Laure - Line Trojani - E-Book

Laure E-Book

Line Trojani

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Beschreibung

Laure est une jeune fille très réservée, mais surtout déterminée lorsqu'elle entre en 1969, à dix-huit ans, en faculté de médecine. Pendant ses études, elle se fait trois amis. Elle ressent pour chacun d'eux une tendresse secrète, jusqu'à ce que son coeur s'enflamme d'un amour sincère pour un jeune homme. Mais ce beau prince charmant ne sera pas l'homme de sa vie, car il porte en lui une part d'ombre qu'elle ne peut accepter. Elle touche le fond du désespoir quand on lui diagnostique un cancer. Mais portée par sa famille et ses enfants, elle réagit et se consacre corps et âme à son métier de médecin de campagne, en partageant d'incroyables péripéties avec certains patients. Née sous l'étoile de l'aventure, elle vivra d'étonnantes rencontres à Katmandou, au Caire, à Fort-de-France et bien d'autres lieux, enthousiasmée par son insatiable désir de trouver l'Amour. Y parviendra-t-elle? Line Trojani, née à Paris en 1951, médecin généraliste, signe son premier roman en 2024. Appréhendant le fait que la faculté de médecine soit un univers redoutable, elle ressent le besoin de rédiger un journal intime. Très vite celui-ci devient son ami imaginaire, à qui elle confie ses peines, ses joies, ses aventures... L'auteur s'inspire de ce manuscrit, vraie mine d'information pour écrire cette fiction qui reste avant tout un témoignage des années quatre-vingt.

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Seitenzahl: 440

Veröffentlichungsjahr: 2024

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Présentation de l'auteur.

Line Trojani, née à Paris en 1951, médecin généraliste, signe son premier roman en 2024.

Celui-ci est inspiré par sa vie professionnelle et personnelle sans toutefois négliger la fiction. Toute ressemblance avec un personnage relevant de son entourage, ne pourra être que fortuite.

REMERCIEMENTS

A la mémoire de mes parents.

Pour mes enfants qui m'ont soutenue tout au long de ce projet et en particulier Franck qui m'a accompagnée sur le chemin de l'informatique.

Pour mes amis Marie-Christine et Didier qui ont eu la lourde tâche de corriger mes fautes d'orthographes.

Pour mon amie Carmen qui fut ma première lectrice et dont les mots toujours positifs m'ont permis d'y croire.

Et à tous ceux qui ont de l'affection et du respect pour moi,

MERCI

LE ROMAN DE LAURE

Prologue

Première partie : Celle qui voulait être vierge le jour de son mariage

1- Première année de médecin 1969/70

2- Eté 1970

3- Deuxième année de médecine 1970/71

4- Eté 1971

5- Troisième année de médecine 1971/72

6- Lionel 1971/72

7- Eté 1972

8 - Quatrième année de médecine 1972/73

9 - Eté 1973 Philippe

10 - Cinquième année de médecine 1973/74

11 - Eté 1974 Le mariage de Laure

Deuxième partie : Celle qui voulait juste être heureuse

12 - Sixième année de médecine 1973/74

13 - Eté 1975

14 - Septième année de médecine 1974/75 …naissance de Bastien...

15 - Eté 1976

16 - Première année CES de gynécologie médicale 1976/77

17 - Deuxième année de CES de gynécologie médicale 1977/78

18 - Troisième année de CES de gynécologie médicale 1978/79

Troisième partie : celle qui s'installa en médecine générale

19 - Ouverture du cabinet médical 1979

20 - Ses débuts dans la vie professionnelles

21 - La naissance de Cathie 1981

22 - Le divorce de Laure 1984

Quatrième partie : celle qui reprit sa vie en main

23 - Ses amours

24 - Alexandre 1989

25 - Ses voyages

26 - Ses recherches spirituelles

27 - Maxime 2004

Epilogue

PROLOGUE

- Je préférais quand je faisais semblant d’être malade, pensa la petite Laure blottie sous ses couvertures qu’elle avait remonté jusqu’au menton.

La pauvre enfant n’était vraiment pas en forme et faisait peine à voir avec ses cheveux trempés de sueur, ses joues rouges de chaleur et ses yeux brillants de fièvre.

Elle se mit alors à repenser aux fois où elle usait de certains stratagèmes… Le souvenir de ses tricheries lui arracha alors un petit sourire gêné, car elle savait que ce n’était pas bien de faire semblant d’être malade… et pourtant… Du haut de ses huit ans, elle avait trouvé une solution imparable pour faire monter la température du thermomètre à mercure : il suffisait de le placer au-dessus du poêle à charbon !

C’était drôle de voir à quelle vitesse la colonne de mercure grimpait. Parfois elle devait secouer un peu le thermomètre pour que la colonne redescende, car un chiffre trop élevé aurait affolé sa maman et il n’était pas question qu’elle aille à l’hôpital… Il fallait seulement qu’elle ait un petit trente-neuf degrés Celsius pour qu’elle puisse avoir la permission de rester au lit.

Pour minimiser la gravité de ses mensonges, Laure aurait pu expliquer qu’à cette époque, elle était prête à tout pour éviter une journée d’école. Elle n’aimait pas sa maîtresse, car elle la trouvait méchante avec elle.

Mais ce jour-là, elle était vraiment malade et ce n’était pas drôle :

- Qu’est-ce que j’ai mal à la tête, pensait la petite Laure.

- J’ai chaud, puis après je tremble de froid et en plus maman n’est même pas là, ni mon frère qui lui est à l’école.

Elle aimait bien son grand frère Claude. Il avait à peine plus d’un an de plus qu’elle et ils s’entendaient bien.

Dans son demi-sommeil, elle entendit la porte s’ouvrir. Un beau sourire se forma sur son visage écarlate et elle pensa :

- Enfin voilà maman, qui rentre.

Mais non ! C’était son oncle Maurice !

- Mais qu’est-ce qu’il vient faire ici, jamais il ne nous rend visite sans ma tante ou mes cousins ?

Elle savait que son papa et sa maman ne l’appréciaient pas trop. En fait, il lui faisait un peu peur.

Il est vrai qu’il n’était pas très beau avec ses grosses lèvres et son nez épaté tout de travers.

Sa maman lui avait expliqué, que quand son oncle était jeune, il était boxeur et que, lors d’un combat, il s’était fait casser le nez.

L’oncle Maurice devait avoir une trentaine d’années à cette époque ; c’était un grand gaillard bien costaud. La cigarette à la bouche, il s’approcha de la petite avec un sourire en coin et lui dit :

-Tu veux que je t’apprenne à faire des bisous de cinéma ?

La petite Laure ne savait pas ce que voulait dire "faire des bisous de cinéma"

En fait, elle n’était jamais allée au cinéma et bien qu’ils eussent la télévision à la maison depuis trois mois, elle n’avait pu regarder que les émissions consacrées aux enfants dans la journée et jamais de films le soir, réservés aux adultes. Alors oui ! Si elle pouvait en douce, grâce à son oncle, apprendre ce qu’était un bisou de cinéma, elle était d’accord.

Avec sa petite voix elle lui répondit.

- Oui, tonton, je veux bien !

C’est alors qu’il s’approcha d’elle et mit sa langue dans sa bouche. La petite était paralysée par la surprise et elle se dit dans sa tête.

- C’est bizarre cette langue qui bouge dans ma bouche, en plus je n’aime pas le goût qu’elle a… Elle est dégoûtante !

Il sortait encore de la fumée de la bouche de l’oncle, qui venait tout juste de retirer sa cigarette, lorsqu’il l’embrassa. La petite eut un haut de cœur.

Quand elle pensait à cette période, elle ressentait toujours une profonde tristesse.

Elle n’avait pas tout compris ce jour-là, mais elle sentait qu’elle avait eu beaucoup de chance…

Elle ne se souvenait pas si elle s’était bloquée, ou si elle l’avait repoussé, mais il était parti très vite. La puce était restée toute seule, avec son étonnement. Elle n’avait pas eu peur, seulement une grande incompréhension.

Ce n’est que lorsque sa maman entra, qu’elle éclata en sanglots et tout en hoquetant lui raconta toute l’histoire du bisou de cinéma.

Oui ! Elle avait eu raison de tout lui dire… Elle le comprit immédiatement, quand elle vit sa maman devenir livide… Quelque chose de grave s’était passé !

Dans les jours qui suivirent, le tonton Maurice essaya à plusieurs reprises de l’attirer dans le garage, pièce construite à l’écart de sa maison. Elle voyait encore sa tête derrière la vitre et le mouvement de sa main qui lui faisait signe de venir le rejoindre… Mais la petite -Dieu merci- ne répondra jamais à ses avances.

Quand elle raconta cela à sa maman, son oncle fut définitivement interdit de visite.

C’était un peu compliqué, car sa tante, son cousin, tout comme sa jolie petite cousine âgée de trois ans, habitaient dans la maison voisine de la leur et ils partageaient le même jardin !

Elle aimait beaucoup son cousin Daniel, ils avaient presque le même âge, mais elle aimait encore plus sa petite cousine, belle comme un cœur.

Laure adorait passer du temps avec elle, à lui lisser ses longs cheveux dorés et tout bouclés : c’était encore mieux qu’avec sa poupée !

*

Est-ce que la mésaventure qu’elle avait eu avec son oncle modifiera le comportement qu’elle aura plus tard avec les hommes adultes ? C’était une question à laquelle Laure ne pourra jamais vraiment répondre.

Heureusement, elle avait été écoutée par ses parents, ils avaient cru à son histoire et ils l’avaient soutenue, même quand sa tante disait qu’elle mentait. Mais au fond d’elle, elle savait qu’elle avait dit :

- « oui » à son oncle et quelque part, elle se sentait responsable de la dispute familiale qui en avait été la conséquence et qui se termina par la séparation des deux familles.

Par la suite, elle était devenue un vrai garçon manqué ; avec son frère elle jouait toujours à la bagarre et elle n’avait jamais voulu d’amoureux.

Pour elle les garçons n’étaient que des potes !

Ensuite, elle avait pu traverser son adolescence sans choc émotionnel, jusqu’à l’arrivée du grand jour, tant attendu pour elle.

Elle entrait en faculté de médecine.

*

*     *

Première partie

Celle qui voulait être vierge le jour de son mariage

De 1969 à 1974

1

Première année de faculté de médecine

1969/70

En 1969, le premier cycle des études médicales avait une durée de deux ans et était connu sous l’acronyme PCEM1 pour la première année et PCEM2 pour la deuxième.

Il y avait à cette époque-là, bien plus de garçons que de filles en faculté de médecine (environ 70 % de garçons).

Comme la mixité commençait tout juste à être acceptée dans les écoles primaires, ainsi que dans les lycées, Laure ne connut, en fait, que des écoles de filles et cela jusqu’à la fin de sa première.

De plus, son lycée préparait ses élèves uniquement pour le baccalauréat A de philosophie. Or la faculté de médecine recommandait fortement de suivre un enseignement maths-physique. Laure fut emplie d’angoisse quand elle comprit qu’elle devrait aller dans le lycée de garçons de sa ville, pour pouvoir passer un baccalauréat C.

Heureusement, la volonté de mettre toutes les chances de son côté pour obtenir son diplôme de médecin, l’emporta sur ses pensées négatives. Ce fut une bonne décision… Et bien que dans son nouveau lycée, elles ne furent que sept filles dans sa classe et même dans tout l’établissement, elle n’eut aucun problème, aussi bien d’adaptation, que de relation.

C’est pourquoi, quand elle pénétra enfin dans les locaux de cette belle et ancienne faculté de médecine à Odéon - moment tant désiré - elle fut surprise de se heurter aux réflexions de certains garçons, redoublants de première année, du style : « On est prêt à t’aider si tu as besoin de nous… Mais uniquement pour les cours d’anatomie » C’était un peu lourd mais en fait pas très méchant et bien que très étonnée par leur comportement, elle ne s’en offusqua pas. Ce qui en revanche l’inquiéta beaucoup plus, fut la mise en place d’un « numerus clausus » prévu pour la fin d’année. Cette mauvaise nouvelle avait suscité chez certains redoublants un comportement des plus critiquables ; en effet, ils entraient régulièrement, en grand nombre, dans les amphithéâtres et sabotaient les cours en criant :

- On va vous empêcher de prendre des notes pour que vous n’ayez aucune chance d’avoir votre examen. Nous, on a celles de l’année dernière… Cela nous laissera ainsi toutes nos chances.

Ils avaient raison d’être inquiets, car jusqu’à présent un étudiant du premier cycle pouvait rester "coincé" aussi longtemps qu’il le voulait en PCEM jusqu’à ce qu’il réussisse ses examens de passage pour le second cycle.

Laure avait compris que la nouvelle loi ne leur accorderait maintenant qu’un seul redoublement. Dans l’amphithéâtre, le bruit courait que les redoublants étaient essentiellement des fils à papa, habitués à prendre tout leur temps, soucieux de profiter de leur jeunesse, plutôt que de se concentrer sur leurs études. Ils allaient devoir se mettre au travail et visiblement, cela les énervait beaucoup !

Pour alimenter cette thèse, Laure se souvenait avoir remarqué, parmi les redoublants contestataires, un petit blondinet qui gesticulait comme un forcené. Un jour, à la sortie de la faculté, elle le vit s’installer à l’arrière d’une très belle voiture, celle-ci conduite par un homme d’allure stricte.

- Je suis sûre qu’il s’agit de son chauffeur personnel, se dit Laure ! …

Sur ces entrefaites, elle dut courir pour attraper son RER et comprit que sur terre tous n’étaient pas égaux mais… Le jour des examens, une fois devant leur page blanche, l’équité restait incontestable !

Les intrusions de force dans les amphithéâtres, réitérées par les redoublants, durèrent un petit mois, jusqu’à ce que le doyen de l’université y mette fin, en faisant intervenir les forces de l’ordre.

Ce fut ainsi que le calme et le sérieux s’installèrent dans les rangs des amphithéâtres et qu'elle put, à nouveau, se consacrer à ses études. En revanche, elle était submergée par des bouffées d'angoisse quand elle observait les étudiants présents devant elle :

- C’est choquant de savoir que sur les dix étudiants que je vois en train d’écouter assidûment le cours, seulement trois vont être acceptés en seconde année ! Pensait-elle alors tristement.

Laure vivra son année de faculté, comme si elle était dans un véritable tourbillon : aller à Paris chaque jour pour rejoindre l’université Pierre et Marie Curie, chercher l’entrée des amphithéâtres en marchant à l’aveuglette dans ces immenses et oppressants couloirs tout en verre, partager les gradins avec tous ces jeunes, qu'elle trouvait souvent bien trop excités…Tout était tellement stressant !

Elle ne reconnaissait plus sa vie.

Elle-même, ne se reconnaissait plus ; elle réalisait que son comportement vis à vis des garçons changeait et c’était pour Laure aussi inattendu que perturbant : elle ressentait l’envie d’aller vers eux ! C’était elle qui cherchait à ce qu’on la regarde, qu’on lui sourit… Cela lui paraissait ahurissant, mais en même temps, c’était dans l’ordre des choses qu’elle s’éveillait, enfin, à l’envie d’aimer et d’être aimée.

Laure avait alors dix-huit ans.

Deux mois s’étaient déjà écoulés quand elle remarqua, qu’un jeune étudiant s’intéressait à elle ; il était petit, sur des jambes courtes et des épaules plutôt massives. Il s’appelait Guillaume. Au début elle fut contente de trouver quelqu’un avec qui parler et elle se montra agréable avec lui. Mais elle n’aimait pas sa poignée de main, qui était molle et transpirante. Un jour, sans crier gare, il s’approcha très près d’elle et lui fit quatre bises. Il avait de grosses lèvres… Elle sentit sur ses joues comme s’il lui avait collé des mollusques mous et baveux. S’en était trop… Le côté "mollusque" de ce garçon prédomina sur tout le reste et bien qu’il soit plutôt courtois, elle dut passer son temps à le fuir.

- Je me demande si je rencontrerais, un jour, mon âme sœur ! Se lamenta Laure.

Pourtant ce jour arriva… Elle allait enfin sentir son cœur battre pour un garçon, mais curieusement ce ne fut pas avec un étudiant de sa faculté.

Avec son frère Claude et un de ses copains Michael, Laure était partie un samedi matin à Nancy. Ils étaient invités à passer le week-end chez les parents de Françoise, la jeune fille que son frère avait rencontrée cet été en Espagne, pendant leurs vacances.

Cela paraissait sérieux entre eux : ils n’avaient pas cessé de correspondre depuis leur séparation.

Quand elle vit que Françoise n’était pas seule, mais qu’elle était accompagnée d’un copain, qui plus est, pas mal du tout… Laure fut ravie :

- Quelle chance ! Pensa Laure. Elle crut comprendre qu’il était son cousin… Au moment de lui serrer la main pour lui dire bonjour, son cœur loupa un battement et ses joues s’enflammèrent :

- Quel beau garçon !

Alain était assez grand, mince et élancé. Ses yeux étaient d’un bleu profond et ses cheveux blonds lumineux ondulaient joliment, laissant échapper une mèche rebelle sur son œil droit ; ce qui était du plus bel effet ! Elle lui trouvait un charme fou mais fut intriguée par son regard triste, bien que rieur à la fois. Pour elle « le courant passait », il paraissait tellement doux, on aurait dit un ange…

Le soir, après avoir passé l’après-midi à visiter Nancy, ils allèrent, tous les cinq, en boîte de nuit. Elle se souvenait que quand elle le regardait, elle se sentait tout émoustillée, mais en même temps elle ressentait une curieuse impression, indéfinissable, émanant de lui. Elle pensait que c’était dans sa tête, mais l’avenir donnera une tout autre explication…

- Va-t-il enfin se décider à m’inviter ! Pensa-t-elle.

En attendant, elle dansait le Rock avec Michael, ce qu’elle appréciait car c’était un très bon cavalier. Claude et Françoise ne se quittaient pas. Comme elle les trouvait beaux tous les deux !

Tout à coup Alain s’approcha d’elle et lui dit :

- Tu veux danser ?

Bien sûr qu’elle voulait danser et sans hésiter elle lui tendit ses bras ! Mais tout intimidée elle se mit à parler beaucoup et bien trop vite :

- Tu habites dans une bien jolie ville, j’ai adoré la place Stanislas.

- Qu’est-ce que tu fais ?

- Tu travailles ?

Elle avait beau l’inonder de questions pour se donner le change, elle sentait bien qu’elle tremblait de tout son être.

- Pourvu qu’il ne s’en rende pas compte ! Espéra-t-elle.

A un moment leurs lèvres s’effleurèrent. Alors commença entre eux un curieux jeu : ils se mirent à se taquiner : « toi tu veux bien… Moi je ne veux pas », qui tout de suite devenait : « moi je veux bien… Toi tu ne veux plus ». Tout était en finesse et en doux sourires… C’était comme s’ils jouaient au chat et à la souris.

Rapidement, la musique et le jeu des lumières tamisées aidant, Laure se sentit enveloppée par une atmosphère de désir. Son regard devint plus effronté et… Prenant une expression coquine, elle lui dit :

- Embrasse-moi !

Ce fut un baiser très doux. Rien à voir avec le souvenir pénible du "baiser de cinéma" au goût de vieilles cigarettes. Sa vie aurait pu s’arrêter là, tellement elle se sentait envahie de bonheur…

Mais l’avenir proche allait en décider tout autrement… Comme dit l’expression : « les jours se suivent, mais ne se ressemblent pas » et Laure allait tristement vérifier la clairvoyance de ce dicton populaire.

- Viens ! Réveille-toi ! On part…

C’était son frère qui la secouait brutalement pour la sortir de son lit. Michael était déjà debout, tout habillé.

- Vite ! Habille-toi, on part. Je te dis on part tout de suite !

Claude lui criait pratiquement dessus, elle ne comprenait rien à ce qui se passait, mais fit ce que son frère lui demandait. Il était trois heures du matin ! Les voilà partis, tous les trois dans la fraîcheur d’un mois de mars de 1970, en pleine nuit ! Une fois dans la voiture et complètement remise de sa stupéfaction, la colère envahit Laure :

- Mais qu’est-ce qui t’a pris !

- Tu es devenu complètement fou ?

Ce fut alors que Claude, d’une voix sombre mais en même temps pleine d’amertume, leur expliqua qu’Alain était en fait le fiancé de Françoise ! Que ses parents les avaient surpris dans le même lit, tendrement enlacés. Ils étaient alors devenus fous de rage et l’avaient physiquement et brutalement "viré" du lit et de leur maison.

Tout devenait clair… La tristesse dans les yeux d’Alain, son comportement parfois bizarre… Mais pourquoi Françoise ne leur a-t-elle rien dit ? Et Alain ?

Laure trouvait que dans toute cette histoire, il n’y avait rien de logique et que le monde des adultes lui paraissait vraiment très compliqué…

Elle s’était bien rendu compte, en se comparant aux autres filles, qu’elle était restée anormalement gamine, toujours dans ses rêves et bien trop émotive, mais ce qu’elle venait de vivre dépassait son entendement.

*

Après l’aventure avec Alain, où elle s’était sentie utilisée, un peu comme la cinquième roue du carrosse, elle eut l’impression d’avoir pris comme un coup de vieux !

Elle se renferma à nouveau sur elle-même.

De temps en temps, son cœur battait un peu plus fort pour un copain de faculté, comme pour Gérard : elle avait fait sa connaissance au cours d’une séance de travaux dirigés en biologie, où il était son binôme. Ce premier cours de biologie lui avait d’ailleurs laissé un souvenir ému… Laure se rappelait la joie qu’elle ressentit, quand pour la première fois depuis sa rentrée en faculté, elle revêtit une blouse blanche : c’était comme faire un petit pas vers l’image du médecin.

En regardant son groupe, elle avait compris qu’elle n’était pas la seule à se sentir enjouée : tous vêtus de blanc, paraissaient comme euphoriques ! Pour la première fois depuis six mois, ils allaient lever le nez de leurs bouquins et disséquer une grenouille et une souris ! Elle se souvenait en revanche que Gérard, lui, paraissait malheureux.

- J’aime tous les animaux, lui confia-t-il grands et petits…

Il est vrai que, ce qui lui avait permis de le remarquer parmi tous les étudiants de cet immense amphithéâtre, c’était parce qu’il venait, de temps en temps, avec une petite souris blanche dans la poche haute de sa chemise… Mais ce curieux garçon l’impressionnait un peu trop et Laure ne chercha pas à se rapprocher de lui.

*

Un jour, alors qu’elle s’offrait un de ces rares moments de détente en prenant un café avec sa maman, elle fit le point sur ces six premiers mois de faculté. Elle en conclut qu'elle était vraiment faite pour les études !

- Plus j’avance dans le temps et plus je deviens "accro" à mes livres de cours… Puis, cherchant ses mots elle ajouta :

- C’est comme si je ressentais une sorte d’ivresse à la connaissance !

C’était réel… Laure travaillait tard dans la nuit, parfois sans relâche pendant plusieurs heures d’affilée et cherchait toujours à se perfectionner et à apprendre davantage.

- Peut-être que la vraie raison est tout simplement ta peur de l’échec ! Lui dit sa maman avec humour.

Cependant sur le côté amitié, le temps passait et elle n’avait toujours pas de véritable ami. Bien sûr elle parlait à tout le monde mais en étant honnête, avec personne en particulier. A la sortie des cours, la plupart partaient par petits groupes en riant pour aller déjeuner ensemble, ou bien ils se donnaient rendez-vous pour le week-end. Mais pas elle… Le midi, elle croquait une pomme dans sa voiture en attendant les cours suivants.

Elle aurait pourtant pu se faire un ami : Pierre…

Ils habitaient dans la même banlieue et lorsqu'elle put se rendre à Paris dans sa propre voiture, une Volkswagen baptisée "coccinelle", comme elle passait devant chez lui, elle lui proposa spontanément de le prendre au passage. C’était beaucoup plus sympathique d’avoir un compagnon de voyage mais surtout… Elle n’était pas du tout indifférente à son charme ! Tout allait bien jusqu’au jour où il sortit de chez lui, torse nu. Laure fut troublée par cette apparition inattendue, surtout qu’il resta immobile, en haut de ses escaliers, à faire jouer innocemment ses pectoraux pour les gonfler un maximum ! Plutôt grand, musclé, il avait un torse lisse et déjà bien bronzé pour un début de mois de mai.

Laure resta interdite, ne sachant comment réagir. Puis, il lui dit

- Excuse-moi, je suis en retard, je passe une chemise et j’arrive…

Au cours du parcours, ils parlèrent de tout autre chose, mais quand Laure, en fin de journée, le déposa devant chez lui, il l’invita à venir rejoindre son groupe d’amis pour aller à la piscine municipale le lendemain.

Laure était toute déconfite. Trop pudique, l’idée de se mettre en maillot de bain devant Pierre était au-dessus de ses forces. Mais elle ne sut pas lui expliquer et lui interpréta son refus comme la preuve qu’il ne l’intéressait pas. Rapidement il trouva une autre façon de se rendre à la faculté… et rien ne se passa entre eux !

*

Durant cette première année de faculté elle ne se fit aucun ami et elle prit conscience qu’elle se sentait bien seule ! Elle réalisait qu’elle n’avait pour confier ses états d'âme que sa famille et parfois cela lui donnait le cafard.

Mais le temps des vacances arrivait et Laure allait vivre un de ses meilleurs étés.

*

*     *

2

Été 1970

C’était le mois de juin. Laure avait terminé tous ses cours et passé tous les examens de sa première année de faculté. Elle en connaitra les résultats dans deux à trois semaines.

Elle se sentait physiquement épuisée, comme si elle sortait d’un marathon. Cette année d’étude lui était apparue interminable, mais en même temps, elle ne l’avait pas vu passer. C’était très curieux comme ressenti…

Maintenant elle était libre de faire ce qu’elle voulait et ceci jusqu’au mois d’octobre.

Ce fut ainsi qu’elle partit dès le premier juillet près d’Angers pour occuper le poste d’aide infirmière dans une colonie de vacances.

Quand la directrice de cette colonie lui présenta l’infirmerie, Laure trouva le bâtiment incroyable : c’était un hôpital en miniature !

Il y avait une salle de huit petits lits alignés les uns à côté des autres et un coin toilette avec plusieurs lavabos et WC. Tout de suite à l’entrée du bâtiment il y avait une pièce très accueillante, avec en son centre un bureau spacieux et plus au fond, un lit d’examen et une grande armoire en verre, chargée d’ustensiles médicaux et de tout le nécessaire pour faire les premiers soins infirmiers.

Cerise sur le gâteau - pour ses moments de détente quand elle n'aurait aucun petit colon malade sous sa responsabilité et sans autre contrainte - elle pourra lire ou prendre des bains de soleil dans un espace verdoyant, discret, réservé pour elle à l’arrière du bâtiment. Tout était merveilleusement bien pensé.

Très vite, Laure s’intégra à ce petit monde qui semblait vivre à l’écart de tout ! Le soir, la coutume voulait que les moniteurs qui n’étaient pas de service auprès des enfants, puissent se détendre dans un bâtiment réservé pour eux, baptisé "le Kraal". Pour gâter un peu les moniteurs, la directrice avait donné la consigne au responsable des cuisines, de leur apporter chaque soir de la nourriture pour composer ce qui fut surnommé le "cinquième repas".

Laure ne se fit pas prier et dès le premier soir elle se joignit aux moniteurs pour jouer aux cartes, écouter de la musique, chanter, danser, manger et même boire un peu d’alcool, apporté discrètement comme par magie.

Cet établissement avait conservé la tradition dans laquelle on ne mélangeait pas les enfants du sexe masculin avec ceux du sexe opposé !

Le mois de juillet étant réservé aux garçons, Laure se trouvait à nouveau confrontée à être une des rares filles, travaillant dans un milieu masculin… Mais pour elle, depuis qu’elle avait fait sa terminale dans un lycée de garçons, c’était devenue sa normalité.

Pour Laure, c’était simple : il suffisait qu’elle s’engage à ne flirter avec aucun des garçons pour éviter tous conflits.

Quand la directrice lui présenta les moniteurs, Laure sut au premier coup d’œil que cela ne devrait pas lui poser de problème, car aucun d’eux ne lui plaisait vraiment… Elle les trouvait tous gamins, sauf peut-être Joss un Anglais avec un charme fou, un corps d’athlète, une voix incroyablement chaude et un regard pénétrant. Pourtant ce ne sera pas Joss qui restera le souvenir le plus poignant de son mois de travail, ni aucun autre garçon d’ailleurs, mais plutôt sa première "cuite" prise en toute conscience pour arroser la réussite à tous ses examens et son passage en deuxième année de PCEM !

Depuis le mois de juin, c’était officiel, le numerus clausus de fin de PCEM1 allait être institué en 1971.

Pourtant, bien qu’encore en 1970, cette toute nouvelle loi avait déjà pesé lourd sur les étudiants de l’année 69/70, car malgré l’intervention houleuse en début d’année scolaire des redoublants, les "bruits de couloirs" qui laissaient entendre que seulement trois étudiants sur dix passeraient en PCEM2 furent officialisés.

En considérant que cette année-là il y avait plus de la moitié de redoublants dans son amphithéâtre, Laure pouvait être fière d’être passée dès la première année en PCEM2 ! Elle venait de franchir la première porte, sur le chemin de la réussite.

Pour arroser dignement ce succès, elle s’était arrangée pour apporter au Kraal quelques "fillettes" comme étaient surnommées les bouteilles d'un demi-litre de vin blanc, de cette belle région d’Anjou. La soirée avait commencé gentiment, entourée de douze moniteurs, bras levé, verre à la main et qui criaient :

- Pour Laure Hip Hip Hip Hourra !

À l’ouverture de la deuxième bouteille, les rires et la musique étaient déjà bien forts.

La troisième bouteille terminée, tout ce petit monde commençait vraiment à s’agiter et à rire aux éclats.

Laure ne voulait pas s'enivrer à ce moment-là, mais en ressentant cette belle euphorie, elle eut envie que cela continue encore et encore et sans raison, toute seule, elle se versa son quatrième verre, qu’elle but cul sec.

Rapidement tout se mit à tourner et cela devint difficile pour elle de rester debout :

- Il faut que je quitte la salle et que je prenne l’air ! Bafouilla-t-elle.

Une fois seule elle s’écroula, assise dans l’herbe ; sa tête était devenue si lourde, mais si lourde, qu’elle se laissa aller à la renverse !

C’était une belle nuit d’été : le ciel, en partie dégagé, était moucheté par endroit de petits nuages très sombres. Cela le rendait encore plus envoûtant et mystérieux. La lune bien ronde éclatait d’une lumière blanche aveuglante. C’était comme si sa splendeur absorbait tout le brillant des étoiles, les rendant minuscules mais en même temps augmentant à l’infini leur nombre, créant ainsi des millions de voies lactées.

Sur son visage et dans ses cheveux, le vent soufflait doucement. Cela lui faisait un bien fou, car elle avait l’impression que ses joues étaient en feu.

Tout à coup elle perçut des voix lointaines qui se rapprochaient :

- Je ne peux pas rester là, il faut que je me lève. Marmonna-t-elle.

Mais plus elle essayait de relever sa tête et plus celle-ci tombait avec force. C’était envoûtant car à chaque échec, la sensation de bien-être augmentait : elle n’avait qu’une envie… Celle de rester à contempler le ciel toute la nuit.

Mais le froid eut raison de son entêtement… Elle se mit à grelotter : il fallait qu’elle rentre au plus vite, au chaud !

Le ressenti debout fut nettement moins agréable et ce n’est qu’après avoir vidé son estomac, qu’elle put rentrer se coucher.

La soirée était terminée… Celle-ci venait de sceller tous les stress qu’elle avait vécus au cours de cette épuisante première année de faculté de médecine.

Mais ce ne fut pas la seule aventure de cet été-là… Et franchement, elle ne pensait pas que de cette étonnante école du flirt et de l’amour, elle allait prendre ses deux premières leçons.

*

Elle vécut sa première expérience amoureuse avec un moniteur, lors de leur retour de colonie, après leur arrivée à la gare de Paris-Montparnasse.

Ce retour se fit en train et ce fut pour toute cette joyeuse bande un immense moment de rigolade. Ils étaient tous surexcités.

Une fois les enfants rendus à leurs parents, une grande partie des moniteurs était restée avec elle pour prendre un dernier verre, avant que tout un chacun regagne son domicile. Bientôt, ils ne restèrent plus que quatre.

Laure ne voulait pas se retrouver seule, cela lui paraissait trop difficile. Elle savait que chez elle personne ne l’attendait. Son frère était chez sa copine et ses parents étaient partis en vacances.

Chacun des trois moniteurs lui proposa de venir dormir chez lui.

Le plus logique pour elle était de rester avec Patrice, car il habitait Paris, pas loin de sa banlieue :

- Je me demande si je ne suis pas en train de faire une bêtise ! Se raisonna-t-elle.

- Je ne sais pas pourquoi je leur ai dit que je ne pouvais pas rentrer chez moi ce soir ? Alors que c’est faux !

En fait, elle voulait vivre quelque chose d’exceptionnel avant de clore cette belle histoire de « Laure et les garçons ».

Ce n’était pas pour autant très clair dans sa tête… Peut-être cherchait-elle juste un peu de mystère et d’excitation !

Les voilà partis tous les deux au cinéma, puis dans un petit restaurant comme on peut en trouver à Paris. Enfin, Patrice la conduisit chez lui.

Laure fut vite dégrisée…

En fait, elle comprit qu’elle ne connaissait rien de ce garçon ! Quand elle eut franchi la porte d’entrée de l’immeuble et monté les trois étages -limite insalubres- elle resta bouche bée : l’appartement était minuscule, l’intérieur meublé très simplement, sans goût. Il paraissait ne pas avoir été aéré depuis des lustres. Pour clore le désenchantement, il n’y avait qu’une chambre. Patrice, à dix-huit ans, dormait toujours dans un petit lit à côté de ses parents !

- Je vais m’installer sur le divan, proposa gentiment Patrice, tu pourras dormir dans le lit de mes parents.

Elle comprit à quel point c’était un gentil garçon. Il paraissait aussi désemparé qu’elle !

Laure en fut attendrie et alors qu’elle était prête à se mettre au lit, elle l’appela pour lui proposer de parler encore un peu de leur mois de travail à la colonie de vacances. Patrice n’était pas un garçon très beau, voire un peu mal bâti avec un thorax étriqué. Plus tard, elle apprendra que cette malformation se nommait un pectus excavatum ou thorax en entonnoir.

Il était si doux, si intimidé, que Laure ne ressentit aucune gêne et ce fut tout naturellement qu’ils ôtèrent le haut de leurs vêtements et qu’elle le laissa toucher ses seins.

Pour ces deux puceaux, c’était déjà énorme ! Bien sûr, ils gardèrent pudiquement leur pantalon et tout en se caressant ils s’embrassèrent doucement pour finir par s’endormir, dans les bras l’un de l’autre.

Ce fut leur secret à tous les deux, jamais aucun autre moniteur ne l’apprendra, ils se l’étaient juré.

*

Après son mois de travail, Laure prit de vraies vacances et partit à Valras - station balnéaire bien connue - avec son frère et son copain Denis. Ils s’installèrent dans un de ces nombreux campings en bordure de la mer Méditerranée.

Ce fut dans ce lieu, qu’elle allait vivre sa deuxième leçon… Et pas des moindres !

Dans la tente à côté de la leur, il y avait trois garçons et une fille.

Denis tomba éperdument amoureux de la fille ! Spontanément, les deux groupes ne firent plus qu’un et se retrouvaient souvent le soir autour de Claude, qui aimait jouer de la guitare en chantant. Son frère avait une belle voix, bien placée et juste. Quand il commençait à chanter, cela pouvait durer très longtemps, car il avait un vaste répertoire et adorait cela. C’était un autodidacte et Laure était très fière de lui.

Un soir, ils burent un peu plus de bière que d’habitude en mangeant du pain et du saucisson. C’était très sympathique et à ce moment-là, Laure ne souhaitait rien d’autre.

D’après elle, si la fille était plutôt mignonne, les trois garçons, eux, avaient des têtes de voyous… Même s’ils étaient grands et joliment musclés… Aucun n’était attirant. Et pourtant… Quand Christian se rapprocha d'elle, tout compte fait, elle le trouva charmant et plutôt amusant. De plus, il se disait artiste peintre et cela l'intriguait.

- Tu viens sous ma tente, je voudrais te montrer mes dessins, lui dit-il.

La tente du garçon était à côté, elle ne voyait pas où pouvait être le danger.

Bien qu’il eût menti et qu’il n’y avait aucun dessin, tout se passa bien... Même trop bien et avec le temps, Christian se faisait de plus en plus câlin et insistant :

- Tu me plais Laure, lui dit-il, je te trouve vraiment sexy. J’adore ton sourire. Tu me fais un de ces effets, c’est inimaginable.

C’est alors qu’il lui prit la main et la dirigea vers son bas-ventre. Laure fut stupéfaite. Elle n’avait encore jamais vu cela : le sexe de Christian était tellement énorme, qu’il sortait de son short !

- Tu ne peux pas me laisser comme cela ! Lui dit-il tout de go et l’air vraiment misérable !

- C’est toi qui as provoqué mon érection. Maintenant il faut que tu m’aides.

Elle n’arrivait pas à sortir de sa torpeur et ne comprenait pas ce qu'il attendait d'elle ! Christian lui prit sa main et comme une automate, elle accompagna ses gestes et il éjacula…

Ce fut ainsi qu'elle fit connaissance avec l’appareil le plus vénéré de la gent masculine !

Il n'y eut aucun lendemain… Durant le reste de leur séjour, elle préférait faire un grand détour plutôt que de passer devant sa tente.

Il était prévu qu'ils restent trois semaines dans ce camping. Cependant, après le 15 août, les nuits devinrent tellement fraîches qu’ils abandonnèrent la Côte Languedocienne pour rentrer douillettement chez eux.

Pour le dernier mois de ses congés, Laure prit la décision de vivre une expérience des plus stressantes, en espérant qu’elle lui serait bénéfique pour son avenir : elle s’était inscrite à l’hôpital le plus proche de chez elle pour faire un remplacement en tant que "fille de salle", terminologie utilisée à l’époque pour qualifier le poste d’agent de service hospitalier.

- Plus souple ton poignet, lui dit la monitrice de l’école des infirmières. Celle-ci était venue, à la demande expresse de sa surveillante pour enseigner à Laure l’art et la manière de faire une injection intramusculaire.

Sa main gauche bloquant une grosse éponge sèche, Laure piqua celle-ci d’un petit coup sec, avec l’aiguille d’une seringue qu’elle tenait de l’autre main. Ce cadeau, elle le devait à Roselyne, la surveillante du service de médecine de l’hôpital de Créteil dans lequel elle travaillait depuis quelques jours.

Celle-ci trouvait que la démarche de Laure, étudiante en médecine, était très louable et elle souhaitait que de ce mois de travail elle puisse avoir appris quelque chose d’autre, que de faire la toilette de personnes âgées.

- Et n’oublie pas… Continua l’infirmière, il faut toujours partager en quatre la fesse de ta patiente et piquer dans le cadran supéro-externe pour ne pas toucher le nerf sciatique qui passe au milieu de la fesse. Insista celle-ci.

Pendant près d’une heure, Laure s’entraîna.

- C’est bon, tu peux maintenant aller piquer Madame Corrençon.

- Venez avec moi s’il vous plaît ! Implora-t-elle.

- Non ! Tu dois y aller seule !

S'armant de courage elle entra dans la chambre de la malade la seringue à la main. Quelle adorable personne cette madame Corrençon, elle savait bien que Laure n’était pas Infirmière et que le fait de faire une intramusculaire la mettait dans tous ses états. C’était pour cela que cette gentille patiente serra sa main dans la sienne et lui dit :

- J’ai confiance en vous, vous pouvez me piquer.

Elle continua à s’occuper du ménage des chambres et des couloirs et à nourrir et laver les patients. Jusque-là, cela se passait plutôt bien, mais Laure ne pensait pas que la vieillesse et la maladie pouvaient avoir des visages aussi sombres !

Pourtant c’était son choix d’être à ce poste-là. Elle voulait côtoyer les malades de prêt. Elle voulait être sûre qu’elle les aimerait suffisamment pour supporter d’être à leur service pendant près de quarante ans.

Comme disait son père :

- Commencer son métier par le bas de l’échelle reste la meilleure école…

Pour le bas de l’échelle, elle n’aurait pas pu trouver mieux… Depuis quinze jours qu’elle travaillait ici, elle avait l’impression que tous les gens les plus malades de la région, s’étaient donnés rendez-vous dans le service où elle travaillait. Pour elle, tous ces braves gens étaient dans l’antichambre de la Mort. Certains en étaient conscients et semblaient l’accepter. D’autres paraissaient affreusement angoissés et redoutaient le moment de l’arrivée de la « grande faucheuse ».

Le soir, dans sa tête, avant de s’endormir, Laure les entendait encore lui dire :

- La Mort veut me prendre, je la sens…

- Cette nuit, j’ai bien cru que la Mort me prenait.

Plus terrifiant, quand une de ces malades lui disait :

- Je n’en peux plus, je souffre trop, laissez-moi mourir en paix. Vous qui paraissez si humaine, faites cela pour moi… Aidez-moi à mourir !

Parmi les souvenirs qu’elle savait ne jamais pouvoir oublier, fut celui de sa patiente préférée, quand elle passa de vie à trépas. Dans le service, tout le personnel avait compris qu'elle s’était attachée à cette personne et la surveillante l’autorisa à rester près d’elle, quand sa fin devint imminente.

Curieusement, quand la Mort fut proche, Laure eut l'impression que l'ambiance générale de la pièce changeait… Tout devenait calme, comme si elles étaient dans la ouate et c'était très apaisant… Les bruits s'étaient estompés : le souffle, jusque-là haletant de celle qui se préparait pour le grand voyage, devint comme un murmure. Le visage en sueur, le teint terreux, les yeux papillotants laissant n'entrevoir que le blanc, comme s'ils s'étaient révulsés, déjà tournés vers les ténèbres. Par moment, il sortait de la bouche serrée de la mourante, comme une longue et douce lamentation proche d’une litanie. Ce qui la déconcerta le plus, furent les lèvres. Ce curieux frémissement de la lèvre inférieure recouvrant la gencive et s’enfonçant au plus profond dans la bouche… Et puis, plus rien… La main de sa chère patiente se détendit totalement dans la sienne… Elle venait de lâcher son dernier souffle !

Ce mois de travail à l’hôpital lui montra la souffrance, mais aussi la déchéance humaine accompagnée par son quota de défécation, d’escarres et de misère. Ce fut une bonne école qui la marquera et certainement lui permettra d’être un meilleur médecin. Elle a vu aussi la reconnaissance dans les yeux des malades quand leurs médecins venaient près d’eux, leur prenant gentiment la main. Certains étaient formidables, ils savaient trouver les bons mots pour les rassurer avec des phrases simples.

Laure voulait devenir ce genre de médecin.

*

Quelques temps après la fin de son travail à l’hôpital, elle eut la surprise d’entendre son frère lui dire :

- Je veux bien que tu me fasses le vaccin contre la grippe.

Elle n’en revenait pas… Son frère lui demandait à elle, la petite étudiante en médecine de lui faire un vaccin. Il savait pourtant qu’elle n’avait que très peu de pratique ! Quelle fierté.

Une grande aventure les attendait !

Tout d’abord la préparation psychologique puis la préparation matérielle avec le flacon d’alcool à quatre-vingt-dix degrés, le petit coton, la seringue sortie solennellement de sa boîte puis longuement réchauffée dans les mains un peu tremblantes de Laure.

Elle s'était pourtant bien appliquée ! Quelle mauvaise surprise quand elle constata que l'aiguille traversait la peau qu'elle pinçait entre ses deux doigts. Sans rien dire, elle retira la seringue et recommença à piquer, cette fois avec succès… Mais c’était beaucoup d’émotion pour l’un comme pour l’autre et dès l’injection terminée, les deux s’écroulèrent épuisés dans le divan, à la grande surprise de leur maman.

L’été était terminé pour Laure. Elle n’avait plus qu’à attendre avec anxiété le jour de la rentrée des facultés.

*

*     *

3

Deuxième année de médecine

1970/71

Le réveil de Laure sonna.

Aujourd’hui, c’était sa rentrée en deuxième année du premier cycle de médecine.

Laure était de très bonne humeur et se mit à parler toute seule à voix haute :

- C’est super, finies les galères ! Quel bonheur de se réveiller à sept heures vingt-cinq minutes et savoir que je serai assise sur les gradins de l’amphithéâtre pour mon cours de huit heures !

En effet, depuis que sa fac n’était plus à Paris, mais à dix minutes de chez elle, Laure n’aura plus à se lever deux heures avant le début des cours. Un réel gain de temps et de fatigue !

Un autre événement - et pas des moindres - allait contribuer à ce que Laure garde le sourire. Dans les jours qui suivirent sa rentrée en faculté, elle se fit trois amis.

Ce fut tout naturellement qu’un groupe se forma autour d’elle.

Avec le temps, dans l’amphithéâtre, on les surnomma "les Dalton".

Il est vrai qu’ils étaient quatre, que Marcel mesurait un mètre quatre-vingt-quatorze, Gérard, le garçon qu’elle avait déjà repéré l’année dernière - sans oser lui parler - mesurait un mètre soixante-dix-huit, Lionel, un tout nouveau, car son cursus lui avait permis de ne pas avoir à passer l’épreuve de la sélection de la première année, mesurait un mètre soixante-dix et la petite Laure seulement un mètre cinquante-huit, ce qui lui donnait la place de Jœ Dalton !

En quelques semaines, ils paraissaient inséparables aux yeux de tous.

Elle avait enfin des amis avec qui parler, rire, travailler. Tout semblait être pour le mieux.

Mais c’était sans compter sur la complexité de Laure et sur ses nombreux états d’âme.

Elle allait vivre, parmi eux, ses premiers tourments amoureux.

Comme on pouvait s’en douter, ce fut Gérard qui le premier déclencha une série de tempêtes dans son cœur. Elle pressentait pourtant, qu’avec lui elle ne pourrait avoir que des relations compliquées.

Et ce fut le cas.

Qu’est-ce qu’elle avait pu l’aimer ce beau jeune homme.

Quand il était là, elle souriait, riait, se sentait heureuse. Et quand il n’était pas là, elle ne pensait qu’à lui et ne souhaitait qu’une chose, le retrouver.

Un jour, elle posa la question à sa maman :

- Maman, comment s’aperçoit-on qu’on est amoureuse d’un homme ?

Les symptômes que sa maman énuméra correspondaient bien à ses états d’âme…

Curieusement, l’attirance qu’elle avait pour Gérard, la contrariait beaucoup ; sa route était encore longue avant qu’elle obtienne son diplôme de médecin.

Laure n’avait pas assez de capacités intellectuelles pour réussir sans devoir fournir d’énormes efforts.

Elle n’était pas comme son frère qui lui, avait une mémoire prodigieuse. Mais pas elle ! Il avait toujours fallu qu’elle travaille beaucoup pour conserver une bonne place à l’école.

Gérard lui pompait trop son énergie et le plus irrationnel dans tout cela fut que l’intéressé ne semblait pas du tout concerné ? Il ne devinait rien ou faisait comme si. Elle n’arrivait pas à déchiffrer la pensée de ce grand brun ténébreux à la voix grave si chaude, si enveloppante !

- Pourquoi demander plus à Gérard ? Se dit-elle. Il est parfait comme copain, il est très doué pour m’expliquer les cours que j’ai du mal à comprendre ou à assimiler…

Elle aimait travailler avec son groupe des Dalton. C’était nettement plus stimulant et elle avançait vite avec eux. Il faisait du bon travail tous les quatre.

À cette époque, la grande inquiétude de Laure était que si elle se mettait en couple avec un étudiant sans le sou - ce qui était le propre de l’étudiant - ce serait elle qui devrait lâcher ses études pour aller travailler et gagner de quoi nourrir sa nouvelle famille et non l’inverse !

C’était l’époque qui voulait cela, elle le savait et ne le contestait pas… On était encore très loin de l’égalité de l’homme et de la femme !

Mais dès que Gérard s’approchait, la touchait, même d’une façon la plus anodine possible, elle succombait, envahie de millions de pensées tendres et amoureuses, qui l’empêchaient même de dormir.

Malgré l’indifférence de Gérard, elle continuait à espérer vivre avec lui un amour explosif, comme un véritable feu d’artifice… En un mot, elle rêvait de vivre le grand amour.

Il lui faudra six mois avant de comprendre, que Gérard ne sera jamais ce type d’homme.

Ce fut d’ailleurs lui qui le lui expliqua en ces termes :

- Je suis trop complexe et sûrement pas "l’homme d’une seule femme"… Je ne pourrai jamais répondre à ta recherche du prince charmant !

Cette conversation ils l’avaient eu, après un après-midi de travail. Il était venu chez elle pour continuer à apprendre un « énième » chapitre de ces trois énormes livres d’anatomie humaine “les Rouvière” qu’ils devaient connaître par cœur.

Depuis longtemps il avait pris conscience qu’elle était très amoureuse de lui ! Il fallait bien qu’elle sache qu’il sortait avec une autre fille et qu’il y en aurait certainement beaucoup d’autres après.

- Je veux bien sortir avec toi, Laure, mais ce ne sera pas pour la vie. Je te sens trop fragile et pas du tout prête à vivre une petite aventure sans lendemain. Lui dit-il en la regardant bien dans les yeux.

Laure détourna son regard pour que Gérard ne voit pas les larmes qui lui montaient aux yeux.

Était-elle vraiment la femme d’un seul homme, comme le pensait Gérard ?

Elle ne s’était jamais posé la question.

La nuit qui suivit cette discussion, elle n'arriva pas à trouver le sommeil.

Qui était-elle vraiment ?

Après de long moment de réflexion, elle comprit qu’elle voulait le Grand Amour, qu’elle voulait un seul homme dans sa vie, mais qu’elle ne pouvait se permettre de le chercher maintenant. Elle avait encore six longues années d’études difficiles.

- Tu ne peux pas "courir après deux lièvres à la fois", lui dit sa maman, très férue des dictons français.

C’était joliment dit…

Avec le temps, elle arriva à se raisonner.

Elle désirait tellement être médecin. Elle sentait que c’était une vocation profonde.

Elle allait travailler dur pour oublier les bras musclés de Gérard et son regard enjôleur.

Une fois de plus, ce fut lui qui l’aida. Et qui plus est, devant plusieurs témoins. Était-ce en toute conscience pour la recadrer définitivement, qu’il allait lui assumer ce coup de grâce ? Cette scène se passa dans l’amphithéâtre, bondé d’étudiants. Ils étaient entre deux cours et il y avait comme d’habitude un brouhaha assourdissant de conversations, pêle-mêle. Elle était assise à côté de lui. Depuis au moins cinq minutes, il n’arrêtait pas de lui faire des réflexions désagréables sur tout et sur rien, du style : "mais tu ne comprends jamais rien" ou bien "comment peut-on dire des choses aussi stupides". En un mot dès qu’elle ouvrait la bouche il lui répondait en se moquant d’elle, même si ce n’était pas à lui qu’elle s’adressait !

Elle eut un petit rire nerveux et gêné quand elle réalisa qu'il l’énervait et qu’elle sentait la colère monter en elle.

Puis son sourire se figea : elle venait d’entrevoir dans les yeux de Gérard un regard méchant, comme s'il était exaspéré par elle. C’était clair mais aussi très douloureux, il la voyait vraiment comme un être stupide, détestable !

S'en était trop… Il avait gagné !

Là où elle avait espéré voir dans son regard le reflet de l’amour, sous forme d'un immense diamant aux éclats éblouissants, elle ne voyait que noirceur dans les yeux de Gérard !

Les dernières miettes de l'amour qu'elle lui portait, s'envolèrent…

*

Après ce drame et contre toute attente, un petit miracle allait se produire : Laure se sentit plus calme, plus équilibrée, plus elle-même. Elle ne ressentait plus l’envie d’imiter les autres filles en ayant un amoureux. Elle décida de s’occuper d’elle, de développer sa propre personnalité et de pouvoir à nouveau se consacrer totalement à ses études.

C’était une bonne chose, car elle allait vivre un des moments les plus importants de ses études.

Tout son groupe de TD était rassemblé, tous vêtus d’une blouse blanche. Bien sûr, les Dalton étaient au complet. Ils attendaient devant la salle d’anatomie, un peu mal à l’aise. Certains, comme d’habitude, se sentaient obligés de faire des vannes de carabin mais en fait, la vingtaine de jeunes gens qui était rassemblée, n’en menait pas large : ils allaient disséquer leur premier cadavre…

Il y avait, allongé sur des tables d’examen, une dizaine de macchabées. Ils devaient se répartir en étant deux par table.

Laure spontanément entraîna Lionel vers la plus proche. Dessus il y avait un homme de race blanche. Il fut vite surnommé "le bagnard" car il avait à sa cheville droite, un tatouage représentant une grosse chaîne.

Avec Lionel, ils commencèrent par disséquer la jambe gauche, pour respecter la droite et son tatouage… Après deux heures de TD, Laure ne ressentit que du dégoût, des nausées et une grande déception, car elle avait le sentiment de n’avoir rien appris.

Les cadavres devaient être conservés dans une sorte de formol, car les chairs étaient jaunâtres spongieuses, tous les tissus semblaient comme collés les uns aux autres. Elle n’y comprenait rien, en tout cas rien de comparable avec les beaux dessins qu’elle trouvait dans son gros livre d’anatomie.

Pourtant, ces cours ont dû porter leurs fruits, car le jour de l’examen oral, elle eut dix-neuf sur vingt… À moins que ce fut le résultat du cogitum, les petites ampoules miracles qui lui donnaient de la mémoire ?

Plus inattendu pour Laure, fut son second tourment. Il était totalement différent pour ne pas dire son contraire.

Celui-ci commença, lorsque le grand Marcel de type nordique avec ses yeux bleus, ses cheveux raides cendrés et sa peau claire, lui dit à brûle pourpoint :

- Je ne sais pas comment cette histoire va se terminer, mais je rêve de toi très souvent…

C’était vrai que par moments il la regardait avec des yeux de biche. Mais il était si grand… Encore plus que ce que Laure pensait, puisqu’il lui avoua mesurer un mètre quatre-vingt-seize et ce qu’il y avait de plus comique, c’était que lui-même semblait sans arrêt en étonnement, étonnement de lui, étonnement des autres, étonnement de ce qui l’entourait…

Souvent elle le surprenait avec son petit air égaré presque enfantin. Laure était fascinée par son regard, mais également par sa barbe blonde, magnifiquement douce. Elle aimait bien, quand elle l’embrassait sur ses deux joues, lui faire quatre grosses bises bien appuyées pour avoir le plaisir de ressentir la douceur de ses poils sous ses lèvres.

- J’aime bien Marcel, pensa-t-elle, mais je ne l’aime pas d’amour et puis il est si grand !

Elle souriait en se revoyant danser avec lui le jour de ses vingt ans ; quand elle était dans ses bras, face à lui, elle aurait pu avec ses dents lui mordiller ses tétons ! Elle se sentit gênée d’avoir eu ce genre de pensée, car Marcel était un garçon très sage et très sérieux.

En tout cas, c’était ce qu’elle ressentait quand elle pensait à lui… Mais elle allait bientôt prendre conscience de son manque de discernement.

Après l’examen d’anatomie, ils devaient tous se retrouver à la cafétéria. Laure ne pensait pas trouver le temps d’y aller. Mais en s’organisant un peu mieux, elle put s’y rendre.

La cafète comme ils la surnommaient tous, était une salle réservée aux étudiants en médecine. Bien qu’étant en sous-sol, elle était accueillante et bien aménagée, avec des tables et des chaises très colorées. Ils avaient à leur disposition plusieurs distributeurs de boissons chaudes et de viennoiseries, ainsi que des tasses à café en arcopal blanc, décorées de petites fleurs de couleurs vives.

- Il y a une sacrée ambiance ! Pensa Laure.