Le furet - Phil Marcatant - E-Book

Le furet E-Book

Phil Marcatant

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Beschreibung

L’assassinat du lieutenant de police Éric Martin, lors d’une intervention policière dans un deal de drogue, a bouleversé la brigade des stupéfiants. Malgré l’enquête et les investigations menées pour retrouver le meurtrier, les circonstances de sa mort restent ambiguës. Quinze ans plus tard, Damien, son fils, ayant lui aussi le même grade que son père, veut reprendre l’enquête à son compte. Parviendra-t-il à résoudre cette affaire ? Quel terrible secret cache sa famille ?




À PROPOS DE L'AUTEUR


Dans Le furet, Phil Marcatant vous ouvre les portes de son univers et vous invite au cœur d'une enquête palpitante.

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Veröffentlichungsjahr: 2022

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Phil Marcatant

Le furet

Roman

© Lys Bleu Éditions – Phil Marcatant

ISBN : 979-10-377-6109-5

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Ce livre est une œuvre de fiction. Les personnages, les lieux et situations décrits ici sont imaginaires ou utilisés de manière fictive. Toute ressemblance avec des personnages, lieux ou évènements réels est purement fortuite.

Chapitre 1

Le mystère de la mort du père

Le jeune lieutenant de police Damien Martin venait juste d’avoir son diplôme d’officier de police. Il avait été recruté à la brigade des stupéfiants, la fameuse brigade des stups ou plus court « les stups » comme on l’appelait.

Âgé de 25 ans, Damien était sorti dans les premiers de l’École des officiers de police avec toutes les félicitations du jury qui lui avait décerné son diplôme. Son sens moral et sa probité étaient connus de tous ses professeurs et collègues d’école. Ce n’était pas un hasard : il était le digne fils du lieutenant Éric Martin, au sens moral et à la probité rigoureuse s’il en fut, qui, de son vivant, opérait aussi à la section des stups où était à présent employé son fils. Et le père avait transmis au fils son sens de l’honneur et de la moralité.

Certains, à la brigade qu’il venait d’intégrer, les plus anciens, se souvenaient d’Éric Martin, lui-même ex-brillant lieutenant de police, d’une expérience reconnue par tous, mais qui avait eu une fin tragique et incompréhensible dans l’exercice de ses fonctions. Il avait en effet été sauvagement assassiné une quinzaine d’années auparavant, lors d’une opération d’arrestation motivée par un échange de drogue entre truands, par l’un des voyous participant à l’échange qui l’avait abattu de sang-froid lors de cette opération qui s’était terminée de façon plus que mouvementée.

À l’époque, un des indics d’Éric lui avait signalé une vente de drogue entre petits dealers dans un quartier chaud, vente qui était le motif de l’arrestation projetée. Les renseignements que l’indic avait fournis à Éric concernant les dealers n’étaient pas de nature à inquiéter vraiment celui-ci. Le patron d’Éric avait donc jugé que cette vulgaire affaire de drogue entre petits dealers ne nécessitait pas la présence d’une escouade de policiers importante, d’autant plus que le personnel affecté aux stups ce jour-là était en nombre réduit, et que ce n’était que routine pour la brigade.

Et ce délit n’était pas d’une importance telle qu’elle aurait pu justifier un échange de coups de feu avec les policiers de la part des délinquants. Habituellement, en effet, sauf cas exceptionnel, les dealers n’étaient pas vraiment armés. Pris en flagrant délit, ils n’offraient généralement pas de résistance, et se rendaient à la police dès que celle-ci intervenait. C’était en tout cas la situation classique dans la zone de contrôle affectée à la brigade locale.

Dans le cas présent, les voyous n’en étaient, semblait-il d’après l’indic d’Éric, presque qu’à leur coup d’essai. Ils n’étaient en effet pas vraiment connus des policiers ni du milieu des délinquants comme des hommes dangereux. Excepté peut-être l’acheteur, arrêté deux ou trois fois pour vente d’herbe, et ayant fait l’objet de quelques mois d’emprisonnement. Mais les renseignements que la police possédait sur lui ne faisaient état d’aucune réelle dangerosité. Petit dealer sans envergure d’après la fiche le concernant.

Pour ce qui concernait le vendeur, les policiers n’avaient absolument aucun renseignement sur lui, ce qui signifiait qu’il n’était pas encore connu des services de police.

Pour cette opération routinière, une partie du personnel étant affecté à d’autres affaires, le patron d’Éric avait donc décidé que celui-ci prendrait la tête de cette opération d’arrestation sur flagrant délit, et n’était donc accompagné que de son équipier habituel, Philippe le Brin, qui était plus que son équipier, plutôt son ami depuis plusieurs années.

Cette arrestation, qui se présentait donc aux yeux d’Éric et de son équipier comme un geste banal, une routine bien connue, avait cependant tourné au bain de sang, sans qu’une explication logique ne le justifie après coup.

Hormis peut-être la panique d’un débutant délinquant pris en flagrant délit, ce qui avait finalement été retenu comme motif, les investigations ultérieures pour établir un mobile solide et retrouver cet homme s’étant avérées infructueuses.

Cette conclusion pouvait en effet être accréditée par le fait que l’assassin n’était pas fiché et donc inconnu comme délinquant. Et par conséquent pouvait être un débutant dans le crime. Connaissant cela, Philippe, l’équipier d’Éric au moment de l’arrestation, s’était d’ailleurs après le crime, fortement étonné de cette violence inutile qui l’avait surpris, et qu’il ne pouvait pas comprendre ni expliquer. Et il n’était pas le seul à être abasourdi par cette issue mortelle imprévisible, l’échange de drogue n’étant pas d’une importance pouvant le justifier.

D’après l’indic, l’opération d’échange de drogue et de paiement devait s’effectuer de nuit, dans un endroit reculé de la ville où l’éclairage n’était pas vraiment efficace et faisait défaut. Ce manque de clarté environnante pouvait donc aussi avoir influé dans le déroulement des faits. Le vendeur et l’acheteur étaient arrivés en véhicule et étaient descendus de voiture pour procéder à l’échange où les deux policiers les attendaient tapis dans l’ombre.

Éric et Philippe avaient tous deux observé que le véhicule du vendeur était démuni de plaques minéralogiques. Le vendeur possédait une valise contenant la drogue, et l’acheteur transportait une mallette dans laquelle se trouvait l’argent du deal. Mais après que l’acheteur ait montré au vendeur qu’il avait bien l’argent, que le vendeur ait de son côté ouvert la valise dans laquelle se trouvait la drogue, et après que les deux policiers aient fait les sommations d’usage suivant la constatation de ce qu’Éric et Philippe voyaient comme un banal flagrant délit, le père de Damien, probablement gêné par cette quasi-obscurité, et surpris par la rapidité et l’absurdité du geste, n’avait même pas eu le temps de pointer l’arme qu’il avait sortie de sa gaine pour procéder à l’arrestation des deux voyous, que le vendeur délinquant avait déjà sorti la sienne et tiré intentionnellement sans hésitation sur Éric, le tuant net.

Surpris par ce geste imprévisible sans commune mesure avec le délit, l’équipier d’Éric, gêné lui-même par cette quasi-obscurité ambiante, avait tardé 1 ou 2 secondes à répliquer au tireur. Hésitation que celui-ci avait mise à profit pour déguerpir en sautant dans son véhicule et en démarrant en trombe, et s’évanouir dans la nuit qui régnait au moment de la tentative d’arrestation. Cette même nuit qui n’avait pas permis à l’équipier d’Éric de voir distinctement le dealer, qui de plus portait un sweat dont il avait baissé la capuche sur son visage. Ce qui fait qu’il présentait une silhouette pratiquement non reconnaissable.

L’acheteur, aussi surpris que Philippe par cet évènement, était resté planté sur place par l’incompréhension de ce qui venait de se produire, et suivant les sommations de Philippe, avait jeté son arme à terre et levé les bras, en se rendant tout de suite à celui-ci qui lui avait immédiatement passé les menottes.

Après avoir vainement tenté d’apporter secours à son équipier, Philippe avait appelé du renfort et était resté près du corps d’Éric en compagnie de l’acheteur menotté, en attendant ses collègues et une ambulance. Mais il n’y avait plus rien à faire : son équipier était mort.

L’équipe scientifique intervenue à la demande de Philippe avait bien relevé les traces des pneus que le véhicule du vendeur avait laissées sur le sol meuble après son départ en catastrophe, mais cela n’avait rien donné. Les pneus, dont les scientifiques avaient réussi non sans difficulté à en déterminer le type et la marque, étaient d’un usage beaucoup trop courant chez plusieurs constructeurs, que l’on pouvait trouver dans tous les garages, et ne permettaient pas de déterminer la marque et le type du véhicule.

Bien sûr, Philippe avait eu quand même la présence d’esprit de cataloguer le véhicule lui-même lorsque le vendeur s’était enfui, mais là encore, le modèle et la couleur que Philippe avait notés en attendant le renfort demandé n’avaient pas permis d’en établir le possesseur. Ce modèle étant beaucoup trop courant, ainsi que la couleur du véhicule. Par ailleurs, la plaque minéralogique inexistante comme il l’avait constaté à l’arrivée du vendeur était un obstacle pour trouver son propriétaire. Mais comme beaucoup le pensaient, cela n’aurait peut-être pas servi à grand-chose dans la mesure où probablement les plaques auraient été fausses. Et vraisemblablement le véhicule avait aussi été volé pour la circonstance. Aucune autre trace (empreintes digitales ou autres, hormis les empreintes de l’acheteur) n’avait pu être relevée sur le lieu du crime par les scientifiques.

On avait cependant bien retrouvé un peu plus tard un véhicule incendié qui aurait pu répondre à la description et aux caractéristiques notées par Philippe, mais sans certitude. Un dépôt de plainte avait toutefois été enregistré pour un véhicule semblable à celui utilisé par le vendeur la veille de l’échange, et le propriétaire avait été interrogé. Mais finalement, les enquêteurs avaient conclu que c’était bien le véhicule incriminé, car le numéro de série le prouvait et avait donc permis de retrouver le propriétaire. Mais il s’était avéré après investigations que ledit propriétaire était totalement innocent et étranger à l’affaire.

Malheureusement, aucun autre indice, qui aurait permis d’établir un début de piste pour remonter au conducteur assassin, n’était apparu lors des investigations. L’incendie ayant effacé toute trace. Les plaques devant équiper le véhicule étaient inexistantes, vraisemblablement enlevées pour rendre difficile son identification, ce qui allait dans le sens de ceux qui pensaient que même avec cette plaque, on n’aurait rien pu trouver.

De plus en plus, on s’orientait donc vers un assassinat prémédité, et pas vraiment vers la panique du débutant qui avait été envisagée en premier lieu.

Les premières constatations firent apparaître que la balle avait touché Éric en plein milieu du front, provoquant la mort instantanée du policier. Un détail important et assez étrange avait aussi été relevé par les enquêteurs en charge de cette affaire : le vendeur, après avoir accompli son geste meurtrier, et dans la confusion qui s’en était suivie, avait laissé sur place la valise contenant la drogue, objet du deal, et celle contenant l’argent amené par l’acheteur pour régler le deal.

Or, après ouverture de la valise censée contenir la drogue, il s’était avéré qu’elle ne recélait qu’une petite couche d’herbe cachant des coupures de journaux, alors que celle de l’acheteur qui avait été récupérée contenait bien l’argent du deal. Les deux valises avaient bien sûr fait l’objet d’une inspection rigoureuse des scientifiques. Mais à la différence de celle contenant l’argent du deal sur laquelle les empreintes de l’acheteur avaient été relevées, aucune empreinte ne put être relevée sur celle du vendeur qui devait contenir la drogue.

Cette constatation avait laissé perplexes les enquêteurs et l’acheteur. Le vendeur n’était-il venu à ce rendez-vous que dans l’intention d’éliminer l’acheteur et repartir avec l’argent du deal ? Et peut-être surpris par la présence impromptue des policiers et par son propre geste instinctif et irréfléchi, avait préféré détaler immédiatement. Ce qui pouvait accréditer la thèse de la panique d’un débutant. Mais dans ce cas, pourquoi ne pas descendre l’acheteur au lieu de s’en prendre d’emblée au lieutenant Martin ? Et surtout repartir les mains vides ?

Aussi, certains des policiers de la brigade avaient fait la remarque que cela pouvait aussi avoir l’allure d’un règlement de comptes entre un policier et un voyou fermement décidé à « bouffer » du flic ?

Mais pourquoi un règlement de comptes entre le vendeur et le policier ? Sauf dans l’hypothèse où il existait collusion entre le vendeur et le père de Damien. Éric aurait-il pu être de mèche avec le voyou pour empocher l’argent ? Et celui-ci l’aurait-il éliminé physiquement pour s’emparer de la totalité du fric ou pour s’assurer de ne pas être dénoncé plus tard et rester dans l’ombre ?

Cette hypothèse fut envisagée un temps, car d’une part, il n’y avait que deux équipiers pour procéder à l’arrestation, alors que d’habitude il en aurait peut-être fallu quatre. Et Éric aurait très bien pu mentionner ce fait à son indic qui l’aurait retransmis au vendeur qu’il connaissait. Et que d’autre part, il se trouve qu’à cette époque Éric et son épouse avaient des problèmes financiers à cause de l’achat de leur maison qui pesait lourd sur son salaire de flic, et dont il s’était désolé auprès de certains de ses camarades. Mais alors pourquoi le tueur aurait laissé derrière lui la mallette pleine du montant de la transaction, alors qu’il aurait très bien pu profiter de la confusion qui régnait après son tir, pour s’en emparer avant de déguerpir ? Surtout dans l’hypothèse où Éric était de mèche avec le vendeur. D’autant plus que Philippe, surpris par ce geste inattendu, et voyant son équipier allongé sur le sol et se retrouvant alors seul face à deux truands, n’était donc pas vraiment en position pour appréhender le criminel et l’empêcher de partir avec l’argent.

Bien sûr, aucune investigation plus poussée dans ce sens n’avait permis d’étayer cette hypothèse, d’ailleurs assez irréaliste compte tenu de la probité et des valeurs morales d’Éric connues et appréciées de tous.

Il était également connu de tous que Philippe, l’équipier d’Éric, avait été un moment en compétition avec celui-ci, et que pendant un certain temps, il avait eu du mal à accepter de voir Éric propulsé par le patron de la division des stups à la direction de l’équipe, ce qui le plaçait hiérarchiquement sous ses ordres. Alors qu’il estimait devoir légitimement profiter de cette promotion et obtenir ainsi le poste occupé par Éric, du fait de son ancienneté plus importante que celle de son équipier. Ce qui pendant un temps avait créé un peu de trouble dans leurs relations. Trouble reconnu par les autres membres de l’équipe de la brigade. Mais cela n’avait pas duré, car leur amitié ancienne et sincère, ainsi que la reconnaissance de Philippe de la plus grande compétence de meneur d’équipe de son ami avaient rapidement mis fin à leurs différends.

Néanmoins, certains membres de l’équipe qui se souvenaient de ces différends qui avaient un temps opposé les deux hommes se demandèrent si, de la même façon, et si apparemment tout semblait réglé, il n’y aurait pas eu collusion entre Philippe et le tueur ? Philippe chargeant le vendeur de profiter de l’échange pour assassiner son concurrent plus chanceux ? Cela d’autant plus que la confrontation entre le vendeur et Éric ne s’était faite qu’en présence de Philippe et de l’acheteur. Et que cette situation pouvait amener un doute sur les circonstances du crime. Mais cette thèse n’avait pas la faveur des enquêteurs chargés qui connaissaient les deux hommes. Néanmoins cette piste fut quand même exploitée, mais sans résultat. Ce à quoi s’attendaient les enquêteurs.

Le lieutenant Éric Martin avait, au long de sa carrière, contribué à l’arrestation de plusieurs truands. En conséquence, l’enquête s’était également naturellement orientée dès le départ vers la vengeance possible d’un de ces truands qui devait des années de prison à ce policier. On ressortit donc tous les dossiers concernant les délinquants qui avaient été enfermés à la suite de l’action d’Éric. Mais cette hypothèse se termina rapidement en queue de poisson : la majorité de ceux qui avaient été arrêtés par Éric étaient encore sous les verrous, et donc ne pouvaient être présents sur les lieux du crime au moment où il s’était perpétré. Et on n’avait pas non plus constaté que les autres soient sortis récemment de prison, ce qui aurait permis aux enquêteurs de les soupçonner. Et même parmi ceux qui avaient bénéficié d’une libération de leur peine, les recherches n’avaient pas pu montrer qu’ils étaient pour quelque chose dans le crime : soit parce qu’ils étaient suivis par la police, et que celle-ci n’avait pas détecté de dérapage, soit parce qu’ils avaient un solide alibi. En particulier ceux qui avaient changé de région après leur libération, et pouvaient prouver ainsi qu’ils n’étaient pas dans la région au moment du meurtre.

Bien sûr, il restait toujours la possibilité que l’un des prisonniers ou libérés ait téléguidé le tueur de sa cellule ou de sa nouvelle résidence. Mais aucune preuve n’avait jamais pu être apportée dans ce sens pour accréditer cette hypothèse. Et la conclusion inéluctable était que les mobiles du crime devaient être ailleurs que dans le fait d’avoir contribué à l’arrestation de certains truands. Même si plusieurs truands se soient réjouis de la mort du lieutenant auquel ils devaient d’avoir séjourné un temps en prison.

Enfin il restait l’hypothèse, vieille comme le monde, d’un rival d’Éric qui aurait tué par jalousie. On interrogea son épouse et on rechercha dans cette voie, mais sans y croire vraiment : tous ceux qui connaissaient le couple et qui le fréquentaient car ils étaient tous deux très sociables et invitaient souvent leurs amis, savaient qu’entre la femme d’Éric, Isabelle, et lui, aucune dispute sérieuse n’existait. Et que ni Isabelle ni Éric n’avaient d’amant ou de maîtresse. Mais qu’au contraire les deux époux s’aimaient vraiment intensément.

La veuve, soupçonnée un moment d’avoir pu commanditer l’assassinat de son mari, et qui avait répondu aux enquêteurs chargés de l’affaire, était visiblement trop éplorée et anéantie par la mort de son compagnon qu’elle adorait. Et incapable d’avoir dans ces conditions téléguidé un tel acte.

L’interrogatoire de l’acheteur ramené au poste se révéla infructueux. Tout ce qu’il savait c’était que le vendeur lui avait été recommandé par son propre chef, et qu’il avait été désigné pour cette opération d’échange. Mais il n’avait aucune idée de l’identité du vendeur, bien qu’il fût prêt à dire tout ce qu’il savait, tellement il tremblait de peur qu’on l’accuse de complicité de meurtre. Il donna le nom de son chef de bande et de certains de ses collègues, plus ou moins connus des services de police, ce qui permit de procéder à plusieurs arrestations et de mettre fin aux actions criminelles d’une partie de cette bande de dealers chargés d’écouler la drogue.

Mais personne de cette bande, y compris le chef qui pourtant avait recommandé le vendeur à son sous-fifre, ne put donner le moindre renseignement sur le vendeur assassin inconnu de tous. Le présumé chef du vendeur, qui avait renseigné le chef de l’acheteur et s’était entendu avec celui-ci pour organiser les conditions de l’échange, s’étant lui-même évaporé dans la nature. Et ayant communiqué un nom et une adresse bidon au chef de l’acheteur.

L’interrogatoire terminé, on mit donc l’acheteur en détention pour trafic de drogue, en attendant sa comparution devant un juge.

Philippe, le policier rescapé de cet évènement, fut également interrogé par l’IGPN afin de corroborer ses dires. L’acheteur qui avait été témoin de l’évènement confirma que Philippe n’était pour rien dans la mort d’Éric, et qu’il avait été surpris autant que celui-ci par le geste du vendeur. Ce qui permit à l’IGPN d’établir son innocence relativement au meurtre d’Éric, innocence qui aurait pu éventuellement être mise en cause par ses différends passés avec celui-ci. Et d’établir par la même occasion l’innocence d’Éric qui avait un moment fait l’objet d’un doute de la part de certains de ses collègues.

L’enquête qui s’en était suivie, en l’absence d’explication logique à cet acte fou, avait donc conclu après plusieurs mois, à un geste irraisonné du voyou, occasionné par la panique du débutant. Et le dossier fut clos.

Toutefois, le rapport final d’enquête mentionnait aussi, comme l’avaient remarqué d’autres policiers, que le tir du voyou était étonnant de précision. Et aussi, pourquoi avait-il laissé l’argent du deal sur place, alors qu’il aurait peut-être pu profiter de la confusion pour l’emmener avec lui ? Ce qui mettait un peu le trouble dans la conclusion : comment admettre un geste de panique de débutant quand le tir était si précis, alors que le sac rempli de papier au lieu de la drogue aurait pu servir au vendeur comme circonstance atténuante en cas de procès ? Sauf à penser à un geste prémédité, ou à un coup incroyable de chance du dealer et de malchance pour Éric… Ce dont tous les policiers de la brigade doutaient.

Éric était respecté et aimé de ses collègues des stups pour son courage et ses valeurs humaines. Aussi, cet évènement brutal et incompréhensible avait déclenché une chasse à l’homme intense de la part des policiers et collègues d’Éric pour retrouver ce tueur fou. Mais malgré de fréquentes rafles dans les milieux de la drogue, et les interrogatoires musclés de tous les indics connus et des malfrats susceptibles de connaître cet individu, personne n’avait jamais réussi à retrouver l’auteur de ce crime et surtout à l’arrêter. De plus, le signalement imprécis du délinquant revêtu d’un sweat dont le capuchon était relevé, et donné par Philippe, n’avait pas permis d’en faire un portrait-robot exploitable, qui n’aurait d’ailleurs pas été d’un grand secours dans la traque du tueur, aucun témoin autre que l’acheteur et Philippe n’étant présent ou à proximité du lieu du crime. Le tireur fou semblait donc s’être évaporé dans la nature ! La seule chose dont les enquêteurs étaient sûrs c’est que cet assassin savait échapper à toutes recherches et que ce n’était pas nécessairement un débutant.

La disparition totale du tueur pouvait militer en faveur de la thèse du geste de panique d’un débutant qui se terrait par remords ou crainte de la prison après s’être rendu compte de la gravité de son geste. Mais à cause de la précision du tir et de l’absence de drogue ainsi que d’indices sur les lieux du crime et dans le véhicule utilisé par le tueur, l’hypothèse du débutant pris de panique avait de plus en plus de plomb dans l’aile. Aussi, certains de la brigade n’étaient pas loin de penser que dans cette affaire on avait peut-être plus à faire à un caïd très discret déterminé à « bouffer du flic » pour asseoir sa réputation plutôt qu’à un débutant.

D’autres éléments apportèrent un support à cette hypothèse. Peu de temps après cette tuerie, on avait retrouvé l’indic qui avait renseigné Éric, une balle logée en plein front, de la même façon que le tueur avant assassiné Éric : le signe assez clair de l’exécution d’une possible balance ou d’un règlement de comptes entre truands.

De même, le véhicule qui avait servi au tueur pour s’échapper, et que l’on avait retrouvé incendié, n’avait laissé aucune trace pouvant mettre les enquêteurs sur la piste du tueur.

Là encore, les investigations menées pour retrouver le meurtrier n’avaient rien donné. La recherche des armes de calibres différents, utilisées pour chacun des deux meurtres, mais qu’on n’avait jamais pu retrouver, n’avait pas non plus permis d’offrir de renseignements permettant d’avancer.

En effet, les services de balistique avaient établi formellement que ces armes de différents calibres, dont le type avait pu être retrouvé sans que l’on puisse mettre la main dessus, semblaient avoir été utilisées successivement par plusieurs truands d’après les archives de plusieurs affaires suivies par la police. Probablement vendues et revendues plusieurs fois sous le manteau. Et probablement que le ou les tueurs s’en étaient finalement débarrassé dans un lieu discret, probablement une rivière ou un plan d’eau assez profond. Ce qui n’avait pas permis de retrouver le ou les derniers acheteurs, ce qui aurait constitué une piste à exploiter.

Finalement, et malgré l’artillerie lourde et l’importance des recherches mises en jeu pour retrouver le ou les assassins, après ce que l’on avait considéré comme l’assassinat de sang-froid d’un flic respecté, on n’avait pas pu retrouver le coupable de ce geste meurtrier. Pas plus que celui de l’indic qui avait été abattu pour qu’il ne parle pas.

Cette affaire se terminerait donc, comme d’autres, dans la case des affaires non résolues, la conclusion étant qu’Éric avait été victime d’un tueur fou. La conclusion officielle, c’était que finalement le lieutenant s’était trouvé au mauvais endroit au mauvais moment et avait été victime de la panique d’un truand débutant ! Conclusion qui n’avait pas vraiment satisfait les enquêteurs, certains conservant un sérieux doute et restant sceptiques sur cette conclusion officielle.

Mais en l’absence de mobile sérieux à ce crime, et de preuves solides, tout le monde s’était accommodé de cette conclusion. Et le dossier du lieutenant Éric Martin avait donc été clos.

Chapitre 2

Le serment

Fils unique, élevé dans un milieu aimant, entre deux parents très épris l’un de l’autre, Damien avait un peu moins de dix ans quand son père, alors âgé de 35 ans, fut assassiné. Très jeune, il avait décidé de devenir policier, comme son père, car Éric était pour lui un exemple, presque un dieu, toujours très présent auprès de lui dès que son emploi du temps le permettait, et qui lui avait enseigné les principes de valeurs qu’il pratiquait. L’assassinat de son père causa donc au fils un choc moral et émotionnel important. Cela le conforta dans son idée de servir dans la police et il se fit le serment de tout tenter pour retrouver celui qui l’avait rendu orphelin, et lui faire chèrement payer son crime.

Sa mère, très amoureuse de son mari, bouleversée par cet assassinat, et complètement perdue par la mort tragique de son homme, s’était mise à boire. Pendant presque la totalité de la première année de son veuvage, elle se rendait chaque jour sur la tombe de son compagnon mort pour y pleurer, et rentrait à la maison démolie moralement, et de plus en plus physiquement à cause de la boisson à laquelle elle s’était mise, et qu’elle ingurgitait de plus en plus également. À tel point que son fils avait fini par trouver ce comportement pour le moins gênant, et qui l’avait à la longue énervé. Il avait bien essayé de la réconforter, de l’aider pour l’empêcher de boire, mais rien n’y faisait.

Toutefois, petit à petit, la douleur de la perte de son compagnon s’était progressivement estompée, les visites au cimetière avaient fini par s’espacer, et la consommation de bouteilles aussi. Mais les mauvaises habitudes de la boisson continuaient de temps en temps à ressurgir. Ce qui chagrinait son fils, car lorsqu’il arrivait à sa mère de rentrer ivre après une visite au cimetière, elle s’enfermait dans un mutisme total qui pouvait durer des jours entiers. On comprend que dans ces conditions, Damien qui restait compatissant à la douleur de sa mère, car il la ressentait aussi cette douleur, s’en soit un peu éloigné.

Devant cette situation pénible, et en espérant que le fait de retrouver l’assassin de son mari pourrait éventuellement apporter un certain réconfort à sa mère, et lui permettre sinon d’oublier, mais de vivre à peu près normalement avec sa douleur, Damien décida qu’il ferait tout pour retrouver ce criminel. Et, en digne fils de son père, après des études secondaires brillantes et un service militaire dans la gendarmerie, il passa le concours d’entrée à l’École des officiers de police, où il obtint son diplôme et entra dans la fonction de lieutenant à la brigade où avait opéré son père. Espérant ainsi, à côtoyer des dealers, recueillir des renseignements quant à l’identité de l’assassin de son père, et le faire emprisonner.

C’est donc environ quinze ans après l’assassinat de son père que Damien fut intégré dans l’équipe des stups. Il avait 25 ans. Pendant les années qu’avait duré la traque du voyou auteur du meurtre, aucun indice réellement exploitable n’avait permis de localiser et d’identifier l’assassin. De même la recherche de l’arme qui avait servi à tuer son père n’avait rien donné.

De temps en temps, apparaissait bien un semblant de piste nouvelle, mais qui s’avérait toujours finalement et rapidement aboutir dans un cul-de-sac.

Les recherches avaient donc été progressivement réduites, puis stoppées, faute de matière sérieuse et suffisante pour donner des résultats et mettre la main au collet de cet individu introuvable qui semblait s’être évanoui dans l’espace.

Quand Damien fut intégré dans sa section, les recherches avaient été définitivement abandonnées depuis quelques années, et le dossier classé.

Presque tout le monde dans la brigade avait donc oublié ce fait divers. Excepté certains des plus anciens dont Philippe, le fidèle équipier d’Éric qui après la mort d’Éric avait remplacé son ami à la tête de l’équipe, anciens qui avaient participé à la traque pour faire payer l’assassin. Anciens qui rendaient aussi quelques fois visite à la veuve éplorée, ravivant malheureusement à chaque fois le lourd chagrin de celle-ci.

Mais Philippe qui avait succédé naturellement à Éric à la tête de l’équipe, puis de la brigade, décéda quelques années plus tard d’un AVC, et les visites des anciens collègues se firent de plus en plus rares et espacées.

Damien s’était cependant fait le serment de venger la mort de son père pour tenter d’adoucir la peine de sa mère et de lui faire retrouver la dignité qu’elle perdait petit à petit. Et d’amener son assassin en prison pour de longues années. Aussi, dès qu’il prit son poste à la brigade, il eut immédiatement le souci de reprendre les investigations.

Son patron à la brigade, le capitaine Marc Dorgeo avait remplacé Philippe à son poste après son décès.

Damien le connaissait car son père en parlait souvent en confiance à la maison. Aussi Damien avait exposé au capitaine son intention de rouvrir le dossier et de reprendre l’enquête à son compte. Mais Dorgeo était réticent à l’idée de la remettre en route, compte tenu de l’impasse dans laquelle elle était arrivée.

Il accorda néanmoins à Damien, en mémoire d’Éric qui avait été son chef quelques années auparavant et qu’il avait apprécié, l’autorisation de la reprendre à son compte uniquement. Sous réserve qu’elle n’interfère nullement dans le travail qui lui était confié, et d’être informé de toute avancée que Damien pourrait obtenir. Sans cependant se faire d’illusions sur la réussite de l’enquête, mais en se disant toutefois qu’un œil nouveau pouvait éventuellement apporter un regard différent qui – qui sait ? – pourrait ouvrir de nouveaux horizons.

Il y avait cependant un point important sur lequel il avait affirmé son intransigeance : le personnel qui était affecté à la brigade étant en sous-nombre, il ne voulait pas mettre de moyens supplémentaires en service pour reprendre l’enquête. D’autant plus que l’état du dossier et les années d’enquêtes écoulées sans succès ne lui donnaient pas non plus d’arguments pour le faire. Et qu’aucun nouvel élément susceptible d’apporter un éclairage différent ne lui permettait de le rouvrir.

Damien devait donc se débrouiller tout seul, sans que cela ne perturbe les affaires qui lui seraient confiées dans l’exercice de ses fonctions. Ces conditions avaient été acceptées sans aucune réserve par Damien, car celui-ci, conscient de l’arrêt des investigations sans succès, désirait opérer seul dans cette quête qu’il considérait comme son devoir le plus strict, et qu’il comptait mener à bien malgré les années passées et perdues.

Lorsqu’il prit ses fonctions au sein de la brigade, Damien se retrouva en équipe avec une jeune femme à peu près de son âge qu’il connaissait moyennement car elle avait été élève en même temps que lui à l’école des officiers de police. Comme lui, elle avait été recrutée aux stups à la fin de ses études. Damien l’avait côtoyée, mais sans plus, à l’École des officiers de police, et ils étaient sortis tous les deux diplômés la même année. Elle avait de nombreux amis, mais Damien n’était pas l’un de ceux-là quand ils étaient étudiants, ce qui explique qu’ils n’avaient pas vraiment de connaissance précise l’un de l’autre.

C’était une jeune femme brillante et intelligente. Plutôt douée en informatique. Elle se prénommait Charline, était célibataire, jolie et sportive, dynamique et impatiente de montrer au monde ses capacités d’enquêtrice. Ils avaient tout de suite fait une équipe soudée car ils avaient les mêmes valeurs et s’appréciaient mutuellement. Le père de Charline était également policier retraité, ceci expliquant cela. Ils s’étaient donc découverts rapidement, et s’étaient aussi « adoptés » comme équipiers, si l’on peut dire, rapidement et sans problème.

Damien avait eu une copine quelques années auparavant, une secrétaire de direction, avec laquelle il s’entendait plus ou moins bien. Elle se prénommait Claire, ils s’étaient connus étudiants, et s’étaient mis ensemble rapidement.

À cette époque, Damien qui vivait avec sa mère avait décidé de changer d’air car l’atmosphère de la maison devenait de plus en plus pesante. Depuis qu’il avait choisi de devenir policier, sa mère, malgré l’insistance de Damien pour qu’elle trouve un nouveau compagnon, avait toujours refusé, car elle voulait rester éternellement l’épouse d’Éric. Elle vieillissait mal et lui rappelait continuellement que ce métier avait tué son père, et qu’elle était inquiète à le voir suivre ses traces. Quand il lui arrivait de sortir, il la retrouvait le soir qui l’attendait avec impatience au milieu de la nuit, ce qui souvent lui donnait un sentiment de culpabilité. Bien qu’il comprît cette habitude, cela finissait par l’agacer. Car il y avait dans l’attitude de sa mère quelque chose qui le dérangeait dans son insistance. Il avait même fini par penser que celle-ci lui cachait quelque chose. À tel point qu’un jour, il avait fini par lui demander si ce n’était pas le cas. Mais elle avait baissé la tête, fondu en larmes, niant tout secret, en assurant que seule sa crainte de voir son fils subir un sort identique à Éric motivait son comportement. Ce qui avait coupé court à toute autre discussion, et Damien en avait finalement oublié son questionnement.

Aussi, avant que la situation déjà pénible ne dégénère encore plus, il avait loué un appartement indépendant. Cependant, devant le désarroi de sa mère qui allait croissant avec l’âge, il lui rendait visite régulièrement car il ne désirait pas la laisser seule, et il ne voulait surtout pas qu’elle pense qu’il était indifférent à sa peine.

Lui et sa copine vivaient donc depuis bientôt deux ans en couple dans cet appartement. Damien était au départ très amoureux, mais elle l’était un peu moins… même beaucoup moins. Elle lui reprochait continuellement le métier qu’il avait choisi et qu’elle jugeait trop à risques, et qui selon elle, l’accaparerait trop lorsqu’ils seraient mariés et qu’ils auraient des enfants. Un jour, elle lui avait même demandé d’en changer, sinon elle le quitterait ! Cela lui rappelait trop sa mère, et ses sentiments de culpabilité. Et puis, il n’en était pas encore au mariage et encore moins aux enfants. En fait elle ne comprenait pas que l’on puisse aimer ce métier de policier, tellement enthousiasmant, qui protégeait ses compatriotes. Et qui lui donnait le sentiment non usurpé, d’être utile aux autres.

Elle avait aussi un tas d’amis qu’il connaissait peu, dont certains qu’il n’aimait pas vraiment. Ils venaient de temps en temps faire la fête chez lui, ce qui le mettait souvent mal à l’aise car ce n’était pas sa conception de la vie. Surtout que dans la bande de copains qu’elle fréquentait, il y en avait qui fumaient de l’herbe, et peut-être même se droguaient avec de la poudre. Et cela lui déplaisait car c’était contraire aux valeurs qu’il avait acquises par son père, valeurs qu’il respectait. Lorsqu’il lui en faisait le reproche et lui demandait de ne plus fréquenter ces jeunes hommes, elle le traitait de vieux râleur, ce qui avait le don de l’agacer fortement. Et puis, il n’était pas sûr qu’elle-même ne s’adonnait pas de temps en temps à cette drogue, ce qui risquait de lui poser des problèmes pour sa carrière de flic.

Cette fille n’était pas non plus d’une fidélité exemplaire, ce qui en rajoutait à la liste des griefs qu’il avait fini par cumuler contre elle. Petit à petit, ces griefs s’additionnant les uns aux autres, avaient fini par faire mourir ses sentiments envers elle. Et c’est presque finalement avec un soulagement qu’il la trouva un jour dans les bras de l’un de ses copains. Ce qui ne l’étonna pas vraiment, mais lui donna une excellente raison de mettre fin à leur liaison boiteuse. Bien sûr, elle pleura, tentant de trouver des explications à ce qu’elle appelait une erreur qu’elle regrettait, mais il fut intraitable, et elle sortit de sa vie… et de son appartement par la même occasion.

Cela faisait presque trois ans qu’il était redevenu célibataire quand il fut embauché aux stups. Il avait bien eu deux ou trois aventures entre temps, mais un peu échaudé par cette première expérience amoureuse assez calamiteuse, et devenu méfiant vis-à-vis des femmes, ces aventures ne duraient pas longtemps, et se terminaient sans lendemain. Mais les qualités et les valeurs qu’il avait trouvées dans les propos et la personne de Charline, lui avait redonné une certaine confiance dans la gent féminine. Et le fait qu’elle soit assez sexy n’enlevait rien, bien au contraire, à sa bonne impression de départ.

Chapitre 3

L’apprentissage du métier

À leur arrivée dans la brigade, le patron de celle-ci, le Capitaine Marc Dorgeo, fit les présentations. Et s’adressant à Damien et Charline :