La rose qui se déploie - Pierre Servanton - E-Book

La rose qui se déploie E-Book

Pierre Servanton

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Beschreibung

Stéfanie a tout quitté, travail et appartement, pour s’offrir son rêve d’enfant : vivre libre quelques mois sans se soucier du lendemain. À bord de Lolita, son van aménagé, elle va de rencontre en rencontre, de compréhension en compréhension. La femme qu’elle est se révèle dans sa puissance, sa créativité et sa douceur, surtout lorsqu’une connaissance particulière l’invite à laisser son féminin s’épanouir, telle une rose qui se déploie, mais à quel risque ?


À PROPOS DE L'AUTEUR 


Pierre Servanton, auteur du roman L’amoureux du féminin, signe ici son deuxième livre. Autodidacte du bonheur et de nature contemplative, la liberté et le temps libre ont toujours été ses priorités. Après des années d’aventures et de voyages, son besoin de nature l’a conduit à s’installer dans une vallée sauvage des Alpes du Sud où il écrit pour transmettre sa vision optimiste du monde, ses rêves, la richesse de ses rencontres et expériences et la beauté du Tantra.

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Seitenzahl: 187

Veröffentlichungsjahr: 2023

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Pierre Servanton

La rose qui se déploie

Roman

© Lys Bleu Éditions – Pierre Servanton

ISBN : 979-10-377-9209-9

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Citations

Ici, on ne va nulle part, on n’exerce aucune technique, ni concentration, ni méditation, ni récitation, on ne pratique rien, on ne fait pas d’effort, rien. Alors qu’y a-t-il réellement à faire ?

Seulement ceci : n’abandonne rien, ne saisis rien, sois en toi-même et jouis de chaque chose telle qu’elle est.

Abhinavagupta

L’homme qui s’est assis sur le sol de son tipi, pour méditer sur la vie et son sens, a su accepter une filiation commune à toutes les créatures et a reconnu l’unité de l’univers ; en cela, il infusait à son être l’essence même de l’humanité. Quand l’homme primitif abandonna cette forme de développement, il ralentit son perfectionnement.

Chef Luther Standing Bear

La difficulté existe pour vous rendre conscient de l’authentique sens de la vie humaine. Elle est là pour vous aiguillonner vers l’éveil, car vos frustrations vous permettent de vouloir vous surpasser.

Les Maasaï l’appellent Osina Kishon (« la Souffrance-Don »).

Elle est en effet un don du ciel.

Xavier Peron

Il y a des larmes qui sont des clés pour ouvrir des serrures. Souvent, elles ne sont ni joie ni tristesse. Elles parlent juste un langage secret, celui de notre esprit qui poursuit sa tâche de dissolution et rassemblement.

Daniel Meurois

Préface

J’ai rencontré Pierre dans un atelier « tantra » animé par Ma Prémo. L’homme m’avait impressionnée par sa présence stable ; je le sentais tout à la fois interactif et immobile. Étant très sensible à la question des enjeux d’énergie, et donc des enjeux de pouvoirs dans les relations, l’attitude non intrusive de Pierre m’a donné confiance immédiatement. Impressionnée, oui, car cet état d’être d’un homme vis-à-vis d’une femme n’est pas courant dans notre société, et surtout dans les stages mixtes !

Campé sur ses jambes, telle une force de la nature, voilà un arbre, ou un roc, qui porte parfaitement son prénom de Pierre. Cet ancrage se ressent tout en souplesse. Serein, vivant, immobile, mais non passif. Et au-dessus, tout en haut – il est grand –, un immense sourire sur un visage basané par les embruns. Peut-être un marin dans la vie ? En tout cas, naviguer en territoires inconnus, il en a fait son job, et ce sont ses aventures qu’il livre et délivre dans ses écrits.

Le connaissant personnellement, je sais que ses deux romans sont totalement en cohérence avec son vécu. Il se livre par expérience et sensations éprouvées, et non par une imagination nourrie de ses désirs. Non, l’homme n’est pas marin, mais amoureux des grands espaces qu’il navigue à pied ! En totale adéquation avec l’expérience sensitive relatée en cet écrit, il est accompagnateur en montagne… Ce qui l’anime en chaque aspect de son vécu ? Parcourir les chemins vers l’autonomie et la liberté, et partager avec ceux et celles qui le souhaitent son expérience lors d’ateliers.

Lorsque Pierre m’a demandé d’écrire une préface pour son deuxième livre, c’est par un élan du cœur que j’ai accepté. Son premier livre, « L’amoureux du Féminin », et l’interview, ayant fait suite à cette première édition, m’avaient beaucoup touchée par l’authenticité et la simplicité avec laquelle il se met à nu en parlant de lui-même, de sa relation aux femmes, de ses découvertes et remises en question, et plus précisément de l’évolution de sa sexualité et de ses relations aux femmes lors de son aventure « tantrique ».

« Tantra »… ce mot à la mode aujourd’hui draine de nombreux courants regroupant diverses pratiques intimes, corporelles, énergétiques et relationnelles qui ne sont pas toujours très clairs au niveau des véritables enjeux énergétiques qui se jouent dans le corps et entre les pratiquants. Lorsque j’entends : « je fais du tantra », pour moi, cela ne signifie pas grand-chose tellement ce terme peut prêter à confusion. Ce dont nous pouvons être certains, c’est que cela tourne autour de la sexualité… Et bien souvent cela ne reste que basiquement un intérêt « sous la ceinture »… qui ne tient pas compte de la globalité psycho-énergétique de l’homme et de la femme ; ni de leur qualité relationnelle.

Si je devais définir en quelques mots ce que signifie pour moi le « Tantra », cela serait : « L’Art du Spontané en, et par, la Relation ». Il s’agit d’un vécu présent, non conditionné de la relation à soi, de la relation à l’environnement et de celle avec les autres, dont notre partenaire lorsqu’il s’agit de relation intime et sexuée.

C’est bien plus large qu’une question de sexualité. Toutefois, ce vécu relationnel spontané intègre l’énergie sexuelle qui est notre énergie vitale et désirante. Pour moi, Le Tantra est un chemin d’apprentissages divers destinés à l’ouverture du cœur, par un corps sensitif, et qui permet de peu à peu laisser jouer notre véritable nature simple joyeuse créative à mesure que les cuirasses des conditionnements se défont.

C’est un Chemin vers la santé physique, psychique et émotionnelle de l’être qui se sent à sa place interactive et créative dans ce monde. Et c’est spirituel, sans qu’il soit nécessaire de parler de spiritualité.

C’est précisément cette attitude saine, naturelle, entière et engagée en ce Chemin Tantrique que j’ai découvert chez Pierre et en ses écrits.

Voici donc un livre d’expérience, une passionnante aventure qui peut être lue tel un manuel pratique et concret pour qui souhaite aborder l’expérience intime et sensitive du Tantra. Mais aussi destiné à ceux et celles qui se demandent « ce qu’on peut bien trafiquer » dans un groupe de tantra, et quel serait l’intérêt d’y participer.

Par son authenticité spontanée, Pierre embarque le lecteur et la lectrice avec lui tout au long de ses prises de risques audacieuses et engagées à la découverte des territoires inconnus du Masculin et du Féminin, et de l’homme et de la femme en leur intimité relationnelle et sexuelle… Un irrésistible souffle de liberté assumée nous entraîne et nous incite à parcourir notre propre Chemin tantrique vers l’authenticité de notre être. Ainsi, être capable de faire tomber ses masques, de démanteler les murailles des habitudes, d’oser se confronter aux enfermements inconscients, de prendre conscience des filtres des jugements automatiques et des dictats sociétaux nécessite franchise, rigueur, présence et observation et audace d’accueillir l’Inconnu lorsqu’il se présente…

Avec la sincérité qui le caractérise, Pierre nous montre que par le Tantra, tel qu’il le pratique, ce chemin vers la découverte de soi, et de l’autre, est aussi joie, sensations, curiosité, créativité, respiration, santé, bien-être et extase.

L’originalité et la richesse de ce roman viennent de sa capacité à parler de l’expérience tantrique masculine et féminine, à partir du point de vue sensitif d’une femme.

Au fil du récit, à mesure que le narrateur homme/femme explore de nouveaux territoires, sa relation à la vie se transforme. Se déploie alors un nouvel état d’être, un Art de vivre spontané, épanouissant et Intégral dans le sens où tous les aspects et besoins de l’être sont pris en compte et intégrés.

Oui, c’est du vécu ! C’est contagieux et cela fait du bien.

Myrha,

Décembre 2022

Chapitre 1

Le départ

Je conduis cheveux au vent, la musique de bossa nova me berce et les souvenirs de ces derniers temps se mêlent au paysage en ce mois de mai où je respire les effluves du printemps…

Sept ans déjà se sont écoulés depuis ma première rencontre avec Diego, l’homme qui m’a initiée au Tantra et m’a fait découvrir le chemin du respect et de l’amour de moi-même. Je l’entends encore me dire et répéter :

— Stéfanie, sois douce avec toi-même !

Je l’entends aussi me réciter le poème de Lalla, une mystique tantrique du 14e siècle :

Enfin, le guru m’a donné l’enseignement

Il m’a dit : « Inverse ta quête,

Ne dirige plus ton regard vers l’extérieur

mais fixe-le sur le Soi. »

Lorsque l’esprit qui différencie s’est assoupi

J’ai porté cette réalité en mon Cœur

Et je me suis mise à danser, nue !

Regarder à l’intérieur, plutôt que chercher à l’extérieur les solutions pour cheminer vers ma quête d’une vie paisible et joyeuse.

Merci à Diego pour ces directions qui se sont intégrées en moi et qui m’ont guidée jusqu’à ce jour.

De cette rencontre avec Diego, s’en est suivi mon premier stage de Tantra.

Depuis, j’ai pris un abonnement à ces derniers ; seule ou bien avec mes deux meilleures amies, Sophie et Virginie, j’ai testé différentes écoles.

Cela m’a offert une distance par rapport à ma vie professionnelle.

J’ai appris à prendre soin de moi, à prendre le temps de m’observer, de ressentir ce que vit mon corps, et surtout sentir mon cœur s’ouvrir chaque jour davantage.

C’est à la première école que nous revenons toujours, pour l’ambiance pleine d’humanité, de respect, d’amour entre tous, participants et équipe d’animation.

Je le vis comme une cocotte-minute émotionnelle, tout ce qui se partage y est très intense.

Des compréhensions et des guérisons ont lieu. La parole se libère et chaque avancée de l’un résonne et vibre chez tous. C’est un grand bain d’amour où la nouvelle relation entre la femme et l’homme s’invente, se crée, dans le plus grand respect et la belle authenticité de chacun.

Je suis touchée et nourrie par ce que je vis lors de ces expériences.

Cette richesse m’aide davantage à relativiser le monde, je me sens de plus en plus actrice du changement qui s’opère au plus profond de moi-même.

Depuis trois ans, j’ai abordé le virage de la quarantaine avec tranquillité.

L’envie d’avoir un enfant et la pression que me met ma mère se sont estompées peu à peu. Il est vrai que je suis très proche de Lucas et Sonia, les enfants respectifs de Sophie et Virginie. Je les ai vu grandir et ils me considèrent comme leur tata. Je leur offre beaucoup d’amour qu’ils me rendent bien.

Côté professionnel, cela fait trois ans que l’idée de changer de vie grandit en moi. Petit à petit, je délègue davantage à mes deux plus proches collaborateurs. Timothée est là depuis le début, je peux parler d’amitié avec lui, je le sens doux, respectueux et responsable. Nous avons du plaisir à œuvrer ensemble. Laura, elle est arrivée il y a cinq ans et, rapidement, a trouvé sa place aux côtés de Timothée.

L’affaire est prospère et je me réjouis de l’ambiance qui s’est installée au sein de toute notre équipe.

Depuis un an, nous avons initié, avec Laura et Timothée, un intéressement aux bénéfices où je leur donne progressivement les rênes de l’entreprise.

Travailler moins pour gagner moins. L’objectif étant d’avoir plus de temps libre et de liberté.

Aujourd’hui, nous avons rendez-vous chez le notaire, hormis mes amis proches, personne n’est au courant, encore moins ma mère.

À la sortie de la signature, nous partageons un moment d’émotion entre nous trois. Je leur lègue mon bébé.

Après nous être quittés, je m’offre une balade au jardin du Luxembourg.

Chapitre 2

Ma nouvelle vie

C’est le printemps, le vert tendre des feuilles habille les arbres, le soleil commence à chauffer, je m’assois pour goûter à sa douce caresse sur mon visage.

Je savoure cet instant où mon rêve de petite fille prend forme, enfin je m’autorise à aller vers ma liberté. Quelques interrogations émergent… Comment vais-je utiliser tout ce temps libre ? Est-ce que je ne vais pas regretter ma vie confortable ?

N’est-ce pas une erreur de me priver d’une grande partie de mes revenus ?

Je ne sais pas si c’est l’effet du soleil, du printemps, mais je chasse assez facilement toutes ces interrogations pour savourer ce temps libre dont je dispose à présent et que j’ai ardemment désiré.

Le jour même, je passe une annonce pour trouver un véhicule, style petit fourgon, qui sera ma maison roulante.

À peine une semaine après, Etienne prend contact avec moi, il cherche à vendre son fourgon aménagé avec lequel il a sillonné l’Europe. Il veut le vendre car d’autres continents l’appellent.

Après l’avoir acheté, un ami me propose de l’installer sur son terrain dans la proche banlieue de Paris.

Je me donne quinze jours pour le repeindre, le décorer, y mettre ma touche personnelle et faire une révision complète de la mécanique.

Sophie, la reine de l’aménagement, vient participer au chantier ainsi que Virginie. C’est joyeux, les enfants sont là qui profitent du jardin de Max, l’ami qui nous accueille.

Virginie me demande si je vais donner un nom à mon véhicule.

Lolita est celui qui me vient directement en réponse à sa question.

Sophie, quant à elle, me demande quels sont mes animaux de prédilection.

Là aussi, c’est une évidence, les papillons et les lézards.

C’est un réel plaisir de créer ma future maison roulante en compagnie de mes amies. Tout le côté fonctionnel existe déjà grâce au talent de bricoleur d’Etienne, je n’ai plus que la décoration à réaliser.

Durant deux semaines, j’ai pris tout mon temps, le matin je commençais par me poser, méditer une vingtaine de minutes, me connecter à ma tranquillité avant de commencer à la bichonner.

Oui, je voulais prendre du plaisir à chaque instant en me remémorant l’attitude de Diego face à son existence. Lolita a pris vie sous mes yeux et ceux de mes deux amies les plus proches. La confiance est là. Excitée et paisible à la fois, je sens que je suis à ma place.

Chapitre 3

Au volant de Lolita

J’ai décidé de partir lundi matin, sans trop d’émotion. Mes amies sont reparties hier soir et m’ont souhaité le meilleur.

Cela fait quelques heures que je roule, les fenêtres ouvertes, au volant de Lolita avec une musique brésilienne qui m’accompagne. Voilà l’ambiance que je savoure. J’ai choisi d’éviter les autoroutes, envie de profiter de cette liberté où je ne cours plus après le temps. Je réalise à quel point c’est le luxe suprême de disposer de cet espace temporel que je suis finalement la seule à pouvoir m’accorder. Cela paraît si simple mais je vois tout le cheminement intérieur qu’il m’aura fallu, tout le déconditionnement qui m’a permis d’y arriver.

Je goûte ces premiers instants où je vis cette liberté que j’ai souhaitée, désirée, et qui est là !

Oui, je le savoure comme le plus beau cadeau que je me fais, vers lequel tout mon être aspire.

J’entends encore une de mes amies, Géraldine, me dire quelques jours avant mon départ.

— Tu as un sacré courage, Stéfanie, pour tout plaquer et aller vers l’inconnu à quarante-trois ans.

Quel courage si ce n’est celui d’avoir été à l’écoute de cette petite voix qui depuis des années luttait contre une forme d’anesthésie créée par l’habitude ?

Courage d’avoir fait face à mes peurs et surtout à celles des autres, au conditionnement sociétal qui préfère la sécurité plutôt que nos rêves.

Courage d’avoir écouté cette envie, ce désir grandir peu à peu en moi. Cette envie de me sentir libre au moins une fois dans ma vie, libre comme l’air, sans contrainte. Pour combien de temps ? Peu importe…

Je réalise ce rêve que je gardais bien au chaud au plus profond de mon cœur de petite fille.

Ce rêve revenait parfois, inspiré par la mer, ou les grands espaces vus du haut d’une montagne. Cet appel aujourd’hui se réalise.

Je roule cheveux au vent et me déplace avec ma maison telle une tortue. La vie m’a offert cet habitat roulant sur un plateau. Au volant de Lolita, la route défile et je me remémore ces derniers mois qui ont accéléré ma décision d’aller vers ma liberté.

Chapitre 4

Le déclencheur : le stage entre femmes

Finalement, c’est allé assez vite. Tout a démarré il y a trois mois par la rupture avec Jean Luc. Belle relation qui a duré un an et demi mais où je commençais à étouffer littéralement.

Je n’en veux absolument pas à Jean Luc chez qui tout allait bien, tout était à sa place, le boulot qu’il aime, le sport trois fois par semaine et sa chérie, moi en l’occurrence. Cette stabilité bien conforme à l’ordre des choses que nous vend notre société. Donc pourquoi vouloir la changer ?

Ce train-train était fait de routines et d’habitudes où les rails rectilignes sur lesquels j’avançais se perdaient dans un horizon grisonnant.

Pas de courbe ni de virage, encore moins d’aiguillages qui m’auraient permis un nouveau cap. Cela faisait monter en moi comme une angoisse qui a grandi peu à peu, suffocante.

Juste après ma séparation avec Jean Luc, Sophie m’a proposé de participer avec elle à un stage entre femmes. Ça, c’était nouveau pour moi.

Comme dans les autres stages, cela parlait de partages émotionnels, de sexualité, de corporalité. Comment aussi se connecter davantage à notre puissance et notre créativité liées à notre féminité. Cela a résonné en moi, d’autant plus après cette séparation où je ressentais le besoin de faire grandir la confiance en moi et en mes nouveaux projets.

Durant ces trois jours intenses, j’ai découvert un nouveau regard sur le clan des femmes, j’ai découvert la sororité. Je la vivais depuis des années avec mes deux plus proches amies, mais là, dans cette pièce richement décorée, tel un temple sacré, j’ai partagé cette magnifique émotion avec plus de quarante femmes. Elles étaient de tout âge et venaient d’univers très différents. Rapidement, j’ai perçu en moi l’égrégore du groupe, cette reliance où nous nous sentions toutes sœurs : finie la compétition entre nous pour séduire, être la plus belle, la plus sensuelle. La jalousie et la comparaison avaient disparu pour faire place à une magnifique empathie qui offrait à chacune la liberté de s’exposer en toute authenticité. L’animatrice et ses assistantes, grâce à leur expérience et leur belle présence, m’ont permis d’avancer vers mon être véritable et d’honorer mon féminin en toute confiance.

Oui, c’était bon de sentir un groupe de femmes réunies loin de toute recherche de séduction ou de tout enjeu de pouvoir.

Au cours de ces trois jours, les effets miroirs avec mes sœurs ont été nombreux et puissants, autant par le verbe que le corps. Grâce au soutien de chacune d’entre elles, j’ai senti en moi émerger la puissante Déesse, libre et insoumise, amoureuse de l’homme mais voulant, dans la rencontre avec lui, se sentir complètement respectée dans son corps, dans son cœur et dans son âme.

Je partageais la chambre avec Sophie et Amélie avec qui nous avions de beaux échanges surtout sur la manière, le comment amener l’homme à ralentir, à se déconnecter de sa pulsion sexuelle, libidinale. Celle qui l’envahit et souvent nous submerge par sa fulgurance, sa puissance et son côté irréversible.

Nous avions envie et besoin de temps pour la rencontre corporelle avec l’homme, notre rythme à nous était plus lent. Il prenait en compte la rencontre énergétique de nos deux corps, de nos deux âmes. Comment par la douceur, la tendresse et la bienveillance amener l’homme à relâcher cette pression qu’il nous mettait et qu’il se mettait à lui aussi. Comment lui expliquer qu’il n’y avait pas d’objectif à atteindre, plus besoin d’être le super amant, plus besoin d’être dans la course à l’orgasme, donc plus de nécessité de toujours franchir la ligne d’arrivée.

De quoi avions-nous besoin en tant que femmes ? D’avoir plus de temps, d’espace, de sentir l’homme à nos côtés apaisé, sans projection, sans scénario préétabli.

Sentir chez notre amant une vraie disponibilité, une vraie qualité d’écoute. Que ces qualités étaient indispensables pour que notre féminin se sente respecté, entendu, écouté, accueilli. Alors notre puissance et notre créativité féminine, libres de toute pression, pouvaient alors s’exprimer, réveillant tout naturellement la puissance de l’homme.

Chapitre 5

La femme chamane

Sophie prit la parole pour nous lire un passage de son livre de chevet.

— Écoutez, les filles, ce passage où Inès, une jeune et belle femme chamane, s’adresse à l’auteur, Luis Ansa, lors de leur rencontre :

« Ne précipitez pas les choses, Don Luis ! Je sens bien que vous désirez mon corps et j’en suis très flattée. Cependant, malgré les apparences, notre tête-à-tête obéit à un autre dessein. J’ai le pouvoir de vous faire découvrir autre chose…

DON LUIS : J’attendais la suite un peu dépité.

Elle continue :

— Une dimension communément ignorée de cet accouplement du mâle et de la femelle dont vous brûlez d’envie. Bien sûr, vous connaissez la force des pulsions, le plaisir de l’orgasme… Mais vous ignorez encore que ces états peuvent libérer la puissance alchimique qui habite votre corps. Révéler, réveiller la féminité qui sommeille en vous. Vous êtes un beau mâle, Don Luis, mais encore inachevé. Excusez-moi de vous le dire aussi brutalement mais votre toute-puissante part masculine ne sait qu’envahir, pénétrer, occuper, jouir. Vous ne savez ni recevoir, ni accueillir, ni reconnaître, ni capter, ni attendre, ni vous accommoder de l’autre. Non, tout cela vous est totalement inconnu ! »

Cette fois, c’est moi qui écoutais en silence. Elle poursuivit :

— Si vous avez confiance en moi, je peux vous initier, vous guider à l’intérieur de votre corps physique, émotionnel et mental vers votre sentir féminin. Toute la difficulté, s’il y en a une, est que vous acceptiez de vous laisser faire, que vous lâchiez prise, que vous renonciez à vouloir me prouver que vous êtes un mâle.

Elle m’adresse un sourire dévorant et me provoque encore.

— L’expérience vous tente-t-elle ou préférez-vous simplement porter votre désir jusqu’à l’éjaculation mécanique dans mon ventre.

Sophie referme le livre et nous restons quelques instants à méditer ces paroles… Ainsi cette femme chamane du Mexique exprime haut et fort ce que nous ressentons. Arriver à ouvrir l’homme à sa polarité féminine.

Amélie prend la parole.

—