La jeune fille du calvaire - Claude Delolme - E-Book

La jeune fille du calvaire E-Book

Claude Delolme

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Beschreibung

En simplicité et délicatesse, "La jeune fille du calvaire" vous raconte la puissance des premières amours de Roland et Lucette. Sous le ciel d’été de Tence, leur amour, tout en se battant contre la tragédie, n’est soumis à aucune condition. Les deux adolescents retracent, à travers leur vécu, l’histoire commune de tous ceux qui furent, un jour, jeunes et amoureux.


À PROPOS DE L'AUTEUR


Claude Delolme, dans ses romans et nouvelles, aime varier les plaisirs en explorant différentes thématiques. Ne sachant faire exception, ce nouveau récit mêle la jeunesse, l’amour et la religion, avec pour toile de fond des lieux qu’il connaît bien pour les avoir lui-même fréquentés.

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Seitenzahl: 108

Veröffentlichungsjahr: 2024

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Ähnliche


Claude Delolme

La jeune fille du calvaire

Roman

© Lys Bleu Éditions – Claude Delolme

ISBN : 979-10-422-2338-0

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Du même auteur

Recueils de nouvelles :

Des Pyrénées à l’Océan, Éditions du Net ;

Rêve glacé, Éditions du Net.

Romans – voyages :

Un rêve canadien, Éditions du Net ;

Parenthèse stambouliote, Éditions Lacour-Olle.

Romans autobiographiques :

Mouthoumet, Éditions Lacour-Olle ;

Carcassonne, Éditions Lacour-Olle.

En amour, celui qui est guéri le premier est toujours le mieux guéri.

François de La Rochefoucauld

Prologue

Dans les années 1950, Saint-Étienne se relève doucement des traumatismes de la Seconde Guerre mondiale. Relativement en dehors de l’emprise de l’occupant allemand pendant les premières années de cet affrontement, la ville en a subi les effets directement dans sa chair avec le bombardement de juin 1944, tout comme sa voisine Lyon. Le but était le même dans les deux cas : couper les voies de communication aux armées allemandes en prévision du futur débarquement en Normandie. Avec le même résultat : de très nombreuses victimes civiles.

Dans un pavillon de banlieue, épargné par miracle des dégâts du conflit, une famille habite un appartement situé au deuxième étage. La mère enchaîne les heures supplémentaires comme caissière dans une supérette du coin. Le père laisse sa santé tous les jours dans les galeries d’une mine de charbon des environs. Sa gueule noire en rentrant du travail a longtemps effrayé leurs jeunes enfants. Ils ont eu deux filles, abandonnées sans surveillance la plus grande partie de la journée. Malgré cela, l’aînée, Lucette, atteint ses dix-sept printemps sans rencontrer de difficulté dans sa scolarité. Ne vient-elle pas de réussir son examen d’entrée dans une école d’infirmières ?

Elle a passé toute son enfance, entourée d’immeubles dans ce quartier où désormais des barres de béton ont remplacé les anciennes maisons détruites. Par chance, le petit jardinet sur la façade arrière de la maisonnette a conservé son cerisier. Si elle n’y a aucun accès, réservé au propriétaire, la jeune fille aime suivre le rythme des saisons depuis la fenêtre de sa cuisine. Attentive aux premiers bourgeons annonçant la fin de l’hiver, émerveillée par la jolie parure de fleurs blanches du printemps, frustrée de voir les beaux fruits grossir et prendre une superbe couleur rouge, tout en sachant qu’elle ne pourra pas en profiter. Qu’importe ! Au milieu de ces façades répétitives à l’infini avec, comme seules fleurs, leurs paraboles tournées toutes dans la même direction, cet arbre et son changement saisonnier, apportent un peu de nature et de rêverie dans son univers.

Une vie citadine guère réjouissante, mais le moment des vacances d’été venu, elle avait la chance de pouvoir les passer en Haute-Loire dans la maison familiale de Tence. Cette bourgade rurale la change considérablement de Saint-Étienne et de ses immeubles qui l’oppressent.

Elle aime s’y retrouver avec sa sœur ainsi que d’autres cousins et cousines qui viennent, comme elle, respirer l’air pur et vivifiant des forêts environnantes. Allant jusqu’à en faire profiter, la maison étant assez grande, un ou deux copains du quartier que ses parents acceptent de recevoir.

Son quartier, justement… Elle est à un âge où il lui est difficile d’échapper à son l’emprise. Jusqu’à sa douzième année, elle ne s’est rendu compte de rien. Jouant comme toutes les filles de son entourage dans les cours des immeubles ou dans les spacieux halls d’entrée, les jours de pluie. Devenant de plus en plus jolie au fil des ans, elle attire bien vite l’attention des garçons, de tous les garçons et pas seulement ceux des immeubles voisins. Mais ces derniers la considèrent comme une exclusivité. Sous couvert de rivalité entre bandes et de trafic de drogue, il n’y a qu’eux qui s’accordent le droit de l’approcher !

Pour une jeune fille comme elle, vivre dans une cité c’est lutter pour s’imposer, imposer ses choix, exister enfin. Mais en même temps, elle doit soigner son image, sa réputation, échapper aux rumeurs. Difficile de prendre en main son destin. Bien que très jeune encore, elle se doit d’avoir un petit copain, même si parmi ceux qui l’entourent aucun n’est tout à fait à son goût !

Aussi elle apprécie beaucoup ses séjours en Haute-Loire, loin de l’influence des jeunes de la cité. Elle ne peut même pas compter sur les quelques filles qui se mêlent aux groupes. Depuis longtemps, ces dernières sont sous la domination des caïds du secteur. Elle-même, à chaque retour dans son quartier, ne se sent plus libre, entraînée par son entourage. Comment pourrait-elle s’en émanciper ? N’a-t-elle pas grandi avec eux, partagé jusqu’ici les mêmes jeux ?

Plus elle grandit en beauté, plus les garçons, autour d’elle, se font pressants, d’une manière un peu trop audacieuse et brutale à son goût. Tout le contraire de ce qu’elle attend. Lucette ne rêve-t-elle pas de gestes attentionnés, de chaleur, de douceur que ceux qui l’entourent semblent incapables de lui offrir ? La drogue a gangrené toute la cité. Le fait de posséder beaucoup d’argent avec ce trafic leur donne une assurance nouvelle. Ils ont l’argent, de belles bagnoles, alors pourquoi pas les filles ? Même sans leur consentement.

Son petit copain, en grandissant, s’avère comme les autres, même s’il existe une certaine camaraderie entre eux. Ne se connaissent-ils pas depuis leur plus jeune âge ?

Cette année plus que toute autre, il tarde à Lucette que les vacances surviennent. Elle trouve que les cerises tardent à mûrir. Se retrouver à Tence une fois de plus en toute liberté devient même son unique obsession les premiers jours d’été venus.

Dès son arrivée, ses premiers pas la conduisent, comme à chaque fois, sur les rives du cours d’eau qui longe une prairie naturelle. Un lieu calme et ombragé où elle aime flâner. Sans se douter que cela ne va pas se passer comme les années précédentes.

Les flèches de Cupidon vont l’atteindre de manière inattendue !

Chapitre I

L’adolescent qui vient de descendre lestement du train a sa démarche très assurée : celle d’un jeune homme passant à l’âge adulte. Derrière lui, la locomotive, bien qu’à l’arrêt, continue son halètement poussif. Quand il entend le bruit métallique des roues d’acier sur les rails, Roland sait sans même avoir à se retourner, que le « Velay Express » continue sa route. Tence, dont le nom s’affiche en cartouche sur la façade de la petite gare, constitue sa destination. Il n’en est pas de même pour les quelques voyageurs restés dans les wagons, le terminus se situant deux arrêts plus loin, sur le plateau du Vivarais.

Le sifflement de la locomotive accompagné d’un panache de fumée le fait sursauter. Il le ressent comme un adieu déchirant qui s’étire et disparaît dans la courbe de la voie. Les voilà rassemblés tous les quatre sur le quai. Son père, en charge des deux valises de cette petite famille, arbore un large sourire, il retrouve son pays natal. Donnant sagement la main à leur mère, son jeune frère fait partie aussi de cette équipée estivale. Ce petit groupe détonne au milieu des quelques voyageurs descendus en même temps qu’eux : des hommes en blouse grise au chapeau de feutre, des femmes aux larges robes avec un panier d’osier sous le bras, d’où émerge parfois la crête rouge d’un volatile qu’un torchon grossier cherche à cacher.

Le trajet avait enchanté notre jeune voyageur, surtout depuis la dernière correspondance en gare de Dunières. À partir de là, le tortillard dans lequel il était monté avait avancé dans un doux ballottement, prenant, semble-t-il, un malin plaisir à se faufiler entre des prairies verdoyantes et de sombres bosquets où le sapin dominait. Son parcours, en une succession de courbes, trouvait toujours un passage pour continuer sa route, dans ce paysage tout en vallonnement.

Penché à la fenêtre de son compartiment, l’adolescent avait pris plaisir à suivre le tracé minuscule de la voie. Au point d’appeler son frère Jean confortablement installé entre son père et sa mère.

Viens voir, Jean !

Paraissant ne faire qu’un, là-bas, au loin, les rails s’écartaient au fur et à mesure de leur progression. Quand il portait son regard vers l’arrière du convoi, le même phénomène se produisait, mais en sens inverse, ils semblaient se rapprocher, au fur et à mesure que la ligne d’horizon s’éloignait. La voie unique accentuait cette impression de train miniature serpentant en équilibre sur un fil d’acier.

Dans ce paysage champêtre, quelques exploitations agricoles apportaient, par-ci par-là, un peu d’animation. Bercé par le tam-tam des roues, il avait vu défiler des cours de ferme où parfois il avait surpris un paysan s’épuisant avec sa fourche à retourner un tas de fumier. Il s’était amusé de quelques poules courant effrayées vers la protection de leur poulailler dans un vol de plumes. Il avait croisé des vaches débonnaires faisant l’effort de tourner leur tête vers ce monstre d’acier qui ne les effrayaient même plus. La force de l’habitude peut-être.

De temps en temps, le serpent argenté d’un ruisseau zébrait le tapis de ces pelouses d’un vert soutenu où des ponceaux, le plus souvent en dos d’âne, permettaient de passer d’une rive à l’autre sans difficulté.

Un paysage de carte postale où ce petit train ressemblait plus à un jouet d’enfant qu’à un train de voyageurs.

Tout, autour de lui, avait intrigué Roland. À commencer par cette station minuscule où il vient d’arriver. Il est vrai qu’il n’y a aucune comparaison possible avec la gare de Perrache qu’il a quittée, tôt, ce matin avec son immense verrière. Celle-ci résonnait des puissantes locomotives à vapeur piaffant d’impatience de retrouver soit la capitale, soit le soleil du midi. Rien de tout cela ici, avec la campagne à proximité !

Il ne va pas vers l’inconnu, car ce n’est pas la première fois qu’il descend dans ce village. Il est déjà venu passer une partie de l’été chez sa grand-mère maternelle, il y a quelques années. Mais il devine que, cette fois-ci, tout va être différent. Il vient de terminer sa seconde après une réussite à l’examen du Brevet élémentaire l’année précédente. Avec le Baccalauréat en point de mire, il entre dans une période scolaire sérieuse. Il se sent devenir une grande personne. Les paysages qu’il va redécouvrir, il ne les verra plus avec cet œil d’enfant des années précédentes.

Pour l’instant, il prend une attitude citadine de garçon poli et bien élevé. Il porte un costume de jeune adulte en laine chinée. Sa coiffure châtain foncé est très appliquée avec une raie sur le côté, bien marquée. Son œil sombre et vif dévoile une intelligence toujours en éveil, où se mêlent soif de connaissance et intérêt pour tout ce qui l’entoure. Son teint mat diffère de celui, plutôt rougeaud, des gens du pays. Il est la conséquence, pour le moins, d’un séjour prolongé sous le soleil. Bien plus, il trahit une origine méridionale ! Par sa mère sûrement, car par son père, il est aussi de cette région ! Pour s’en rendre compte, il lui suffit de voir son nom de famille affiché parfois sur des murs blanchis ou servant d’enseignes de quelques magasins croisés lors des derniers kilomètres de son voyage ferroviaire. Un sentiment de fierté l’anime, alors que c’est certain, il n’a aucun lien de parenté avec la plupart d’entre eux. Du moins, c’est ce qu’il pense, car il ne connaît pas tous les liens familiaux, et ils sont nombreux au dire de son père, entre ces gens répartis dans tous les coins de ce département de Haute-Loire.

Tous les quatre donc, une fois descendus du train, n’entrent même pas dans la salle des billets. Un simple portillon leur permet de passer directement du quai à la placette de terre devant la gare. Roland s’interroge sur l’usage de la grande maçonnerie ronde en pierre du pays, qu’il découvre. Cette tour est surmontée par une imposante structure d’acier au volume identique. Un réservoir d’eau dont a besoin la chaudière de la locomotive tractant le petit train qu’ils viennent de quitter.