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Corentin, un jeune adolescent, passe ses vacances d’été chez ses grands-parents à Cancale. Son grand-père, Yves Gourvennec, l’entraîne un matin dans une partie de pêche à pied dans la baie du Mont-Saint-Michel. Ce qui devait être une simple sortie en bord de mer prend une tournure inattendue lorsque l’un des pêcheurs révèle à Corentin un secret de famille douloureux qui va bouleverser sa vie… "La gifle" est un recueil de quatre nouvelles aux thèmes variés, toutes ancrées dans l’âme profonde de la Bretagne.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Auteur prolifique,
Alain Landurant a signé de nombreux ouvrages, dont "Symboles des manuscrits du Mont-Saint-Michel", couronné par l’Académie Française avec le prix Charles Gros en 1994 et prix Reine Mathilde en 1993. Avec "La gifle", il rend un vibrant hommage à son père breton, qui lui a transmis sa passion pour la littérature.
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Seitenzahl: 63
Veröffentlichungsjahr: 2025
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Alain Landurant
La gifle
Nouvelles
© Lys Bleu Éditions – Alain Landurant
ISBN : 979-10-422-5899-3
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
– Montgommery le Régicide, éd. Tallandier (biographie), 1988, réédition en 2008, éd. Cheminements ;
– Ducey et son canton, éd. Bertout, 1992 ;
– Symboles des manuscrits du Mont-Saint-Michel, éd. Bertout, 1993 (Ouvrage couronné par l’Académie Française, prix Charles Gros, 1994 ; Prix Reine Mathilde, 1993) ;
– Bagnoles de l’Orne et le Pays d’Andaine, éd.Sutton, 1998 ;
– Charlemagne et la fée de Bellefontaine, (légende pour enfant), éd. Bertout, 2000 ;
– La Manche en l’An 2000, éd. Manche Tourisme, en collaboration ;
– Bellavidès le chouan de l’Avranchin, éd. Cheminement (biographie), 2006 ;
– La Mère de Dieu – Dans la tourmente révolutionnaire (biographie), éd. Glyphe, 2019.
À mon père attaché à sa Bretagne, qui aurait tant aimé écrire sur sa province.
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Les personnages de ces nouvelles sont imaginaires, de même que leurs vicissitudes personnelles. Tout lien avec des personnages ou des faits réels ne peut être que le fruit du hasard. Les éléments et les personnages sont imaginaires, ils n’ont qu’un but donner une vraisemblance aux récits sans aucune volonté de porter un préjudice quelconque.
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La nouvelle tient bon, grâce à sa densité. Elle garde un public vrai, celui qui ne demande pas un livre […]. Pas de place pour la méditation, pour un système de pensée, on peut tout mettre dans une nouvelle, même le désespoir le plus profond, mais pas la philosophie du désespoir. Les personnages sont cernés, gelés dans leur caractère […].
Paul Morand, Ouvert la nuit ; 6 nouvelles, N.R.F.
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Penchée sur le récepteur radio, Céline tournait fébrilement le bouton pour capter les informations sur l’avancée des troupes américaines, lesquelles venaient de franchir le Couesnon, rivière séparant la Bretagne de la Normandie.
Depuis le débarquement des forces alliées en Normandie, les troupes allemandes stationnées dans le Pays Malouin manifestaient envers la population de l’agressivité. Des soldats chuchotaient aux Malouins : « Allemagne Kaputt ! ».
Jusqu’à présent, le petit bourg de Baguer-Morvan avait été épargné par les mesures restrictives imposées par l’occupant à ses habitants. Soudain, les cloches de la cathédrale Saint-Samson de Dol-de-Bretagne retentissent dans le lointain sonnant le tocsin. Au son lugubre des cloches, Céline abandonna son poste de radio pour se précipiter sur le seuil de sa porte. Elle vit alors, ses deux plus proches voisins, Le Guen et Lecoz se diriger vers sa ferme. Essoufflés, ils l’invitaient à quitter sa ferme et se joindre à eux avec les gens du village pour se réfugier à l’intérieur de la Bretagne. Insensible à leurs sollicitations, Céline secouait sa tête, marquant son refus en répétant : « Je n’abandonnerai jamais la ferme de mes parents. Il ne m’arrivera rien ; je m’en remets à la Providence ».
Âgée d’une trentaine d’années, Céline était une femme de grande taille, charpentée, dont le corps laissait deviner qu’il avait enduré les lourdes tâches de la ferme. Le visage aux traits tirés avait en son centre un nez pointu, surmonté de lèvres à peine perceptibles qui laissaient penser que les souffrances ont été contenues par les vicissitudes de la vie.
Quand on portait son regard sur celui de Céline, on comprenait qu’il ne pouvait susciter aucun émoi amoureux chez les garçons du village. En réalité, elle n’avait pas cherché à trouver un mari. Dès sa naissance, son destin était tracé ; fille unique, elle n’avait eu que le choix que de rester vieille fille. Les parents avaient besoin de bras.
Désormais, seule occupante du hameau, Céline vaque aux soins des bestiaux, lesquels étaient dans la grange en raison des bombardements. La tombée de la nuit s’accompagnait d’une chaleur étouffante dans un silence oppressant. Céline tentait de surmonter son angoisse, elle pressentait la mort qui rôde aux alentours, en écoutant l’artillerie américaine écrasant la cité des Corsaires.
Elle sursauta en entendant le claquement sec d’un coup de fusil, probablement tiré par une sentinelle allemande alertée par un bruit suspect, elle signalait la présence d’une troupe de la Wehrmacht tapie le long des haies qui bordent la route menant à Saint-Malo.
La nuit venue, les bombardements s’amenuisèrent. On distinguait au loin la cité des corsaires en flamme. Céline décida de s’étendre sur le seul lit occupant la pièce principale.
***
Aux premières lueurs de l’aube, Céline fut réveillée par la reprise des combats.
Le premier geste de la journée, tel un rituel, était pour Céline de saisir le tisonnier pour retourner les cendres de la cheminée et jeter quelques brindilles de bois sec, lesquelles s’embrasèrent aussitôt. S’approchant de la grande glace accrochée près de la fenêtre, elle remit de l’ordre dans son épaisse chevelure noire qu’elle tira en chignon en y plantant quelques épingles.
Puis, elle revint vers la cheminée, joignant ses mains, elle commença sa prière. Elle avait la foi simple et inébranlable des gens de la campagne. Elle invoqua la Vierge Marie par une prière de circonstance : « le Souvenez-vous » en ces instants douloureux. Son regard se posait vers la tablette de la cheminée occupée par les souvenirs de famille. Se côtoyaient un crucifix occupant le centre de la tablette sur lequel on avait fiché un brin de buis, ainsi qu’une petite statuette de la Vierge Marie de Pontmain. Ces pieux objets entouraient deux photos : celles des grands-parents dans leurs habits de fêtes, figés pour l’éternité. La prière achevée, Céline s’installa pour son petit déjeuner composé invariablement : d’un bol de café noir, d’une grosse tranche de pain garnie d’une noix de beurre.
Dans cet instant, où le temps semble se figer, le regard de Céline balaya l’unique pièce habitable de la ferme, réunissant : salle à manger, cuisine et chambre à coucher. Le mobilier était composé d’une imposante armoire de style breton à laquelle était accolé un lit bateau. Une pendule datée de 1850, œuvre d’un artisan breton, égrenait le temps qui s’écoule. Deux grands cadres étaient accrochés de chaque côté de la fenêtre : témoins des grands moments de l’existence des défunts. À gauche, les parents, Auguste et Marie le jour de leurs noces. À droite, la photo d’Auguste en uniforme de poilu de la grande guerre de 14-18, dans un grand cadre doré où l’on avait placé en bas à droite du cadre la croix de guerre « celle des braves », en reconnaissance pour son courage lors des combats de Verdun où Auguste fut gazé et blessé à la jambe. Et, bien en évidence, le diplôme de la médaille signé du maréchal Pétain.