La malédiction du nom - Mireille Picaudou Arpaillange - E-Book

La malédiction du nom E-Book

Mireille Picaudou Arpaillange

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Beschreibung

À la mort de son oncle, Olivier Coste hérite d’une ferme familiale nichée au cœur d’un village du Périgord, un lieu qu’il n’a jamais connu. En s’y rendant, il se retrouve confronté à l’hostilité des habitants et à une animosité viscérale de son voisin, héritage d’un conflit ancestral. Tandis qu’il découvre les mystères d’un terroir où la truffe attise convoitises et rancunes, il s’engage dans une quête troublante : lever le voile sur un meurtre jamais élucidé, une ombre qui ternit l’honneur de sa lignée. Mais saura-t-il briser le silence et faire éclater la vérité dans un univers où tout semble conspirer contre lui ?

À PROPOS DE L'AUTRICE

Mireille Picaudou Arpaillange, auteure aux horizons multiples, nous ramène à ses racines dans le sud-ouest de la France. Dans La malédiction du nom, elle explore les complexités de la condition humaine, où le poids d’un patronyme peut peser d’une génération à l’autre.

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Seitenzahl: 323

Veröffentlichungsjahr: 2025

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Mireille Picaudou Arpaillange

La malédiction du nom

Roman

© Lys Bleu Éditions – Mireille Picaudou Arpaillange

ISBN : 979-10-422-6213-6

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle

.

Les personnages

Famille Coste :

Joseph et sa femme Albertine

Leur fille Marie

Leur fils Justin et sa femme Léonie

Jules et Paul leurs enfants

Olivier, fils de Jules

Famille Labrugue :

Antonin et sa femme Marguerite

Leurs enfants Augustin et Léonard

Marcel et Nicole, enfants d’Augustin

Alain, fils de Marcel

Famille Vaysse :

Angèle épouse Lacombe

Son fils Benjamin

Simone épouse Roussel, fille de Benjamin

1

Janvier 2022

Sous ses pas, les feuilles de l’automne, amoncelées sur les deux marches qui mènent à l’entrée, craquent, brisant le silence environnant. Il a du mal à tourner dans la serrure rouillée la clé qu’on lui a remise. Quand il y parvient et qu’il pousse la porte, un gémissement des gonds en accompagne l’ouverture, provoquant la fuite d’une grosse araignée qui se réfugie sous la bordure du toit. Il n’était jamais venu ici, tout lui est étranger. Quand il entre, une odeur prégnante où se mêlent crasse, vieux chiffons, urine et feu de bois lui donne presque la nausée. Il parvient à ouvrir une fenêtre et à repousser les volets dont l’un est à demi décroché, pour faire pénétrer l’air frais et gris de cette journée d’hiver. Il a brutalement l’impression de se retrouver au milieu du siècle dernier. Des meubles en formica, une cuisinière installée dans ce qui était la grande cheminée ouverte, comme il en existait partout dans cette campagne, un linoléum qui a dû être décoré autrefois de motifs végétaux. Sur la table, dont le revêtement est en maints endroits écaillé, les restes d’un repas, de la nourriture moisie sur une assiette, et un verre qui garde la trace violacée du vin qu’il contenait. Une porte ouverte donne sur une chambre. D’après ce qu’on lui a dit, c’est là qu’on l’a trouvé. Le lit de bois avec sa tête et son pied massifs pourrait bien dater encore plus que le mobilier de la cuisine. L’odeur qui domine dans cette pièce est un relent âcre de naphtaline. Il n’ouvre pas l’armoire à glace installée face au lit, mais imagine aisément les quelques pauvres vêtements à l’intérieur. Le seul pantalon et la seule veste décents sont sans doute ceux que le personnel des pompes funèbres a enfilés au défunt. Ce qui a dû être une deuxième chambre, celle des enfants autrefois, est devenu un débarras, où voisinent des pommes pourries, des chaises cassées, des coquilles de noix et des paniers vides. Il a du mal à imaginer qu’encore récemment quelqu’un vivait ici. C’était pourtant la maison de son oncle. Quand il a été prévenu par téléphone du décès, il ne savait même pas très bien où vivait ce membre de la famille qui était resté en marge de sa vie. C’est tout juste s’il connaissait son prénom, Paul, car son père n’en parlait jamais, comme s’il avait effacé l’existence de ce frère demeuré dans la maison familiale. C’est le notaire qui a annoncé à Olivier que son oncle Paul l’avait désigné comme son successeur. Il n’y comprend rien. Pourquoi lui, alors qu’il ne le connaissait pas, ne l’avait jamais vu. C’est comme si Paul avait voulu renier son frère Jules, en donnant directement ses biens à son fils Olivier. La première pensée de ce dernier, lorsque le notaire lui a annoncé l’héritage, a été comme une trouée de soleil dans un ciel de nuages. Il venait juste de se retrouver au chômage et une entrée d’argent serait plus que la bienvenue. Mais depuis qu’il a garé sa voiture sur le chemin herbeux et qu’il a vu l’état de délabrement de la petite ferme, il a commencé à déchanter. De toute façon, peu importe que ce soit lui ou son père l’héritier, car ce dernier n’est plus en état de s’occuper de quoi que ce soit, il est atteint de démence sénile. Olivier va devoir se charger de vendre cette bicoque, la minuscule truffière qui se trouve à proximité et les quelques petites parcelles de terre, que Paul a laissées à l’abandon depuis qu’il était trop vieux pour s’en occuper lui-même. Le tout « sis sur la commune de Carcenac, lieu-dit Les Grèzes », comme le lui avait lu le notaire.

Olivier est déjà venu le jour des obsèques, mais n’est resté que le temps de la cérémonie qui a eu lieu au village. Il y a d’abord eu une messe dans la petite église glacée. Il ne savait pas si l’oncle Paul était croyant, mais quand la villageoise qui s’occupe des affaires religieuses pour le prêtre, surchargé de travail et absent, lui a conseillé la messe, il a dit oui, car il n’avait pas d’arguments pour refuser. Il ne savait rien des convictions religieuses de Paul, et cette femme le connaissait sans doute mieux. En dehors de cette paroissienne pieuse, seule une poignée de villageois étaient présents aux obsèques, dont il ignorait quelles avaient été leurs relations avec Paul. Le prêtre semblait ne pas savoir du tout qui était le défunt, et son homélie n’est pas sortie des idées générales et passe-partout de la vie après la mort et de la bonté de notre Seigneur. Après la brève cérémonie au cimetière, les rares personnes présentes lui ont serré la main sans rien dire, le regard fuyant, sauf une femme dont les petits yeux noirs le scrutaient lorsqu’elle a dit : « Eh bé, ce pauvre Paul, que voulez-vous que je vous dise… » Il était certain que sa voix et son expression trahissaient une certaine commisération, à la différence des autres personnes présentes aux obsèques. Olivier eut la fugace impression qu’elle avait quelque chose à dire et qu’elle avait tu. Pourquoi aussi peu de villageois présents ? Il sentait qu’il y avait là comme une étrangeté. Il croyait savoir que d’ordinaire, dans les campagnes, le village entier était présent à toutes les obsèques. Qu’est-ce qui n’allait pas ? Cette femme avait-elle utilisé l’expression « ce pauvre Paul » simplement parce qu’il était mort, ou pour une autre raison qui échappait à Olivier ?

Ce jour-là, il est reparti à Périgueux sans plus attendre, il n’avait rien à faire dans ce village. Il ne reviendrait que quand il aurait vu le notaire. En arrivant en ville, il s’est rendu directement à l’établissement de soins où est accueilli son père. Il l’a trouvé dans sa chambre, assis dans le fauteuil près de la fenêtre où il se trouvait toujours, le regard posé sur le sol devant lui, parfaitement immobile. Il savait qu’il ne fallait pas le brusquer, car il pouvait devenir agressif. Il s’est donc assis en face de lui, sans rien dire, jusqu’à ce que son père finisse par percevoir sa présence de lui-même, et lever les yeux. Alors seulement, il lui a dit qu’il revenait de l’enterrement de son frère Paul à Carcenac. Il espérait que ces deux noms éveilleraient quelque chose en lui. Mais d’un ton agressif, il a demandé à Olivier : « Qu’est-ce que vous me voulez ? » Depuis que la démence sénile s’est emparée de lui, il ne reconnaît plus son fils. Avec le temps, Olivier a fini par l’admettre, mais là, il aurait bien aimé savoir pourquoi Paul avait l’air aussi mal considéré dans le village. Il s’est rendu compte aussi, trop tard, qu’il ne connaissait rien des raisons qui avaient poussé son père jeune à quitter Carcenac, et surtout pourquoi il n’y était jamais retourné. Périgueux et le village ne sont pas si éloignés, mais c’était comme si un océan infranchissable s’étendait entre les deux. Olivier a grandi avec ce vide familial du côté de son père, compensé par la nombreuse famille maternelle, sans jamais vraiment s’interroger sur les raisons de ce lien rompu avec la famille Coste de Carcenac.

Il s’est ensuite passé plus d’un mois avant que le notaire ne le convoque pour régler la succession. Il a repris sa vie à Périgueux, enfin pas sa vie d’avant, car il ne se levait plus tous les jours de la semaine à la même heure, pour s’installer derrière son ordinateur de gestionnaire de l’entreprise de fabrication de meubles où il avait travaillé. Il avait vu venir la catastrophe. Les ventes chutaient d’un mois à l’autre, le patron trop âgé ne savait pas se renouveler, le client préférait les tarifs attractifs de meubles importés, même s’il devait passer plusieurs week-ends de montage à tenter de déchiffrer la complexité de la notice, traduite dans un français parfois étrange et souvent hilarant. La faillite de l’entreprise était arrivée, et le chômage pour Olivier. Durant les semaines qui ont précédé sa visite chez le notaire, il a donc couru derrière les offres d’emploi. Son ami Ludovic lui conseillait de s’orienter vers le tourisme, il n’y avait que ça qui marchait en Périgord d’après lui. Mais il ne connaissait rien à ce domaine.

Un matin de la fin janvier, le notaire l’a convoqué pour lui lire les termes de la succession. Il héritait d’un bâtiment d’habitation avec une grange attenante, d’une truffière de 52 ares et de quatre lopins de terre, situés aux Combals, aux Bournas et à La Bruguière. Et il s’est retrouvé avec cette clé rouillée à la main. Ne sachant pas comment arriver à la ferme des Grèzes depuis Carcenac, il a dû effectuer des recherches sur son téléphone pour localiser le lieu. Et après avoir suivi une petite route qui avait été goudronnée, mais que l’herbe envahissait en son milieu, il s’est fié à son instinct pour trouver le chemin qui l’a conduit jusqu’à la cour de sa nouvelle propriété. Jusque-là, il avait espoir de pouvoir y loger afin de rester quelque temps dans le coin pour s’occuper de la mise en vente. Mais en parcourant cette maison délabrée et sinistre, il se dit qu’il ne va pas pouvoir y séjourner. Il doit trouver une autre solution d’hébergement. Puisque le Périgord est une terre de tourisme, il doit bien y avoir des chambres d’hôtes aussi à Carcenac. Il redescend donc vers le village. Il ne sait pas à qui s’adresser, il n’y a aucun commerce, les rues sont vides. Il avise la mairie, mais l’affiche des jours et heures d’ouverture lui indique que, pour lors, elle est fermée. De temps en temps passe une voiture, mais il ne va pas se ridiculiser en agitant les bras comme un naufragé pour l’arrêter. Il commence à songer à rentrer à Périgueux, quand il entend le moteur d’un tracteur qui s’avance vers lui. Alors il n’hésite plus, et fait un geste de la main lui indiquant de s’arrêter. L’agriculteur immobilise son engin à sa hauteur, et s’engage une conversation hurlée, car l’homme ne coupe pas le moteur qui continue à rugir.

— Bonjour. Vous savez si on peut se loger ici en cette saison ?

— Si on peut quoi ?

— Un logement ici, pour dormir…

L’homme le regarde sans aménité aucune, ses sourcils broussailleux obscurcissant son regard.

— … un hébergement pour la nuit.

Olivier mime en même temps l’homme endormi, tête penchée, les yeux fermés. Il le voit qui opine, il a compris !

— Ah oui, chez Valade, ils louent des chambres aux touristes. Et les Anglais aussi, je crois.

Il n’ajoute rien, comme si Olivier était censé connaître les lieux.

— Et comment je les trouve ?

L’agriculteur se lance dans une explication d’autant plus confuse qu’Olivier n’en perçoit que des bribes dans le vacarme du moteur. Il lui indique deux directions opposées pour les deux adresses. Par chance, il a entendu le nom Valade et les mots « volets rouges », et il prend donc la direction indiquée, après avoir remercié l’homme qui prend congé d’un hochement de tête sec. Sait-il qui est Olivier ? Bien possible. Ici, tout le monde se connaît et les informations circulent vite. Lorsqu’il se gare devant la maison aux volets rouges, une femme aux cheveux gris et courts est en train de balayer une poignée de feuilles mortes éparpillées sur une terrasse. Quand il s’approche, elle lui lance un regard suspicieux. Là encore, il s’interroge. Sait-elle qui il est ? Quand il lui exprime le souhait de lui louer une chambre, elle hésite avant de répondre :

— C’est que normalement, je ne loue pas hors saison.

— Ah, vous ne pouvez pas me loger alors.

Elle réfléchit encore avant d’expliquer d’un air embarrassé :

— C’est que… vous avez besoin de chauffage… et…

— Il n’y en a pas.

— Si, si, mais ça coûte cher l’électricité, et…

— Je vous promets d’être économe de ce côté-là.

— Et puis je ne ferai pas les repas du soir et les petits déjeuners comme pendant la saison.

— Je comprends, je me débrouillerai.

— Et vous pensez rester longtemps ?

— Quelques jours, le temps de régler mes affaires.

Son regard soupçonneux ne s’est pas modifié durant leur échange, et là, Olivier est certain qu’elle sait très bien qui il est et quelles affaires il doit régler. La pièce qu’elle lui loue se trouve dans une ancienne grange, située au fond de la cour, où ont été aménagées plusieurs chambres et une salle commune pour les repas. Il passe la première nuit à grelotter malgré la couette. Le radiateur électrique réglé sur une température basse ne parvient pas du tout à chasser le froid, incrusté dans les murs de pierre depuis le début de l’hiver. Il se demande s’il n’aurait pas plus chaud devant la cuisinière de Paul. Il a vu des réserves de bois dans un appentis près de la grange. Mais va-t-il oser dire à sa logeuse que finalement, il ne reste qu’une nuit ? Elle saura forcément qu’il n’a pas quitté le village. Il se demande comment on peut vivre dans un environnement pareil, où chacun sait tout ou à peu près de la vie de l’autre, où il est difficile de sortir du droit chemin fixé par les habitudes héritées des générations précédentes. Était-ce cela qu’avait fui son père dans sa jeunesse ? Comment avait vécu Paul, seul dans cet univers clos ? Ce pauvre Paul.

2

Janvier 1910

Quand il arrive dans la cuisine, l’Albertine a déjà ranimé les braises dans la cheminée, le feu crépite et, sur la table, l’attendent la bouteille de vin, l’assiette de soupe, la miche de pain et le fromage. Après avoir mangé, il sort sans que rien ne soit dit entre eux. Elle sait parfaitement où il va, en ce matin d’hiver où la brume peine à se dissiper. Il a juste mis trois noix dans sa poche et il est parti, la musette de toile accrochée à l’épaule. Il se dirige d’abord vers sa terre de La Bruguière, au cas où quelqu’un l’apercevrait. Il y a toujours des yeux qui voient ce qu’ils ne devraient pas voir. Son champ est envahi de mauvaises herbes qui ont résisté au froid. Il sait bien ce que les gens disent de lui, qu’il ne laboure ou ne moissonne jamais au bon moment, qu’il ne s’occupe pas bien de ses terres. Mais tant qu’elles lui donnent de quoi nourrir sa femme et ses deux petits… Il ne prête pas attention au froid qui reste piquant, malgré le soleil qui est en train de triompher de la brume. Les matins de gel, de même que les canicules brutales de l’été, il les connaît depuis l’enfance, depuis qu’il a été en âge de marcher, puis de courir la campagne. Arrivé au bout de son champ, il pénètre dans le petit bois. Le propriétaire, celui que l’on appelle au village le « Monsieur », n’y vient jamais. Il va pouvoir lever tranquillement les collets qu’il a posés hier. Au moment où il s’apprête à décrocher le lapin qui s’est pris dans le deuxième piège, il perçoit un léger craquement de branches. Il s’immobilise et observe autour de lui. Un autre braconnier ? Peut-être l’Honoré de chez Delsol ? Ou simplement un renard attardé ? Il tend l’oreille un moment, immobile. Rien. Alors il glisse le lapin dans sa musette et se dirige vers le dernier collet qui est vide. La lumière est encore rasante, pas de vent, les conditions sont bonnes. Espérons que Labrugue ne viendra pas aujourd’hui. Joseph marche près de la lisière du bois. Restant caché, il peut voir s’il y a quelqu’un dans la truffière. Quand le propriétaire est là, il l’entend, parce qu’il parle beaucoup à son chien, pour le guider, l’encourager. Mais ce matin, rien, en dehors du croassement répété d’un corbeau. Il s’avance vers les chênes. C’est un bon terrain à truffes, car y poussent des genévriers. Un cercle brûlé, sans végétation, indique sous chaque arbre la présence de truffes. S’il a de la chance, il va trouver des « fleurs truffes », celles qui sont à fleur de terre et que l’on voit facilement. Il faut les laisser mûrir assez, mais elles sont une aubaine pour le braconnier. Sinon, il lui faut repérer la mouche. C’est dommage que la brume se soit levée aussi vite. Un temps brumeux ou pluvieux, c’est meilleur pour la mouche. Elle se pose toujours là où il y a une truffe, il suffit de voir d’où elle s’envole. Patiemment, Joseph balaye le sol des « brûlés » avec une baguette de noisetier, jusqu’à apercevoir les minuscules ailes de la mouche briller dans la lumière. Alors il s’accroupit, prend une poignée de terre pour en humer le parfum qui lui confirme la présence de la truffe. Puis, délicatement, il écarte la terre qui recouvre le précieux champignon enfoui qu’il découvre au fond du trou, et le glisse à l’arrière de sa musette. Puis par des gestes précis et lents, il rebouche la petite cavité, étale avec soin le sol caillouteux, effaçant au mieux les traces de son forfait. Parce que lui, il respecte la truffière, pas comme ces gougnafiers qui piochent sans précaution toute la zone brûlée, détruisant les radicelles, et pour des truffes pas forcément mûres. Joseph, lui, ne dégrade pas la truffière. Très souvent, il a interrompu son geste ou son pas, l’oreille aux aguets pour s’assurer qu’il était bien seul. Il sait que le braconnage dans les truffières est sévèrement puni. Une grosse amende et même de la prison, d’après ce qu’on lui a dit. Mais prendre des risques vaut la peine. La truffe, ça se vend mieux que n’importe quoi d’autre, et en plus il aime ça, les chercher. Il y prend même plus de plaisir qu’à braconner le gibier. Il ne saurait pas dire pourquoi, mais quand il en déterre une et qu’il hume son parfum à la fois suave et sauvage, il sait que son sang circule plus vite dans ses veines. Il est obligé d’aller jusqu’à Saint-Pardix pour vendre ses truffes à un restaurant, où le patron n’est pas regardant sur l’origine, du moment qu’elles lui coûtent moins cher qu’au marché. Joseph doit y aller à pied, car il n’a pas l’argent pour s’acheter une jardinière qui lui permettrait de se déplacer plus vite et sans fatigue, ce que l’Albertine ne se prive pas de lui reprocher. Ils ont bien un cheval à la ferme pour le labour, mais rien à atteler derrière, à part la charrue et une carriole pour les foins. Joseph ne peut pas aller au marché de Sarlat, comme Labrugue, pour vendre son butin, car les trufficulteurs du coin qui s’y retrouvent savent bien qu’il ne possède pas de truffière. Depuis que le phylloxera a ruiné les vignes, beaucoup en Périgord se sont tournés vers la production de truffes. On dit que les plus gros trufficulteurs peuvent en produire jusqu’à cinq cents kilos par an. Quand il y pense, Joseph en a des hallucinations. Il voit ces montagnes de truffes, il en prend dans ses deux mains ouvertes, il les hume avec délectation. Il est allé une fois jusqu’à Sarlat, voir un de ces marchés d’hiver où la truffe abonde. Et il a vu tous ces champignons, vendus au meilleur prix, que des riches de toute la France allaient bientôt déguster. Il s’est rêvé alors à la place de l’un de ces trufficulteurs qui repartent avec des liasses de billets plein les poches. Il sait très bien qu’il ne sera jamais comme eux. Mais l’argent qu’il tire petit à petit du braconnage des truffes, il ne le dépense pas. Il pourrait servir à améliorer la vie quotidienne de la famille, faire gras tous les dimanches, peut-être même acheter la jardinière pour se déplacer plus facilement et plus loin. Mais non, il n’a qu’une idée en tête : acheter ce petit lopin de terre à truffes avec ses touffes de genévriers, tout près de sa ferme. La Louise est veuve et plus très jeune, cette terre ne lui sert à rien. Il espère avoir économisé assez avant qu’elle ne meure pour la lui acheter et y planter des chênes truffiers. Sa truffière à lui !

Pour quitter la truffière de Labrugue, il reprend le chemin discret du petit bois. Il s’est laissé distraire par la vision des montagnes de truffes et du rêve d’une truffière sienne, et son attention s’est relâchée. Quand le chien se met à aboyer tout près, il sursaute. Aussitôt, il entend une voix : « Je crois, jeune homme, qu’ici, on va trouver du lapin ». Il aperçoit deux hommes à peine dissimulés par les branchages, fusil à la main. Il a reconnu la voix du « Monsieur », le propriétaire du bois. Que vient-il faire là ? Il ne l’y a jamais vu auparavant. Joseph a entendu dire qu’il allait marier sa fille. C’est peut-être son futur gendre, à qui il montre ses biens en s’amusant à chasser le lapin. Ils n’auront pas celui qui est dans sa musette ; ça, c’est sûr. Joseph s’esquive en faisant le moins de bruit possible, sortant du bois sur sa terre mitoyenne, assez loin pour qu’ils ne puissent pas le voir. Mais il ne peut pas être certain de ne pas avoir été aperçu et reconnu, le chien a aboyé et sans doute attiré l’attention vers lui. Il va devoir être prudent à l’avenir. Il ira braconner le gibier ailleurs, même si c’est plus loin de chez lui, mais pour les truffes, il n’a pas le choix, il reviendra chez Labrugue.

L’Albertine, il était allé la chercher assez loin, en dehors de la commune, parce que les filles d’ici, il le savait bien, elles n’auraient pas voulu de lui. Une vieille histoire à propos de sa mère quand elle était jeune. C’était l’époque où on croyait aux sorcières. On y croit bien encore un peu, mais aujourd’hui, c’est plus pareil. À l’époque, on disait que sa mère avait le mauvais œil et qu’une fois, elle avait fait pire que d’attirer la malédiction sur quelqu’un. Elle avait trempé ses mains dans la fontaine de Léonard, celle dont l’eau miraculeuse guérissait les cerveaux imbéciles. Et la source avait perdu ses pouvoirs, comme si elle l’avait empoisonnée. On y avait conduit Piel d’or, le rouquin, et il en était revenu encore plus idiot qu’avant. Cette histoire continuait à traîner dans le coin, même si ça remontait à vieux, et quand il était enfant, Joseph s’était fait traiter plus d’une fois de « fils de sorcière » quand il sortait du catéchisme ou de l’école du curé, où la sœur de celui-ci essayait de leur apprendre l’alphabet et les quatre opérations. Joseph sait bien ce qui se dit sur lui. En plus d’être le fils de la sorcière, tout le monde raconte qu’il n’est pas vaillant comme doit l’être un paysan. Quand il faudrait vite prendre la faux, parce que les foins sont mûrs, et que le levant rouge a annoncé une pluie prochaine, il préfère courir les bois derrière le lapin. Pour ça, l’Albertine ne peut pas se plaindre, il y a toujours du lapin ou du lièvre qui mijote dans la cocotte. Mais pour ce qui est des travaux des champs, elle doit sans cesse être derrière lui à le houspiller. Il dit oui à tout ce qu’elle demande, mais n’en fait qu’à sa tête. Il lui a traversé l’esprit un jour qu’il n’aurait pas dû se marier. Il aurait tranquillement vivoté de ses braconnages sans avoir à se soucier de nourrir une famille. Et s’il n’avait pas eu de descendance, la honte attachée à son nom se serait éteinte avec lui, puisque ses sœurs sont mariées et ont changé de patronyme. Mais son fils Justin va hériter du nom maudit des Coste. Joseph s’est souvent interrogé sur sa mère. Elle est morte depuis longtemps, mais dans les souvenirs qu’il garde d’elle, elle ne lui semble pas différente des autres paysannes du village. Elle s’occupait de la maison, de la basse-cour et donnait un coup de main à son mari dans les champs. Simplement, il y avait toujours, dans un appentis près de la cuisine, des herbes de toutes sortes qui séchaient. Sa mère connaissait les plantes qui soignent, mais aussi celles qui font passer les bébés dont on ne veut pas. Sa réputation de sorcière venait-elle de là ? Joseph sait bien qu’à la campagne, il faut faire et dire comme tout le monde, si on ne veut pas être montré du doigt. Mais il n’a pas envie de se laisser dicter comment il doit vivre, et tant pis si ça ne plaît pas aux voisins. Il pense que lui, il ne fait pas de mal, juste attraper quelques lapins dans des bois qui ne sont pas à lui, et prélever quelques truffes. Le « Monsieur » n’en a pas besoin pour vivre de ces lapins, il est bien assez riche. C’est comme Labrugue, il a plusieurs truffières et qui sont étendues, sans parler du reste de ses terres, ce ne sont pas quelques truffes en moins qui vont le ruiner. Mais les autres paysans pauvres du village ont l’air de trouver ça normal, que ces hommes-là soient riches, et qu’eux n’aient que quelques patates à mettre dans la soupe, alors qu’ils travaillent du lever au coucher du soleil comme des bêtes. Et ce sont ces mêmes malheureux qui critiquent Joseph. Simplement parce qu’il est le fils de sa mère ? Ou parce qu’ils l’envient, aimeraient vivre comme lui, et n’en ont pas le courage ?

3

Janvier 2022

La boulangère prend la flûte de pain derrière elle et sans regarder sa cliente, l’interroge :

— Alors comme ça, Paul Coste est mort ?

Le ton est celui d’une question mais la cliente, venue acheter son pain depuis Carcenac, sait bien que la boulangère est parfaitement au courant de tout ce qui se passe dans le village voisin. Elle a pour cela une position privilégiée, car défilent quotidiennement dans sa boutique tous les habitants des villages et hameaux voisins. Comme sa cliente n’a pas fait de commentaire, elle lance un hameçon.

— Et la ferme, qu’est-ce qu’elle va devenir ?

La boulangère n’a pas posé cette question au hasard, sa cliente va mordre à l’appât. Il suffit d’évoquer la ferme, les terres, tout ce qui a constitué une famille depuis des générations pour que les langues se délient.

— Il y a son neveu qui est venu.

— C’est le fils de…

— Du frère de Paul, Jules, celui qui est parti il y a longtemps.

— Eh oui, cette famille…

Les deux femmes échangent un bref regard, sans rien dire.

— Je pense que la famille Coste, c’est fini à Carcenac, il paraît qu’il veut vendre, l’héritier, ajoute la cliente.

— Qui va acheter ça ?

— Oh, pas quelqu’un d’ici ; ça, c’est sûr, s’empresse de dire la cliente.

— Je m’en doute, avec toutes ces histoires…

La cliente hoche la tête sans rien ajouter. La boulangère voudrait bien autre chose à se mettre sous la dent.

— Et ce neveu, il est comment, vous l’avez vu ?

— Non, je ne suis pas allée à l’enterrement, mais on dit qu’il n’a pas l’air plus bavard que le Paul.

— Il loge pas à la ferme, si ?

— Non, j’ai entendu dire qu’il a dormi chez Valade, vous savez, ils louent des chambres.

— Je vois que des Parisiens, ou des Anglais pour acheter ça.

— Et les terres et la truffière, je ne sais pas qui en voudra, précise la cliente.

— Le fils Labrugue, il pourrait s’intéresser à la truffière, non ?

— Il faudrait la remettre en état, mais c’est vrai qu’elle est mitoyenne avec les siennes. Mais allez savoir, avec tout ce qui s’était passé…

La boulangère s’apprête à lancer la conversation sur le passé, elle a bien entendu dire des choses, mais là, elle sent que cette habitante de Carcenac, plus âgée qu’elle, pourrait lui en apprendre plus. Malheureusement entre un nouveau client dans la boutique, un homme que les deux femmes ne connaissent pas. En cette saison, ce n’est pas un touriste. Un ouvrier venu pour des travaux dans le coin, ou un commercial de passage. Les deux femmes lui lancent un regard suspicieux et se taisent. La cliente sort de la boutique, sur un au revoir un peu contraint. La boulangère aussi est déçue. Le client inconnu ne lui racontera rien d’intéressant.

On dirait bien que c’est justement l’héritier de Paul Coste qui s’apprête à prendre la route qui monte vers les Grèzes. Quand elle le croise, elle ralentit et tourne la tête pour mieux le voir. Il a bien une tête de Coste, diraient les gens de Carcenac. Si on leur demandait ce que c’est qu’une tête de Coste, sans doute répondraient-ils, l’air en dessous, pas franc. Quand elle gare sa voiture dans la cour de la ferme, elle rentre dans la cuisine déposer le pain et ressort aussitôt. Où c’est qu’il est passé, celui-là ? Elle cherche son mari dans les différents bâtiments de la ferme jusqu’à ce qu’elle entende le bruit d’un marteau cogné avec lenteur, c’est qu’il est plus tout jeune, Henri. Elle se dirige vers le hangar derrière la maison.

— Je reviens de la boulangerie, et tu ne sais pas, j’ai vu le neveu de Paul Coste qui montait vers les Grèzes.

— Et à la boulangerie, t’as rien appris ?

— Non, elle en savait moins que moi. Tu crois que le fils Labrugue, il achèterait la truffière ?

Je sais pas, elle ne doit pas valoir cher, il faudrait tout replanter. Mais je sais pas si les deux familles pourraient s’entendre sur quelque chose…

— Après tout ce qui s’était passé…

— Pourtant, ça remonte à vieux cette histoire, non ?

— Oui, du temps du grand-père de Paul, le Joseph.

Simone n’en dit pas davantage. Elle sait très bien pourquoi cette histoire l’intéresse, pourquoi des choses du passé remontent, des choses qui lui ont été racontées, mais dont elle n’a jamais parlé, même pas à Henri, et dont elle ne parlera jamais.

Olivier a parfaitement vu la femme qu’il a croisée en voiture tout à l’heure le dévisager. Il ne comprend rien à cette curiosité, mais aussi cette méfiance, et parfois presque cette hostilité qu’il lit dans les regards. Ce matin le temps est radieux, le soleil a un peu radouci la température et il a décidé de s’installer à la ferme des Grèzes. Madame Valade a pincé les lèvres dans une moue vaguement dégoûtée, quand il lui a annoncé qu’il réglait la chambre pour la nuit et qu’il ne reviendrait pas le soir, mais elle n’a fait aucun commentaire. Il s’est rendu à la supérette la plus proche que sa logeuse lui a indiquée, et il a pris le chemin de la ferme. Il va avoir un gros travail de nettoyage à faire. Mais il a décidé d’installer un lit dans la cuisine devant la cuisinière à bois. Économiser sur le logement dans sa situation est plutôt une bonne idée, même s’il va devoir cohabiter avec le fantôme de ce pauvre Paul. Il se met aussitôt au travail, jetant pêle-mêle dans le sachet à ordures tous les déchets qui encombrent la table et les meubles, y compris assiettes et verres souillés, ainsi que les quelques produits alimentaires périmés qui sont restés dans le réfrigérateur. Il entreprend ensuite un nettoyage des meubles, des étagères et du sol. Bientôt une odeur d’eau de Javel, que dans ses souvenirs d’enfant, il associe à la propreté, règne dans la pièce. Il sort et se dirige vers l’appentis où il a vu des bûches entassées. Et tout à coup, il est Paul, se levant tous les matins tôt, peut-être même avant le jour en hiver, sortant chercher du bois pour ranimer le feu, urinant peut-être au pied de cet arbre, affrontant jour après jour la perspective de sa solitude. Comment peut-on vivre ainsi ? Olivier n’est pas marié, n’a pas d’enfant, mais il avait des parents, il a des amis, des collègues. Enfin les collègues, c’est fini, tant qu’il est au chômage. Près de la cuisinière s’amoncelle une pile de vieux journaux, dont certains datent de presque dix ans. Paul devait les utiliser avec parcimonie. Quand il sent la chaleur de la flamme qui commence à crépiter en enflammant le bois très sec, il ne peut pas s’empêcher de sourire. C’est un peu de vie dans cette maison. Un vieux chauffe-eau au gaz fonctionne encore, il aura de l’eau chaude. Le miroir accroché au-dessus de l’évier et les quelques articles de toilette lui confirment que Paul n’avait pas de salle de bains, il se lavait dans la cuisine. Le seul confort, ce sont les toilettes, la petite porte près de l’entrée. Il lui reste à installer le lit à proximité de la cuisinière qui commence à tiédir. Dans la chambre, il défait le lit de Paul et tire le matelas. Il va le retourner, il n’a pas envie de dormir exactement là où le corps de Paul a reposé. Il ouvre l’armoire et trouve tout en haut une sorte de courtepointe matelassée et lourde qui a l’air très chaude. Dans le lit il y avait deux oreillers, sans doute depuis l’époque où les parents de Paul dormaient là. Mes grands-parents, pense Olivier. Vivaient ici ses grands-parents qu’il n’a jamais vus, dont il ignorait tout, dont son père ne parlait jamais. Savaient-ils, eux, qu’ils avaient un petit-fils ? Sans doute, puisque Paul a fait de lui son héritier. Des questions auxquelles désormais personne ne pourra répondre. À moins qu’ici il y ait des gens, des voisins, qui en sachent plus qu’Olivier sur sa propre famille. Il a choisi l’oreiller le moins écrasé, sans doute celui que Paul n’utilisait pas. Il va mettre en vente les biens de son héritage dans les agences immobilières les plus proches. Il devra sans doute aller jusqu’à Sarlat. Il lui faut aussi essayer de repérer sur le terrain les parcelles de la ferme dont il possède les numéros cadastraux, prendre quelques photos peut-être. La 4 L de Paul sera invendable, bonne pour la casse. Quand il en aura fini avec tout ça, il n’aura plus rien à faire ici, il pourra retourner à Périgueux. À moins que… Il ne sait pas.

La journée, il l’a passée à Sarlat. Il aurait pu en finir plus vite et rentrer en début d’après-midi à Carcenac, mais il a préféré flâner, suivre la rue qui traverse la vieille ville jusqu’à la place de la mairie. Il l’imaginait envahie de touristes à la belle saison. Mais par cette froide journée d’hiver, nul ne s’attarde devant les vitrines. D’ailleurs, bon nombre de boutiques sont fermées. Plusieurs fois dans la journée, il est longuement resté dans un café, engourdi par la tiédeur du lieu, à écouter les conversations sans intérêt des rares voisins de table, ou à suivre du regard, derrière la vitre, le pas pressé de passants frigorifiés. Quand le soleil a décliné, il a quitté la ville. Il aurait pu repartir pour Périgueux, toutes les agences immobilières de la ville ont désormais à la vente un corps de ferme avec dépendance à restaurer, situé sur la commune de Carcenac. Ils se sont contentés des quelques photos qu’Olivier avait prises avec un beau soleil levant, dans une vaine tentative de valoriser les lieux. Un des agents immobiliers lui a demandé s’il n’en avait pas pris en été, c’était plus vendeur. Mais aucun d’eux ne lui a caché que ce serait un bien difficile à vendre, même si le prix était attractif. Olivier s’est étonné, car il croyait que, suite à la crise sanitaire de la Covid, il y avait un engouement pour les résidences à la campagne. Il semblait que cela avait effectivement relancé le marché de l’immobilier, mais sans plus, et qu’il aurait intérêt à essayer de vendre les terres à part, car cela pouvait constituer un handicap pour une résidence secondaire. À des voisins agriculteurs par exemple. Il doit donc encore séjourner un peu à Carcenac pour repérer ces terres et voir si des voisins seraient intéressés.