Jean ferma ses onglets. Il commençait à avoir faim, aussi se dirigea-t-il à nouveau jusqu’à la cuisine. Il devait lui rester un plat de pâte qu’il avait fait le midi. Il le mit dans une assiette et le réchauffa au micro-ondes.
À moitié froid…
Tant pis, cela conviendrait. Il se réinstalla à son bureau et entreprit de trouver une série à regarder en mangeant. Vers une heure du matin, l’homme éteignit son ordinateur personnel et alla droit vers son lit pour se coucher. La tête sur l’oreiller, les yeux au plafond, il réfléchit à sa vie, à son avenir. Il se demandait s’il allait réussir à changer de vie. S’il allait parvenir à trouver un sens à son existence, à se sentir utile et valorisé. À se sentir apprécié, vivant, humain. Et s’il n’allait pas quitter une routine pour en trouver une autre qui ne lui plairait pas plus. Il tenta de se rassurer en se répétant que dans le pire des cas, il changerait à nouveau de métier. Et ce, jusqu’à trouver le bon, ou devoir partir à la retraite.
Comme souvent depuis presque six mois, Jean s’assoupit, empli de doutes et d’espoirs pour l’avenir. Il dormit d’un sommeil empli de cauchemars et de réveils en sursaut, une terrible douleur dans le dos.
« Jean, fais un effort ! Sois professionnel bon sang !
— Ouais, c’est bon j’ai compris… Je resterai dispo sur les heures de travail… »
L’homme laissa son directeur lui passer un savon sans l’écouter. Il avait baissé le son de l’ordinateur pour qu’il ne subsiste qu’un chuchotement à la place de la grosse voix de l’homme. Il ne ressentait pas la moindre once de culpabilité concernant son escapade de la veille pendant ses heures de travail. Jean répondait même à ses mails en parallèle, attendant que la voix caverneuse de son patron ne cesse pour remonter le son.
« Ouais, je sais, je suis désolé, ça ne se reproduira pas.
— J’espère bien… »
De toute façon, qu’est-ce que tu vas bien me faire ? Y a plus grand-chose qui puisse me servir de menace dans mon cas… Alors tu peux dire ce que tu veux j’en ai rien à foutre.
Finalement, après une seconde rasade de blâme, le supérieur de Jean le laissa enfin en paix. Il put se mettre officiellement à travailler.
Quel dommage… J’ai perdu une heure avec ses conneries, pensa-t-il avec ironie.
Il alla se chercher un café. Puis, faisant le strict minimum, l’homme se permettait d’appeler les agences présentant des biens immobiliers qui pourraient faire l’affaire pour son projet. En dehors de ça, il s’assurait que le tchat d’entreprise le montrait comme disponible, et il faisait acte de présence dans les réunions auxquelles il était convié plus par une quelconque forme de respect ou obligation que par réelle nécessité. Il était froid et distant avec les collègues qui montraient le plus d’hypocrisie. Souvent, il s’agissait des personnes aimant les ragots et cherchant à tout prix à glaner des informations sur toi pour les partager aux autres. Jean ne supportait pas ces gens. Et l’entreprise en était pleine.
Le lendemain, aux alentours de 10 heures, Jean reçut un appel sur son téléphone personnel. Il ne connaissait pas le numéro. Il attendit la fin de la première vibration puis décrocha. Il ignorait pourquoi il avait cette manie, mais cela donnait l’impression qu’il était quelqu’un d’occupé, ou du moins, de ne pas être trop proche de son portable. La voix de l’autre côté était cristalline et aimable. C’était une femme travaillant dans une agence immobilière que l’homme avait déjà contactée et qui avait un bien qui pourrait convenir à ses besoins. Trop habitué à être déçu par ce que les entreprises pouvaient lui proposer, l’homme prit les coordonnées sans s’enthousiasmer. Il planifia la visite à l’après-midi même, faisant fi des remontrances de sa direction et raccrocha.
L’après-midi mit du temps à arriver. Jean s’ennuyait ferme devant son ordinateur et il avait passé la matinée à faire une sauvegarde du serveur, tâche lente et rébarbative, qui avait toutefois l’avantage de l’empêcher de faire quoi que ce soit d’autre. C’était avec un grand soulagement qu’il avait laissé tourner l’ordinateur en partant vers 14 heures pour aller visiter ce nouveau bien.
La maison se trouvait dans un petit village à quelques minutes d’Arras. Les habitations y étaient anciennes, en briques rouges, mais pas trop mal entretenues. Les voitures sur les trottoirs indiquaient que les gens vivants ici étaient plutôt modestes, avec des modèles parfois anciens, parfois cabossés. Mais les jardins étaient bien entretenus pour cette période de l’année, ce qui rassurait Jean concernant le cadre qu’il proposerait en s’installant ici.
La 208 se gara devant un ancien corps de ferme situé au bout d’une voie sans issue. Il n’y avait donc pas beaucoup de passage. La rue ne comportait que quatre grandes maisons avec beaucoup d’espace.
La demeure que Jean venait visiter était similaire aux autres excepté les murs de brique autour du jardin, empêchant tout vis-à-vis. Le ciment de la façade était à demi effrité par la pluie, mais les briques rouges qu’il maintenait avaient l’air en bon état. Un grand portail de bois vermoulu fermait ce que Jean devinait aisément comme la cour de la demeure, également seul accès au jardin.
Devant ledit portail, une jeune femme, à peine la vingtaine, les cheveux attachés en queue de cheval, attendait, les yeux rivés sur son portable. Elle grelottait dans son long manteau noir peu adapté à cette vague de froid hivernal. Jean la trouvait plutôt mignonne, avec de belles formes généreuses sans être disproportionnées. Ce devait être la femme avec qui il avait parlé le matin, il n’avait pas saisi son nom, mais qu’importe.
Elle au moins, elle sait être à l’heure à un rendez-vous.
Il descendit de sa voiture et s’approcha d’elle. La jeune blonde lui offrit un sourire franc et aimable et lui demanda s’il avait trouvé facilement. L’homme hocha la tête et s’excusa de l’avoir fait attendre par ce temps.
Eh bien, elle est aussi jolie qu’agréable… Elle au moins elle aime son métier…
L’agent déverrouilla l’épais portail de bois et Jean l’aida à l’ouvrir complètement. Ils pénétrèrent ensuite dans la cour. Un grand carré de gravier laissait la place pour deux à trois voitures. Le jardin s’étendait ensuite sur au moins deux cents mètres carrés d’herbes et de plantes poussant à leur convenance depuis au moins une paire d’années.
Le corps de ferme était spacieux, Jean pouvait être certain qu’il aurait assez de place pour laisser de l’intimité à ses futurs clients. Pour la première fois depuis le début de ses recherches, il se sentait plein d’espoir pour la suite de la visite.
La femme fit entrer Jean par la cuisine. La première chose qui choqua l’homme était l’état de salubrité de la maison. Des ordures jonchaient le sol et les meubles. De la crasse était incrustée sur le carrelage à peine visible et sur la gazinière ancienne. Jean frissonna, il ne pensait pas qu’un logement puisse être aussi mal entretenu. Il se souvint alors d’une maladie qu’il avait vue à la télévision et sur le net, le syndrome de Diogène.
Il fallut un grand effort d’imagination pour Jean afin de déterminer le potentiel de la cuisine. L’insalubrité du lieu lui donnait envie de fuir en courant, mais il se retient avec toute l’énergie dont il put faire preuve. L’homme jugea la cuisine ancienne mais pleine d’un certain potentiel : c’était une cuisine équipée avec des placards de bois, une matière qui donnait un grand charme aux yeux de Jean. D’après la femme de l’agence immobilière, l’actuel propriétaire était un vieil homme vivant seul et dont la santé physique et mentale était au cœur des préoccupations de ses enfants.
Ouais… Ça explique l’état de la maison…
La décoration reflétait les années soixante. Elle les respirait également. L’homme ignorait si les lieux étaient encore utilisés, mais une forte odeur de poussière et de moisi l’avait pris à la gorge quand il était rentré et lui piquait les narines.
Étrangement, il fut difficile de dire quand la porte fut fermée. Soit il n’y avait pas de chauffage, soit l’isolation de la bâtisse était totalement à refaire.
« Vous verrez, anticipa la femme, avec quelques travaux et quelques réaménagements, vous vous sentirez comme chez vous ! »