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Le dernier des Mohicans offre une collection de nouvelles qui explore divers aspects de la littérature moderne. Il aborde des thèmes tels que la nostalgie et se demande si l’on peut aimer un pays qui vous a chassé. Il plonge également dans le domaine du roman historique en racontant l’histoire de la Shoah à travers le regard d’une feuille. Enfin, il explore la notion de fiction-réanimation en posant la question de savoir si les objets peuvent avoir une âme.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Dans son premier ouvrage,
Franck Cohen-Ganouna partage le résultat de ses expériences en tant qu'enseignant, documentaliste et chercheur, mêlant histoire, nostalgie et fiction à travers des nouvelles, un genre qu'il apprécie particulièrement.
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Seitenzahl: 48
Veröffentlichungsjahr: 2023
Franck Cohen-Ganouna
Le dernier des Mohicans
Nouvelles
© Lys Bleu Éditions – Franck Cohen-Ganouna
ISBN :979-10-377-9999-9
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Cette nouvelle est le rêve d’un peuple pour effacer la mémoire de la haine. Une nouvelle imaginant le procès de Jésus. Mais cette fois, la cause sera plaidée et pas seulement jugée.
Nous sommes en l’an 3793 (ou 33 apr. J.-C.), Jésus est amené devant le Sanhédrin dirigé par Caïphe, un rabbin de la secte des sadducéens. Le temps est pluvieux, nous sommes en avril, à Jérusalem. Les juges sont tous vêtus de leur toge rouge avec des liserés dorés. Jésus porte sa toge blanche, un peu salie de terre par ceux qui l’avaient brutalement arrêté après la trahison de Judas Iscariote. Le sauveur est épuisé, ou plutôt lassé par les hommes ou alors conscient de son destin. Quand on l’observe devant ses juges, on voit sur son visage une absence. On aurait dit que ses yeux fuyaient dans son royaume à la droite de Dieu comme il l’a prédit.
L’assemblée se met en place. Caïphe siégea sur son trône rouge avec les mains sur les anses formant deux chérubins comme ceux de l’arche d’alliance. À côté de Caïphe, siègent, les soixante-dix membres du Sanhédrin, tous des valets persécuteurs de Jésus, sauf Joseph d’Arimathie et Nicomède.
Le public et l’assemblée attendent la condamnation du faux messie et surtout son impossible défense. Peut-être serait-il capable d’accomplir ses miracles dont certains parlaient. Il aurait multiplié les pains, guéri un handicapé, donné la vue à un aveugle et surtout ressuscité un mort. Dans ce cas, sans nul doute, l’assemblée alors se retournerait.
Caïphe est lourdement et complaisamment affalé sur son fauteuil en voulant signifier la banalité du jour. « Mais il faut un avocat pour le roi des juifs ! » La salle éclate de rire.
Pierre se fraye un passage dans la foule et hurle :
« Je veux défendre Jésus de Nazareth ! »
« Avancez devant le saint collège ! » dit Caïphe. Pierre prend de gros risques car si Jésus est condamné, il le sera tout autant. Mais l’apôtre, pour une fois, veut contredire son maître qui avait prédit qu’il le renierait trois fois avant le chant du coq. En fait, il veut changer ce qui est écrit dans le ciel : la destinée.
Pierre espère aussi, comme la foule, qu’au dernier moment, Jésus ferait un miracle ou tout du moins annoncerait sa prophétie qui le préserverait du sort ultime qu’il avait prédit durant le fameux Séder. Ce repas de Pâques durant lequel Jésus accomplit la première eucharistie : « Mangez ce pain, c’est ma chair, buvez ce vin c’est mon sang ».
En attendant, Pierre a fort à faire : défendre Jésus devant une assemblée qui lui est complètement hostile. Le public gronde et semble se demander pourquoi juger un homme qui de toute façon est coupable.
Mais enfin, que reproche-t-on à cet homme abandonné de tous ?
Les griefs sont très lourds pour l’époque. Jésus de Nazareth est accusé d’avoir blasphémé en se prétendant le « fils de dieu » ; d’avoir prétendu que le temple était impur et qu’il le détruirait ; d’avoir saccagé les étals des marchands du temple et d’avoir rompu avec le judaïsme en ne respectant plus les lois du saint shabbat.
Pierre a peu de manœuvres, ces accusations sont extrêmement graves et il a peu de temps pour les contrer. Il ne lui reste que sa foi en son sauveur et le sentiment d’injustice que serait la mort de Jésus, le « fils de Dieu ».
Jésus ne semble pas l’aider. Il semble accepter son sort comme une destinée inéluctable. Pierre profite de son silence pour parfaire sa défense car au moins les deux ne se contrediront pas pendant le procès.
L’avocat décide de reprendre point par point les accusations en les réfutant, mais reste l’accusation de blasphème.
Le procès commença par l’énoncé de l’identité de l’accusé : « Jésus de Nazareth, fils de Marie et de Joseph, né à Bethléem en l’an 3756. Profession : rabbin. » Le procureur Anne crie dans la salle ironiquement : « Et vous avez oublié : roi des juifs et fils de dieu ! ». Voulant affirmer tout de suite son autorité, Pierre s’écrie à son tour : « L’avocat général commence par la condamnation de mon client : c’est un scandale parce qu’il ne respecte pas ses droits et déshonore sa fonction en employant le ton de l’ironie pour flatter le public. C’est de l’authentique démagogie ! ». Caïphe sent que les incartades de l’avocat général vont ridiculiser le procès. Alors, il prend le ton de l’apaisement : « Il n’y aura pas de désordre dans cette assemblée car l’affaire est trop grave. Veuillez tous reprendre vos esprits et vous contentez des faits ». Pierre a gagné une ambiance plus sereine.