Le jugement de la Terre - DLP - E-Book

Le jugement de la Terre E-Book

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Beschreibung

« Je suis venu seul dans la salle du jugement. Je n’ai pas voulu attendre que mon accompagnateur vienne me chercher. Je suis là pour leur montrer que je n’ai pas peur d’eux, même s’ils vont me détruire, ainsi que le monde qui m’a vu naître. Ils vont nous détruire sans discrimination entre le bon grain et l’ivraie. L’on ne peut décemment tuer un innocent au milieu d’une bande d’assassins pour être sûr que ces assassins soient éliminés. »
Une civilisation galactique kidnappe un Terrien et il doit devenir l’avocat de la Terre. Cette civilisation met en accusation la Terre pour exportation d’images et de vidéos de violence sur les ondes électromagnétiques dans la visée d’exporter son animosité vers autrui. Si la plaidoirie échoue, la race humaine sera éradiquée. Réussira-t-il à sauver la planète ?

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Veröffentlichungsjahr: 2023

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DLP

Le jugement de la Terre

Roman

© Lys Bleu Éditions – DLP

ISBN : 979-10-377-8309-7

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Ce livre est dédié aux comiques qui se choisissent des incompétents pour leur lieu de soi-disant travail ;

aux fonctionnaires généraux qui promeuvent des béni-oui-oui au lieu des compétents nécessaires.

Première partie

L’enlèvement

Prologue

Pendant notre plus tendre enfance, durant toute notre période de vulnérabilité mentale, les différentes religions ou philosophies nous bourrent le crâne sur une justice céleste, qui pèsera un jour nos fautes. Nous devons nous conduire en bons croyants ânonnant des préceptes basés sur l’aveuglement, l’obéissance absolue au dogme. Cela continue durant l’adolescence. Toutes les religions ont ce principe inscrit dans leur doctrine. Nul ne se pose une question fondamentale : est-ce que nous avons le droit de choisir pour nos enfants et de leur imposer une culture, une idéologie ? Honnêtement, non ! Quand ils sont devenus adultes, ils sont conditionnés et leur choix est fatalement biaisé.

Le choix d’une religion devrait se faire à l’âge adulte. Pendant l’enfance et l’adolescence, l’enseignement de toutes les religions devrait être dispensé aux futurs croyants. Les religieux ne veulent pas de ce système car ils perdraient beaucoup de leurs adeptes et ils seraient réduits à la mendicité ou au travail comme tout citoyen qui se respecte.

La religion égyptienne a duré plusieurs millénaires. À notre connaissance, au moins quatre. Elle indiquait que, lors du passage dans l’au-delà, le cœur du croyant serait pesé et s’il pesait plus lourd qu’une plume, l’âme serait jetée aux tourments éternels.

L’Islam a inventé une carotte plus intéressante. Elle titille la libido des mâles en chaleur en leur promettant un harem de houris (1) mis à leur disposition. Les femmes, délaissées, n’ont pas droit à leur sérail d’étalons qui les respecteraient enfin en tant que femmes. Cela démotiverait leurs maris qui ne seraient pas de taille à supporter la comparaison. Ils seraient relégués au trente-sixième dessous, c’est-à-dire trop bas pour leur orgueil, et les houris se retrouveraient avec, entre leurs doigts, des chiffes molles.

Je me suis posé la question : Est-ce que c’est une manière sociale de maintenir sous son joug les humains de son groupe religieux, philosophique ou culturel ? Est-ce que cette justice immanente existe réellement ? Ou bien doit-on uniquement croire en la justice des hommes qui tombe de plus en plus en déliquescence par la faute de ces mêmes hommes sans caractère ?

À notre époque, un meurtre est devenu une chose tellement banale. On oublie la victime qui aurait mieux fait de ne pas être là au moment des faits. C’est elle la coupable. Les avocats sans conscience vont même tenter de prouver la culpabilité de la victime. Elle est la cause de son meurtre. Elle a provoqué l’action. Le meurtrier n’est que l’instrument utilisé par la victime pour se faire disparaître. Il faut pardonner au pauvre petit assassin qui n’a pas eu de chance dans la vie. Une vie humaine ne vaut que quelques euros en compensation d’une « erreur ».

Si le coupable est un notable, obtenir la punition d’un tel assassin devient une gageure pour les parents de la victime surtout s’ils sont pauvres ou de la mauvaise couleur ou d’une autre religion. La justice des hommes s’empresse de libérer ce notable après un simulacre de jugement et quelques mois d’écartement. En revanche, si vous êtes pauvre, le meurtre d’un notable sera suivi d’une sanction exemplaire.

La justice n’est que pour les riches et encore seulement quand ils ne se bouffent pas entre eux. Dans ce cas, seul le reître est parfois condamné s’il n’est pas éliminé avant de passer en justice pour sauver les apparences de son maître. Le riche peut se payer une armée d’avocats qui ne seront pas pro deo.

Cette justice immanente souvent mise en exergue par tant de gens issus de tous milieux peut-elle prendre une forme totalement différente de celle que l’on s’attend à avoir sur la tête ?

L’homme n’a encore qu’un verni de civilisé. En lui, gronde toujours l’animal préhistorique qu’il a été pendant des millions d’années. Ce ne sont pas les millénaires pour certains, les siècles pour d’autres, voire seulement les quelques années de civilisation pour les derniers, qui vont y changer quoi que ce soit. L’homme reste un loup pour l’homme.

Les derniers siècles montrent que le phénomène a encore empiré. L’homme ne maîtrise toujours pas ses instincts violents. L’homme a un comportement grégaire mais non social. C’est pour cela que des lois de plus en plus compliquées tentent, en dépit du bon sens, de le faire entrer dans un canevas dit moral et social. Ne voit-on pas dans certains pays dits civilisés des dirigeants refuser à leurs concitoyens d’obtenir un minimum de confort social et cela au nom de l’économie ? S’ils gaspillaient moins leurs forces à se prendre pour Zorro qui s’en va en guerre, ils pourraient donner au centuple ce qui est nécessaire pour que tous vivent dans le confort. Que de milliards gaspillés au dieu Arès et à ses suppôts : Les marchands d’armes.

Certaines religions indiquent que l’homme revient sur Terre expier ses fautes par une renaissance inférieure à sa vie antérieure s’il a péché. D’autres ont inventé l’Enfer avec son diable à queue fourchue et ses marmites où les mauvais humains mijotent jusqu’à la fin des temps. Ils n’ont pas inventé la carotte, ils ont créé le bâton. Ça a son efficacité aussi.

Le jugement dernier ne serait-il pas autre ? Ne serait-il pas plus proche qu’on ne s’y attend ? L’espérance de vie de notre soleil est de plusieurs milliards d’années. La Terre vivra presque autant, sauf si l’homme la détruit. Mais la race humaine, combien de temps vivra-t-elle encore en se créant des moyens de plus en plus dévastateurs bien qu’ils soient interdits par des traités de non-prolifération signés mais non respectés ?

L’homme de la Terre est trop imbu de lui-même pour reconnaître que d’autres peuples puissent exister et même être plus civilisés que lui dans le cosmos. Pourquoi ces autres peuples n’en viendraient-ils pas à juger le Terrien, non selon nos normes mais selon les leurs ?

Si un tel jugement devait être pris en fonction de notre comportement global, la Terre survivrait-elle à cet affrontement ? Sincèrement, j’en doute. La fin des temps serait proche pour l’espèce humaine. Elle devra payer chèrement ses erreurs.

Nous sommes presque huit milliards d’humains. Fin de ce siècle, il y en aura quarante si l’humain survit à sa propre destruction.

*

* *

L’enlèvement

Vendredi : douze heures tapantes.

Dans quatre heures, ma semaine de travail sera enfin terminée. Je pourrai me détendre après la tension nerveuse imposée par l’instance supérieure, un mec qui a eu sa place grâce à sa carte politique mais qui n’est pas fichu de gérer son monde. Depuis une bonne demi-heure, le nombre de coups de fil a sérieusement diminué. Les autres font comme moi, ils remettent en ordre leur bureau pour paraître parfaits vis-à-vis du patron.

Les apparences que nous devons montrer sont parfois absurdes. Nous devons montrer une apparence de compétence alors que la formation pour acquérir cette compétence nous est interdite. Nous ne pouvons acquérir une compétence supérieure à celle du patron sinon les clients verraient le problème (2).

Je ferme le dossier que je consultais. J’en ai marre de cette connerie. Les gens du Cabinet se prennent quasiment tous pour des dieux alors qu’ils sont loin d’être des lumières. Ils ont peut-être fait de belles études de sciences PO ou sociale, mais dans le reste ils sont plus que nuls. À moins d’être con comme la Lune, seul un imbécile raterait ce genre d’études. À côté de celles d’ingénierie ou de juriste, c’est de la bibine pour demeurés.

Ces gaillards n’inventeraient même pas le fil à couper le beurre, et ils se croient supérieurs aux pauvres petits fonctionnaires que nous sommes alors que nous avons dû passer des examens pour accéder à notre poste, eux, il a suffi qu’ils soient maqués avec un politicard de bas étage. Ils nous traitent de haut. Le chef de Cabinet adjoint n’a-t-il pas clairement dit en réunion :

« Vous n’avez rien à dire ici. Vous êtes là pour écouter ce que j’ai à vous dire. » (3)

J’ai dû écouter la connerie jusqu’au bout. J’en bouillais de rester là sans pouvoir répliquer à cet imbécile. Au moindre mot, à la moindre réflexion de ma part, il aurait trouvé le moyen de rédiger un rapport sur moi. Ils se prennent pour le Père Éternel par l’orgueil mais certainement pas par l’intelligence.

Je soupire en refermant le classeur noir. De toute façon, quoi que je fasse ou quoi que je dise, ils n’en feront qu’à leur tête. Les ministres ne détestent pas le fait de détourner la loi (4). Démagogie, où nous mèneras-tu ?

J’ai dans la farde, que je viens de refermer, la lettre écrite par un imbécile. Le gaillard se plaint amèrement qu’il n’entend pas les sirènes des véhicules prioritaires quand il met à fond sa radio quand il conduit. Le plaignant demande que l’on prévoie un système de coupure automatique à distance de sa radio pour qu’il puisse entendre ces véhicules prioritaires. La réflexion m’a stupéfié. Comment un tel péquenot a-t-il pu pondre une telle prose ?

Je lui ai répondu qu’en toutes circonstances il devait rester maître de la conduite de son véhicule et qu’il devait rester attentif aux injonctions données par les forces de l’ordre. C’est écrit texto dans le code de la route.

De toute façon, prévoir un tel système de coupure automatique du signal radio ne servirait à rien si le gugusse a mis une cassette ou un disque ou s’il discute avec sa gonzesse. Dans ce cas, il faudrait peut-être prévoir un bâillon automatique pour museler le gaillard ou sa gonzesse. Si nous imposions cette mesure radicale, Bobonne ferait appel au MLF pour atteinte à son droit de parole. On ne peut pas museler Bobonne même si les deux gaillards ne font aucunement attention à la conduite du véhicule mais plus à leur bla-bla.

Par démagogie et pour ne pas se faire mal voir en disant la vérité, les chefs, attentifs au respect civique du citoyen, ont pondu un texte magnifiant, en biffant le mien. Les ploutocrates disent que les fonctionnaires chargés des relations internationales veilleront à l’étude et à la modification des normes en vigueur pour que cette possibilité intéressante soit envisagée. Va-t-on cesser de prendre les fonctionnaires pour les poubelles des idées farfelues ? Répondre cela c’est se moquer du citoyen car l’on sait pertinemment que l’on ne fera rien en ce sens.

Quand je pense à cette réponse idiote, je suis dégoûté d’effectuer mon travail convenablement. Ce conducteur du dimanche a déjà eu deux retraits du permis de conduire pour fautes aggravées vis-à-vis de véhicules prioritaires et on lui répond cette bafouille. C’est à en vomir. Il serait temps de dire aux cons :

« Vous avez des ennuis parce que vous faites les cons (5). »

Malheureusement, il n’est pas possible d’écrire cela à un citoyen, fut-il le pire con du pays.

Pour me changer les idées, je vais dans le couloir chercher une tasse de café ministère. Aller chercher la lavasse du jour me fera du bien. Aujourd’hui, je ne sais pas ce qu’ils ont mis dans les thermos mais c’est une sacrée purge à vous nettoyer les tuyauteries. Le seul avantage du liquide, c’est qu’il est chaud. Surtout qu’il fait plutôt froid depuis qu’ils ont décidé des économies de bouts de chandelles en coupant le chauffage en plein mois d’avril.

Il fait à peine quinze degrés dans mon bureau comme je peux le constater à mon thermomètre mural. Je suis obligé de travailler avec mon manteau. Si cela continue, je devrai garder mes gants (6). Ce sera parfait pour taper sur un clavier. Le rendement est plus que ridicule dans un tel environnement glacial contraire au règlement du travail. Après cela, on dira encore des fonctionnaires que ce sont des « faits néants » (7).

*

* *

Treize heures sonnent au carillon de la plus proche église. Je referme ma lecture de midi et je place le livre au fond de ma serviette. Je relis avec humour la plaisanterie proposée par un inventeur méconnu, médaillé par tel et tel concours Lépine. L’incompris appréhende le fait malheureux que ses œuvres primées ne soient pas utilisées par les industries. Il en découvre une profonde meurtrissure. Il se sent brimé et il nous demande de l’aider en promouvant son bidule.

Ces pauvres rêveurs pensent révolutionner les lois, les règlements avec des inventions absurdes. Cet illuminé a soi-disant inventé un piège à particules pour moteurs Diesel. Camionneur bricoleur, il a placé entre le moteur et le pot d’échappement une turbine qui devrait capturer les particules émises par un moteur de poids lourd. Le gaz d’échappement a, à cet endroit, une température de six cents degrés centigrades. Un champ électrique provoque une déviation des particules dues à la combustion. La déviation est fonction de leur masse et de leur charge électrique. Les particules doivent retomber en majorité dans un pot de recueillement. En théorie, c’est parfait.

Le gaillard s’est amené avec un ensemble de ferrailles que nous ne pouvions pas examiner de près pour ne pas découvrir son fonctionnement. Protection du brevet ! Ça, il ne nous l’a avoué qu’après l’essai quand nous avons exigé une explication. Il ne pouvait plus se réfugier derrière le secret d’un brevet.

Effectivement, lors de l’essai réalisé en laboratoire, la mesure des particules a montré une amélioration importante des paramètres de sortie du pot d’échappement. L’amélioration est tellement importante que les indicateurs frôlent le zéro. Le moteur ronronne sourdement sur le banc d’essai. Je remarque la mine perplexe des laborantins. Comme je connais la composition de la cochonnerie (8) mise en vente libre, il n’est nul besoin de s’emparer d’une calculette pour savoir que rien ne se perd dans notre univers. S’il n’y a rien qui sort, il faut que cela soit stocké quelque part et que cela sorte à un moment ou un autre. Nos moteurs ne sont pas encore capables de détruire toutes les particules présentes dans les carburants utilisés. Le seul moteur qui ne pollue pas est celui qui fonctionne à l’hydrogène.

Comme il n’y a pas de miracle, il faut bien que les polluants soient quelque part dans l’appareillage supplémentaire installé derrière le moteur d’essai. Je discute quelques secondes avec le chef du Laboratoire des Produits Pétroliers. Il confirme mes pensées mais il faut le prouver.

Je veux en avoir le cœur net. Je me décide à donner un coup d’accélération non prévu dans le programme de test de la directive pondue par la Commission européenne. Je fais grimper plusieurs fois le nombre de tours par minute à son maximum pour simuler le pompage du pied sur l’accélérateur et simuler ainsi une accélération brusque. La rotation du moteur s’emballe. L’aiguille du tachymètre grimpe presque jusqu’à la ligne rouge. Au troisième coup d’accélération, un nuage noir s’échappe et empoisonne totalement l’air à la sortie du pot. Tous les indicateurs de sortie passent eux aussi dans le rouge.

Le pot de rétention des particules a libéré son contenu en une seule fois. Heureusement que le gaz ainsi produit est envoyé dans des filtres supplémentaires à la sortie des canalisations avant d’être rejeté dans l’atmosphère. S’il n’y avait pas ces filtres, l’on pourrait croire à une attaque au gaz. J’interromps l’essai en concluant négativement. Cet inventeur a essayé de détourner une norme de son principe. C’est à ce moment-là que, contrit, il explique le fonctionnement de son bidule qui a quand même reçu un prix du bricolage.

Les particules de suie peuvent facilement être électrisées en raison de leur température. Elles sont donc déviées de leur course normale et envoyées dans un réceptacle. La sortie des gaz d’échappement est plus propre. Seulement, et c’est cela le hic, si une accélération brusque est donnée par un conducteur, la quantité de gaz arrivant dans les tuyauteries est telle qu’elle aspire le contenu du réceptacle malgré l’électricité statique qui l’englobe. Toute la suie issue de plusieurs milliers de kilomètres de conduite est envoyée en un seul coup dans l’atmosphère produisant un nuage noir asphyxiant et toxique. Avec une bonne intention au départ, un inventeur génial a joué à l’apprenti sorcier. S’il y a des dégâts, il dira, comme un abruti :

« Je ne savais pas ! »

Le gaillard ne devait pas connaître le principe de précaution avant d’essayer son machin. Je clos cette pensée en fermant mon rapport négatif. Je l’insère dans un signataire à l’intention du big boss qui voudra lire ou non ma bafouille avant de la signer de son Blanc-seing bien qu’il n’y comprenne pas le moindre mot. Ses connaissances technologiques frisant le zéro absolu, il lui est impossible de comprendre et donc de réfuter la moindre ligne.

*

* *

Quatorze heures moins le quart.

Je viens de terminer la relecture d’une demande du Cabinet. Je dois être présent à une réunion qu’ils organisent, cet après-midi, en vue de réglementer la publicité sur les autobus et les tramways. Je me rappelle avoir reçu, il y a quelques mois, une question européenne à ce sujet. Je fouille mes archives et je retrouve ma réponse.

J’y jette un coup d’œil. J’ai renvoyé la balle dans le camp de la Commission qui nous demandait pourquoi nous mettions un frein à la publicité électronique sur les autobus. Je les ai mis devant leurs responsabilités en indiquant que les feux sur un véhicule à moteur sont soumis à la directive-cadre écrite par ladite Commission. S’ils veulent que des feux supplémentaires soient prévus, ils doivent en écrire les dispositions réglementaires. Après ce commentaire, ils n’ont plus fait de leur nez. Ce n’est pas à un pauvre petit fonctionnaire de résoudre les problèmes créés par nos chers technocrates (9).

Je prépare le dossier, ainsi j’aurai de quoi répondre. Je n’ai plus qu’à aller écouter leurs desiderata.

*

* *

Je ferme mon bureau à clef. Les vols sont fréquents avec tous les quémandeurs qui circulent dans les couloirs. Notre administration est une vraie passoire, un moulin à vent où chacun vient pleurer pour nous arracher une signature, nous invectiver pour notre lenteur, mais rarement pour nous remercier (10). Nous devrions afficher nos problèmes pour que le citoyen cesse de nous tanner le cuir et qu’il s’en prenne aux responsables de ses malheurs.

En vingt ans, notre service a perdu plus de vingt pour cent de son personnel, mais sa charge de travail a augmenté de deux cent trente pour cent. Si une société privée se trouvait dans notre situation, elle serait en faillite depuis longtemps. Nous, nous bâclons notre travail. À chaque instant, nous risquons la prison car nous signons les yeux fermés des chèques en blanc car l’on nous refuse les moyens d’effectuer correctement notre travail.

Comme nous sommes gouvernés par de beaux parleurs qui aiment les ronds de jambes, et non par des compétents, il ne faut pas s’étonner de l’état de délabrement chronique des institutions. Le jour où l’on choisira les ministres en fonction de leur niveau de compétence, le monde fonctionnera mieux. Les fonctionnaires doivent réussir des concours, les politiques seulement les urnes. S’ils devaient réussir des examens de compétence, il y aurait peu de politiciens. Cherchez l’erreur. Elle est énorme.

Pour garder une forme physique suffisante, je descends les cinq étages par les escaliers en marbre de notre Résidence dont nous sommes peu à peu chassés par ceux du quatrième pouvoir. La petite cité administrative est de plus en plus encombrée par les inutiles qui nous délogent peu à peu. Le tape-à-l’œil vis-à-vis de la société internationale est là pour couvrir l’incompétence à gérer les affaires internes.

Je marche le long d’une rue de la Loi polluée au maximum possible par le trafic routier trop important pour cette artère fondamentale. Cela pue. Bientôt, nous devrons porter des bouteilles à oxygène.

L’odeur du purin affecte moins mes narines que cette pestilence nauséabonde et néfaste à la santé. Des extracteurs d’air pollué devraient être placés même hors des tunnels pour permettre aux piétons de se déplacer en ville sans risquer d’avoir des problèmes de respiration.

À un feu vert pour les piétons, je manque de me faire heurter par un véhicule utilitaire qui virait sur sa gauche. Je houspille le chauffeur du dimanche qui ne connaît pas son code de la route. Le gars s’en fout. Il me fait un bras d’honneur. « Les routiers sympas ! », voilà un slogan désuet.

Je suis heureux d’entrer dans le bâtiment du Cabinet pour échapper à ce poison que d’aucuns considèrent comme naturel, surtout les pétroliers pour qui l’argent n’a pas d’odeur.

Je me présente à l’accueil. Une jeune femme répond à une communication téléphonique. J’attends quelques secondes avant qu’elle ne soit libre.

« Bonjour ! Mon nom est Daniel la Pierre, de la Circulation routière. Je viens pour la réunion sur la publicité sur les autobus. »

La mignonne a un sourire éclatant. Ça change des habituelles constipées. Je me demande si elle ne fait pas de la pub pour un dentifrice.

« La réunion se déroulera au septième étage. »

Je me dirige vers l’un des deux ascenseurs. Je commence à me retrouver dans la boîte. La cabine s’ouvre et elle se vide d’un flot de visiteurs. J’entre et la cage grimpe vers les hautes sphères. J’entre dans la salle de réunion bien chauffée. Il ne faut pas que Madame la Sinistrose ait froid à ses fesses. Il n’en est pas de même pour les pauvres ploucs qui dépendent d’elle et qui se les gèlent dans leurs bureaux sans chauffage. Nous ne sommes que parties négligeables.

Je suis le premier arrivé dans la salle. Je dépose ma serviette sur la table. J’enlève mon manteau et mes gants que je place dans une poche et je l’accroche à une patère. Je me sers un café pour me réchauffer et un jus de fruits. Le café est agréable à boire. Je vide la tasse en un clin d’œil. C’est autre chose que notre lavasse. Nous n’avons assurément pas le même estomac. Un estomac de ministre est certainement plus délicat que celui d’un obscur fonctionnaire. Une zone de chaleur me ravigote sans me démolir les tuyauteries. C’est un Colombien. Ici, on ne se refuse rien.

Verre en main, je me dirige vers les baies vitrées et je contemple le spectacle tonitruant de la rue. Je sirote mon jus en observant les comiques passer à l’orange, voire au rouge, sous le regard indifférent des flics. Tant qu’on ne leur cassera pas les reins convenablement, les comiques continueront à se moquer du code de la route et les poulets bayeront aux corneilles. Il faut dire qu’il y a ici de fameux numéros qui se prennent pour des cow-boys.

J’en ai rapidement marre de cette désinvolture. Je m’assois en dégustant mon verre, mais ce n’est pas pour un long moment de paix. J’entends des bruits de pas dans le couloir. Le cher Duval arrive, précédant deux personnages très typiques.

L’homme ressemble à un hippie échappé de Woodstock dans les années soixante. Je me demande si je ne me trompe pas de lieu ou d’époque. Je m’attends à ce qu’il sorte de sa poche un joint, mais il ne prend qu’un mouchoir pour se tamponner le front.

La femme est une grande perche mince comme un fil, mais dont le sourire réchaufferait un mourant à l’heure de passer l’arme à gauche. Sa robe jaune pâle au décolleté en pointe se termine par des franges style western country. Elle est moulée comme dans un gant qui rehausse la vallée profonde où le regard des hommes aime plonger. Il vaut mieux que je n’y regarde pas trop sinon mes yeux vont sortir de leurs orbites et tomber dans les accessoires sous-jacents à la robe.

Duval me fait la présentation des deux escogriffes. Nous nous serons la pince. La main de la femme est si fine que je n’ose la lui serrer. J’apprends que le gaillard est un juriste attaché au Cabinet mais venant d’un grand cabinet d’avocats. Elle est une conseillère du Cabinet. Elle est en charge des dossiers relatifs aux intérêts économiques.

Ils ont attiré du monde tous azimuts pour obtenir leur quota de personnel. Hélas, ils ne brillent pas tous par l’intelligence. Mon collègue du Transport Terrestre n’est pas encore arrivé.

Nous parlons de choses et d’autres pendant quelques minutes. Joseph, pour les intimes, arrive sur ces entrefaites. Il est venu du centre-ville par le métro. Il a pris son temps, sans se presser, comme Zorro. Joseph salue ces messieurs, dame et il s’assoit en face de moi après s’être arrogé une tasse de café noir. Il sourit dans sa barbe poivre et sel. C’est un petit bonhomme d’un mètre soixante à tout casser, toujours jovial.

Duval distribue à tout le monde deux documents préparés par le Cabinet via en réalité le cabinet d’avocaillons. J’y jette un coup d’œil rapide. Il y a trois pages pour le premier projet et quatre pour le second. Je repasse, plus circonspect, les différents considérants des deux projets. Je me bidonne intérieurement en regardant les conneries inscrites. Si je le pouvais, j’aurais un rire homérique si tonitruant que je réveillerais notre Sinistrose.

Ces deux torchons dépendent d’une loi de 1808, datant du Code Napoléon, d’avant la création de l’État. En quasiment deux siècles, nos parlementaires n’ont pas été foutus de mettre de l’ordre dans ce fatras. Ces deux cents ans d’absentéisme mental caractérisé, cela démontre le peu que les parlementaires travaillent. Si notre réglementation technique était autant en retard, nous conduirions nos voitures avec un fouet pour faire avancer les chevaux-vapeur cachés sous le capot du moteur. Je sais que s’il y a disette de fonctionnaires mal payés dans les Services Publics, il y a pléthores de personnages tonitruants à la Maison du Peuple. Disette pour les autres, mais pas pour nous, disent-ils. La formule est simple et efficace.

Nos lascars du Cabinet ont imaginé que l’on pouvait appliquer la loi concernant la publicité sur les bâtiments publics à ces deux types de véhicules. Prendre des véhicules à moteur pour des bâtiments publics, il faut être complètement miro ! Même au temps du code Napoléon, les gaillards du cher Bonaparte n’ont jamais pris une diligence pour un bâtiment public. Il faut dire que certains astucieux sont tellement débiles mentaux qu’ils ont inventé une cylindrée pour pouvoir taxer des moteurs électriques (11). Ils ont préféré cette imbécilité scientifique plutôt que d’écrire une nouvelle version de la loi.

Je jette un coup d’œil à ce cher Joseph qui a rehaussé ses lorgnons pour mieux lire les deux bafouilles. Il se bidonne. Je vois sa barbe frissonner de plaisir. Il est quasiment plié en deux devant tant d’absurdités.

Pendant une bonne heure, je laisse les trois gugusses discuter entre eux. Ils paradent sur leur travail devant les deux pauvres petits fonctionnaires que nous sommes, Joseph et moi. S’ils ne nous avaient pas, je me demande jusqu’où irait leur bordel. Ils essayent de se montrer plus importants qu’ils ne le sont vraiment.

Et patati et patata ! Ça caquète autant qu’un régiment de pies volages. La moutarde me monte lentement au nez. La parade des paons me débilite le moral. Quand je sens que j’en ai marre d’entendre ces coqs de basse-cour parader, je me décide à interrompre leur apartheid.

Je le fais avec une certaine délectation. J’ai vu à certains moments les sourcils très épais de notre cher Joseph se hausser. Il rit intérieurement autant que moi. Je me demande si sa brioche tressaute aussi.

Je me pourlèche les babines à l’avance de la claque qu’ils vont recevoir. Je dissimule mon sourire félin qui va bouffer une souris inconsciente. Je toussote pour attirer leur attention.

« Excusez-moi d’interrompre votre intéressante conversation, mais je lis une information très importante. Vous indiquez dans l’article 4 que les films publicitaires doivent avoir un facteur de transluminance d’un minimum de 80 %. Or vous savez peut-être que le facteur de transluminance des vitres latérales est de 70 %. »

Je laisse le temps s’écouler pour que leur cerveau antilogique enregistre le message. Je préfère que le commentaire qui les foutra dedans vienne de leur part. Cela n’en sera que plus savoureux. Le hippie, dont je n’ai pas retenu le nom, ressemble à un gentleman-farmer un peu trop dégingandé. Il ne fait que secouer sa chevelure en broussaille. Il devrait passer plus souvent chez le coiffeur, à moins qu’il ne soit en croisade contre cette profession. Ça arrive parfois, malheureusement. Il me lance, excédé par mon interruption :

« Nous savons cela. La moyenne reste correcte pour les passagers. Ils verront encore assez clair. »

Je savais qu’ils lâcheraient tôt ou tard une connerie. J’ai interrompu sa mise en valeur devant ses collègues. Il n’a pas pris le temps de réfléchir. Il a lâché la première réflexion qui passait par ses quelques neurones en service.

Si je pouvais, j’afficherais un sourire que m’envierait plus d’un loup devant l’agneau qu’il va bouffer. Duval est trop fin pour tomber dans le piège. Quand il ne sait pas, il se tait. Il se tait parfois beaucoup. Ici, il ne sait rien. Maintenant, je donne le coup de grâce au bavard impénitent et vaniteux. C’est le genre de mec qui me débecte. Il est du genre : Je sais tout.

« Je suis désolé de vous détromper. Ce n’est pas la moyenne qu’il faut réaliser entre les deux facteurs de transluminance, mais la multiplication. Si vous multipliez les deux coefficients, il vous reste en final seulement 56 % de transparence quand les vitrages sont parfaitement propres. Comme vos autobus ne sont pas journellement lavés, récurés, pomponnés, il va faire bien noir dans vos engins publicitaires, à moins que vous n’envisagiez d’en faire des night-clubs ambulants ? »

Joseph rigole dans sa barbe poivre et sel. Ses yeux pétillent derrière ses lunettes cerclées. Je crois qu’il a compris où je veux arriver. Il achève l’animal blessé.

« Si la transparence est inférieure à 70 %, nous retirons des étoiles sur la qualité du transport. »

Bingo ! Woodstock tombe de Charybde en Scylla. Il ne pavoise plus, le grandiose. Il est ravalé au même rang que les petits fonctionnaires que nous sommes, Joseph et moi. Duval a compris le petit jeu, mais il a un argument technique pour refuser le projet. Il me reproche du regard d’avoir tant tardé pour leur annoncer la mauvaise nouvelle. Il ne doit pas non plus aimer certaines vantardises exagérées. Je hausse les épaules. Pourquoi devait-il s’acoquiner avec un tel gugusse ?

« Dans ces conditions, nous retirons les deux projets. Je suis convaincu par vos arguments techniques. »

Duval ramasse les papiers devant l’air désolé du guignol. Il a foudroyé du regard l’imbécile qui a louangé ses connaissances scientifiques. Le type a fermé son clapet et il se le tient pour dit. Il surveillera son langage dans la prochaine réunion où je serai présent.

La fille n’a pas bougé d’un iota devant la situation grotesque. Elle se détourne lentement du pitre dépité. Je crois que si elle avait une touche pour ce mec, il s’est sabordé définitivement à ses yeux.

Nous nous disons au revoir, jusqu’à la prochaine réunion. Je ne dirais pas, en lui serrant la main, que Duval semble satisfait du déroulement de la réunion. Dans ce petit corps à corps, l’administration a vaincu la bêtise du Cabinet. Le mec a la main moite et flasque. La môme préfèrerait le baisemain, ce que je réserve pour ma compagne. Si elle est en mal de mâle qu’elle cherche ailleurs. Si elle a besoin d’un gigolo qu’elle prenne le chevelu. Il est du genre Peace and Love hippie.

Je redescends avec Joseph par le même ascenseur. Il essaye de garder son sérieux jusqu’à ce que nous soyons seuls. C’est sa barbe poivre et sel qui camoufle son sourire ironique. Ce n’est qu’après notre sortie que je lui dis :

« Je me suis bien amusé. Ça leur apprendra à être un peu modestes. Tu as vu comment ils se pavanent. De vrais paons ! Ils composent des trucs techniques sans demander d’informations aux ingénieurs. Je te parie que des belles comme cela, ils en pondront encore. »

« Ils en sont capables. Ils en sont capables. » (12)

Je serre la main de Joseph et je savoure sa réplique. Il a entièrement raison. Ils sont capables de bien pis encore.

Au vu de l’heure, je décide d’aller à la gare Schuman sans retourner dans un bureau glacial. La bronchite sera pour un autre jour. Je redescends la rue de la Loi à petits pas au milieu d’une cohue de gens pressés qui n’hésitent pas à passer au rouge sous le nez des flics flegmatiques.

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Un monde fou attend le premier train de retour vers les pénates. Le premier jet de fonctionnaires est en route at home. Le conducteur de char à bœufs fait encore courir son monde en s’arrêtant bien loin de l’endroit habituel. Je vois le gars rire en nous voyant courir. Encore un salopard de la Société Nationale des Chars à Bœufs, me suis-je dit.

Ils n’ont aucun sens de l’exactitude. Les cheminots et leurs chers patrons devraient aller suivre des cours de conduite au Japon. Ils apprendraient ce qu’est la précision et tenir un horaire. Les cheminots japonais arrêtent leur engin au centimètre près et leurs trains ont toujours la même composition. Les nôtres, selon l’humeur du jour, vous avez 6, 7, 8 ou 9 voitures pour le même lot de harengs à encaquer.

Ici, selon leur humeur, deux wagons de première classe se suivent dans la rame. Aux heures de pointe, ils sont à moitié remplis alors que les sardines sont entassées dans les autres wagons. C’est à cela que l’on remarque l’indifférence de ceux qui dirigent les services publics envers les usagers, alors qu’ils devraient les servir au mieux de l’intérêt collectif. Comme ils se tamponnent complètement sur le compte des usagers, on assiste à un véritable bordel communément admis et contre lequel les usagers se sentent impuissants.

Les patrons des chemins de fer utilisent rarement leurs engins sinon ce serait mieux géré. Ils préfèrent une voiture de fonction à l’utilisation rationnelle des transports publics.

Je me contente d’une place debout jusqu’au premier arrêt. Les bœufs descendront et des places seront libérées pour les sardines restantes. Cela s’appelle de l’overbooking ou de la mauvaise gestion de son matériel. Dans l’un ou l’autre cas, c’est se moquer du client. Si la Commission européenne condamne les compagnies aériennes pour overbooking, elle reste muette sur les chemins de fer qui semblent un sujet tabou.

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Je descends du train et je respire l’air frais de la campagne. C’est meilleur que l’air pollué des villes. Je sens une odeur lointaine de foin coupé. J’espère que cela ne va pas réveiller mon allergie aux pollens et graminées.

À la sortie de la gare, je me dirige, d’un pas tranquille, vers ma voiture qui stationne en bordure de la voie de chemin de fer. Ici aussi, il y a overbooking sur les places de stationnement des usagers. La gare connaît parfaitement le nombre de places libres, cela ne l’empêche pas de vendre plus d’abonnements de parcage qu’il n’y a de places. Rouspéter ne sert à rien. Si vous râlez, ils ferment les guichets pour ne pas vous répondre et vous êtes Gros Jean.

J’ouvre ma portière et je case ma serviette sur le siège latéral. Je m’installe sur mon siège et je démarre le moteur. À la sortie de la gare, je vire à droite et je passe par une zone résidentielle tranquille. Ensuite, je traverse la nationale. J’emprunte des petits chemins de campagne qui n’ont pas vraiment de nom. Je ne remarque pas âme qui vive.

La campagne est vide. Seul un vol de corvidés attire mon attention. Les bestioles noires s’envolent d’un champ. Elles s’éloignent à tire-d’aile. Je les vois partir vers la gauche.

Je ressens un léger bourdonnement. Je n’ai pas remarqué de machine agricole dans le coin. Je ralentis et j’examine l’habitacle pour vérifier si une abeille n’était pas entrée lorsque j’ai ouvert les portes. Le bourdonnement s’amplifie mais je ne vois pas la bestiole piquante.

Je distingue pendant une fraction de seconde une lumière vive qui entoure la voiture et je sombre dans l’inconscience.

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La cellule

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