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Y a-t-il un monstre qui sommeille en chaque individu ? La vengeance peut-elle être une réparation pour un passé où l’innocence de jeunes années a été dérobée ? Il peut être parfois difficile de faire preuve de discrétion, d’oublier et de progresser. Ce mardi de l’an 2000, la ville de Lille est secouée par la terrible découverte d’un corps atrocement mutilé. La terreur s’empare de la population qui fixe ses yeux sur l’enquêteur Durant, tous attendant anxieusement des réponses. Cependant, personne ne se doutait de la tournure que cette affaire allait prendre…
À PROPOS DE L'AUTRICE
Bénie Maria Basseka Kandza est passionnée par l’histoire et les anecdotes, et son amour pour ces domaines est indéfectible. Elle tire son inspiration d’écrivains célèbres tels qu’Agatha Christie et Stephen King.
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Seitenzahl: 131
Veröffentlichungsjahr: 2023
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Bénie Maria Basseka Kandza
Le crime dans la peau
Roman
© Lys Bleu Éditions – Bénie Maria Basseka Kandza
ISBN : 979-10-377-9699-8
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
La peur est une lâche sournoise.
La justice est un simple mot, comme bien d’autres. En réalité, l’Homme est juste ; c’est la vie qui en fait le contraire dans un monde où la loi se place au-dessus de tout. Il se sent démuni quand cette justice ne lui est pas rendue. Advient la loi du plus fort, la loi des sentiments… Sentiments de haine, de vengeance, sentiment d’injustice. L’être humain dans sa beauté impure est capable du meilleur, mais également du pire. Tel qu’il est dit à travers et au-delà des frontières, tant qu’on vit, on n’a point tout vu.
Parfois, une fleur douce à l’odeur envoûtante renferme un poison ravageur. Je pourrais vous conter des histoires toutes aussi stupéfiantes les unes que les autres, des histoires dévoilant le diable qui sommeille en l’Homme, ce doyen de la ruse à la langue charmeuse d’âmes naïves. Oui, des histoires, il en existe plein. Certaines sont réelles, d’autres fictives, mais se trouve-t-il vraiment une démarcation entre les deux ? Nous connaissons une époque où tout est possible. Crois et tu reçois, patiente et tu verras.
La nouvelle venait de tomber. Ce mardi 2000, la ville de Lille se réveilla avec l’annonce de l’horrifiante découverte d’un corps sauvagement mutilé.
Par un temps pluvieux, l’enquêteur Pierre Durant tenait entre ses mains froides un carnet dont il ne se séparait quasiment pas. Occupant un siège dans un coin d’un train roulant à l’allure d’un lièvre fou, il contemplait les gouttes d’eau qui s’écrasaient sur la vitre. À peine sa carrière décollait-elle que cette affaire lui tombait dessus, remettant ainsi toutes ses croyances en cause.
Ce n’est pas un hasard, se disait-il.
D’ailleurs, vous en conviendrez, le hasard n’existe pas, cesont les circonstances, des moments de vie, des événements aléatoires qui conduisent à des instants prédestinés. Nous suivons un chemin tout tracé, nous traversons certains épisodes dans l’inconscience la plus totale. Ne vous est-il jamais arrivé qu’une journée s’écoule en ressentant cette impression de déjà-vu, de déjà-vécu, avec des flashes qui vous ramènent à l’instant présent ?
Vêtu d’un manteau gris, debout dans ses chaussures en cuir noires recouvertes de gouttes d’eau, il se tenait à l’entrée de la gare de Lille Flandres sillonnant les enivrés à la recherche de quelqu’un… Qui ? Lui-même n’en avait aucune idée.
Il se retourna, faisant face à cette voix masculine qui venait de prononcer son nom. Leurs yeux se rencontrèrent et aussitôt l’homme adopta une étrange stature, sa main droite tendue sur son front et son fessier drôlement serré, car bien que jeune, l’enquêteur avait franchi les grades de sa récente carrière, s’attribuant ainsi le respect incontestable de certains.
Devant lui, un visage neutre le regardait sans broncher. D’une taille moyenne, portant de grandes lunettes supportées par un nez crochu, son interlocuteur semblait épuisé… Le malheureux avait dû patienter longtemps avant l’arrivée de ce fin limier tant attendu.
Sans plus attendre, les deux hommes se mirent en route.
En voiture, il regardait s’animer la ville qu’il découvrait, fasciné par les grands bâtiments historiques qui défilaient sous ses yeux. L’architecture de la cité mélangeait l’ancien et une pointe de modernité. Dommage que sa première venue à Lille fut engendrée par cet incident… La nouvelle s’était répandue à la manière d’un virus. Tout le voisinage et même les journalistes locaux se tenaient devant la maison de l’horreur, comme ils la baptisèrent immédiatement.
Les habitants se levaient avec cette nouvelle. Dans cette ville d’ordinaire paisible, rien ne présageait qu’un tel drame aurait pu se produire. L’arrivée de l’enquêteur parisien rendait en outre les gens plus inquiets, lesquels s’interrogeaient. Un meurtrier rôdait désormais dans les rues. Était-ce un tueur en série ? Quelles étaient les personnes les plus exposées à ce fauve enragé ? Une paranoïa collective gagnait la foule que les policiers essayaient tant bien que mal d’éloigner de la scène de crime.
Quelle tristesse de voir des êtres ne s’unir qu’après une tragédie ! Quelle tristesse de les voir sortir de leurs bastilles seulement pour partager leurs peines, leurs inquiétudes, leurs peurs, leur désarroi... Oui, quelle tristesse…
À cause des badauds, les deux agents se garèrent à l’écart. L’enquêteur Durant ne devait pas traîner et se pressait pour atteindre le logement. Gardant sa tête baissée, tenant d’une main ferme son carnet, il ne lâcha aucun mot, pas même un soupir à ces vautours au visage humain qui se jetaient sur lui, le criblant de questions et de projecteurs. Le gendarme Laroche luttait bravement pour les éloigner. Enfin tous deux parvenus sur les lieux, tout semblait normal. Un petit appartement au rez-de-chaussée dont la porte d’entrée donnait immédiatement accès au salon, une décoration négligée, les rideaux tirés… Seuls des chuchotements couvraient le silence ; les scientifiques se tuaient à la tâche à la recherche d’indices, les plus minces fussent-ils, rien ne devait échapper à leur vigilance.
S’avançant légèrement, il repéra la cuisine inspirée de l’architecture américaine, les toilettes et la douche, puis la chambre où se trouvait la victime gisant dans une mare de sang.
À peine l’aperçut-il qu’il resta figé, comme tétanisé, avant de se diriger vers les commodités pour vider son estomac, chamboulé par l’horreur dont il venait d’être témoin.
Il sortit de la pièce comme si de rien n’était, tous les yeux braqués sur lui. Vomir ainsi ne faisait pas professionnel et surtout contaminait la scène de crime.
Il retourna dans la chambre, s’approcha du corps mutilé sur lequel la rigidité cadavérique œuvrait déjà, et le fixa d’un regard vide. La cause de sa mort semblait difficile à déterminer, tant il présentait de nombreuses blessures.
Si seulement les gendarmes étaient arrivés cinq minutes plus tôt que la presse, ils auraient pu éviter cette angoisse qui régnait désormais au sein de la population, atténuer l’ampleur médiatique de cet événement, mentir pour rassurer. L’humain préfère un mensonge réconfortant qu’une vérité dérangeante, c’est bien connu ! Là encore, libre à vous d’en débattre. L’individu qui avait fait la macabre découverte, paniqué, avait informé tout le monde, et certains voisins à l’estomac bien accroché s’étaient aventurés dans la maison afin de voir de leurs propres yeux ce qui s’y trouvait.
Les deux hommes et la femme qui ont alors pu y pénétrer ont été interpellés après s’être livrés à une déclaration effroyable devant les caméras.
Trop vite, trop lente… Tout s’était déroulé si rapidement. Les gendarmes arrivés juste à temps placèrent des rubans jaunes autour de l’habitation. Empêchant ainsi tous curieux de s’aventurer de plus près, entachant de plus belle la scène de crime. Cependant ils n’ont pas pu immédiatement prendre en charge les témoins qui ont fourni quelques détails aux journalistes. Cela représentait la nouvelle du moment. Toutes les chaînes en parlaient, la diffusant bientôt dans la France entière.
L’enquête de voisinage n’avait pas porté ses fruits. Personne n’avait vu ou entendu quelque chose, tout s’était passé dans un calme olympien. Il est glaçant de s’imaginer,alors que nous nous trouvons à moitié endormis dans notre lit, que quelqu’un quelque part s’est fait assassiner et que nous n’avons rien pu entreprendre… Nous vivons dans un monde de survivants.
Même les voisins les plus proches, ceux du dessus, n’avaient rien perçu. Cette nuit, un fantôme s’était introduit chez la victime, la faucheuse avait œuvré dans l’anonymat total. Ni empreinte, ni son, ni arme n’avaient été retrouvés.
Ce cinquantenaire ayant servi toute sa vie dans les forces de l’ordre n’allait sûrement pas se faire apprendre son travail et dicter la marche à suivre par un jeune, de surcroît un Parisien ! Il se trouvait chez lui et considérait l’enquêteur Durant comme un intrus. Si ça ne tenait qu’à lui, il viendrait à bout de cette affaire seul… Dommage, sa hiérarchie ne partageait pas son opinion. Même si le charisme de ce type semontrait percutant et sa taille imposante, cela ne l’impressionnait guère. Encore moins sa toute jeune réputation ! Il se l’était forgée en résolvant quatre old case, qui traînaient depuis des années, grâce à son intégration et son acharnement. L’enquêteur Durant possédait un flair pour dénicher les coupables, ses collègues le savaient.
Il ne répondit pas à la provocation de son coéquipier. Accroupi près de la victime, il scrutait son corps gisant dans une mare de sang à la recherche du moindre indice. L’air pensif, il semblait perturbé par ce qu’il voyait, mais aucune émotion n’émergeait de son visage.
L’officier Belville sortit d’une boîte un sac plastique contenant le fameux message qu’avait laissé le criminel à l’intention de l’enquêteur.
De ses mains gantées, il saisit une petite carte noire parsemée de quelques gouttes de sang – il n’était pas commun d’écrire sur une telle couleur – sur laquelle les mots étaient inscrits au feutre rouge.
Enquêteur Pierre Durant,
Ne pensez-vous pas que, quoi qu’on fasse, le passé finit souvent, pour ne pas dire toujours, par nous rattraper ?
À bientôt, je l’espère.
Il fronça les sourcils ne comprenant pas le message derrière ces insinuations.
Les grands airs de ce jeune enquêteur l’insupportaient de plus en plus !
Le corps fut transporté sur un brancard sous les regards médusés de la foule. Les policiers quittaient progressivement la scène, seuls quelques-uns demeuraient sur les lieux pour assurer la sécurité, car, malgré les heures qui s’évanouissaient, la curiosité des habitants restait inébranlable. Ils affluaient de partout, tous voulant vivre l’instant, voir le cadavre être emporté. La nouvelle tournait en boucle sur toutes les chaînes en direct. Il faut bien avouer qu’il ne se passait pas grand-chose de divertissant à cette époque. C’était presque le même schéma, les mêmes activités, les mêmes personnes. Les festivités touchaient à leur fin etpeu à peu la routine regagnait la population. Ce mardi 2000, rien ne présageait que ce type d’événement allait bousculer la ville entière. Sortant de la maison sous les caméras mitrailleuses des journalistes, ses yeux dans le vide se figèrent tout à coup sur un drôle d’individu se tenant à l’arrière de la foule, dont la cape sombre recouvrait la totalité de son corps et balayait le sol humide. Tout de noir corbeau vêtu, tel un ange de la mort, il se faufilait à travers la cohue qui semblait ne pas le remarquer. Son regard perçant observait l’enquêteur Durant, celui-ci le ressentait.
Un instinct ? Peut-être. Il tenta de s’avancer vers la silhouette, comme appelé – rapproche-toi… plus près plus près – par une voix qu’il ne pouvait taire. Lorsqu’un policier le stoppa dans son élan, l’arrachant ainsi de son égard mental.
Quand il se pencha pour suivre de vue cette mystérieuse personne, elle n’était plus.