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Gracie Jones sort à peine de l’enfance lorsque la Terre est envahie mais, à l’âge de 17 ans, elle inverse le cours de la guerre contre les Alluthans. Pour y parvenir, elle doit tout laisser derrière elle et renoncer à tous ceux qui font partie de sa vie. Elle se réveille sur une lune sous-développée dans une galaxie lointaine où personne ne viendra la chercher.
Kordon Jefe, le commandant de la Confédération des Planètes, est absolument stupéfait lorsqu’il découvre Gracie Jones, la Mère de la Liberté, inchangée depuis sa disparition il y a des centaines d’années ! Cette légende intemporelle entourée de mystère se bat et se comporte comme personne d’autre que Kordon a rencontré auparavant, et il ne peut s’empêcher d’être attiré par elle comme un papillon de nuit est attiré par la lumière.
Depuis qu’elle a appris que sa vie d’avant… a totalement disparu, Kordon semble être le seul qui puisse empêcher Gracie de basculer dans le désespoir, jusqu’au moment où elle découvre qu’on a à nouveau besoin d’elle lorsque son ennemi d’autrefois resurgit, plus puissant que jamais. Cette fois, ce n’est pas seulement la Terre qui est menacée, mais la Confédération tout entière ! Gracie est peut-être bien l’arme secrète dont ils ont besoin pour gagner, mais cette bataille sera sans aucun doute difficile, et elle a déjà tant perdu…
Auteur de renommée internationale, S.E. Smith propose une nouvelle histoire d’action pleine de romance et d’aventure. Débordant de l’humour qui la caractérise, de paysages éclatants, et de personnages attachants, il est certain que ce livre deviendra un nouveau favori des fans !
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Seitenzahl: 411
Veröffentlichungsjahr: 2020
Je voudrais remercier mon mari Steve de croire en moi et d'être assez fier de moi pour me donner le courage de suivre mes rêves. J'aimerais également remercier tout particulièrement ma sœur et meilleure amie, Linda, qui non seulement m'a encouragée à écrire mais a également lu le manuscrit. Et également mes autres amis qui croient en moi : Jennifer, Jasmin, Maria, Rebecca, Gaelle, Angelique, Charlotte, Rocío, Aileen, Julie, Jackie, Lisa, Sally, Elizabeth (Beth), Laurelle, et Narelle. Les filles qui m'aident à continuer !
Et un merci tout particulier à Paul Heitsch, David Brenin, Samantha Cook, Suzanne Elise Freeman, Laura Sophie, Vincent Fallow, Amandine Vincent, et PJ Ochlan, les voix fantastiques derrière mes livres audios !
—S.E. Smith
La Touche Gracie
Les Guerriers de Zion, Tome 1
Copyright © 2020 par Susan E. Smith
Première publication e-book en anglais : juillet 2012
Publication E-Book en français : août 2020
Couverture par : Melody Simmons et Montana Publishing
TOUS DROITS RÉSERVÉS :
Cette œuvre littéraire ne peut être reproduite ou transmise sous quelque forme ou par quelque moyen que ce soit, y compris la reproduction électronique ou photographique, en tout ou en partie, sans l'autorisation écrite expresse de l'auteur.
Tous les personnages et événements de ce livre sont fictifs ou ont été utilisés de façon fictive, et ne doivent pas être interprétés comme étant réels. Toute ressemblance avec des personnes vivantes ou décédées, des événements réels ou des organisations est strictement fortuite et n'est pas voulue par l'auteur.
ISBN : 9781952021398 (livre de poche)
ISBN : 9781952021381 (eBook)
Résumé : Gracie fait un choix qu’elle croit être le dernier et réussit à renverser la situation lors de la guerre entre les Humains et les Alluthans. Mais au lieu de mourir, elle se retrouve coincée à des millions d’années-lumière de la Terre et transportée des centaines d’années plus tard.
Romance (amour, contenu sexuel explicite) | Science-Fiction (Extraterrestres, Espace) | Thriller | Action / Aventure | Paranormal (Voyage dans le temps) | Coup de foudre | Fantasy | Multiculturel | Humour | Angoisse | Tentative de suicide
Publié par Montana Publishing, LLC
& SE Smith de Florida Inc. www.sesmithfl.com
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18
Chapitre 19
Chapitre 20
Chapitre 21
Chapitre 22
Chapitre 23
Chapitre 24
Chapitre 25
Épilogue
Notes
À propos de l’auteur
Gracie Jones sort à peine de l’enfance lorsque la Terre est envahie mais, à l’âge de dix-sept ans, elle inverse le cours de la guerre contre les Alluthans. Pour y parvenir, elle doit tout laisser derrière elle et renoncer à tous ceux qui font partie de sa vie. Elle se réveille sur une lune sous-développée dans une galaxie lointaine où personne ne viendra la chercher.
Kordon Jefe, le commandant de la Confédération des Planètes, est absolument stupéfait lorsqu’il découvre Gracie Jones, la Mère de la Liberté, inchangée depuis sa disparition il y a des centaines d’années ! Cette légende intemporelle entourée de mystère se bat et se comporte comme personne d’autre que Kordon a rencontré auparavant, et il ne peut s’empêcher d’être attiré par elle comme un papillon de nuit est attiré par la lumière.
Depuis qu’elle a appris que sa vie d’avant… a totalement disparu, Kordon semble être le seul qui puisse empêcher Gracie de basculer dans le désespoir, jusqu’au moment où elle découvre qu’on a à nouveau besoin d’elle lorsque son ennemi d’autrefois resurgit, plus puissant que jamais. Cette fois, ce n’est pas seulement la Terre qui est menacée, mais la Confédération tout entière ! Gracie est peut-être bien l’arme secrète dont ils ont besoin pour gagner, mais cette bataille sera sans aucun doute difficile, et elle a déjà tant perdu…
Auteur de renommée internationale, S.E. Smith nous présente une nouvelle histoire pleine d'action, d’amour et d’aventure. Débordant de l’humour qui la caractérise, de paysages éclatants et de personnages attachants, il est certain que ce livre deviendra un nouveau favori des fans !
— Bonjour et bonsoir à tous les citoyens du monde. C’est Gracie qui vous parle pour vous envoyer à tous de l’amour et de l’espoir. Les Cinq de la Liberté, avec l’aide d’autres groupes du monde entier, font reculer les Alluthans. Des forces partout dans le monde ont libéré des centaines de captifs durant ces dernières semaines. Plus de deux cent guerriers alluthans ont été détruits au cours de la semaine dernière. Notre lutte pour la liberté est en train de s’intensifier et nous nous attendons à une avancée majeure d’ici peu, alors ne perdez pas espoir !
Gracie Jones se pencha sur le micro qui était rattaché à la rangée d’ordinateurs et continua à communiquer des nouvelles, des histoires et de l’espoir à des millions d’auditeurs dans quinze langues différentes. Elle passait au moins trois heures par jour à différentes heures à diffuser des messages. Adam était inquiet à l’idée que les Alluthans ne les attaquent si jamais ils parvenaient à retrouver la source du signal, mais Gracie était passée maître en l’art de faire rebondir les signaux sur les satellites que les Alluthans n’avaient pas détruits.
Elle terminait tout juste sa transmission lorsque Chance entra. Un seul regard sur son visage lui apprit qu’il était furieux. Et elle savait pourquoi ; Adam ou Adrian lui avait enfin fait part de son plan. Elle grimaça lorsqu’elle le regarda à nouveau. La confrontation qui était sur le point de se produire n’allait pas être un moment agréable.
— Et La Touche Gracie rend l’antenne, dit Gracie d’une voix rauque remplie d’émotion.
Quinze minutes plus tard, elle était prête à crier. Elle s’était doutée que ce serait difficile, mais pas à ce point-là ! Elle se tourna vers Adam, le suppliant en silence de lui venir en aide.
— C’est le seul moyen ! Je suis la seule à pouvoir le faire ! répéta Gracie en regardant intensément les quatre hommes qui se tenaient devant elle. Il n’y a pas d’autre solution.
— Mon cul, ouais ! dit Chance violemment.
Il eut un mouvement brusque de recul pour s’éloigner d’Adam, qui essaya de l’agripper.
— Chance… commença Gracie.
— Il a raison, Gracie. On ne te laissera pas faire ça. Jamais de la vie, dit Mark.
Gracie poussa à nouveau un soupir de frustration.
— Adam, dis-leur, toi. Tu sais que j’ai raison.
Adam regarda Gracie se lever avec grâce de la chaise qui se trouvait devant la rangée d’ordinateurs. Il ferma brièvement les yeux dans un effort pour contrôler la rage qui bouillonnait à l’intérieur de lui. Il savait qu’elle avait raison, mais il ne voulait pas que ce soit à lui de l’admettre. Adam ouvrit les yeux et regarda son jeune frère Adrian, qui n’avait pas prononcé un seul mot de tout le débat. Il avait la même expression résignée dans les yeux.
— Gracie a raison. Elle est la seule à pouvoir le faire.
Adam parla doucement, mais avec autorité. En tant que chef d’un petit groupe de rebelles à New York connu sous le nom des Cinq de la Liberté, c’était à lui de prendre les décisions difficiles. Il ne savait pas s’il arriverait à vivre avec certaines de ces décisions si jamais ils sortaient vivants de leur lutte pour la liberté.
Cinq ans plus tôt, la Terre avait été envahie par un groupe d’extraterrestres hideux à faire peur. Il n’y avait eu ni avertissement, ni promesse de paix, rien. Les extraterrestres, moitié organiques, moitié machines, avaient tout simplement commencé par rassembler autant d’Humains que possible et à les placer dans d’immenses camps de détention protégés par une sorte de bouclier.
Des millions avaient péri à cause du manque de nourriture et de soins médicaux. On avait appris plus tard, grâce au travail de pirates informatiques, ou de « geeks »,comme Gracie aimait être appelée, que les extraterrestres projetaient de se servir des Humains pour remplacer les parties de leur propre corps qui se détérioraient. Les Alluthans faisaient des expériences sur les Humains captifs afin de tester leurs limites et leur degré de compatibilité.
Gracie avait perdu ses parents et sa sœur aînée la première fois que les extraterrestres avaient attaqué New York. Adam, son frère Adrian, et deux autres survivants, Chance et Mark, l’avaient trouvée cachée dans le vieux métro six mois plus tard.
Elle s’était enfuie avec son ordinateur portable et quelques disques durs externes, et elle avait réussi à se connecter à l’un des points d’accès de la salle d’entretien pour surveiller ce qui se passait. Les gouvernements des pays du monde entier avaient fini par s’unir pour contrer la menace, mais pas avant qu’un nombre écrasant d’Humains ait péri ou disparu dans les énormes camps de détention extraterrestres.
Gracie était la plus jeune fille de deux professeurs de l’université de New York. Sa capacité à comprendre le langage des ordinateurs, ainsi que les langues en général, était incroyable. À quinze ans, elle maîtrisait déjà complètement huit langues différentes et en parlait sept autres.
Elle utilisait également ses compétences pour décoder les langages créés par ordinateur afin d’avoir toujours un coup d’avance sur les Alluthans. Ces deux dernières années, elle s’était appliquée à étudier le langage et les applications informatiques des Alluthans pour trouver un moyen de les vaincre.
Adrian regarda son frère en fronçant les sourcils de façon crispée.
— Tu sais que c’est du suicide. Elle n’en sortira jamais vivante.
— C’est faux ! dit Gracie en fronçant les sourcils et en se retournant vers les quatre hommes, qui dominaient son petit gabarit d’un mètre soixante-deux. J’ai de très grandes chances de m’échapper.
— Et, dis-nous, comment est-ce que tu comptes t’y prendre ? grogna Chance en croisant les bras sur son torse imposant.
— Chance, je lis, j’écris et je parle leur langue. Je l’ai énormément étudiée et j’ai aussi beaucoup étudié leurs applications informatiques. L’Équipe N°2 a l’un de leurs vaisseaux de ravitaillement dans le vieil entrepôt au bord de la rivière grâce à moi. Tout ce que j’ai à faire c’est de le programmer pour qu’il rejoigne son vaisseau mère sur pilotage automatique. Une fois à bord, je téléchargerai les programmes que j’ai développés pour désactiver les boucliers qui protègent toutes leurs bases et tous leurs camps de prisonniers partout dans le monde. Une fois le téléchargement terminé, je reprogrammerai le vaisseau pour qu’il me ramène sur Terre, expliqua Gracie, un ton de plaidoyer dans la voix. Je sais que je peux le faire !
Chance s’avança vers elle et l’attira contre lui, la tenant contre son corps. Elle était ce qui se rapprochait le plus d’une famille pour lui, mis à part les autres gars avec eux. Lui aussi avait perdu la sienne et il s’était promis de protéger Gracie depuis la première fois qu’il avait vu ses yeux vert émeraude lui rendre un regard apeuré dans le tunnel obscur cinq ans auparavant.
Pendant longtemps, il n’avait pas voulu admettre qu’alors qu’elle grandissait, ses sentiments pour elle avaient dépassé la seule affection fraternelle. À dix-sept ans, Gracie était encore trop jeune. Chance continuait de patienter aussi longtemps que possible avant de la réclamer comme sienne, mais il avait peur de ne jamais avoir l’occasion de lui dire ce qu’il ressentait pour elle.
— Et s’ils te trouvent ? Et si ça ne marche pas et que tu te retrouves prise au piège là-bas ? demanda Chance d’une voix rauque tout en la tenant contre son grand corps dur.
— Ça n’arrivera pas. Ça va marcher. J’ai vérifié et revérifié les programmes pour être sûre qu’ils fonctionnent. Tu as vu de tes propres yeux le bouclier s’écrouler, et que j’étais capable de prendre le contrôle du vaisseau et de le faire se poser. L’extraterrestre n’a rien compris à ce qui se passait, dit Gracie en refermant ses bras autour de Chance.
Elle voulait le rassurer, mais elle avait besoin, elle aussi, d’être rassurée.
— Quand est-ce qu’on passe à l’action ? demanda Adrian.
— Demain matin, répondit Adam. On a reçu la confirmation que tout le monde sur Terre sera prêt.
Mark acquiesça.
— Tu as plutôt intérêt à revenir, Calamity Jane, sinon je vais être très remonté contre toi.
Gracie sourit avec douceur avant de répondre.
— Je reviendrai, Mark. Je reviendrai.
Gracie entra lentement dans la salle de bain et regarda fixement son reflet dans le miroir. Elle essaya d’arrêter le tremblement de ses mains alors qu’elle écartait ses cheveux blond vénitien courts et épais de son visage afin de pouvoir se laver sans les mouiller. Gracie n’aurait pas dit qu’elle était belle, plutôt du genre mignonne.
Ses cheveux étaient coupés au carré, un carré qui lui arrivait au niveau du menton ; ses yeux étaient trop grands et d’un vert foncé profond. Elle avait un petit nez court et des lèvres plutôt pleines. Elle était très pâle dû au fait qu’elle avait passé la majorité de son temps sous terre dans les tunnels du métro de New York. Elle était aussi très menue pour son âge, mais cela était dû principalement au manque de nourriture enduré pendant trop longtemps.
Les garçons avaient fini par installer des lampes de croissance dans l’un des tunnels et avaient fait pousser ce qu’ils pouvaient. Mark avait été le fermier du groupe, comme il était venu du Midwest à la recherche de survivants. Chance s’y connaissait un peu grâce aux plants de marijuana qu’il avait cultivés quand il était adolescent.
Adam et Adrian étaient New-Yorkais depuis leur naissance et étaient habitués à la dureté des rues. Ils étaient les guerriers de la bande et avaient joué un rôle important pour sauver la vie de chacun d’entre eux plus d’une fois.
Gracie regarda ses cheveux tomber de chaque côté de son visage tandis qu’elle se penchait en avant et prenait une profonde inspiration. Elle essayait de donner l’impression d’avoir confiance en ce qu’elle s’apprêtait à faire, mais en réalité, elle était terrifiée. Elle ne savait pas si cela allait marcher et elle savait que si cela marchait, il y avait de fortes chances qu’elle ne survive pas.
Elle en était venue à la conclusion que ce serait un aller simple, mais elle savait aussi que si elle disait cela au reste du groupe, ils ne la laisseraient jamais partir. S’il y avait la moindre chance pour eux de changer le cours de la guerre et de vaincre les extraterrestres, elle n’allait pas la laisser passer.
La seule raison pour laquelle elle était la meilleure candidate pour cette mission était parce que si les extraterrestres se rendaient compte de ce qu’elle était en train de faire et essayaient de l’en empêcher, elle avait une chance de contrer leur programmation.
Alors, terrifiée ou pas, c’était à elle de le faire. Elle se nettoya le visage et se brossa les dents avant d’enfiler un jean usagé confortable, un T-shirt trop grand pour elle avec une image de New York imprimée à l’avant, et de mettre ses chaussures de sport. Elle attrapa quelques objets personnels et les jeta dans son énorme sac en cuir avec une chemise de rechange et son sweat à capuche.
Enfin, elle saisit son PC portable et ses chargeurs. Jetant un dernier coup d’œil au petit lit adossé au mur de pierre, Gracie écarta la couverture qui faisait office de porte et se dirigea vers la zone principale.
Adam, Adrian, Chance et Mark l’attendaient déjà lorsqu’elle arriva à la zone centrale qui leur tenait lieu de pièce de vie commune. Chance aida Gracie à monter sur le quai, puis se recula tandis que les six autres hommes qui formaient l’Équipe N°2 l’examinaient avec attention.
— T’as que la peau sur les os, dit l’un des hommes avant de cracher par terre. Peut-être bien que s’ils t’attrapent, ils penseront qu’il n’y a pas assez à manger. Tu peux être sûre qu’ils ne vont pas essayer de récupérer quoi que ce soit sur toi, t’es pas assez grosse.
Adrian, qui se tenait légèrement à gauche de l’homme, se retourna d’un mouvement rapide et le frappa à la mâchoire, le faisant tomber sur les fesses.
— La ferme ! grogna-t-il en serrant fort son poing. Elle risque sa vie pour faire ce que personne d’autre ne peut faire, espèce de connard. Traite-la avec le respect qui lui est dû.
— Et ne crache pas par terre. C’est notre pièce de vie ici, dit Gracie aussi calmement que possible.
Les mots de l’homme lui avaient donné des frissons. Ils recevaient fréquemment des rapports qui disaient que les extraterrestres utilisaient des parties de corps humains pour réparer ce qui était abîmé à l’intérieur de leur propre corps organique. Gracie ne voulait pas penser à sa famille finissant de cette manière.
Chance pouvait sentir à quel point les mots de l’homme avaient bouleversé Gracie, et cela lui demanda un effort considérable pour ne pas tuer le salaud là, tout de suite. Il se dirigea vers elle et l’attira contre lui, essayant de lui offrir le peu de soutien et de protection qu’il pouvait.
— Gracie, appela doucement Chance quelques heures plus tard.
Gracie et le reste de la bande avaient passé en revue leurs plans avec l’Équipe N°2 encore une fois avant de s’arrêter pour la nuit. Ils avaient passé au crible chaque aspect de ce qu’ils s’apprêtaient à faire. Il s’agissait essentiellement du plan de Gracie.
Quand elle avait élucidé pour la première fois la programmation informatique qui permettait non seulement de désarmer les boucliers protégeant les vaisseaux alluthans, mais aussi de prendre le contrôle de leur système et de le détruire en utilisant un simulateur, elle avait été folle de joie. Si une coordination systématique d’attaques pouvait être organisée à travers le monde, alors il serait possible d’inverser le cours de la guerre et peut-être même d’y mettre fin.
Cela avait pris plus de deux mois à Gracie pour enfin parvenir à convaincre les quatre garçons de la bande que c’était possible, et cela ne s’était produit que quand elle avait pris le contrôle du vaisseau de ravitaillement qui se trouvait à présent dans le vieil entrepôt. L’Alluthan qui était à bord ne s’était même pas douté qu’il n’obéissait pas à un ordre direct du vaisseau mère.
Une fois que Gracie eut prouvé qu’elle pouvait prendre le contrôle et opérer l’un de leurs vaisseaux, Adam avait commencé à communiquer avec d’autres forces rebelles partout dans le monde au moyen d’une station de radio amateur et d’un signal à basse fréquence.
Gracie savait qu’elle n’arriverait jamais à dormir après que l’autre équipe fut partie. Crocker, de l’Équipe N°2, avait dit qu’il allait préparer ce dont elle aurait besoin dans le vaisseau de ravitaillement avant qu’elle ne s’y rende à cinq heures du matin. Tout était prêt. À présent, elle était assise et écoutait les communications qui fusaient entre les différentes bases des Alluthans au sol et sur le vaisseau mère.
Voilà ce qui causera leur perte, pensa Gracie. Ils ont mis tous leurs œufs dans le même panier, ou, dans leur cas, dans le même vaisseau.
Les Alluthans croyaient les Humains trop primitifs pour les attaquer dans l’espace. Tout était contrôlé à partir du vaisseau mère : toutes les communications et tous les ordres. Même leur approvisionnement en énergie provenait de là-haut. S’il était détruit, alors toutes leurs ressources disparaîtraient.
Gracie sursauta lorsqu’elle entendit la voix de Chance l’appeler. Se retournant, elle le suivit des yeux alors qu’il entrait dans la petite salle informatique que la bande avait installée pour elle. Elle ne put s’empêcher de sourire en le regardant. Elle l’aimait tant. Elle l’avait aimé depuis la première fois qu’elle l’avait vu cinq ans auparavant. Il l’avait tirée avec douceur du recoin où elle se cachait, et elle s’était sentie en sécurité dans ses bras forts.
Elle savait que lui aussi l’aimait. Elle avait fait un pas vers lui il y avait six mois de cela, mais Chance lui avait dit que ce n’était pas le moment. Il avait promis à Adam d’attendre qu’elle ait dix-huit ans avant de la faire sienne. Elle avait protesté, mais Chance n’avait pas cédé. Adam leur tenait à tous lieu de père, et ils le respectaient.
Adam voulait s’assurer qu’elle soit assez grande pour comprendre le choix qu’elle ferait. Mais Gracie comprenait bien. Et elle comprenait aussi que la vie pouvait être courte. Ce fut donc avec une réticence considérable qu’elle et Chance avaient tous deux accepté d’attendre qu’elle ait dix-huit ans avant de laisser libre cours au désir physique qu’ils éprouvaient l’un pour l’autre.
À présent, il semblait que leur amour allait devenir une tragédie de plus jonchant l’histoire car elle savait au fond d’elle-même qu’elle ne reviendrait jamais. D’un côté, elle était contente qu’ils ne se soient jamais promis l’un à l’autre. Peut-être qu’ainsi il serait plus facile pour Chance de passer à autre chose.
Gracie savait qu’elle allait regretter éternellement de ne pas avoir forcé les choses pour des raisons égoïstes, car elle aurait vraiment aimé emmener ce souvenir avec elle au moment de mourir.
Gracie se força à sourire et essuya ses larmes tout en regardant le visage inquiet de Chance.
— Salut Chance, dit-elle d’une voix rauque remplie d’émotion.
Chance entendit dans sa voix les larmes qu’elle s’efforçait de retenir. Se précipitant vers elle, il l’entoura de ses bras musclés. Il la serra très fort comme s’il n’allait jamais la laisser partir.
— Laisse-moi venir avec toi, chuchota-t-il, pressant ses lèvres contre son front. Laisse-moi venir avec toi et nous pourrons revenir tous les deux. Je dirai à Adam que tu as besoin de moi.
Gracie serra Chance contre elle et ferma les yeux.
— Tu ne peux pas venir. Je suis douée, mais pas à ce point. Les Alluthans scannent chaque vaisseau pour détecter les signatures thermiques. S’ils détectent deux signatures à bord d’un vaisseau de ravitaillement conçu pour une personne, ils le détruiront avant même qu’il puisse s’approcher. En plus, Adam a besoin de ton aide ici pour les attaques. Tu es censé détruire le camp où se trouvent mes parents et ma sœur. Tu as promis de voir s’ils ont survécu, dit Gracie en levant les yeux vers Chance, le suppliant de ne pas la contredire.
Chance releva les bras et prit le visage de Gracie dans ses grandes mains. Il déposa un baiser sur ses lèvres et poussa un gémissement lorsqu’elle y répondit. Ce soir-là pourrait bien être leur dernière nuit ensemble. Chance pensa brièvement à la promesse qu’il avait faite à Adam, puis il pensa Et puis merde ! Gracie était à lui.
— Viens avec moi dans ma chambre. Laisse-moi t’aimer, Gracie, murmura Chance, ses lèvres pressées contre les siennes.
Gracie était déchirée entre le désir d’épargner à Chance la douleur qu’elle savait qu’il ressentirait lorsqu’elle serait partie, et son propre désir égoïste de profiter de la courte vie qu’il lui restait. Le contact de la main de Chance sur son sein l’aida à prendre sa décision ; elle se montrerait égoïste et emmènerait avec elle le peu de bonheur qu’elle pouvait.
Chance serrait la main de Gracie dans la sienne tandis qu’il l’entraînait avec lui en dehors de l’alcôve qui faisait office de salle informatique. Il s’en voulait de ne pas pouvoir offrir à Gracie un vrai lit pour sa première fois, ni même la promesse d’une nuit entière. Au lieu de cela, un lit de fortune sur un sol en pierre froid et quelques heures dans le meilleur des cas étaient tout ce qu’il pouvait lui offrir. Il était résolu à lui offrir la plus belle expérience possible. Elle méritait au moins cela, si ce n’était plus.
Ils avaient presque atteint le coin qu’il avait fait sien quand Adrian se dirigea vers eux en courant. Il était essoufflé et paraissait furieux. Chance attira Gracie à lui de façon instinctive tandis que son estomac se nouait. Il s’était passé quelque chose et c’était quelque chose de grave.
— Des chasseurs se dirigent vers nous, laissa échapper Adrian. Le bruit court qu’ils vont raser cette partie de la ville, y compris les camps de détention.
Gracie en eut le souffle coupé. Ses parents et sa sœur, s’ils étaient encore vivants, se trouvaient dans un camp de détention. Si les Alluthans détruisaient l’entrepôt au bord de la rivière, alors leur chance d’anéantir le vaisseau mère prendrait beaucoup plus de temps et cela coûterait davantage de vies.
— Je dois partir… maintenant, dit Gracie. Quand est-ce qu’on pense que les chasseurs vont arriver ? demanda-t-elle en se dégageant de l’étreinte de Chance.
— Dans deux heures au plus tard, répondit Adrian d’un air grave.
Gracie hocha la tête et se retourna pour regarder Chance une dernière fois avant de se tourner vers Adrian pour le suivre.
— Gracie, dit Chance d’une voix enrouée, sachant que le temps qu’il avait partagé avec elle touchait à sa fin.
— Je t’aime Chance, dit Gracie en caressant sa joue de l’une de ses mains tandis qu’une larme coulait sur la sienne. Je t’aimerai toujours.
L’heure suivante se passa dans la confusion alors que les équipes travaillaient ensemble pour tout mettre en place. Tous ceux qui pouvaient être évacués se trouvaient en dehors de la zone d’attaque. Gracie passa en revue le tableau de bord du vaisseau de ravitaillement et connecta son ordinateur portable au panneau de contrôle. Le logiciel qu’elle avait développé fut rapidement téléchargé. Elle avait conçu une sorte de téléchargement-éclair afin que le programme soit téléchargé puis extrait immédiatement. Cela permettait d’avoir tous les fichiers sur le système aussi rapidement que possible.
Gracie fit un signe de tête aux hommes de l’Équipe N°2 lorsque ceux-ci commencèrent à remplir le vaisseau de ravitaillement. Crocker regarda Gracie pendant un long moment avant de parler. Gracie attendit patiemment qu’il dise ce qu’il avait à dire.
— Tu sais, si tu réussis, tu seras une héroïne. Si ton logiciel fait ce qu’il est censé faire, tu sauveras la Terre et des millions de vie, dit Crocker de façon bourrue.
Gracie sourit à l’homme au physique imposant et à la voix rauque.
— Je ne veux pas être considérée comme une héroïne. Juste comme un être humain qui a refusé de perdre espoir ou de se soumettre. Je n’aurais jamais pu faire cela toute seule. C’est grâce à tous ceux…
La voix de Gracie faiblit alors que sa gorge se serrait sous l’emprise d’un sanglot à la pensée de toutes les morts insensées.
— C’est grâce à tous ceux qui ont vécu et sont morts ces cinq dernières années que nous avons pu en arriver là. J’espère seulement que ça va marcher. J’en ai assez d’avoir peur, conclut doucement Gracie.
Crocker se pencha vers elle et effleura son front d’un baiser.
— C’est La Touche Gracie qui a nous donné à tous l’espoir que ce jour arriverait. Fais attention, fillette, et reviens.
Gracie hocha la tête en regardant l’homme imposant et bourru descendre du vaisseau. Elle se retourna et suivit des yeux les quatre garçons qu’elle considérait comme sa famille proche monter à bord. Adam était en tête, suivi d’Adrian et de Mark, puis Chance venait en dernier.
— Tu t’en tiens au plan. Si tu as le moindre problème, si tu as la moindre impression bizarre, tu abandonnes et tu ramènes tes fesses sur Terre, compris ? dit Adam d’un ton sévère.
Gracie sourit tout en regardant sa pomme d’Adam monter et descendre. C’était le seul moyen de savoir si Adam était contrarié à propos de quelque chose.
— Compris. Je le ferai, je te le promets.
Adam prit Gracie dans ses bras et la serra fort avant de déposer un baiser sur son front. L’idée qu’il ne la reverrait peut-être jamais et que c’était lui qui lui avait donné l’ordre de compléter cette mission le rongeait de l’intérieur. Il resserra ses bras l’espace d’un instant avant de relâcher son étreinte et de sortir du vaisseau sans se retourner.
Adrian se racla la gorge. Il était le plus réservé du groupe et gardait ses sentiments pour lui, ne montrant jamais ses émotions. Il la regarda un moment avant de parler.
Un « reviens » sortit de sa bouche avant qu’il n’effleure sa joue d’un baiser et ne se retourne pour suivre son frère.
Mark regarda Gracie dans les yeux et sourit.
— Reviens-nous, Calamity Jane, dit-il avec douceur en la tirant vers lui pour la prendre dans ses bras.
Il se balança doucement d’avant en arrière pendant un moment avant de l’embrasser sur les lèvres.
— Reviens pour Chance.
Les yeux de Gracie se remplirent de larmes quand elle sentit les bras de Chance l’envelopper et l’éloigner de Mark. Elle se retourna et enfouit son visage dans sa poitrine musclée. Elle voulait se souvenir de son toucher, de son odeur, de lui tout entier. Elle voulait… elle avait besoin… que ce souvenir lui donne la force de lui tourner le dos et de partir. Gracie ravala un sanglot menaçant de s’échapper. C’était tellement injuste ! Elle aurait dû être en train de regarder vers l’avenir avec Chance, non pas être en train de le quitter. Elle l’aimait tant.
— Gracie… s’étrangla Chance. Je… Ne fais pas ça. Reste. On trouvera un autre moyen de les vaincre.
Gracie était sur le point de répondre lorsque le sol trembla à cause d’une explosion à quelques kilomètres de là. L’attaque avait commencé. Elle se fit violence pour s’arracher des bras de Chance et le regarda dans les yeux une dernière fois.
— Il faut que je le fasse. Allez, va-t’en pendant que je le peux encore. Va-t’en, Chance, je t’en prie, le supplia Gracie.
— Chance…, appela Adam depuis la plateforme. Laisse-la partir. Il faut qu’on bouge, maintenant.
Chance poussa un grognement de frustration tout en écrasant ses lèvres contre celles de Gracie dans un baiser bref, fort, passionné et empli d’amour, de colère et de douleur.
— Reviens-moi, Gracie. T’as plutôt intérêt à me revenir, dit durement Chance avant de se retourner et de descendre la plateforme.
Gracie pressa un bouton pour remonter la plateforme tout en regardant Chance disparaître lentement de sa vue. Elle envoya un dernier baiser aux garçons et sourit avant que la porte ne se referme, scellant à jamais son destin.
Gracie s’installa dans le siège du pilote et s’attacha. Elle pouvait sentir les vibrations provenant des explosions, mais elle n’y prêta pas attention tandis qu’elle configurait le trajet du vaisseau de ravitaillement pour qu’il mette le cap sur le vaisseau mère. Elle ouvrit le panneau qui recouvrait l’écran de visualisation avant afin de pouvoir voir ce qui se passait sur Terre tandis qu’elle quittait son atmosphère. Le vaisseau décolla du sol avec douceur et prit rapidement de la hauteur en suivant les coordonnées que Gracie avait entrées.
Gracie assista avec désarroi à toute la destruction de New York. Au nord-ouest, elle distinguait les chasseurs dont les silhouettes se détachaient sur les incendies ravageurs que leur attaque avait déclenchés. Elle fit une prière en espérant que tout le monde avait réussi à être évacué à temps. Quelques minutes plus tard, elle se trouva projetée contre son siège lorsque le vaisseau traversa l’atmosphère de la Terre.
Tandis que l’obscurité de l’espace engloutissait le petit vaisseau, Gracie put poser les yeux pour la première fois sur le vaisseau mère. Elle le regarda fixement avec un mélange de stupeur et de désespoir en voyant à quel point il était énorme. Il devait être au moins aussi grand que Manhattan !
Gracie savait que si des vaisseaux plus grands arrivaient, la Terre n’aurait aucune chance de s’en sortir. Il fallait qu’elle détruise celui-là. Si elle parvenait à détruire le vaisseau mère, il ne pourrait pas faire venir de vaisseaux supplémentaires.
D’après ce qu’elle avait pu apprendre en lisant les fichiers auxquels elle avait pu accéder, ces vaisseaux – un vaisseau mère et ses « rejetons », qui comprenaient les chasseurs, les vaisseaux de ravitaillement et les forces terrestres – pouvaient parcourir de grandes distances seuls. Si une planète contenait une quantité abondante de ressources, alors le vaisseau mère en faisait venir davantage. Sinon, il utilisait ce dont il avait besoin avant de détruire la planète et de répéter le processus avec la suivante. Il fallait que Gracie le détruise avant qu’il ne fasse l’un ou l’autre choix.
Elle tendit l’oreille lorsque le vaisseau de ravitaillement transmit le code requis pour être admis à bord du vaisseau mère pour faire le plein de carburant. Dès que les grands panneaux qui se trouvaient sur le côté extérieur du vaisseau s’ouvrirent, Gracie s’engouffra dans leur système informatique grâce à une porte dérobée qu’elle avait découverte deux mois auparavant. Les Alluthans faisaient des progrès pour fermer les accès, mais ils étaient encore suffisamment arrogants pour penser que les Humains étaient trop primitifs pour apprendre leur langue, encore moins leurs codes informatiques.
Gracie avait laissé à Adam une copie digitale de ses notes sur leur langue et leurs codes informatiques qu’elle avait déchiffrés. Elle voulait s’assurer que tout le travail qu’elle avait effectué ces cinq dernières années ne serait pas perdu. C’était l’avantage qu’il y avait à avoir des parents chercheurs, ils croyaient en l’importance des notes et montraient à leurs enfants comment s’y prendre.
Gracie sourit tandis qu’elle finissait de télécharger le virus. C’était un virus simple qui grandissait à chaque fois qu’il était téléchargé sur un autre système, changeant de signature pour être plus difficile à détecter. Une fois son téléchargement terminé, il effacerait tout leur système, et les Alluthans perdraient complètement le contrôle.
Gracie regarda le vaisseau de ravitaillement rejoindre une baie d’amarrage puis une pompe en sortir pour recharger les piles à combustibles. Elle suivit le processus avec attention, fronçant les sourcils lorsqu’elle entendit une voix désincarnée sur une station donner des instructions pour l’attaque d’endroits précis dans le monde. Ils visaient certaines des zones rebelles les plus importantes.
Se connectant à la station, elle regarda les instructions programmées inonder son écran. Elle fronça à nouveau les sourcils tandis qu’elle se concentrait sur le flot de données qu’elle parcourait des yeux. Elle avait le souffle coupé tandis qu’elle sélectionnait des mots-clés.
Tapant rapidement sur le clavier, elle se mit à rediriger les chasseurs vers d’autres endroits, qui se trouvaient loin des zones qu’avaient indiquées les ordres initiaux. La plupart de ces endroits étaient situés en pleine mer et aucun Humain ne devrait être touché.
Un avertissement clignota en bas de l’écran et afficha une sonde lumineuse lorsque l’intrusion fut détectée. Gracie jeta un coup d’œil à son autre écran. Le logiciel pour désarmer les systèmes de défense des Alluthans avait presque terminé. Il ne progressait pas aussi vite qu’elle l’aurait voulu. Gracie tapa rapidement quelques commandes et regarda l’avertissement disparaître.
Elle continua à télécharger un code après l’autre, déterminée à ce que, si les Alluthans découvraient l’un des virus, ils ne soient pas capables de tous les arrêter. Elle téléchargea le dernier virus et jeta un coup d’œil à l’indicateur d’alimentation. Le ravitaillement était fini et il était temps qu’elle s’en aille avant qu’ils n’ouvrent la plateforme pour effectuer le chargement et ne la trouvent.
Gracie entra la clé de lancement en enfonçant les touches et attendit nerveusement que le son de la pompe à carburant qui se détachait ne se fasse entendre. Elle enclencha le logiciel qui la ramènerait chez elle en poussant un soupir de soulagement.
Peut-être bien que je vais arriver à retrouver Chance après tout, pensa-t-elle alors qu’une vague d’espoir la traversait.
Elle sentit les propulseurs s’allumer tandis qu’elle s’apprêtait à emprunter le même itinéraire qu’à l’aller, et elle se trouvait presque au niveau des panneaux ouverts qui menaient à l’espace lorsqu’une voix se fit entendre sur son transmetteur audio. Elle l’entendit donner l’ordre à son vaisseau de retourner à la baie d’amarrage.
Gracie entra un code pour outrepasser la commande automatique quand l’opérateur essaya de prendre le contrôle du vaisseau. Elle écouta attentivement lorsque la voix retentit à nouveau :
— Vaisseau de ravitaillement 100982, retournez à la baie d’amarrage 2-225.
Gracie sourit en voyant que ses programmes s’enclenchaient. Elle avait un atout à jouer au cas où, mais il fallait qu’elle se trouve suffisamment loin pour ne pas être emportée.
Gracie appuya sur le transmetteur audio et communiqua son message aux millions de résistants sur Terre en dessous d’elle. Les yeux de Gracie se remplirent de larmes lorsqu’elle entra la commande qui, elle l’espérait, allait mettre fin à cette guerre.
— Bonjour et bonsoir. C’est Gracie qui vous parle pour vous envoyer à tous de l’amour et de l’espoir. Aujourd’hui les habitants de la Terre mettent fin au siège des Alluthans. Levez-vous et battez-vous car la liberté nous appartient. C’est La Touche Gracie qui vous parle pour vous dire : Liberté pour tous !
La voix rauque de Gracie s’adressait aux millions d’habitants du ballon bleu et blanc qui se trouvait en dessous d’elle.
Elle vit des lumières flamboyer un peu partout sur le globe lorsque les gouvernements unis et les forces rebelles s’allièrent pour entreprendre un assaut décisif contre les extraterrestres, qui les croyaient trop faibles pour gagner.
Gracie était sur le point d’appuyer sur le bouton pour rentrer chez elle quand son vaisseau fut violemment secoué, la projetant sur le côté. Les yeux de Gracie cherchèrent frénétiquement quelle en était la cause. Elle entra une commande pour faire taire les alarmes tandis qu’elle luttait pour reprendre le contrôle.
Aucun chasseur n’était à sa poursuite puisqu’ils ne répondaient plus à cause de la commande qu’elle avait envoyée de tout éteindre. Gracie pouvait voir que de nombreuses défaillances étaient en train de se produire sur le vaisseau mère, mais cela allait prendre plus de temps pour que chaque système s’éteigne complètement. Le vaisseau mère était en train de virer de bord pour la suivre, et il tira plusieurs fois avec ses canons à impulsions.
Ses boucliers s’étaient immédiatement activés, mais les tirs les avaient endommagés et ils affichaient quatre-vingt-cinq pour cent. Gracie sentit la peur lui glacer le sang. Si le vaisseau mère la suivait et que le logiciel d’autodestruction se mettait en route, les retombées seraient dangereuses pour la Terre. Le seul moyen de s’assurer que le vaisseau mère ne mettrait pas la Terre en danger était de l’en éloigner.
Gracie entra rapidement un nouvel itinéraire dans le système de navigation. Les larmes lui brouillaient la vue tandis qu’elle initiait la commande et qu’elle sentait le vaisseau virer de bord. Elle augmenta sa vitesse, sachant qu’il ne faudrait pas longtemps au vaisseau mère pour se décharger complètement et à l’autodestruction pour s’amorcer.
Elle s’agrippa à la console avant lorsqu’une autre secousse ébranla le vaisseau de ravitaillement. Elle se déplaçait aussi vite que son vaisseau le pouvait sans que l’hypernavigation ne s’enclenche. Le panneau de navigation indiquait qu’ils approchaient de Mars.
Elle ignorait si le signal qu’elle allait envoyer allait atteindre la Terre ou pas, mais il fallait qu’elle essaie d’envoyer un dernier message. Il fallait qu’elle leur dise qu’elle était désolée et qu’elle leur dise au revoir. Gracie ouvrit le logiciel de communication et entra le mot de passe de l’un des satellites qu’elle utilisait pour envoyer ses transmissions.
— C’est… C’est Gracie qui vous parle.
Gracie attendit un moment. Elle poursuivit en tremblant.
— Chance, c’est Gracie, je voulais te dire que je suis vraiment désolée. Je ne vais pas rentrer finalement.
Gracie prit une inspiration tremblante et se força à continuer.
— J’espère que tu auras ce message. Je voulais te dire que je t’aime. Je voudrais… j’ai besoin… de tous vous remercier de m’avoir sauvée il y a si longtemps. Chance, Adam, Adrian, Mark et toi serez pour toujours avec moi. Je vous en prie, continuez à vous battre pour la liberté en sachant que je serai toujours avec vous à chaque fois que vous penserez à moi. C’ét… c’était Gracie, qui vous dit bonne nuit, et au revoir, mon amour.
Gracie mit fin à la transmission ; les larmes l’étouffaient et sa vision était tellement floue qu’elle ne voyait rien.
Elle essuya ses larmes avec impatience. Si elle allait mourir, elle allait emmener ces sales extraterrestres avec elle. Gracie programma le vaisseau de ravitaillement afin qu’il entre en mode hypernavigation, et elle programma le système de navigation du vaisseau mère afin qu’il la suive. Elle programma également l’autodestruction pour que celle-ci survienne en moitié moins de temps. Les deux vaisseaux exploseraient durant le saut supraluminique, évitant ainsi de créer d’autres dommages.
Gracie vit les étoiles se confondre à travers l’écran de visualisation avant. Quelques secondes plus tard, elle se sentit projetée contre son siège. Elle ferma les yeux et attendit la fin. Tout lui sembla ralentir lorsqu’elle sentit la poussée provenant de l’explosion du vaisseau mère. L’onde de choc projeta le vaisseau en avant avec une telle force que la bretelle de son harnais se rompit et qu’elle fut projetée en avant. Tandis que l’obscurité se faisait, Gracie se représenta Chance la tenant dans ses bras et elle sourit.
Le grand-amiral Kordon Jefe entra à grands pas dans la salle de conférence. Il était d’humeur sombre, mais ses pensées noires ne transparaissaient pas sur son visage. Il venait de finir la lecture du rapport qu’on lui avait envoyé concernant la dernière attaque d’une nouvelle espèce extraterrestre sur l’une de leurs planètes d’extraction minière lointaines. Tout le monde était mort, et la planète était dépouillée de la plupart de ses ressources.
Le dernier message reçu avait été envoyé par la colonie minière deux semaines auparavant. Il y avait deux jours encore, un imbécile de capitaine sur la station reculée d’Atphlon n’avait pas jugé suffisamment important d’enquêter sur les signaux d’urgence qui avaient été envoyés. Ce capitaine nettoyait à présent les sols sur Atphlon comme simple soldat. Kordon ne tolérait pas d’idiots sous son commandement.
Il ne fit même pas l’effort de faire un signe de tête aux autres officiers debout autour de la table, qui attendaient qu’il s’assoie en premier. Il se dirigea vers le fauteuil qui était au bout de la table de conférence et s’assit, approchant de lui la grille de données afin de passer en revue les informations de la frégate qui avait été envoyée sur le site à la recherche de survivants. Il connaissait déjà chaque détail du rapport ; à présent, il voulait des réponses.
— Qu’avez-vous à rapporter ? dit Kordon en regardant son chef de la sécurité.
Celui-ci, du nom de Bran Markus, se racla la gorge avant de répondre calmement :
— Deux cent cinquante-huit colons sont morts ou ont disparu, il n’y a plus aucune ressource utilisable et la colonie a été détruite. La source semble être la même qu’avant. Nous avons réussi à apercevoir certains des attaquants et l’un de leurs véhicules avant que les communications ne soient interrompues.
Bran fit un signe de la tête en direction d’un écran au centre, qui montrait le contremaître des mines en train d’envoyer le signal de détresse.
— Nous sommes attaqués par une force inconnue. Ils… Ils ont capturé la plupart des hommes à la sortie des mines. Toutes les femmes et tous les enfants ont été tués.
L’homme essuya la sueur qui coulait sur son visage.
— Ces salauds ont une sorte de bouclier que nous n’arrivons pas à percer. Nous avons besoin d’une assistance immédiate.
Une explosion sonore se fit entendre en arrière-plan.
— Ils… Ils ont pénétré dans le quartier général complexe. Ils...
La transmission s’interrompit au moment où des hurlements se firent entendre.
Capitaine Leila Toolas, son officier médical en chef, répondit :
— D’après les informations que j’ai réussi à tirer des corps restants, ils ont tué immédiatement les femmes qui n’étaient pas capables de se reproduire ainsi que les jeunes enfants. D’après la liste, quinze femmes en âge de se reproduire ont disparu. Les hommes…
Capitaine Toolas pâlit tout en poursuivant.
— Les restes des hommes montrent que certaines des parties de leur corps ont disparu. Les membres et les organes internes ont été retirés avec une précision chirurgicale.
Kordon gardait une expression neutre tandis qu’il écoutait chaque rapport. Enfin, ce fut au tour de son officier en charge des communications, une Ta’nee, de parler. Les Ta’nees étaient connus pour leurs compétences en langues et en communication. L’abondante chevelure rouge au centre de la tête du Lieutenant Mohan s’illumina de différentes couleurs tandis qu’elle parlait.
— Je n’ai jamais rencontré la langue ou les signaux enregistrés par le contremaître des mines. Ce fut très judicieux de sa part d’enregistrer la communication transmise. Cela va prendre du temps pour la déchiffrer étant donné qu’il n’y aucune base de données à laquelle la comparer, dit Mohan, la fourrure sur ses joues prenant une teinte plus foncée lorsque tous les yeux se tournèrent vers elle.
Kordon hocha la tête, ne prêtant pas attention à ces changements. Il savait que les Ta’nees étaient très timides et n’aimaient pas être au centre de l’attention. Il regarda chaque officier avec intensité afin qu’ils comprennent bien ce qu’il était sur le point de dire. Il avait travaillé à leurs côtés pendant les vingt dernières années, à l’exception de Mohan qu’il avait amenée à bord il y avait presque un an.
— Je veux des réponses. Trouvez si on peut déceler une signature provenant de leur vaisseau. Je veux connaître toutes les ondulations spatiales qui ont eu lieu dans cette région le mois passé. Mohan, surveillez chaque fréquence. Venez me le signaler si vous entendez la moindre chose qui sorte de l’ordinaire. Toolas, faites-moi un rapport détaillé sur les corps. Je veux savoir exactement ce que vous savez et ce que vous en pensez dans le rapport. Bran, faites-moi un rapport sur les types d’armes qui ont pu être utilisées pour causer ce genre de destruction. Je veux aussi des informations sur les types de boucliers qu’ils ont pu utiliser. Je veux un rapport dans quatre heures.
Tout le monde se leva immédiatement au moment où Kordon se leva de sa chaise et sortit de la salle de conférence à grandes enjambées. Il se dirigea vers le siège du commandant sur le pont de commandement et donna l’ordre aux timoniers de mettre le cap sur la colonie minière. Il voulait voir les dégâts de ses propres yeux.
Trois ans après l’atterrissage en catastrophe :
Gracie se déplaçait en silence, traquant sa proie. C’était une petite créature pas plus grosse qu’un écureuil. Elle ne connaissait les noms d’aucune des créatures qui se trouvaient sur la lune où elle s’était écrasée. À vrai dire, cela lui était égal… au moins au début.
Gracie s’était réveillée trois ans auparavant au son retentissant des alarmes et avec un horrible mal de tête. Elle était finalement parvenue à arrêter les alarmes qui s’étaient déclenchées dans tout le vaisseau. Elle avait été surprise d’être encore en vie.
Lorsque l’ordinateur avait indiqué que le vaisseau de ravitaillement s’était écrasé à la surface d’une lune inconnue, Gracie avait mis une minute à comprendre que quelque chose d’étrange - en dehors du fait d’être en vie - s’était produit. Malgré tous ses efforts, la réponse du système informatique était toujours la même : information inconnue. Gracie avait tout coupé en dehors du respirateur artificiel, bien que le système ait analysé l’atmosphère et rapporté que celle-ci était compatible avec son espèce.
Une semaine après l’atterrissage, elle en avait enfin eu tellement marre d’être enfermée dans le petit vaisseau de ravitaillement qu’elle aurait affronté un ours pour pouvoir en sortir. Ses premiers pas dans un monde extraterrestre auraient dû être remplis d’inquiétude, mais Gracie avait dépassé ce stade.
Elle était seule. Elle n’avait désormais plus peur de la mort, mais en accueillait de bon cœur la possibilité. Une partie d’elle-même savait qu’elle avait fait le deuil de Chance. Elle avait mis six mois à se convaincre qu’il fallait finalement qu’elle aille de l’avant, et à commencer à s’aventurer en dehors de sa zone de confort.
Les six premiers mois elle ne s’était pas éloignée du vaisseau de ravitaillement. Sa préoccupation principale était de trouver suffisamment de nourriture pour compléter les plats préparés que Crocker avait rangés à bord du vaisseau. C’était étrange, mais c’était presque comme s’il avait su qu’elle en aurait besoin. Gracie ne mangeait pas grand-chose. Elle s’était habituée à vivre de peu durant les années qu’ils avaient passées dans le métro.
Les mois étaient devenus des années et elle avait appris la chasse, la cueillette et à rechercher de la nourriture pour la plupart de ses provisions. Elle se demandait souvent si c’était cela que les premiers hommes avaient dû faire, et si c’était ce qu’ils avaient dû ressentir alors qu’ils luttaient pour survivre. Il y avait quelques prédateurs sur la lune, mais Gracie avait appris à les éviter. La plupart des animaux était seulement des petites créatures semblables à des mammifères tout comme celle qu’elle était en train de chasser. Elle prenait soin de ne les chasser que deux fois par mois afin de ne pas en réduire la population, bien qu’ils semblent être très nombreux.
Gracie pointa l’arc qu’elle avait fabriqué en direction de la créature et tira une flèche. Elle avait mis un an à apprendre à s’en servir efficacement. Gracie fit une grimace en s’approchant de l’animal mort. Elle avait toujours la nausée quand il s’agissait de les tuer et de les vider. Elle le faisait seulement parce qu’elle n’avait pas le choix. C’était cela ou mourir de faim, ce qui lui était presque arrivé à un moment donné…
Elle jeta l’arc par-dessus son épaule et se dirigea vers « l’écureuil » mort pour le ramasser. Elle allait avoir des protéines ce soir-là. Alors qu’elle se frayait un chemin en direction du vaisseau, elle s’émerveilla devant la capacité des plantes de cette lune à pousser si vite.