La Pantoufle de Sapho - Leopold Ritter von Sacher-Masoch - E-Book

La Pantoufle de Sapho E-Book

Leopold Ritter von Sacher-Masoch

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Beschreibung

Un gentilhomme voudrait dédier sa vie entière à sa passion pour une comédienne... Une coquette prendrait sans doute quelque plaisir à recevoir ces hommages, et s'en ferait un jeu.

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Seitenzahl: 35

Veröffentlichungsjahr: 2022

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La Pantoufle de Sapho

La Pantoufle de Sapho-LA PANTOUFLE DE SAPHOPage de copyright

La Pantoufle de Sapho

Leopold Ritter von Sacher-Masoch

-LA PANTOUFLE DE SAPHO

(1859)

L’hiver de 1859 étendait son blanc et floconneux tapis de neige sur les remparts de la joyeuse capitale autrichienne et, aux environs, sur les coupoles du Kahlenberg et du Leopoldsberg. Le monde brillant et aristocratique était rentré des eaux et de ses terres, et l’on s’amusait, dans les salons privés, ainsi qu’aux lieux de réjouissances publiques, simplement et gaîment, comme cela n’était guère possible, alors, que dans la ville impériale, résidence de l’empereur Franz.

Mais le point culminant des distractions et des plaisirs, comme de l’intérêt artistique et littéraire, était encore et toujours le Burgthéâtre, institution populaire au sens le plus élevé, où les aspirations idéales de l’élite de la nation se joignaient aux efforts les plus nobles, car une censure hautement sagace rognait les ailes fougueuses du Pégase autrichien, et la vie politique n’agitait encore que la Hongrie avoisinante, ne se manifestant guère que par les paroles, les chansons et les actes des compagnonnages allemands et de quelques étudiants des universités de Vienne ou de Prague.

Entre le public et les acteurs, régnait une véritable intimité, car les Viennois de cette époque ne se contentaient pas d’admirer l’artiste sur la scène ; ils le suivaient dans sa vie journalière et jusque dans sa demeure, non pour épier un scandale et s’amuser des vices des protagonistes chargés d’incarner les rêves héroïques ou spirituels des poètes, comme cela a lieu de nos jours, mais avec le naïf désir de voir la pâle Louise assise à sa table à thé, d’entendre la rêveuse Charlotte potiner en buvant du café, de surprendre la fière princesse Eboli en train de tricoter des bas ou le vaillant chevalier Goetz de faire sa partie de tarok.

Le public viennois était au courant de tout ce qui se passait derrière les coulisses. Il connaissait le nom de chaque adorateur de la Stich ; il savait toujours, à n’en pas douter, quel soir Korn était plus rauque que de coutume et en quel lieu il avait bu le champagne responsable, et, lorsqu’enfin Sophie Schrœder monta, tel un soleil, au firmament de l’art dramatique, faisant pâlir toutes les étoiles, il ne tomba pas une épingle dans le boudoir de la tragédienne sans que le Tout-Vienne en fût informé, depuis le chancelier d’État jusqu’à l’apprenti cordonnier, depuis le cocher de fiacre jusqu’à l’empereur.

L’intérêt que prenait la ville entière à la personnalité de Sophie était de nature exclusivement artistique, bien que partant d’un sentiment très humain, car la Schrœder n’était ni belle ni même élégante.

Mais, quand elle paraissait drapée à la grecque, sur les planches, quand sa superbe voix laissait tomber les ondes mélodiques de la langue rythmée, quand son génie invoquait des figures d’une vérité saisissante et d’une dignité surhumaine, elle entraînait les cœurs, comme jamais aucune artiste ne l’avait fait. À ces moments, elle devenait belle, d’une beauté antique et qu’on eût crue sortie d’un sarcophage ancien.

Sophie n’était pas grande, mais elle avait ce port de tête imposant que possédait avant elle l’auteur du Faust, et qui la faisaient paraître plus haute qu’elle ne l’était en réalité.

Il n’était pas une grande dame, pas une souveraine, qui ne lui eussent envié sa distinction native et l’empire qu’elle exerçait sur les mortels. Elle semblait née pour voir un peuple à ses pieds, tant son regard était dominateur.

Sa situation matérielle eût pu être brillante, mais ne l’était point, parce qu’en vraie fille de l’art, la Schrœder n’entendait rien aux choses pratiques, et sa délicatesse s’opposait à ce qu’elle se laissât entourer, par ses adorateurs, de ce luxe princier que possèdent de nos jours les plus insignifiantes comédiennes.

Sophie avait une idée trop haute de l’amour, de l’art et d’elle-même, — surtout d’elle-même —, pour se faire payer ses faveurs avec des diamants. Si elle souriait à un homme, ce sourire partait du cœur, et si elle consentait à l’enivrer, elle voulait être elle-même heureuse de toute son âme. La courtisanerie qui engendre le dégoût et dont, à l’heure actuelle, souffre et se meurt l’art dramatique, lui était complètement inconnue.

Il était donc naturel que, ses fiers sourcils ayant décoché une fois de plus les flèches d’amour dans un cœur, elle fût la dernière à en être informée. On se chuchotait la nouvelle dans les loges, on en parlait dans les fauteuils, on en riait en se poussant du coude, au parterre et aux galeries, alors qu’elle-même ne savait rien encore du noble captif qu’elle avait fait.