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Dans la brumeuse et envoûtante Venise du dix-septième siècle, le doge est confronté à une série de meurtres d’une cruauté exceptionnelle. Pour résoudre cette affaire délicate, il se voit contraint de faire appel à Malthus de Sienne, un exorciste renommé du Vatican. Réussira-t-il à percer le secret de ce mystérieux criminel qui assassine les fils des notables de la cité ?
À PROPOS DE L'AUTEUR
Max de Ridder s'inspire des auteurs naturalistes français et de la génération perdue américaine. Après la publication de son premier roman en 2016, il revient avec un second ouvrage, Le baiser alchimique, où il plonge dans l’exploration de la passion.
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Seitenzahl: 79
Veröffentlichungsjahr: 2023
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Max de Ridder
Le baiser alchimique
Nouvelles
© Le Lys Bleu Éditions – Max de Ridder
ISBN : 979-10-377-9745-2
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Le soleil plongea dans la lagune avec un dégagement de brume qui rappelait étrangement une braise ardente jetée dans les flots.
Une froide nuit de novembre, accompagnée de son brouillard mystique, enveloppa la Sérénissime.
Depuis la pointe de la douane, on apercevait à peine le campanile de la place Saint-Marc et l’agitation qui animait la cité des Doges en permanence s’était éteinte.
Les rues étaient désertes, comme vidées de leurs habitants et les commerces clos.
Cette atmosphère marquait clairement l’entrée dans l’hiver.
Vers minuit, derrière un riche palais bordant le grand canal, une porte dérobée s’ouvrit et une ombre furtive se faufila.
Elle emprunta rapidement le dédale des ruelles surplombant les canaux.
Au détour de son chemin, de temps à autre, elle s’engouffrait sous un porche et patientait quelques instants, sans doute pour être sûre de ne pas être suivie.
L’ombre restait là, parfaitement immobile dans le froid glacial et l’obscurité.
Le visage invisible, enfoncé dans la capuche de sa cape.
Puis d’un pas léger et rapide, elle reprenait sa course folle à travers la Venise endormie et silencieuse.
Croisant des chats faméliques et évitant parfois de trébucher sur les corps de quelques ivrognes cuvant leur vin sous les perrons.
Après plusieurs kilomètres, elle arriva enfin sur le campo de la fonderie.
Elle s’arrêta et prit le temps d’observer les lieux avant de s’avancer.
Seules deux lanternes rouges qui indiquaient l’emplacement de la Banco Rosso étaient restées allumées.
Comme les improbables phares dans la nuit de ce lieu singulier.
L’ombre traversa rapidement la place et disparut sous le passage d’un immeuble.
Cette même nuit, vers 3 h, un hurlement déchira le silence.
Un cri de frayeur et d’horreur qui réveilla et pétrifia les habitants du quartier de Torentini.
Un gamin se mit à la fenêtre avant d’être attrapé par le collet et rentré par son père qui referma les volets de l’autre bras.
Tout le quartier était en ébullition, mais personne n’osait bouger.
C’était la seconde fois qu’un tel cri d’effroi retentissait dans la cité, et personne ne savait vraiment de quoi il en retournait.
Il fallait se terrer et attendre la police du doge.
Quelques minutes plus tard, alertés par le vacarme et la rumeur, les soldats arrivèrent, isolèrent les lieux et se rapprochèrent pour contenir la scène.
C’était une vision cauchemardesque et insoutenable, le pauvre garçon avait été démembré, pour ne pas dire déchiqueté, ses entrailles gisaient, éparpillées aux quatre coins du quai, et sa tête, décapitée, était posée sur la troisième marche du pont.
L’immense mare de sang qui en résultait s’assortissait parfaitement avec la briquette du sol déjà rougeâtre.
Il ne restait plus grand-chose de lui et dans ses yeux inanimés on pouvait encore lire la terreur de ses derniers instants.
Un malaise s’empara de la troupe dans laquelle, depuis quelque temps, la discrétion était de rigueur.
Les habitants s’étaient tous agglutinés derrière leurs persilliennes et observaient le spectacle silencieusement.
Progressivement, les lampes à huile et bougies s’éteignaient dans les foyers.
La torpeur hivernale reprenait ses droits, combinée à la sidération de l’évènement.
Les soldats continuèrent à s’affairer, relevant le moindre indice jusqu’au petit matin.
Le lendemain, tout avait disparu.
Alba était la fille unique d’un grand armateur vénitien, Alessandro de Tomasso, homme d’affaires influent, ami des puissants et reconnu dans toute la Sérénissime.
Elle venait d’avoir 18 ans et avait toujours vécu dans ce magnifique palais, construit à grands frais par son père, qui bordait le grand canal.
Sa mère, Eleonora, était issue de l’aristocratie florentine.
De vingt ans la cadette de son époux, elle avait reçu une éducation des plus élitiste dans un couvent de Padoue et cultivait les plus grandes ambitions pour Alba.
Pour les 16 ans de sa fille, la mère avait organisé un bal auquel étaient conviées les grandes familles de la cité, dans l’unique but de repérer parmi tous ces jeunes prétendants ceux qui feraient de bons maris et, surtout, constitueraient le meilleur parti pour Alba.
La réussite de son mari ne lui était pas non plus étrangère.
Eleonora, fine et experte en diplomatie, bien qu’un peu intrigante, savait flatter les grands de ce monde.
D’année en année, elle avait acquis la réputation d’organiser de somptueux dîners où se croisait le gotha et où le raffinement rivalisait avec l’opulence.
Toutes ces mondanités avaient consolidé les affaires de son mari et de nombreux liens s’étaient tissés entre les marchands, les armateurs et les intendants de la cité.
Secrètement, et d’un commun accord entre les deux familles, Alba avait été promise à Luca, le fils du procurateur, Alberto d’Agnessi, un proche du doge.
Eleonora, malgré sa tenue, son port de tête et une certaine classe naturelle, était dotée d’un physique un peu ingrat.
Ce qui n’était pas le cas d’Alba.
Alba était une merveille, une étoile, une beauté céleste.
Dans la fleur de l’âge et d’une fraîcheur sans pareille, elle dégageait tout ce qu’un homme aurait pu désirer.
La première chose que l’on remarquait chez elle était ses grands yeux couleur miel en forme d’amandes qui vous saisissaient par leur franchise.
Ensuite, son sourire éclatant et rieur qui donnait envie de mordre la vie et les deux lèvres charnues qui l’entouraient.
Sa chevelure châtain clair ondulée descendait jusqu’à la chute de ses reins et son teint parfait était de la carnation idéale.
Construite, mais également joyeuse et souriante, elle illuminait tout ce qu’elle touchait.
Dotée d’une belle et généreuse âme, elle était toujours la première à aider une ancienne à ramasser son panier ou à offrir un ducat à ces nombreux enfants du port qui traînaient leurs guêtres et leur misère.
Malicieuse, elle s’amusait à semer ses gouvernantes dans Venise pour s’offrir quelques heures de rêverie au bord d’un canal.
Au cours de ses brèves escapades, elle aimait également se baigner nue dans les recoins secrets du Lido, à l’abri des regards.
Mais raisonnable et aimante de ses parents, elle était toujours de retour avant la nuit.
Éduquée, comme sa mère, elle savait exprimer une opinion et mener le débat, mais consciente des us et mœurs de son époque et de son milieu, elle ne le pratiquait qu’avec subtilité.
Alba était le fruit sucré de ce que la moelle substantifique de la Venise des doges offrait de meilleur.
Lucius, le capitaine des Dragons de la garde, attendait d’être reçu dans une des antichambres du palais.
Cette convocation ne présageait rien de bon.
Il connaissait les enjeux et savait qu’à quelques mois de la nomination du nouveau doge, l’affaire était sensible.
D’une nervosité lucide, il s’attendait à son admonestation lorsqu’un garde entra et l’invita à le suivre.
Après avoir traversé un long corridor, les deux hommes entrèrent dans un cabinet de travail et le soldat s’éclipsa, refermant la porte derrière lui.
C’est le second en quelques semaines ! s’exclama le doge.
Lucius restait immobile, debout, comme tétanisé.
Des enfants de Venise, issus des meilleures familles !
Des pauvres enfants massacrés !
Frappés par une mort horrible !
Des cadavres trop affreux pour être présentés aux parents !
Vous en rendez-vous compte Lucius ?
Et il répéta :
Et vous n’avez rien, pas la moindre piste !
Le Tout-Venise ne parle que de cela et les gens ont peur.
Plus personne n’ose sortir la nuit, et tout ça à quelque mois des élections !
Le doge se leva de sa table de travail encombrée de cartes.
Puis il s’avança vers une énorme mappemonde montée sur gyroscope, qu’il fit tourner nerveusement du plat de la main.