La guerre éternelle - Tome 1 - Mickaël Jouve - E-Book

La guerre éternelle - Tome 1 E-Book

Mickaël Jouve

0,0

Beschreibung

Son grand-père s’attendait-il à mourir ? Pourquoi cette lettre si énigmatique ? Que contient ce coffret qui pourrait mettre en danger ceux qui connaissent son existence ? Et qui est donc cette étrange inconnue ? Tant de questions qui taraudent l’esprit d’Anna, une jeune étudiante. Les réponses qu’elle cherche la mèneront, ainsi que ses amis, au cœur d’une incroyable aventure. Entre archanges, démons et autres créatures terrifiantes, laissez-vous guider au sein de cette épopée où se mêlent danger et romance.


À PROPOS DE L'AUTEUR


Mickaël Jouve a toujours été passionné par les récits d’action et d’aventure. Prenant du plaisir à s’inventer des histoires, le premier confinement lui offre l’occasion de s’investir davantage dans l’écriture. Il nous livre ainsi le premier tome de la saga intitulée La guerre éternelle.

Sie lesen das E-Book in den Legimi-Apps auf:

Android
iOS
von Legimi
zertifizierten E-Readern
Kindle™-E-Readern
(für ausgewählte Pakete)

Seitenzahl: 484

Veröffentlichungsjahr: 2022

Das E-Book (TTS) können Sie hören im Abo „Legimi Premium” in Legimi-Apps auf:

Android
iOS
Bewertungen
0,0
0
0
0
0
0
Mehr Informationen
Mehr Informationen
Legimi prüft nicht, ob Rezensionen von Nutzern stammen, die den betreffenden Titel tatsächlich gekauft oder gelesen/gehört haben. Wir entfernen aber gefälschte Rezensionen.


Ähnliche


Mickaël Jouve

La guerre éternelle

Les sept sceaux

Roman

© Lys Bleu Éditions – Mickaël Jouve

ISBN : 979-10-377-6601-4

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Chapitre 1

Le secret de grand-père

Voilà une semaine que les vacances avaient commencé pour Anna et il était temps, s’était-elle dit en achevant son dernier examen. Cette année de faculté avait été longue et difficile mais elle s’en était plutôt pas mal sortie et les longues vacances d’été venaient récompenser ses longs mois de dur labeur. Elle allait enfin pouvoir revoir sa famille et ses amis. Malheureusement, toutes les histoires ne commencent pas bien et pendant qu’Anna achevait ce dernier examen, son grand-père, lui, s’éteignait dans son sommeil. Ce fut sa dernière sieste. Anna était triste de ne pas avoir revu son grand-père avant sa mort, elle était très proche de lui et l’avait un peu perdu de vue ces dernières années à cause de ses études. Leur dernière conversation, elle s’en souvenait, c’était à Noël. Il lui demandait comment se passaient ses études, si elle avait un petit copain, les interrogations habituelles d’un vieil homme. Elle aurait préféré le revoir mais elle n’avait pas pu rentrer depuis les fêtes. Et après des mois d’absences, elle revenait enfin chez elle et lui en était parti. Les larmes lui venaient à ces pensées, quand le réveil se mit à sonner. Foutu réveil, pensa-t-elle, déjà huit heures, il fallait se lever mais elle n’y arrivait pas. Elle n’en avait ni la force ni l’envie. Surtout en pensant à la journée qui l’attendait, enterrement puis repas avec la famille afin de rendre un dernier hommage à son aïeul.

— Anna ? Lève-toi, j’entends ton réveil, lui cria sa mère.

Elle se résolut à se lever, à contrecœur, et descendit dans la cuisine. La pièce était lumineuse et elle mit une à deux minutes à s’accommoder tandis que sa mère lui servait son petit déjeuner. Elle s’installa à la grande table en bois au milieu de la pièce, en face de sa mère qui était déjà habillée pour l’occasion.

— Je sais que c’est dur mais mange un petit peu et prépare-toi, il ne faudrait pas que l’on arrive en retard aux funérailles de ton grand-père Fernand.
— Oui, maman, lui répondit-elle, où sont papa et Will ?
— Ton père et ton petit frère sont en train de finir de se préparer là-haut.

Anna but rapidement un café et mangea la moitié d’un croissant sous les ordres de sa mère et remonta se préparer. Après un brossage de dents, de cheveux et une pointe sobre de maquillage, elle retourna dans sa chambre enfiler sa tenue pour l’enterrement et redescendit retrouver sa famille qui l’attendait en bas.

— Tu es magnifique, ma chérie, lui dit sa mère quand elle descendit la dizaine de marches qui menait à l’étage de la maison.
— Merci, maman, lui rétorqua-t-elle sans trop d’enthousiasme.

Elle avait laissé ses longs cheveux noirs détachés, mis un peu de mascara pour faire ressortir ses jolis yeux marrons, mis simplement une pointe de rouge à lèvres, rien de bien exceptionnel mais sa mère la trouvait tout de même magnifique. Les mères ne sont pas toujours objectives. Tous étaient prêts, son petit frère, qui la dépassait déjà d’une tête alors qu’il n’avait que quatorze ans et elle vingt, était habillé comme leur père avec un costume noir, chemise blanche et cravate noire. Sa mère était, elle, en tailleur noir et avait coiffé ses cheveux en chignon. Tous s’installèrent dans la voiture. Anna conduisait, elle avait décroché son permis de conduire l’année passée mais n’avait quasiment pas retouché un volant depuis, les transports en commun étant plus pratiques que la voiture à Paris. Sa mère s’installa à côté afin de la surveiller et de la rassurer tandis que son père et son petit frère montèrent à l’arrière. Le voyage jusqu’au cimetière se fit en silence et sur place, tout le monde était déjà présent. Il y avait son oncle paternel, récemment divorcé avec ses deux garçons, sa grande tante et quelques amis de son regretté grand-père. Sa grand-mère paternelle était décédée des années auparavant et il était donc venu pour lui le moment de la rejoindre. Après des bonjours larmoyants, tout le monde prit place et les funérailles commencèrent. Anna fixa la tombe où était gravé « Fernand Ludovic Moreau, 20 avril 1935 – 6 juin 2019, père et mari aimant » durant la quasi-totalité de la cérémonie.

Durant l’office, son père ainsi que son oncle prirent la parole pour rendre un dernier hommage à leur père et cet enterrement s’acheva avec un dépôt de fleurs sur le cercueil. Anna était entre son petit frère et sa mère et quand vient son tour, elle s’arrêta quelques secondes pour regarder le cercueil dans ce trou qui devient la dernière demeure de son regretté grand-père qu’elle aimait tant. Elle y lança sa rose blanche tandis que les larmes lui montaient aux yeux et attendit d’être un peu éloignée pour éclater en sanglots.

Le reste de la journée fut fort pénible et long pour elle, il y eut tout d’abord le déjeuner avec toute la famille où chacun se remémorait les bons moments passés avec papi Fernand, certaines histoires étaient très récentes, lui rappelant qu’elle ne l’avait pas vu depuis des mois et comme si tout ceci ne suffisait pas, le notaire avait choisi ce moment opportun pour les convoquer pour l’héritage. Elle dut raconter de nombreuses fois sa vie d’étudiante dans la capitale car, comme pour son grand-père, les membres de la famille présents ne l’avaient pas revue depuis les fêtes. Il y avait toujours les mêmes questions qui tournaient en boucle, « Comment se passent tes études ? », « La vie dans la capitale se passe bien ? », « Arrives-tu à te faire des amis ? » et la classique « Est-ce que tu as un petit copain ? ». Elle avait tellement de fois répondu à ces questions durant le repas qu’elle avait fini par connaître par cœur le speech qu’elle prononçait à chaque fois. Le repas se termina enfin et, petit à petit, les convives partirent les uns après les autres. Il était plus que temps, se disait-elle, cette journée et surtout le repas lui avaient paru interminables. Après avoir tout rangé et mis en marche le lave-vaisselle, Anna alla se coucher tandis que le reste de sa famille regardait un film à la télévision.

La semaine entre l’enterrement et le rendez-vous chez le notaire ne fut guère remplie, elle occupa le plus clair de son temps à regarder des séries sur son ordinateur, répondre à ses amies de faculté qui lui demandaient comment c’était passé la cérémonie et donner quelques nouvelles à ses amies d’enfance. Comme ses deux meilleures amies, Elsa et Janie, n’étaient pas encore revenues, elle resta cloîtrée pendant une semaine dans sa chambre.

Le jour fatidique du rendez-vous chez le notaire Maître Albertazzi arriva, elle s’y rendit avec sa famille. Ils retrouvèrent l’oncle Ludovic qui était venu seul, alors qu’eux avaient fait le déplacement en famille, le notaire ayant demandé, à la surprise générale, à ce qu’Anna soit présente. Ils attendirent un bon quart d’heure, dans la salle d’attente, les sièges étaient très confortables, et au centre se trouvait une magnifique table en verre avec nombre de magazines. Sa mère eut le temps de lire la moitié d’un, tandis qu’elle préférait rester sur son téléphone. Son père, son frère et son oncle, quant à eux, discutaient entre eux. La secrétaire, une magnifique jeune fille brune qui devait être à peine plus âgée qu’elle, vint les chercher et les escorta jusqu’au bureau du notaire. Il les reçut dans une immense pièce, entre les grandes fenêtres se trouvaient des statues, il y avait beaucoup de luminosité avec ce magnifique soleil de la fin du mois de juin, ainsi que des tableaux d’art moderne sur les murs, certains étaient très laids pour elle, mais elle n’était pas très connaisseuse. Ils devaient peut-être valoir une fortune. Âgé d’une petite soixantaine, Maître Albertazzi devait bien gagner sa vie. Il était aussi grand que son père et seuls quelques cheveux poivre et sel parcouraient encore les côtés de son crâne.

— Bonjour messieurs dames, installez-vous, dit-il en se levant et en leur indiquant les sièges devant son bureau, vous êtes la famille Moreau. Successeur du regretté Fernand Ludovic Moreau ?
— Exactement, répondit son père.
— Messieurs Benoit et Ludovic Moreau, comme vous le savez, à la demande de votre père, sa demeure va être vendue ainsi que la plupart de ses biens et l’argent de la vente sera partagé entre vous deux.
— Oui, notre père nous avait prévenus à la mort de notre mère que le jour où il partirait à son tour, la plupart de ses biens seraient vendus, répondit l’oncle.
— Très bien, cependant votre père m’a laissé quelques directives, tous ses petits enfants vont recevoir un peu d’argent laissé sur différents comptes, ils en auront la jouissance à partir de leur vingt et unième anniversaire.

Il mit quelques secondes à retrouver le papier en question, il avait tellement de dossiers sur son bureau et semblait aussi organisé qu’Anna ! Il prit ses lunettes soigneusement rangées dans la poche de veste de son costume gris. Les parents d’Anna, ainsi que son oncle, furent agréablement surpris du montant de la somme léguée à chacun de leurs enfants. Fernand les aimait beaucoup et leur léguait de quoi bien démarrer dans la vie alors qu’il aurait pu en profiter un maximum de son vivant. Le notaire continua d’exposer l’ensemble des volontés du grand-père puis s’adressa à elle.

— Ton grand-père avait une dernière chose à te donner mais pour te la remettre j’ai besoin de te voir en privé, ta famille va devoir attendre dehors.
— D’accord, répondit Anna surprise.

La famille étonnée sortit du bureau, le notaire avait demandé qu’elle soit présente, mais personne ne s’attendait à ce que ce soit si secret. Qu’allait-il donc lui dire ? Et qu’est-ce que son grand-père avait décidé qui nécessitait une telle confidentialité ?

— Voilà, comme tu as vingt ans, donc majeure, ton grand-père m’a demandé explicitement de te remettre ceci en main propre et discrètement.

Il lui tendit une grande enveloppe blanche avec juste son prénom inscrit dessus. Elle reconnut son écriture. En prenant l’enveloppe, elle sentit quelque chose de dur, ce n’était pas qu’une lettre. Il y avait quelque chose en plus à l’intérieur mais quoi qui justifiait cette confidentialité ?

— C’est tout ? Tout ce secret, juste pour une lettre ! dit-elle méprisante, c’était fortement exagéré !
— C’est peut-être un peu extrême mais ton grand-père y tenait. Il serait d’ailleurs préférable que tu l’ouvres chez toi et que tu n’en parles pas à ta famille. Tu dois sûrement l’ignorer mais ton regretté grand-père et moi-même étions de vieux amis.
— Pourquoi n’étiez-vous pas à l’enterrement dans ce cas ? demanda-t-elle un peu agressive.
— C’est compliqué, cela aurait été un risque pour moi et ta famille, je pense que ton grand-père t’explique ceci dans son message.

Ces dernières phrases décontenancèrent au plus haut point Anna, qui trouvait cela de plus en plus absurde. Être aussi secret pour une simple lettre était déjà bizarre et légèrement extrême mais alors comment venir à l’enterrement d’un ami aurait pu mettre en danger sa famille et cet homme ?

Elle accepta tout de même de jouer le jeu pour son grand-père, cacha la missive dans son sac à main, se leva et quitta le bureau du notaire. Sa famille l’attendait dans le couloir.

— Alors que te voulait-il ? lui demanda sa mère.

Elle ne savait pas trop quoi répondre et détestait mentir en général mais là elle n’avait pas vraiment le choix.

— Rien… Il m’a juste fait signer quelques papiers.

C’était assez crédible heureusement, ses parents ne cherchèrent pas à en savoir plus : tant mieux. Une fois rentrée, Anna alla cacher la lettre dans sa chambre pour l’ouvrir plus tard, quand tous seraient couchés. Une peu plus tard, elle reçut un message d’Adrien, son meilleur ami qui après le baccalauréat était en faculté dans la région tandis qu’elle était partie à l’autre bout de la France. Il venait de terminer son année et, ayant appris qu’elle était rentrée à Grenoble, il voulait absolument la revoir. Ils discutèrent une bonne partie de la soirée avant de se donner rendez-vous le lendemain. Après le dîner, elle remonta dans sa chambre, ferma le loquet de sa porte, alluma son ordinateur qu’elle posa sur une petite table à côté de son lit, s’emmitoufla dans sa couverture pour regarder sa série sur des vampires. Elle affectionnait ce genre de série qui mêlait créatures fantastiques, romances et mystères. Elle jalousait aussi l’héroïne de sa série à qui il arrivait de nombreuses aventures aux côtés de beaux garçons prêts à tout pour la défendre. Cette jeune fille avait une vie trépidante et dangereuse alors qu’elle, elle était célibataire et sa seule aventure était ses voyages en train entre Grenoble et Paris pour ses études. Elle s’imaginait quelques fois, lors de ses longs trajets, vivre des aventures comme ça, où elle rencontrerait un beau jeune homme avec un lourd secret qui lui ferait vivre moult aventures ainsi qu’une romance que l’on ne voit que dans les films ou les livres. Mais elle revenait rapidement à la réalité car la magie, les êtres surnaturels n’existaient pas dans la vraie vie. Plusieurs épisodes défilèrent et, luttant contre le sommeil, elle finit par s’endormir. Elle se réveilla au milieu de la nuit, regarda son réveil : presque deux heures du matin, elle éteignit son ordinateur et allait se rendormir quand elle se rappela qu’elle avait oublié la lettre. Zut ! se dit-elle, elle devait l’ouvrir, découvrir ce que son grand-père lui avait légué. Elle alluma la petite lampe de sa tête de lit, sortit la missive de sa cachette et l’ouvrit aussitôt. Elle contenait une clé en argent avec un bout en forme de pic et une lettre manuscrite. Elle lut cette dernière :

Ma très chère Anna,

Si tu lis cette lettre, c’est que je suis parti avant que l’on ait eu l’occasion de se revoir une dernière fois et j’en suis désolé. Bien que le moment soit venu pour moi de rejoindre ta grand-mère, je voudrais que tu saches que j’ai toujours été incroyablement fier de ma petite fille.

Elle arrêta la lecture les larmes aux yeux et mit quelques minutes à calmer ses spasmes avant de reprendre.

C’est donc sans regret que je m’en vais la rejoindre car j’ai eu la chance de voir une personne aussi formidable que toi grandir. Tu es devenue une personne charmante, courageuse, intelligente, généreuse et je pourrai continuer ainsi pendant encore plusieurs pages. C’est en voyant l’exceptionnelle jeune femme que tu es devenue que j’ai décidé de te confier le plus grand secret de ma vie. Il s’agit de l’héritage familial le plus important transmis de génération en génération seulement à certains membres de notre famille. Je l’ai moi-même reçu de mon arrière-grand-père quelques mois avant sa mort. Je regrette de ne pouvoir te le confier en main propre, c’est pourquoi je t’explique tout ceci dans cette lettre et que je l’ai confié à un de mes plus vieux amis au courant de ce secret : Emilio Albertazzi.

Anna relut plusieurs fois ce passage. Elle se demandait certes ce que pouvait bien être ce secret mais quelque chose d’autre l’ennuyait. Pourquoi avoir écrit cette lettre et la donner à un de ses amis ? C’était comme s’il s’attendait à mourir. Était-il malade ? Pourtant le rapport du décès annonçait une crise cardiaque. Quelque chose ne collait pas. Sa curiosité reprit le dessus et elle continua la lecture.

Il est maintenant temps que je t’explique ce qu’il en est et en quoi, il s’agit de l’héritage le plus important de notre famille. Depuis maintenant plus d’un demi-siècle, je mène une double vie. Deux vies qui ont été chargées d’aventures et d’émotions. La première, de loin ma préférée, est celle que tu connais et dont tu fais partie. Elle m’a apporté énormément de joie et d’amour auprès de ta grand-mère, me donnant deux magnifiques enfants qui ont à leur tour fait mon bonheur en m’accordant le privilège d’avoir des petits enfants. La seconde est celle que j’ai cachée du mieux que j’ai pu et que mon métier m’a permis de garder secrète. En effet, comme tu le sais sûrement, pendant l’enfance de ton père et de ton oncle, j’étais souvent en voyage afin de répondre au mieux aux attentes de cette deuxième vie que je suis sur le point de te confier et qui sera la tienne dès lors. Je te conseille, te le demande même, de la garder secrète pour tout le monde, même pour la famille. Surtout pour la famille. Car toute personne ayant connaissance de ce secret est potentiellement en danger. Je sais que je t’en demande beaucoup, ainsi que de mentir à bon nombre de personnes alors que tu ne supportes pas ça, pourtant je sais que tu en seras capable. C’est pourquoi je t’ai choisie pour poursuivre mon œuvre.

Que pouvait être cette deuxième vie que son grand-père lui léguait ? Au début, elle avait imaginé plusieurs scénarios : une autre famille. Mais le fait qu’il lui léguait cette vie enlevait cette possibilité. Ce qui la décontenançait le plus était le secret de cette vie qui mettrait en danger quiconque au courant. Alors pourquoi son grand-père lui en parlait-il, serait-elle, elle aussi, en danger ? Elle voulait savoir et redoutait un peu cet avertissement, mais encore une fois la curiosité fut plus forte.

Je te demande donc de te rendre au plus vite dans ma maison, à la cave pour être précis. En cherchant bien, tu découvriras un coffret dissimulé. Tu verras il est doré et gravé de plusieurs petits personnages. Je pense que tu le reconnaîtras en le trouvant. Il n’existe qu’une seule et unique clé, que tu possèdes à présent. Je te demande donc de récupérer ce coffret, de le cacher et de ne surtout pas l’ouvrir !

L’avenir du monde en dépend, je compte sur toi. Conserve la clé avec toi en toute occasion ; fais bien attention de ne pas la perdre. Je ne te donne pas trop d’informations pour ne pas trop en révéler dans cette lettre. Je ne puis m’assurer que tu sois la seule à la lire mais tu auras très prochainement toutes les informations nécessaires pour comprendre au mieux cette mission. Cette tâche et cette seconde vie qui fut la mienne pendant si longtemps sont à présent à toi, jusqu’à ce que tu la confies à la personne en qui tu auras le plus confiance pour reprendre le flambeau lorsque ta vie s’achèvera.

Merci pour tous les sacrifices que tu devras faire. J’espère que tu auras la vie dont tu as toujours rêvé et n’oublie jamais que ton grand-père t’aime fort et qu’il a toujours et sera toujours très fier de toi.

Ton papi qui t’aime

Elle relut cette lettre plusieurs fois, jusqu’à quasiment la connaître par cœur, accrocha ensuite la clé à son collier et alla se coucher.

Ce fut une nuit très agitée, elle ne dormit quasiment pas. Trop de questions tournaient dans sa tête : que contenait ce coffret qui menaçait et pouvait mettre en danger le monde ? Quelle œuvre devait-elle poursuivre ? Quelles informations allait-elle recevoir ? Quelle était cette deuxième vie de son grand-père ? Il la lui léguait sans même lui dire ce qu’il en était réellement. Était-ce cette vie qui lui avait coûté la sienne ? Ça expliquerait la lettre mais il y avait aussi ce coffret qu’il lui léguait. Est-ce qu’elle se montrerait digne de la mission que lui avait confiée son grand-père ? Comment arriver à garder tout ceci secret ? Elle qui ne cachait rien à ses deux meilleures amies, Elsa et Janie. Que se passerait-il si ses parents venaient à être au courant ? Tant de questions qui restaient sans réponses. Elle commença alors à imaginer de folles histoires, vivait-elle le début d’une aventure digne des séries qu’elle affectionnait tant ?

Après une courte nuit et des questions plein la tête, elle se dirigea chez son grand-père. Elle était décidée à mener à bien cette mission : récupérer ce coffret, le cacher, dissimuler aussi la lettre pour que sa famille ne puisse la lire. Elle avait pensé tout d’abord à la brûler mais ne pouvait se résoudre à détruire les derniers mots de son grand-père. Sa famille respectait assez son intimité pour ne pas fouiller sa chambre, la lettre ne risquait rien. Ce qui l’ennuyait le plus, c’était le coffret. Elle devait le cacher mais où ? Elle espérait qu’il serait assez petit afin de le dissimuler facilement.

En chemin, un jeune homme souriant vint à sa rencontre, grand, les cheveux noirs en bataille un visage carré derrière des lunettes de soleil.

— Anna ? J’ai cru que tu m’avais oublié, j’allais t’envoyer un message, lui dit-il.
— Adrien, oh désolée.

La missive de la veille lui avait fait complètement oublier qu’elle devait le voir aujourd’hui et elle ne pouvait pas lui demander de partir comme ça ne s’étant pas vu depuis l’été dernier mais elle devait absolument récupérer ce coffret. Une seule solution s’offrait à elle, mentir à Adrien.

— Écoute, j’ai un léger contretemps ma mère veut que j’aille récupérer des affaires chez mon grand-père, on peut se voir après si tu veux ?
— C’est pas un problème, je vais te donner un coup de main, on ira plus vite comme ça, de toute façon je n’ai rien d’autre à faire et tu ne vas pas tout porter toute seule.

Adrien avait toujours été très serviable avec elle. Pour beaucoup, surtout ses deux amies, il était amoureux d’elle mais, elle le considérait comme un ami, un frère. Elle devait aller seule chez son grand-père, tant pis pour Adrien, c’était la mission qui lui avait été confiée. Elle se surprit elle-même, à prendre cela autant à cœur, elle était une James Bond girl qui ne devait faire confiance à personne !

— Non, je ne veux pas te déranger, j’en ai pour 15 à 20 minutes ce n’est pas grand-chose.
— Ça ne me dérange pas, comme je te l’ai dit, je n’ai rien de mieux à faire.

Maudit Adrien ! il n’allait pas la lâcher. Elle accepta son aide à contrecœur car elle savait qu’elle n’arriverait pas à se débarrasser de son ami et puis si le coffret était caché dans la maison, ils le trouveraient plus vite à deux. Il était fermé à clé donc aucun risque qu’Adrien l’ouvre. Ils partirent donc tous deux en direction de la maison et profitèrent du chemin pour discuter : comment se passaient leurs études, lui racontant sa vie ici et elle sa vie dans la capitale. Ses petites soirées avec ses amies de faculté dans un bar qu’elles affectionnaient beaucoup près de la Seine. Après une dizaine de minutes de marche, ils arrivèrent devant le portail noir de la maison. Derrière se trouvait une allée pavée qui menait au garage et un petit escalier le long du mur de la maison se terminait à la porte d’entrée. Elle ouvrit le portail avec les clés qu’elle avait subtilisées à son père le matin même et ils entrèrent. Le long de l’allée était jonché de fleurs multicolores où des abeilles venaient en nombre butiner. Elle adorait cette allée à cette époque de l’année : voir toutes ces fleurs illuminer le jardin comme un arc-en-ciel et tous ces petits insectes qui en faisaient un lieu de vie très animé. Durant des années, quand elle venait chez son défunt grand-père, elle contemplait toutes ces petites créatures qui virevoltaient de-ci de-là et qui faisaient vivre cet endroit telle une minuscule ville. De nombreuses fourmis parcouraient la terre à la recherche de nourriture pour passer l’hiver, de nombreux papillons de toutes les couleurs, de bourdons, des abeilles ou encore de guêpes arboraient les airs et tournoyaient autour d’eux. Elle se méfiait de ces dernières. Quand elle était petite, elle s’était fait piquer et son grand-père avait fait disparaître la douleur comme par magie. Il s’agissait plutôt d’un remède de grand-mère, mais pour les yeux d’une petite fille qui croyait au fantastique, la magie était plus poétique.

Ils pénétrèrent dans la maison, l’intérieur était lugubre, la décoration, les meubles, rien n’avait changé mais l’absence de son grand-père modifiait l’atmosphère. Elle avait l’impression de venir pour la toute première fois.

— Je dois récupérer un truc à la cave, dit-elle.
— Allons-y dans ce cas.

Adrien passa devant et commença à traverser le couloir devant eux. Il connaissait la maison aussi bien qu’Anna car il venait très souvent jouer ici étant petit. Le nombre d’après-midis à jouer à cache-cache dedans ou dans le jardin, ils avaient passé des moments merveilleux puis ils avaient grandi, ils avaient changé.

Les après-midis ne se passaient plus chez ses grands-parents. Bien sûr, elle continuait à venir les voir et un peu plus souvent après le décès de sa grand-mère. Et il y a deux ans, ses études les avaient quelque peu éloignés et aujourd’hui, la mort les avait même séparés.

Elle suivit son ami dans le couloir et regarda les différents cadres posés sur les meubles. Il y avait des photographies d’elle, de son frère et de ses cousins quand ils étaient bébés, puis enfants, quand ils venaient les dimanches. Il y en avait quelques-unes représentant des dîners de famille, son père, sa mère, son frère, son oncle, sa tante, aujourd’hui divorcés, leurs enfants, ses grands-parents et elle. Il y en avait même d’elle et ses amis, tous avaient énormément changé avec les années. Anna était devenue une jeune femme, elle avait conservé ses longs cheveux noirs lisses qu’elle laissait détachés, était devenue très féminine, ce qui attirait beaucoup le regard des garçons. Adrien aussi avait beaucoup changé, il avait toujours ses beaux yeux bleus et ses cheveux en bataille, il était grand et séduisant.

Il y avait aussi plusieurs photographies d’elle et de son grand-père, au fil des années. Elle voyait leurs différentes transformations. Lui ne changeait pas beaucoup : cheveux et moustache blanche, yeux marron dissimulés derrière des petites lunettes rondes et ses fameuses chemises à carreaux ! Il en avait de toutes les couleurs.

Elle regarda la dernière photo prise l’année dernière. Ils étaient souriants et heureux après un de ces après-midis où ils discutaient de tout et de rien, où ils philosophaient sur le monde, elle lui racontait ses séries de vampires. Ils regardaient des films et en discutaient ensuite et pouvaient philosopher pendant des heures !

Elle trouvait son grand-père cultivé et il remarquait toujours des choses qu’elle n’avait pas vues. Il allait à coup sûr beaucoup lui manquer mais ce n’était pas le moment de s’émouvoir, elle avait une mission. Ils arrivèrent à une porte, descendirent l’escalier qui menait dans l’obscurité de la cave, en bas, elle alluma la lumière et Adrien se tourna vers elle.

— Alors qu’est-ce qu’on doit chercher ?
— Un coffret doré avec des gravures de personnages dessus.
— Tu n’as pas plus d’informations ?
— Non désolée.
— Bon, mettons-nous au travail ça risque de nous prendre un moment de le trouver dans ce fouillis !

Adrien avait raison. Elle avait complètement oublié toute cette accumulation d’objets hétéroclites posés çà et là, et vu la taille de la cave, ils allaient mettre très longtemps pour trouver ce coffret. La cave occupait une bonne partie de la maison, il y avait un stock de bouteilles de vin sur un pan de mur et des rayons sur lesquels étaient entassés d’innombrables d’objets sur les autres. C’était sûrement la technique que son grand-père avait trouvée pour cacher au mieux le coffret afin que personne ne puisse tomber dessus par hasard. Elle s’était toujours demandé pourquoi son grand-père entassait tout ce bric-à-brac dans cette cave et maintenant elle avait la réponse, ils allaient mettre des heures pour retrouver ce coffre ! Ils commencèrent à chercher, il y avait de tout sur ces fichus rayons, ses vieux jouets d’enfance, des robots ménagers en fin de vie, des anciens habits démodés des articles d’un autre temps. Après un après-midi de recherche, à déplacer, à tousser à cause de la poussière accumulée, à s’effrayer d’une araignée qui avait élu domicile au milieu d’un tas de vieux objets, Adrien finit par le trouver. Il s’agissait d’un coffret doré d’une cinquantaine de centimètres de diamètre sur le couvercle duquel se trouvaient gravés deux personnages. C’était d’une grande précision, on discernait l’ensemble de leurs traits. L’un possédait des ailes d’oiseau avec une magnifique armure gravée de symboles qu’elle ne connaissait pas, quant à l’autre, il était beaucoup plus repoussant. Il avait des ailes de chauves-souris dans le dos, une longue queue s’achevant d’un pic et des cornes sur la tête. Son armure était parsemée de pics. Il avait l’air très hostile tandis que l’autre avec ses ailes d’oiseau semblait plus sympathique : il ressemblait plus à un protecteur. Pour elle, les deux personnages étaient une représentation d’un ange et d’un démon et ils se faisaient face. Le coffret était aussi décoré de pierres précieuses : les yeux de l’ange étaient en fait deux diamants alors que ceux du démon deux rubis. Ce coffre devait à lui seul valoir une petite fortune ! Adrien essaya de l’ouvrir mais comme il était verrouillé, il le regarda d’un peu plus près et vit une serrure dissimulée sous un petit rectangle doré qui pivotait. Ce dernier était décoré de deux épées s’entrecroisant. Elles étaient gravées de telle sorte qu’on pourrait croire que l’une étincelait tandis que l’autre brûlait.

— Tu as la clé ? demanda-t-il.
— Non, mentit-elle, mais je vais l’amener à ma mère qui doit l’avoir.

Anna récupéra le coffret et le rangea dans son sac, ils quittèrent ensuite la maison, elle profita de son passage dans le couloir pour récupérer la dernière photo d’elle et de son aïeul. En refermant la porte, elle espérait que ce ne serait pas la dernière fois. Qu’elle aurait l’occasion d’y retourner avant la vente afin de profiter une dernière fois de cette maison qui avait bercé une bonne partie de son enfance et que cette visite éclair, hormis celle de la cave, ne soit pas l’épisode final de ce chapitre de sa vie. Ils allèrent prendre un thé dans un café du coin, afin de discuter et finirent par rentrer chacun de leur côté.

Chapitre 2

Une étrange inconnue

Cela faisait dix jours qu’Anna avait récupéré et dissimulé sous son lit le coffret de son grand-père. Elle avait déjà lutté deux, trois fois contre l’envie irrépressible de voir ce qu’il contenait mais avait réussi à se retenir, se rappelant ce que son grand-père lui avait conseillé. La maison était déjà en vente et il y avait même des acheteurs prêts à l’acquérir ainsi qu’une fondation. Elle trouvait cela très rapide mais apparemment son grand-père s’était occupé de nombre des formalités avant sa mort. C’était de plus en plus étrange, surtout après la lecture de cette lettre, à croire que son grand-père s’attendait vraiment à mourir. Elle avait revu Adrien, qui ne cessait de poser des questions sur le coffret et qui voulait absolument savoir ce qu’il contenait. « C’est un très vieux coffret » disait-il, « En plus, les gravures ont l’air très anciennes, étranges et très détaillées ». Il voulait le revoir et avait fait des recherches sur Internet. Il était doué pour ce genre de choses et avait trouvé que ce coffret avait été fabriqué il y a des siècles, qu’il y avait des histoires farfelues à propos de magie noire le concernant et que certaines personnes avaient fait des choses horribles pour se l’approprier car il contenait certains secrets. Anna trouvait cela absurde, ce n’était qu’un coffret. C’était d’ailleurs ce qu’elle lui avait répondu sur un ton moqueur mais il restait ancré dans son délire. Elle finit par suivre le conseil d’Elsa, une de ses amies, et inventa une histoire comme quoi ce n’était sûrement qu’une copie et qu’il ne contenait que de vieux bijoux de sa grand-mère que sa mère devait récupérer car elle les lui avait promis. Adrien adorait toutes ces histoires sur le paranormal, les creepypasta et les théories qu’elles amenaient mais là, pourquoi s’intéressait-il autant à ce coffret ? C’était étrange. Elle aurait préféré que ce soit ses deux amies Elsa et Janie qui furent à la place d’Adrien lors de la découverte car elle n’avait aucun secret pour elles. Elle leur en avait même déjà parlé lors de leur rituel hebdomadaire du mercredi soir. En fait, elles s’appelaient pendant en moyenne une heure et demie chaque semaine et se racontaient tout.

Bien que son grand-père lui ait demandé de garder cela sous silence, il avait lui-même fait confiance à un de ses amis, elle pouvait donc elle aussi faire la même chose. Ce soir-là, la discussion avait duré plus de trois heures et n’avait tourné qu’autour du coffret, du comportement d’Adrien et de la mystérieuse lettre.

Elles trouvaient toutes que cela était très étrange et décidèrent de se voir dès leur retour pour en parler. Anna, de son côté, prit la décision de ne pas revoir Adrien car son obsession pour le coffret devenait pesante et vraiment malsaine. Il commençait même à lui faire peur, surtout quand il lui envoyait des messages au milieu de la nuit pour lui poser des questions sur ce dernier. Elle se demandait comment elle pourrait lui faire oublier toute cette histoire.

— Je pars travailler ma chérie, lui dit sa mère à la porte de sa chambre, que comptes-tu faire aujourd’hui ?

Sa mère venait d’interrompre ses pensées.

— Je ne sais pas trop, je vais sûrement aller voir Papi et après je contacterai Janie et Elsa, elles sont revenues.
— Très bien, à ce soir, ma chérie.

Elle attendit que la porte d’entrée se ferme pour se lever et commença son petit rituel du matin. Après une bonne douche, elle descendit dans la cuisine boire un café. La maison était déserte, ses parents étaient partis travailler et son frère passait sa première épreuve du brevet des collèges aujourd’hui. Installée à la table de la cuisine, elle jeta son regard tout autour d’elle comme si elle découvrait la pièce pour la première fois. Celle-ci n’avait pas changé depuis son départ à la fac, elle affectionnait cette décoration ancienne avec les meubles en style vieux bois et le plan de travail en pierre blanche sur lequel le soleil avait tendance à se refléter et à éblouir. La cuisine était ouverte sur le salon, où le style était plus moderne avec un grand meuble blanc sur tout un pan de mur où se trouvait la télévision. Il y avait beaucoup de films et de livres ainsi que quelques cadres ici et là, mettant en valeur les photos de famille, dont certaines de son grand-père. Un grand canapé d’angle de couleur crème faisait face au meuble, seul élément qui avait été changé depuis son départ. Sous ce soleil du mois de juillet, tout était très lumineux pour ses yeux à peine réveillés.

Elle rebaissa la tête pour regarder son café et vit la clé accrochée à son collier. Elle la prit dans ses mains et la regarda plus en détail. Elle l’avait depuis plus d’une semaine mais n’avait jamais pris le temps de la contempler. Elle remarqua des inscriptions sur le pic, « άρχάγγελοϛ » d’un côté et « δαίμων » de l’autre. Étrange, qu’est-ce que cela voulait dire ? Peut-être un indice pour savoir ce que contenait le coffret. Elle termina son café, posa sa tasse dans le lave-vaisselle et remonta dans sa chambre. Elle alluma son ordinateur et se mit à chercher la traduction, elle avait reconnu plusieurs lettres grecques et grâce à Internet, elle traduisit « Archange » et « Démon ». Pourquoi écrire cela sur une clé ? Le coffret avait en plus des gravures d’anges et de démons. Non. Ce serait trop invraisemblable. Pendant une seconde, elle s’était dit que la magie pourrait exister et que des êtres surnaturels le pourraient aussi. Peut-être même des anges et des démons et que c’était pour ça qu’elle devait conserver le coffret caché car il devait contenir quelque chose que ces êtres voulaient. La deuxième vie de son grand-père serait donc de protéger le monde contre ce genre de créatures. Elle regarda la clé dans sa main puis son lit, le coffre était dessous… Juste un coup d’œil, pensa-t-elle. Personne ne le saura. La tentation grandissait. Elle n’avait qu’à glisser la clé dans la serrure et tourner. Elle reprit ses esprits.

— Non ! Mon grand-père a tenu toute sa vie sans l’ouvrir, je dois faire de même, dit-elle.

Et puis on vivait dans la réalité pas dans la fiction. Elle cacha le collier sous son T-shirt, pris son sac à main et s’en alla. Elle avait une journée bien chargée devant elle.

Elle essaya de ne pas trop penser à cette histoire en chassant au maximum ses pensées sur la clé et le coffret durant son voyage en bus. Elle comprit mieux le stratagème de son aïeul pour lutter contre la curiosité : retourner une montagne de vieux trucs pour regarder dans le coffre était beaucoup plus contraignant que de passer un bras sous un lit. Elle devait trouver une meilleure cachette… Elle arriva au bout d’une petite demi-heure au cimetière, poussa la grille qui grinça, comme c’est original, pensa-t-elle. À croire que toutes les grilles de cimetières se devaient de grincer afin de rendre l’ambiance plus morbide ! Le lieu était quasi désert. L’atmosphère était lourde et triste malgré le magnifique ciel bleu et le soleil qui illuminait l’endroit. Elle marcha le long des tombes, nonchalamment, regardant les noms sur les plaques et les différents messages écrits sur les pierres tombales. Elle arriva en vue de la tombe de son grand-père et fut stupéfaite de voir une jeune fille blonde drapée d’habits de couleur blanche qui semblait s’y recueillir.

Qui était-elle ? Personne de sa famille, elle n’avait pas de cousines du côté de son père et pas de blonde du côté de sa mère. Elle s’approcha doucement et, arrivée à la hauteur de la jeune fille, celle-ci se tourna vers elle. Elle était magnifique, de longs cheveux blonds étincelant, des yeux d’un bleu envoûtant. Elle portait une sublime robe blanche où les rayons du soleil semblaient se refléter et danser, ce qui illuminait ce lieu et faisait comme disparaître toute la mélancolie.

— Salut, tu dois être Anna, je suppose ?

Cette inconnue la connaissait. Peut-être connaissait-elle aussi son grand-père ? Ce qui expliquerait sa présence ici. Son aïeul lui avait peut-être aussi parlé d’Anna.

— Oui et toi qui es-tu ? balbutia-t-elle quelque peu surprise.
— Oh pardon ! C’est vrai, je manque à la politesse la plus élémentaire. Je m’appelle Arianna.
— Enchantée.

Anna la trouvait légèrement pédante dans sa façon de s’exprimer, mais elle voulait surtout savoir ce que cette inconnue faisait ici.

— Que fais-tu sur la tombe de mon grand-père Arianna ?
— Je suis venu voir mon très vieil ami Fernand.

Très vieil ami ? Elle se payait sa tête. C’était impossible, cette jeune fille était folle, elle était à peine plus âgée qu’Anna, vingt-cinq ans grand maximum. Son grand-père en avait quatre-vingt-quatre. Comment une fille comme elle pouvait être ami avec lui et surtout de longue date ?

— Tu as l’air toute pâle, est-ce que tout va bien ?
— Oui, oui, c’est juste que je n’ai jamais entendu parler de toi alors que tu es une vieille amie de mon grand-père, je trouve cela un peu bizarre.
— C’est vrai que dit comme cela, ce doit être étrange, tu dois me prendre pour une folle.

Sur ce point, elle n’avait pas tort.

— Fernand et moi nous nous sommes rencontrés à la mort de mes parents, il y a dix ans. Il m’a beaucoup aidé à cette époque et je l’ai considéré rapidement comme mon grand-père. Il y a trois ans, je suis partie voyager, découvrir le monde et les différentes cultures et quand j’ai appris sa mort, j’ai immédiatement décidé de rentrer mais ses funérailles étaient passées.

Anna avait du mal à croire à cette histoire et de voir les larmes aux bords des yeux d’Arianna n’arrangeait pas les choses. Elles avaient l’impression que son interlocutrice en faisait trop, qu’elle se forçait à pleurer pour crédibiliser ses dires. Elle n’avait jamais entendu parler de cette jeune fille alors que son regretté grand-père la connaissait depuis dix ans et l’avait aidée à surmonter le décès de ses parents. C’était un peu bizarre : elle si proche de son aïeul, il lui aurait caché l’existence de cette jeune fille ! Cela ne collait pas. Puis Anna pensa à la lettre, son grand-père lui avait écrit qu’elle aurait très prochainement toutes les informations concernant sa mission. Serait-ce cette jeune fille qui devait les lui donner ? Et si tel était le cas pourquoi raconter une telle histoire, si peu crédible, digne d’un mauvais film d’auteur ?

Mais elle pouvait très bien ne rien savoir de cette histoire et connaître vraiment son aïeul mais pourquoi son grand-père ne lui en avait-il jamais parlée ? Pourquoi il n’y avait aucune photo de cette inconnue dans la maison ? Cela n’avait aucun sens. Anna n’était certes pas très douée pour le mensonge mais cette Arianna, si c’était son véritable nom, l’était encore moins.

— Je suis désolée, je ne savais pas.

Anna lui sourit, tant bien que mal.

— Ce n’est pas grave. Cela m’a permis de te rencontrer. Fernand me parlait beaucoup de toi. Il t’aimait énormément.

Anna sourit à ces mots, Arianna lui rendit ce sourire montrant ces magnifiques dents blanches. Décidément, cette jeune fille avait tout pour elle en dehors des mensonges, bien sûr.

— Je vais te laisser seule avec lui.
— Je ne veux pas te chasser.
— J’ai eu le temps de lui dire ce que j’avais à lui dire.

Elle lança un regard à la tombe en disant ces mots puis se refocalisa sur Anna.

— Je reste dans le coin quelque temps, j’aimerais beaucoup te revoir, prendre un café un de ces jours. Que je connaisse vraiment la personne dont Fernand me parlait avec autant de verve même si je pense déjà bien te connaître.

Elle fouilla dans son sac à main et sortit un petit papier et un stylo où elle inscrivit un numéro de téléphone qu’elle tendit à Anna.

— Tiens, voilà mon numéro, appelle-moi quand tu voudras.

Anna prit le papier et avant qu’elle réponde, Arianna s’était déjà éloignée. Étrange personne. Anna était quand même soulagée que cette inconnue soit partie, mais elle laissait bon nombre de questions derrière elle. Qui était-elle ? Que voulait-elle ? Et surtout, que lui voulait-elle à elle ? Connaissait-elle vraiment son grand-père ou s’intéressait-elle à autre chose ? Elle devenait paranoïaque depuis la découverte du coffret et de la lettre énigmatique, le changement d’attitude d’Adrien et cette inconnue qui prétendait la connaître et connaître son aïeul n’arrangeaient rien ! C’était bizarre.

Anna chassa ses interrogations et se tourna vers la tombe de son grand-père. Elle relut les mots inscrits sur la pierre, trop banals à son goût. Elle s’assit à l’ombre d’un arbre planté là. Des oiseaux chantaient sur une branche au-dessus d’elle, heureux de la seule présence du soleil dans un lieu où tristesse et chagrin sont les maîtres mots.

— Papi, c’est moi Anna. J’ai trouvé ton coffret. Je l’ai caché et j’ai toujours la clé sur moi comme tu me l’as demandé. Mais je ne comprends pas pourquoi il a autant d’importance à tes yeux et la nécessité de tout ce mystère. Ce n’est qu’un petit coffret, pas la boîte de Pandore. Comment pourrait-il menacer le monde ? J’aimerais pouvoir te parler une dernière fois pour que tu répondes à mes interrogations. Même si tu n’avais pas toutes les réponses, tu aurais pu me mettre au parfum de manière plus explicite pour ta deuxième vie.

Elle se tut deux minutes.

— Quelle œuvre voulais-tu que je continue ?

Elle attendit quelques secondes, comme si elle espérait une réponse. Mais rien, il n’y avait que les oiseaux qui chantaient sinon c’était un silence pesant qui régnait ici. Elle voulait des réponses à ses questions. Il avait écrit qu’elle aurait des informations bientôt mais quand ? Et surtout, par qui ? C’était ça qui la torturait. Elle prenait peut-être cette histoire trop à cœur : regarder toutes ces séries télévisées aiguisait tellement sa curiosité. Heureusement, aujourd’hui elle devait revoir ses deux meilleures amies, cela lui permettra de penser à autre chose. Elle reprit :

— Je suis désolée de ne pas être revenue plus tôt, de ne pas t’avoir revue avant ton départ. Tu sais, j’ai parlé de cette histoire à Elsa et Janie. Tu as toi-même fait confiance à un ami de longue date, Maître Albertazzi qui ne t’a jamais déçu, mes amies ne le feront pas non plus. Je t’aime et t’aimerai toujours.

Elle sortit un mouchoir de son sac, essuya les larmes qui coulaient et resta assise en silence pendant quelques minutes sous l’arbre. Puis, elle quitta le cimetière. Chemin faisant, elle envoya un message à ses deux copines pour savoir si elles voulaient la voir cet après-midi. Elles se donnèrent rendez-vous dans un café près du parc Paul Mistral.

Elle arriva en avance, trop impatiente de les revoir. Quand elles arrivèrent, Anna les embrassa : un an sans se voir c’était trop long pour des amies inséparables comme elles mais la vie en avait décidé autrement ! Les contacts via les messages et Internet ne remplaçaient pas le fait de se revoir, cela la comblait de bonheur. Elsa n’avait pas changé au fil des ans, toujours ses longs cheveux bruns bouclés, elle portait de grosses lunettes de soleil qui cachaient ses beaux yeux bleus. Janie, quant à elle, avait bien changé. Elle, qui était l’intello coincée de la classe avec ses lunettes, son appareil dentaire et cette acné qui l’enlaidissait. Elle avait beaucoup souffert des moqueries à l’école mais avait toujours pu compter sur Elsa et Anna pour la défendre de la méchanceté des autres élèves. Aujourd’hui, elle avait tronqué ses lunettes pour des lentilles de contact, permettant de mieux mettre en valeur ses magnifiques yeux verts, elle laissait ses cheveux roux détachés et n’avait plus d’acné ni d’appareil dentaire, sa jolie petite robe jaune la rendait encore plus belle. Elle avait tellement changé que ceux qui se moquaient d’elle autrefois la jalouseraient aujourd’hui et les garçons n’auraient d’yeux que pour elle.

Elles s’installèrent en terrasse et s’amusèrent en voyant le jeune serveur dévisager Janie lors de leurs commandes. Anna et Elsa poussaient même cette dernière à discuter avec lui mais elle refusa, trop timide. Il y a des choses qui ne changeaient pas avec les années. Après ces moments de fous rires, Anna leur raconta l’histoire du cimetière.

— C’est étrange, dit Elsa, que ton grand-père ne t’ait jamais parlé de cette Arianna.
— Oui et le côté très secret de sa requête pour un simple coffret est aussi étrange, ajouta Janie, tu n’as pas essayé de l’ouvrir pour voir ce qu’il contenait ?
— Non, mon grand-père voulait absolument que je le cache et que je ne l’ouvre sous aucun prétexte mais plus ça va, plus j’ai envie de savoir ce qu’il contient.
— Cela fait un peu peur quand même, qui sait ce qu’il y a dedans.

Elsa avait raison, Anna avait volontairement omis le point « monde en danger si la boîte était ouverte » ainsi que toute la partie sur la deuxième vie de son grand-père. Mais plus elle y pensait plus elle avait envie de l’ouvrir, de voir ce que ce coffre contenait.

— Je sais, mon grand-père ne l’a jamais ouvert apparemment. Il l’avait bien caché sûrement pour éviter d’être tenté.
— Et tu ne crains pas que ta famille tombe dessus et l’ouvre par inadvertance ? lui demanda Janie.
— Impossible.
— Il est très bien caché ?
— On peut dire ça mais pas que… parce qu’il est fermé à clé.

Elle sortit discrètement la clé de dessous son T-shirt pour la montrer à ses amies qui remarquèrent directement les inscriptions sur le pic.

— Qu’est-ce que ça veut dire, Janie toi qui a fait du grec ? demanda Elsa.
— Euh… ça fait longtemps.

Anna rangea la clé à sa place tout en disant.

— Ça veut dire « Archange » et « Démon ».
— C’est de plus en plus bizarre ton histoire, s’exclama Janie.
— Tu ne crois pas que cette fille-là…
— Arianna
— Oui qu’elle soit au courant de quelque chose ? pointa Elsa.
— Je ne sais pas, je ne peux pas révéler le secret de mon grand-père à n’importe qui et je suis quasiment sûre qu’elle m’a menti.
— Si son histoire est bidon et qu’elle n’apparaît de nulle part, peut-être que c’est le coffret qui l’intéresse ?
— Peut-être Janie, je ne sais pas. Cela m’énerve de ne pas savoir.
— J’ai une idée, ajouta Elsa, elle t’a donné son numéro. Envoie-lui un message, essaye de la voir au plus vite, demain ce serait bien. Tu la confrontes. Tu lui dis que tu sais qu’elle ment et demain soir, on se fait une soirée pyjama comme autrefois et on débriefe de ce qu’elle t’aura dit.
— Excellente idée.

Anna sortit son téléphone et le papier avec le numéro d’Arianna. Salut, Arianna. C’est Anna, on s’est rencontré au cimetière. J’aimerais beaucoup te revoir demain après-midi au parc si tu es libre pour discuter de mon grand-père. J’ai pas mal de questions à te poser et je suis sûre que tu en as pas mal de ton côté.

— On fera la soirée chez moi, je préviendrai mes parents ce soir. Il faut aussi que vous sachiez que j’évite Adrien car il est devenu bizarre après la découverte du coffre.

Ses deux amies échangèrent un regard. Elles savaient que le jeune homme avait toujours eu un faible pour leur amie. Puis Elsa demanda.

— Bizarre dans quel sens ?
— Il a commencé à faire plein de recherches sur le coffret, à trouver des informations sur de la magie noire apparemment, je n’ai pas trop compris son délire. Mais il avait trouvé ça sur des sites étranges. Il m’envoyait même des messages au milieu de la nuit pour me poser des questions sur le coffret.
— C’est flippant ça. Qu’est-ce que tu comptes faire du coup ? intervint Janie.
— Je vais le laisser mijoter pendant une ou deux semaines puis je verrai bien. Il aura, j’espère, oublié toute cette histoire. Je sais qu’il adore aller au plus loin dans ses recherches mais là c’était trop.
— C’est vrai. Il aime bien tout ce qui est paranormal mais son comportement est flippant. Heureusement qu’on le connaît bien, sinon il faudrait prévenir la police.
— Arrête ! Il ne tiendrait pas deux jours en prison, se moqua Anna.

Elles éclatèrent de rire et finirent la journée en discutant de leurs histoires de faculté, de soirées et des garçons qu’elles avaient rencontrés. Elles étaient toutes trois dans des villes différentes pour leurs études. Anna à Paris, Elsa en faculté de biologie à Lyon et Janie avait continué en médecine à Montpellier. Un an à raconter c’était très long même si elles s’appelaient toutes les semaines. Elles se quittèrent vers dix-huit heures et Anna rentra chez elle, prête pour démasquer cette inconnue enfin quand cette dernière daignera répondre à son message. Arrivée chez elle, tout le monde était déjà rentré. Son frère révisait dans la cuisine pour son épreuve du lendemain tandis que son père, lui, commençait à préparer le dîner et que sa mère lisait tranquillement dans le canapé. Elle s’installa à côté d’elle.

— Tu as passé une bonne journée maman ?
— Oui, j’ai vendu deux appartements aujourd’hui. Une très bonne journée et toi ?
— Bien, je suis allée voir Papi et j’ai vu les filles. D’ailleurs, on voudrait faire une soirée pyjama demain soir et je voulais savoir si ça ne dérangeait pas qu’on la fasse ici ?
— Non mais vous n’êtes pas un peu âgées pour ce genre de soirée ?
— Non jamais. Et puis même on ne s’est pas vu depuis très longtemps.
— D’accord.

Anna se leva et monta dans sa chambre, commença à la préparer pour recevoir ses amies qui ne venaient pas ce soir mais elle voulait s’occuper que de sa mission le lendemain. Pendant qu’elle mettait des matelas sur le sol, son téléphone vibra. C’était Arianna. Enfin une réponse. Salut, Anna. Ce sera avec plaisir que je te retrouverai au parc demain vers 16 h, j’espère pouvoir répondre à toutes tes questions. Elle lui répondit un simple « Super ! À demain » et reprit le réaménagement de sa chambre. La soirée se passa normalement, dîner avec sa famille et soirée série avant d’aller se coucher. Elle avait hâte d’être au lendemain pour commencer son travail de détective et découvrir les secrets de l’inconnue du cimetière.

Chapitre 3

Des révélations inattendues

Anna était si impatiente qu’elle se réveilla très tôt et essaya tant bien que mal d’occuper au maximum sa journée, sans grand succès. Elle commença un film mais n’arrivait pas à s’y intéresser : elle ne pensait qu’à son rendez-vous et qu’à la soirée entre filles. Le temps s’égrenait trop lentement à son goût. Vers midi, son petit frère rentra à la maison, soulagé : ses épreuves du brevet étaient terminées et il était enfin en vacances ! Le début d’après-midi fut tout aussi long que la matinée et ce fut enfin l’heure de se mettre en route. Ce voyage avait quelque chose d’excitant. Elle commençait une aventure digne de ses séries et films qu’elle affectionnait : elle avait un coffret contenant un secret, rencontrait une belle inconnue qui racontait des mensonges. Elle était un peu trop excitée par la situation et tellement impatiente mais son investigation allait enfin commencer. D’ailleurs, elle trouvait que le bus n’allait pas assez vite, qu’il y avait trop de feux et d’arrêts sur ce trajet. L’excitation fut à son paroxysme quand elle arriva enfin. Qu’allait-il se passer ? Qu’allait-elle découvrir ? Cette jeune fille était peut-être juste une voleuse qui avait appris qu’elle possédait un coffret d’une grande valeur, et voulait le récupérer pour le revendre. Elle était peut-être membre de la fondation qui avait rapidement acheté la maison de son grand-père avec tous les biens qui se trouvaient à l’intérieur et elle voulait récupérer le coffret en sus. Elle avait imaginé diverses histoires durant le trajet et toutes tournaient autour de ce coffre et du secret qu’il renfermait. Anna en était persuadée et elle allait enfin en avoir le cœur net. Elle allait connaître la vérité.

Elle reconnut Arianna de loin, elle était aussi resplendissante que la veille et toujours habillée de blanc comme pour éblouir toute personne qui oserait poser les yeux sur elle. Anna, de son côté, avec son short et son T-shirt noir, se sentait insignifiante, mais ce n’était pas grave car aujourd’hui seules les informations comptaient.

— Salut, Arianna, comment vas-tu ?
— À merveille et toi ?
— Ça va, j’étais impatiente de te revoir.

Elles commencèrent à marcher dans le parc tandis qu’un groupe de joggeurs les dépassèrent et l’un d’eux faillit trébucher attiré par l’aura de la jolie blonde. Anna lui demanda de lui raconter à nouveau comment elle avait rencontré son grand-père. Et encore une fois, l’histoire lui parut fausse mais quelque chose l’avait trahie car son interlocutrice s’en aperçût.

— Tu ne me crois pas ? lui demanda-t-elle interloquée.
— Désolée… Mais non. Ton histoire fait trop… comment dire… cliché.

Arianna resta sans voix.

— J’ai l’impression d’entendre le scénario d’un film. Et il y a trop de choses invraisemblables dans ton histoire, je veux bien que mon grand-père ait eu des secrets mais de là à aider une jeune orpheline sans jamais en parler à sa famille. C’est un peu trop gros et surtout il n’y a même pas de photos de toi chez lui alors qu’il t’appréciait au plus haut point d’après tes dires. Et mon grand-père avait une passion pour la photographie, il en prenait donc énormément et les affichait chez lui. Et tes larmes, hier, étaient trop fausses pour paraître sincères. Donc je pense que l’on gagnerait du temps si tu me disais la vérité. Qui es-tu ? Qu’est-ce que tu attends de moi ?

Arianna était décontenancée, et ça se voyait. Anna était à fond dans sa mission, elle allait connaître la vérité. Son interlocutrice n’avait plus le choix à présent. La jolie blonde poussa un soupir et dit.

— Très bien ! Allons-nous asseoir, Anna ! Nous avons énormément à nous dire.

Elles se dirigèrent vers le banc le plus proche et Arianna commença.

— Je suis désolée pour ce mensonge et ma tentative très maladroite de t’approcher. Mais nous devions être sûr de nous et éviter de trop t’exposer pour ne pas te mettre en danger, ni nous mettre en danger.
— Oublie les disquettes. J’ai besoin de réponses tout de suite. Qu’est-ce que tu me veux ?