Le jour d’après - Joss Olirius - E-Book

Le jour d’après E-Book

Joss Olirius

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Une météorite s’abat sur la Terre, dotant une femme de pouvoirs extraordinaires. Parallèlement, un homme énigmatique émerge et gagne rapidement en importance. Qui est-il ? Que veut-il ? Quel est le lien entre la météorite et ces deux êtres ? Une certitude, leurs vies seront à jamais transformées.


À PROPOS DE L'AUTEUR


Féru de science-fiction, Joss Olirius prend la plume pour donner vie aux multiples idées que son esprit n’a cessé de développer au fil du temps. Le jour d’après est son premier livre publié.

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Seitenzahl: 439

Veröffentlichungsjahr: 2023

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Le jour d’après

Roman

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

© Lys Bleu Éditions – Joss Olirius

ISBN : 979-10-377-9943-2

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Prologue

 

 

 

Une météorite qui s’écrase sur terre.

Une femme qui est sur le lieu de l’impact et qui se découvre de nouveaux pouvoirs.

D’où lui viennent-ils ?

À quoi vont-ils lui servir ?

Un homme venant de nulle part et qui devient rapidement quelqu’un d’important dans notre monde.

Qui est-il ? Que veut-il ?

Est-il venu nous sauver où nous détruire ?

 

Cette météorite qui a croisé leur route va-t-elle les réunir ?

Ont-ils un futur et un destin commun ?

Seront-ils amis ou ennemis ?

Ce qui est certain c’est que cette météorite va changer leur vie à jamais.

 

 

 

 

 

Chapitre 1

Ce matin-là

 

 

 

L’histoire que je vais vous raconter s’est passée, il y a quelques années maintenant.

À cette époque, j’étais toute jeune et je démarrais tout juste dans la vie.

J’habitais dans une ville de campagne, dans un petit appartement en plein centre-ville.

Enfin « centre-ville » c’est un bien grand mot pour une commune de 1002 habitants accueillants, seulement trois commerces : une boulangerie, un bar et un coiffeur.

J’avais trouvé cet appartement un peu par hasard, il n’était pas bien grand mais étant célibataire, il me suffisait amplement.

Il appartenait à des amis de mes parents. Le locataire actuel venait juste de partir en le laissant dans un état désastreux.

Ils n’avaient donc pas envie de le relouer tout de suite et hésitaient même à le vendre.

J’avais alors sauté sur l’occasion pour prendre mon indépendance, en ai parlé à ma mère qui n’appréciait guère cette idée car elle ne voulait pas me voir partir tout de suite.

Mais en insistant un tout petit peu, elle a fini par céder et su convaincre ses amis de me le louer en l’état, qu’elle se portait garante, me connaissant par cœur ils n’auront aucun souci.

Quelques semaines de travaux avec mon père, puis j’aménagerai enfin dans mon premier chez moi.

Je n’avais pas de compagnon, quelques expériences ou des amourettes de passage, mais rien de concret, car approchant la trentaine je recherchais une relation stable et souhaitais trouver l’âme sœur.

Tout du moins un homme qui me comprenne, partage un peu de mon monde, ma vision et désireux de construire une famille.

Je me sentais donc bien seule et me consolais avec des animaux.

Les animaux étaient ma grande passion.

Combien de fois j’ai pu faire enrager mes parents en leur ramenant toujours de nouveaux chatons que je trouvais dans le village, ou que mes copines me donnaient ! Ma mère finissait toujours par céder.

— Je veux bien t’emmener les voir, mais on est bien d’accord, on n’en ramène pas !

Et finalement je n’avais même pas besoin de poser la question, car elle disait oui bien avant moi.

 

Il m’est arrivé aussi d’avoir tenté de sauver un oisillon qui était tombé du nid.

J’ai tout tenté, mais malheureusement il était trop petit et au bout de trois jours, il est mort.

Je m’en suis voulu et j’ai pleuré pendant une semaine.

Désespérée dans ma solitude et dans mon minuscule studio qui pour le coup me semblait bien grand et vide, j’avais décidé d’adopter deux petits chiots.

C’est Sandrine, ma meilleure copine d’enfance qui me les avait proposés.

Dans notre foyer, nous n’avions jamais eu de chiens, mon père les détestait et estimait que :

— Ça fait trop de bruit, ça servait à rien, que c’était stupide et que ça n’apportait que des ennuis avec les voisins. Ils font des dégâts dans la maison et le jardin, et en plus c’est une corvée car il faut toujours les sortir.

Sur ce point il n’avait pas tort, car en maître responsable il faut effectivement leur faire faire une promenade tous les jours, qu’il pleuve, vente ou neige.

Mais je ne m’en rendais pas compte au moment où j’ai décidé d’adopter Billy et Charlie.

Au départ je n’en voulais qu’un et je lui avais bien dit :

— Sandrine tu sais chez moi c’est minuscule, je ne peux en prendre qu’un.

Mais elle n’a rien eu à dire pour me convaincre de les adopter tous les deux.

Lorsque je les ai vus pour la première fois, ensemble jouant à se mordiller et courir, je me suis dit que ça aurait été cruel de les séparer.

Billy était un peu plus imposant, c’était le teigneux des deux, plus vif et plus joueur. Mais Charlie était plus choux avec sa tache blanche sur la truffe.

Je travaillais pour une société immobilière de la ville d’à côté.

Pas de grosse responsabilité, plutôt du secrétariat, du classement de dossiers, des relances fournisseurs.

Ce n’était pas forcément passionnant, l’amplitude horaire était grande, car il fallait être présent de huit jusqu’à dix-neuf heures.

Mais dans le fond cela me convenait et permettait surtout de payer toutes mes factures même s’il ne me restait plus grand-chose à la fin du mois.

 

On ne pouvait pas dire que j’avais une vie très excitante, faites de rencontres, de voyage ou de succès entrepreneurial.

Les week-ends par contre étaient consacrés à mon autre passion : le sport.

Je m’accorde toujours un moment le samedi ou le dimanche pour faire au moins le petit tour de village en courant. Cela peut paraître stupide, mais je n’ai pas au moins cela, je me sens mal.

Ce samedi-là, par contre, j’avais décidé et étais motivée pour faire une longue promenade.

La semaine ayant été très éreintante, j’avais plus que besoin de me vider la tête et me ressourcer. Le petit tour n’étant pas suffisant, il fallait au moins que je parte pour quelques heures.

Les soucis avec les délais de livraison, les retards cumulés des différents ouvriers et les mécontentements des clients m’avaient épuisé et apporté beaucoup de stress, de fatigue physique mais surtout morale.

Tout cela me pesait.

C’était beaucoup de charge mentale pour une seule personne frêle comme moi.

Cela m’empêchait même de dormir certaines nuits. Je ne parvenais pas à trouver le sommeil avant de trouver des solutions pour chaque problème.

Heureusement c’était le week-end, je m’étais dit :

— Ma fille, il faut arrêter de te laisser bouffer pas le travail, mets tout cela de côté pendant deux jours, les soucis seront toujours là lundi. Inutile de penser à cela, de toute façon, je ne pourrais rien y faire de chez moi.

À cette époque internet n’existait pas, nous ne pouvions travailler à distance et être toujours connectés.

En y repensant bien, c’était peut-être pas si mal… Au moins il y avait une vraie coupure entre le travail et la maison.

Bref sur ces bonnes résolutions, j’ai revêtu mon survêtement, mes dernières baskets, préparé ma gourde et avais prévu de faire au moins 12 kilomètres en courant.

Charlie avec son instinct surdéveloppé a dû le sentir.

C’est drôle à dire comme cela, mais c’est comme si je lui avais transmis mes intentions, on aurait dit que lui aussi voulait faire le marathon avec moi.

Billy lui était sur le canapé, c’était d’habitude lui le premier qui s’affolait quand je sortais la laisse.

Mais cette fois, j’ai presque été obligée de le réveiller.

Le véritable atout de vivre à la campagne, c’est que l’on peut trouver rapidement des petits chemins, sous les bois sans devoir prendre la voiture et ainsi être gêné par la circulation.

Ces routes je les avais parcourues 100 fois avec mes parents quand j’étais petite.

Puis avec mon petit vélo rose avec Sandrine et Béatrice.

J’espérais un jour perpétuer la tradition avec ma propre famille que j’aurais fondée avec un mari aimant et attentionné.

Un jour peut-être…

Nous avons donc commencé notre marathon par la route principale.

Un bref passage devant la boulangerie puis l’église avant de prendre la petite descente longeant le jeu de boules.

 

Charlie et Billy étaient heureux et sont partis en trombe.

Ils couraient tellement vite en tirant la laisse et m’entraînant avec eux que j’ai presque failli chuter.

Mais je ne pouvais pas encore les laisser courir tout seul avant d’avoir atteint la forêt. J’avais prévu de les détacher qu’à ce moment.

Nous continuons sur ces bonnes foulées, puis en bas de la descente, rejoignons la forêt.

Nous nous engageons alors sur le sentier qui mène jusqu’à Brive.

J’avais beau être motivé ce matin-là, mais nous n’irons pas jusque-là.

La randonnée complète fait 24 kilomètres et le retour se fait pas la route nationale.

C’est dangereux et pas du tout agréable.

 

3 km, 6 km, 7 km, allez, encore un petit effort et nous arrivons à la prairie.

Essoufflée mais fière de moi, je ralentis le pas et m’arrête pour reprendre mon souffle.

J’étais trop contente car je n’étais jamais allée aussi loin d’une traite.

Fière aussi de mon p’tit Charlie, lui aussi avait bien couru.

Billy qui avait eu du mal à démarrer avait encore de l’énergie et aurait pu continuer.

 

C’est à ce moment, alors que je me désaltérais, que j’ai senti le sol qui commençait à trembler.

Alors qu’il faisait beau et qu’il n’y avait pas de nuage, le vent s’est levé soudainement.

Le sol tremblait de plus en plus, le ciel s’assombrit d’un coup, les vents étaient de plus en plus forts.

Charlie était inquiet et s’est blotti contre moi. Je ne savais pas où était Billy, il était parti loin dans la forêt.

Un son étrange a retenti d’un coup.

Je ne saurais pas comment décrire ce son.

Il était à la fois grave et strident.

Presque agréable comme une petite mélodie avec beaucoup de basses.

Le son était de plus en plus fort et commençait à me faire mal aux oreilles.

Charlie a commencé à hurler à la mort. J’ai enfin aperçu Billy qui revenait vers nous.

Je commençais à avoir très mal à la tête et j’ai posé mes mains sur les oreilles de Charlie car je sentais sa souffrance.

Le son monta encore d’un cran, à tel point que j’ai cru que j’allais m’évanouir.

Le bruit était encore plus strident et percutant.

Je luttais, Charlie n’en pouvait plus, Billy tournait, courait, chercher un endroit pour se réfugier.

Je commençais à voir trouble et ressentir des vertiges.

Et alors que j’étais au seuil du supportable, que je pensais mourir, ça s’est arrêté d’un coup.

Plus rien, les nuages avaient disparu, plus de vent, plus de bruit.

Cela faisait presque peur, il n’y avait plus un son.

Est-ce que j’avais eu des illusions ?

Est-ce que je m’étais évanoui en ayant fait trop d’efforts ?

Étais-je en train de rêver ou pire ? Morte ?

Je me relevais donc et commençais à reprendre les esprits. Billy était à une dizaine de mètres de nous.

Charlie était toujours blotti contre moi et tremblait. Il avait cessé de hurler, mais je sentais bien qu’il était autant effrayé que moi.

Le temps de reprendre un peu mes esprits, de regarder autour de moi, que j’ai senti quelque chose me traverser en une fraction de seconde.

La douleur a été immense et intense mais étrangement que du côté gauche.

Et tout cela s’est produit lors d’une explosion accompagnée d’un boum retentissant.

Puis quelques microsecondes après, j’ai senti le sol se dérober sous mon pied gauche.

Mais ce n’était pas comme un effondrement ou une avalanche, mais comme s’il avait été aspiré.

Je ne saurais toujours pas dire, si c’était l’instant de survie, les réflexes ou la douleur dans mon pied gauche, mais j’ai basculé du côté droit pour enfin réellement m’évanouir cette fois.

 

 

 

 

 

Chapitre 2

Le réveil

 

 

 

— Viviane, Viviane, he, Viviane est ce que ça va ?
— J’étais en train de labourer juste à côté, quand j’ai vu l’explosion, je suis venu voir ce qu’il s’était passé et je t’ai retrouvé.
— Tu n’as rien ?
— Que… qu’…
— Qu’est-ce qui se passe ? Où suis-je ? Où sont Billy et Charlie ?
— Billy est juste là, il va bien mais je ne vois pas Charlie. Tu as de la chance, tu aurais pu tomber dans le cratère, ne bouge pas, les secours arrivent.
— Je, je…

 

Je ne me rappelle, que de ces quelques brides, Billy qui me léchait le visage, le père Raymond qui m’a secouru, les camions de pompiers puis plus rien.

 

— Viviane enfin tu te réveilles, comment ça va ?
— Maman, maman, où suis-je, quel jour sommes-nous ?
— Rassure-toi, on est à l’hôpital, on est lundi, tu es dans le coma depuis samedi.
— Tu n’as aucune séquelle et tout est normal. Les docteurs ne comprenaient pas pourquoi tu étais dans le coma.
— Comment te sens-tu ?
— Lundi ? Déjà ?

Bizarrement, à part ces trous de mémoire, j’allais bien.

Je me sentais même très bien dans mon corps et ma tête, presque même apaisée.

— Que s’est-il passé ?
— À la télévision, il parle d’une météorite qui se serait écrasée. Tu étais juste à côté de l’explosion.
— Et mes chiens ou sont-ils ?
— On n’a retrouvé que Billy qui était avec toi, mais pas de nouvelle de Charlie.
— Je ne comprends pas, il était juste à côté de moi.
— C’est la folie au village. Il y a plein de journalistes, la police, des scientifiques, il y a même l’armée qui est venue. Raymond n’est pas content, ils ont quadrillé une zone autour de la météorite et il ne peut plus accéder à ces champs. Il devait finir de labourer, il pensait que la saison allait être bonne.
— On n’avait jamais vu ça dans notre village ou il ne se passe jamais rien.
— Allez, repose-toi ma belle, le docteur va venir te voir et si tout va bien tu pourras bientôt sortir.

Il m’a bien fallu encore la journée entière pour reprendre de la force et mes esprits.

Ce n’est que le lendemain, après encore une nuit complète de semaine, que j’étais enfin totalement rétablie.

Je n’arrivais pas à réaliser que j’avais passé plus de trois jours totalement dans le coma.

Je n’avais plus que de vagues souvenirs sur l’après-explosion et mon arrivée à l’hôpital.

Mon patron, qui avait appris l’accident, s’était inquiété pour moi et m’avait conseillé de prendre une bonne semaine de repos afin de me remettre de toutes ces émotions.

Ce n’est donc que le mercredi que j’ai enfin pu quitter l’hôpital, n’ayant plus aucun symptôme et toutes mes constantes régulières, les médecins n’avaient plus aucune raison de me garder.

Je finis quand même la semaine chez mes parents, cela rassurait ma mère et elle pouvait de nouveau prendre soin de moi.

Elle avait quand même, quelle agitation et pagaille avait apporté toute cette histoire.

On s’est même retrouvé dans un bouchon le temps de faire le voyage entre l’hôpital et notre maison.

Je comprenais bien que le phénomène pouvait être extraordinaire, mais après tout ce n’était pas la première ni la dernière fois qu’un astéroïde s’écrase sur notre terre.

Et par chance celui-ci avait atterri dans un champ désert mis à part moi bien sûr.

Il n’y avait eu aucune perte civile ni matériel.

Pas de maison écrasée ni ferme détruite par les gravats ou partie de l’astéroïde.

J’espérais vivement que toute cette agitation cesse rapidement.

J’étais déjà lassé par mon séjour à l’hôpital et mes congés forcés, je souhaitais reprendre le cours normal de mon existence et mettre de côté toute cette histoire, ne serait-ce que pour quelques jours.

À vrai dire, que personne ne me reparle jamais m’aurait mieux convenu

Après tout, je ne suis pas une aventurière ou une journaliste.

Un astéroïde s’est écrasé, j’ai pris la foudre, pas besoin d’écrire un roman ou toute une étude scientifique.

La seule chose qui me préoccupait, c’était mon pauvre petit chien.

Où pouvait-il être, qu’a-t-il bien pu lui arriver ?

Pourquoi personne ne l’avait retrouvé et ramené ?

Tout le monde les connaissait dans le village, si un habitant l’avait retrouvé, il me l’aurait forcément ramené.

Mes amies qui s’inquiétaient pour moi étaient même venues me voir à l’hôpital, mais les médecins et mes parents n’avaient pas voulu sous prétexte que j’étais trop fatigué pour recevoir du monde.

Il avait alors fallu que je menace ma mère de rentrer chez moi si elles ne les acceptent pas le vendredi pour qu’enfin j’oublie tout cela le temps de l’après-midi avec elles.

 

Je les avais bien prévenus de leurs arrivées :

— Contente de vous voir, les filles.
— Je vous préviens, tout va bien, je suis en super forme. Alors s’il vous plaît, de me poser pas de questions, j’ai besoin de penser à autre chose. Passons une vraie après-midi fille.

Ce qu’elles ont fait sans sourciller ou poser des questions, et je les en remerciai vivement.

 

 

 

 

 

Chapitre 3

Zéon

 

 

 

— Que s’est-il passé ?
— Où suis-je ? Mon vaisseau n’a pas décollé ?
— Est-ce un coup des Xilianos ?
— Est-ce qu’ils m’ont mis dans la matrice pour découvrir mes secrets ?
— Où sont Eol et les autres ?
— Ont-ils survécu à leur mise à mort ?
— Des sirènes ? Vite, je dois m’en aller avant qu’ils ne me rattrapent.
— Mes armes, mon transmetteur, où sont-ils, pourquoi ne suis-je pas dans le vaisseau ?
— Mince, ils arrivent, allé Zéon, cours, cours.
— Jamais je ne retournerais dans la prison de Saturne !

 

 

 

 

 

Chapitre 4

La semaine suivante

 

 

 

— Et alors mamie, les médecins ont-ils trouvé ce qui t’avait traversé ?

Eh bien non, ils n’ont pas poussé les recherches plus que cela.

Ils ne m’ont d’ailleurs jamais donné de réponse ou d’explications sur mon coma de plusieurs jours.

Je suis rentré chez moi à la fin de la semaine, triste d’avoir perdu Charlie, mais prête à retourner au travail.

Étrangement je me sentais bien, je n’avais plus de fatigue ou de stress.

Était-ce le coma, le repos, ou le sentiment d’être passé très prêt de la mort ?

La vie allait reprendre son cours normalement, sauf pour le village.

C’était l’euphorie, tout le monde parlait de la fameuse météorite.

Notre cher village dont les seuls grands événements étaient le 14 juillet, le 8 décembre, les kermesses à l’école se retrouva alors à la une de tous les journaux.

Des équipes de télévision étaient venues et voulaient connaître l’origine de cet étrange phénomène.

Elles avaient toutes pris leurs quartiers dans les hôtels environnants, comme si elles savaient déjà qu’elles seraient ici pour un moment.

Même quelques excentriques et fans de science-fiction avaient fait le voyage en espérant découvrir la nouvelle zone 51.

Un camp de fortune constitué de camping-cars, caravanes et tentes s’était rapidement dressé non loin de là.

Plusieurs équipes de scientifiques avaient également investi les lieux et pris possession de la zone du crash qu’ils avaient rapidement clôturé afin d’interdire l’accès au public.

Je me demandais alors pourquoi ils avaient pu arriver aussi rapidement sur les lieux alors qu’ils n’avaient pas détecté plus tôt cette météorite ?

 

Et le tremblement de terre ?

Personne d’autre que moi ne l’avait ressenti ? En tous cas, ni les médias ni les habitants du village n’en parlaient.

Tant de questions sans réponses.

J’étais encore déboussolé et effrayé, mais il fallait bien reprendre le cours de ma vie.

Je suis donc retourné au bureau le lundi de la semaine suivante.

Sans savoir si c’était ma semaine de vacances improvisée ou tout ce chamboulement, mais alors que je redoutais de devoir retrouver le stress et tous les soucis, quelque chose avait changé en moi.

Je me suis même surprise à gérer les chantiers, les relances fournisseurs sans encombre et j’étais d’une efficacité redoutable.

Et quelle joie d’entendre Mme Chapuis au téléphone, qui m’appelait pour la énième fois, pour me faire des remontrances et se plaindre de ces ouvriers et leurs malfaçons !

Je me suis entendu dire :

— Bonjour, Mme Chapuis. Je suis content de vous avoir.
— J’ai enfin pu contacter notre maçon et le carreleur, je leur ai mis un peu la pression et ils vont pouvoir terminer votre terrasse dans les temps.
— Quant au plaquiste, il va prendre en charge ces malfaçons, et s’est engagé à reprendre votre placard intégré.

La pauvre dame est restée sans voix et surprise n’a juste pu me répondre :

— Très bien je vous remercie et bonne journée.

Malgré tout cela Charlie me manquait énormément, j’aurais voulu retourner dans la prairie. Chercher un peu dans la forêt et les alentours, mais tout était barricadé.

Il ne m’avait jamais fait ça auparavant, ce n’était pas un grand aventurier. Lorsque nous nous promenions, il restait toujours prêt de moi.

Même tout petit, il n’avait jamais fugué ou ne serait-ce que tenter de quitter la maison ou fuir.

Où avait-il pu passer ? Se serait-il fait écraser par la météorite ?

 

Avec maman, nous sommes allés à la gendarmerie afin d’avoir des informations, savoir s’ils avaient organisé des recherches ou si nous pouvions nous même le chercher.

Malheureusement, ils n’ont même pas pris le temps de nous recevoir.

Ils étaient trop occupés à gérer l’arrivée soudaine de tout ce monde et surtout ne comprenaient pas pourquoi ils devaient sécuriser les lieux.

Après tout, ce n’était qu’une météorite, pourquoi faisait-il appelle à la gendarmerie ?

Et ils devaient en plus gérer les agriculteurs qui commençaient vraiment à s’énerver car il ne pouvait plus travailler ces terres-là.

 

Après nous être fait poliment sortir de la gendarmerie, il nous restait plus que l’option de la mairie.

Ce cher Monsieur Imbert, trop occupé par sa notoriété soudaine, ne nous a pas reçus non plus.

Ça ne pouvait pas mieux tomber pour lui, enfin il passait à la télévision, cela permettait d’augmenter sa cote de popularité et par la même occasion ses chances de devenir député.

Que pouvais-je faire ?

Tenter de joindre les journalistes, pour expliquer mon histoire, faire un peu de bruit, pour qu’il me prenne au sérieux ?

Mais à bien y réfléchir, j’avais beaucoup trop à perdre. Et surtout moi qui étais plus discrète, je risquais d’avoir une notoriété soudaine et malsaine difficile à supporter.

Je ne baisserais pas les bras pour autant, j’allais trouver une autre solution coûte que coûte.

Ce pauvre petit Charlie, tout seul dans la forêt, je ne pouvais pas l’abandonner.

Lui qui avait été toujours le plus fragile.

Quand il était petit, il prenait régulièrement des infections urinaires. J’ai même cru le perdre une fois, car il ne mangeait plus et n’allait plus à la selle.

La vétérinaire m’avait sermonné de l’avoir amené trop tard et avait fini par me prescrire un régime alimentaire avec des croquettes hors de prix.

Une autre fois alors que nous étions chez ma tante, il a voulu sauter par-dessus une barrière pour imiter Billy, mais en retombant il n’a pas assuré la chute et s’était cassé la patte arrière, depuis il boite toujours un peu, ce qui lui donnait une démarche atypique.

Les jours passaient alors sans que je ne puisse rien faire pour lui.

Je suis plusieurs fois retourné au plus près des barrières en sortant du travail en espérant l’apercevoir, mais rien.

 

Le mercredi je me suis même levé très tôt et refait une partie du parcours, et fouiller dans la forêt en comptant sur le fait qu’il serait peut-être moins effrayé le matin, et qu’il me répondrait si je l’appelais.

Malheureusement après une bonne heure de recherche, je n’avais toujours aucun signe de lui et dus me rendre au travail.

C’est alors que je commençais à perdre espoir et ne plus avoir de solution que trois personnes sont venues chez moi.

Il y avait Mr le Maire en personne, un gendarme et un homme d’une quarantaine d’années.

Venaient-ils me voir car, je les avais un petit peu harcelés pour qu’il se bouge pour Charlie ?

Mr Imbert commença alors les présentations.

L’homme qui les accompagnait était un scientifique.

Je n’ai pas tout compris son rôle et sa fonction, mais il était chargé de mener l’enquête sur l’astéroïde.

Il a avait été prévenu que je me trouvais sur les lieux à ce moment et souhaitait reconstituer les pièces du puzzle.

Il était avec son binôme : le sergent-chef Gustin, qui menait l’enquête de son côté également.

Après avoir préparé le café « sans sucre pour Mr le maire, car il fait attention à sa ligne », et apporté le plateau dans le salon, le scientifique prit la parole :

— Tout d’abord je tiens à vous remercier de nous recevoir, et de prendre le temps de répondre à quelques-unes de nos questions.
— La situation doit être difficile pour vous. Toujours pas de nouvelle de votre chien, Charlie c’est ça ?

 

Comment se fait-il qu’il connaisse son nom, sûrement Mr Inber qui lui a dit ?

« À ça pour parler sur les autres ça va, mais pour agir il n’y a plus personne. »

— Non malheureusement, je suis inquiète car il est faible et fragile, il n’a jamais fugué, je me demande où il a bien pu passer.
— Je comprends, mais si vous nous aidiez, en échange, je vous proposerais d’aller sur le site avec nous et vous aiderais dans votre recherche.
— Merci.

 

Le gendarme me demanda si cela ne m’embêtait pas qu’il enregistre la conversation et alluma un petit magnétophone qu’il posa sur la table.

 

— Très bien. Alors je voudrais que vous me racontiez ce qu’il s’est passé, ce que vous avez vécu en rentrant dans les détails si possible. Ça vous convient ?
— Oui, bien sûr.

Je leur racontais alors mon histoire :

Donc après avoir fait mon jogging, je me suis arrêté dans le pré pour souffler, et c’est à ce moment que les phénomènes ont commencé.

Ça a commencé par les tremblements de terre puis les vents violents.

Et ensuite ce son, qui était de plus en plus fort et qui retentissait dans ma tête.

Puis l’espace d’une dizaine de secondes, ça s’est arrêté et il n’y avait plus aucun. Plus de vent, plus de cris d’oiseaux.

 

Et c’est à ce moment que l’astéroïde s’est écrasé. Et par chance je suis tombé du bon côté, mais je pense que Charlie a dû tomber dans le cratère.

Le scientifique me reprit alors d’un air surpris et embêté.

— L’astéroïde, quel astéroïde ?
— Eh bien, c’est bien un astéroïde qui est tombé ?
— Dans le village et à la télévision, on ne parle que de lui.
— Nous n’avons trouvé aucun astéroïde, reprit alors le gendarme, tout en fouillant dans son porte-document.

Puis il en sortit des photos qu’il étala sur la table basse.

C’était complètement irréaliste.

Ce n’est pas possible, je suis en train de rêver.

Plusieurs de ces photos devaient avoir été prises par avion.

On y voyait alors clairement le cratère.

Mais au lieu d’être difforme avec des contours irréguliers, c’était un cercle parfait. Ou plutôt une sphère.

Comme si on avait laissé tomber une bille dans du sable.

— Comme je vous l’ai dit, il n’y a pas d’astéroïde. Et si ça avait été le cas, l’impact et le souffle auraient été beaucoup plus fort, cela aurait probablement détruit la terre.
— Qu’est-ce que c’était alors ?
— Nous n’en savons pas plus pour le moment. Nous avons constaté beaucoup de radiations.

 

Après avoir parcouru mon dossier médical et fait un tour de mon état de santé, la conversation se termine très rapidement.

Finalement je n’avais pas plus de réponses qu’eux pouvaient m’en apporter.

Mais si au moins cela me permettait de retourner sur les lieux pour rechercher Charlie, il y avait au moins quelque chose de positif qui en était ressorti.

 

 

 

 

 

Chapitre 5

Un samedi soir comme les autres au bar du quartier

 

 

 

— Hé, Léo, ça va ? Tu payes ta tournée ?

 

Il n’y avait pas tellement de monde en début de soirée :

Léo est sa bande, Jean, Christophe, Denis, Pierre et Elsa.

Il y avait aussi le vieux Fernand.

Le pauvre depuis que sa femme était partie, il ne faisait plus rien et traînait dans tout le temps dans ce bar.

Ce n’est plus une ardoise qu’il devait à Francine mais un tableau noir.

Enfin Francine avait toujours eu de l’intention pour lui. C’était un peu comme un deuxième père.

Il a toujours été tendre et attendrissant avec elle, alors que son propre père la battait et la rabaissait à longueur de journée.

Alors s’il profitait des tournées et ne mettait que rarement la sienne, ce n’était pas si grave car tout le monde l’aimait bien et il mettait l’ambiance.

Ce soir-là Francine voulait apporter un peu d’animation dans le village et avait organisé une soirée Paella.

Le but était de ramener un peu de monde dans le restaurant et surtout de rentrer un peu d’argent, car les temps étaient durs.

Francine travaillait toute seule, elle ne faisait que les repas du midi car il fallait à la fois faire la cuisine et le service.

Le village étant en pleine campagne, il fallait connaître l’adresse.

La clientèle était surtout des habitués, les ouvriers des chantiers des alentours.

Elle aurait aimé être considérée comme un resto routier, mais depuis la création de la déviation, presque plus aucun chauffeur ne passait dans les alentours.

Le chiffre d’affaires n’était donc pas très haut, tout juste de quoi payer les frais, les charges et se dégager un salaire minuscule et encore pas tous les mois.

Sandrine, toujours prévenante envers tout le monde, lui avait suggéré de faire des soirées à thème « Paella, Couscous, le Nouvel An… »

Francine ne se sentait pas d’assurer de tels événements et surtout gérer le repas et le service.

Sandrine s’était alors proposé de faire le service gratuitement afin de lui donner un coup de pouce.

De plus, de par sa personnalité un peu forte et son habitude à se mettre en avant, le tout accompagné du Fernand ne pouvait qu’apporter le plus pour que tout le monde s’amuse.

— T'inquiètes avec Fernand, on va mettre le feu, on va les faire bouger. Ça va être une soirée de ouf.

Pendant que Francine se chargerait des courses et du repas, Sandrine et Fernand s’occuperont de la « com ».

La communication, c’était la toute première passion de Sandrine.

C’était même une vocation, qu’elle n’avait malheureusement pas saisi, ayant quitté l’école rapidement et le travail n’étant pas difficile à trouver, elle avait pris le premier venu.

Elle était secrétaire pour une entreprise de meuble à 22 kilomètres.

C’était un travail sur et pas trop mal payé, mais au fond d’elle ce qui lui plaisait vraiment c’était l’événementiel.

Son rêve ultime aurait été d’être organisatrice de mariage ou préparer des festivals.

Prenant donc cette mission très à cœur, accompagnés du Fernand, Ils avaient alors passé plusieurs jours à faire le tour des amis, des connaissances, passer quelques coups de fil.

On pouvait dire que ça avait plutôt bien fonctionné car environ cinquante personnes s’étaient inscrites tout de suite.

 

À vingt et une heures, il y avait déjà quarante-trois personnes installées, sirotant leurs apéritifs.

 

C’est à vingt et une heures dix qu’un inconnu est entré dans le bar.

Il était plutôt grand, les cheveux très blonds, avec une barbe discrète de quelques jours.

Il avait également une cicatrice sur la joue droite.

Son trait le plus marquant était sans aucun doute son regard.

Il avait de grands yeux verts percutants capables d’entrer en vous et de vous analyser en une fraction de section.

Il avait fait une entrée des plus remarquée comme dans un vieux western spaghetti.

Qui pouvait être cet homme ?

Tous les autres invités étaient des gens du village et des alentours et tout le monde se connaissait alors quand un inconnu atypique entre on ne peut que le voir.

Il prit une table et s’assit seul dans un coin en toute discrétion.

Les cinquante-trois couverts étaient servis et la véritable soirée allait pouvoir commencer.

Alexandre, le fils de la voisine de Francine, faisait le DJ.

Il avait profité des quelques travaux rémunérés par-ci par-là pour s’équiper en matériel de sonorisation et d’éclairage et passait des disques tout en assurant les mix.

L’homme étrange restait à sa place paisiblement, il observait attentivement chaque personne.

Était-il un flic ? Y avait-il un trafic de drogue, un réseau de prostitution ?

Il resta là et guetta, guetta bien deux heures durant.

La soirée prenait bien, les invités dansaient, chantaient, buvaient.

Peut-être un peu trop, mais bon, il faut bien faire vivre le commerce.

Puis d’un coup il devait être une heure trente du matin, l’inconnu se leva et se dirigea tout droit vers Léo.

Il se positionne juste devant lui et commence à le fixer du regard.

Léo qui était plutôt de nature bagarreuse et était souvent dans les embrouilles, prit cela à la rigolade puis lui dit.

— Qu’est qu’il y a ? Tu veux ma photo, banane ?

L’homme continua de le fixer, prit quelques secondes puis lui répondit.

— C’est toi Léo ?
— Alors tu es toujours un petit pleurnichard, qui cherche les embrouilles et finit toujours par pleurer ?
— Et là, attention, l’inconnu. C’est à moi que tu parles ?
— Pourquoi il y a d’autres Léo dans cette salle ?
— C’est bien ce qu’il me semblait, en plus d’être une vraie gonzesse, tu es stupide.

Léo ne pouvait supporter un tel affront !

Il y a eu effectivement une période dans sa vie, étant petit, où il était faible.

Les autres petits ne comprenaient pas que quand ils leur faisaient des croche-pattes ou leur piquaient leurs affaires, c’était juste pour s’amuser ou rigoler un peu. Mais au lieu de ça ils le frappaient.

Il subissait, subissait, jusqu’à ce que Jérémy le pousse trop violemment et lui provoque une fracture du tibia en tombant.

C’est à ce moment qu’il s’était fait la promesse de devenir un homme. Et ne plus jamais laisser personne lui manquer de respect.

Et sûrement pas un blondinet, qui n’est même pas du village.

Sans hésitation il se leva brusquement, serra son poing droit, prit son élan et lui envoya un crochet qui allait le mettre KO direct.

Plus de pitié !

L’étranger devait avoir senti son intention, et il devait être un soldat ou un spécialiste en art martial car au tout dernier moment il s’écarta juste ce qu’il fallait et en profita pour lui envoyer un coup de poing dans les côtes.

Le choc a été terrible et Léo surprit, fit un bond en arrière et s’écroula sur la table.

Fernand voyant l’action a tout de suite voulu intervenir et tenter d’attraper l’intrus.

Sans même se retourner, l’homme lui envoya un coup de coude qui lui arriva en plein visage, le faisant reculer et chuter.

Sa tête frappa le bar, puis il s’écroula.

L’inconnu alla ensuite voir le DJ, choisit un disque et lança « Poison » d’Alice Cooper.

Il commença à se dandiner, claqua des doigts, puis se retourna ensuite brusquement, regarda les amis de Léo et leur lança

— Alors les filles, on va se regarder dans le blanc des yeux encore longtemps ou on va finir par se battre ?

Sur ce, Fabrice se leva. Il était impressionnant du haut de son mètre quatre-vingts.

Il n’avait que dix-sept ans mais c’était déjà un grand gaillard, un bon bœuf comme on dit par chez nous.

Il avait pratiqué cinq ans de boxe dans son adolescence, il savait encaisser.

Il se prépara, monta sa garde et avança vers lui.

Il se dandina un peu en l’observant, puis tenta de lui décrocher une droite.

Son adversaire qui avait la main gauche dans le dos l’esquive sans soucis.

— C’est tout ce que tu as dans le ventre ?

Fabrice énervé revient ensuite à la charge.

Gauche, droite, crochet, puis encore une droite.

Bizarrement, on aurait dit qu’il anticipait tous les coups car il se déhanchait juste ce qu’il fallait pour n’être que frôlé.

Puis, juste avant le dernier coup, il surprend Fabrice en lui envoyant un coup de poing, juste dans l’intestin.

Le souffle coupé Fabrice s’écroula à son tour.

Les autres amis de Léo ne sachant plus quoi faire et ne voulant sûrement pas subir la même correction ne bougent pas.

Le disque s’arrêta juste à ce moment-là.

Il se dirigea alors vers le bar, régla son repas et laissa un pourboire.

Il introduisit ensuite une pièce dans la machine à un bonbon, tourna la molette, saisit le bubble gum qu’il mit tout de suite dans sa bouche.

Il attrapa ensuite Léo par le pied et se dirigea vers la sortie en le traînant.

À trente centimètres de la porte, il se retourna, regarda la salle et tous les invités le dévisageaient et dit.

— Merci à tous pour cette excellente soirée et de votre hospitalité.

Il saisit ensuite Léo par le bras, le souleva comme on soulève un sac à doc, le mit sur les épaules, puis quitta la salle.

Personne ne savait qui il était, mais ce qui est sûr c’est qu’il cherchait Léo et cette confrontation.

La scène qui venait de se dérouler était tellement surréaliste que personne n’était intervenu ou ne souhaitait s’interposer.

 

Même Francine qui pourtant était la propriétaire n’avait pas eu le réflexe d’appeler la gendarmerie.

Les bagarres dans les bars les samedis soir trop alcoolisées étaient chose courante. Ils n’avaient pas l’habitude de se déplacer dans ce genre de situation.

Sandrine fut la première à réagir quand elle constata que Fernand ne se réveilla pas, le choc avait été terrible et elle redoutait qu’il soit tombé dans la coma ou pire mort.

Francine finit tout de même par appeler les urgences et la gendarmerie dans un deuxième temps.

Fernand respirait normalement et son pouls était correct lorsqu’il l’emmenait à l’hôpital le plus proche dans un état encore inconscient.

La bande à Léo avait vite déguerpi de peur d’être impliqué malgré eux à un encore un dans un de ses mauvais coups.

Les gendarmes avaient finalement fait le déplacement car il y avait quand même un blessé grave, le SAMU étant intervenu, ils étaient dans l’obligation de faire un rapport.

 

Quel rapport ? s’énerva Sandrine, qui les accusa de ne pas faire leur travail, car ce ne sont que quelques témoignages vagues qu’ils relevèrent sans même prendre de notes ou en description de l’inconnu.

Il connaissait bien Léo et avait souvent eu affaire à lui pour des délits plus ou moins importants.

Sûrement un dealer à qui il devait une dette importante et qui venait réclamer son dû.

— Ne vous inquiétez pas, il refera bien son apparition d’ici quelques jours.

De plus, avec tout ce qu’il se passait en ce moment dans le village, ils n’avaient ni le temps ni l’envie d’ouvrir une enquête.

La soirée s’était donc terminée ainsi sans plus d’explication.

 

 

 

 

 

Chapitre 6

1er flash

 

 

 

Une semaine s’était passée depuis la visite du maire et des enquêteurs.

Elle s’était écoulée sans encombre et les soucis se réglaient un à un.

Malgré cela, les photos du gendarme et tout ce que m’avait raconté le scientifique me revenaient sans cesse en tête.

J’avais bien quelques hypothèses toutes plus douteuses les unes que les autres, mais je ne pouvais pas en rester là et trouver des explications.

J’ai épluché les journaux qui relayaient le peu d’informations qu’il arrivait à obtenir du gouvernement et des scientifiques.

J’ai élargi alors les sources en me rendant à la bibliothèque.

Autant balayer large et chercher dans tous les domaines, j’ai donc emprunté des ouvrages qui parlent d’astronomie, de phénomènes inexpliqués, de sciences occultes et d’ovnis.

Mais rien dans tout ce que j’ai pu lire ne me donne quelques pistes pour expliquer mon coma, ce trou gigantesque, la disparition de Charlie et pourquoi je me sentais si différente.

Malgré la promesse du scientifique, personne ne m’avait encore autorisé à pénétrer sur la zone.

Mes harcèlements et mes coups de téléphone répétés à la gendarmerie ont donc fini par payer puisqu’ils ont accepté que je retourne sur les lieux du crash et que je fasse des recherches pour tenter de retrouver mon chien.

À la seule condition bien sûr qu’ils m’accompagnent.

Ce sera également l’occasion de faire le point et raviver quelques souvenirs.

Le rendez-vous était fixé au samedi matin à 10 heures à la gendarmerie.

Je me suis donc rendu à vélo.

Les deux enquêteurs m’attendaient devant et nous sommes partis tout de suite, sans prendre un café ni faire le point sur l’avancement de l’enquête.

Nous nous sommes rendus sur les lieux en voiture de la gendarmerie, les deux enquêteurs étaient assis devant et moi sur le siège passager.

En d’autres circonstances, si ma mère m’avait vu passer, elle aurait tout de suite paniqué. Cette idée me fait toujours autant sourire.

 

En arrivant sur les lieux, je n’ai rien ressenti, alors que je m’attendais à revivre certains souvenirs.

Ces images, je les ai repassés cent fois, dans ma tête.

Cela me réveillait même certaines en sueur, en revivant le moment où j’ai été frappé par la « Foudre ».

Le cratère était là devant moi, encore plus gigantesque et impressionnant que sur les photos.

Je commençais à regarder autour de moi.

La théorie de la météorite fut complètement abandonnée, quand j’observais les alentours.

Imaginez un rocher de milliers de tonnes s’écrasant sur terre, il y aurait dû avoir des blocs de terre tout autour.

Le souffle aurait dû pencher ou carrément arracher les arbres et la végétation.

Encore une fois, je ne m’explique pas ce qu’il avait pu se passer.

Le scientifique proposa alors de s’approcher du cratère.

Étrangement plus nous nous approchions du trou, plus je ressentais des fourmillements.

Ils commencèrent dans le pied gauche, puis remontèrent dans la jambe et me paralysèrent finalement le bras droit.

C’est à ce moment que j’entendis des voix qui m’appelaient sans comprendre d’où elles pouvaient venir.

— Viviane, c’est toi ?
— Approche-toi !
— Rejoins-nous. Nous avons besoin de toi ?
— Viviane, Viviane…
— Qui ? Qui m’appelle ?
— Qui êtes-vous ?

 

L’inspecteur qui du me prendre pour une folle ou Jeanne d’Arc s’approcha et me lança.

— Est-ce que ça va ? vous êtes toute pâle ?
— Oui, je… je me sens toute bizarre, vous avez entendu ces voix ?
— Quelles voix ? Il n’y a que nous ici.
— Viviane, dépêche-toi, approche-toi !
— Et maintenant, vous n’avez rien entendu, on m’appelle ?

Le sifflement, il revient.

 

— VIVIANE !

Je n’ai entendu que mon prénom, très fort dans ma tête avant de m’écrouler.

À ce que m’a raconté l’inspecteur, je me serais évanoui comme ça d’un coup sans signe précurseur.

Pour moi c’est comme si j’étais dans un rêve, mais pas un cauchemar, bien au contraire, j’étais bien, apaisé, presque euphorique.

Je me suis vu tomber en arrière, et à quelques centimètres du sol, je me suis mise à flotter.

Puis je me suis élevé à un mètre, puis deux et trois. Ensuite, je me suis retourné et j’ai commencé à voler.

Cela ne pouvait être qu’un rêve, il n’y a que dans les rêves ou l’on vole.

J’étais juste au-dessus des enquêteurs qui ne bougeaient pas. Comme si le temps s’était soudainement figé.

Comme si on avait mis « pause » dans un film.

Sur le film de ma vie, sur moi ?

Cela devait être les prémices de ma mort car on dit souvent que dans les dernières secondes on voit toute sa vie défiler devant soi, comme un K7 vidéo que l’on passe en accéléré.

Mais alors que je m’attendais à faire en retour en arrière rapide et me revoir bébé, je suis parti d’un coup. Telle une fusée qui venait d’atteindre le Zéro du compte à rebours.

J’ai d’abord survolé le pré, la forêt, le clocher du village, puis tout en accélérant j’ai changé d’inclinaison pour prendre de plus en plus d’altitude.

En quelques secondes seulement, j’étais dans l’espace.

Je pouvais respirer, j’étais bien, j’aurais pu continuer jusqu’au fin fond de l’univers.

Mais alors que j’avais la lune en face de moi, je me suis retourné d’un coup.

Je ne savais pas à quelle distance de la terre je me trouvais, mais je pouvais la contempler dans sa globalité.

Je distinguais parfaitement les continents et les océans.

J’étais entre l’Europe et l’Afrique.

Puis, alors que j’observais sur ma droite ce que je pensais être la station MIR.

Je ressentis une secousse, qui me traversait tout le corps cette fois-ci, mais sans aucune douleur.

C’est comme si j’avais traversé un mur d’eau très mince.

La station MIR avait disparu. Il n’y avait plus aucun satellite alors que les continents et les océans étaient toujours là, à la même place.

Mais quelque chose était différent. Ce n’était plus la même terre, notre terre.

Je ne saurais dire exactement ce qui était différent, mais je savais ou plutôt je ressentais que ce monde n’était pas le nôtre.

Comme au jeu des sept différences, j’analysais chaque parcelle de notre globe, Quand tout à coup, derrière moi surgit un vaisseau spatial. Il était gigantesque avec beaucoup de lumières bleues et rouges.

J’ai vraiment cru que je rêvais.

Car comme dans les rêves, on peut vivre des situations très proches de la réalité pour qu’ensuite viennent se greffer des éléments complètement incohérents.

En étant allé voir la guerre des étoiles il y a deux semaines, j’avais sûrement dû voir ce vaisseau dans le film.

Il continuait en direction de la terre, puis il traversa l’atmosphère et je suppose qu’il avait dû atterrir quelque part car je ne l’aperçus plus.

Le temps s’accélère tout d’un coup, comme quand on appuie sur la touche avance rapide des magnétoscopes.

Pour enfin s’arrêter jusqu’à cette scène terrible où la terre explose.

Des débris s’envolèrent dans tous les sens, je voulais partir, m’éloigner le plus loin possible.

Quitter et oublier cette vision d’horreur.

Mais j’étais figé, je ne pouvais bouger car je ne contrôlais pas mon corps.

J’allais sûrement mourir dans l’onde de choc qui s’approchait de moi à toute allure ?

Je pouvais juste fermer les yeux et retenir ma respiration en espérant que ça passe.

Je me rappelle m’être dit :

— Ma fille y est, c’est ton heure.

Mais au lieu d’être expulsé et partir avec l’onde de choc, j’ai retraversé le mur d’eau en douceur.

Tout s’est alors accéléré, et c’est allé tellement vite que je n’ai rien vu du voyage de retour.

En quelques secondes, je suis revenu dans notre ville puis j’ai réintégré mon corps.

Le temps avait passé aussi sur la terre et n’était pas figé comme je l’avais imaginé car les inspecteurs étaient accroupis près de moi et tentaient de me réanimer.

Et c’est dans ces moments on l’on passe du réveil la réalité, de l’état presque inconscient à conscient que j’ai entendu.

— Viviane, Viviane… Nous devrions te montrer ça. Tu comprendras.

Je n’ai pas compris tout de suite lequel des inspecteurs me parlait et surtout pourquoi il me disait cela.

Montrer quoi ? Comprendre quoi ?

Est-ce le genre de parole que l’on prononce pour réveiller quelqu’un ?

Ce n’est que plus tard dans la journée que j’ai réalisé que la voie qui m’avait dit ça était celle qui m’avait attiré dans ce rêve.

Mais au fond était-ce bien un rêve ?

 

 

 

 

 

Chapitre 7

Léo et Eol

 

 

 

— Léo, Léo réveille toi.

 

Le ravisseur et Léo étaient dans un garage désaffecté en dehors de la ville.

Cela devait être le refuge de l’inconnu.

Il l’avait transporté sur ses épaules jusqu’à ici.

Léo qui avait subi un choc puissant ne s’était pas encore réveillé.

Il avait alors pu l’attacher à une chaise en bois bancale, avec des fils électriques de voiture qu’il avait dû dénicher dans l’atelier.

Quel coup foireux avait-il pu lui faire afin qu’il le prépare de cette manière ?

Se préparait-il à le torturer ?

Était-ce pour le plaisir, de la vengeance ou pour lui soutirer des informations importantes ?

Avec Léo, il ne fallait douter de rien, il se pourrait même que ce soit pour les trois à la fois.

Il était donc maintenant prêt pour son interrogatoire, et l’individu, commençant à perdre patience, lui mit une grande claque sur la joue droite sans effet.

Il alla alors remplit en seau d’eau froide, qu’il lui jeta dessus.

Cette méthode fut beaucoup plus efficace car elle le réveilla en sursaut

— Que, qu’est-ce que je fais ici ?
— Mais, mais c’est toi ? Pourquoi tu m’as emmené ici ?
— Détache-moi !
— Calme-toi, je vais tout t’expliquer
— Je m’en fous de tes explications enculées, détache-moi, putain.

CLAC, fit le bruit d’une autre claque sur la joue gauche, cette foi.

— Ta mère ne t’a pas appris la politesse ?
— Je t’ai dit que j’allais tout t’expliquer, je vais te détacher après, ne t’inquiète pas.
— Si je t’ai convoqué, c’est parce que j’ai besoin de toi, ça fait un moment que je te cherche.
— Et pourquoi tu me cherches ? Merde !
— J’ai besoin de toi, ton corps et ton esprit.
— Je me suis échappé mais je n’ai pas pu sauver mes compagnons qui ont été exécutés.
— C’étaient mes plus fidèles mercenaires.
— Et maintenant que je suis libre, je dois réformer mon clan.
— Des mercenaires ? T’es un gangster, un voleur ?
— Disons que je ne suis pas du coin. On a fait plein de « casse » comme vous dites chez vous.
— On faisait régner la terreur et le monde avait peur de nous, nous étions riches.
— Mais malheureusement lors de notre dernier coup, nous sommes tombés dans une embuscade et ils nous ont attrapés.
— Nous avons passé cinq ans dans une prison pire que l’enfer en attendant notre jugement.
— Seul dans des pièces, séparées et dans le froid.
— Mais j’avais un plan, lors de notre jugement, nous devions nous échapper, mais mes équipes chargées de cette mission m’ont trahi.
— Plusieurs de mes mercenaires ont été exécutés sous mes yeux.
— Ce qui m’a fait rager.
— C’est à ce moment que mon plan b est arrivé.
— Mais celui-ci ne s’est pas passé comme prévu. Il n’y a que moi qui ai pu m’enfuir finalement.
— OK, OK mais et moi dans tout ça, je fais quoi dans cette histoire ?
— Toi, mon cher Léo.
— Disons que je suis arrivé un peu par hasard dans ton village, je ne peux pas retourner chez moi, et je pense que plus personne ne me recherche maintenant.
— Par contre je peux remonter mon clan et redevenir riche et respecté.
— Je t’ai choisi car tu es fourbe, malhonnête, bagarreur mais aussi meneur d’hommes.
— Je t’ai provoqué dans le bar car je voulais être sûr que tu allais être l’homme de la situation.
— Ce que je te propose c’est de devenir mon bras droit, mon premier lieutenant.
— De former notre nouveau clan, et je te promets que d’ici peu nous seront riches.
— Qu’en penses-tu ?
— Non mais j’en ai rien à foutre de tes conneries, libère-moi, c’est tout.
— Ce que tu n’as pas compris, c’est que je t’explique pour t’informer, pas pour que tu me donnes ton accord.

 

Il lui colla une sorte de puce électronique sur la tempe.

Léo se mit alors à trembler de tous ses membres, ses yeux commencèrent par clignoter jusqu’à se retourner pour finalement ne montrer que le blanc.

C’était comme s’il subissait une électrocution et qu’il recevait des flashs.

Peut-être cherchait-il à crier et à hurler mais il ne le pouvait pas car sa mâchoire était contractée.

Puis au bout de 3 minutes 53, ça s’est arrêté.

Ces yeux se sont refermés, tous ces membres se sont relâchés, sa tête est tombée en avant.

Plus de tremblement ou de spam, une respiration calme, très calme, plutôt lente même.

Il semblait même apaisé, dans un état de transe ou comme s’il était en train de faire un rêve merveilleux.

 

Son ravisseur, lui, assista à toute la scène posément, calmement.

Il attendait impatiemment qu’il se réveille.

 

Léo reprend son souffle, ouvre ses yeux, regarde fixement l’intrus et lui dit.

— Zéon, c’est toi ?