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Au Moisirland, Mwaty, ancien employé d’une multinationale, aspire à devenir fonctionnaire en rejoignant l’enseignement public. Cette décision déclenche une lutte acharnée contre la bureaucratie et le temps, provoquant parfois des fluctuations émotionnelles...
À PROPOS DE L'AUTEUR
Fort de son expérience dans le monde professionnel et en tant qu'observateur de la société,
Synteluh Esdras Mouwa souhaite partager les réalités de cet environnement avec le grand public à travers son premier roman.
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Seitenzahl: 136
Veröffentlichungsjahr: 2024
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Synteluh Esdras Mouwa
La rencontre de l’inconnu
Roman
© Lys Bleu Éditions – Synteluh Esdras Mouwa
ISBN : 979-10-422-1774-7
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
À la famille Mouwa, monsieur et madame Mouwa,
mes bien-aimés parents et partenaires à vie.
Lorsque cette annonce m’est parvenue à l’oreille, j’ai eu tout de suite plusieurs sentiments à la fois : le sentiment de se soumettre à un exercice d’écolier à qui l’on demande un compte rendu de lecture, le sentiment d’exprimer les connaissances littéraires que j’ai non seulement amassées jusque-là, mais également que j’ai juré de transmettre à mes compatriotes, du moins à ceux qui jouissent encore de l’énergie physique et intellectuelle d’apprendre sur le banc de l’école, le sentiment d’être honoré notamment par cette demande inédite qui n’arrive pas souvent sous le soleil à tout le monde. Cette annonce n’est autre que la signature de la préface d’une production de l’esprit, d’un énième livre qui vient élargir la liste des œuvres de la littérature congolaise d’expression française, littérature dont la vitalité ne cesse d’être reconnue par des auteurs aussi talentueux, notamment Henri Djombo qui, préfaçant la réédition du premier texte congolais, stipule : « C’est à travers son génie créatif, ses saints et ses artistes que le Congo s’offre le mieux, aujourd’hui, à la contemplation du monde. »1
Il existe en certains humains un pouvoir que certainement le Créateur, lors des six jours de la création, n’a pas voulu mettre à la disposition de toutes ses créatures, certainement pour créer une différence non discriminatoire entre elles, mais simplement une différence inhérente à nos « humanités » qui composent le monde. Ce pouvoir se lit par exemple dans leur capacité à observer le monde, observation qui les amène soit à vouloir le corriger ou le transformer, soit à critiquer ou dénoncer ce que le monde a comme « stéréotypes » ou simplement « maux ». Parfois, ils manifestent le sentiment de « recréer » le monde avec leur génie créatif en évoquant des faits quelquefois surréalistes. En effet, l’auteur de La rencontre de l’inconnu nous offre un récit qui permet visiblement de lire son désir de changement par la critique des réalités d’un pays, le Moisirland, qui malheureusement n’existe sur aucune carte géographique du monde. Comme un Lamentin qui s’abreuve à la source, il a su intérioriser le fait que « (…) la littérature ne se fait pas à coups d’assertions ou d’affirmations péremptoires d’un chapelet de faits objectifs à la manière d’un journaliste ou d’un sociologue »2. C’est donc un pays né de son imaginaire, lui qui, comme un géographe, explore les mondes en découvrant certainement un pays qui existe loin de la planète Terre. En répondant courageusement à l’appel des muses, Synteluh Esdras Mouwa, affectueusement appelé Sem, a voulu faire son entrée triomphale en littérature avec le roman, un genre auquel il a voulu apporter quelques traits stylistiques novateurs notamment dans la construction de l’intrigue, dérogeant ainsi partiellement aux canons classiques.
Le titre de ce roman, comme celui de certains romans congolais ou d’ailleurs, est très évocateur de son contenu. Est-ce un choix arbitraire, hasardeux ou réfléchi ? Je pense que son auteur, après une auto-évaluation de son récit, a bien voulu librement donner à son texte ce titre. Il peut aussi s’agir de la résultante de l’architecture mise en place certainement avant la rédaction qui a permis à l’intrigue de suivre le schéma actanciel tracé. En dépit de tout ceci, avec ce titre, l’auteur, ne voulant pas trop de l’hermétisme ou soumettre son lecteur à un exercice énigmatique, a voulu simplifier le titre. Il a certainement été inspiré par la formule chère à Tchicaya Utam’Si, « la clé de mes romans est à la porte ».
La rencontre de l’inconnu est un roman organisé en chapitres. Cette organisation a une particularité : si le chapitre inaugural n’est pas titré, les quatre autres portent chacun un titre. Par exemple, le deuxième chapitre est intitulé « Le voyage vers la grande promesse » ; le troisième, « La promesse I » ; le quatrième, « La promesse II », et le dernier, « La rencontre ». C’est dire que nous avons un roman dont l’intrigue s’étend sur cinq chapitres de longueur inégale. Dans ce roman, l’intrigue se focalise sur le parcours d’un jeune homme, Mwaty. Tout au long du récit, le lecteur découvre ce parcours émaillé d’événements injustes, tristes, douloureux, et ce sans répit. Il s’agit de l’histoire d’un Moisirlandais qui après de longues et brillantes études n’arrive pas toujours à se hisser dans sa société parce que celle-ci est la proie de beaucoup d’antivaleurs qui ont plusieurs noms : la corruption, le népotisme, l’attachement au gain facile, le régionalisme, l’intellophobie, et que sais-je encore. Un jeune homme qui, au nom du patriotisme pratique, va jusqu’à abandonner son travail dans la filiale d’une entreprise internationale implantée dans son pays pour répondre à la main tendue de la République qui peine à couvrir l’ensemble du territoire en personnels enseignants dûment formés. Et il lui faut payer un lourd tribut en allant à plusieurs kilomètres de la capitale du Moisirland où il est affecté. Toutes ces antivaleurs ont pour conséquence la démotivation et la souffrance d’un jeune homme pourtant prédestiné, à en croire son cursus scolaire et universitaire, à un avenir heureux. Avenir dont la compromission se lit noir sur blanc, compromission orchestrée par un système politique qui avait comme secret de réussite la prise en otage de toute une jeunesse et donc de l’avenir de tout un peuple.
Avec ce roman, on découvre véritablement le « mentir vrai » dans la mesure où Synteluh, bien qu’ayant fait le choix d’un cadre fictif avec des personnages imaginés, évoque des problèmes que connaissent les jeunes de plusieurs sociétés en ce vingt et unième siècle plein de défis et de contradictions. Le Moisirland, nom issu de deux mots de langues différentes à savoir « moisir », un verbe français évoquant ce qui se détruit, se pourrit, croupit, languit, se morfond, stagne ; et « land », un vocable anglais qui signifie terre et par extension pays. Avec cette création lexicale, l’auteur nous révèle ses talents linguistiques, son attachement à deux langues, le français et l’anglais, dont le prestige n’est plus à démontrer. Comme on peut le voir, le sens de « Pays où on moisit » permet a priori d’imaginer le sort des habitants du Moisirland, à l’instar de Mwaty. Le lecteur peut, dans cet exercice que lui soumet l’auteur, opérer mentalement des rapprochements pertinents ou erronés. Il peut par exemple citer nommément un pays réel par rapport au réalisme du récit ou encore dire que Mwaty n’est pas un personnage imaginé, mais plutôt un jeune africain dont le pays d’appartenance n’est pas révélé par l’auteur. Heureusement pour tout cela, l’auteur sort de toute situation qui pourrait compromettre son bel avenir surtout littéraire. Il n’a su que présenter aux yeux d’autrui son sens de l’imagination, quitte au lecteur de le manipuler à sa guise. Il est sans nul doute dans la logique d’Umberto Eco qui décrit l’écriture comme une entreprise à deux : l’écrivain écrit et le lecteur manipule le texte.
Dans un style correct, un langage raffiné, l’écriture de Synteluh permet de découvrir son talent langagier qui s’observe par une éloquence dans la langue française. Il a par ailleurs, fait usage de la langue de Shakespeare dans son texte à travers des mots et expressions tels que « updated » (p.26), « flash-back » (p.104), « The Never-Always-Power Company » (p.110). Sans renoncer à ses origines, il a fait usage d’une langue du terroir, le lingala, langue qualifiée de plus belle langue du monde par l’artiste musicien de la RDC, Fally Ipupa. Cet usage du lingala s’illustre dans quelques expressions notamment « aza nayé kaka prestataire, aza na salaire té, nani akanissi : na mema yé ata gouba » (p.54) ; « bo simba yé ! bo simba yé ! » (p.109) Ceci permet de situer La rencontre de l’inconnu dans la catégorie des romans africains puisqu’il remplit un des critères phares mentionnés par les spécialistes des questions littéraires et les professionnels du livre : l’usage des langues du terroir.
Synteluh ne se démarque pas de sa casquette de pédagogue, à en croire le ton didactique qui caractérise son récit. Malgré les difficultés qu’il vit dans son Moisirland, Mwaty n’a pas cédé à la tentation de rejoindre l’Europe, une partie du monde très prisée par de nombreux jeunes qui, par leurs dires, cherchent à tout prix à quitter leur « enfer » pour se faire une place à l’eldorado européen. Mwaty est donc un exemple pour ces nombreux jeunes qui abandonnent vite dans ce genre de situations. Il a certainement intériorisé le « On est mieux chez soi », car l’ailleurs entretient parfois pour un individu un « mystère illusionniste ».
Le récit de Synteluh invite à la prise de conscience. C’est en quelque sorte une réflexion qu’il livre à ses lecteurs sur les grands défis de notre siècle. À travers son personnage, Mwaty, il critique beaucoup de travers de la société, qui ébranlent les « honnêtes hommes ». Cependant, ce récit a un dénouement teinté de suspens dans la mesure où il ne révèle pas la suite de l’histoire de Mwaty. L’excipit du texte permet de lire les phrases suivantes : « La dame n’avait pas fini de parler que Mwaty marquait déjà des pas en arrière. Mwaty sortit de la fonction publique ce jour-là. » (p.114) Certainement, dans la perspective d’étendre la soif de ses lecteurs, l’auteur nous proposera, dans l’avenir, un autre tome de ce récit qui en conséquence s’inscrira dans la catégorie de romans-feuilletons. Aussi, rompant avec la tradition romanesque, l’auteur fait la chronique d’un protagoniste qui se bat seul, sans adjuvants précis. Ce texte apporte sans doute un souffle nouveau à ce genre qui a fait le beau temps et qui continue d’attirer plusieurs amoureux des lettres modernes. Son écriture singulière atteste que « le style, c’est l’homme », une formule chère à un courant stylistique.
Du reste, je retiens que Synteluh entre dans la Cour des Initiésdes muses par la grande porte avec un récit qui, je pense, arrachera la curiosité de plus d’un lecteur à travers le monde. Ceci non seulement par la jeunesse de son auteur, mais surtout pour la pertinence des questions dont il traite, questions qui sont au cœur d’innombrables préoccupations de la jeunesse africaine. Je ne peux terminer ma réflexion sur ce premier livre de Sem sans lui souhaiter un bon parcours littéraire, lui qui, devant plusieurs offres de la Nature, a choisi de combattre les maux par les mots bien agencés qui au finish font prendre conscience et appellent au changement de mentalités.
Bonne lecture à tous !
Dietrich Roddy Siki Ngambe
Les phrases avaient un goût amer, surtout celles qui sortaient des cerveaux étrangers. Il était inutile de résister, de faire semblant comme si tout allait bien, car la moindre action exprimait le désarroi qui désormais régnait dans l’être même de Mwaty.
La vie passait comme le vent, aussi rapide qu’un ouragan, ce qui fut grand à ses yeux, était devenu un simple grand souvenir. À ses temps de réflexion, Mwaty voyait son passé défiler dans son cerveau, lui qui avait reçu du temps, la promesse des jours plus que glorieux. « Foutaises ! Foutaises ! » s’écria-t-il en balayant du revers de la main, comme s’il avait démasqué un tour de passe-passe.
Mwaty avait un écart d’âge de 40 ans de moins que la plupart des hommes dans l’équipe des leaders du Moisirland. Un pays très riche en ressources diverses et peut-être trop extraordinaires.
Certains avaient eu coutume de dire qu’il suffisait d’emporter avec soi son drapeau, pour prétendre auprès de Dieu, après la mort, de ne pas vivre deux fois l’enfer.
Moisirland était un pays du « tout est possible ». Un médecin pouvait servir comme maçon, un boucher pouvait devenir enseignant, un pêcheur pouvait servir comme ingénieur de bâtiment… tout était possible. Il suffisait d’une bonne dose de courage, et d’un bon emplacement.
Les Moisirlandais avaient coutume de rester à la maison à la suite d’une formation. Ils aimaient acquérir plus d’expérience, assis à la maison. Leur expérience « professionnelle maison » s’étalait entre 10 et 25 ans. Certains par contre, appréciant mieux le travail à la maison, choisissaient de l’étendre jusqu’à l’âge prévu de la retraite à la fonction publique. Ils avaient tellement axé leurs intelligences dans ce sens qu’ils oubliaient même l’existence d’une Fonction publique.
Ce matin, Mwaty se rendait vers les étalages de pain pour se procurer quelques morceaux. Il en choisit quatre et tendit à la dame vendeuse les pièces. « Papa, penses-tu que ce pain soit vendu à 50 francs moisirlandais, l’unité ? », « Mais madame ! Il est bien marqué 50 ! » « Tu es papa Paulina ? » rétorqua la femme à la suite d’une confusion de prix du pain.
Mwaty se retira rapidement pour ne pas perdre la face devant la vendeuse du pain qui s’exprimait déjà à voix haute dans l’intention de le ridiculiser.
« Ah ! Seigneur ! » Il se dit tout au fond que cela n’arriverait pas s’il s’était marié. Il se dit encore, se marier dans ces conditions-là ! Mwaty se sentit diminué du haut de ses diplômes universitaires. C’était pour la première fois que ce genre d’incident lui arrive.
Il lui arrivait parfois, des pensées de se jeter dans l’armée, mais la réticence s’exprimait de temps en temps au-dedans de lui, du fait de ses diplômes, du manque de bon emplacement, et de la dureté de la formation.
Il remua la tête, après avoir pensé à un emplacement qui avait préféré un étranger aux amis voisins de son quartier. Mwaty s’autocondamnait de temps à autre. Il se reprochait certains de ses choix. À la différence de certains, lui n’incriminait ni son père ni sa mère. Il ne voulait pas les blesser. Ils avaient été des maillons très efficaces, des partenaires sûrs dans toutes ses réussites.
Aussi disait-il que les parents étaient des dieux sur terre et qu’ils faisaient toujours ce qui était juste pour leurs enfants. Il savait pertinemment qu’un paradis lui était réservé, et qu’il devait avant tout traverser ce désert sec épineux. Mwaty s’était beaucoup dévoué à ses études, il avait fait le plus que nécessaire en arrachant ses diplômes en terminant brillamment son cours normal.
Dans son adolescence et le début de son âge adulte, Mwaty n’avait pas de but professionnel précis. Il était prêt à tout faire, il suffisait que sa famille en décide. C’est ainsi qu’il se donna à faire tout ce qu’on lui demanda de faire.
Il commença à la fac en géographie comme l’avait demandé son frère aîné. La même année, il s’admettait au cours de maître de sport et d’éducation physique à l’Institut national de jeunesse et des sports, à la demande de son oncle. Ensuite, au cours normal des enseignants du secondaire au sein de l’école normale supérieure sous les auspices de son père.
Mwaty avait expérimenté un embarras, il devait soit poursuivre en deuxième année à la fac, soit choisir l’un des deux cours. Il s’était réservé une troisième possibilité à cause du programme chargé de ces écoles.
Mwaty dit amen avec amour au conseil de sa famille à cause des garanties qu’offrait le domaine de l’éducation. Il se consacra par conséquent à l’école normale supérieure. La bourse y était d’ailleurs plus attrayante qu’ailleurs. « Je vais m’en sortir », disait-il. Mwaty n’avait pas coutume de s’inquiéter de son avenir, il avait décroché son bac à 17 ans, il était compétent et avait une compréhension très aisée. Il avait l’esprit ouvert à la technologie et à l’entrepreneuriat.