Erhalten Sie Zugang zu diesem und mehr als 300000 Büchern ab EUR 5,99 monatlich.
Certaines femmes, confrontées à des difficultés pour concevoir, voient leur espérance se prolonger dans une atmosphère de plus en plus lourde, marquée par les jugements et les regards inquisiteurs de la société. À mesure que le temps passe, ces pressions sociales grandissent, et l’urgence de prouver leur fertilité devient un fardeau insupportable. Celles qui n’arrivent pas à devenir mères risquent de se retrouver piégées dans un tourbillon d’anxiété, minées par les attentes des autres. "La grisaille" met en lumière cette souffrance silencieuse que beaucoup de femmes endurent en secret. L’intrigue, à la fois grave et teintée d’humour, suit une héroïne qui élabore un plan astucieux, voire machiavélique, pour échapper à ses détracteurs et se libérer de ce fardeau moral et émotionnel.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Après une vingtaine d’années à arpenter les arcanes des assurances, manipulant en qualité de juriste des textes figés et insipides,
Abdelilah Masmoudi décide de jeter l’éponge pour intégrer l’enseignement et renouer de nouveau avec les horizons immenses de la littérature, avec pour ambition de porter haut l’étendard de celles et ceux qu’on daigne à peine écouter.
Sie lesen das E-Book in den Legimi-Apps auf:
Seitenzahl: 165
Veröffentlichungsjahr: 2025
Das E-Book (TTS) können Sie hören im Abo „Legimi Premium” in Legimi-Apps auf:
Abdelilah Masmoudi
La grisaille
Roman
© Lys Bleu Éditions – Abdelilah Masmoudi
ISBN : 979-10-422-6809-1
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Je dédie ce livre à ma famille
parce qu’il n’y a bien entendu rien d’immoral,
aux auteurs qui m’ont inspiré,
et enfin à mes amis sans qui
je ne me serais pas engagé
dans cette entreprise agréablement périlleuse.
Toute ressemblance avec des faits ou personnages existants ou ayant existé serait purement fortuite et ne pourrait être que le fruit d’une pure coïncidence.
J’ai jugé inconvenant d’entrer d’emblée dans le corps de l’histoire sans la faire préfacer, l’usage en veut ainsi. Seulement dans le cas d’espèce, j’étais obligé de mettre cette pratique en veilleuse.
J’ai beau chercher parmi mes connaissances un volontaire qui aurait l’amabilité, ne serait-ce que par complaisance, de se prêter à cette double corvée : se donner la peine de me lire d’abord et de donner son point de vue ensuite. Seulement, les plus hardis étaient soit accrochés à leurs tablettes, soit dépourvus de la bosse des lettres par opposition à celle des maths.
Sans me tirer trop les cheveux, je me suis rendu compte au bout d’un certain temps qu’il n’y a aucun préfacier à l’horizon.
Faisons quand même la part des choses, qui suis-je pour qu’on daigne me préfacer ? Qui est cet écervelé qui oserait afficher son nom à côté du mien et courir le risque de souiller sa réputation au cas où cette modeste œuvre ne recevrait pas d’écho auprès du public, ou tomberait sous le couperet d’une critique malveillante. Néanmoins, si j’ai un choix à faire entre ces deux éventualités, je me prononcerai pour la dernière. Celle-ci me paraît plus clémente, elle aurait au moins le mérite de me renvoyer un message fort : je ne suis pas seul face à cette sordide entreprise, il y a quand même encore des lecteurs/rescapés à bord.
Alors faute de préfaciers et comme on ne peut pas écrire sans les autres, aux dires de Gustave Flaubert, je me suis permis d’usurper à titre posthume la plume de trois écrivains de renom dont la subtilité des tournures et la fluidité du style littéraire ont forcé mon estime. Et comme cela ne suffisait pas à mes yeux, je les ai associés à dessein à l’élaboration de cette œuvre afin de lui donner un cadre « légitime ».
Cependant pour qu’il n’y ait pas de confusion, je tiens de prime abord à préciser que je ne cautionne nullement les idées développées dans leurs œuvres et toute similitude serait un simple incident malencontreux. Comment pourrais-je bénir la conduite immorale des deux personnages de Guy de Maupassant respectivement dans les nouvelles « Un million » et « M. Jocaste » ou encore les positions antisémites exprimées sans vergogne par Louis Ferdinand Céline dans son pamphlet « Bagatelles pour un massacre ».
Quant à l’emprunt du style pour revenir à notre propos de départ, je sais qu’ils se seraient probablement retournés ou réjouis (pourquoi pas) dans leur tombe s’ils avaient eu la possibilité de jeter un coup d’œil sur ce roman. Heureusement, comme disaient nos amis les Mexicains, les morts ne parlent pas « los muertos no hablan ». Autant en profiter, mais de bonne foi.
Toutefois, je suis quasiment sûr qu’ils se seraient montrés compréhensifs face à un écrivain en herbe. D’ailleurs n’avaient-ils pas connu eux-mêmes à leur début le désaveu de la critique, et ce, en dépit de leur talent. Et quel talent !
Ni « Le candidat », comédie à connotation politique ni « la tentation de saint Antoine » n’avaient trouvé leur public à l’époque. Pourtant Gustave Flaubert n’avait pas mis la clé sous le paillasson et avait persisté à répéter au risque de s’égosiller comme Copernic « Et pourtant elle tourne ».
Maupassant, conscient des difficultés de cette entreprise à risque a exhorté aux néophytes à ne pas se décourager. Fort de ce conseil et de ma passion pour l’écriture, je crois être suffisamment immunisé contre les éventuels détracteurs pour « tomber dans le panneau ».
Pour parrainer, quoiqu’à leur insu cette modeste œuvre, j’ai choisi trois mentors, tous des morts, ils ne vont pas me chercher des noises. Comme vous l’aviez déjà deviné, mes trois coachs pour employer un lexique managérial ne sont autres que Gustave Flaubert, Guy de Maupassant et le fameux Ferdinand Destouches, dit Louis-Ferdinand Céline.
L’envie de faire état de l’expérience d’écriture de Victor Hugo et de Honoré de Balzac m’a fortement chatouillé, seulement leur production littéraire prolifique m’a paru surdimensionnée pour la présente. Déjà, avec mes trois parrains, je me suis enlisé fatalement jusqu’au cou.
Voyons maintenant, bien entendu en partie, comment ces sommités littéraires perçoivent l’écriture.
Pour les rapprocher, il serait plus convenable pour le propos à aborder de passer des temps de discours aux temps de récit.
Le saviez-vous ? Gustave Flaubert, cette figure emblématique de la littérature française, fut un lecteur vorace. Avant de se résoudre à écrire ses premiers récits, il consacra une dizaine d’années exclusivement à la lecture.
Dans ses différentes lectures, allant de l’antiquité au moyen âge en passant par les temps modernes et le début de l’époque contemporaine, Flaubert, en prospecteur assidu et passionné s’attela, non sans peine, à définir sa propre place et à construire son propre scénario d’auteur.
À Louise collet, sa muse et maîtresse, aux dires des historiens, il écrivit :1 « Il faut lire incessamment (de l’histoire et des classiques). Tu m’objecteras, tu n’as pas le temps, non. Cela est plus utile que d’écrire, puisque c’est avec les autres que nous écrivons hélas. » Cette interjection, « hélas », dénote le désir profond de recherche d’une certaine originalité.
En s’adressant toujours à sa correspondante, Gustave se demanda : « Comment ne pas imiter quand on ne peut plus être original ou comment être original quand on est voué à imiter ? » Voilà de quoi avoir le tournis.
Toujours dans sa quête d’un scénario d’écriture intrinsèque, il lui fit remarquer : « Maintenant, par combien d’étude il faut passer pour se dégager des livres ! Et qu’il en faut lire ! Il faut boire des océans et les repisser. »
Un beau jour, il eut une sorte d’illumination, il mit le doigt sur ce qu’on pourrait appeler les techniques du récit. Ce jour-là, il faillit crier comme Archimède « Eurêka, eurêka », son scénario ayant enfin émergé à la surface tel ce fameux phénomène de la poussée verticale des liquides.
À Colette, il confia : « Je sais comment il faut faire. » Depuis, il ne cessa contre vents et marées d’enchaîner les écrits en visitant les différents genres de récits dont le réalisme et le romantisme demeurèrent leur fil conducteur.
Pour ce qui est du style de ses prédécesseurs, on peut citer son point de vue sur deux érudits de la langue de Molière
En parlant à sa muse, il lui dit : « Hier soir, j’ai lu de la Bruyère en me couchant, il est bon de se tremper de temps à autre dans ces grands styles-là. Comme c’est écrit ! Quel relief et quel nerf ! Nous n’avons plus idée de tout ça, nous autres. »
Dans sa lecture « grandeur et décadence des Romains » de Montesquieu, il ne manqua pas de marquer son admiration pour la beauté du langage : « Il y a par-ci par-là des phrases tendues comme des biceps d’athlète. »
Or, il ne tarda pas à montrer que le style des écrivains classiques manquait de mouvement les « qui » les « que » enchevêtrés les empêchent de se mouvoir et ceux (les écrivains) qui ont du mouvement comme Voltaire sont sec comme du bois.
Dans la même lignée, Guy de Maupassant n’avait pas trahi non plus son mentor en matière de recherche d’originalité. Je pourrais même dire qu’il était plus maniaque et tatillon. Il conseilla aux jeunes apprentis de s’attacher à être originaux et d’éviter de verser dans les banalités par l’accumulation d’adjectifs, de complétives et de relatives… en d’autres termes pour emprunter la formule à Flaubert, « les phrases longues aux biceps d’athlète ». Aussi, sans verser dans la redondance, Maupassant ne fignolait-il en détail certaines situations que dans le souci de les rendre vraisemblables et proches de la réalité.
« Si on a une originalité, il faut avant tout la dégager, si on n’en a pas il faut en acquérir une. » Pour ce faire, il nous invite2 « à regarder tout ce qu’on veut exprimer assez longtemps et avec assez d’attention pour en découvrir qui n’ait été vu et dit par personne… il y a en tout de l’inexploré… la moindre chose contient un peu d’inconnu. Trouvons-le »…
« Quand vous passez devant un épicier assis sur sa porte, devant un concierge qui fume sa pipe, devant une station de fiacres, montrez-moi cet épicier, ce concierge, leur pose, toute leur apparence physique… leur nature morale de façon à ce que je ne les confonde avec aucun autre épicier ou avec aucun autre concierge, et faites-moi voir, par un seul mot, en quoi un cheval de fiacre ne ressemble pas aux cinquante autres qui le suivent et le précèdent.
(…) Quelle que soit la chose qu’on veut dire, il n’y a qu’un mot pour l’exprimer, qu’un verbe pour l’animer et qu’un adjectif pour le qualifier. Il faut donc chercher, jusqu’à ce qu’on les ait découverts, ce mot, ce verbe et cet adjectif, et ne jamais se contenter de l’à peu près (…). »
À la lecture de ces leitmotive, je restai pantois. Je faillis plier bagage et faire profil bas. J’ignorais jusque-là que les mots ont aussi leur propre code génétique. Pour un apprenti, modestie oblige, c’est un terrain miné dans lequel il serait hautement risqué d’avancer si on n’était pas bien outillé.
Voyons maintenant au bout de ce périple assez fastidieux pour ma plume par quoi se caractérise le style de LouisFerdinand Céline. Peut-être trouverais-je chez ce contemporain assez controversé et décrié pour ses positions antisémites une échappatoire à cette rigueur stylistique implacable.
Ce fut à mon sens et je le prends à mon compte, le voltaire de ce siècle, il adopta un style cru et sec comme du bois, un style elliptique, des phrases compactes et minimalistes qui vous électrocutent subitement par leur visée cynique et réfractaire. Pour produire cette onde de choc chez le lecteur le plus indifférent, il ne se gêne pas d’utiliser un style proche de la langue parlée et de l’argot.
Mais détrompons-nous, on n’est pas encore sorti de l’auberge. Chez Céline, l’utilisation de la langue parlée n’était en rien un relâchement, mais juste une apparence de relâchement. Argot et plus-que-parfait du subjonctif se côtoient dans une langue extrêmement précise, provocatrice et pertinente, à laquelle même ses critiques, toujours aux aguets, étaient tombées sans se l’avouer ouvertement sous son charme. Ils avançaient en filigrane qu’il fallait distinguer Céline l’homme de Céline l’écrivain. Enfin, pour clore ce débat sur le style, Céline avait expliqué qu’il n’était pas né d’une sorte d’improvisation. L’effort de stylisation l’amenait à gommer des centaines de pages avant d’arriver à la mouture finale du texte.
En somme, lecteurs et critiques, de quelque bord qu’ils soient, reconnaissent le talent de l’écrivain ? Pour s’en convaincre, voyons comment dépeint-il cyniquement et sans détour le regard de la société sur les vieux : « … le charme personnel passé soixante ans ? … vous pouvez faire mannequin, potiche au musée… peut-être ? … intéresser quelques maniaques, chercheurs d’énigmes ? »
Parfois ce langage merveilleusement elliptique devient subversif et finit malheureusement par couvrir jusqu’au cou l’auteur d’opprobre, et ce, malgré la beauté du style. D’aucuns prendraient sa défense sans en être souillés, car comment peut-on adhérer à des idées même romancées qui invitent au génocide. À vous d’en juger après lecture de ce passage3 : « En tue-t-on assez de pauvres ? C’est pas sûr… c’est une question ? Peut-être faut-il égorger tous ceux qui ne comprennent pas ? Et qu’il en naisse d’autres, des nouveaux pauvres et toujours ainsi, jusqu’à ce qu’il en vienne qui saisissent bien la plaisanterie, toute la plaisanterie… comme on fauche les pelouses jusqu’au moment où l’herbe est vraiment la bonne, la tendre. »
Aucune couche de société n’avait échappé à ses dérisions. Dans « voyage au bout de la nuit », il tint même des propos blasphématoires à l’endroit de Jésus Christ que la paix soit sur lui. Par décence, je m’abstins d’en citer le passage.
Bref, je ne vais pas faire le procès du monsieur, il en eut assez de son vivant, seul son effort de stylisation m’importe. Qu’on le veuille ou non, il demeure une belle plume.
En somme, pour revenir à nos moutons, toutes les issues semblent hermétiquement fermées. Aussi tirai-je la leçon que je devais passer tout au peigne fin avant de le coucher noir sur blanc.
Tout au long de cette note introductive, j’ai sciemment tu mon récit, il serait injuste d’être juge et partie sans m’empêcher de tomber dans le narcissisme en me jetant des fleurs même sur les passages les plus ennuyeux et indigestes. Mais une seule chose dont je suis sûr, je n’ai nullement cherché à emprunter ni à Gustave ni à Maupassant, ni à Céline leur façon de penser ou de voir le monde, celle-là, sous certains aspects étant tout à fait antinomiques avec la mienne. Alors, chacun pour soi et Dieu pour tous, car l’originalité d’un roman procède essentiellement de l’intuition et non de la réflexion. En deux mots, il ne faut pas faire du Sartre quand on est Camus et inversement, car le mariage de l’esprit (Sartre) et du cœur (Camus) réussit rarement.4
Enfin pour clore ce débat houleux visant la recherche d’une certaine originalité dans l’écriture, je vous invite à partager ma petite expérience et à me chercher un « alibi » pour ne pas dire une excuse au cas où j’aurais transgressé les règles de bienséance en matière d’écriture littéraire.
En citant précédemment ces quelques ténors du récit, je n’avais nullement la prétention de me hisser à leur niveau, ni en imagination ni en peaufinage des mots, les standards d’écritures assignés dépassant de loin ma culture et leur rigueur linguistiques. En outre, notre style et rythme de vie frénétique ont avarié inexorablement la qualité de nos perceptions sensorielles.
Il n’en demeure pas moins que je me suis appliqué non sans difficulté à les imiter sous certains aspects, essentiellement pour trouver le mot juste, cette empreinte digitale susceptible de ressortir distinctement du lot ce fameux cheval perdu dans cette fameuse meute d’une cinquantaine de chevaux et à tenir le lecteur en haleine à la manière subtile et ensorceleuse du russe Fiodor Dostoïevski.
Cependant, une façon de s’autoflageller, j’avais du mal à atteindre le premier objectif, à mon sens, mes personnages ressemblent in fine au commun des mortels. Bref, je vous laisse toutefois le loisir d’en juger.
Quant à l’entretien du suspense dans la narration et la recherche d’une chute digne de ce nom, je pense, en toute humilité, les avoir tant bien que mal réussis. Le mystère sur les tenants et aboutissants des sentiments du personnage principal a été sciemment entretenu jusqu’aux dernières pages. Cependant en me retournant le canon, je ne pense pas avoir atteint la quintessence des chutes brutales et foudroyantes savamment concoctées par les grands maîtres de la nouvelle. Pour s’en convaincre, lisez les nouvelles « Jocaste 5» ou « le lit 29 » de Maupassant ou le roman de Mary Higgins « La nuit du renard ».
Du reste, je vous en conjure, ne vous formalisez pas trop sur les questions de détail, le diable pourrait s’y introduire. Lisez cette petite histoire, vous n’en serez pas déçu, ne cherchez ni à la disséquer ni à la confronter aux standards de style, de forme, de contenu et de genre rigoureusement fixés par ces mastodontes de la littérature.
Je reconnais avoir mis par ambition, mais sans vanité la barre assez haute. J’ai visé un lectorat relativement averti afin de tirer le meilleur parti de ces aiguilleurs de l’écriture. C’étaient mes tours de contrôle qui au besoin corrigeaient avec leur petit bout de lorgnette ma trajectoire et m’empêchaient de naviguer à vue sans toutefois m’ôter le pouvoir de demeurer le seul maître à bord de mon récit.
Soyez enfin indulgents, prenez du recul et jugez sans parti pris l’œuvre en dehors de toute « focalisation zéro »6 sur les parties ratées, s’il en a bien entendu.
L’avenir nous tourmente, le passé nous
retient, c’est pour ça que le présent
nous échappe.
Gustave Flaubert,
Lettre à Louise Collet
L’art d’être tantôt très audacieux, tantôt très prudent, est l’art de réussir.
Napoléon Bonaparte7
Ce jour-là, Marcel se réveilla tard non qu’il aimait faire la grasse matinée, mais il n’avait aucune affaire en perspective. La toute dernière l’avait longuement occupé, Il y avait mis plus de temps qu’il n’en avait escompté. Néanmoins, cette fois-ci, il réussit à dégager tant bien que mal une petite largesse. Tout à fait à ses débuts, il peinait à rentrer dans ses frais. Dans son métier, plus on acquiert de l’expérience, plus on devient efficace, tenace et moins téméraire. Il ne tarda pas à en tirer la leçon, ses finances en pâtissaient énormément.
A priori, aucune affaire aussi simple qu’elle en donne l’air n’est anodine. Une simple affaire de mœurs peut occulter dans ses entrailles un crime crapuleux ou un scandale politique susceptible de faire chuter les cours en bourse, voire créer une crise politique d’envergure, la mésaventure Monika Lewinsky et Clinton étant un exemple assez éloquent, elle commença innocemment par des flatteries et se termina honteusement par une comparution devant la Cour suprême. Des scandales de cette envergure sont devenus une monnaie courante de nos jours. Dans son métier, il n’eut de cesse de se voir confronter à des situations aussi insolites les unes que les autres. Sans ce renouveau palpitant, il se serait enrôlé dans l’armée.
Une fois, dans une entreprise familiale, une des pires et ingrates formes de sociétés pour les salariés, il fut amené sans le vouloir à démanteler sous le regard suspicieux de son commanditaire tout un réseau de malfrats en col blanc. Au début, le patron, connu par sa perspicacité et sa rigueur dans la conduite de ses affaires, faillit le mettre sur une fausse piste, il s’obstinait à porter son dévolu sur son comptable sous prétexte qu’il était le seul à avoir un droit de regard sur le flux financier. Le pauvre tomba des nues le jour où il eut appris que les protagonistes de ce forfait n’étaient autres que sa femme et son fils, aidés dans cette machination d’un groupuscule d’employés véreux. Jamais, du grand jamais, il n’avait songé une seule fois que les vrais loups rôdaient tout près de lui. Étrangement, sa femme au lieu d’avoir honte se mit à arguer effrontément de son droit de disposer autant que son conjoint des biens de la société. Elle prétendait effrontément que le régime de communauté l’y autorisait. Bien sûr, le monsieur estomaqué par cet affront au goût de haute trahison finit par éradiquer cette ruche de voyous.