La sagesse du serpent - Julien Miavril - E-Book

La sagesse du serpent E-Book

Julien Miavril

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Beschreibung

La sagesse du serpent constitue la suite et la fin de Les insurgés stellaires. On y retrouve notre héros, Adam, désespérant de l’absence de Leylâ qui, rappelons-le, n’est autre que la mythique Lilith. Sa quête du Graal et de l’être aimé va le conduire à faire de nouvelles rencontres tout aussi extraordinaires : prophète « fou », alchimiste ayant percé le secret de la vie éternelle, prostituée sainte… et même l’Esprit vivant du Christ, de Marie-Madeleine ou encore de Lucifer. Après Paris, Adam va se rendre à Athènes, en compagnie des dieux et des déesses grecs, ainsi qu’à Jérusalem où il amorcera, sur les ruines du temple de Salomon, une descente aux enfers qui se révélera des plus salutaires… Parviendra-t-il à retrouver celle pour qui son cœur vibre depuis l’aube immémoriale du monde ? Acceptera-t-il de se réconcilier, enfin, avec l’humanité comme il tendait à le faire à la fin de l'ouvrage précédent ? Suivons attentivement le dénouement de cette saga où s’esquisse une philosophie poétique vivante qui ne saurait laisser le lecteur indifférent.


À PROPOS DE L'AUTEUR


Poète, écrivain et musicien français, Julien Miavril commence à écrire durant l’adolescence, puis en vient à concevoir des recueils de poésie. À ce jour, il en a publié quatre. Il s’est également spécialisé dans le domaine de l’ésotérisme avec l’édition d’ Un oracle médiéval et merveilleux aux Éditions Guy Tredaniel, ainsi que d’un ouvrage de chants de pouvoir aux Éditions Alliance Magique.

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Seitenzahl: 130

Veröffentlichungsjahr: 2022

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Julien Miavril

La sagesse du serpent

Roman

© Lys Bleu Éditions – Julien Miavril

ISBN :979-10-377-5346-5

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Chapitre 1

Absence fatale

Ce monde contemporain nous a déjà retiré le dialogue, la liberté et l’espérance, les jeux et le bonheur ; il s’apprête à descendre au centre même de notre vie pour éteindre le dernier foyer, celui de la Rencontre.

René Char

Que vienne le temps où les cœurs s’éprennent sans que le feu consumant en fasse fondre les fibres !

Il fut un temps où l’homme marchait nu sur la terre, sans ne jamais polir aucun miroir, car il savait son fantôme plus vivant que lui-même.

Il fut un temps où l’arbre et la source se rencontraient au lieu exact où la pierre s’ouvre pour accueillir le ciel.

Il fut un temps où rien ne pouvait déposséder l’homme de sa souveraineté, sinon son propre désir de balafrer le soleil, encore et encore !

Il fut un temps où l’homme rêvait sa vie au moins autant qu’il vivait son rêve, et son rêve était alors peuplé d’oiseaux invisibles, aux yeux de glace et aux ailes de feu, qui lui apprenaient à chanter l’amour sans qu’il ne se consume.

Il fut un temps où terre et ciel célébraient leurs noces sacrées, sous le regard vigilant des dieux dont les hommes ignoraient jusqu’aux visages et aux noms.

Ce temps, nous en portons le deuil et pourtant, les étoiles s’en souviennent et nous en renvoient l’éclat, au cœur même de l’aube, où le monde nous apparaît sous un visage chaque fois nouveau. Soyons-en dignes ! Et portons haut le calice des transfigurations ! Telle est la condition du poème !

« Rien de ce que je n’ai pu connaître depuis lors n’a pu égaler, en grâce, en flamme de fulgurance et en splendeur incandescente, cette nuit où tu me consacras roi au milieu des dieux absents. Souvent, je crois te voir, je crois t’entendre, éclair au cœur de la nuée, qui jaillit des mots et des baisers que s’échangent deux amoureux au détour d’une rue. Ton souvenir brille en moi comme un feu qui ne fait que croître au lieu de devenir cendres. Je voudrais revenir au temps des augures antiques, des oracles de foudre, pour recomposer le récit entier de ton exil. Tu vis au-dedans de moi, comme en un présent éternel, et je me sens être un aigle, comme privé de ses ailes, qui contemple le précipice où il va chuter dans la joie et le contentement d’avoir d’abord embrassé les cieux. Ton fantôme ne fait qu’un avec ma peau, et mon propre sang n’afflue que parce qu’il charrie les ossements de notre Éden. Mes journées me semblent vides et inconsistantes. Je les passe à errer et à mendier l’attention des quelques femmes qui m’évoquent ton souvenir. Elles me raccompagnent parfois jusqu’au seuil de ma porte. Mais il m’est impossible de leur offrir autre chose qu’un sourire gêné. Je voudrais pouvoir t’oublier, renoncer à ma quête, désespérer une bonne fois d’avoir bu à la coupe sacrée d’éternité avant de perdre celle qui l’a offerte à mes lèvres. Mais il n’en est rien. Aujourd’hui, le soleil étincelle de mille feux et il fait froid dans mon âme. Je voudrais quitter une bonne fois tout ce que j’ai connu jusqu’ici, accoster en de nouveaux rivages, offrir à mon âme le privilège de s’oublier elle-même au contact d’un mystère dont elle ignorerait jusqu’à la trace. Mais rien n’y fait, le sol me retient à lui, et je crois qu’il est en passe de m’engloutir tout entier. »

C’est ainsi qu’Adam se désespérait de l’absence fatale de sa Leylâ. Des mois s’étaient écoulés, qui lui avaient semblé être des siècles, sans que rien ne puisse laisser présager des retrouvailles. Il n’avait pas répondu pas à la lettre de l’Ancien. Il vivait à l’état de fantôme, même si rien au-dehors chez lui ne reflétait cet état. Il avait appris à composer avec les apparences, à se jouer des convenances sociales, à adopter le rôle que les autres voulaient lui voir endosser. Mais il se sentait vide. Il n’avait pas totalement renoncé à l’écriture. Il n’avait écrit qu’un seul et unique texte dont voici le fragment :

« En embrassant le vertige de la voie mystique j’ai embrassé, ô divin créateur, la solitude de tes cieux, de tes mers et l’éclat voilé de ta lumière impalpable et aveuglante, source fertile de miracles imperceptibles et de transfigurations cycliques. J’ai voulu recomposer la chaîne brisée des temps, restaurer l’antique sagesse des prophètes et des bardes errants : j’ai déposé au pied de ton trône le flambeau vivant, la rose vierge et nue, et le parchemin qui préserve les voix calcinées de nos morts. L’union que j’ai scellée secrètement avec toi m’engage à ne pas te chercher ailleurs que dans mon cœur empli de ta joie et de ton amour, et m’interdit de prononcer à tout jamais ton nom. Mais mon cœur est aussi le trône vivant et vibrant de Leylâ, et je prie pour que tu me mettes sur sa trace et qu’il me soit donné d’étreindre son ombre… »

Il se prit à rédiger une lettre :

« Ma chère Leylâ,

Mes mots peinent à décrire l’état d’ébranlement dans lequel me plonge notre si haut amour. Il me semble à moi aussi que c’est en pénétrant le mystère, en se laissant tout entier traverser par cette foudre qui enfièvre nos deux corps défaits, en se laissant brûler au lieu où plus rien n’échappe aux flammes, que Dieu nous laisse entrevoir l’éclat brûlant de sa face et nous offre de goûter aux fruits de la patrie céleste sans pour autant nous arracher à notre terrestre séjour. Cette terre dont je m’obstine à louer la beauté et le mystère et qui fut le berceau de ces dieux dont l’exil marque l’entrée de l’homme dans la longue nuit du monde. Souviens-toi comme nous aimons ensemble célébrer les mystères du dieu du vin, comme il nous paraît évident qu’il faille céder à l’ivresse, et devenir les victimes consentantes des caprices d’Éros, pour nous offrir rituellement l’un à l’autre et dans cette danse, atteindre aux plus hautes cimes de l’extase. Il me semble en effet que l’extase charnelle est le véhicule de la véritable transcendance et que les religions nous ont trompés en nous faisant croire qu’elle enchaînait l’âme au monde matériel. Il me semble évident au contraire, comme cela l’était pour les anciens peuples, qu’elle est l’expression d’une énergie spirituelle supérieure. Toutes ces considérations pour dire que je n’ai jamais goûté à fruits plus délicieux que ceux qui se lovent entre les plis de tes lèvres, que ta salive mêlée au goût du miel et du vin m’a paru être le plus divin des nectars, que je n’ai jamais autant tremblé qu’en plongeant à l’aveugle dans l’océan de ta chair, et que rien ne me paraît plus haut que ce moment où nos deux corps ne sont plus qu’un comme au commencement du monde où il n’existait pas encore de séparation mais où tout vibrait d’un seul et même feu qui est le feu unifiant de l’amour. J’ai peine à trouver les bons mots pour décrire l’effet que ton âme produit sur mon âme mais je suis certain qu’avant notre chute dans la matière, nous devions être les anges préférés de Dieu. Ta lettre, j’en ai gravé chaque mot dans mon cœur. Tes mots, je veux pouvoir me les répéter sans cesse comme une litanie obsédante qui priverait l’ensemble des hommes de leur sommeil. Crois bien, ô Leylâ, que je te resterai toujours fidèle et que rien, pas même la mort, ne saurait me délivrer de ton souvenir et de ton immortelle présence. Reçois cette lettre comme un témoignage de mon vibrant amour.

Ton Adam »

Mais rien n’y faisait. Son cœur ne battait que pour le maintenir en vie, et il avait perdu la flamme qui l’animait auparavant. Des mois qu’il ne sortait presque plus de chez lui, sauf pour répondre à des obligations sociales. Mais aujourd’hui, il fut pris du désir de partir errer dans les rues de la capitale. C’est au cœur de la foule qu’il pourrait ainsi se dissoudre et s’anéantir. C’est au milieu de ce dédale moderne qu’il pourrait peut-être se pendre enfin avec le fil d’Ariane. De nouveau, la voix qui le guidait mystérieusement depuis le début de son épopée se fit entendre :

« Une vieille légende raconte qu’un jour, l’esprit de l’amour vint en ce monde sous la forme d’un feu. À ceux qui craignirent de brûler à son contact ou de contempler son éclat, l’amour dit ceci : “Si je me présente à vous aujourd’hui sous la forme d’un feu, c’est que ce monde, qui est le même pour tous et qu’aucun des dieux et des hommes n’a créé, ce monde a toujours été et il est un feu toujours vivant, s’allumant avec mesure et s’éteignant avec mesure. Moi-même, je suis un feu qui enveloppe tout être et toute chose. Et si je ne m’éteins jamais, c’est que la nuit me réserve ses étoiles quand le jour perpétue mon règne. Je suis la source primordiale et je suis l’ultime murmure du monde. Je suis cette soif que nul ne pourra jamais apaiser. Je suis sans forme, et pourtant je suis ce qui donne forme. Je suis sans force, et pourtant je traverse toute chose. Portez-moi comme un flambeau dans la nuit du monde et je rayonnerai à jamais.” Il est dit que par suite, tous voulurent porter ce flambeau, mais que seuls ceux qui ne craignirent pas de se transformer eux-mêmes en flambeau devinrent des hommes immortels. »

Qu’est-ce que cette voix cherchait encore à lui signifier ? Il y avait donc encore un feu qui brûlait et brillait quelque part entre lui et Leylâ ? Il eut encore plus de raisons de partir se perdre au cœur de la capitale.

Chapitre 2

Le manifeste d’Adam

« Nous ne résisterons pas par le feu des armes mais par celui du cœur et de l’esprit. Sève brûlante de la véritable justice. Notre force est force d’amour, nos armes résonnent du son de nos poèmes et notre courage consiste à vouloir libérer le monde de tout ce qui aujourd’hui le défigure. Notre courage consiste à croire que nous pouvons encore offrir un monde à ceux qui nous devancent comme nous l’avons hérité de ceux qui nous précèdent. Forces occultes du pouvoir et de l’argent, votre règne a trop duré ! Nous chantons le règne de l’amour, de la poésie et de l’esprit ! Nous chantons le règne d’une terre entièrement renouvelée et régénérée ! Terre transfigurée ! Nous nous passerons de preuves, nous nous passerons d’exemples, nous nous passerons de messes collectives, mais chaque fois qu’il nous sera possible de dire non, nous le dirons comme si notre refus obstiné était un acte sacré. Jamais nous n’abdiquerons et quand nous trouverons refuge au cœur des forêts, nous danserons d’amour autour d’un feu où brûleront vos idoles. Nous ne voulons pas simplement le monde, nous le sommes, et chacun de nos pas participe de la rotation de la Terre. Notre marche, au milieu des cataclysmes et sous le regard des dieux et des morts, est marche pour son salut ! Et qu’importe si le poison coule désormais dans toutes nos veines, nous en tirerons le vin nouveau qui consolera le cœur des hommes et des femmes de tout temps et de tous lieux ! »

Avant de replonger dans notre histoire, je t’offre, ô lecteur, de lire la suite du manifeste d’Adam que je t’ai déjà donné à lire dans notre premier livre. Tu y constateras que la verve de notre héros y est toujours aussi vive et qu’il se pose comme un poète chevalier qui ne renoncerait en rien à sa quête :

« Qu’on se figure un être, et avec cet être, comme un miracle condamné à ne jamais advenir, le feu secret qui se consume dans le réduit de son âme. Une âme qui, pour le poète, est aussi vaste qu’une nuit qui étend son empire. Une âme qui, pour le philosophe, n’est qu’un accident du langage, un mensonge fondateur, l’ultime écran de fumée d’un monde s’obstinant à se nier lui-même. Qu’on en revienne à cet être. Un être porteur d’autant de potentialités qu’il est de mondes habitables ou insondés, et qui se sait aveugle à lui-même. Au meilleur de lui-même, alchimiste fastidieux dont l’œuvre, nécessairement fragmentaire, dispute aux symboles qui lui rappellent sa condition divine, le pouvoir de révélation. Au pire, et c’est trop souvent au pire de lui-même auquel nous faisons face, un prêtre fanatique qui souhaite ardemment que l’univers entier (astres y compris) tombe en servitude ou en adoration. Cet être, appelons-le homme et gardons-nous de nommer tout ce qui le précède ou le devance. Je dis que cet homme gagnerait grand profit à se faire élégiaque. Élégiaque non pour se constituer lui-même en objet d’imploration, mais élégiaque pour faire acte de résurrection : tous ces mondes dont l’image et le souvenir se perdent, tous ces mondes dont il a la garde, et qui sont autant de testaments anonymes dont l’héritage échappe à toute mesure, ils doivent renaître dans un immense champ de restauration. Il lui faut pour cela accepter de n’être qu’un fantôme parmi les fantômes, une infime particule que le vent détache de la grande partition du monde, un démiurge aux allures de colosse qui participe d’un ouvrage infiniment plus vaste que lui-même. Ça n’est ni seul que l’on vient au monde, ça n’est ni seul que l’on en part. En revanche, c’est seul et désespérément seul que l’on pose des actes, fut-ce au nom d’une autorité ou d’une communauté transcendante. Par cette solitude essentielle s’affirme le lien à l’histoire et aux autres que l’histoire pareillement requiert. Chaque acte doit être un fruit mûrement pesé puis posé au seuil d’un temple invisible. Il n’y a qu’à se souvenir de l’aphorisme de maître Eckhart pour s’en convaincre : « Ce ne sont pas nos actes qui nous sanctifient, c’est nous qui sanctifions nos actes ». De là naissent des récits qui ne sont que récit de récits antérieurs. Je dis que la poésie est un acte intégral de déposition du sens : elle dépossède le réel de son caractère sibyllin, en sonde les arcanes et ouvre le temps à l’énigme qu’il est pour lui-même. Si les formes n’intéressent plus, c’est que la force qui les a engendrées s’est perdue dans la nuit du langage. Si il n’est de grande poésie que soucieuse de revivifier la tradition plutôt que de l’oblitérer, c’est que toute conquête ou toute trouvaille se mesure à l’aune des efforts qui ont été déployés pour se dégager des espaces ou des modèles déjà existants. Cet homme et cet artiste-philosophe nouveaux dont Nietzsche prédit la venue, nous devrons les attendre aussi longtemps que l’homme actuel s’obstinera à effacer ce qui est voué à ne jamais s’effacer, et à confondre aveuglément musique des vers et vacarme du verbe, tradition et conservatisme et révolution et dévastation. »