La vie comme elle vient - Anne-Laure Bondoux - E-Book

La vie comme elle vient E-Book

Anne-Laure Bondoux

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Beschreibung

Das Leben hat sie getrennt. Das ganz normale Leben, das eine Zwanzigjährige das Elternhaus verlassen lässt während die 15jährige Schwester noch zu Hause wohnt und zur Schule geht. Das Leben hat sie wieder zusammengeführt. Das Ende zweier Leben, der Unfalltod ihrer Eltern: die unternehmungslustige Patty bekommt das Sorgerecht für die ernsthafte Mado. So richtig zusammengeschweißt werden die ungleichen Schwestern jedoch von dem Leben, das noch ungeboren ist und geheim gehalten werden muss, damit das Sorgerecht nicht flöten geht. Französische Lektüre für die Oberstufe: Éditions Klett Originalliteratur mit Annotationen in Klett-Qualität von zeitgenössisch bis klassisch.

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Anne-Laure Bondoux

La vie commeelle vient

VocabulaireparDr. Veronika Schlüter

Anne-Laure Bondoux

La vie comme elle vient

Worterklärungen vonDr. Veronika Schlüter, Darmstadt

1. Auflage 0007/2015

Das Werk und seine Teile sind urheberrechtlich geschützt. Jede Nutzung in anderen als den gesetzlich zugelassenen Fällen bedarf der vorherigen schriftlichen Einwilligung des Verlags. Hinweis zu § 52 a UrhG: Weder das Werk noch seine Teile dürfen ohne eine solche Einwilligung in das Internet oder ein Netzwerk eingestellt werden. Dies gilt auch für Intranets von Schulen und sonstigen Bildungseinrichtungen. Ein weiterer kommerzielle Gebrauch oder die Weiterleitung an Dritte sind nicht gestattet.

© für die Originalausgabe: l’école des loisirs, Paris, 2004

© für diese Ausgabe: Ernst Klett Sprachen GmbH, Rotebühlstr. 77, 70178 Stuttgart, 2007.

Alle Rechte vorbehalten.

Internetadresse: www.klett-sprachen.de

Fotomechanische oder andere Wiedergabeverfahren nur mit Genehmigung des Verlags.

Umschlaggestaltung: Sandra Vrabec

Umschlagfoto: corbis

Redaktion: Sylvie Cloeren

ISBN 978-3-12-909055-8

Table des matières

La vie comme elle vient (texte intégral et notes)

Liste des abréviations

Chapitre 1

Chapitre 2

Chapitre 3

Chapitre 4

Chapitre 5

Chapitre 6

Chapitre 7

Chapitre 8

Chapitre 9

Chapitre 10

Chapitre 11

Chapitre 12

Chapitre 13

Chapitre 14

Chapitre 15

Chapitre 16

Chapitre 17

Chapitre 18

Chapitre 19

Chapitre 20

Chapitre 21

Chapitre 22

Chapitre 23

Chapitre 24

Chapitre 25

Chapitre 26

Chapitre 27

Chapitre 28

Chapitre 29

Épilogue

Biographie

Liste des abréviations

antonyme de

mot de la même famille

°

h aspiré, pas de liaison

h aspiré, pas de liaison

enfantin

langage enfantin

etw

etwas

f

féminin

fam

familier

fpl

féminin pluriel

indic

indicatif

iron

ironique

jdm

jemandem

jdn

jemanden

litt

littéraire

m

masculin

mpl

masculin pluriel

péj

péjoratif

pop

populaire

qc

quelque chose

qn

quelqu’un

subj

subjonctif

verlan

argot, langage qui inverse les syllabes

vulg

vulgaire

vx

emploi vieilli

Chapitre 1

J’observe Patty qui mâche son chewing-gum. Sa bouche s’ouvre, se ferme, se déforme. Dans le silence de l’appartement, le bruit spongieux de sa mastication marque le temps qui passe, comme le tic-tac d’une horloge.

Elle est assise sur le canapé, une jambe sous les fesses, l’autre posée sur la table basse. Pour ne pas me déranger, elle a branchéles écouteurs de la télé. Elle regarde une émission en attendant que son vernis à ongles sèche. Le flacon est posé sur la table, près de ses orteils repeints en bleu lagune. Patty ne met jamais de rouge comme tout le monde. D’après elle, c’est trop tarte. De toute façon, Patty ne fait pratiquement rien comme tout le monde.

De là où je me trouve, je ne vois pas l’écran. À cette heure de l’après-midi, que peut-elle bien regarder ? Je guette sur son visage un indice, une expression qui pourrait m’aider à deviner s’il s’agit d’une comédie hilarante ou d’un documentaire sur la dynastie Ming dans la Chine ancienne, mais le visage de Patty reste indéchiffrable. Les piercings qui pendent à ses oreilles tintent à chaque mouvement de sa mâchoire. Tic-tac, cling, cling. Patty est une fascinante mécanique. À quoi pense-t-elle ? Pense-t-elle seulement à quoi que ce soit ?

Parfois je me demande si Patty n’a pas une atrophie du cerveau.

Je m’étire pour sortir de ma rêverie et je reprends mes révisions. Sur la table de la cuisine, mes manuels et mes feuilles de classeur s’enchevêtrent. Fiche n° 21 : la Première Guerre mondiale, les forces en présence. À l’été 1914, 170 divisions alliées contre 150 divisions austro-allemandes.

Patty laisse éclater une bulle de chewing-gum.

En Allemagne, le Kaiser déclare à ses troupes : « Vous serez de retour avant la chute des feuilles. »

Patty laisse éclater une autre bulle. Je soupire. Devant mes yeux, les lignes de la fiche n° 21 dansent et se gondolent. « Avant la chute des feuilles », a dit le Kaiser à ses soldats. Était-il sincère ou bien a-t-il oublié de préciser « avant la chute de feuilles… dans quatre ans » ?

Je mordille mon stylo. Quelle impression cela peut-il faire de partir à la guerre ? J’imagine un quai de gare, une bousculade d’hommes portant des uniformes flambant neufs, le train qui démarre comme si c’était pour les emmener vers la mer, en vacances, sauf que cette fois, en bout de ligne, il y a la gadoue des tranchées, les rats, l’ennemi embusqué, la mort.

Patty fait éclater une troisième bulle. Ça m’énerve, mais je ne dis rien : mieux vaut entendre éclater les chewing-gums que les bombes.

Allons, Mado, cesse d’imaginer. Tout ce qu’on te demande, c’est de connaître des dates, des noms, des chiffres. Concentre-toi ! Dans quatre jours, les épreuves du Brevet commencent et je n’ai pas le droit à l’erreur. Le juge des tutelles a été très clair sur ce point : ma réussite scolaire est la condition sine qua non. Un échec, et tout est remis en cause : ma vie avec Patty, l’appartement, les vacances, les bases mêmes de notre arrangement. Lors de notre dernier entretien, il y a huit mois, il n’a cessé de mettre Patty en garde. « La charge de tuteur est lourde et difficile, lui a-t-il expliqué. Vous devrez aider votre sœur au maximum, surveiller ses notes, suivre le programme avec elle, lui épargner le stress et être ferme sur ses horaires de coucher. Si Mado fait des bêtises, c’est vous qui serez légalement responsable. Au moindre écart, nous pouvons réviser les conditions de la tutelle. » Patty a hoché la tête et signé tous les papiers qu’on lui demandait de signer. Après quoi, elle a proposé un chewing-gum au juge, « pour fêter ça ». Comme il n’était pas bégueule, il a accepté une tablette goût chlorophylle, mais j’ai bien compris en l’entendant soupirer qu’il n’avait pas complètement confiance. Je lui ai fait un sourire encourageant. Ma grande sœur n’avait pas l’air, comme ça, d’être l’adulte idéale, décrite par les textes de loi, mais nous allions lui démontrer que nous étions capables de tenir nos engagements ! Parole de Yazinsky !

Seulement, Patty est Patty. On ne la refera pas.

Depuis huit mois, elle vit avec l’idée que tout ira bien, qu’il n’y a qu’à me laisser faire. Elle sort le soir, invite des copains tous les week-ends, s’achète ses fringues et son maquillage, comme avant. Jamais elle ne me donne d’ordre, ni de conseils. Quant à mes contrôles et mes bulletins scolaires, elle se contente de les signer. « Mado a toujours été bonne en classe », dit-elle régulièrement à l’assistante sociale. « Vous prenez pas la tête. » À l’écouter, on pourrait croire que la vie est légère, facile, sans soucis.

Cela dit, je ne lui en veux pas. Patty se débrouille comme elle peut. Elle travaille dur, gagne l’argent qui nous permet de manger et elle me paye le cinéma quand je le lui demande. Elle ne remplacera jamais papa et maman, mais c’est ma frangine. Ma super-frangine.

– Au fait, Mado… dit-elle soudain d’une voix très forte à cause du casque sur ses oreilles. Je t’ai dit que je ne serai pas là ce week-end ?

Je lève le nez et hausse les sourcils.

– Non, tu ne me l’avais pas dit.

– Hein ?

– Je dis non. Je ne savais pas.

Elle ôte le casque et le pose sur le magazine de mots fléchés ouvert à côté d’elle.

– C’est Luigi. Il m’emmène à Amsterdam.

Je hoche la tête. Ça faisait un moment que je n’avais pas entendu parler de Luigi, tiens…

– Qu’est-ce que vous allez faire là-bas ?

– À ton avis ? soupire Patty en éteignant la télé. C’est un voyage d’amoureux, c’est tout.

Je m’empresse de sourire d’un air entendu et de replonger dans mes fiches.

– T’es contrariée ? s’enquiert ma sœur.

– Moi ? Non.

Je l’entends souffler sur ses orteils pour paracheverle séchage du vernis, puis elle ajoute :

– Tu ne l’aimes pas, Luigi, hein ?

– Si, si, je l’aime bien.

– Menteuse.

J’avale péniblement ma salive. Pour rien au monde, je n’ai envie de me mêler des histoires sentimentales de Patty. Elle a vingt ans, j’en ai quinze, et je sais que, sur ce plan, comme sur tant d’autres, nous vivons sur des planètes différentes. Quant à Luigi, je ne l’ai vu que trois ou quatre fois, mais ça m’a suffi. Je l’ai trouvé moche, idiot et sale.

– Tant pis ! déclare Patty. T’as le droit de penser ce que tu veux, ma vieille. C’est pas toi qui vas en Hollande, de toutes manières.

– Eh non.

– Et puis, t’as tes révisions. Tu ne vas pas t’ennuyer.

– Aucun risque.

– C’est mercredi, le Brevet ?

– Lundi.

– Putain, déjà ? Ça passe vite, non ?

Je serre les lèvres, soudain envahie par un cafardmonstrueux. C’est vrai que le temps passe vite… même quand on a cru qu’il s’était arrêté pour toujours.

Il y a neuf mois déjà que l’accident a eu lieu. Il y a neuf mois, c’était le mois d’octobre… le mois de « la chute des feuilles », comme dirait le Kaiser. Papa et maman avaient décidé de prendre une semaine de vacances, loin de la foule, en dehors des congés scolaires. Ils sont descendus en Ardèche, dans notre maison de campagne. Sur une petite route en lacet, en pleine descente, les freins de la voiture ont lâché.

– Mado ?

Je sursaute. Patty est debout, devant moi, l’air inquiet.

– Ça va, ça va, dis-je dans un murmure. Je pensais seulement à mes épreuves de lundi.

Elle gobe volontiers le mensonge, soulagée de ne pas avoir à « en parler ». Pourtant, elle n’est pas dupe, je le sais. Elle a vu mon regard fixe, mes yeux humides. Elle sait parfaitement que je pensais à eux.

– T’as la trouille ? me demande-t-elle en désignant mes fiches de révision.

– Un peu.

– Ça passera, va.

Elle énonce cette platitude avec une tendressemaladroite, qui manque de faire exploser mes digues intérieures. Il va falloir rapidement changer de sujet avant que les sanglots montent, avant que la marée du chagrin nous emporte.

– Allez, secoue ta graisse, Mado ! s’exclame-t-elle sur un ton faussement enjoué. Je t’emmène dîner chez Lolo !

Je souris de mon mieux. Patty… Entre elle et moi, il y a autant de points communs qu’entre une tortue et un babouin, mais je l’aime quand même. Avec son vernis criard, ses piercings, ses cheveux en pétard passés à l’eau oxygénée, ses mots fléchés, ses jeans troués et son Luigi… Patty est ma frangine, ma tutrice officielle et préférée, ma seule famille, ma bouée de sauvetage.

mâcher kauen

spongieuxbruit knautschig

la mastication l’action de mâcher

les fessesfpl fam Hintern

brancher anschließen

les écouteursmpl Kopfhörer

le vernis à ongles Nagellack

l’orteilm Zeh

c’est trop tartefam c’est laid et ridicule

guetter observer (spähen)

hilarant qui fait rire

tinter sonner

la mâchoire Kiefer

Patty est une mécanique elle fonctionne comme une horloge (wie ein tickendes Uhrwerk)

une atrophiemed Muskelschwund

le cerveau Gehirn

les révisionsfpl l’action de réapprendre qc avant un examen

s’enchevêtrer se mélanger dans le désordre

austro-allemand deutsch-österreichisch

une bulle de chewing-gum [∫wŋgɔm] Kaugummiblase

le Kaiser [kεzε:ʀ] Wilhelm II. von Hohenzollern (Preußen), deutscher Kaiser von 1878 - 1918

la chute Fall

se gondoler se déformer

mordiller mordre légèrement (knabbern)

une bousculade [buskyland] le fait de pousser brutalement

la gadoue la boue (Dreck)

la tranchéeici: Schützengraben

embusqué im Hinterhalt

les épreuvesfpl l’examen

le Brevet des Collèges le diplôme français à la fin du collège (Ende der 10. Klasse)

ne pas avoir droit à l’erreur ne pas pouvoir faire de faute

le juge des tutellesjur ici: la personne qui désigne le responsable légal d’un mineur (Vormundsrichter)

sine qua non [sinekwanɔn] unabdingbar

un échec≠ un succès

remettre en cause remettre en question

mettre qn en garde prévenir qn

le tuteur la personne responsable d’un mineur

les horaires de coucher l’heure d’aller se coucher

au moindre écart à la plus petite faute

bégueule prude

tenir les engagementsmpl ici: Bedingungen einhalten

les fringuesfpl fam les vêtements

le maquillage Schminke

signer unterschreiben

l’assistante f sociale Sozialarbeiterin

se prendre la têtefam s’inquiéter

se débrouillerfam se tirer d’affaire

une franginefam une sœur

le casque Kopfhörer

°hausser les sourcils [suʀsi] mpl Augenbrauen hochziehen

des mots fléchés Kreuzworträtsel

s’empresser de faire qc sich beeilen etw zu tun

d’un air entendu d’un air complice

contrarié ne pas être d’accord

s’enquérir s’informer

parachever qc terminer qc avec soin

le séchage Trocknen

un menteur qn qui ment (Lügner)

la salive Spucke

se mêler de qc s’intéresser à qc (sich in etw einmischen)

mochefam laid

ma vieillefam meine Liebe

putainvulg verdammt, verflucht

un cafard une sorte de dépression

monstrueux très grand

avoir lieu stattfinden

la foule la masse de gens

les congésmplscolaires les vacances scolaires

l’Ardèchef Landschaft, Fluss und Département in der Provence, im SO Frankreichs

une route en lacet Serpentinenstraße

en descente la route descend

les freinsmpl Bremsen

lâcher versagen

goberfam ici: croire naïvement

le mensonge≠ la vérité

soulagé erleichtert

être dupeici: sich täuschen lassen

avoir la trouillefam avoir peur

la tendresse Zärtlichkeit

maladroit ungeschickt

manquer de fast hervorrufen

les diguesfpl ici: Abwehrkräfte

le sanglot Schluchzer

la marée du chagrin Übermaß an Kummer

secoue ta graissefam bouge-toi

une tortue Schildkröte

un babouin Pavian

criard grell

les cheveuxmplen pétard zerzaust

une bouée de sauvetageici: Rettungsanker

Chapitre 2

J’ai appris beaucoup de choses, ces derniers mois. La plupart de ce que j’ai appris pourrait se résumer ainsi : tout est relatif. Ça paraît idiot, mais, avant l’accident de mes parents, je ne savais pas ce que cela voulait dire. Je vivais dans l’absolu, ce qui, paraît-il, est normal à mon âge. J’Adorais quelque chose ou bien je Détestais quelque chose. Je jugeais telle personne indigne d’intérêt et telle autre digne de mon amitié. Je trouvais qu’il n’y avait rien de Pire dans la vie que de venir au collège accompagnée de ses parents, et qu’il n’y avait rien de plus Génial que de passer un samedi soir au cinéma avec des copines. Tout était clair. Noir ou blanc. Cool ou pas cool.

Mais, depuis, j’ai fait l’apprentissage forcé des nuances.

Par exemple, Patty.

Avant l’accident, je ne m’entendais pas avec elle. Je la trouvais vulgaire, stupide, sans gêne, envahissante. Elle avait pourtant déjà quitté la maison depuis un an, mais notre mésentente ne s’en n’était pas trouvée amoindrie. Chaque samedi, Patty déboulait chez « nous », à savoir dans l’appartement que j’occupais désormais seule avec papa et maman, et déversait des tonnes de linge sale sur le carrelage de la salle de bains. Maman lui faisait ses lessives, tandis qu’elle se vautrait dans le canapé et qu’elle passait des heures au téléphone. À déblatérer des inepties, bien entendu.

Exaspérée, je disais à mes parents :

– À quoi ça sert de prendre son indépendance si c’est pour retomber en enfance tous les samedis ? Quand Patty vivait avec nous, au moins, elle aidait pour le ménage et…

Mon père levait un doigt pour me faire taire.

– Quand ce sera ton tour, tu verras ! Avant de prendre son envol, il faut un temps de transition. Tu profiteras aussi de la machine à laver, c’est promis.

J’étais un peu jalouse, au fond. Patty vivait librement, avec sa légèreté agaçante, et puis, tel l’oiseau, elle revenait picorer au nid quand ça lui chantait. Alors que moi, je supportais l’autorité parentale, je participais aux tâches ménagères, je m’appliquais pour mes études : tout me semblait lourd, âpre, difficile.

– Tu ne te rends pas compte, Mado, ajoutait maman. Patty travaille toute la semaine jusqu’à des heures impossibles. Comment veux-tu qu’elle s’occupe aussi de son linge ?

Je haussais les épaules. Pour moi, le travail de Patty, c’était la planète Mars. Nous avions pourtant été dîner plusieurs fois dans le restaurant où elle était serveuse et je l’avais vue courir d’une table à l’autre, prenant les commandes, apportant les plats, balayant les bris de verre quand il y avait de la casse. Bien sûr, c’était crevant, mais elle pouvait se reposer toute la journée, alors que moi, j’étais en cours !

Et puis, il y eut l’accident. Plus de papa. Plus de maman.

Lorsque nous nous sommes retrouvées chez le juge des tutelles, j’ai compris que si ma sœur n’avait pas travaillé, jamais elle n’aurait pu demander à me garder près d’elle. Comme nous n’avions pas de famille en France, j’aurais été placée dans un foyer de la DDASS ou dans une famille d’accueil jusqu’à ma majorité. Plutôt mourir.

Papa et maman nous laissaient l’appartement, la maison de campagne et un peu d’argent qu’ils avaient mis de côté. Patty pouvait revenir vivre avec moi, me nourrir, me vêtir. Elle devenait ma tutrice. Au mois de janvier, elle s’est même débrouillée pour changer ses horaires de boulot. Elle a pris les services du midi et elle a obtenu de ne travailler qu’un samedi sur deux pour être avec moi plus souvent.

Aujourd’hui, Patty est toujours vulgaire, sans gêne, envahissante. Parfois, je me demande si elle n’a pas une atrophie du cerveau, mais ce que j’ai découvert, c’est qu’elle est d’une générosité sans limite, qu’elle a le sens de la fête, de l’humour, de la vie, et qu’elle me respecte énormément, même si je suis différente d’elle.

Alors, de mon côté, je fais des efforts. Je la complimente sur ses tenues les plus moches, je ne critique pas ses copains, même si j’en meurs d’envie, je la laisse écouter sa musique à fond sur la chaîne et… je finis presque par aimer cet affreux bar, bruyant et enfumé, où elle m’emmène chaque fois que j’ai trop de peine.

« Chez Lolo », Patty est la reine. Elle connaît tout le monde, tutoie le patron, joue au flipper et au baby-foot en poussant des hurlements hystériques et, lorsque je suis avec elle, elle me présente toujours aux clients comme « sa petite sœur savante ».

« Chez Lolo », on mange des hot-dogs et des frites graisseuses. Il y a de la sciure par terre et des mégots écrasés, une vitrine pour exposer les coupes et les médailles du club de boxe local et des banquettes marron en faux cuir. Je bois un diabolo et Patty une bière. Le patron nous offre souvent son infecte mousse au chocolat pour le dessert. Je la mange en prenant un air gourmand, si bien qu’il doit croire que sa mousse est la meilleure du monde. Ça ne me dérange pas, après tout. Ce qui compte, c’est la gentillesse.

Ce soir-là, après le hot-dog et quatre parties de flipper, ça ne rate pas : le patron me demande si j’aimerais une petite mousse. Je dis oui et Patty s’empresse d’en commander une pour elle aussi.

– Est-ce bien raisonnable ? lui demande le patron en lui pinçant la taille. Tu ne profiterais pas un peu trop des sucreries, ces derniers temps ?

Patty baisse les yeux vers son ventre. C’est vrai qu’elle a tendance à s’enrober depuis quelques semaines. Mais elle hausse les épaules :

– Sois cool, Lolo ! Laisse-moi vivre !

Elle se retourne vers moi et me fait un clin d’œil :

– Dès demain, régime !

Je lui rends son clin d’œil. C’est vrai que nous ne sommes pas les championnes de la diététique, Patty et moi. Depuis que nous faisons nous-mêmes tous nos repas, les endives et les haricots verts ne sont pas souvent invités à notre table ! Pas étonnant que Patty ait pris du poids.

– Moi aussi, régime ! dis-je pour l’encourager.

– T’es folle ! Pas avant le Brevet ! Tu dois manger, Mado. T’es en pleine croissance, je te signale.

Elle se penche vers moi :

– Je te rapporterai des gaufres d’Amsterdam. Il paraît qu’elles sont délicieuses. Comme ça, tu pourras en grignoter pendant les épreuves, d’accord ?

Tout en jouant avec le sous-verre en carton, je songe à son voyage à Amsterdam et à ce long week-end de solitude qui m’attend. Sans ma sœur, dans cet appartement plein de souvenirs, est-ce que je ne vais pas m’enfoncer dansla déprime ? Je n’ose pas supplier Patty de rester, d’annuler son voyage, de me garder près d’elle, tout le temps, tout le temps… Je me contente de dire :

– C’est bizarre d’aller à Amsterdam, non ? Luigi aurait mieux fait de t’emmener en Italie, puisqu’il est italien !

Patty fait une moue.

– Amsterdam, c’est moins cher.

À ce moment-là, je vois passer une ombre sur son visage. Son sourire s’éclipse, comme si ce voyage ne lui disait plus rien, tout à coup.

– Et deux mousses pour les jolies sœurs ! s’exclame le patron en posant les coupes devant nous.

Patty retrouve son sourire illico.

– Fais pas cette tête, Mado ! Mange et arrête de te torturer les méninges ! Un jour, c’est moi qui t’emmènerai en Italie, tu verras !

Je plante ma cuillère dans la mousse au chocolat. Pour ce soir, j’essaie d’adopter la philosophie de Patty : croquer la vie comme elle vient en gardant le sourire, même si elle est indigeste.

indigne unwürdig

l’apprentissagem le fait d’apprendre

sans gêne sans s’occuper de l’autre (rücksichtslos)

envahissant indiscret

une mésentente une mauvaise relation

amoindri diminué

déboulerfam arriver vite

déverser déposer en grande quantité

faire la lessive laver le linge

se vautrer sich lümmeln

déblatérer des inepties [inεpsi] fpl dire beaucoup de bêtises

exaspéré verzweifelt

prendre son envolici: das Elternhaus verlassen

le temps de transition Übergangszeit

jaloux eifersüchtig

tel l’oiseau comme un oiseau

picorer au nidici: von zuhause profitieren

âpre rude

les bris mpl de verre du verre cassé

crevant très fatigant

être en cours être à l’école

un foyer de la DDASS [das] Direction Départementale d’Action Sanitaire et Sociale (Leitung des Sozial- und Gesundheitswesens)

une famille d’accueil eine Familie, die die Patenschaft übernimmt

la majorité Volljährigkeit

elle s’est même débrouillée pour elle a même réussi à

le boulotfam le travail

faire des effortsmpl sich Mühe geben

les tenuesfpl les vêtements

mochefam laid

tutoyer qn dire « tu » à qn

un baby-foot [babifut] Tischfußball

graisseux très gras

la sciure Holzspähne

des mégotsmplécrasésfam ausgetretene Zigarettenkippen

une coupe Pokal

un diabolo un mélange de sirop et de limonade

infecte eklig

gourmand qui aime manger

ça ne rate pasfam ça arrive comme prévu

profiterici: prendre du poids

s’enrober grossir

le régime Diät

le clin d’œil Augenzwinkern

une endive Chicoree

une gaufre Waffel

grignoter knabbern

un sous-verre en carton Bierdeckel

s’enfoncer dans qc se jeter dans qc

la déprimefam la dépression

supplier prier très fort

faire une moue ein schiefes Gesicht ziehen

illico [i(l)liko] fam tout de suite

se torturer les méningesfam trop réfléchir

croquer la vie profiter de la vie

indigeste unverdaulich

Chapitre 3

Samedi, 18 heures

Finalement, cette première journée de solitude n’a pas été aussi terrible que je le craignais. Je me suis levée tard, j’ai traîné dans mon bain, révisé les maths et le français, vidé un paquet de gâteaux pour mon goûter et j’ai à peine pensé à mes parents.

Seulement, maintenant, il me reste à affronter la soirée : la nuit qui tombe, les bruits qui changent, les éclats de voix dans les appartements voisins, ce sentiment tenace de ne pas être invitée à la même fête que les autres… Le soir, rien n’est pareil. Le soir, tout est plus difficile.

Je range mes livres et mes fiches de révision, tout en cherchant un moyen de contourner l’épreuve qui s’annonce. Regarder la télé ? Écouter de la musique ? Descendre dans la rue pour me balader un moment ? Appeler Patty sur son portable ? Comme je n’arrive pas à me décider, je sors sur le balcon et m’accoude à la rambarde, histoire de respirer.

Si j’ai encore appris une chose importante, ces derniers mois, c’est que le malheur des uns fait peur aux autres.

Je me rappellerai toute ma vie le matin d’automne où je suis revenue au collège, après une semaine d’absence. Tout le monde était au courant, bien entendu : les profs, les élèves, les surveillants et même les parents d’élèves. « Vous savez, Mado Yazinsky, qui est en 3e C ? Eh bien, elle a perdu ses parents dans un accident de voiture… Tous les deux, tués sur le coup. La voiture s’est écrasée au fond d’un ravin. Vous vous rendez compte ? »

Évidemment, personne ne pouvait se rendre compte.

Quand je suis arrivée dans la cour, mes copines sont venues vers moi. Olivia, Maude, Sabrina et Judicaëlle : une vraie brochette d’enterrement ! Elles avaient l’air si tristes ; on aurait cru que c’étaient elles qui avaient perdu leurs parents ! Du coup, en les voyant, je n’ai pas pu m’en empêcher : j’ai rigolé. Elles n’ont pas compris. Comment pouvais-je rire alors qu’un tel malheur venait de se produire ? J’ai vu la stupeur et la désapprobation se peindre sur leurs visages.

– C’est nerveux, ai-je inventé.

– Je comprends, a menti Sabrina.

Maude et Judicaëlle ont hoché la tête.

– Tu es sûre que c’est bien de revenir au collège ? m’a demandé Olivia.

– Ça me changera les idées, ai-je répondu.

Cette fois, j’étais on ne peut plus sincère. Rester chez moi, à me morfondre et à ressasser les souvenirs, n’était pas une solution.

Même la psychologue m’avait encouragée à reprendre les cours.

Ensuite, on est restées toutes les quatre à attendre la sonnerie, sans rien dire. Sabrina portait un nouveau pull, mauve et gris, super-joli. Je n’osais pas lui en parler de peur de paraître futile. Je savais que Judicaëlle avait été à la boum de Mathieu, le samedi précédent. J’aurais voulu lui demander comment c’était, si Laura avait embrassé Gabriel et si Éléonore avait dansé avec Kevin… mais je n’osais pas lui poser ces questions.

Je me suis alors aperçue que j’allais passer mon temps à me surveiller pour être conforme à ce qu’on attendait de moi : je devais avoir l’air triste et abattue, point à la ligne. Pas d’autre attitude possible. Mes copines aussi se contrôlaient : il ne fallait pas rire, pas me bousculer, pas me parler de choses tristes, ni de choses gaies, éviter de prononcer les mots tabous comme

« papa », « maman » et même « voiture »…

Cette situation pénible a duré quelques jours. Et puis, peu à peu, j’ai senti un relâchement. Pour éviter de me faire de la peine, mes copines préféraient rire loin de moi, s’amuser loin de moi, se raconter leurs histoires banales loin de moi. Elles n’ont pas vraiment voulu me mettre sur la touche. J’étais sur la touche.

Au cours du trimestre suivant, je me suis rapprochée de Jeanne, une fille que je n’aurais jamais pensé fréquenter avant l’accident. Avec elle, j’ai pu parler de mes parents et de ma nouvelle vie. Comme on ne se connaissait pas trop auparavant, c’était moins difficile. Elle me prenait comme j’étais : Mado l’orpheline, Mado qui vivait seule avec sa grande sœur, qui avait ses humeurs sombres et ses absences, mais aussi ses éclats de rire, la nouvelle Mado. Quant à l’ancienne, je ne sais pas ce qu’elle est devenue… Elle est sans doute tombée dans le ravin avec la voiture, elle a été effacée.

Je suis en train de penser à tout ça lorsque le téléphone sonne. C’est Jeanne, justement ! Quand elle apprend que je suis toute seule, elle me propose de venir dormir chez elle. Là-bas, il y a toujours de l’animation, du bruit, de la vie : exactement ce qu’il me faut ! Voilà ma soirée sauvée.

Avant de prendre mes affaires et de filer, je décide de joindre Patty sur son portable pour la tenir au courant.

Elle finit par répondre au bout de cinq ou six sonneries. Sa voix est un peu altérée. Je demande :

– Je te dérange ?

– Non, non, ça va.

– Jeanne m’invite à dormir. Je rentrerai demain après-midi.

– D’accord, fais comme tu veux, Mado.

Je laisse un temps, troublée. Patty n’a pas le ton enjoué d’une amoureuse qui nage en plein bonheur. Luigi et elle se seraient-ils disputés ?

– Ça n’a pas l’air d’aller fort, dis-je.

– Si, tout va bien. Je suis à l’hôtel… Je… J’étais sous la douche, en fait.

Ça pue le mensonge à cent kilomètres. Je me représente soudain Patty, toute seule dans cette ville inconnue, larguée par ce Luigi que je n’aime pas, triste à mourir, mais trop fière pour avouer quoi que ce soit. J’ose insister :

– Il est comment, l’hôtel ? Chouette ?

– Super, répond Patty en forçant un rire. La chambre est grande, on a la télé…

Dans le téléphone, j’entends des voix qui résonnent et des portes qui claquent.

– Et Amsterdam ? C’est comment ?

– Sympa.

– Tu as vu des moulins ?

– Pas en pleine ville, andouille ! soupire Patty. Bon, Luigi m’attend. Faut que je te laisse.

– Amuse-toi bien, dis-je sans conviction. Et à demain.

– Bonne soirée, Mado. Embrasse Jeanne pour moi.

Fin de la conversation. Je reste debout dans l’entrée, les bras ballants. Pourquoi Patty avait-elle l’air si fatiguée, si tendue, si triste ? Et les bruits que j’ai entendus derrière elle… On aurait plutôt pensé qu’elle se trouvait dans un hall de gare ou dans un aéroport. Certainement pas dans le cadre feutré d’une chambre d’hôtel.

J’hésite un moment à la rappeler pour en avoir le cœur net, puis je renonce. Après tout, c’est Patty qui est la grande, l’adulte ! Et c’est elle qui a décidé de prendre du bon temps ! Je ne vais pas me gâcher la soirée à m’inquiéter pour elle. Et d’ailleurs, si elle a rompu avec Luigi, ce n’est pas une grande perte. Telle que je connais Patty, elle s’en remettra.

En claquant la porte de l’appartement, j’ai l’impression de refermer un cercueil. Clac ! Dormez bien, les fantômes ! Moi, je vais m’amuser ailleurs !

N’empêche, le dimanche soir, quand j’entends tinter les clés de Patty sur le palier, je ne cache pas mon soulagement et je me précipite à sa rencontre.

– Ça va, Pat ? C’était bien ? Pas trop fatiguée ?

Elle a mauvaise mine, mais, en même temps, ses yeux semblent briller plus intensément que d’ordinaire. J’en déduis que le week-end a dû être mouvementé et se finir comme il faut. Comme j’ai préparé à dîner, je lui demande si elle a faim.

– C’est bon, j’ai mangé un sandwich.

– Dommage, j’avais prévu un menu minceur… Concombres, salade verte et jambon maigre !

Patty ne semble pas m’avoir entendue. Elle jette ses chaussures à talons compensés dans un coin et va directement s’effondrer dans le canapé. En l’observant un peu mieux, je comprends pourquoi je lui trouvais si mauvaise mine. Elle n’est pas maquillée ! Ce détail fait renaître en moi le sentiment que quelque chose cloche. Les seules circonstances qui empêchent Patty de se peinturlurer la figure, c’est quand elle est malade. Et encore ! Il faut vraiment une grosse grippe !

– Tu n’as pas l’air en forme… murmuré-je prudemment, tu ne serais pas malade ?

Patty s’empare de la télécommande et allume la télé sans répondre. Du coup, je n’ose pas insister et je me contente de m’asseoir à côté d’elle. L’émission qui commence est un reportage sur la vie des gens riches. Cela n’a strictement aucun intérêt, mais je m’abstiens de tout commentaire. Patty s’est roulée en boule contre l’accoudoir, dans une position que je connais trop bien : celle de l’enfant blessée. Combien de fois l’ai-je vue se recroqueviller de la sorte, les yeux dans le vague et les doigts tortillant ses mèches de cheveux délavés ? Quand elle ne va pas fort, Patty semble rapetisser, et c’est tout juste si elle ne prend pas son pouce. Du vivant de papa et maman, je me moquais d’elle. Plus maintenant.

Sur l’écran, un homme en costume très cher est en train d’expliquer à la caméra qu’il organise une petite réception « en toute intimité ». Trois cents personnes sont invitées chez lui. Dans les cuisines de son palace, des dizaines de cuisiniers s’agitent autour de leurs casseroles. Les sauces dégoulinent, les viandes rôtissent, les poissons grillent et les desserts s’entassent.

Tout à coup, alors que je m’apprête à pousser une exclamation de gourmandise, Patty bondit du canapé et court aux toilettes. Interdite, je ravale mon cri. À travers la porte, j’entends Patty qui vomit tripes et boyaux.

Par mesure de précaution, j’éteins la télé. Quand Patty réapparaît, elle est livide.

– Tu as raison, me dit-elle. Je suis malade. Je vais aller me coucher.

Je hoche la tête.

– Moi aussi. Demain, les épreuves du Brevet commencent à 8 heures.

Tandis qu’elle s’éclipse vers sa chambre, elle essaie de faire un peu d’humour :

– Si ça se trouve, c’est ça qui me rend malade… ton Brevet !

des éclats mpl de voix des voix bruyantes

tenace zäh

contourner ne pas faire

se baladerfam se promener

s’accouder s’appuyer avec les coudes

une rambarde une barrière

s’écraser zerschellen

un ravin (Fels)Schlucht

une vraie brochette d’enterrement so ein richtiger Trauerzug

rigolerfam rire

la stupeur l’étonnement

la désapprobation Missbilligung

se morfondre s’ennuyer

ressasser[ʀǝsase] penser toujours à la même chose

futileici: oberflächlich

la boumfam la fête

abattu niedergeschlagen

point à la ligneici: c’est tout

un relâchement Nachlassen einer Spannung

être sur la touche être exclu

fréquenter qn mit jdm Umgang haben

des humeursfplsombres düstere Gefühlszustände

quant à en ce qui concerne

l’animationf l’activité

tenir qn au courant informer qn

ça n’a pas l’air d’aller fort on dirait que ça ne va pas bien

puer stinken

le mensonge Lüge

être largué par qnfam être quitté par qn

chouettefam bien, agréable

un moulin Mühle

andouille !fam imbécile ! (Trottel!)

soupirer seufzen

sans conviction nicht überzeugend

rester debout ≠ rester assis

les bras ballants sans rien faire

le cadre feutré une atmosphère de calme et de luxe

en avoir le cœur net[nεt] savoir exactement de quoi il s’agit

gâcher verderben

la perte de qc le fait de perdre qc

un cercueil Sarg

le palier Treppenabsatz

le soulagement Erleichterung

se précipiter à sich stürzen auf

déduire qc de qc etw aus etw schließen

c’est bonfam ici: c’est pas nécessaire

à talonsmplcompensés mit Plateau-Sohlen

qc cloche qc ne va pas

se peinturlurer la figurefam se maquiller exagérément le visage

s’emparer de qc prendre qc

une télécommande Fernbedienung

s’abstenir de faire qc ne pas faire qc

un accoudoir Armlehne

se recroqueviller sich zusammenkauern

les yeux dans le vague l’air absent

tortiller zwirbeln

les mêchesfpl Haarsträhnen

rapetisser devenir de plus en plus petit

le pouce Daumen

une réceptionici: une fête (Empfang)

dégoulinerici: sich ergießen

une exclamation de gourmandise le fait de crier, l’air gourmand

ravaler un cri ne pas crier

vomir tripes et boyaux[bwajo]fam kotzen wie ein Reiher

par mesure de précaution vorsichtshalber

livide très pâle

s’éclipser verschwinden

Chapitre 4

Le lendemain, quand je quitte l’appartement, Patty n’est pas encore levée, mais ça n’a rien d’exceptionnel : elle a toujours été adepte des grasses matinées. Par sa porte entrebâillée, je l’ai vue dormir, roulée en boule sous sa couette. Elle avait l’air paisible. Je m’en vais donc passer mes épreuves sans me faire de soucis. Patty s’est peut-être gavée de gaufres tout le week-end ? Et d’ailleurs, elle a dû manger celles qu’elle voulait me rapporter, parce que je n’en ai pas vu la couleur !