Le cinquième procès de Jehanne la Pucelle, dite Jeanne d’Arc - Marcel Oury - E-Book

Le cinquième procès de Jehanne la Pucelle, dite Jeanne d’Arc E-Book

Marcel Oury

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Beschreibung

En explorant les multiples études consacrées à Jehanne la Pucelle, Marcel Oury découvre deux thèses opposées, toutes deux sans fondements solides. Déterminé à lever le voile sur ce mystère, il mène des recherches approfondies pour essayer d’apporter des preuves concrètes. Son objectif est clair : démontrer que Jehanne n’a pas été envoyée par Dieu et qu’elle ne descend pas d’une lignée royale illégitime. S’appuyant sur les travaux de plusieurs historiens classiques qui ont déjà remis en question l’origine noble de Jehanne sans toujours citer leurs sources, l’auteur comble cette lacune en fournissant toutes les références nécessaires. À travers cette analyse rigoureuse, il présente Jehanne comme une surdouée, offrant ainsi une nouvelle lumière sur la véritable nature de cette figure emblématique.

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Seitenzahl: 118

Veröffentlichungsjahr: 2025

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Marcel Oury

Le cinquième procès de Jehanne la Pucelle, dite Jeanne d’Arc

© Lys Bleu Éditions – Marcel Oury

ISBN : 979-10-422-6105-4

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

À mon épouse adorée qui a supporté durant tant d’années

la présence de l’ombre de Jehanne la Pucelle,

qu’elle a fini par l’appeler ma « maitresse »

Avertissement

Au XVe siècle, l’année commençait à Pâques. La date de Pâques étant variable, les années avaient parfois plus ou parfois moins de 365 jours. Les scribes utilisaient dès lors pour les dates posant des problèmes, les formules suivantes : « avant Pâques ou Pâques sonnées ou carillonnées ». Nous avons toujours donné les dates dans le nouveau style ou l’année débute le premier janvier.

Afin de faciliter le recours aux différentes sources bibliographiques, nous les avons rassemblées à la fin de chaque chapitre. Pour les procès de condamnation et d’annulation, nous avons essentiellement utilisé le livre de Raymond Oursel, Les procès de Jeanne d’Arc, Éd. Denoël 1959, et ceux de Jules Quicherat, Les procès de condamnation et de réhabilitation de Jeanne d’Arc, cinq tomes parus de 1841 à 1849. Pour ces deux auteurs, les références porteront donc seulement : R. Oursel avec le numéro de la page et J. Quicherat avec le numéro du tome et le numéro de la page. Afin de conserver au plus près le texte original, même si cela alourdit la lecture, j’ai tenu à citer toutes les références latines dans la langue originale. La traduction de R. Oursel abrège parfois les réponses ou passe du discours indirect au discours direct, ce qui peut modifier la compréhension du texte. Cependant, pour différencier facilement leur lecture, ces citations latines sont imprimées en caractères italiques.

J’ai multiplié les références bibliographiques, car beaucoup d’historiens reconnus dénigrent les amateurs, comme moi, en signalant le manque de références dans leurs ouvrages. Les historiens classiques n’ont pas à les envier, car eux aussi sont parfois très avares de références.

Introduction

Le personnage de Jehanne la Pucelle est l’une des figures de l’Histoire parmi les plus célèbres, mais aussi les plus controversées. De multiples livres et articles tant pour enfants que pour adultes et historiens lui ont été consacrés. Dans les années 1950, les querelles sur Jehanne la Pucelle ont pris un ton terriblement passionnel (1), religieux et parfois patriotique.

L’historien ne peut se concentrer que sur des documents. L’absence de documents ouvre pour celui-ci une page blanche qu’il peut remplir de ses hypothèses, en les présentant comme telles au lecteur, pour autant qu’elles s’accordent avec les pages précédentes et expliquent les suivantes. C’est le propre même de l’Histoire, comme le dit Régine Pernoud : « C’est méconnaître l’Histoire et manifester combien est négligée aujourd’hui l’éducation du sens historique que de présenter comme matière à discussion ce qui est, avant tout, matière à étude. L’Histoire n’est pas affaire d’opinion, mais affaire de documentation. » (2)

Un problème supplémentaire provient de ce que la majorité de la documentation concernant notre héroïne provient de ses deux procès, celui de condamnation (1431) et celui d’annulation ou de réhabilitation (1456). Or la plupart des auteurs s’accordent pour dire que ces deux procès furent avant tout politiques (3).

Le premier voulait prouver que Jehanne était hérétique et sorcière, et donc que le sacre de Charles VII n’était pas valable, point de vue des Anglo-Bourguignons. Pour cela, l’évêque Pierre Cauchon, qui menait ce procès, fit entre autres disparaître les témoignages des habitants de Domrémy recueillis en 1431 : « quand le bailli lut le rapport du lieutenant, il dit que les commissaires n’étaient que de crypto-armagnacs » « dum dictus ballivus vidit relationem dicti locumtenensis, dixit quod dicti commissarii erant falsi armignaci » (4). Lors du procès de 1431, aucun témoignage des habitants de Domrémy ne fut produit ; le témoignage de frère Pierre Miget (5) en 1456 le confirme, ainsi que celui de Maître Guillaume Manchon : « Encore qu’il soit inscrit au procès que les juges affirmaient avoir procédé à ces enquêtes, je ne me souviens pas de les avoir vues ou lues ; si elles avaient été produites, je les aurais insérées dans le procès » « deponit quod, licet contineatur in procesu quod judices dicebant quod fecerant fieri informationes, et non tamen recordatur eas vidisse aut legisse, scit tamen quod, si fuissent productae, eas inseruisset in processu » (6).

Le second procès, en 1456, voulait prouver que Jehanne n’était qu’une petite bergère inspirée par Dieu et donc que le sacre de Charles VII était tout à fait valable, point de vue des Armagnacs. Il faut savoir qu’en 1456, les groupes de témoins interrogés à Rouen à Domrémy et d’autres lieux devaient tous répondre à un questionnaire identique selon les endroits et que les témoignages n’étaient donc pas complètement spontanés.

Depuis des siècles, l’Histoire nous enseigne qu’une petite paysanne, née en Lorraine, alors que Domrémy était en Barrois, a entendu des voix lui disant qu’elle devait aller délivrer la ville d’Orléans et faire sacrer le dauphin Charles à Reims.

Elle fut reconnue comme envoyée par Dieu, lors de l’interrogatoire de Poitiers de mars 1429 (Procès de Poitiers N° 1, 10- ? mars 1429) après avoir été interrogée par une commission d’ecclésiastiques : « Peu après, le roi décida de faire examiner Jehanne par des gens d’Église et nomma à cette fin les évêques de… » « Postmodum vero rex conclusit quod ipsa Johanna examineretur per gentes ecclesiae, et fuerunt deputati episcopi… »  (7). Par son charisme, son enthousiasme et sa force de persuasion, elle contribuera fondamentalement à la délivrance d’Orléans et fera sacrer le Dauphin Charles à Reims en tant que Charles VII. Après le sacre, elle fut mise à l’écart si pas abandonnée par le clan royal qui voulait à tout prix la paix avec la Bourgogne, elle connut des revers à de multiples reprises et fut finalement capturée à Compiègne. Envoyée en prison à Rouen, elle y fut condamnée comme sorcière, hérétique et relapse, puis brûlée vive (Procès de Rouen N° 2, 1431).

Charles VII fit ultérieurement et bien tardivement réhabiliter Jehanne. Mais aurait-il pu faire autrement ? (Procès de réhabilitation ou d’annulation N° 3, 1456), bien que le premier acte de ce procès fût posé dès le 7 novembre 1455.

En 1869, Monseigneur Dupanloup, Évêque d’Orléans, introduisit en cour de Rome le procès de canonisation de Jehanne. Elle fut déclarée vénérable le 27 janvier 1869, bienheureuse en 1909 et finalement canonisée le 16 mai 1920 (Procès de canonisation N° 4, 1869-1920) (8).

Jehanne la Pucelle présente donc l’unique exemple d’une personne jugée quatre fois par des ecclésiastiques, pour les mêmes motifs (ses voix et sa mission), livrée par l’Église au bras séculier comme hérétique, sorcière et relapse. Elle fut réhabilitée quelques années plus tard et finalement canonisée comme martyre. Ce martyr lui avait été infligé par cette même Église qui l’a depuis canonisée.

Certains auteurs ecclésiastiques déclarent que seuls les membres du tribunal de 1431 ont condamné Jehanne. Mais aucune voix de l’Église ne s’est alors élevée contre la sentence. D’emblée, le destin de Jehanne la Pucelle montre quelque chose d’extraordinaire dans le sens littéral du terme (hors de l’ordinaire).

Si, dès le XVe siècle, des voix s’élevèrent contre cette version pastorale de l’Histoire (9), c’est au XIXe siècle que la contestation débuta réellement sans obtenir de succès auprès du public et des historiens (10).

Après la guerre 1914-1918, la contestation reprit. Les contestataires défendaient l’idée d’une filiation royale de Jehanne. Certains d’entre eux, minoritaires, soutenaient l’idée de sa survie. Le débat avait pris depuis une forme polémique qui n’avait plus rien à voir avec le débat historique. La polémique, un moment donné, était arrivée à un point tel que la raison ne contrôlait plus toujours les débats. Chaque argument d’un clan était dénigré par l’autre. De plus, certaines phrases de la polémique volaient très bas. Depuis quelques années, cette polémique s’est heureusement quelque peu apaisée.

L’Histoire se doit donc d’examiner les différentes hypothèses qui ont été émises sur les origines de la Pucelle, et peser avec soin et

méthode les différents arguments présentés par les parties. Déjà en

1952, Édouard Schneider, grand catholique et ami personnel du pape Pie XI, écrivait dans son livre Jeanne d’Arc et ses Lys : « Combienpourtant à relire son histoire (de Jehanne d’Arc) avec une attention

réfléchie, elle nous apparaît ainsi incomplète et plus encore, zébrée de

lacunes, de contradictions, d’omissions volontaires, d’invraisemblances impressionnantes et multiples. » (11)

Il nous paraît dès lors justifié de revoir certains éléments de l’histoire de Jehanne la Pucelle. J’écris Jehanne la Pucelle, car personnellement, elle ne s’est jamais présentée autrement, que ce soit dans ses différentes lettres ou lors de ses comparutions tant à la cour qu’au procès de 1431, à l’exception de quatre fois ou elle est appelée Jeanne d’Ay entremêlés de Jehanne la Pucelle ou la Pucelle, dans la lettre d’anoblissement de décembre 1429 (12).

J. Bancal résume en quelques mots et en simplifiant les différentes versions que les auteurs ont donné de l’origine de la Pucelle (13) :

VERSION I – Les Classiques : Jehanne la Pucelle est une petite bergère envoyée par Dieu pour libérer Orléans et faire sacrer Charles VII, brûlée à Rouen en 1431.

VERSION II – Les Bâtardisants : Jehanne la Pucelle est une fille bâtarde de Louis d’Orléans et d’Isabeau de Bavière dont se serait servi l’entourage de Charles VII, très velléitaire à cette époque, et notamment la Reine Yolande d’Aragon, belle-mère de Charles VII. Jehanne la bâtarde aurait été abandonnée dès que le but de l’opération avait été atteint et finalement, brûlée à Rouen.

VERSION III – Les Survivistes : Jehanne la Pucelle est une petite bergère envoyée par Dieu, mais a été miraculeusement sauvée du bûcher et est réapparue en 1436. Elle a épousé Robert des Armoises, devenant ainsi Dame des Armoises. Cette version n’a pratiquement plus trouvé de défenseurs depuis plus d’une cinquantaine d’années.

VERSION IV – Les Bâtardisants-Survivistes : Jehanne la Pucelle, est celle présentée dans la version II mais, libérée en secret, elle reparut plusieurs années plus tard pour devenir Dame des Armoises. Cette version, elle aussi, ne trouve plus actuellement aucun défenseur.

J’y ajouterai la version V.

VERSION V – La Surdouée : Jehanne la Pucelle est fille de Jacques d’Arc et d’Isabelle Romée, jeune fille surdouée qui par son assurance, son courage, son charisme, son intelligence et sa volonté est parvenue à s’imposer, avec ou sans aide, au Dauphin et à l’entourage royal.

Le but de cet ouvrage n’est donc pas de présenter l’histoire des actes de Jehanne la Pucelle, ils ont déjà été racontés à de multiples reprises, mais d’examiner aussi précisément que possible ses origines et sa vie à la lumière des documents qui nous sont parvenus et de confronter, sans passion, les arguments des différentes versions, ce qui constitue donc le cinquième procès de Jehanne la Pucelle.

Quelle que soit la version retenue par le lecteur, car lui seul sera juge après avoir examiné les pièces de ce procès, il faut dès maintenant préciser que chaque version ne change en rien la grandeur des actes de la Pucelle. Sa bravoure, son audace, son charisme et son intelligence manifestés tout au long du procès de 1431 le prouvent. Les faits sont suffisamment établis pour que cette figure emblématique de l’Histoire garde à toujours son intrinsèque valeur.

Notes de l’introduction

Régine Pernoud,

Jeanne devant les Cauchons

. Éd. le Seuil, 1970, p. 22.

Ibidem, p. 29.

C. Beaune,

Jeanne d’Arc vérités et légendes

, Perrin 2008, p. 16

R. Oursel, p. 237 et J. Quicherat, T. II, p. 453.

R. Oursel, p. 306 et J. Quicherat, T. III, p. 130.

R. Oursel, p. 310 et J. Quicherat, T III, p. 136.

R. Oursel, p. 286 et J. Quicherat, T. III, p. 92.

Ph. Contamine, O. Bouzy et X. Hélary,

Jeanne d’Arc, histoire et dictionnaire

, R. Laffont, 2019, p. 496.

Mémoires de Pie II, éd. 1614, T. VI, p. 158.

P. Caze,

La vérité sur Jeanne d’Arc ou éclaircissement sur son origine

, chez Rosa, Paris, 1819.

É. Schneider,

Jeanne d’Arc et ses lys

, Grasset, 1952, p. 153.

J. Quicherat, T. V, pp. 150 à 153.

J. Bancal,

Jeanne d’Arc, princesse royale

, R. Laffont, 1971, p. 61.

Chapitre I

Démythification du problème

1 : La guerre de Cent Ans, un problème d’héritage

Très curieusement, très peu d’auteurs, tant classiques que Bâtardisants, ont développé cette question. On peut comprendre que les auteurs classiques, pour qui cette question est évidente, n’en parlent pas très souvent, bien qu’ils la signalent de temps en temps. Mais on comprend moins les auteurs contestataires pour qui cette notion est importante. Peur de renverser une légende bien établie ? Peur de renverser un dogme admis par la plupart des Français et des admirateurs de Jehanne ?