Le choix de l’intuition - Elsa Pichodo - E-Book

Le choix de l’intuition E-Book

Elsa Pichodo

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Beschreibung

La pandémie et les catastrophes naturelles font rage. Pour sauvegarder l’humanité, les populations sont triées et envoyées sous des dômes protecteurs. Hazel, fraîchement séparée du père de sa fille, et vivant mal cette séparation, se retrouve enfermée dans l'une de ces salles d'attente avec son ex. Cependant, son intuition lui crie que cette cachette n’est pas ce qu’elle est supposée être. 150 ans plus tard, Hazel est réveillée de sa cryogénisation par un jeune homme qui lui est étrangement familier. C'est alors que commence une longue quête pour elle, afin de retrouver sa famille et ses souvenirs.


À PROPOS DE L'AUTEURE


Dans Le choix de l'intuition, Elsa Pichodo nous invite dans son univers et déverse le flot de ses états d'âme.

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Seitenzahl: 241

Veröffentlichungsjahr: 2022

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Elsa Pichodo

Le choix de l’intuition

Roman

© Lys Bleu Éditions – Elsa Pichodo

ISBN : 979-10-377-5597-1

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Prologue

« J’ai froid… J’ai tellement froid… »

Un regard clair comme le ciel croise le mien, un sourire en coin… Mon cœur rate un battement.

« Mes yeux s’entrouvrent… Tout est flou… Je suis fatiguée… »

Mon téléphone sonne, mon cœur papillonne, c’est lui ! Je vais encore passer la nuit à discuter avec lui, j’adore ça.

« Je suis où ? J’ai froid, je suis fatiguée… »

Je me roule en boule sur le tapis de sa chambre. Je suis gênée, j’ai peur, il va m’embrasser. J’en crève d’envie mais j’ai peur…

« … Tellement, tellement fatiguée… »

Mon cœur bat la chamade… Ses mains explorent mon corps, collée contre lui, je sens son érection appuyer contre mon bas ventre, je me cambre contre lui, une sensation de chaleur m’envahit je veux le sentir en moi… « J’ai envie de toi ! » souffle-t-il à mon oreille. Son bras est blessé, je monte sur lui et le fais entrer en moi dans un soupir commun d’extase, nos bassins agissant seuls dans des mouvements de va-et-vient jusqu’à l’explosion d’une jouissance finale commune en parfaite osmose…

« … Je ne sens pas mon corps… Je suis fatiguée… J’ai froid… Mes yeux… Je n’arrive pas à les garder ouverts… »

Une succession d’images : tenues sexy, baisers langoureux, nue sous un imper, relations sexuelles fusionnelles, expériences, découvertes du corps de l’autre, rires, tendresse, confiance, partage, complicité, drames, soutiens, deuils, sa présence, des voyages, de l’amour, beaucoup d’amour, un lien puissant, fort, brillant indestructible…

« … Je suis où ? »

Un enfant, une famille, tous le même nom, une maison, un nouveau combat pour ce rêve, un succès, une grossesse, une naissance, la vie à trois, trouver ses marques, trouver sa place, de la peur, de la douleur, de l’amour…

« … Aidez-moi ! J’ai froid… »

Des disputes, des incompréhensions, des retrouvailles, de l’amour, beaucoup d’amour, parfois moins, mais de l’amour, toujours…

« J’ai mal, j’ai froid… »

— Tu penses qu’ils vont annoncer quoi ? Une allocution du président c’est dans les cas exceptionnels !

— Pas tant que ça en ce moment, il a déjà parlé il y a deux jours… Là ils vont nous confiner c’est sûr ! On en parlait au travail.

— Ça va être un de ces bazars dans les magasins si c’est ça ! Regarde la queue qu’il y a quand on parle de pénurie d’essence ! On a ce qu’il faut, nous, à la maison ?

— On est un peu juste, mais je ne travaille pas demain, j’irais faire deux ou trois courses.

— Attends, ça commence !

« Tellement mal… »

— Bon bah, ça c’est fait… On est au chômage technique ! Qui aurait cru qu’il allait vraiment fermer toutes les écoles de France ?

— Et tous les restaurants, bars, salles, commerces… Tout ferme quoi…

— Attends, tout ferme mais on doit quand même aller voter… Cette blague !

— Au moins les magasins de nourriture restent ouverts, je vais aller faire quelques courses.

— Tu veux que j’y aille moi ?

— Non, non ça va être blindé, je vais y aller moi, je préfère que tu ne sortes pas, je ne veux pas que tu tombes malade.

— T’es mignon ! Ça marche, je vais te faire une petite liste.

« Tellement froid… »

— C’était la jungle ! Les gens sont des animaux, t’aurais vu leurs chariots ! Déjà pour rentrer dans le magasin il y avait la queue jusqu’au parking ! Le rayon pâtes dévalisé j’ai pris les deux pauvres paquets que j’ai trouvés, le papier toilette les gens se sont jetés dessus, c’était n’importe quoi ! On aurait dit la fin du monde !

— Désolée, j’aurais dû y aller moi !

— Non, non t’aurais pété un câble ! Bon on va faire avec ce qu’on a et on verra quand les gens se seront calmés !

« Je suis fatiguée… Si fatiguée… »

— Mais pourquoi t’es allée à l’école ? Il y en a d’autres qui pouvaient aller s’occuper des gamins !

— Ça va, ne t’inquiète pas !

— Non mais moi aussi je ne suis pas bien, mais t’es dans un plus mauvais état que moi ! T’as 40 de fièvre et dès que tu te lèves tu tombes !

— Écoute, calme-toi, s’il te plaît, c’est moins grave pour les trentenaires.

— Ouais bah on entend de plus en plus d’histoires de trentenaires en réa !

— Mais pourquoi t’es aussi agressif et méchant quand je suis malade à la maison… J’aimerais bien finir à l’hôpital…

— Arrête de dire des conneries !

— Bah si parce qu’au moins quand je suis à l’hôpital t’es gentil et tu te soucies de moi ! Regarde l’état dans lequel t’étais quand j’ai été hospitalisé pour mon ventre ! T’étais inquiet, tu pleurais, tu te souciais de moi ! Là, t’es juste en colère parce que je suis au lit ! T’inquiète pas, je vais me lever, je vais tout gérer ! Pas de soucis !

— N’importe quoi, c’est pas ce que je te demande !

« Qu’est-ce qui se passe ? »

— Allô ? Salut copain, ça va ? Ça se passe le confinement chez vous ?

— Nous, c’est compliqué ici… On a toujours été fusionnels mais indépendants et lui, tu le connais, c’est ton pote, il est toujours beaucoup sorti à droite à gauche avec ses potes, ses collègues, j’étais souvent seule mais on était content de se retrouver… ça le saoul d’être enfermé avec moi… Je crois que je suis la dernière personne avec qui il aurait voulu être confiné…

— Non, mais je sais que le confinement fait du mal à beaucoup de couples mais tous nos amis et toi même tu le dis tout le temps qu’on est LE couple, celui qui peut tout affronter sauf que là je sais plus… Il ne fait aucun effort pour me plaire…

— Oui, je sais que tu as raison… Oui je vais lui parler, t’as raison… ça marche, on se capte !

« Chéri, tu veux bien qu’on se pose pour parler quand la petite sera couchée ? »

« Je suis où ? »

— Hey mec, appelle ton pote !

— Non, non, franchement ça va, on a discuté, on fait des efforts, ça se passe mieux ! Ce n’est pas ça le souci, il m’a demandé de lui raser le crâne… Sauf qu’on voit grave sa calvitie, il n’est pas bien… J’ai beau lui dire que je le trouve beau, ça n’a pas d’impact…

— Non mais il en a même pleuré… Il est vraiment pas bien, je crois que se voir vieillir ça le met vraiment au fond du trou, ça me fait mal pour lui, entre chauves, t’arrivera peut-être à le rebooster comme moi je n’en ai pas le pouvoir…

— Ouais, je t’envoie une photo !

« Je suis où ? »

« Français, Françaises, en ce 11 mai 2020, j’annonce le plan de déconfinement progressif de la France. »

— Ça y est, on est libre ! Je suis un peu triste… On a pas profité du confinement comme on aurait dû…

— Ouais mais on va pouvoir revoir du monde !

« Pourquoi je n’arrive pas à bouger ? »

— Salut copain, ça va ?
— Non depuis qu’il est retourné au travail il s’est ré éloigné… Et là il est à un long week-end avec ses collègues pour le départ de l’un d’entre eux… J’ai même pas de nouvelles. Il a pris la petite pour la première après-midi sans me proposer de venir, il me l’a ramené et est reparti… Je le sens pas… Il y a cette fille là-bas, sa collègue qui est arrivée cette année que je sens pas du tout…
— Mais non je me fais pas de films, je sais qu’il aime sa famille plus que tout et la quitterait jamais, mais cette fille… Je la sens pas j’ai une très forte intuition, et tu sais que mes intuitions ne se trompent jamais…

« Je me sens si lourde… »

— Merci de conduire, je sais que t’aimes pas conduire la nuit et encore moins en talons, mais j’ai trop bu…
— C’est rien ne t’inquiète pas ! C’était cool comme soirée ! Dommage qu’ils s’en aillent, la petite s’entend bien avec leur fils !
— Je me sens pas bien…
— Tu veux que je m’arrête, t’as besoin d’air ?
— Non, c’est pas ça… Je crois que je n’ai plus de sentiments pour toi.
— …
— Écoute…
— Non, stop. Je te dépose à la maison avec la petite et je m’en vais.
— Non, attends, faut qu’on en parle !
— Non, descends, prends la petite, je m’en vais.
— Mais tu vas où ? C’est dangereux pour une fille de traîner en voiture en pleine nuit !
— Ça, c’est plus ton problème, t’as pas à t’en inquiéter puisque tu ne m’aimes plus !

« J’ai du mal à respirer… »

— Ça y est, après un an de séparation tout en cohabitant, et en ayant une relation anormalement ambiguë qui n’a pas arrêté de me faire espérer, c’est mon dernier soir dans cette maison… Fais pas ce regard tout chamboulé, on a une fille ensemble, on sera obligé d’être en contact ! Et puis c’est toi qui m’aimes plus, pas l’inverse ! Bon je vais imprimer le bon de retour pour mes colis et je pars pour mon microscopique deux pièces dans lequel je n’aurais plus aucune intimité puisque je dormirais dans le salon !

« Je suffoque… »

— La prochaine fois, veille à déconnecter ta boîte mail surtout quand y a des choses à cacher, je vais prendre l’air.

« Aidez-moi… »

— Qu’est-ce que t’as lu ?
— Suffisamment pour comprendre… J’avais raison… C’est elle, c’est à cause d’elle…
— Laisse-moi t’expliquer… Y a un an, j’ai eu un coup de cœur pour quelqu’un… Je pensais pas pouvoir ressentir ça en étant avec toi…
— J’ai pas arrêté de te tendre des perches en te parlant d’elle ! Et tu m’as menti pendant tout ce temps ?
— Il s’est rien passé, elle avait son copain, on fait que parler, apprendre à se connaître, c’est juste pour le fun, elle me fait juste rire, c’est tout !
— Elle a quel âge déjà rappel moi ?
— 25 ans…
— 10 ans de moins que nous… Comment rivaliser… Et rappelle-moi, elle ne vient pas du sud ?
— Si…
— Donc tu comptes te mettre en couple avec une fille de 10 ans de moins que toi et qui vient du sud, et voudra muter vers chez elle dès que possible. Tu feras quoi ? Tu partiras avec et abandonneras ta fille ?
— Jamais de la vie !
— Tu me prendras ma fille ?
— Non je te le jure…
— Quelle conne… Comment je peux te croire ! J’étais ton bonheur, et tu étais le mien ! Tu passais avant tout pour moi, je t’ai toujours aimé et je t’aime entièrement avec tous tes défauts de petit papy fragile ! Ton bonheur et ton bien être ont toujours été le plus important pour moi… Pendant toute cette année, et même séparés y avait un truc entre nous, on ne peut pas s’empêcher de se taquiner en se draguant, de se toucher, de se faire des câlins, de s’allonger enlacés sur le canapé pour regarder la TV, à chaque fois que je te disais bonne nuit, tu remontais dans ma chambre pour un dernier câlin, et parfois même plus, même si le lendemain tu faisais comme si de rien était ! Toute cette ambiguïté, tu jouais double jeu ?
— Non j’ai vite arrêté l’ambiguïté.
— Pardon ? C’est moi qui ai dû te demander de ne plus monter dans ma chambre…
— … Il se passera peut-être jamais rien, c’est qu’un flirt, ça pourrait jamais être comme toi !
— Regarde-moi, regarde-moi bien, tu as refusé de te battre pour sauvegarder ta famille, ton couple depuis près de 10 ans avec la femme qui était celle faite pour toi, ton âme sœur, ta flamme jumelle, pour un fantasme avec une minette de 25ans qui en a rien à faire de détruire une famille… de détruire une enfant ! Au revoir… Je reviendrais prendre la petite dans 10 jours comme prévu, je vais monter lui dire.
— Attends, s’il te plaît…
— Au revoir… Sois heureux, et surtout n’oublie jamais quand tu parles avec elle, flirtes avec elle, l’embrasses, l’enlaces et lui fais l’amour, que cette petite jeunette qui te fait tant rire est celle qui m’aura mise à terre et aura continué à me frapper, que c’est celle qui aura fait éclater le foyer et la bulle de sécurité de notre fille de 3 ans, que c’est celle qui aura démoli un avenir plein de douceur, de tendresse, de bien être, de découvertes et d’amour pour tous les trois… Tu sais quoi ? Je t’aime tellement, que tout ce que je veux c’est que tu sois heureux ! Même si c’est sans moi ! Alors vis ton fantasme, vis ton idylle, tu penses que c’est ce dont tu as besoin pour combattre ce sentiment de vieillesse… Et quand tu auras réalisé que je suis la femme de ta vie, et que ce que tu veux pour ton avenir c’est nous trois, notre famille, viens frapper à ma porte… On t’attendra, et on te pardonnera… Et tu sais pourquoi ? Parce que moi je le sais, je le sens au fond de moi ! Tu es l’homme de ma vie, tu es mon grand amour ! Et je sais même pas pourquoi ! Mais c’est comme ça qu’on reconnaît le véritable amour, quand on aime quelqu’un sans savoir pourquoi… Garde-moi dans un coin de ta tête et de ton cœur comme une porte de sortie, un foyer, un lieu sûr. Je vais avancer parce que je n’ai pas le choix. Mais 10 ans pour moi c’est pas rien, contrairement à toi, et c’est pas demain la veille que je referais ma vie. Probablement même jamais. Je t’aime, mais je m’efface pour toi… Je te souhaite beaucoup de bonheur… Adieu…

« Je n’ai plus d’air… »

— Je ne suis qu’un pauvre con, je me suis brisé le cœur tout seul… Comment tu peux être assise à côté de moi, comment tu peux me pardonner alors que moi-même je n’arrive pas à me pardonner ?
— Parce que c’est comme ça, je suis gentille, c’est ma nature profonde…
— Ta gentillesse te perdra !
— Mais je n’aurais aucun remords quand viendra le moment de mourir !
— Je crois en fait que je veux souffrir autant que je t’ai fait souffrir. Bon, j’y vais, j’arrive pas à m’arrêter de pleurer mais j’y vais… Je vais attendre sur tout le trajet un accident.
— Soit pas débile, un monde où tu ne m’aimes pas, je peux y vivre, mais un monde où tu n’existes pas c’est hors de question ! Soit prudent.

Des bruits de pleurs contre ma porte, je pleure contre la mienne… Deux âmes en peine qui se mentent, se voilent la face. Deux aimants qui n’arrivent pas à se rejoindre à cause d’un simple grain de sable entre eux.

« J’ai mal dans la poitrine… »

— Bonjour, je suis le docteur Zalyard, vous venez donc me consulter au sujet de votre fille ?
— Oui, voici Marnie, elle a émis le désir de parler avec un docteur.
— Papa et maman ils sont séparés et ça me fait mal au cœur, la vie c’est plus pareil…
— Ça t’embête si on reste tous les deux ? Si papa et maman vont attendre dans la salle d’attente pendant qu’on discute tous les deux ?
— Non, ça m’embête pas !

« Je… »

Il est en couple, il couche avec, je l’ai perdu, encore une fois. Vivre sans lui ? Mais comment… Je veux qu’il soit heureux… Avec ou sans moi… Pourquoi il reste aussi présent dans ma vie ? Pourquoi toujours des mots ambigus ? Pourquoi il ne me laisse pas prendre mon envol s’il aime quelqu’un d’autre ? Pourquoi j’ai les ailes coupées par mon amour pour lui ? Pourquoi il me tient en laisse ? Pourquoi il persiste à dire qu’il m’aime, que je serais toujours la plus importante, pourquoi il me regarde avec ce regard, me dit toutes ces choses si soi-disant il en aime une autre ? Je suis sûre qu’il ne s’en rend même pas compte, il est trop gentil pour le faire intentionnellement, ou alors il est vraiment perdu ? Ou il a peur de revenir vers moi ? Mais pourquoi…

Biiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiip.

Le déni

1

La pandémie mondiale du coronavirus sévit toujours. Après de longs mois de confinement, puis le déconfinement progressif, le monde a repris son cours, sans apprendre de ses erreurs. Aujourd’hui la pandémie est plus forte encore, le monde entier retourne en confinement total, l’armée est dans toutes les rues, le ravitaillement se fait rare, le monde est paralysé !

— Et n’oubliez pas la planète ! Les éléments se déchaînent ! On ne compte plus le nombre de Tsunamis, typhons, séismes, incendies, cyclones, tornades ! Aucun pays n’est épargné !
— La planète fait le ménage, je vous le dis ! Les dinosaures ont eu l’astéroïde, notre astéroïde à nous est là, et on ne peut pas savoir qui survivra !
— Mais dans ce cas, si on connaît la menace, que font les gouvernements ?
— Une rumeur dit que chaque pays est en train de construire des vaisseaux de cryogénisation pour sauver certaines parties de la population. Mais comment vont-ils décider qui mérite d’être sauvé ?
— Vous vous emballez mes chers, c’est de la mauvaise science-fiction postapocalyptique dont vous parlez là ! Ça n’arrivera jamais, ce n’est qu’une rumeur !

2

— Allez ! Allez, debout mamie !

Cette voix… Je ne la connais pas… Elle semble si lointaine… Je n’arrive pas à ouvrir les yeux, mes paupières sont si lourdes…

— Lève-toi grand-mère, bouge-toi, on n’a plus beaucoup de temps !
— J’ai mal… J’ai froid… Aidez-moi…

Ma voix est tout éraillée, à peine plus forte qu’un murmure.

— Je suis là pour ça alors réagit, et vite s’il te plaît.

La voix me redresse en position assise. J’ai la tête qui tourne, tout devient très lumineux dans mon champ de vision. Il tire mes jambes de côtés et les laisse pendre dans le vide. Il m’enfile des bottes, puis essaie de me relever. Mes jambes ne me soutiennent pas.

— Allez, reviens parmi nous ! Enfin parmi moi je suis tout seul dans ce vaisseau ! J’ai récupéré tout ce qu’il y avait à récupérer, maintenant on doit se sauver avant que cela n’explose !

La voix est masculine, mais jeune. Il me met une cape épaisse en laine sur les épaules, me couvre la tête d’une grande capuche, se charge de nombreux sacs, puis glisse son bras autour de ma taille et me soutiens pour marcher.

Autour de moi tout est blanc, accentuant le trouble de ma vision. De gros carreaux de carrelage blancs et poussiéreux couvrent le sol, les murs, le plafond. Çà et là des morceaux de métal argentés sortent des murs et du plafond. Des tubes, des tuyaux, des plaques. Le silence est assourdissant. Seul le bruit de nos pas sur le sol dur résonne jusque dans le lointain.

— On est où ? arrivais-je à articuler péniblement.
— Le dernier des vaisseaux de cryogénisation. Pas facile à trouver, il dérivait depuis belle lurette !
— Cryo…
— Oui, t’inquiète pas je t’expliquerais tout après quand on sera en sécurité. Tiens, mets ça.

Le jeune homme m’aide à passer un masque autour de ma tête, c’est comme un masque à oxygène mais de chaque côté, une boule de verre renferme des plantes. Cet objet me dit quelque chose…

— C’est pour que tu puisses respirer jusqu’à ce qu’on soit au bateau.
— Bateau ?
— T’es vraiment ramollie du cerveau l’ancêtre, allez on se bouge.

Sa voix est plus étouffée avec le masque mais son ton est railleur. Il me fait tourner une dernière fois jusqu’à une rampe d’accès ouverte sur le ciel. Ou plutôt sur l’univers : une immensité d’un noir bleuté à l’aspect aussi épais que du velours, constellée d’une myriade de petits points d’or étincelants plus ou moins proche et de traînées argentées. Un spectacle si incroyable qu’il finit de me sortir de ma torpeur. Le jeune homme s’agenouille devant moi et me fixe de lourdes bandes aux chevilles, puis aux poignets.

— C’est pour la gravité, le temps qu’on arrive chez moi, dit le jeune homme.

Au bout du SAS est amarré un petit bateau, telle une mini barque de bois avec de nombreuses bulles de verre y étant rattachées.

Son nom est peint en lettres dorées : « L’étincelle ».

***

« Avis à la population, en ce début d’année 2022, nous vous annonçons l’obligation pour tous de se présenter au centre de test de votre ville afin de pratiquer votre test sérologique. Toute personne ne s’y conformant pas se verra contrainte par les forces de l’ordre de s’y soumettre. Vous recevrez dans vos boîtes aux lettres la date de votre convocation. Tout enfant de moins de 11ans présent dans le foyer sera compris dans la convocation d’un des deux parents. Les plus âgés recevront leur propre document.

La pandémie prend de l’ampleur, le nombre de variants au virus et leur dangerosité ne font qu’augmenter, le nombre de morts ne cesse de s’accroître, nous devons prendre au plus vite des mesures radicales et extrêmes afin de sauver l’espèce humaine » :

— Allô ? Désolée de te déranger, t’as entendu les infos ?
— Tu me déranges pas ! Jamais ! Oui j’ai entendu, c’est inquiétant.
— Je voudrais que la petite vienne avec moi faire le test si ça ne te dérange pas. Si c’est à un moment où elle est confinée chez toi, est-ce que je pourrais la prendre ?
— Oui, tout ce que tu veux ! Mais après tu sais, ils convoquent souvent les familles ensemble…
— On ne l’est plus depuis longtemps, tu me l’as bien montré cette dernière année… Ce qui est dommage, notre famille était belle et méritait qu’on se batte pour elle… En plus on n’est pas de la même commune.
— Je voulais…
— Bon je te tiens au courant, salut.

***

— L’Étincelle… ce nom… me dit quelque chose…
— C’était déjà son nom, quand je l’ai eu. Je le trouvais cool alors je l’ai pas changé !

Il me jette un bagage souple sur les genoux. Le tissu est affublé du logo de la République française. Je l’ouvre, il y a des petits livres, tels des journaux intimes dedans, du petit matériel d’écriture et de dessin, un disque dur, et un smartphone.

— Non c’est pas ça… Étincelle… C’est comme ça qu’il m’appelait…

Les mots commencent à me revenir. Je prends un des livres. En l’ouvrant des feuilles tombent dans le fond du bateau. Je les ramasse. Ce ne sont pas des feuilles, ce sont des photos. Ma fille… et lui… ma famille… ça me revient !

Mon cœur a alors manqué un bond, je suffoque à nouveau. Je ferme les yeux… Leurs visages, leurs deux visages s’impriment si clairement derrière mes paupières closes.

— MA FAMILLE ! IL FAUT QUE J’Y RETOURNE, ILS SONT LÀ-BAS !
— Non, non, non, attends calme toi ! Il n’y a plus personne là-bas ! Toutes les capsules ont été vidées, il n’y avait plus que toi !
— C’EST IMPOSSIBLE ILS SONT LÀ, JE VAIS LES CHERCHER !
— Non, il n’y a plus personne, ça va exploser !
— JE NE PEUX PAS VIVRE DANS UN MONDE DANS LEQUEL ILS N’EXISTENT PLUS !

Je me débats, me contorsionne, tente d’enjamber le bateau. C’est impossible ! Ma fille, mon bonheur, mon trésor, mon cœur, ma vie ! Et lui, mon partenaire, mon amant, mon ami, mon grand amour ! Je ne peux pas ! Pas sans elle ! Pas sans lui ! Pas sans eux, non !

L’hystérie me gagne comme une vague incontrôlable, je suffoque, je ne peux plus respirer, des fourmillements se font sentir dans mes doigts, mes pieds, mon crâne.

Une douleur fulgurante me transperce alors et picotant le moindre centimètre carré de ma peau et de mon cuir chevelu, un frisson court le long de ma colonne vertébrale, une vive lumière m’aveugle : du jaune, du rouge, de l’orange, puis le noir m’engloutit.

***

— Maman, tu viens jouer avec moi !
— Oui mon cœur, attend d’abord je dois envoyer un message à ton père et à ton parrain pour leur dire qu’on a reçu les résultats des tests et qu’on est dans le groupe vert.
— Mais non viens jouer !
— Prépare l’aventure et je serais là pour commencer.

« Mesdames et messieurs, le président va parler.

Mes chers compatriotes, le recensement mondial touche à sa fin, tous les membres des populations ont été munis d’un bracelet coloré avec un flash code. Je vous demande de ne jamais vous séparer de ce bracelet. Toute personne ne l’ayant pas sur lui lors de contrôles sera sévèrement sanctionnée.

L’heure est grave, la planète Terre vit ses dernières heures, nous devons évacuer, et cela ne pourra se faire que dans le calme et la discipline. Il est demandé à chacun de vous de rester calme et confiné. Pour la survie de tous, respectez les règles qui vous sont imposées.

Les habitants de chaque ville à qui on a attribué un bracelet vert, je répète, les habitants de chaque ville à qui on a attribué un bracelet vert doivent se rendre avant ce soir 20 h dans la mairie de leur ville où on viendra les chercher.

Les seuls effets personnels autorisés sont ceux qui tiendront dans le sac que le gouvernement vous a fourni. Aucun vêtement, aucune nourriture n’est nécessaire.

Les personnes munies de bracelet d’autres couleurs doivent rester chez eux, et continuer d’attendre nos prochaines directives.

À tous, bon courage, restons forts et unis ! »

— Bébé d’amour, commence à réfléchir aux jouets, jeux et livres que tu voudras emmener, on part en vacances…
— Chouette !

***

J’ai mal… J’ai froid… Qu’est-ce qu’il se passe ?

Un énorme bruit me sortit de ma torpeur. Je me redressais. Une explosion, le vaisseau en flamme se désintégrant se reflétait dans mes yeux. Je collais ma main et mon front à la paroi vitrée de la bulle qui recouvrait la barque, les larmes me montèrent aux yeux et coulèrent, créant des sillons brûlants le long de mes joues.

— Désolé de t’avoir électrocuté, mais je ne pouvais pas gérer le bateau et ta petite crise de nerfs, et je dois te ramener saine et sauve au QG.
— Électrocuté ? QG ?
— Oui alors laisse-moi t’expliquer sans paniquer s’il te plaît. D’abord je te le promets, tu étais la dernière personne vivante sur cette base ! Ça fait deux semaines que je l’explore de fond en comble et toutes les pièces et toutes les capsules étaient vides !
— C’est impossible, ils étaient forcément là !
— Écoute, s’ils étaient dans ce vaisseau, il y en aura une trace dans les archives, j’ai téléchargé toute la base de données.
— Tu as tout ? Tu as un ordinateur chez toi ?
— Euh… non. Mais on va bien en trouver un ! En tout cas on a les infos, et je te promets qu’il n’y avait plus personne, et je ne mens jamais !

En disant ça le jeune homme me regardait et ses sourcils se mirent à trembler. Ça me rappelait quelque chose… Comme un très lointain souvenir.

À dire vrai, ses yeux étaient la seule partie à peu près visible de son visage car malgré tout cachés dans l’ombre de sa capuche. Il portait une cape qui lui remontait sur le nez dont la capuche cachait le haut de sa tête. Tous ses vêtements avaient l’air d’être en laine, d’une couleur naturelle.

— Tu veux bien rester calme le temps qu’on trouve où est ta famille ? Regarde je te donne même la clef comme ça tu as les infos en main.
— Mais ma fille… Elle n’a que quatre ans et elle est seule perdue quelque part.