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Jeune gardien du prestigieux clan Nozomi, Asano voit son destin bouleversé lors de la célébration de son titre et du privilège de porter le katana. Envoyé pour sa première mission, il est rapidement confronté à des événements inexplicables. Sur sa route, il rencontre Yumi, énigmatique sœur de l’ombre, qui lui révèle une vérité glaçante : il est le porteur du Rinyūaru, la Lame du Renouveau, une épée légendaire, oubliée et maudite, ayant conduit à la perte de tous ses précédents détenteurs. Dans un monde en proie au chaos, Asano se voit contraint de faire face à un destin redoutable, armé d’une lame à la fois puissante et mortelle. Parviendra-t-il à dompter cette arme, ou succombera-t-il à son héritage funeste ?
À PROPOS DE L'AUTRICE
Depuis toujours,
Morgan Michon puise son inspiration dans les épopées et légendes anciennes. Il explore différentes formes d’art avant de se tourner vers l’écriture de son premier roman, porté par sa passion pour les mythes. Sa créativité s’enrichit constamment des univers littéraires qu’il affectionne, nourrissant ainsi son imaginaire.
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Seitenzahl: 131
Veröffentlichungsjahr: 2024
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Morgan Michon
Le chant des roseaux
Tome I
Le forgeron et la lame maudite
Roman
© Lys Bleu Éditions – Morgan Michon
ISBN : 979-10-422-4880-2
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À mes premières lectrices :
L. Christine et M. Céline
Les ruelles étroites de la cité du clan Nozomi, fourmillant d’activités, vibraient au rythme de la voix perçante d’un vieillard. Sur la place ronde au pavé blanc, des charrettes débordaient de légumes et d’autres denrées, répandant une symphonie de couleurs et de parfums. Des étals croulaient sous des pyramides de tomates rouges, d’oranges flamboyantes et de pommes vertes, tandis que les effluves épicés de safran et de cumin se mêlaient aux cris des marchands et au chant des oiseaux.
— Approchez, approchez ! s’exclama le mendiant, drapé dans sa longue cape grise. Écoutez l’histoire d’un homme, non, d’un maître forgeron qui a créé une lame exceptionnelle. Une lame si extraordinaire qu’elle est devenue légendaire… On raconte même qu’elle rivalisait avec le pouvoir des dieux ! Ses paroles, empreintes de panache et de fascination, captivèrent les enfants émerveillés et les femmes affairées au marché.
— Notre histoire commence bien des siècles avant la nôtre, là où les dieux gouvernaient les Hommes. Sur la sombre montagne du destin, où les vents se rejoignent pour former de violentes tempêtes qui façonnèrent le monde d’aujourd’hui, un homme vivait en ermite, reclus dans la solitude la plus totale. Cet homme, maître incontesté de l’art de la forge, avait été banni par les dieux, qui le considéraient comme une menace face à son immense talent. Son marteau, usé par les âges, frappait l’acier avec une force et une précision défiant l’imagination. Les étincelles jaillissaient de l’enclume, illuminant la nuit et défiant les ténèbres qui enveloppaient la montagne. La tempête faisait rage autour de lui, le vent hurlant comme une meute de loups affamés. Les éclairs entaillaient le ciel de leurs traits incandescents, tandis que le tonnerre grondait comme une colère divine. Mais l’ermite semblait insensible à la fureur des éléments, absorbé par son travail, comme possédé par une force occulte qui guidait ses gestes. Le temps s’écoulait inexorablement, tandis que la lame prenait forme sous les coups du marteau. Tel un sorcier des éléments, il taillait, façonnait et modelait le métal avec une détermination farouche. Des murmures étranges s’échappaient de la forge, comme si une force mystérieuse habitait les lieux. L’air devenait de plus en plus lourd, oppressant, chargé d’une tension mystique presque palpable. Les esprits de la montagne se rassemblaient pour observer l’homme accomplir cet acte de création magistral. Le dernier coup de marteau résonna dans la montagne, libérant la tension accumulée. Un éclair rouge zébra le ciel et frappa la lame du katana, fraîchement forgée. Une voix sinistre et inquiétante se fit alors entendre, glaçant le sang du forgeron. Sa puissance était telle qu’il en frissonna de la tête aux pieds. Il ne comprenait pas le sens de ces mots divins, prononcés dans une langue oubliée. La lame qu’il venait de forger devint incandescente, rougeoyante comme un brasier. La voix mystérieuse résonna une dernière fois, puis s’éteignit comme un fantôme dans la pénombre de la nuit. La lame, qui semblait bouillonner d’une énergie surnaturelle, redevint ordinaire. Mais le forgeron savait qu’elle n’était plus la même. Elle était désormais marquée par le sceau des dieux. Il contempla son œuvre, et le nomma Rinyūaru, Le Renouveau dans la langue des anciens, et comprit qu’il avait créé un objet d’une puissance incommensurable. Peu de temps après, des hommes avides de pouvoir eurent vent de cette lame légendaire et débarquèrent sur la montagne. Le forgeron refusa de céder son précieux katana, préférant mourir plutôt que de le voir tomber entre de mauvaises mains. Un combat féroce s’engagea entre les hommes et le vieil ermite. Les épées s’entrechoquaient, les cris résonnaient dans la montagne, et le sang coulait à flots. Finalement, les hommes vainquirent le forgeron et s’emparèrent du Rinyūaru. Mais leur victoire fut de courte durée. La lame, comme possédée par une malédiction, les poussa à se massacrer entre eux. Le pouvoir qu’ils convoitaient tant se retourna contre eux, les menant à leur perte. Depuis lors, le katana du renouveau a connu de nombreux porteurs. Mais tous ont connu un destin tragique, victimes de la puissance maléfique qui habite la lame. La légende raconte que le Rinyūaru ne trouvera jamais de repos tant qu’un homme assez puissant et sage ne sera pas capable de la purifier et de la libérer de sa malédiction.
L’histoire du mendiant toucha particulièrement un jeune garçon du nom d’Asano, fasciné par le récit de cette lame légendaire et par le destin tragique de ses porteurs.
— Mais si la lame fut oubliée, comment se fait-il que vous connaissiez cette histoire ? dit arrogamment l’un des garçons un peu rondouillard.
L’homme esquissa un sourire avant qu’il ne puisse répondre, une femme le coupa.
— Ce n’est qu’une histoire, les enfants. Allez, il est temps que vous retrouviez vos parents.
La foule se dispersa pour retourner à ses occupations, laissant le vieil homme seul. Enfin, c’était sans compter ce petit garçon aux cheveux châtains ébouriffés qui dissimulait ses yeux bleus.
— Moi, j’ai adoré votre histoire, monsieur, mais où avez-vous entendu cette aventure ? dit-il admiratif.
— Ha oui, et à qui ai-je l’honneur ? répondit le vieux mendiant avec un sourire.
— Je me nomme Asano, futur gardien, lui dit-il fièrement.
— Alors écoute bien, futur gardien. Je vais te faire une révélation, parfois les histoires sont bien plus que de simples récits, dit-il avant de disparaître à l’appel du garçon qui se retourna.
— Eh bien, si c’est comme ça que tu t’entraînes… lui dit une jeune femme, au regard perçant.
— Monsieur le mendiant racontait une histoire sur… Mais où est-il passé ?
— Allez, il est temps de t’y remettre.
— Oui, Sakura.
Il repartit en suivant cette femme aux yeux d’un violet perçant qui sublimaient son visage fin et délicat surmonté d’une longue chevelure châtain qui lui donnait un air brillant.
Douze années se sont écoulées. La cité du clan Nozomi, habituellement grouillante de vie, est aujourd’hui silencieuse. La population est massée au pied du vieux château, attendant le début de la cérémonie. La majestueuse salle du trône, baignée de lumière. Les vitraux en arc de cercle représentent d’anciens héros légendaires, reflétant la grandeur du clan. Les colonnes ornées de feuilles de vigne plaquées or et l’imposante charpente magnifiquement sculptée témoignent du savoir-faire des artisans. Le roi, assis sur son trône, donne le ton solennel à la cérémonie. Les tapisseries rouge flamboyant arborent le phénix doré, emblème du clan Nozomi. Les hauts gardiens, vêtus de leurs habits de cérémonie, se tiennent fièrement derrière le roi, leurs katanas sortis devant eux. Les nobles, assis de chaque côté de la salle, observent la cérémonie avec attention.
— Au nom du clan Nozomi, je te nomme gardien. Que les anciens en soient témoins et guident tes pas dans l’obscurité de ce monde.
Le roi prononça ces sages paroles avec la plus grande solennité qui soit. Sa voix criarde, témoignant de son grand âge, résonna dans la pièce, amplifiée par le silence de l’assemblée présente. Chacun retenait son souffle, captivé par l’atmosphère envoûtante qui régnait. Un jeune homme au visage fin et délicat, à la chevelure châtain ébouriffée, vêtu d’un kimono blanc, se tenait humblement à genoux. Ses yeux bleus perçants brillaient d’une lueur d’espoir et de détermination. Il reçut des mains du roi, dont les mains calleuses trahissaient les nombreuses batailles, une écharpe en soie bleue qui se mariait parfaitement avec ses yeux. Il se releva avec grâce et fierté, affichant sur son visage la détermination dont il avait dû faire preuve pour en arriver là. Un homme au masque de cerf avec une grande toge se présenta, accompagné de deux serviteurs. L’homme tenait dans ses mains un magnifique katana noir d’une rare finition, dont la lame brillait d’un éclat presque surnaturel. Le manche en bois précieux était incrusté de pierres précieuses, et la garde en forme de phénix reflétait la puissance et la sagesse du clan. Il s’approcha du jeune homme et s’inclina la tête en signe de respect avant de lui remettre le katana. Pour le clan Nozomi, ces lames sont sacrées et servent d’insigne de fonction, montrant ainsi son rang de gardien au reste du royaume. Prouvant ainsi la valeur du clan, elles leur permettent d’opérer n’importe où le mal se fait sentir. À cet instant précis, une aura électrique se dégagea de la lame, soulignant la connexion profonde qui se nouait entre le jeune homme et son arme. Le roi, empreint de sagesse, adresse une dernière bénédiction au jeune homme.
— Que cette lame te protège et t’apporte le savoir des anciens des héros qu’elle a portés. Ces mots résonnent dans la pièce, portant l’espoir d’un avenir meilleur pour le royaume du phénix. Le jeune homme s’incline en signe de respect.
— Je suivrai la trace de nos ancêtres et leur ferai honneur de nombreux exploits.
On pouvait entendre la détermination dans sa voix qui se répandait comme un écho se perdant dans le silence religieux qui régnait dans la salle. Tandis que l’aura de l’instant demeure, le son majestueux des cors retentit, brisant ainsi le silence pour marquer la fin de la cérémonie. Le roi quitta la salle du trône, suivi des hauts gardiens ainsi que les nobles, emportant avec eux l’atmosphère héroïque qui y règne. Le silence se réinstalle, laissant place aux secrets que renferme ce lieu empreint de magie et de destinée. En sortant, le jeune homme se mit en retrait en voyant la foule qui venait acclamer le roi et les hauts gardiens. Les visages joyeux et admiratifs des villageois, les cris d’encouragement des enfants, et les applaudissements nourris des nobles formaient un spectacle vibrant d’émotion. C’est alors qu’une voix douce et mélodieuse brisa le silence, ramenant le jeune homme à ses responsabilités.
— Ils sont venus pour toi, tu sais, lança d’un ton froid la femme vêtue d’un kimono blanc à l’écharpe en soie violette, au regard perçant, qui se tenait contre la murette, juste derrière le jeune homme.
— Tu sais bien que je déteste les bains de foule.
— C’est le lot de tous les gardiens, du moins de ceux qui restent assez longtemps en vie pour en recevoir les lauriers de ses habitants et seigneurs.
Le jeune homme la regarda, désespéré par son manque de sollicitude.
— Dis-moi, au lieu de me regarder avec ton regard de chien battu, quels sont les projets de notre nouveau gardien, le grand Asano, terreur des foules ?
— Très drôle, je vois que la grande Sakura ne manque pas d’humour malgré son manque de tact. Pour le moment, je vais aller me mettre à l’abri très loin de cette foule.
Sakura lança un regard froid à Asano, qui comprit bien trop tard les conséquences. Son regard devint soudainement inquiet, ses sourcils se froncèrent, et sa gorge se serra. Il savait que Sakura ne plaisantait jamais, et que son intimidation était à prendre au sérieux.
— Écoutez-moi, braves citoyens, notre nouveau gardien fraîchement élu vous invite tous pour une tournée générale à la taverne.
— Mais arrête, ils vont me voir… dit Asano, avant d’être coupé par la foule qui l’acclamait.
Asano sentit son cœur se serrer légèrement, mais il serra les dents et se força à sourire. Il fit bonne figure face aux citoyens qui venaient célébrer leur futur représentant dans le royaume. Il serra des mains, accepta des accolades et des félicitations, et même quelques baisers sur la joue des femmes les plus hardies. Malgré sa réticence, il ne pouvait s’empêcher de sourire, flatté par l’attention que lui portait son peuple.
— Ne t’inquiète pas, ça va bien se passer, terreur des foules, lui dit Sakura avec un sourire malicieux, satisfaite de sa ruse.
Elle saisit son poignet et le traîna fermement dans l’immense foule qui les applaudissait. Asano se laissa faire, désabusé par l’audace de son mentor. Ils arrivèrent à la taverne d’où l’on pouvait entendre l’écho des voix s’échapper de la porte entrouverte. L’air était empli d’une odeur de bière et de pain chaud, et les rires et les conversations joyeuses créaient une atmosphère conviviale.
— Malgré tout, je ne sais pas si je dois te remercier pour cette ruse ?
— Alors, ne dis rien et profite.
Asano esquissa un sourire avant d’entamer sa pinte de bière bien mousseuse. La mousse épaisse coulait sur sa lèvre inférieure, lui donnant un air enfantin qui contrastait avec la pression qu’il avait subie.
— Dis-moi, comment se fait-il que la grande Sakura aux actes héroïques n’ait jamais voulu devenir Haut gardien ? demanda Asano.
— Parce que la politique de la Loge des Anciens ne m’intéresse pas, et puis qui se serait occupé de toi ? dit-elle avant d’être coupée par un beuglement.
— Aidez-moi… hurla un homme en entrant dans la taverne, épuisé et terrifié.
Ses vêtements étaient déchirés, son visage grimaçant de douleur, et ses yeux hagards reflétaient la peur qu’il ressentait, avant de s’écrouler au sol, à bout de forces.
Sakura se dépêcha de venir au chevet de l’homme, accompagnée d’Asano. Elle sortit une petite fiole de sa poche intérieure, qu’elle agita au-dessus de son nez. L’odeur âcre qu’elle dégageait fit rapidement ouvrir les yeux de l’homme. Sakura se redressa, l’air grave, et fixa l’homme avec ses yeux perçants.
— Un monstre est venu dans la nuit au village de Shēdingu massacrant un bon nombre de valeureux paysans. Aux premières lueurs du soleil, il avait disparu. C’est alors que je suis parti pour venir demander votre aide.
— Très bien, je vais y aller, dit Asano, voyant le regard soulagé de l’homme.
— Merci, lui dit l’homme en lui prenant la main, avant de s’écrouler de nouveau au sol.
Sakura s’agenouilla à côté de l’homme et posa sa main sur son front. Son visage se crispa et ses yeux se fermèrent. Un silence soudain s’abattit dans la taverne, et la tristesse s’empara des citoyens.
— Il… Il est mort, confirma Sakura, d’une voix tremblante.
— Mais comment c’est possible, il était terrifié, mais de là à en mourir ? dit Asano, le cœur battant à tout rompre.
— Tout ceci est bien étrange, en effet. Promets-moi de faire preuve de la plus grande prudence en te rendant au village de Shēdingu, dit-elle d’un air inquiet.
— Bien sûr, je te rappelle que j’ai suivi les enseignements de la grande Sakura. Bon, il est temps pour moi d’y aller.
Il se leva et prit la direction de la porte sous les regards des citoyens, qui le rendaient quelque peu mal à l’aise. Une fois dehors, un frisson d’angoisse le parcourut. Il se dirigea d’un pas déterminé vers l’écurie, où il fut rattrapé par son ancien mentor.
— Asano, attends, j’ai un cadeau pour toi.
Sakura l’accompagnait dans les écuries où l’odeur de paille fraîche se mêlait à celle des chevaux. Là, il découvrit une splendide monture dont le pelage blanc rappelait les neiges éternelles du mont Jundo. Ses yeux d’un bleu profond brillaient d’intelligence, et sa crinière et sa queue d’une blancheur immaculée flottaient au vent comme un étendard. Sa musculature puissante et gracieuse laissait deviner une vitesse et une endurance exceptionnelles.
— Elle est magnifique, dit-il en caressant doucement son encolure.