La sirène de Bangkok - Charlie Blaise - E-Book

La sirène de Bangkok E-Book

Charlie Blaise

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Beschreibung

Deux amies parisiennes, en quête d’évasion, s’envolent vers l’Asie pour deux semaines de pure insouciance. Jenna, devenue une redoutable combattante, s’élève au rang de femme d’exception, tandis que Cathy, plus hédoniste, rêve de farniente, de cocktails tropicaux… et d’interdits savamment transgressés. Mais dans un royaume où la loi ne tolère aucun écart, leur escapade tourne au cauchemar. La sirène de Bangkok retrace la plongée vertigineuse de deux femmes dans un univers où danger et tentation se confondent. Face aux pièges de la mafia et à une justice impitoyable, seule leur amitié pourra les sauver. Un récit à la frontière du thriller et du drame, où chaque instant de liberté se paie au prix fort.

À PROPOS DE L'AUTEUR

"La sirène de Bangkok" est le deuxième roman de Charlie Blaise, un auteur dont l’inspiration naît de ses rêves et cauchemars. À travers son récit, il privilégie avant tout une narration captivante, accessible à la fois aux passionnés de lecture et à ceux qui n’y trouvent pas leur habitude.

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Seitenzahl: 565

Veröffentlichungsjahr: 2025

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Charlie Blaise

La sirène de Bangkok

Roman

© Lys Bleu Éditions – Charlie Blaise

ISBN : 979-10-422-7561-7

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Partie 1

La cage

La grosse Mercedes noire AMG roule doucement en direction de la Plaine Saint-Denis. Le combat de ce soir est le plus important de la carrière de Jenna. Elle est assise à l’arrière avec son manager, qui est aussi son entraîneur. Ce soir, elle vise le titre de championne du monde toutes catégories. C’est-à-dire que si elle gagne, elle pourra prétendre être la femme la plus forte du monde en matière de combat. Cela ne s’est jamais vu dans l’histoire, mais Jenna a un parcours assez atypique. Ce soir, elle n’est pas vraiment élégante, elle a laissé ses petites robes de soie qu’elle affectionne particulièrement en blanc ou en rose, pour un jogging noir assez ample afin que l’on ne devine pas ses formes. Jenna est grande. Plus d’un mètre quatre-vingts, l’allure athlétique, dotée d’une belle poitrine 95D, une bouche sexy et pulpeuse, les pommettes à la Angelina Jolie, bref, davantage le style icône de Victoria Sylvette, que combattante de MMA. Boris, son entraîneur, lui rappelle sans cesse que l’important est de fatiguer son adversaire. Cet homme ne se laissera pas descendre par les coups. Seul l’étranglement peut le mettre à mort.

La voiture s’arrête devant un grand bâtiment dans une cité. Jenna ouvre la porte et descend. Déjà, un attroupement se forme devant l’entrée, des insultes fusent. « Viens sale putain, tu vas pas tenir dix secondes », « la salope, elle ferait mieux de faire des pipes au bois. » Jenna garde la tête baissée, totalement concentrée sur son combat. Elle n’entend qu’une chose : « fatigue-le ».

C’est un challenge hors norme. Il y a des télés oui, mais juste pour une diffusion sur des sites interdits. La Fédération MMA ne veut même pas entendre parler de ce genre de combats. Beaucoup trop dangereux pour l’image qu’ils veulent donner de leur sport. Il a fallu un an à Jenna pour arriver à combattre pour ce titre. Tout le monde sait qu’elle est redoutable, mais pas au point de battre celui que l’on surnomme « King Kong ». Il a la morphologie de Mike Tyson. À la base, il vient de la boxe anglaise, puis s’est reconverti dans la boxe thaïe, a pratiqué quatre ans de karaté et les coups, il sait les encaisser. Personne n’a réussi à le mettre KO. 138 combats, 138 victoires.

King est dans son vestiaire et il ne prend pas à la légère ce combat, car beaucoup de paris ont été faits sur sa victoire en un round. Il tient à respecter les engagements de ses partenaires. Il termine sa préparation, il s’est mis à genoux sur son tapis, orienté vers l’est, et prie une dernière fois, comme il en a l’habitude. Ce soir, il repartira avec son million de dollars et la ceinture en or qu’il rêve d’avoir.

Jenna est aussi très confiante, son éducation lui a appris à ne pas avoir peur. Tout combattant possède sa faiblesse, il suffit de la trouver. Pour elle, ce duel est simple, un round d’observation, un round de tentatives et de fatigue, et au troisième il est à terre et il la supplie d’arrêter son étranglement ; pourtant quand on voit Jenna on ne parierait pas un kopeck sur ce petit gabarit. Pour marcher sur un podium de chez Christian Dior, elle aurait beaucoup d’allure. Ses grandes jambes longues et fines porteraient à merveille des bas résille. Mais ce soir, ce n’est pas la même chanson. Il est 20 h 55, le coach de Jenna lui fait un dernier sourire, l’embrasse dans le cou, et lui dit à l’oreille, « tout à l’heure, je t’invite à dîner avec ta ceinture dorée ». La jeune femme lui sourit en retour et crache son chewing-gum dans la main de Boris. En peignoir noir, elle émerge de cette cave aménagée en vestiaire pour la championne. Elle se dirige, suivie de son coach, dans un petit couloir, et arrive dans la grande pièce tout en hauteur, éclairée par des néons, emplie de gens enragés qui ont tous mis un billet sur « King Kong ». La cage. Un espace de sept mètres de diamètre, tout engrillagé. Quand on y entre en marchant, on ressort souvent les pieds devant. Ce soir, l’un des deux n’en sortira pas vivant. Les combats, d’une extrême violence, se terminent malheureusement souvent très mal. Un animateur se tient là, au centre, comme dans les grands matchs de boxe et présente les deux candidats. « À ma droite, “King Kong”, l’homme aux 138 victoires, il arrive de Los Angeles ce soir pour battre “Barbie”. » Voilà le foutu nom auquel il a pensé pour Jenna. Elle aurait préféré un nom genre « l’Amazone », quelque chose d’un peu pittoresque, un peu combattant, mais comme le film Barbie était en vogue à l’époque et que c’était effectivement une jolie poupée, les organisateurs ont décidé de bâtir le combat « Barbie » contre « King Kong ». Le monde entier a misé sur « King Kong ». « Barbie » n’est qu’à 200 contre 1.

L’animateur se tourne ensuite vers Jenna : « à ma gauche, “Barbie”, qui prétend défier “King Kong”. » « King Kong » ne bouge pas, il regarde sa plastique avec admiration, mais reste de marbre. Sans se moquer, son regard évoque la pitié. Une fois les présentations terminées, l’homme de deux mètres s’approche de Jenna, se baisse et lui murmure à l’oreille : « Tu es sûre, ma belle ? Tu n’auras plus la même tête demain. » Elle se penche vers lui et lui fait un petit bisou sur le nez. La salle explose de rire. Le présentateur s’adresse à Jenna : « Vous avez raison, il vaut mieux essayer de l’amadouer. »

À ce moment-là, la cloche retentit.

Jenna se recule rapidement puis se met à sautiller, les deux poings en avant pour se protéger. « King », lui, très confiant, avance sans aucune garde.

Jenna en profite et lance un coup de pied retourné. Il le prend en pleine tempe, ce qui le déséquilibre, et lui redonne tout à coup l’envie de se battre ; son adversaire ne semble pas si mauvaise que ça. « King » se met en garde à son tour. Jenna sautille autour, elle analyse ses points faibles. « King » arrive à la bloquer dans un coin de la cage et lui envoie une droite dans l’arcade sourcilière. La foule en délire crie quand le sang commence à couler sur son visage. Elle reprend sa position de défense et continue le combat. « King » devient de plus en plus virulent, il sait qu’il ne lui reste que cinq minutes pour la mettre KO. Mais son adversaire est beaucoup trop rapide, il a beaucoup de mal à porter ses coups. Jenna, qui sent la fin du premier round arriver, se lance dans ses jambes et lui assène un coup à la rotule avec son tibia au moment où la cloche sonne. Jenna retourne dans son coin et son manager vient lui parler à l’oreille. « C’est bien ma belle, continue comme ça ! Il est déjà fatigué. » Boris essaie de lui éponger l’arcade, mais elle retire sa main en lui demandant de laisser le sang couler. « Il aura l’impression que je suis à bout. » La cloche retentit à nouveau. « King » est de plus en plus menaçant, il a perdu son premier pari, celui de la mettre KO au premier round. Jenna continue à virevolter autour de lui. Dans cette deuxième manche, elle va détruire sa jambe droite sur laquelle il s’appuie beaucoup. Lui essaie de porter des coups. Il vise souvent la poitrine. Mais Jenna s’est enveloppé les deux seins dans des bandelettes pour les protéger. En effet, elle a été opérée et porte des prothèses en silicone. Pour aller dans les salons de thé, une merveilleuse poitrine, mais pour se battre sur un ring ce n’est pas un avantage. Le commentateur explique à la foule que « Barbie » a la tête en sang et qu’on devrait arrêter le combat. Mais l’arbitre sent que la jeune femme possède tous ses moyens. « King » lui donne un coup de genou dans le ventre. Jenna absorbe bien le coup. Elle s’approche de lui et cible une deuxième fois son genou droit et retape dedans une seconde fois ce qui lui provoque une douleur atroce. « King » se met alors à boiter. Jenna sait que c’est fini pour lui. Elle sautille toujours. Le colosse a perdu de sa superbe et la foule a changé de cris. On entend « Barbie tue-le, Barbie tue-le ! » Alors elle continue son petit jeu, n’essaie même pas de taper dessus, car elle pense que c’est peine perdue ; avant le deuxième coup de cloche, elle lui assène encore un terrible coup dans le genou droit. Cette fois-ci, il tombe à terre en hurlant de douleur. La cloche sonne, Jenna regagne son tabouret en lui tournant le dos. Le coach s’approche : « C’est bien ma chérie, il est mort. » Jenna lui répond qu’il ne faut pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué. Les soigneurs s’affairent autour du genou de son adversaire, l’entourent de glace. Le masseur lui passe de la crème, mais rien n’y fera. Le combat reprend. « Barbie » se met en position en défendant bien son visage par ses poings ; puis fait mine de frapper la tête de son rival. Il se protège et elle remet un troisième coup dans le genou. Cette fois-ci, il tombe par terre. Jenna se jette sur son dos, l’entoure avec ses jambes, il ne peut plus bouger, il sent qu’il est perdu. Jenna lui fait une clé comme elle en a le secret et commence à serrer doucement le cou. Elle sait qu’elle peut le tuer ; elle reste ainsi sur lui, agrippée comme une araignée qui prend sa proie, et l’étouffe. En dix secondes, il perd connaissance. L’arbitre n’a pas eu le temps de sonner la cloche, « King Kong » est au sol, dans le coma. Cette fois, la cloche annonce la fin du combat et le présentateur prononce le nom de « Barbie », championne des champions on the world. Jenna se relève, son coach saute sur elle, la prend dans ses bras, mais elle s’inquiète pour son adversaire, pourquoi il ne bouge plus ? Elle vient près de lui, prend sa tête sur ses genoux et commence un doux massage à la tête, lui parle doucement pour essayer de le réveiller. « King » ouvre les yeux et retrouve une respiration normale, il aperçoit au-dessus de lui un visage d’ange. Une larme coule sur sa joue, Jenna l’aide à se relever et empoigne sa main pour saluer son public. Les gens crient : « Barbie ! Barbie ! Barbie ! » Alors elle salue la foule, attrape son peignoir, puis quitte la cage avec son manager, pour rejoindre sa loge.

Cathy est une femme joviale et quelque peu aventurière. La veille, elle a quitté l’agence où elle travaillait, furieuse. Elle s’est fait rembarrer par son patron. Ce dernier a reçu des plaintes de son client, sur le comportement soi-disant inadapté de la graphiste. Alors qu’elle corrigeait avec une grande attention les slides d’un communiqué de presse, le donneur d’ordre se permettait des allusions sur les petites fesses de Cathy. Celle-ci faisait la sourde oreille pour ne pas envenimer la situation, mais fut néanmoins obligée de le remettre en place quand il posa la main sur sa croupe. Monsieur Germain, vice-président, déclara Cathy incompétente auprès de l’agence qui versait les cachets à la jeune femme. Cathy a donc quitté l’établissement furieuse et n’a qu’une envie : faire plaisir à sa douce. Ce matin, elle s’est mise dans un drôle de pétrin. Pour ces vacances en Thaïlande, elle a eu l’idée de prendre un petit peu de résine de cannabis, pour faire plaisir à Jenna. Elle trouvait ça trop dangereux de se le procurer là-bas, dans un pays qu’on ne connaît pas, donc l’idée c’était d’en mettre dans un flacon en verre, au fond de sa valise et à la douane, ni vue ni connue. Alors Cathy a pris sa voiture et s’est dirigée vers le boulevard Rochechouart. Ce matin-là, elle est habillée de façon très sobre. Petite, elle est très fine, avec un joli visage, de longs cheveux bruns, les yeux bleus, bleus comme la mer de Thaïlande. Au coin de la rue, un dealer de type méditerranéen lui adresse un signe discret : Tu as besoin de quelque chose ? Comme il a une bonne tête et semble sympathique, elle lui répond qu’elle cherche du shit ; elle voudrait une barrette entière ; cinquante grammes. Ce dernier lui propose les cinquante grammes pour trois cents euros. Cathy accepte sans marchander. Elle sort ses billets et Kim, comme il se fait appeler, lui demande de rester là pendant qu’il va récupérer la marchandise. Cathy attend et fait le pied de grue devant l’immeuble. Deux minutes plus tard, le dealer revient et lui présente le paquet de résine de cannabis, emballé dans de l’aluminium ; Cathy le remercie. Il retient alors le sachet avec sa main. « Donne-moi les trois cents. » Elle se met à rire.

— Tu as Alzheimer ou quoi ?

Kim, qui n’a pas trop l’air de plaisanter, reprend le paquet et lui ordonne de dégager si elle n’a pas d’argent. Cathy, du haut de son mètre soixante, ne se dégonfle pas. Elle lui envoie un coup de genou dans les parties, lui arrache le cannabis, et comme les billets dépassent de la poche de son jean, alors qu’il est plié en deux sur le trottoir, elle récupère l’argent et se sauve en courant. Kim, toujours à terre, a tout juste le temps de la menacer.

— Toi je vais te retrouver, tu finiras dans le canal Saint-Martin !

Cathy n’est pas le genre de femme à se laisser impressionner par qui que ce soit. Elle rentre chez elle pour attendre son amie Jenna.

La caméra du coin de la rue a enregistré toute la scène. Une petite précaution que Gérardot a mise en place au cas où les choses tourneraient mal. Pour surveiller également les transactions et veiller au bon fonctionnement de son entreprise.

Jenna est dans la salle de bain et finit de prendre sa douche. Elle est assise sur le bord de la baignoire et passe une crème hydratante sur tous les coups qu’elle a pu recevoir lors de son combat. Elle entend la clé dans la serrure et la porte qui s’ouvre. Cathy pose son sac sur le meuble de l’entrée et crie :

— Tu es là ?

— Oui, dans la salle de bain !

Cathy ouvre la porte sans prévenir et découvre sa copine nue, couverte de bleus. Cathy s’approche et se met à pleurer. Jenna la console en lui caressant les cheveux, car elle est à genoux à ses pieds, la tête posée sur sa cuisse.

— Ne pleure pas, ce n’est rien et j’ai gagné !

Cathy n’en revient pas, elle ne veut pas savoir. Quand Jenna part se battre, elle craint toujours qu’elle ne rentre pas, alors elle fait l’autruche et va se distraire. Comme ce matin. Une manière de détourner l’attention de ce qui la touche vraiment. Cathy est très amoureuse de Jenna, elles se connaissent depuis deux ans maintenant. Depuis la pizza du dimanche soir.

C’était en juillet, vers la fin du mois, Cathy attendait sa pizza quand le téléphone a sonné. C’était Pierre, son petit copain qui lui annonçait :

— Je ne passe pas ce soir.

— Ah bon pourquoi ?

— Je pense qu’il faut qu’on fasse un break. Je pars jouer au Canada huit semaines, finalement j’ai accepté.

— Eh alors ! Quel rapport avec notre soirée, j’ai tout préparé !

— Ben, je ne peux pas.

— Eh bien, je vais me la manger toute seule et c’est pas la peine de me rappeler.

— Attends…

Cathy n’était pas du genre à se laisser faire. Elle était douce et gentille, mais avec un caractère assez dominateur, dans tous les sens du terme.

Une jolie blonde, qui faisait la queue aussi, avait écouté la conversation, et lui dit en rigolant :

— Ah ces mecs ! Ils sont tous pareils !

Cathy, surprise d’avoir été entendue, se sentit gênée et répondit la première chose qui lui passa par la tête.

— Le pauvre a du travail, il ne peut pas venir effectivement.

Elle se retourna et commença à payer la pizza avec sa carte bleue quand elle entendit une voix :

— Si tu veux je prends le vin et le dessert, et on va chez toi, comme ça moi aussi je ne serai pas toute seule.

— Ben si tu veux.

Cathy était déboussolée d’avoir accepté. La jeune femme avait l’air cool et puis la colère faisait qu’elle ne réfléchissait plus.

Jenna se présenta et lui serra la main.

— Eh bien, ravie de me faire une copine dans le quartier. Je suis là depuis peu, alors je n’ai pas grand monde avec qui parler.

Jenna était une grande belle blonde sportive, un chemisier laissait découvrir une poitrine rebondie toute bronzée. Une jupe droite au-dessus des genoux et des escarpins assortis complétaient sa tenue.

Cathy était plus baba cool, jean, baskets, tee-shirt, et pas maquillée. Elle se laissait vivre.

En marchant dans la rue, la conversation s’engagea.

— Je te préviens, je suis ceinture noire de judo donc si tu m’embrouilles dans la maison je te fais une prise et je te mets KO.

— Ne t’inquiète pas, je serai toute gentille.

Cathy commençait à regretter d’avoir fait venir une inconnue.

Dès son arrivée, Jenna s’assit dans un coin du salon et ne bougea plus. Alors Cathy lui dit de se mettre à l’aise.

— Je n’ose pas, j’ai peur que tu me prennes pour une folle qui tape l’incruste.

— Tu peux, maintenant j’ai confiance en toi.

Jenna découvrit l’appartement. Dans la chambre, Cathy avait tout aménagé pour sa soirée avec Pierre ; mais l’histoire avait tourné court.

Il y avait des draps roses en satin, des bougies parfumées, une musique douce, très relaxante. Jenna aperçut également un tas de petits jouets pour le sexe et des lubrifiants.

Elle revint vers la cuisine pour aider à préparer le dîner.

— Tu es une bonne organisatrice.

— Ne te moque pas de moi.

— Non, je trouve que c’était une belle attention que tu avais pour ton petit copain.

— Eh bien, je vais aller tout ranger.

— Non, laisse, c’est beau et ça sent bon.

Jenna prit le vin et demanda où elles allaient dîner.

— J’avais prévu sur la table du salon, répondit Cathy.

Les deux copines se mirent à table. La bouteille de rosé était presque vide à la fin de l’apéro, il fallut en ouvrir une deuxième.

Les deux filles s’appréciaient beaucoup, elles partageaient beaucoup de choses en commun et semblaient avoir des points de vue complémentaires.

Jenna était officiellement coach sportif. Elle ne voulait pas parler de ses activités de MMA. Ce n’est pas très gracieux pour une femme et encore mal connu du grand public. Quand elle proposa à Cathy de faire quelques petits exercices à la fin du repas pour les aider à digérer, Cathy trouva cela amusant. Jenna aimait beaucoup le côté farfelu de Cathy. Celle-ci finit par raconter sa vie, emplie d’activités en tout genre, yoga, musique, relaxation, marche, nature, poterie, peinture. Elle ne s’ennuyait pas. Elle avait aussi un penchant pour les substances illicites. Après avoir terminé le tiramisu, Jenna suggéra d’aller plutôt dans la chambre aménagée en relaxation. La musique était adéquate, l’encens se diffusait dans la pièce et toutes les deux étaient un petit peu pompettes. Jenna commença l’exercice de relaxation.

— Allonge-toi sur le ventre et pense à une étendue dans la nature à perte de vue. Laisse ton corps en apesanteur. Tu dois ressentir tous tes muscles.

La musique envahissait son esprit et Jenna débuta par un petit massage sur les épaules. Cathy éprouvait un bonheur extraordinaire et tira sur son tee-shirt à bretelles pour l’enlever. Naturellement, Jenna dégrafa le soutien-gorge pour que le massage soit encore plus efficace. Cathy se laissait emporter par ces mains chaudes qui dégageaient des ondes positives. Son bassin commençait à onduler tandis que Jenna continuait ses mouvements, de plus en plus amples pour rejoindre le bas de son dos. Cathy se retourna, ferma les yeux. La pièce était dans le noir et Jenna lui caressa le cou pour descendre jusqu’à sa poitrine. Les petits seins de Cathy durcirent, elle gémissait doucement. Sa peau était si soyeuse que Jenna éprouvait beaucoup de désir, mais elle devait absolument se contenir. Elle ne pouvait pas se dévoiler à la première inconnue. Cathy l’encourageait à continuer. « Encore, j’adore ça ! » Alors ses mains descendirent lentement vers l’entrecuisse de la jeune femme.

— Continue à me relaxer comme ça, je suis tellement bien avec toi que je n’ai même pas besoin de joint.

Jenna prolongea son massage sur les parties génitales, jusqu’à ce que Cathy ait un orgasme comme jamais elle n’en avait ressenti. Alors seulement, Jenna enleva ses mains.

— Maintenant, c’est à moi de te relaxer, déclara Cathy.

Elle prit les commandes. Elle parlait sur un ton beaucoup plus ferme. Mais Jenna se laissait faire, elle appréciait beaucoup cette personne. Elle la sentait franche et transparente, aucun doute ni aucun sentiment ne pouvait être caché. En confiance, elle se livra entièrement. Cathy lui ordonna d’enlever les boutons de son chemisier et en quelques secondes il fut dégrafé. Puis Cathy entama son massage, un peu plus brutal, mais très efficace. Les deux gros seins de Jenna étaient retenus grâce au soutien-gorge. Très vite, Cathy fit sauter ce dernier pour dévoiler deux obus pointant vers le ciel. Puis elle descendit sa main vers les parties intimes de Jenna.

— Je ne peux pas, je suis indisposée ce soir.

— Eh alors tu crois que ça me gêne ? Je vais juste toucher ton clitoris. Je vais te faire la même chose que ce que tu m’as fait.

Jenna essaya de retenir la main de la jeune femme à plusieurs reprises, mais Cathy insista. Elle lui écarta les jambes puis la caressa entre les cuisses pour découvrir un énorme sexe tout dur qui n’attendait qu’une chose, être décoincé de là où il était caché. Cathy n’eut aucun recul ni aucun doute et attrapa l’énorme pénis qu’elle suça tout naturellement. Sans aucun commentaire. En quelques minutes, Jenna explosa dans la bouche de Cathy qui s’allongea sur le lit à côté de Jenna, sans rien dire. Jenna, comme d’habitude, n’était pas très à l’aise. Toujours ce fameux doute de ce qui allait se passer ensuite. Cathy l’embrassa et lui proposa de retourner au salon pour se faire une troisième bouteille de rosé.

Depuis cette soirée, elles ne s’étaient plus jamais quittées.

Cathy se rendit dans la chambre pour cacher la surprise dans sa valise. Elle glissa le shit dans un flacon de parfum vide. Il devait être indétectable par le chien.

— Alors tu es prête ? Tu as fait ta valise ?

— Oui bien sûr, je t’attendais.

— Préparons-nous, l’avion décolle à 17 h.

— J’avais envie d’un petit câlin…

Cathy avait toujours besoin de sexe et de tendresse.

— Je te promets que demain à notre hôtel tu auras plein de câlins. Pour l’instant, on se prépare. J’ai horreur de courir et de me faire du mauvais sang à l’aéroport.

Les vacances allaient enfin commencer.

Cathy et Jenna planifiaient ce voyage depuis longtemps. Il fallait juste attendre que ce fameux combat ait lieu. Elle avait gagné cinq cent mille euros. Somme qui était tombée sur son compte, nette d’impôt. Elles allaient pouvoir en profiter. Cathy, quant à elle, graphiste free-lance, vivote de ses maigres piges. Jenna partage tout ce qu’elle gagne avec Cathy, l’amour de sa vie. Ce qu’elles ne savent pas encore, c’est qu’à la fin des vacances, leur situation financière va changer du tout au tout.

Le voyage

Le trajet pour rejoindre l’aéroport avait été laborieux. Le Uber avait annulé, puis le taxi avait changé de route, car il y avait des travaux, bref, on avait mis presque deux heures pour arriver. Mais nous étions prévoyantes et il nous restait deux heures d’attente avant d’embarquer. Nous cherchions le comptoir Air France pour nous enregistrer quand tout à coup, nous croisâmes les douanes avec des chiens, et la police. C’était assez effrayant tout ce déploiement de force. Tout ça pour une jeune fille en provenance de Bangkok et sur laquelle, à la fouille de son bagage, les chiens avaient trouvé des choses illicites. Cette pauvre fille allait finir dans une prison française pour avoir ramené de la cocaïne. Quelle idiote m’étais-je dit. En Thaïlande, on ne joue pas avec la drogue, c’est totalement interdit et puni de peine de mort. Les Thaïlandais travaillent en étroite collaboration avec la police française donc quand il y a des doutes, les infos circulent vite et la France bloque les entrées de drogue sur le territoire.

Pas de chance, il y a un problème informatique et une queue interminable à l’enregistrement des bagages. Cathy et moi prenons notre mal en patience, nous nous asseyons sur nos valises et faisons comme tout le monde. Nous attendons que ces messieurs de l’informatique veuillent bien arriver. Je sens Cathy un petit peu anxieuse. Je lui demande si tout va bien.

— Ça va ? Tu as peur en avion ?

— Non, c’est juste que…

— Qu’y a-t-il ? Dis-moi !

— Rien, je fais une bêtise…

Quelques mètres devant nous, le chien des douanes est en train de renifler chaque bagage. Pour ma part, je ne suis pas du tout inquiète, je n’ai rien à me reprocher. C’est alors que Cathy me glisse à l’oreille :

— J’ai un peu de shit dans ma valise.

— Mais tu es folle, retires ça tout de suite !

— Je ne peux pas, c’est au fond, bien caché dans une bouteille.

— Suis-moi.

Je décide d’abandonner notre place dans la file pour partir aux toilettes avec Cathy, qui me suit avec sa grosse valise. Arrivées dans les toilettes, elle l’ouvre, fouille partout et sort une bouteille de parfum enveloppée dans du papier d’aluminium. À l’intérieur, la résine noire. Je lui prends la bouteille et la jette à la poubelle. Cathy me regarde comme une pauvre fille à qui on vient de donner la fessée.

— Je l’ai acheté pour toi, je sais que tu aimes bien le soir pour te relaxer, me dit-elle, chagrinée.

— C’est gentil, mais ne prenons pas de risque. J’ai envie de passer de bonnes vacances sans avoir affaire à la police.

Cathy prend sa petite tête de fillette résignée et referme sa valise. Nous repartons dans la queue, qui est encore plus longue.

Nous avons encore attendu presque une heure, et bien sûr la douane a vérifié nos bagages, le gentil berger belge nous a reniflé et n’a fait aucune objection. Bien que le douanier ait regardé Cathy comme s’il savait. L’instinct du douanier est redoutable. Il a dit à Cathy « c’est mieux comme ça ! » Cathy est devenue toute rouge, moi j’ai juste répondu « merci, monsieur ». Ouf, je me voyais déjà comme dans Midnight Express. Mais je ne pouvais lui en vouloir, elle est tellement adorable, d’avoir toujours une pensée pour moi.

Nous avons déposé nos bagages, l’hôtesse nous a gentiment remis nos billets et nous avons patienté dans la salle d’embarquement Air France, car nous voyageons en première classe. Cathy était prête à prendre la classe économique, car elle est assez rock’n’roll dans ses voyages. Moi j’avais vraiment besoin de me reposer et je préférais dépenser un peu plus et être à l’aise. La catégorie classe affaire a été appelée et donc nous avons embarqué dans l’A380. C’était la première fois que Cathy se déplaçait dans un espace aussi grand. Nous avons chacune trouvé notre siège et nous nous sommes installées. À peine étions-nous assises que l’hôtesse venait nous proposer une coupe de champagne. Bien sûr, nous avons accepté, c’était notre premier voyage ensemble. Au moment où nous trinquions, un homme est passé et nous a saluées puis a pris place deux rangées derrière nous. C’était un beau garçon que nous avions remarqué toutes les deux. Ensuite, le commandant de bord nous a demandé de boucler nos ceintures, car le décollage était imminent. Après une demi-heure de vol, nous avons pu nous détacher, enlever nos chaussures et commencer à regarder des films dans la bibliothèque proposée par Air France. Soudain, j’ai eu envie d’aller aux toilettes, je me suis levée et j’ai attendu que le petit voyant passe au vert. Ensuite, je suis allée faire pipi, et quand je suis sortie, le bellâtre m’attendait. Direct, il m’offrit d’aller boire un verre au bar. Je le remerciai et lui expliquai que je ne voulais pas laisser ma copine toute seule.

— Qu’à cela ne tienne, allons-y tous les trois !

Pendant qu’il montait vers le bar, j’allais chercher Cathy en lui disant qu’elle devait se dégourdir un peu les jambes et qu’une coupe de champagne offerte par un bel homme ne pourrait pas lui faire du mal. Celle-ci, toujours partante, me répliqua :

— J’en rêvais.

Au comptoir, deux sièges hauts nous attendaient. Tout de suite, nous avons fait les présentations. Il s’appelait Marc et il était scaphandrier. Il travaillait surtout pour les pétroliers, spécialisé dans les réparations en profondeur. Cathy se présenta comme graphiste bossant pour différentes chaînes de télé, ce qui était un brin exagéré. Moi j’étais bien sûr coach sportive et nutritionniste. J’aimais bien l’aspect un petit peu scientifique de l’histoire. Nous étions toutes les deux intéressées par son métier qui n’avait rien de commun. Et Marc, très modestement, nous expliqua qu’il était recordman du monde d’apnée en piscine. On l’appelait dans le milieu, l’homme dauphin. Il pouvait rester sans respirer plus de seize minutes. Nous le regardâmes comme un OVNI. Il nous raconta qu’il avait rendez-vous sur un bateau à Bangkok pour partir au large et faire une soudure à deux mille cinq cents mètres de profondeur. Nous étions épatées par ce métier si dangereux. Après avoir parlé de choses et d’autres, j’ai proposé de regagner nos sièges pour nous reposer un petit peu. Marc s’en alla un peu déçu qu’on ne poursuive pas nos échanges. Les lumières ont commencé à s’éteindre et l’ensemble des passagers s’est endormi.

Vers 1 h ou 2 h du matin, alors que l’avion était plongé dans le noir et que tout le monde se reposait, Cathy se réveilla. Je l’entendis qui passait par-dessus moi, puis pieds nus, à moitié endormie, elle se dirigea vers les toilettes de notre classe. Comme celles-ci étaient occupées, elle décida de franchir le rideau et d’aller aux toilettes de la classe économique. Le voyant étant au vert, elle poussa la porte et tomba nez à nez avec un homme qui vraisemblablement était en train de se faire une ligne de cocaïne. Cathy referma en s’excusant. L’homme sortit, furieux, la prit par le bras, et lui dit sur un ton d’excité ! « viens-là meuf, t’es bonne, viens sucer ma b*** ». Instantanément, Cathy lui flanqua une gifle d’une force inimaginable. Ce fut plus fort qu’elle. Le gars fut tellement surpris qu’il n’osa rien dire. Alors Cathy quitta les toilettes et retourna vers la première classe. Le type la suivit, lui tapa sur l’épaule. Il lui coinça la gorge, et très doucement pour que personne n’entende, lui glissa à l’oreille : « les petites p**** comme toi, dans mon pays on les dresse et si elles filent pas droit, on les tue. » Puis il la relâcha et continua : « casse-toi, si je te retrouve sur mon chemin je te colle une balle. » Tout ça en silence, dans un avion assoupi paisiblement. Cathy retourna à sa place, oubliant son envie d’aller aux toilettes et enjamba à nouveau Jenna qui dormait à poings fermés. Seule, dans le noir, elle se mit à pleurer et à trembler de peur. Au bout d’une bonne demi-heure, Cathy ferma enfin les yeux et réussit à somnoler. Au petit matin, alors que l’avion commençait à descendre sur Bangkok, Jenna ouvrit un œil, et regarda Cathy qui dormait comme un petit chat. Elle a d’ailleurs un visage de petit chat avec son petit nez à la retroussette. L’hôtesse vint apporter quelques viennoiseries puis proposa café, thé ou chocolat. Jenna passa sa commande, ce qui eut pour effet de réveiller Cathy, à qui l’hôtesse présenta la même chose. Jenna engagea la conversation, et demanda à sa compagne si la nuit avait été bonne. Cathy se mit à trembler.

— Pas trop.

— Pourquoi ? La nuit a été tranquille pourtant, s’inquiéta la jeune femme.

— Pas pour moi. J’ai eu très peur.

Jenna lui prit la main et la caressa doucement.

— Que s’est-il passé ?

— Rien, juste un mec qui m’a menacée.

Alors Cathy raconta ce qui s’était passé en pleine nuit et ce qui lui avait fait si peur.

— Et en plus, reprit Cathy, tu te rends compte, c’est un Français. Si on le rencontre dans la rue, je vais avoir des ennuis.

Jenna lui sourit, la caressa à nouveau, et lui dit de ne pas s’inquiéter.

— Je vais arranger ça.

Elle se leva aussitôt, remit ses chaussures de sport. Cathy l’implorait de ne pas y aller.

— Laisse tomber, il a dû oublier tout ce qui s’est passé, je ne veux pas d’histoire.

Jenna se rassit. Elle rassura de nouveau Cathy.

— Il ne va pas gâcher nos vacances, ce n’est rien qu’une petite frappe, ne t’en soucie pas je vais lui dire deux mots, si tu le vois à notre sortie.

Cathy n’était pas rassurée du tout.

Le commandant de bord demanda à chacun de reprendre sa place et d’attacher sa ceinture, dans vingt minutes l’avion atterrirait à l’aéroport de Bangkok. L’appareil se posa avec une douceur extraordinaire. Le pilote inversa la poussée des réacteurs pour le freiner. Une partie des passagers applaudit, puis l’Airbus se dirigea vers la porte 38A là où nous allions descendre.

Le ciel est bleu, la température avoisine les vingt-sept degrés, des conditions idéales pour commencer nos vacances. Les portes s’ouvrent et la première classe descend en premier. Nous entrons dans cet aéroport climatisé, et on se dirige vers la zone de douane pour présenter nos passeports. Il y a au moins cinq queues qui se forment. Et comme par hasard, l’homme qui a agressé Cathy dans la nuit se trouve, avec trois de ses copains, dans la file d’à côté. Tous les trois rigolent en faisant des plaisanteries grossières. Ils se moquent de certaines personnes. Celui qui s’en est pris à Cathy la regarde et avec sa main fait mine de tirer dessus comme avec un pistolet avec un sourire étrange. J’ai vu son geste, je fais comme si de rien n’était, ce qui d’ailleurs le contente, mais après le passage de la douane je compte bien lui en toucher deux mots. Cathy et moi nous présentons au poste de douane. On nous pose les rituelles questions puis l’agent prend son tampon, et frappe une page au hasard de notre passeport. On regarde les panneaux qui annoncent sur quel tapis roulant nos valises vont arriver. Les trois hommes, embrouilleurs, nous suivent dans l’aéroport. J’ai remarqué que le fameux voyou se dirige vers les sanitaires ; ce qui est une aubaine. Je dis à Cathy : « reste là, je vais aux toilettes. » Je suis le grand couloir qui mène sur une porte pour les garçons, une porte pour les filles, et bien sûr je le suis dans les toilettes des garçons ; il y a peu de monde. L’individu, qui porte un blouson vert, marche vers l’urinoir. J’attends qu’il commence à uriner pour lui attraper l’oreille et lui sors mon laïus. Il ne peut pas se défendre, car son engin est toujours en train de couler.

— Espèce de petit connard, si tu regardes encore une fois ma copine, je te prends ce qui te sert de b***, te la coupe et te la mets dans le gosier. Puisque tu lui as parlé de ton pays, ça doit te rappeler des choses.

Ensuite, je le lâche, fais demi-tour. Ce dernier, l’engin sorti, vient derrière moi, pour me déclarer des choses vraiment inacceptables. Comme quoi, je suis une sale gouine, juste bonne à bouffer de la chatte, et que ma copine ferait mieux de sucer des bites.

— Vous savez, ce n’est pas très correct de s’adresser à une dame de cette façon !

Mon coup de tête est tellement violent, que son nez explose, le sang coule immédiatement et il tombe au sol. Je tourne les talons, sors des toilettes des hommes et retourne dans celles pour femmes, pour satisfaire un besoin naturel. Ensuite, je retrouve Cathy, et nous quittons l’aéroport pour chercher un taxi. Cathy m’interroge sur ce qui s’est passé.

— Rien, il est très gentil, je lui ai dit que cette nuit il t’avait fait peur, et que la prochaine fois il serait plus sympa de ne plus te déranger quand tu dors à moitié, car tu ne comprends pas bien la plaisanterie dans ces moments-là. 

— Ah bon !

— Il était très sympa, il avait dû boire un peu trop hier soir.

Et l’incident est clos. Cathy a retrouvé son petit sourire, et ça me fait tellement plaisir de la voir comme ça !

L’hôtel

Après avoir pris un taxi, nous arrivons enfin au Marriott de Phuket. La voiture s’arrête devant l’hôtel et déjà trois personnes viennent à notre rencontre : deux pour ouvrir nos portières et une qui se charge de nos bagages. Cathy est tout de suite très impressionnée par ce luxe. Nous nous dirigeons vers le desk du concierge qui, en échange de nos passeports, nous remet un bracelet, lequel nous permettra de circuler dans le complexe hôtelier, mais aussi la carte de notre chambre. Il nous indique comment nous y rendre et précise que nos affaires nous y attendent. Je le remercie en lui laissant un bon pourboire et nous nous dirigeons vers le bungalow. Celui-ci est un peu à l’écart, face à la plage. Nous devons traverser un petit hall rempli de bougies qui flottent dans une mini piscine turquoise. Le bagagiste vient justement d’arriver et la porte est déjà ouverte. Cathy se jette sur le lit tellement il lui paraît immense : deux mètres vingt de large, face à un écran de quatre-vingts pouces. Sur le côté gauche, un bureau en bois exotique avec deux chaises façon Louis XV, et une large verrière qui donne sur notre piscine. Nous disposons aussi d’une plage privée avec un grand lit à baldaquin et moustiquaire. C’est le paradis sur terre. Je remercie le bagagiste avec un billet de dix dollars. Celui-ci nous salue en faisant la révérence. Je commence à ouvrir ma valise, Cathy est déjà nue et me propose de prendre une douche. Je sais ce que cela signifie, mais je suis tellement épuisée de ce voyage que je ne rêve que d’une chose, un bon verre de vin, puis une sieste sur la plage. Cathy en a décidé autrement, et comme elle sait si bien y faire, je me retrouve dans la douche avec elle. Puis dans le lit, sur la plage, dans le lit à baldaquin, ensuite dans la mer, ensuite encore dans la douche ; elle est infatigable. Je m’efforce d’être la plus discrète possible, mais avec elle, impossible. Quand elle a envie de crier, ce n’est pas le monde qui la dérange. Moi c’est l’inverse. Et je n’ai aucune envie qu’on voie l’état dans lequel elle me met. Après une bonne sieste de plus de deux heures, nous décidons d’aller dîner dans un restaurant thaïlandais. Il s’agit d’un des meilleurs restaurants de l’île et bien sûr, les gens y vont chics et décontractés. Comme il y a deux salles de bain dans la suite, chacune s’affaire à être la plus belle possible. Cathy a enfilé sa petite jupe turquoise avec un tee-shirt portant l’inscription « crazy », et moi, j’ai revêtu une jupe blanche avec un petit haut assorti, un chignon et des boucles d’oreilles en strass. Je suis juchée sur mes hauts talons. Cathy me fait toujours des compliments qui me font rougir. Elle, à sa façon, est beaucoup plus belle que moi par son naturel et sa beauté intérieure. Arrivées dans le hall du restaurant, une jeune thaïlandaise vient s’enquérir de notre réservation. Je lui avoue ne pas avoir réservé, ce qui n’est pas un problème, tout de suite elle nous trouve une table. Les grandes fenêtres, ouvertes, donnent sur le parc, qui lui, offre une vue sur la mer. Le soir, il est éclairé uniquement par des bougies, du jazz résonne en sourdine pour laisser à chacun le plaisir de parler.

C’est à ce moment-là que Cathy aperçoit, deux tables plus loin, une connaissance qui va être le début de notre descente aux enfers. Alors que je suis en train d’exposer notre programme du lendemain : bateau, visites, massage, Cathy ne m’écoute plus et regarde une femme qui lui tourne le dos. Elle m’interrompt :

— Essaie de te retourner discrètement.

— Pourquoi ?

— Parce que la fille qui est deux tables plus loin, celle avec un petit dauphin tatoué dans le dos, je la connais.

Je me retourne le plus discrètement possible, mais comme la fille en question est de dos, elle ne risque pas de me repérer.

— Ah bon et c’est qui ?

— C’est une amie que j’ai rencontrée à Paris quand je faisais mes études. Un jour, on l’a perdue de vue, plus personne n’a eu de nouvelles ; et des bruits ont couru qu’elle était en prison.

— Eh ben, tu as de belles fréquentations !

— Tu sais les bruits de couloir il faut pas trop les écouter.

— Oui, mais il n’y a pas de fumée sans feu.

— Et qui vole un œuf vole un bœuf, dit-elle en se moquant et en faisant une grimace amusée.

Cathy glissa alors sa main sous la table pour se faufiler sous la jupe de Jenna.

— Arrête ça tout de suite.

Le fait que Jenna soit excitée la mettait dans des situations embarrassantes. À ce moment-là, Cathy se leva et lui proposa de venir fumer une cigarette. Comme ça, elle en profiterait pour voir le visage de la jeune femme au dauphin. Alors Cathy passa devant la table, remarqua l’homme âgé avec lequel la jeune femme dînait, et sans se retourner, sortit fumer. Jenna resta assise et attendit que les choses redeviennent normales. Quelques minutes plus tard, Cathy revint, l’air de rien. La fille au dauphin lui attrapa la main et l’interpella.

— Cathy, tu ne te souviens pas de moi ?

Cathy fit mine de chercher, mais elle se rappelait très bien Anna, qu’elles avaient surnommée Anal, dans le groupe d’amis. Car la petite était très portée sur la chose.

— Oh Anna ! Mais que fais-tu ici ? Bonsoir monsieur, ajouta-t-elle en se tournant vers l’homme qui l’accompagnait.

— Eh bien, je suis en vacances.

— Ah c’est cool, ça fait longtemps qu’on s’est perdues de vue.

— Oui, presque dix ans, et toi tu es avec quelqu’un ?

— Oui, je suis venue avec une copine.

— Je vais vous laisser dîner, je propose qu’on aille boire un verre après ?

— Oui bonne idée, on se retrouve au bar de l’hôtel.

L’homme n’avait pas décroché un mot, comme s’il ne parlait pas notre langue. Cathy retourna à sa table. Jenna l’avait un peu mauvaise d’être restée toute seule.

— Oui, c’est bien elle.

— Et alors qu’est-ce que vous vous êtes raconté ?

— Rien, on va aller prendre un verre après, je vais te la présenter.

— Non merci, j’ai pas envie de voir cette pétasse.

— Ne fais pas la gueule, on boit un verre avec elle, je suis curieuse de savoir pourquoi elle a disparu.

— Tu veux un dessert ? demanda Jenna pour changer de sujet.

Cathy recommença à passer sa main sur le genou de Jenna, qui lui fit à nouveau les gros yeux et lui ordonna d’arrêter, mais sur un ton qui voulait dire, continue de m’exciter, j’aime ça. Le jeu fut interrompu quand la serveuse apporta les profiteroles avec une cuillère. Cathy insistait avec ses petits jeux et ses allusions sexuelles avec ses deux boules de glace vanille et la banane devant Jenna qui resta aussi sérieuse qu’elle le put. Anna passa près de leur table et salua Jenna.

— Enchantée. On se retrouve tous les quatre au bar ? C’est ma tournée de champagne.

Jenna n’était pas très enthousiaste à l’idée de partager une coupe avec ces deux inconnus, mais Cathy, toujours aventurière, la persuada que c’était une bonne copine et qu’elles allaient bien rigoler. En arrivant dans le bar, l’homme, qui avait bien soixante-dix ans, regarda Jenna en la dévorant des yeux. Anna n’y prêtait pas attention, car elle avait engagé la discussion avec Cathy pour évoquer les vieux souvenirs du Quartier latin. Pendant ce temps-là, l’individu amorça la conversation avec Jenna, qui l’écoutait par politesse. Il s’appelait Bobby et travaillait dans l’import-export. Il voyageait beaucoup, était divorcé, possédait deux Rolls, un yacht de soixante mètres, une maison à Miami, un appartement avenue Foch… en trois minutes, Jenna aurait pu lui faire son contrôle fiscal. Puis il posa sa main sur le genou de cette dernière, qui, tout de suite, le remit en place.

Imperturbable, il continua d’exposer sa fortune aux oreilles de la jeune femme. Cathy était en train de s’abreuver de la vie dissolue et compliquée d’Anna, quand elle lui posa la question fatidique :

— Et pourquoi tu as disparu ?

Elle se sentit obligée de répondre, mais commença une longue tirade.

— Eh bien, j’ai été impliquée dans une mauvaise affaire. Je travaillais au bar La toupie, quand Gérard m’a proposé d’aller chercher un paquet à Biarritz. Il me donnait deux mille euros juste pour faire mon aller-retour en train. Moi je ne posais pas de questions et je faisais le boulot. Mais un jour, l’histoire a mal tourné. Je me suis fait braquer dans le train et Gérard m’a demandé de rembourser pour cent cinquante mille euros de cocaïne. Je me doutais un peu de ce que c’était, mais je n’avais jamais ouvert les paquets pour vérifier. Quand je lui ai dit que je ne pouvais pas payer ; c’est là qu’il m’a dit : « eh ben on va te mettre au travail ». Je me suis retrouvée dans une chambre de bonne, il m’envoyait dix clients par jour. Un jour, j’ai pété un plomb, j’en ai eu marre, un client très violent m’avait attachée sur une chaise, et m’a sodomisée pendant une heure. Quand il m’a détachée, il bandait encore, j’ai cru qu’il allait continuer. J’ai attrapé le couteau que j’avais pour me défendre, je lui ai sectionné la verge. Voilà. La suite est simple, commissariat, tribunal, maison d’arrêt, et pour finir, hôpital psychiatrique. Je ne vois pourtant pas ce qu’il y a de mal à couper la bite d’un violeur !

Cathy était blême. Elle n’en revenait pas que ce petit bout de femme aussi gentille ait pu en arriver là. Le ton n’était plus à la rigolade. Cathy se retourna, Jenna n’était plus là. Elle demanda à Bobby, qui répondit :

— Elle est partie aux toilettes, mais elle doit se branler, car ça fait au moins quinze minutes.

Cathy le regarda d’un sale œil, mais elle ne voulait pas encore faire d’histoire, donc s’écrasa.

Jenna revint enfin des toilettes et suggéra à l’assemblée de rentrer se coucher, car elle était fatiguée.

— Non les filles, je vous propose mieux, on va dans ma chambre, on se met un peu de musique, on prend quelques stimulants, et tout le monde à poil dans la piscine ! avança Bobby.

Anna fut un peu gênée par l’initiative, et les deux autres filles lui répondirent très poliment :

— Merci Bobby, mais une autre fois.

Et au moment où elles partaient, Bobby appela un homme qui était au bar.

— Viens.

Gilles, très bel homme, courtois, distingué, s’approcha et s’exclama à l’attention de Bobby :

— Toi, tu es toujours en bonne compagnie. Bonjour mesdames, continua-t-il en se tournant vers les jeunes femmes.

— Désolées cher monsieur, nous allions nous coucher ! s’écria Jenna, suivant son idée.

— Eh bien, c’est fort dommage, je vous souhaite une excellente nuit.

Cathy proposa de rester quelques minutes, ce à quoi Jenna répondit, « reste si tu veux, je vais me coucher. » Elle fit un petit signe d’adieu à tout le monde et rejoignit sa chambre.

Finalement, Cathy se rassit et Gilles prit place à côté d’elle ; Cathy fut fascinée par le métier de Gilles qu’il contait à merveille :

— Je suis photographe sous-marin, j’ai comme client le National Geographic, et je travaille beaucoup pour la famille du prince de Monaco. Je leur fais toutes les photos pour leur musée.

— Oui, mais il ne fait pas que ça, ajouta Bobby en riant, il filme également du porno pour Dorcel.

Gilles soupira, très gêné.

— Bien sûr que non, je ne sais pas faire ce genre de photos.

— Il ne fait que de la moule et de la morue, continua Bobby.

Gilles était consterné, car son ami avait visiblement trop bu et n’arrivait plus à se tenir devant les dames.

Bobby se leva et annonça :

— Alors s’il n’y a pas de partouze ce soir je vais me coucher.

Anna le prit par le bras et salua les deux dernières personnes qui restaient, puis partit avec Bobby. Gilles proposa à Cathy d’aller marcher sur la plage. C’était son premier clair de lune à Phuket. Il était un très bel homme, très distingué. Il se montrait très galant. Ils avaient tous les deux enlevé leurs chaussures et marchaient dans l’eau, encore tiède. Cathy s’enfonçait de plus en plus dans la mer et eut la bonne idée de demander à Gilles s’il se laisserait tenter par un bain de minuit.

— Je n’ai pas de maillot, répondit ce dernier.

Tout en se déshabillant, Cathy répliqua que pour un bain de minuit le maillot de bain était interdit. Complètement nue, elle plongea dans l’eau. Gilles ne voulait pas avoir l’air d’un trouillard, alors il se dévêtit lui aussi et se baigna. Cathy fit des petites allusions en rapport avec son métier, « tu as déjà photographié une chatte sous-marine ? » Ce à quoi Gilles ne sut trop quoi répondre. La jeune femme était un peu pompette et il n’envisageait pas d’abuser de la situation. Cathy s’approcha de lui et le prit par les épaules. Elle l’enveloppa de ses jambes et de son corps nu. Il se laissa faire. L’eau était de plus en plus chaude et cette première nuit à Phuket promettait des vacances extraordinaires. Puis en vrai gentleman, Gilles ramassa les affaires restées sur le sable, prit Cathy dans ses bras et la ramena jusqu’à son bungalow. Il la déposa devant, toujours nue, elle avait ses affaires à la main, il lui ouvrit la porte avec sa carte et l’embrassa sur le nez en lui souhaitant une bonne nuit. « À demain. » Cathy entra dans la chambre en silence, car sa copine dormait profondément. Elle ne passa même pas par la case salle de bain, se coucha à côté d’elle, puis s’endormit en dix secondes.

Après-midi bateau

Le soleil pénétrait à l’intérieur de la chambre par les lamelles en bois. Cathy ouvrit à un œil. Jenna était déjà levée. Le grand lit était vide. Alors elle fila sous la douche. Au moment où l’eau se mit à couler, elle entendit la porte s’ouvrir. Jenna était tout en sueur, mais toute belle dans son jogging noir. Elle venait de courir, comme chaque matin, une dizaine de kilomètres. La jeune femme se déshabilla, et rejoint Cathy, qui bien sûr l’attendait. Jenna se glissa sous l’eau tiède et se laissa caresser par sa compagne. Pendant que les mains de Cathy se promenaient partout sur son corps, elle engagea la conversation.

— Tu m’excuses pour hier j’étais crevée, et ce gros lourdingue qui n’arrêtait pas de me tripoter…

— Ce n’est pas grave, moi j’étais pas fatiguée et Gilles est plutôt sympathique.

— Ah bon, vous avez fait quoi après ?

— Eh bien, je lui ai proposé un bain de minuit, tout simplement.

— Ah carrément !

— Bah, il n’est pas mal tu trouves pas ?

— Oui, c’est vrai, il est beau garçon et en plus bien élevé.

— Oui, je l’aurais bien ramené dans la chambre, mais finalement c’est lui qui m’a déposée, j’étais trop bourrée.

— J’aurais bien aimé me réveiller avec vous deux à côté de moi, avoua Jenna.

— Oh la coquine ! T’inquiète, on le fera durant ces vacances.

Jenna prit la bouche de Cathy et l’embrassa longuement sous l’eau qui envahissait leurs corps. Après quelques plaisirs sexuels sous la douche, Cathy proposa d’aller déjeuner.

— Mouiller me donne faim ! s’exclama-t-elle en souriant.

Elles retournèrent chacune dans une salle de bain et s’habillèrent pour la circonstance. Elles quittèrent la chambre sans oublier la carte et traversèrent le grand hall menant au lobby, lequel donnait sur la salle du petit déjeuner. Il était déjà plus de 10 h, il n’y avait plus grand monde. Après avoir donné leur numéro de chambre, une jeune femme les installa tout près d’une table où, comme par hasard, Gilles et son copain Bobby, l’homme d’affaires, étaient en train de discuter. Gilles et Bobby leur firent un signe de la main, auquel toutes les deux répondirent de la même manière. À peine leur petit déjeuner terminé, Bobby se leva et vint s’excuser de son comportement de la veille.

— Quand je suis bourré, je suis un sale con. Pour me faire pardonner, je vous invite à passer la journée sur mon bateau.

Cathy s’exclama de joie tandis que Jenna restait plus mitigée. Elle gardait encore le souvenir des mains de Bobby, qui sans arrêt se baladaient autour de sa salle de jeux.

Mais comme Cathy avait répondu dans un grand sourire, « avec plaisir », c’était chose faite, elles avaient rendez-vous à 12 h 30 sur le quai 5 de la marina.

— C’est cool, on n’a pas besoin de louer.

— Oui, mais tu vas voir, on va devoir courir sur le bateau.

— Non, Gilles est très bien élevé et je peux t’assurer qu’hier soir, il n’a absolument pas abusé de moi alors qu’il aurait pu !

— Ce n’est pas Gilles qui m’inquiète c’est Bobby, s’il se met à picoler ça ne va pas bien se terminer.

— Allez profite, on est en vacances !

Le taxi s’arrêta et invita ces dames à descendre. Jenna laissa un pourboire conséquent à ce chauffeur si gentil et agréable. Cathy cherchait le chemin du quai numéro 5, et aperçut le numéro 9, elle en déduisit que c’était la bonne direction. Jenna, elle, suivait en traînant les pieds. Elle n’était pas pressée d’arriver au bateau. Au quai 4, elles observèrent de loin une scène étrange sur un joli yacht qui correspondait à la description de celui de Bobby. Des douaniers fouillaient le bateau, il y avait même des plongeurs autour. Jenna pensa tout de suite que ce n’était pas le moment d’aller là-bas. Alors elle prit son téléphone et appela Bobby qui avait laissé son numéro.

— Bobby bonjour, re-bonjour, je suis désolée, Cathy a un peu mal au ventre, nous allons rester à l’hôtel.

Bobby, visiblement soulagé, répondit :

— Oh la pauvre, qu’elle se soigne bien, à demain !

Jenna fit demi-tour, suivie de Cathy qui ne comprenait pas toute la situation.

— Cathy, on va trouver un autre bateau à louer, je pense qu’il ne faut pas aller sur celui-ci.

— Oui, OK.

Quand Jenna prenait les choses en main ; pour des problèmes qui semblaient importants, Cathy lui laissait entièrement la direction des opérations.

— Oui, c’est très bizarre ce qui se passe là-bas.

Elles marchaient toutes les deux vers le quai 9 quand elles aperçurent un beau voilier avec un panneau « à louer ». Il y avait un numéro de téléphone inscrit, alors Jenna composa le numéro.

— Bonjour monsieur, nous sommes face à votre bateau.

— Oui ?

— Est-il possible de le réserver pour la journée ?

— Bien sûr, madame, il est là pour ça.

— Est-ce qu’on pourrait partir immédiatement ?

— Si vous me laissez le temps d’arriver, dans quinze minutes.

— C’est parfait. Pouvons-nous monter à bord ?

— Oui bien sûr, installez-vous je vous rejoins.

C’était un beau voilier de soixante pieds, soit presque vingt mètres. Il était très moderne, avec plein d’appareillages électroniques et des winchs électriques. Les deux jeunes femmes s’installèrent sur la banquette et attendirent leur marin.

Quelques minutes plus tard, Charlie, c’est comme ça qu’il se présenta, arriva avec un grand sac empli de fruits, de chocolat, de friandises, de sodas ainsi que quelques bouteilles d’alcool. De taille moyenne, les cheveux châtains avec des reflets blonds dus au soleil, il portait un diamant à l’oreille gauche. Ses Ray-Ban leur faisaient penser un peu à Tom Cruise. Donc, pas pour leur déplaire.

— Bonjour mesdames ! J’ai déjà ramené les provisions, car je suis sûr qu’on va faire affaire.

— C’est très gentil. C’est combien la journée ?

— Si je vous parle de huit cents euros, est-ce que ça peut vous convenir ? Coca compris ! dit-il avec un grand sourire.

Cathy écoutait sagement les négociations.

— Je pensais sept cents euros, ce sont les tarifs que j’ai vus à l’hôtel, vous êtes un peu cher mon ami, tenta Jenna.

— Allez, je propose sept cent cinquante euros.

— Marché conclu.

Jenna tapa dans la main de Charlie, et celui-ci partit directement à la manœuvre. Il mit le bateau en route, laissa le moteur chauffer, détacha les amarres avant, releva la pendille, et enclencha la marche avant lente. Le voilier sortit tout doucement de sa panne et se dirigea vers la sortie du port. Mais étant obligées de passer devant le bateau de Bobby, les deux filles se cachèrent, se baissèrent en ricanant. Charlie ne comprenait pas ce qui se passait.

— T’inquiète, on t’expliquera, plaisanta Jenna.

— Et c’est parti, dit-il, avez-vous une préférence ? Vous êtes plutôt plage, navigation, visite, plongée, paddle, surf ?

Jenna proposa la plongée. Cathy n’était pas très rassurée, elle n’en avait jamais fait et se sachant un peu claustrophobe, elle commença à faire grise mine. Jenna le tranquillisa.

— On va juste nager à côté du bateau, je serai avec toi, s’il y a quoi que ce soit on arrête et on remonte.

Cathy, se sentant apaisée grâce à son professeur, embrassa Jenna sur la joue. Charlie comprit qu’il avait à faire à un couple. Ce n’était donc pas la peine qu’il use de ses charmes avec ces deux-là. Donc il ferait son job, capitaine de la journée, et exécuterait les désirs de ces dames. Au bout d’une heure de navigation au moteur, car il n’y avait pas assez de vent, Charlie décida de jeter l’ancre face à une petite île.

— Ici, il y a de la raie.

Des raies, c’est si rare d’en voir.

Charlie annonça toutefois que ce n’était pas gagné d’avance.