La rose d’Eclédia - Tome 1 - Fanny Lhuaire - E-Book

La rose d’Eclédia - Tome 1 E-Book

Fanny Lhuaire

0,0

Beschreibung

Guidée par la magie depuis sa plus tendre enfance, Orelâne arrive enfin jusqu’à la capitale de l’empire Pelgun après un long voyage. Ses ambitions sont retardées par l’état déplorable de la ville et de la société. L’empereur, victime d’un sortilège de manipulation, n’a plus aucun contrôle et la cité se détériore peu à peu. Conseillée par un marchand, la jeune fille rencontre un haut chevalier qui lui promet tout ce qu’elle désire si elle l’aide à libérer Son Seigneur.


À PROPOS DE L'AUTEURE


Fanny Lhuaire est passionnée de fantaisie et de fantastique. Elle aime tout ce qui touche à l’imaginaire depuis toujours. Créer son propre monde a donc été une évidence.

Sie lesen das E-Book in den Legimi-Apps auf:

Android
iOS
von Legimi
zertifizierten E-Readern
Kindle™-E-Readern
(für ausgewählte Pakete)

Seitenzahl: 291

Veröffentlichungsjahr: 2022

Das E-Book (TTS) können Sie hören im Abo „Legimi Premium” in Legimi-Apps auf:

Android
iOS
Bewertungen
0,0
0
0
0
0
0
Mehr Informationen
Mehr Informationen
Legimi prüft nicht, ob Rezensionen von Nutzern stammen, die den betreffenden Titel tatsächlich gekauft oder gelesen/gehört haben. Wir entfernen aber gefälschte Rezensionen.


Ähnliche


Fanny Lhuaire

La rose d’Eclédia

Tome I

Roman

© Lys Bleu Éditions – Fanny Lhuaire

ISBN : 979-10-377-5912-2

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivante du Code de la propriété intellectuelle.

Prologue

Je figeai mes pas au bout du petit chemin de terre. La douleur de mes jambes disparue alors que mes pupilles se posèrent enfin sur l’immense cité scintillante devant moi. Le soleil encore haut dans le ciel bleu m’empêchait cependant d’en voir les détails, tout brillait, tout m’éblouissait de courbes agréables, je devais me rapprocher.

Mon voyage avait duré plus de quatre lunes, quatre-vingt-seize jours pour être précise. Un long parcours loin de mon foyer qui s’effaçait à présent derrière moi. La capitale de l’empire Pelgun était à ma portée aujourd’hui, mais je devais une nouvelle fois faire preuve de patience, beaucoup cherchaient à atteindre ces lieux, nombreux étaient alors les voyageurs qui attendaient devant les hautes portes.

Je m’arrêtai derrière une charrette transportant quatre personnes. L’homme adulte assis à l’avant était concentré sur son zelwal, l’empêchant de quitter la ligne ou de bousculer les autres devant lui. À l’arrière, deux très jeunes filles agitaient un chiffon bourré de paille sous les yeux attendris d’une femme.

Cette petite famille n’était bien sûr pas la seule présente. La capitale était la destination par excellence pour une nouvelle vie. C’était également ce que moi j’étais venu chercher.

Un coup dans mon dos me fit me retourner. Face à moi, la tête ovale d’un zelwal me fit sourire. Ses trois narines s’élargirent puis il souffla avant d’avancer de nouveau, collant son front à mon torse. Je levai une main au sommet de son crâne, juste entre les deux oreilles pendantes sur ses joues. La douceur de ces animaux était étonnante, ils étaient capables de soulever jusqu’à quatre fois leur poids, mais restaient très friands de câlins à n’importe quel moment. Je montai mes doigts jusqu’à la naissance de sa crête, partant d’entre ses oreilles pour finir par une queue couverte de crins doux au possible.

Après trois heures d’attente, je parviens enfin au bout de la file, plus que la charrette devant moi et ce serait mon tour. Je pris un instant pour lever mes pupilles au-dessus du garde assis qui nous interrogeait. Des remparts de pierres empreints de magies anciennes empêchant toute effraction, reconnaissables par les reflets lumineux et les symboles runiques flottants autour de la roche. Des boucliers physiques, magiques, mais aussi psychiques entouraient la muraille sans faille, cette forteresse s’imposait alors d’elle-même comme un cœur précieux et imprenable. Ma voix me manquait pour exprimer à quel point l’extérieur était déjà splendide vu de près.

J’avais quitté SombreChamps, mon village natal, afin de me retrouver ici, à Eclédia, mais en ce grand jour de mon arrivée à la citadelle, un doute me prenait les entrailles : serai-je à la hauteur d’une telle cité ? Moi, petite campagnarde ayant quitté son foyer pour viser les sommets. Il y avait bien des raisons de douter.

Je levai instinctivement ma main au pendentif froid à mon cou lorsque la charrette avança enfin, c’était mon tour, j’allais devoir faire face à ce chevalier.

Ce n’était pas le moment de se dégonfler, j’avais fait tout ce chemin pour une bonne raison.

Après une profonde inspiration, je m’avançai donc devant la petite table de bois sur laquelle le garde était appuyé. Il était assis, pourtant son visage arrivait presque à hauteur du mien, me rappelant à quel point mon physique n’était pas du tout adapté pour devenir chevalier. Ce n’était pas exactement mon but, mais ma petite taille naturelle risquait de me porter préjudice.

Étaient appelés chevaliers ceux qui n’usaient pas de magie, ceux dont les circuits d’énergies n’étaient pas assez puissants, ils étaient alors des maîtres d’armes, de stratégies, de combats physiques, ce que je ne pourrais jamais être et ce que je ne voulais pas devenir, je préférais de loin la magie.

— Quel est votre nom, mademoiselle ? demanda le chevalier d’une voix rauque.
— Orelâne Heix, répondis-je.
— D’où venez-vous ?
— SombreChamps.
— Pourquoi êtes-vous ici ?
— Je souhaite intégrer l’école de magie.

Sa lèvre gauche se releva légèrement et il lâcha enfin le papier sur lequel il écrivait pour me fixer. Ses pupilles noires me détaillèrent de bas en haut, pourtant, un sourire finit par apparaître sur ses traits alors que ses yeux s’attardèrent sur le pendentif à mon cou.

— L’entrée sera difficile, je ne vous le cache pas, dit-il.
— J’y arriverai.
— Avez-vous de la famille dans la cité ?
— Non.
— Un endroit où dormir ?
— Non.
— Plusieurs auberges sont dispersées à travers la ville pour les visiteurs, leurs prix varient, je vous conseillerais plutôt celles au nord-ouest si vous n’avez pas beaucoup de moyens.
— Merci.

Il signa la feuille devant lui avant de me désigner un groupe de personnes à sa droite.

C’était tout ? Ils ne se méfiaient donc que très peu des voyageurs, ou ma fleur l’avait peut-être persuadé que j’étais quelqu’un de bien. C’était tout de même étonnant, un simple cristal, un simple cadeau qui m’ouvrait les portes de la capitale de l’empire.

Une fois près du rassemblement, où cinq inconnus patientaient avec un chevalier, je n’eus pas à attendre longtemps pour bouger de nouveau. Sur l’immense muraille, deux portes s’ouvrirent devant nous.

Je levai une fois de plus ma main sur le pendentif qui ornait mon cou pour me donner le courage d’avancer. Il m’avait choisi, en m’offrant ce bijou, il m’avait fixé un but mais c’était à moi de me donner les moyens de réussir, je ne devais pas me laisser abattre par de simples murs.

Mes jambes tremblèrent un instant par l’éclat de la vision qui s’offrait devant moi. Tout était grandiose, assez pour me rappeler que je n’étais rien qu’un petit grain de sable inutile dans la société, pour le moment.

Chaque bâtiment voyait ses courbes soulignées d’épaisses poutres brunes vernis, brillantes sous l’apogée du soleil de cette lune d’avys. Chaque dalle de la grande allée semblait poncée comme au premier jour et reflétait le ciel ciré. Chaque recoin de cette ville était une perfection comme on n’en voit pas ailleurs.

Comment faisaient-ils pour entretenir une cité aussi magnifique ? Tout devait être organisé dans les moindres détails afin de maintenir une telle harmonie.

Le chevalier nous abandonna très vite sur la grande allée, le groupe se dispersa aussitôt.

Tout était une merveille pour les yeux, mais je ne devais pas perdre trop de temps.

Par où commencer ? Une auberge ? Ou peut-être devrais-je trouver l’école en premier ? Avec un peu de chance, je pourrais me renseigner sur l’auberge la moins chère de la ville, même si le garde m’avait déjà un peu aidé. Donc, trouver l’école.

Resserrant mon étreinte sur le sac de toile qui me brisait le dos, je levai les yeux. Tout était immense, chaque bâtiment semblait en concurrence avec les autres autour. Comment étais-je censé trouver un endroit en particulier ?

Je pris une courte inspiration avant d’avancer. Puisque j’arrivais tout juste de la grande porte est, je devais être sur l’une des quatre rues principales. L’école se trouvait dans la partie centrale, avec le palais impérial, la grande arène ainsi que toutes les autres institutions importantes. Il me suffisait donc d’avancer tout droit, de m’enfoncer un peu plus dans ce rêve éveillé.

Les rues étaient de plus en plus belles, mais aussi bondées de monde. Je savais bien qu’en m’enfonçant ainsi vers le cœur de la cité j’allais vite devoir faire face aux rues commerciales. Le centre de la ville regorgeait de richesses, autre que l’école et les quartiers impériaux, de très nombreux magasins et étals en tout genre arboraient leurs plus belles couleurs chaque jour. Une cité fortifiée dont l’entrée était à peu près restreinte, mais ceux pouvant pénétrer ses murs avaient alors la satisfaction de pouvoir se délecter de tous les commerces de l’empire.

Chaque seconde passée en ces lieux faisait un peu plus étinceler mes pupilles bleues déjà brillantes. Je m’arrêtai à l’un des nombreux étals sur mon chemin. La totalité du comptoir en bois vernis était recouverte de plats plus alléchants les uns que les autres.

Ragoûts de suffolk fumant, côtes de rasques en sauce, escalopes de vrières épicées, chaque plat revêtait une couleur unique, ravissante et appétissante. Mon ventre se mit à gronder, montant le feu à mes joues, en espérant que personne ne l’ait entendu.

Il était vrai que j’avais terminé mes réserves de voyage la veille et que je n’avais mangé que des baies depuis le début de la journée. Mais les quelques chiffres, bien trop nombreux, qui s’affichaient alors sur les pancartes me coupèrent très vite la faim. Mes économies aussi étaient presque à sec. Pourquoi tout était-il aussi cher ? Certes, je me trouvais dans la capitale de l’empire, mais tout le monde ne pouvait pas être assez riche pour des prix si exorbitants.

Je détournai donc les yeux de cette exaltation. J’eus un sursaut alors que mon nez s’écrasa violemment sur une musculature incroyablement solide. Je levai une main à mon visage en tentant d’articuler une excuse audible, rouge d’être rentrée aussi bêtement dans quelqu’un.

— Regarde où tu marches gamine, fit une voix grave.

Je n’osai même pas lever mes yeux affolés sur le chevalier devant moi, reconnaissable par l’épaisse armure lustrée que je pouvais apercevoir sur ses jambes.

Une autre voix, plus douce, calma instantanément les battements douloureux de mon cœur :

— Calme-toi, elle n’a pas fait exprès.

Une nouvelle ombre s’avança pour me cacher le lourd soleil de ce début d’après-midi. Je relevai les pupilles par curiosité et je ne fus pas déçue. Un homme d’une beauté troublante me fixait de ses yeux sombres.

À première vue, il paraissait très gentil, malgré son impressionnante carrure, qui me rappelait à quel point j’étais minuscule, son large visage encadré d’une mâchoire carrée paraissait totalement détendu, ses yeux ne laissaient voir aucune hésitation, aucune incertitude alors qu’ils me fixaient ouvertement, détaillant la moindre partie de mon corps sans gêne.

— Tu ne t’es pas fait mal au moins ? me demanda-t-il d’une voix doucereuse qui fit un peu plus monter le sang sur mon visage.

Ma voix se coinça dans ma gorge, que devais-je répondre à cet homme ? Ses épaules, larges à l’extrême, étaient couvertes d’ornements plus prestigieux les uns que les autres. Des médailles, des insignes de guerre, ou du moins je le supposais, les décorations étaient tellement nombreuses, et j’étais bien assez ignorante sur ce qu’elles représentaient, mais il ne pouvait s’agir que d’un chevalier, ou d’un mage de très haut grade, peut-être bien plus que ça encore.

Il me parlait à moi, à une petite campagnarde tout juste arrivée en ville, que pouvais-je lui dire ?

Je baissai les yeux de son visage enjôleur mais tentai de paraître sereine pour répondre quelque chose de cohérent.

— Non, monsieur, merci.

Du coin de l’œil, je vis un étrange sourire apparaître sur ses lèvres alors qu’il se redressait, me dominant un peu plus. Ma mâchoire eut un frisson incontrôlable qui ébranla mon cœur, j’espérais sincèrement qu’il n’avait rien vu.

Cet homme était impressionnant, le genre de général charismatique capable d’imposer le silence à tout un régiment de chevaliers surentraînés. Le genre de meneur à te faire rentrer dans le rang en quelques mots et sans même hausser le ton. Le genre d’homme à obtenir absolument tout ce qu’il désirait d’un simple regard.

Alors qu’il me fixait toujours de ses pupilles noir de jais, une nouvelle voix me fit sursauter :

— Mon général, nous avons des choses importantes à régler au palais.
— Tu as raison Anthony, répondit le chevalier.

Mon cœur cessa de battre alors qu’une prise violente releva mon menton pour fixer mes pupilles intimidées sur le visage amusé du général.

Ses doigts étaient agréablement chauds, secs mais d’une peau douce étonnante. J’ouvris de grands yeux, faisant sourire cet homme qui tendait tous mes muscles.

— Bon séjour parmi nous mademoiselle, murmura-t-il, j’espère que la ville vous plaira.

Je ne pus articuler de réponse, les battements de mon cœur emplissant à présent ma poitrine au point de comprimer mes poumons. Ils s’éloignèrent, sans un regard.

Que venait-il de m’arriver ?

Chapitre 1

Auberge des Mornes

J’étais figée depuis plusieurs minutes au milieu de la rue. Personne ne semblait me voir, tous passaient de chaque côté de moi sans me regarder.

Que venait-il de m’arriver exactement ? Cette scène avait été irréaliste. Qui était cet homme au charisme fou ? Depuis quand étais-je aussi timide face à quelqu’un ? Depuis quand étais-je timide tout court ? Ce chevalier m’avait tellement impressionnée, mon cœur en tremblait encore.

C’était pour ce genre de sensation que j’avais quitté mon village. C’était pour sentir mon cœur battre ainsi que j’étais partie à l’aventure.

Il devait être connu, adulé et respecté, pour ma part je l’admirais déjà. Même si je ne retrouvais pas ici l’homme qui m’avait donné envie de grandeur, je pouvais au moins me rassasier de rencontrer d’autres personnes partageant sa prestance, il me tardait d’en voir encore. J’aspirais à devenir ainsi un jour, que tous retiennent mon nom et respectent ma simple présence. J’espérais devenir quelqu’un.

Ce fut avec le sourire que je repris ma marche vers le cœur de la citadelle.

La grande place était bien plus impressionnante que je ne l’avais imaginée par les descriptions des livres de mon village. Ce n’était pas une simple allée de pierre vide, de nombreuses décorations ornaient les lieux. Une immense fontaine aux multiples jets de couleurs différentes trônait au centre d’un cercle d’arbres rose montant à au moins vingt empans du sol.

Sur ma gauche, les murs gris et noirs aux formes arrondies représentaient très bien la grande arène dont j’avais entendu parler. Là où se déroulaient les épreuves magiques afin de devenir mage de l’empire, là où je devrais passer pour atteindre mon but. Pouvoir simplement la visiter serait également une chose à faire.

En face, derrière les passants encore très nombreux et toutes les décorations, un bâtiment lumineux se démarquait beaucoup trop des autres. Les murs reflétaient le ciel encore bleu, ils étincelaient de la lumière du soleil alors presque disparu. Les deux gardes présents devant les portes ainsi que les protections magiques bien visibles me laissaient facilement deviner qu’il s’agissait là des quartiers impériaux. Le cœur même de la ville, là où chaque personne importante devait se rendre.

L’école fut bien sûr immanquable. Les bâtiments, à ma droite, étaient immenses eux aussi ! S’il y en avait eu dans ce ciel dégagé, ils auraient largement dépassé les nuages les plus bas. Je me figeai au centre de la place blanche. Tout était vraiment magnifique. Trois tours, trois pics infinis cherchant à atteindre les Dieux, séparés les uns des autres mais flottant silencieusement dans la voûte céleste avec une harmonie magique inébranlable. Un décor parfait. Il ne me restait plus qu’à parvenir à y entrer.

Mon cœur se serra à mesure que je m’approchais des bâtiments. C’était réellement impressionnant. La totalité du sol sous les immenses tours de l’école était constituée d’un magnifique jardin aux formes géométriques ordonnées et semblant très animé. La vie avait l’air parfaite à l’intérieur.

Je levai une main à mon pendentif pour me donner un peu de courage. J’étais là pour entrer dans ces murs, j’avais fait tout ce chemin pour ça.

Le seul bâtiment touchant le sol semblait bien petit, il devait certainement servir à monter jusqu’au reste de l’école. Comment ? Un sortilège de téléportation restait le plus probable, mais comment le faisaient-ils tenir dans un si petit lieu ? C’était certainement l’un des secrets que j’allais découvrir à l’intérieur.

J’entrai sans difficulté et m’arrêtai à un petit bureau de verre sur lequel beaucoup de papiers traînaient sans aucune organisation apparente. C’était épuré, une entrée simple, un bureau en face de la porte et rien d’autre.

— Il y a quelqu’un ? tentai-je.

Derrière l’unique meuble, un trait finit par se dessiner sur le mur blanc, une porte jusque-là invisible s’ouvrit, laissant apparaître un homme tenant une multitude de nouveaux documents dans les mains.

— Je peux vous aider ? demanda-t-il sans même me lancer un regard.

Il avait l’air très occupé, je ne devais pas le déranger trop longtemps.

— J’aimerais me renseigner sur l’inscription, annonçai-je.

Il eut un léger rictus mécontent en s’asseyant nonchalamment au bureau.

— Vous venez d’arriver en ville, je suppose.
— En effet.
— L’inscription est difficile pour les nouveaux.

Même si je devais passer le plus difficile des concours pour y arriver je ne pouvais pas abandonner maintenant, je devais insister.

— Je suis venue jusqu’à cette ville pour ça, est-ce bien ici que je dois m’inscrire ou êtes-vous incapable de m’aider ?
— Il y a un dossier à remplir, mais nous ne les distribuons que dans trois jours, ensuite il y a des épreuves pour tester vos capacités, avoua-t-il enfin en levant des yeux agacés.

Je le dérangeais, je le voyais bien, mais ce n’était pas une façon d’accueillir quelqu’un.

— Parfait, je reviendrai dans trois jours.

Il me salua d’un geste distrait alors que je repartais vers la porte. Mais avant de mettre un pied dehors, je me retournai une dernière fois vers lui.

— Désolée de vous déranger encore, pouvez-vous m’indiquer l’auberge la moins chère de la ville ?
— Nord-est, l’auberge des Mornes.
— Merci.

Sa réponse avait été étonnement rapide. Il voulait peut-être se débarrasser de moi au plus vite.

Je sortis, ne me sentant pas vraiment bien accueillie. Je l’avais peut-être dérangé dans son travail si important et traité d’incapable au passage mais il était là pour accueillir ceux entrant dans l’école non ?

Tout en marchant sur la grande allée nord, je me mise à réfléchir à son attitude. Il n’avait pas l’air ravi que je veuille m’inscrire. Trois jours, je devais me renseigner ailleurs, savoir s’il m’avait menti ou non.

Ma mère devait avoir raison finalement. Les riches de cette société n’appréciaient pas ceux cherchant à sortir de leur condition. L’homme de l’école m’avait donné cette impression. Je devais me méfier, je le savais.

Je n’étais pas connu, je n’avais aucun nom et très peu d’argent, ce serait difficile. Je m’étais préparée mentalement à tout ça, mais le voir de mes propres yeux restait décevant. Il était peut-être un cas à part, je l’espérais.

Le visage rond de ma génitrice me revient en tête, étirant mes lèvres. Elle serait déjà fière d’apprendre que j’avais terminé mon voyage dans les temps, il me tardait de lui écrire.

Mon esprit revient à la réalité alors que le décor autour de moi changea du tout au tout. Chaque immeuble était bas, les murs, négligés depuis des lunes, semblaient pouvoir s’effondrer d’une minute à l’autre. Les regards étaient baissés et ternes. Des déchets ornaient le sol, grignotés par quelques rodants de passage. L’atmosphère même semblait beaucoup plus grise. Une odeur de fruits oubliés monta à mes narines, beaucoup plus forte que celle que j’avais déjà pu sentir par le passé au village.

Quelque chose n’allait pas du tout ici. Certes, je m’étais attendue à ce qu’il y ait un quartier pauvre, comme dans toutes les grandes cités, mais pas à ce point-là.

Je me figeai devant l’un des bâtiments les plus imposants mais non moins insalubres. L’au erg des Mor es.

J’espérais sincèrement qu’il ne m’avait pas envoyée ici pour me faire tuer. Ce serait quand même un peu extrême.

Le garde à l’entrée de la ville m’avait conseillé les auberges du nord-ouest, de l’autre côté donc, j’aurais dû l’écouter lui et non cet homme de l’école. Trop tard maintenant, la nuit allait bientôt commencer à tomber sur la cité et rester seule dehors dans le noir n’était pas une bonne idée.

Je refermai d’une main la longue cape sur mes épaules avant de passer la porte. Beaucoup de monde, et beaucoup de regards qui se tournèrent vers moi. Tous devaient certainement se connaître dans ce genre d’endroit.

La pièce avait beau être grande, un certain enfermement me prit le cœur. Il y avait trop d’objets, utiles ou non. Plusieurs tables, entourées aléatoirement de chaises de bois dont certaines sur trois pieds. Un bar couvert de verres plus ou moins remplis ou plus ou moins vidés un peu partout. De lourdes étagères où se mélangeait un grand nombre d’alcools différents. Et le sol, couvert de… choses ? Je préférais ne pas savoir quoi. Je crus reconnaître une odeur semblable à celle de chez madame Cassidie, une amie de ma mère au village. Ce n’était pas un bon présage puisqu’il s’agissait de la doyenne de SombreChamps qui ne prenait jamais la peine d’aérer sa maison.

Je m’approchai du comptoir derrière lequel un homme essuyant un verre me regardait avec un intérêt beaucoup trop prononcé à mon goût.

— Bonjour, avez-vous une chambre de libre ? demandai-je.

Il eut un étrange sourire mais s’accouda au bois pour se rapprocher de moi en répondant :

— Ça dépend, pour y faire quoi ?

Bien sûr, son regard, me détaillant de haut en bas, me laissait bien imaginer quelles pensées perverses il pouvait avoir.

Même si la cape que je portais cachait mon corps, j’étais une femme et ça semblait lui suffire.

— Dormir, seule, dis-je.

Il sourit plus encore en reprenant son essuyage. Je sursautai alors qu’un nouvel homme s’accoudait près de moi.

— T’es nouvelle dans la ville chérie ? demanda-t-il d’une voix éraillée.

Je le dévisageai un instant. Son corps courbé vers moi se balançait d’avant en arrière alors même que ses jambes étaient immobiles. Son sourire en disait long sur les pensées obscènes qui devaient lui traverser l’esprit.

— Je vais être franc, continua-t-il en jouant avec son verre presque vide, tu tiendras pas très longtemps sans protection.

Il parlait bien encore, pour un homme saoul. Mais bien sûr, pour ça aussi ma mère m’avait prévenue. J’étais déjà convoitée dans mon village, par ceux de mon âge ou un peu plus, puisque nous n’étions que trois filles. Elle m’avait conseillé de faire attention aux hommes. Je ne me trouvais pas spécialement irrésistible pourtant, même si mon corps ne me déplaisait pas, ce n’était pas au point d’attirer tous les regards, surtout de la façon dont j’étais habillée à ce moment même. Mes quelques taches de rousseur sur le nez et mes yeux bleus devaient leur suffire. J’avais volontairement caché mes cheveux roux sous ma capuche pour ce genre de situation, ce n’était pas suffisant visiblement. Ou c’était peut-être le simple fait que je sois une femme seule.

Je m’écartai du bar, afin de mettre un peu de distance avec ce pervers, mais également pour déjà me préparer, glissant une main dans l’une des nombreuses sacoches de cuir présentes à ma taille. Une simple ceinture de laine tressée me servait à les garder en place malgré le poids des runes.

— Merci, commençai-je, mais je sais me défendre.

Une pression pesante dans mon dos me fit vite tourner les yeux : encore un autre homme, peut-être plus alcoolisé que le premier.

— Les femmes ne peuvent pas se défendre seules, dit-il.

Je pressai nerveusement la pierre que je tenais dans ma main droite. Me retrouver dans une telle situation à mon premier jour, je n’avais pas de chance visiblement. Il avait bien sûr fallu que je tombe dans l’auberge la plus mal fréquentée de la ville. L’homme de l’école s’était bien joué de moi, même s’il était probable que ce soit effectivement la moins chère, y envoyer une jeune fille seule en sachant comment ça allait finir, c’était inhumain.

Le silence avait gagné la salle depuis longtemps, malgré les regards inquiets de certains, personne n’avait bougé, personne ne semblait être prêt à m’aider.

Le premier homme se redressa face à moi, un sourire aux lèvres. Il se pencha dangereusement.

— Les petites filles toutes mignonnes comme toi ne tiennent pas longtemps par ici.

Malgré le sang me montant aux joues pour ce « compliment », je restai immobile à le défier du regard. S’ils pensaient sincèrement que j’allais me laisser faire, ils se trompaient.

L’homme derrière le bar nous rejoignit après avoir posé son verre parmi les nombreux autres déjà présents sur le bois.

Trois contre un, c’était injuste.

Je n’étais pas habituée à me battre contre des personnes. La dernière fois que j’avais dû utiliser mes runes pour me défendre, ce n’était que pour une meute de wolss et j’avais déjà eu de la difficulté à leur faire du mal, mais je n’avais pas le choix.

D’un rapide coup d’œil je m’informai sur la pierre que j’avais piochée dans ma sacoche. Puisque je les avais toutes mélangées, le destin décidera de comment j’allais devoir me battre. Le symbole gravé, encore légèrement rouge du sang qui avait servi à le sceller, me fit sourire. Entraves. C’était bien trop facile, l’un des plus utiles dans ce genre de situation, il allait y avoir de la casse. Je n’avais qu’une pierre de ce type pour trois ennemis, je ne devais pas la gâcher au risque de devoir trouver autre chose. Puisque la ville n’était visiblement pas très sécurisée pour les nouveaux venus, il me serait préférable de gâcher le moins de runes possible.

J’aimais peut-être un peu trop me battre en situation d’infériorité, même si habituellement mes combats se tenaient aux animaux sauvages rôdant autour de mon village.

Il m’aurait été beaucoup plus facile de me servir d’une ou deux autres pierres pour m’en sortir en quelques secondes, mais justement, ce serait trop simple et c’était bien plus plaisant de les humilier avec une seule rune. Au moins ici, je ne risquais pas ma vie, me tuer n’était clairement pas leur but.

Lorsque le plus proche de moi fit un geste pour tenter de m’agripper par le cou, je réagis rapidement pour me reculer. Ils étaient bien positionnés, deux face à moi, le troisième derrière moi sur ma droite. Je lançai mon bras en avant en murmurant la formule d’activation :

— Teya œ lanä tentë tan’ta.

Comme prévu, le plus proche esquiva l’attaque. Les entraves magiques, prenant la forme de lourdes chaînes d’argent dont on se servait pour les moulins, vinrent s’enlacer autour de l’une des tables de bois massif de la salle.

Les verres basculèrent, claquant au sol dans un bruit assourdissant.

Dans un sourire vainqueur, je repliai mon bras afin d’attirer le meuble à moi, me décalant rapidement sur le côté pour être certaine d’atteindre mes trois adversaires. Cette fois, aucun ne put esquiver.

Je sautai habilement par-dessus le bois avant qu’il ne s’encastre dans le bar, laissant les échardes voler dans l’atmosphère voilée par le verre brisé, bloquant les adultes les uns contre les autres. Un cri rauque emplit la salle alors que l’un des pieds de bois déchira le bras de l’une des victimes. Le sol se couvrit d’un rouge vif venant se mêler à la crasse déjà présente.

Un lourd silence étonné vient peser sur les tables encore droites. Un léger rire me prit, ils étaient collés et se débattaient en se tapant dessus bêtement au lieu de s’unir pour se libérer. Malgré la blessure de l’un d’eux, leur colère de l’humiliation leur embrouillait l’esprit, ils ne cherchaient même pas à arrêter la potentielle hémorragie.

Ce n’était pas mon problème, une potion de cicatrisation lui serait suffisante.

Trois contre moi, c’était injuste.

Je replaçai d’un geste le sac tombant de mon épaule avant de me diriger vers la porte.

— Dommage que vos chambres ne soient pas disponibles, bonne soirée, messieurs.

Une fois que je fus dehors, de très nombreux rires se firent entendre derrière moi. Peu m’importait, je devais maintenant trouver un autre endroit où dormir.

L’homme de l’école s’était moqué de moi en m’envoyant dans un tel lieu. Je devais me renseigner sur l’inscription maintenant, il m’avait très probablement menti. Conseiller un repère de pervers à une adolescente, il avait certainement espéré se débarrasser de moi ainsi. Je ne manquerais pas de lui exprimer ma pensée si je le revoyais.

Une fois de retour sur l’une des quatre allées centrales, je levai mon pendentif à mes yeux. Une forte volonté n’était visiblement pas suffisante pour atteindre les sommets. J’allais devoir faire preuve de ruse et de patience.

— Mademoiselle ? fit une voix proche.

Mes pupilles se levèrent sur ma droite. Un homme d’une soixantaine d’astres, derrière un étal, me souriait.

— Ce collier est vraiment magnifique, vous êtes nouvelle en ville ? continua-t-il en s’adressant clairement à moi.

Je plissai mes yeux, cachant le bijou sous mes vêtements avant de réagir.

— Il n’est pas à vendre.

À la vue des nombreux objets brillants sur son étal, ça m’avait paru évident qu’il allait me le demander. Un bijoutier, très doué si c’était lui qui réalisait ses objets.

L’homme sourit davantage en sortant de derrière le bois pour s’approcher.

— Je n’en doute pas, d’où venez-vous ?
— D’un petit village de l’est à trois lunes de marche d’ici.
— SombreChamps, je présume ?

Évidemment, c’était le seul village aussi loin dans cette direction, juste avant les montagnes. Je ne répondis donc pas.

— Avez-vous un endroit où dormir ? poursuivit-il. J’ai une chambre de libre si vous le désirez.
— En échange de quoi ? demandai-je en fronçant les sourcils.
— Rien du tout, je veux simplement vous aider.

C’était beaucoup trop beau. Discrètement, je glissai une main dans l’une de mes sacoches avant de me décider à le suivre, juste au cas où.

Derrière l’étal, de très nombreux sacs de toiles cachaient encore plus de trésors, mais je n’eus pas le temps de les détailler, il m’entraîna vers une simple porte de bois et nous conduisit à un charmant salon. Éclairée d’une seule bougie, la pièce était chaleureuse à souhait. Une faible cuisine à droite, un canapé qui avait dû voir plusieurs layka passés sur ma gauche, une table ne tenant plus que sur trois pieds et deux escaliers, l’un semblant descendre vers un sous-sol, l’autre allant à l’opposé.

— Voulez-vous manger quelque chose ? me proposa le marchand.

Mon ventre aurait répondu pour moi si je n’avais pas caché son grognement par ma voix :

— Pourquoi faites-vous cela pour moi ?
— Vous êtes une jeune fille charmante et il était évident que vous veniez d’arriver dans la ville, donc que vous aviez besoin d’aide.

Il n’y avait aucune intonation perverse ou malveillante dans sa voix grave, mais je devais me méfier.

Même s’il paraissait être un homme aguerri et très aimable, même si son visage rond et ridé orné de cheveux grisonnants m’attirait de la sympathie, je devais prendre garde.

En me penchant sur ma sacoche, je sortis rapidement une rune pour la tendre entre nous.

— Teya oa lanä tentë tan’ta, énonçai-je.

Sans que je ne lui explique de quelle rune il s’agissait, l’adulte se pencha pour parler tout près de ma main.

— Je ne vous ferai aucun mal, je ne veux que vous aider.

Je souris en rangeant la pierre dans sa sacoche attitrée. Il disait la vérité, la rune n’avait pas changé de couleur, signifiant qu’il pensait ses paroles, une rune de vérité était toujours utile pour ce genre de situation.

— Enlevez votre sac et mettez-vous à l’aise, vous êtes mon invitée pour ce soir ! me fit le marchand en désignant le canapé au moelleux douteux.

Il partit vers la porte de sortie avant de reprendre la parole.

— Je vais juste ranger mon étal, je suis à vous ensuite.

Tout ça était de plus en plus étrange. Il ne me connaissait pas mais voulait m’aider sans rien attendre en retour. Il allait jusqu’à me laisser seule chez lui, sans surveillance. Un bijoutier avait certainement une multitude de marchandises précieuses qui attendaient patiemment d’être vendues. Pourtant, il me faisait confiance.

Je savais que je devais me méfier, même si la rune m’avait prouvé qu’il ne mentait pas, il restait des risques, mais l’idée qu’il puisse encore y avoir de bonnes personnes dans cette ville était tentante.

Je laissai mon sac et ma cape près de l’un des murs puis m’approchai de la seule étagère présente. D’étranges bijoux y étaient entreposés. Tous brillamment polis mais de formes anormales. Des pierres au taillage raté qui étaient pourtant magnifiques.

Certaines me faisaient penser aux nuages d’orage, houleux et menaçant, d’autres, plus doux, ondulaient telles les vagues d’une mer calme.

— Il y a de la beauté dans l’erreur, fit la voix du marchand derrière moi.

Je me retournai, il me sourit avant de poursuivre sa phrase.

— Tout le monde peut se tromper, le plus important c’est la leçon que l’on apprend de nos échecs.
— C’est pour cela que vous les exposez ? demandai-je, piquée par la curiosité d’en apprendre davantage sur lui.
— Oui, pour me souvenir que même si j’ai commis une erreur en les taillant, j’ai créé des pierres magnifiques.

Finalement, il me prit une main pour m’entraîner à m’asseoir à la table de la pièce.

— Je m’appelle Rolland, et vous ?
— Orelâne.

Il avança ses deux coudes sur le bois afin de mieux s’installer.

— Alors ? Qu’êtes-vous venu faire en ville ? Il est rare qu’une jeune fille se présente ici sans aucune famille, m’interrogea-t-il.

Après tout, ce n’était pas un secret, et s’il avait voulu me faire du mal il l’aurait certainement déjà fait, je forçai mes muscles à se détendre et posai mes deux mains sur la table, abandonnant mes runes de secours.

— Je rêve de devenir mage de l’empire, donc je suis ici pour intégrer l’école.
— Ça commence demain pour ceux souhaitant être pris l’astre prochain, mais le concours est difficile.

Demain donc, et non dans trois jours.

— Je suis très douée en magie runique, j’ai confiance, annonçai-je.
— Je n’en doute pas, mais je préfère vous prévenir, certains s’y reprennent à trois fois avant de parvenir à avoir une place.
— Je suis venue pour ça donc je n’abandonnerai pas.

Il se recula sur sa chaise, étirant ses bras devant lui avant de porter une main à son menton en continuant de me fixer.

— Sinon, parlez-moi de ce collier.

Je souris et pris d’une main le pendentif pour le fixer. Une rose de cristal aux multiples pétales d’un rouge flamboyant.

— J’avais quatorze astres, nous avons eu une grande sécheresse au village et certains champs s’étaient embrasés. J’étais prise dans les flammes, j’aurais dû mourir ce jour-là, mais un homme est arrivé, il a dompté le feu avec tellement de facilité.

Je relâchai le bijou en levant les yeux.

— Il m’a sauvée et me l’a offerte en me disant qu’une aussi belle rose ne devait jamais faner.

Le marchand eut un sourire :

— Je me demande s’il parlait du collier ou de vous.
— Je me le demande aussi, je ne saurais probablement jamais.

Il se leva sans répondre afin de récupérer un petit objet sur l’étagère derrière lui.

—