La vie qu'elle aurait aimée... - Coralie Nadeau - E-Book

La vie qu'elle aurait aimée... E-Book

Coralie Nadeau

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Beschreibung

Toute jeune avocate, Sandra se voit confier une affaire qui l'entraînera dans les méandres d'une histoire plus ancienne encore. Entre les cauchemars, les visions et le crime, va-t-elle réussir à trouver la vérité ?

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Veröffentlichungsjahr: 2017

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Sommaire

Chapitre 1

Chapitre 2

Chapitre 3

Chapitre 4

Chapitre 5

Chapitre 6

Chapitre 7

Chapitre 8

Chapitre 9

Chapitre 10

Chapitre 11

Chapitre 12

Chapitre 13

Chapitre 14

Chapitre 15

Chapitre 16

Chapitre 17

Chapitre 18

Chapitre 19

Chapitre 20

Chapitre 21

Chapitre 22

Chapitre 23

Chapitre 24

Chapitre 25

Chapitre 26

Chapitre 27

Chapitre 28

Chapitre 29

Épilogue

Chapitre 1

Bip, bip, bip...

Sandra Fizz était une jeune avocate de 30 ans. Elle venait de sortir d’une longue hospitalisation, et devait reprendre son travail incessamment sous peu. À cause de ses longues années d'études et de son stage auprès du célèbre Andrew Caria, Sandra n’avait pas encore eu de vraie affaire à elle. Mais cela n’allait pas tarder. Lorsqu’elle consulta sa boîte mail, elle remarqua qu’on venait de lui en confier une. Toute excitée par cette merveilleuse nouvelle, elle se rendit directement à son bureau. Quand elle l'ouvrit, elle redescendit vite sur Terre. L'enquête traitait d'un vol dans la rue Sainte Catherine, place de la Victoire à Bordeaux. En soi, ce n'était pas une affaire très intéressante mais c'était toujours cela. En regardant de plus près, elle se rendit compte qu’elle avait hérité d’un dossier qu’un de ses collègues avait sûrement dû bâcler pour ensuite l’abandonner et le redonner à quelqu’un d’autre. Et forcément, c’était tombé sur elle.

- Bien sûr ... ils me donnent un dossier à traiter rapidement juste après ma convalescence, il ne me reste plus que deux semaines pour le traiter… C’est n’importe quoi ! Quel professionnalisme …

La jeune avocate énervée remplit des papiers toute la journée et ne s'intéressa pour le moment pas à son affaire, bien qu'elle soit pressante. Sandra partit tôt ce soir-là car elle était impatiente de rentrer à la maison voir son mari Matthieu et ses enfants, Jules qui venait d'avoir 5 ans, et Adèle allant sur ses 2 ans. Malheureusement, elle n'y serait pas avant au moins 20h avec tous ces embouteillages. Pour passer le temps, elle se mit à lire son dossier.

Le magasin cambriolé se trouvait dans une des artères secondaires de la rue principale. Le propriétaire était un bijoutier qui vendait des bijoux fait main, uniques. Elle connaissait cette boutique, des amis lui en avaient parlé un jour en lui disant qu'il fallait qu'elle y fasse un tour ; ils disaient qu'elle ne pourrait pas se tromper puisqu'il n’y en avait qu’un seul de ce genre. Le propriétaire, Jean Fishe, était un homme sans problème particulier avec la loi. Il vivait à quelques rues de son magasin avec sa femme et ses enfants. Un soir, il y était retourné pour récupérer sa caisse qu'il avait oubliée et l’avait retrouvé sens dessus dessous. C'était il y a de cela trois jours alors qu'il venait de fermer pour maladie. Le voleur avait été identifié par les caméras de surveillance comme étant Thomas Robin. C’était ce dernier que Sandra était censée défendre. D'après son dossier, c'était un petit dealer qui travaillait à Bordeaux depuis un peu moins de deux ans. Il avait toujours réussi à se sortir de situations assez problématiques. La police le connaissait mais ne cherchait pas à l'arrêter pour le moment car elle avait des dossiers plus importants à traiter. Thomas n'était pas un grand dans son domaine, il ne servait que de pion.

« Pourquoi suis-je censée défendre un voleur ? Pff... mais bon, une affaire est une affaire et on ne va pas cracher sur le boulot, surtout en ce moment. »

Elle devait rencontrer le jeune homme de vingt ans le jeudi de cette semaine, c'est-à-dire deux jours plus tard. Cela lui permettrait de réfléchir aux questions qu'elle lui poserait pour connaître sa version des faits.

Arrivée chez elle, Sandra ne pouvait que distinguer le colossal cerisier en fleur avec une nuit aussi noire, illuminé par une petite lanterne accrochée par son fils. La jeune femme avait hâte de serrer son mari et ses enfants dans ses bras. Elle remonta l'allée de son jardin, entourée de petites fleurs violettes qu'elle aimait beaucoup car elles sont peu communes. Cela lui rappelait beaucoup le jardin de sa grand-mère chez qui elle passait les vacances d'été étant plus jeune.

Apparemment il n'y avait personne chez elle car tout était éteint et la porte était fermée à clé. C'était très étrange car Matthieu ne la fermait pas en sachant qu'elle allait rentrer. Pour se rassurer elle se dit à elle-même qu'ils avaient dû aller chercher une glace pour Jules qui avait dû faire un caprice. Parfois quand on ne sait pas quoi faire, on cède, et Matthieu était souvent dans cette situation. Sandra, elle, aurait dit « non » fermement ou aurait raconté l'histoire d'un enfant obligé d'aller chez le dentiste à cause de plusieurs caries. À ce genre d'histoire, Jules se mettait tout de suite en quête d'autre chose à grignoter comme un fruit, de préférence, que lui tendait sa mère.

Son fils lui ressemblait beaucoup de caractère. Elle aussi étant plus jeune avait été capricieuse mais heureusement pour elle ses parents n'avaient pas cédé. Elle se rappela alors d'une fois où elle avait fait une crise et s’était presque battue avec sa grande sœur, qui était beaucoup plus calme. Maintenant c'était à elle d'entendre son fils faire son colérique. Adèle bien que très jeune avait un tempérament beaucoup plus serein, provenant certainement du côté paternelle, permettant parfois de canaliser son grand frère.

Posant ses affaires, Sandra entra dans le salon, un peu inquiète de ne trouver personne à cette heure de la soirée. Il y faisait un noir d'encre et elle eut beaucoup de difficulté à trouver le bouton de la lumière. Au-moment où elle alluma, une belle clameur émergea : « Félicitations ! » crièrent en même temps Matthieu, ses parents et beaux-parents, et Jules. Adèle participa à cette clameur par de grands gestes vers sa mère.

Prenant sa fille dans ses bras elle interrogea tout le monde du regard, sans pouvoir dire quoi que ce soit. Matthieu se chargea de répondre à sa question muette.

- Lenna m'a appelé pour nous dire la nouvelle dès que tu es sortie du bureau. Ta première affaire. Bravo ma chérie !

Il s'approcha doucement de sa femme plongeant son regard noir ébène dans celui de Sandra. Il était grand et mince mais avec la carrure d'un grand sportif. Le détail qui faisait souvent rire sa femme mais qu'elle adoré était ses cheveux noirs toujours coiffés en bataille, lui donnant un peu un air de jeune voyou. Après qu'il l'eut embrassée tendrement, le reste de la petite assemblée vint la féliciter.

- Alors Sandra de quoi parle ton affaire, s'empressa de demander sa belle-mère après que tout le monde se soit installé dans le salon.

- Je suis désolée mais je ne peux pas vous en parler, c'est le secret professionnel.

- Je comprends très bien mais alors dis-nous comment tu la ressens ?

- Comment je la ressens ?

- Oui ! Penses-tu que ce sera une affaire facile, j'ai entendu dire que parfois certains avocats pouvaient voir l'issue du procès avant que celui-ci ne commence.

Tout le monde était scotché aux lèvres de Sandra. Elle ne savait pas forcément quoi dire, mais essaya de se rappeler ce qu'elle avait ressenti en lisant le dossier.

- Tout d'abord j'étais vraiment contente de reprendre le travail, j'attendais cela depuis très longtemps. Mais en lisant le premier dossier je me suis rendu compte que c'était celui dont personne ne voulait. Étant donné qu’il est passé d’une main à une autre, et que je n’étais pas présente au bureau depuis un certain temps, il ne me reste plus que trois semaines pour le traiter... Tout ça pour un simple vol dans un magasin de la rue Sainte Catherine. J'ai vite été déçue. Est-ce qu'ils pensent vraiment que je ferai mes preuves avec des affaires aussi simples ou veulent-ils me faire tomber en ne me laissant qu'un court laps de temps ?

- Tu sais ma chérie, reprit son père, une affaire n'est jamais bonne ou mauvaise. Tu ne peux pas savoir ce qu'il se passera. Rappelle-toi que beaucoup d'innocents ont été condamnés ou beaucoup de coupables libérés, parce que leur dossier avait été relégué au second rang, pensant que leur cas n'était pas intéressant. Alors je ne sais pas, peut-être que ton affaire est simplement une histoire de vol mais peut-être pas ! Seule toi pourras le dire. Et puis s’ils veulent te faire tomber comme tu dis, tu vas pouvoir leur montrer que dans la famille on ne se laisse pas faire et que l'on va jusqu'au bout.

- Tu fais de la philosophie papa ? rigola Sandra.

- Oui parfois il m'arrive d'en faire, répondit-il un grand sourire aux coins des lèvres.

- En tout cas merci pour tes conseils, ils me seront précieux dans les jours à venir. Bon et sinon mon chéri, demanda-t-elle à son mari, comment s’est passée ta journée ?

- Plutôt tranquille, cela change de d'habitude. J'ai juste eu un patient ce matin qui avait réussi à s'enfoncer une pointe dans la cuisse après être tombé d'une échelle. Vous me demanderez s’il n'a rien d’autre de cassé ? Et bien non juste la pointe ! Tout le reste de son corps est en parfait état, et cela me surprend encore . Ce fut la seule chose mouvementée de la journée.

Après avoir discuté un petit moment, ils se mirent tous à table. Les mères des deux jeunes gens avaient préparé le repas qui fut succulent. Elles s'entendaient très bien, et avaient un caractère presque semblable. Pour les pères, ils n'avaient que quelques points communs ce qui ne les empêchait pas d'être de bons amis.

La soirée s'étant finie sur un bon repas, les parents du jeune couple rentrèrent chez eux. Les enfants au lit, Sandra put se coucher aux côtés de Matthieu, et s'endormit profondément.

Chapitre 2

Des lumières blanches éblouissantes, un bruit régulier en fond sonore, une main moite lui touchant le giron...

La nuit de Sandra fut agitée, mais le réveil sonna comme tous les jours à 7h00, et mit fin à tout cela. Bien qu'elle n’embauchât qu'à 9h00, elle devait emmener les enfants à l'école et au jardin d'enfants. Avant de les réveiller, elle alla dans la cuisine préparer le petit déjeuner, et y trouva le mot de son mari partit plus tôt pour aller au travail. Il travaillait comme infirmier dans un grand hôpital de Bordeaux où les horaires étaient parfois difficiles, mais il avait pu demander à les ajuster en fonction de sa vie de famille. Ainsi il partait très tôt le matin afin de pouvoir aller récupérer les enfants à la sortie des classes.

« Encore félicitations, je suis fier de toi, tu es la meilleure. Je t'aime. »

Après sept ans de mariage il était toujours aussi plein de bonnes attentions. Beaucoup de personnes disaient qu'un jour il finirait par arrêter tout cela, mais pour l'instant ce n'était pas le cas et Sandra ne s'en lassait pas. Elle aimait son mari pour ces petites délicates attentions qu'il lui adressait parfois, sans rien demander en retour.

En entrant dans la chambre de Jules, elle étouffa un petit cri. Il avait laissé ses legos à terre et elle venait de marcher dessus. Faisant plus attention, elle avança jusqu'au petit lit et s'assit sur le rebord. Afin de réveiller son fils, elle caressa en douceur sa petite joue chaude qui se réveilla en faisant la moue. Le garçonnet ressemblait énormément à son père ; cheveux indomptables de couleur noire, avec le teint clair, les yeux étaient vert émeraude. La seule chose qu'il tenait de sa mère était son nez recouvert de petites tâches de rousseur. Ce petit garçon deviendra un jour un beau jeune homme.

- On va chercher Adèle ?

- Oui mon cœur.

La chambre de la plus jeune était le vrai paradis des jouets. Matthieu l'appelait le monde des Bisounours. Cela plaisait à Adèle, surtout quand ses grands parents venaient en rajouter. Que demander de mieux que le bonheur de ses enfants.

Afin de réveiller sa sœur, Jules monta sur le lit et l’appela, mais elle n'ouvrait ses petits yeux noir de jais que lorsqu'elle entendait la voix de sa maman. C'était ainsi tous les matins. La fillette ressemblait un peu à sa mère également mais avait hérité des cheveux bruns bouclés formant des anglaises de sa grand-mère. On ne pouvait pas dire que Sandra avait partagé son capital génétique mais cela ne la gênait pas. Elle savait que ses enfants seraient en bonne santé, et c'était le plus important.

Une fois habillés et le petit déjeuner pris, la petite troupe monta dans la voiture, une vieille Impala héritée après le décès de son oncle, qui après réparation était flambant neuve.

L'école et le jardin d'enfant n'étaient qu'à trois kilomètres, sur la rive droite de l'estuaire de la Gironde, tout comme leur maison. Une fois les enfants déposés, Sandra partit pour son travail qui lui se trouvait dans le port de la Lune, autre nom donné à la magnifique ville de Bordeaux. Elle devait donc traverser le pont d'Aquitaine qui était souvent encombré à 8h30. Parfois, elle arrivait en retard à cause de cela mais son patron était indulgent, surtout si elle apportait le café et les croissants pour tout le monde. N'étant que six dans le bureau cela ne revenait pas cher. Elle aimait se rendre dans une petite boulangerie, que peu de gens connaissaient, qui vendait de bons croissants et chocolatines. Sandra était tombée dessus pas hasard et ne jurait que par son délicieux café que l'on ne trouvait nulle part ailleurs.

Pendant la quinzaine de jours qui la séparait du procès Sandra chercha toutes les informations qui pourraient lui permettre de défendre son client. Elle chercha sur internet, dans les coupures de journaux, pour savoir si le nom de Thomas Robin n'y figurait pas. Elle put même regarder dans quelques rapports de police, autres que ceux qu'on lui avait déjà fourni, pour tout connaître sur son client. Elle trouva alors qu'il ne venait pas de Bordeaux. Il était d'Angoulême en Charente, au Nord de Bordeaux, où apparemment vivait toujours sa famille. Elle découvrit également qu'il avait commis quelques petits délits mineurs, mais rien comparé à ce vol. Pour le rencontrer et en savoir d'avantage, elle se rendit, quelques jours plus tard, dans le commissariat où était incarcéré le délinquant, en attendant d'être transféré dans une prison.

La salle dans laquelle il se trouvait était toute petite et il y faisait très froid. Sandra s'assit sur une chaise et attendit patiemment son client. Elle était très stressée de rencontrer Thomas, bien qu'elle ne sût pourquoi, elle n'aimait cette affaire. Mais c'était son premier client et il fallait se montrer professionnel et confiant. Cinq minutes après avoir vu les agents de police et leur avoir demandé de le faire venir, celui-ci entra dans la salle.

Elle ne l'avait encore jamais vu. Elle découvrit une personne d'environ 1m85 d'une vingtaine d'années, plutôt musclé mais pas trop, avec de beaux cheveux bruns. Il lui rappelait un mannequin célèbre que l'on voit beaucoup dans les magazines. La mère de Sandra lui avait toujours dit que dans les yeux d'un homme on pouvait lire pleins de choses, comme la sincérité, la peur... Cet homme-là avait le regard tendre d'un enfant qui avait grandi trop vite, ce qui parut plutôt étrange à Sandra. Une personne en prison, surtout un voleur et un dealer, devrait avoir un regard méfiant, voire distant, alors que lui faisait littéralement fondre son avocate. « Ressaisis-toi, se dit-elle. Il fait ça pour t'amadouer »

- Bonjour Monsieur Robin, je suis Madame Fizz votre avocate commise d'office. J'ai lu votre dossier et fais des recherches sur vous. Comment allez-vous ?

- Comme quelqu'un qui vient de passer deux nuits sur du béton.

- Oui en effet. Bon tout d'abord je...

- Attendez, je vais vous dire ce qu'il s'est passé cela vous évitera de poser pleins de questions inutiles.

- Euh... oui d'accord, dit Sandra visiblement gênée.

- Bon je me promenais, si je puis dire, dans la rue Sainte Catherine, il devait être dans les deux heures du matin, à la recherche d'un ami qui me doit de l'argent. Après l'avoir rencontré et entendu dire qu'il n'avait que la moitié de ce qu'il me doit, je commence à m'énerver et donc à essayer de le frapper. La seule chose que l'on peut me reprocher c'est de lui avoir donné un poing dans la gueule et de l'avoir mis à terre direct. Vous l'auriez vu c'était drôle.

Thomas rigola un bon moment, une petite fossette au coin de la lèvre, avant de voir que le visage de son avocate restait de marbre. Celle-ci se demanda s’il n'était pas devenu fou ou si cela était normal du fait de sa situation de jeune délinquant. Cette deuxième proposition était certainement la plus probable. Gêné, Thomas continua son récit.

- Ensuite j'ai commencé à fouiller ses poches et j'y ai trouvé une bague et quelques autres bijoux. En pensant qu'ils étaient à lui je les ai pris. Ensuite je crois me rappeler m'être cassé croyant sa dette payée.

- Vous croyez vous rappeler ?

- Oui j'ai un blanc à ce moment-là, répondit le jeune.

En regardant attentivement Thomas, Sandra se mit à réfléchir et se promit de repenser à ce petit « blanc » un de ces quatre, peut-être que cela sera utile.

- Je veux bien essayer de vous croire bien que cela soit très difficile surtout lorsque l'on regarde la vidéo de surveillance et où l'on vous voit dévaliser le magasin.

- Non non non, c'est pas moi je vous dis. Dès que j'ai pris les bijoux je suis parti.

- Et ces bijoux, d'où viennent-ils ?

- Je n'en sais rien, c'est peut-être lui qui les a volés !

- Bien sûr et comment a-t-il fait pour que ce soit votre visage sur la vidéo ?

- Mais je vous dis que je n'en sais rien, combien de fois devrai-je le répéter ?

Sandra capta quelque chose d'étrange sur son visage. Il n'avait pas l'air de mentir. N'ayant pas beaucoup d'expérience elle ne pouvait pas être sûre mais quelque chose lui disait de le croire. Il la rendait un peu mal à l'aise mais pas au point de vouloir écouter sa peur. Elle suivit donc son instinct.

- Très bien je vous crois...

- Pfff, c'est ça... Qui pourrait me croire ? Tout joue contre moi, vous mentez pour vous sentir mieux et finir le travail plus vite.

- Non, je vous assure, je ne pourrais pas dire pourquoi mais je vous crois. Seulement il faudra m'aider, je ne pourrai pas tout faire seule. Et si jamais je me rends compte que vous me mentiez, je vous remets en prison en faisant tout mon possible pour que vous y restiez le plus longtemps possible. Le procureur est un ami je pourrais donc tout lui révéler pour qu'il fasse ce qu'il faut.

- Mais vous aviez dit que vous me croyiez !

- On n’est jamais sûre à cent pour cent. À présent, redites-moi tout dans les détails que je prépare les questions que pourrait vous poser le procureur afin d'y répondre correctement.

Ils se mirent à travailler pendant une heure sur le procès à venir. La salle dans laquelle ils se trouvaient, sentait le renfermé avec une pointe de lilas. Pourquoi ? Sandra l'ignorait, aucune fleur ne se trouvait dedans.

Plus le temps passait et plus ils étaient nerveux. Sandra pour son premier procès et Thomas pour le verdict, bien que celui-ci risquât de ne pas tomber pour le moment. À la fin, cela ne servait plus à rien de travailler, tout le monde connaissait son discours, mais plus ils le répétaient moins ils y arrivaient. Il valait mieux que chacun aille dormir, enfin s'ils pouvaient, pour être en forme le lendemain.

Sandra rentra tard ce soir-là, elle ne put donc pas coucher les enfants, de toute façon elle était tellement fatiguée qu'elle n'aurait pas eu le courage de les soulever, de les border... Souvent ils lui demandaient une histoire ou une chanson avant d'aller se coucher car elle avait une belle voix. Elle se demanda si quand il était jeune Thomas avait eu la même chance que ses enfants, vivre dans une famille aimante dont les parents racontaient des histoires aux enfants quand ils allaient se coucher. Elle l'espérait mais pensa que les parents de Thomas devaient être très déçus de leur fils devenu dealer. Comment avait-il pu en arriver là ?

Matthieu l'attendait dans son fauteuil enveloppé dans une couverture, complètement endormi. Lorsqu'il dormait, on avait l'impression que jamais rien ne le réveillerait. Il respirait tellement doucement qu'on aurait pu le croire mort. Les premières nuits passées avec lui Sandra avait eu peur de cela mais elle s'était habituée, maintenant cela la faisait rire. Entendant ses bruits de pas, il se réveilla.

- Tu as l'air fatigué ma chérie.

- C'est toi qui dis ça ?

Cela fit sourire Matthieu.

- Tu as mangé ?

- Non je n'ai plus très faim ! J'ai juste envie d'aller me coucher.

- Il faut que tu manges un peu quand même, il te reste ta part. Mange et raconte-moi en même temps ta journée.

- Bon je n'ai apparemment pas le choix. OK ! À table alors.

Faisant réchauffer son plat Sandra songea au procès du lendemain, elle avait le trac bien qu'elle connût très bien le système et qu'elle eût fait plusieurs stages auprès de grands avocats. Mais ce n'était jamais la même chose de l'autre côté de la salle. Lorsque l'on est stagiaire on prend des notes, on écoute attentivement pendant que son « maître » défend son client. Une fois elle avait tout de même été stressée. Pas pour elle mais pour la victime. C'était une femme d'une vingtaines d'années qui accusait un homme de son entourage d'abus sexuels. Dès que Sandra regardait cet homme elle voyait dans son regard un esprit malsain qui ne se reflétait pas sur son visage angélique. Pourtant le procureur réussit à démontrer que cet homme était un violeur récidiviste. Son stress ne fut passé que quand le juge donna la sentence « dix ans de prison ». La peur, elle, persistera toujours surtout lorsqu'il sortira.

En attendant que Sandra entame son repas et son récit, Matthieu se fit un thé assez fort avec du lait et sans sucre.

- Oh, c'est quelqu'un d'étrange je trouve, distant, méfiant mais gentil. Je crois qu'il est innocent.

- Mais c'est bien lui qui a cambriolé la bijouterie ? Alors pourquoi serait-il innocent sachant qu'il a certainement été vu sur une caméra ! Il y en a partout là-bas. Tu ne peux pas dire qu'il est innocent juste parce que ses yeux te le disent.

- Effectivement, il a été filmé en train de rentrer dans la bijouterie.

- Mais je sais pas, il a un regard...

- Mais chérie, ce n'est pas dans les yeux que l'on voit si quelqu'un est innocent ou pas, ce sont dans les films que l'on voit ça.

- Pourtant je t'assure, j'ai un pressentiment, comme si... je ne sais pas, je suis sûre que j'ai raison.

- Comment tu peux en être sûre ?

- Je te dis que je ne sais pas. Mais, je me rappelle que si je ne m’étais pas fiée à mes sentiments et si j'avais écouté mon entourage il y a quelques années, nous ne nous serions pas mariés.

- J’admets que parfois tu vises juste, sourit Matthieu.

- C'est décidé, demain je vais demander à repousser le procès pour pouvoir faire plus de recherches.

- Très bien de toute façon tu t'y connais mieux que moi et puis je te fais confiance.

- Merci mon chéri.

Après un dernier sourire l'un pour l'autre Matthieu embrassa sa femme et monta se coucher sachant qu'elle ne tarderait pas à le rejoindre. Celle-ci mit tout de même un certain temps car après avoir tout rangé Sandra tomba sur le dossier de son client et le lut une dernière fois pour tenter de dénicher des indices qui lui permettraient d'en connaître un peu plus sur Thomas.

Elle partit rejoindre son mari et s'endormit profondément dans ses bras.

Chapitre 3

Le jour du procès, la tension était à son comble. Avant d'entrer dans la salle, Sandra demanda à parler à son client en tête-à-tête. La salle qu'on leur prêta était très simple et très petite. Une seule fenêtre ouvrait sur l'extérieur mais comme elle possédait des barreaux, Sandra comprit un peu comment on pouvait se sentir en prison. Un garde de grande carrure, blond avec un uniforme très chic entra avec Thomas, les yeux gonflés par manque de sommeil, les mains liées par des menottes. Il avait tout de même meilleure mine que la dernière fois, au moins il était rasé et il sentait bon.

- Bonjour, Thomas comment vous sentez-vous ?

- Un peu stressé mais bon faut bien y aller.

- Il faut que je vous dise que hier soir j'ai décidé de demander un report du procès.

- Quoi ? Mais pourquoi ? On a travaillé dur.

- Je sais bien mais je pense que je pourrai prouver votre innocence si j'ai plus de temps.

- Alors vous pensez vraiment que je le suis ?

- Bien sûr ! Je vous l'ai dit hier soir, en plus je vous rappelle que je suis censée vous aider et cela implique de toujours vous dire la vérité.

Cela était nouveau pour le jeune homme qui avait eu l'habitude que personne ne lui fasse confiance. Dans sa vie il n'avait jamais pu compter que sur une seule personne, mais elle n'était plus là. Il sentit remonter son estime pour cette jeune femme qu'il ne connaissait que depuis quelques jours et qui lui avait paru un peu étrange. À présent il savait qu'il pouvait commencer à croire en elle.

- Merci vous ne savez pas...

- Stop, pas d'émotions quand même je suis votre avocate, nous ne sommes pas amis.

- Oui, je le sais, mais merci quand même.

- Je vous en prie, sourit Sandra.

Comme pour tout petit procès, la salle n'était pas remplie. Après s'être imprégnée de l'atmosphère générale de la pièce, Sandra alla s'asseoir en attendant l'entrée du juge. À son arrivée, tout le monde se leva, comme si un roi en personne venait d'entrer dans la salle. Ici en l'occurrence ce serait une reine vêtue de noir, qui demanda à l'assistance de s'asseoir.

- Bonjour, aujourd'hui, nous sommes le 21 avril 2011. Il est neuf heures, et nous entamerons le procès de Monsieur Robin, accusé d'avoir cambriolé la bijouterie appartenant à Monsieur Fishe, en décembre dernier. Le montant du butin est estimé à quinze mille euros. L'accusation sera menée par Maître Andrew Caria dont le client ne sera autre que le propriétaire de la bijouterie Monsieur Fishe. La défense sera quant à elle assurée par Maître Sandra Fizz dont le client sera Monsieur Thomas Robin. Les jurés sont tous présents et ont pu lire le contenu du dossier pour connaître l'affaire. Très bien, Madame Fizz, voulez-vous commencer je vous prie ?

- Oui votre honneur, merci. Bonjour à tous, je ne veux appeler personne à la barre aujourd'hui car je voudrais reporter le procès.

- Pourquoi voudriez-vous le reporter Maître ? Approchez, je vous prie.

Sandra s'attendait à une telle demande mais cela lui retourna presque l'estomac, le stress était vraiment un facteur malchance. La juge était assez âgée, environ cinquante ans, cachée derrière des lunettes carrées à branches rouges, et à pois noirs. « Un peu excentrique, tout de même » se dit Sandra. Une seule chose mit la jeune avocate en confiance ; une odeur de roses sauvages, certainement le parfum que se mettait la juge. Cela lui rappela celui que sa mère achetait pour Noël. La femme se tenait derrière un grand bureau rehaussé par une estrade assez haute pour pouvoir dominer toute l'assemblée, mais assez basse pour que Sandra puisse lui parler sans devoir crier. La juge était intimidante avec cette longue robe noire, qui lui faisait ressembler à la représentation de la grande faucheuse, malgré un visage fin, contrastant avec une chevelure blonde très épaisse attachée en chignon.

- Voici ma demande écrite. La raison pour laquelle je demande à reporter ce procès votre