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La Princesse de Montpensier est la première oeuvre de la littérature française à utiliser l'Histoire comme trame romanesque: elle s'étend sur les six années séparant le mariage de l'héroïne, en 1566, et la Saint-Barthélémy en 1572. Madame de La Fayette, en accord avec son époque, est convaincue que la passion amoureuse est la véritable source des actions des princes. La vérité morale, et la vraisemblance, est privilégiée par rapport à l'exactitude historique, et au vrai. Cette nouvelle prend en effet certaines libertés avec l'Histoire. Son véritable réalisme, plutôt qu'historique, est celui des désordres de la passion et sert une vérité morale : l'amour conduit au malheur.
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Seitenzahl: 56
Veröffentlichungsjahr: 2017
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La Princesse de Montpensier
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Le sens commun
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Psychologie des foules
Alfred Binet,
Les altérations de la personnalité
Emile Goué,
La Maîtrise de soi-même
Cesare Lombroso,
L’homme criminel
PENDANT que la guerre civile déchirait la France sous le règne de Charles IX, l’amour ne laissait pas de trouver sa place parmi tant de désordres, et d’en causer beaucoup dans son empire. La fille unique du marquis de Mézière, héritière très-considérable, et par ses grands biens, et par l’illustre maison d’Anjou, dont elle était descendue, était promise au duc du Maine, cadet du duc de Guise, que l’on a depuis appelé le Balafré. L’extrême jeunesse de cette grande héritière retardait son mariage, et cependant le duc de Guise, qui la voyait souvent, et qui voyait en elle les commencements d’une grande beauté, en devint amoureux, et en fut aimé. Ils cachèrent leur amour avec beaucoup de soin. Le duc de Guise, qui n’avait pas encore autant d’ambition qu’il en a eu depuis, souhaitait ardemment de l’épouser ; mais la crainte du cardinal de Lorraine, qui lui tenait lieu de père, l’empêchait de se déclarer. Les choses étaient en cet état, lorsque la maison de Bourbon, qui ne pouvait voir qu’avec envie l’élévation de celle de Guise, s’apercevant de l’avantage qu’elle recevrait de ce mariage, se résolut de le lui ôter et d’en profiter ellemême, en faisant épouser cette héritière au jeune prince de Montpensier. On travailla à l’exécution de ce dessein avec tant de succès, que les parents de mademoiselle de Mézière, contre les promesses qu’ils avaient faites au cardinal de Lorraine, se résolurent de la donner en mariage à ce jeune prince. Toute la maison de Guise fut extrêmement surprise de ce procédé ; mais le duc en fut accablé de douleur, et l’intérêt de son amour lui fit recevoir ce manquement de parole comme un affront insupportable. Son ressentiment éclata bientôt, malgré les réprimandes du cardinal de Lorraine et du duc d’Aumale, ses oncles, qui ne voulaient pas s’opiniâtrer à une chose qu’ils voyaient ne pouvoir empêcher ; et il s’emporta avec tant de violence, en présence même du jeune prince de Montpensier, qu’il en naquit entre eux une haine qui ne finit qu’avec leur vie. Mademoiselle de Mézière, tourmentée par ses parents d’épouser ce prince, voyant d’ailleurs qu’elle ne pouvait épouser le duc de Guise, et connaissant par sa vertu qu’il était dangereux d’avoir pour beau-frère un homme qu’elle eût souhaité pour mari, se résolut enfin de suivre le sentiment de ses proches et conjura M. de Guise de ne plus apporter d’obstacle à son mariage. Elle épousa donc le prince de Montpensier qui, peu de temps après, l’emmena à Champigni, séjour ordinaire des princes de sa maison, pour l’ôter de Paris où apparemment tout l’effort de la guerre allait tomber. Cette grande ville était menacée d’un siège par l’armée des huguenots, dont le prince de Condé était le chef, et qui venait de déclarer la guerre au roi pour la seconde fois. Le prince de Montpensier, dans sa plus tendre jeunesse, avait fait une amitié très-particulière avec le comte de Chabanes, qui était un homme d’un âge beaucoup plus avancé que lui, et d’un mérite extraordinaire. Ce comte avait été si sensible à l’estime et à la confiance de ce jeune prince, que, contre les engagements qu’il avait avec le prince de Condé, qui lui faisait espérer des emplois considérables dans le parti des huguenots, il se déclara pour les catholiques, ne pouvant se résoudre à être opposé en quelque chose à un homme qui lui était si cher. Ce changement de parti n’ayant point d’autre fondement, l’on douta qu’il fût véritable, et la reine-mère, Catherine de Médicis, en eut de si grands soupçons que, la guerre étant déclarée par les huguenots, elle eut dessein de le faire arrêter ; mais le prince de Montpensier l’en empêcha et emmena Chabanes à Champigni en s’y en allant avec sa femme. Le comte, ayant l’esprit fort doux et fort agréable, gagna bientôt l’estime de la princesse de Montpensier, et en peu de temps, elle n’eut pas moins de confiance et d’amitié pour lui, qu’en avait le prince son mari. Chabanes, de son côté, regardait avec admiration tant de beauté, d’esprit et de vertu qui paraissaient en cette jeune princesse ; et, se servant de l’amitié qu’elle lui témoignait pour lui inspirer des sentiments d’une vertu extraordinaire et digne de la grandeur de sa naissance, il la rendit en peu de temps une des personnes du monde les plus achevées. Le prince étant revenu à la cour, où la continuation de la guerre l’appelait, le comte demeura seul avec la princesse, et continua d’avoir pour elle un respect et une amitié proportionnés à sa qualité et à son mérite. La confiance s’augmenta de part et d’autre, et à tel point du côté de la princesse de Montpensier, qu’elle lui apprit l’inclination qu’elle avait eue pour M. de Guise ; mais elle lui apprit aussi en même-temps qu’elle était presque éteinte, et qu’il ne lui en restait que ce qui était nécessaire pour défendre l’entrée de son cœur à une autre inclination, et que, la vertu se joignant à ce reste d’impression, elle n’était capable que d’avoir du mépris pour ceux qui oseraient avoir de l’amour pour elle. Le comte, qui connaissait la sincérité de cette belle princesse, et qui lui voyait d’ailleurs des dispositions si opposées à la faiblesse de la galanterie, ne douta point de la vérité de ses paroles, et néanmoins il ne put se défendre de tant de charmes qu’il voyait tous les jours de si près. Il devint passionnément amoureux de cette princesse ; et, quelque honte qu’il trouvât à se laisser surmonter, il fallut céder et l’aimer de la plus violente