La spatule de l'espoir - Amisi Lieke - E-Book

La spatule de l'espoir E-Book

Amisi Lieke

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Beschreibung

Vendredi treize, dans une île du pacifique. Jennifer et sa famille se préparent au traditionnel dîner familial qui a lieu tous les deuxièmes vendredis du mois depuis plus de quatorze ans. En quelques heures, des événements inattendus et inquiétants surviennent : la fille aînée Léa sent des picotements au niveau du bas-ventre; l'un de ses deux garçons évitent de justesse de heurter sa tête contre une maquette architecturale; une chouette atterrit brusquement sur leur fenêtre et les menace du regard... Pour Jennifer, ce sont des signes annonciateurs d'un mauvais présage. Et si c'était vrai ?

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Seitenzahl: 141

Veröffentlichungsjahr: 2017

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Ähnliche


Notre plus grande gloire n'est pas de ne jamais tomber, mais de nous relever à chaque chute.

Confucius

Table des matières

Le vendredi treize

Le désenchantement

Maga Sud

Mama Bertha

L’espoir

L’enregistrement

La Zoulou

Le yokogeri

Le vendredi treize

Il est presque trois heures de l'après-midi. Je suis allongée dans un transat en plein milieu de mon jardin, en compagnie de ma fille aînée. Quelques heures nous séparent de notre dîner familial traditionnel, qui se tient tous les deuxièmes vendredis du mois. L’ambiance est différente de celle qui précède habituellement ces rencontres que nous vivons depuis plus de quatorze ans. Elle est très tendue.

- Maman, je te le dis et le répète, je serai assistante sociale.

- Léa, tu ne peux pas exercer un tel métier, il n’est pas approprié pour une personne de notre milieu.

- Ah oui ? Et c’est quoi notre milieu ? Il faut bien que quelqu’un vienne en aide à ces gens qui souffrent.

- Oui, mais pas toi.

- Qui alors ?

- Quelqu’un qui leur ressemble. Après tout, c’est leur destin. Ils n’ont qu’à s’organiser. D’ailleurs, s’ils souffrent, c’est parce qu’ils le veulent ; ils ne font aucun effort.

- Parce que tu crois que c’est simple pour eux ? Que ferais-tu si tu te trouvais dans une situation semblable et que l’on te disait la même chose ?

- Tu sais Léa, du haut de tes quatorze ans, tu crois tout savoir. Le travail, ce n’est pas ça qui manque. Il pullule là dehors, partout. Si tu cherches bien, tu ne peux pas ne pas en trouver.

- C’est ça !

Un moment de silence pesant s’installe. Tout d’un coup, Léa se tortille en se penchant en avant.

- Aie ! Aie ! Gémit-elle en tenant son ventre.

- Ça va Léa ? Est-ce que ça va ? Tu as mal ?

- Ça va, Maman. J’ai juste senti deux…, non, trois picotements rapides à ce niveau, sur la gauche.

- Tu les ressens encore ?

- Non ! Plus rien, répond-elle en tâtant l’endroit. C’est bizarre ! C’est la première fois que ça me le fait. J’ai bien senti trois pics distincts.

- J’espère que ce n’est rien de grave.

- C’est peut-être tout simplement parce que mon corps n’arrive pas à encaisser ce que tu viens de me dire. D’ailleurs, Maman, je ne comprends toujours pas ta réaction. Comment peux-tu imaginer des choses pareilles sur les pauvres ? Tu ne devrais pas dire ça.

- Ma fille, tu es encore très jeune pour comprendre.

Sur ces propos, Léa s’énerve et s’en va.

Je continue imperturbablement ma séance de bronzage. Lorsque le soleil disparaît derrière les collines de l’île de Maga, je quitte le jardin et m’installe dans le séjour, sur le grand canapé d’angle. J’allume la télévision. Mon feuilleton préféré vient juste de commencer. Comme d’habitude, je crie et je fais des commentaires sur les acteurs dont le jeu et les décisions m’exaspèrent. De temps en temps, je regarde mes deux garçons, Hugo et Ben, qui jouent en s’amusant sur la grande table ovale qui domine le côté gauche du séjour. Un air agréable traverse la pièce.

Soudain, un gros oiseau gris et blanc atterrit sur le bord de la fenêtre grande ouverte. En une fraction de seconde et d’un regard menaçant, il balaye la grande pièce. Puis, il fixe l’aîné des garçons.

- Maman ! Maman ! Crie-t-il en fuyant à toute allure.

Ben le suit en courant, aussi rapidement qu’il le peut.

Je bondis du canapé, enjambe deux guéridons et rattrape les garçons que je serre fortement dans mes bras. Le rapace s’envole et disparaît dans la pénombre en criant.

- Une chouette dans ma maison !

- Maman, ce n’est pas une chouette. Elle n’a pas fait « hou ! hou ! hou ! », rétorque Ben.

- Si, c’était une chouette. Quand elle crie comme ça, ce n’est vraiment pas un bon signe.

- Pourquoi est-ce que ce n’est pas un bon signe ?

- C’est un animal de mauvais augure. Ce cri de faucon annonce un malheur. Il y a quelque temps, votre grand-mère m’avait raconté l’histoire d’un habitant de cette île : une chouette s’était posée sur le bord de sa fenêtre en poussant un cri perçant. Peu de temps après, un grand malheur s’était abattu sur sa famille.

- J’ai peur, Maman.

- Moi aussi, j’ai peur.

Tout en serrant les garçons dans mes bras, je cherche Léa du regard.

- Où est votre grande sœur ? Où est Léa ?

- Je ne sais pas, répond Hugo.

- Et toi, Ben ? Sais-tu où est ta sœur ?

- Non Maman. Je ne sais pas.

- Comment ça personne ne sait ? Elle était là il y a moins de trente minutes. Elle ne peut tout de même pas se volatiliser comme ça !

Finalement, Ben se souvient.

- Ah si ! Elle m’a dit qu’elle allait chez son amie récupérer son roman.

- Laquelle ?

- Celle qui habite dans la maison juste en face.

- Ah ! Dieu merci ! J’ai cru que quelque chose lui était arrivé. Hugo, Ben, allez vous installer dans le canapé, j’arrive.

Je verrouille les deux fenêtres de la pièce et celles de toutes les chambres. Lorsque je reviens dans le séjour, je n’ai qu’une envie, m’assurer que Léa est bien là où Ben m’a indiqué. Je prends mon téléphone et compose son numéro.

- Ma chérie, c’est Maman. Je souhaite juste m’assurer que tu es bien chez ton amie.

- Ne t'inquiète pas Maman, je suis bien chez Judith. Papa est déjà là ?

- Pas encore ma chérie.

- C’est bizarre ! C’est la première fois qu’il oublie qu’on doit aller au resto.

- Il a peut-être eu beaucoup de travail. Je l’appellerai vers sept heures s’il n’est pas arrivé d’ici là. Est-ce que tu peux rentrer maintenant et rester avec tes frères ?

- Oui Maman. J’arrive.

- Non ! Non ! Attends ! Je viens te chercher. Il ne faut pas que tu sois seule.

- Pas de panique Maman ! Mon amie et sa sœur vont m’accompagner. Elles veulent en profiter pour emprunter un autre roman.

- OK, soyez prudentes en traversant la route.

- Tu t’inquiètes trop, Maman.

- Tu verras ma fille, tu en feras autant plus tard.

- C’est bon ! À tout à l’heure.

- OK, Léa, à tout de suite.

J’éteins le téléviseur et m’installe auprès des garçons en les enlaçant pour les réconforter de ma chaleur maternelle. Nous restons tous silencieux. Je me demande intérieurement pour quelles raisons mon mari n’est pas encore arrivé ; surtout à cette heure-là. Très vite, mon esprit dérive sur le moment magique de notre rencontre.

C’était un deuxième vendredi du mois, en fin d'après-midi. J’allais passer le week-end chez ma grand-mère. J’avais emprunté les chemins du quartier pour éviter l'affluence des grands axes de Maga Nord. Au détour d'un virage, juste devant un petit restaurant appelé « La rencontre », la roue avant de mon scooter creva. Je m’agenouillai et essayai de desserrer un boulon récalcitrant lorsqu’une voiture se gara dans le parc de stationnement du restaurant. Quelques instants plus tard, un homme sortit de la voiture et vint à mon aide. En un tournemain, le scooter fut prêt à pétarader. Pour remercier mon chevalier servant, je lui proposai un verre. Nous prîmes place autour d’une table en terrasse. Très rapidement, le séduisant architecte et moi échangeâmes des regards complices. Je n'avais que dix-sept ans et étais au lycée, alors que lui en avait vingt-neuf.

Malgré cette différence d'âge, notre idylle continuait et environ un an plus tard, nous nous mariâmes. En guise de cadeau, nos nouveaux amis communs nous offrirent un dîner dans un restaurant. Le hasard voulut que ce soit au restaurant « La rencontre ». Cela fut très amusant, d’autant plus qu'ils ignorèrent comment nous nous fumes connus. Coïncidence des coïncidences, ce fut encore un deuxième vendredi du mois. Devant cette réalité, nous décidâmes de consacrer le restaurant « La rencontre » en y dînant en amoureux tous les deuxièmes vendredis du mois. Lorsque les enfants sont arrivés, nous avons perpétué cet événement qui est devenu familial.

Ben, qui était resté calme jusque-là, commence à s’impatienter et le fait vite savoir.

- Maman, est-ce qu’on va aller à « La rencontre » ce soir ?

Je sursaute et me rends compte que je rêvais.

- Papa, il va arriver quand ? Enchaîne Ben. Ça fait longtemps qu’on l’attend maintenant. Tu crois qu’il a oublié ?

Je lance un coup d’œil sur la grande pendule murale. Il sera sept heures dans trois minutes. La porte s’ouvre et Léa entre, accompagnée de son amie et de sa petite sœur. Sous le charme de la plus jeune invitée, Hugo se fait tout petit et son regard devient fuyant.

- Papa est rentré ?

- Non Léa. Je ne sais pas pourquoi votre père n’est pas encore là. Je vais l’appeler pour m’assurer qu’il n’y a pas de problèmes.

Tandis que Léa va dans sa chambre, je compose le numéro de Marc. Au bout de quatre sonneries, j’entends : « Bonjour, ici Marc, Marc Balu. Je ne suis pas disponible pour le moment, mais vous pouvez me laisser un message et votre numéro de téléphone et je vous rappellerai dès que possible. Merci. »

Je raccroche et mon inquiétude augmente. Léa revient avec un roman qu’elle tend à son amie.

- Léa, s’il te plaît, raccompagne ton amie et sa sœur. Quant à vous les garçons, allez-vous changer. Vu l’heure, je ne pense pas que l’on ira encore au restaurant ce soir.

Les garçons se lèvent et se dirigent vers le couloir lorsque Ben, comme à son habitude, décide de faire le comique.

- Une chouette, crie-t-il.

Hugo sursaute et glisse sur les pièces d'un jeu de construction que son petit frère a laissé traîner. Sa chute le conduit vers l’angle pointu de la maquette architecturale de l'île de Maga, un cadeau offert à son père lorsqu'il fut major de promotion. On y voit bien Maga Sud et Maga Nord, séparés par le long fleuve qui traverse l’île d’est en ouest.

Voyant le danger, je pousse un grand cri et cours aussitôt vers Hugo. Dans sa chute, il attrape, du bout des doigts, un coin de la nappe. Celle-ci entraîne dans son sillage le vase posé sur la table, qui tombe et se brise en mille morceaux. Hugo parvient néanmoins à atterrir sur ses deux pieds.

Je ne peux que lire une grande fierté dans son regard. Il parait extrêmement content de son geste et ne semble même pas conscient du danger qu'il vient d’éviter. Sa seule préoccupation est le geste acrobatique parfait qu'il vient de réussir avec brio devant celle qu'il aime et à qui il n'a pourtant encore rien dévoilé. Mais par-dessus tout, cet exploit le conforte dans son désir de devenir comme sa vedette adorée, Bruce Lee.

Cette passion remonte à plusieurs années. Devant le culte que Hugo voue à l'acteur sino-américain, Marc et moi l'avons inscrit au karaté. Depuis, il ne rate plus aucune occasion de démontrer sa maîtrise de cet art martial. Dès qu’il le peut, il retrousse les manches de ses chemisettes, bombe son minuscule torse et exhibe ses muscles en criant : « c’est moi le plus fort ».

C’est ainsi qu’il réussit toujours à intimider ses amis qui n’osent jamais le contrarier. Par contre, dès qu’il est devant sa petite voisine, il perd tous ses moyens et devient subitement très calme, comme s’il voulait devenir invisible.

Fort heureusement, Hugo ne s’est pas blessé, mais cela n’apaise pas ma grande inquiétude. Je reste préoccupée par la succession d'événements qui viennent de se dérouler : les trois picotements dans l’abdomen de Léa, la chouette sur le bord de la fenêtre, mon mari introuvable et Hugo qui est passé tout près de la catastrophe. Tout cela me trouble.

- Ben, combien de fois dois-je te le dire ? Tu ne dois pas faire ce genre de mauvaise plaisanterie à ton frère. Tu te rends compte de ce qui aurait pu lui arriver ? Il a failli tomber et se faire très mal.

- Bruce Lee ne tombe jamais, répond Hugo, qui n’a rien perdu de sa fierté.

- Ce n’est pas le moment de rigoler. Allez vous changer, et cette fois, je ne veux plus voir de bêtises. Faites bien attention aux tessons ! Surtout toi, Hugo. Parce qu’avec ton histoire de karaté, ça finit toujours en n'importe quoi.

- Oui, Maman.

Les deux garçons empruntent calmement le couloir tandis que Léa ouvre la porte à ses invitées.

- Au revoir Madame Balu, au revoir Léa.

- Au revoir et bonne soirée les filles.

Léa referme la porte et vient auprès de moi. Je la prends dans mes bras.

- Que se passe-t-il, Maman ?

- Je ne sais pas ma fille. Il y a des choses mystérieuses qui se passent en ce moment et cela m’inquiète.

Je lui raconte alors tout ce qui s’est passé lorsqu’elle était chez son amie.

- Maman, j’espère que tu ne m’en veux pas pour tout à l’heure.

Je me dis qu’elle culpabilise en repensant à notre échange du début d’après-midi.

- Mais non ma fille ! Je ne t’en veux pas. Je suis seulement troublée par ce qui arrive. Je ne comprends pas pourquoi ton père ne répond pas au téléphone. Pourquoi n'appelle-t-il pas ? Y a-t-il un problème ?

Je sens mes yeux de plus en plus humides.

- Je ne peux pas rester là à attendre, je dois aller le chercher.

- Le chercher ? Mais où, Maman ?

- Je vais aller à son travail.

- Il n’est que sept heures passées. Je pense qu’il faut attendre encore un peu avant d’y aller. Il a peut-être été retenu par son chef ou il discute avec des amis. Il n’y a sûrement aucune raison de s’inquiéter.

- Justement, je souhaiterais en avoir le cœur net. Car s’il y a un jour dans l’année où il n’est jamais rentré tard, c’est bien le jour du dîner familial.

Nous restons debout encore un petit moment, dans le calme, toujours dans les bras l’une de l’autre.

- Léa, accompagne-moi à la cuisine, nous allons préparer quelque chose à manger pour ce soir.

- Oui, Maman.

Je nettoie rapidement le sol recouvert de débris de verre et rejoins Léa qui a commencé à préparer la pâte pour le gâteau.

- Léa, ne tiens pas la spatule par le bout, sinon la pâte ne sera pas bien pétrie.

- Au moins, si je rate, on pourra dire que c’est la faute à la spatule, répond Léa un peu irritée.

- Personne ne dira ça.

- Je rigole, Maman. Est-ce que c’est comme ça qu’il faut la tenir ? Demande Léa en serrant l’ustensile au milieu du manche.

- C’est exactement ça, ma fille. Le gâteau sera meilleur et tes frères vont adorer.

Quelques minutes plus tard, le repas est prêt. Nous nous installons à table et dînons en silence en attendant Marc. Ben, encore une fois, ne peut s’empêcher de faire le pantin.

- Le repas n’est pas mauvais, mais j’aurais préféré de loin manger à « La rencontre » ce soir ! Leur cuistot est bien meilleur.

- Tu arrêtes Ben, s’il te plaît. Ce n’est vraiment pas le moment !

À la fin du repas, je débarrasse la table et invite Léa à rester avec moi. Quant à Hugo et Ben, je leur demande d’aller se coucher.

Les minutes passent et toujours aucun signe de Marc. Léa et moi continuons d’attendre. Nous sommes assises face à face, les coudes sur la table. Nos têtes s’alourdissent au fur et à mesure que le temps défile. Nos yeux sont certes fermés, mais nous ne perdons rien des tic-tac de la pendule murale dont le bruit saccadé brise le long silence qui s’est installé dans la pièce.

Lorsque le carillon retentit, il est neuf heures du soir. Léa et moi ouvrons les yeux. Nos regards se croisent, inquiets. Nous jetons un regard synchronisé sur la grande pendule.

- Je vais aller chercher ton père.

- Je viens avec toi, Maman.

- Non, il faut que tu restes avec tes frères.

Je regagne ma chambre et Léa la sienne. En entrant, j’entends des claquements légers venant de la chambre mitoyenne. Ben, doit probablement être en train de se retourner sur lui-même afin de trouver la meilleure position qui lui garantira un doux sommeil. Il a finalement admis que le traditionnel dîner n'allait pas avoir lieu ce soir, persuadé que son père l’a tout simplement oublié. Je m’installe quelques instants sur le lit. Mille et une questions continuent à me traverser l’esprit. Je n'arrête pas de m'interroger sur ce qui a pu arriver à Marc.

Je me lève, mets rapidement un t-shirt puis enfile un jeans et une paire de baskets. J’attrape aussi un pull que je porte sur mes épaules, tout en prenant soin d'enrouler les manches autour de mon cou. J’avance vers la porte d’entrée. Au moment où je m’apprête à l’ouvrir, la sonnerie de la maison retentit. Je sursaute et m'arrête net.

J’attends Marc, certes, mais pour quelle raison sonnerait-il à la porte ? Aurait-il perdu ses clés ou les aurait-il oubliées à son bureau ? Est-ce une autre personne ? Que viendrait faire une personne chez moi à cette heure-ci ? Il est quand même neuf heures du soir !

Je décide finalement de répondre.

- Qui est là ?

Ma voix fine ne va pas loin et je n’entends aucune réponse.

- Qui est là ? Lancé-je à nouveau, en tenant la poignée de la porte et en tendant l'oreille pour écouter ce qui se passe à l'extérieur.

Je reconnais le bruit du raclement de gorge d’un homme.

- Nous sommes de la police. Pouvez-vous nous ouvrir s'il vous plaît ?