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Mielandra, noble et majestueuse reine abeille, fondatrice d’une lignée prestigieuse, parcourt inlassablement le monde, juchée sur le dos d’Eugenio, son vaillant mâle fécondateur, prêt à se sacrifier pour assurer la survie de leur descendance. Unis par un même destin, ils franchissent les frontières et défient les saisons, passant de colonie en colonie avec la dignité de souverains en exil. Leur itinérance les mène de la Belgique aux plaines françaises, des cimes suisses aux rivages ensoleillés de la Crète, avant de poursuivre à travers les terres de Turquie, les forêts et temples de l’Inde, jusqu’aux immensités mongoles, où une yourte à Oulan-Bator leur offre un refuge éphémère. Enfin, leur long périple trouve son aboutissement sur l’île d’Hokkaido, au Japon, ultime havre d’une odyssée féconde et sacrée.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Eugène de MoÀ PROPOS DE L'AUTEURffarts se distingue à la fois comme pionnier de l’agriculture biologique et comme psychanalyste animé d’une profonde quête des mystères de l’âme humaine. Dans "Le Maître jardinier et l’abeille vagabonde", il explore cette double vocation avec une sensibilité rare.
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Seitenzahl: 85
Veröffentlichungsjahr: 2025
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Eugène de Moffarts
Le maître jardinier
et l’abeille vagabonde
Nouvelle
© Lys Bleu Éditions – Eugène de Moffarts
ISBN : 979-10-422-7421-4
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Il a les mains vertes
Eugenio est né avec les mains vertes. Tout ce qui passe entre ses mains habiles prend racine peu importe la saison, la phase de la lune et la position des astres. C’est gravé dans ses gènes. C’est son moteur de vie et sa passion, son élan vital. Il ne vit que pour son jardin.
Cela s’est concrétisé pour la première fois à l’âge de 11 ans. Un restant de tas de sable derrière un muret d’un mètre cinquante de haut en briques cuites rouges entre dans sa vision qui cherche un terrain propice pour réaliser sa première expérience de jardinage. Il s’est promené dans la « nouvelle partie » du château où il vit dans sa bulle, qui forme comme une petite cellule autonome intégrée dans un grand corps du nom de « Château de Nieuwenhoven » où ses parents de souche noble l’ont parachuté à l’âge de deux ans. Il est le troisième rejeton après Myriam, sa sœur aînée et Xavier, son frère aîné.
Sa mère, Claire, l’a confié à une nounou flamande, Elisabeth Geurts, qu’il nomme du nom familier de Myselle, pour la raison bien simple que son parler est encore loin de la normalité et ne lui permet pas de prononcer le mot Mademoiselle correctement. Myselle est d’ailleurs son premier maître jardinier, ou doit-on dire « maîtresse jardinière » ?
Dans cette nouvelle partie inachevée, extrêmement lumineuse, du château, il a remarqué des gousses de haricots à rames mange-tout, qui traînent là en attendant de trouver leur chemin vers la terre du jardin familial. C’est la main d’Eugenio qui les conduit finalement vers une tout autre destinée : un tas de sable sans structure et d’une fertilité nulle.
Pour remédier à cette situation, Eugenio a l’idée de pêcher des algues dans l’étang proche en montant dans la barque amarrée à son bord et de les mélanger avec le sable gris pâle, facile à travailler sans outils. Ces algues apportent humidité et fertilité. Eugenio teste immédiatement ce mélange en y semant de l’avoine. Le résultat est spectaculaire et Eugenio éprouve un plaisir immense à voir la vie naître et se développer. L’avoine, de couleur vert sombre avec des reflets bleuâtres, atteint un mètre de haut. Eugenio l’arrache et l’enfouit sur place sous forme d’engrais vert pour initier patiemment un cycle de fertilité croissant à l’infini.
Dans une deuxième étape, il y sème les grains de haricots grimpants secs, de couleur brun chocolat au lait, et malgré l’âge de plusieurs années, quelques haricots émergent du sable et commencent à s’enrouler autour des bâtonnets qu’Eugenio y a enfoncés sans difficulté.
Voyant sa passion pour le jardinage, soucieuse de partager ses savoirs comme paysanne qui connaît bien la terre, étant née de plain-pied dedans et ne pensant qu’à l’épanouissement de cet enfant, dont elle a la charge éducationnelle, elle reçoit l’autorisation de sa patronne Claire, née Powis de Tenbossche, d’initier Eugenio aux plaisirs du jardinage au bout du grand jardin familial d’un hectare complètement emmuré à l’intérieur d’une muraille médiévale de trois mètres de haut.
Cette muraille sert à soustraire le jardin aux regards des voleurs et des curieux. Cela protège aussi ce jardinet de la dent vorace du gibier pullulant à l’entour, des lapins principalement, occasionnellement aussi d’un lièvre vorace à la recherche de nouvelles saveurs.
Les lapins contractent cycliquement la myxomatose, qui les rend aveugles avec des yeux complètement boursouflés. Le spectacle est horrible à contempler, mais permet de freiner cette espèce envahissante.
C’est en Australie que le lapin de garenne a été introduit. Là-bas, il est devenu un véritable fléau en se multipliant à une vitesse démesurée et c’est là que l’idée est venue de leur inoculer cette maladie cruelle qui fait souffrir énormément ces animaux innocents et si attachants.
C’est une véritable hécatombe, mais il y a toujours quelques rares survivants qui résistent à la maladie et le cycle recommence.
Les premiers semis, qu’Eugenio effectue, sont une rangée de radis rouges ronds comme des petites cerises.
Suivent ensuite une ligne de salade à couper, des épinards de printemps, des navets violets à bout blanc et des carottes rondes précoces.
Les carottes mettent environ 3 semaines à germer et les quelques graines de radis mélangées aux carottes permettent de repérer rapidement les rangées et d’effectuer un premier binage avant que les carottes soient complètement étouffées par les adventices.
Tous les jours, Eugenio et Myselle viennent assister au miracle de la vie avec les plantules qui percent la croûte argileuse noire de cette terre bénie des dieux.
Les radis sont les premiers à se manifester et s’ensuit le reste, ligne par ligne.
Les adventices sont reconnues dès le premier stade de croissance. Elles sont éliminées sans vergogne.
Le tout est gardé dans un état de propreté irréprochable.
À ce moment de sa vie, pour Eugenio, les légumes cultivés doivent être accompagnés d’un maximum de soins avec une terre nue autour de chaque individu.
Celui-ci reçoit une attention particulière comme s’il avait son propre ego, sa propre existence.
Eugenio ressent ce besoin impératif pour lui-même, car il se sent un peu perdu dans la masse de ses frères et sœurs, une quantité négligeable à peine digne qu’on lève les yeux sur sa personne inexistante.
C’est cette activité de jardinage qui lui permet de vivre un peu, d’avoir l’impression d’exister, de respirer, d’être dans un domaine où il peut enfin exceller, se donner du plaisir et donner libre cours à sa créativité.
Sa mère voit cela d’un très bon œil et accepte de lui racheter les légumes produits avec tant d’amour et de passion.
Pour Eugenio, cela fait un peu d’argent de poche et le stimule d’autant plus.
D’année en année, il peaufine sa technique jusqu’à ses 18 ans où il part au petit séminaire et fait une année de philosophie.
Après cette année, il bifurque pour une agrégation en enseignement secondaire supérieur en sciences biologiques.
Il a enfin compris que la vocation religieuse n’est qu’une illusion de l’esprit conditionné par sa mère.
Elle veut au moins un curé parmi ses garçons.
Elle a tellement bien castré Eugenio qu’il est le sujet parfaitement désigné pour entrer dans la vie religieuse où le célibat, avec une abstinence rigoureuse, est de mise.
Ces études mettent une pause à l’expression de sa passion pour le jardinage.
Hubert, son père et deuxième maître jardinier
Claire, sa mère et troisième maîtresse jardinière
Jan Krombach, quatrième maître jardinier
1 – Hubert
Ici, l’apprentissage se fait exclusivement par l’observation. Son père, un vrai gentleman-farmer, est très doué dans la pratique, mais nul en communication. Ses pratiques agricoles sont multiples, car il a un domaine de 250 hectares à gérer. Il est pisciculteur, arboriculteur (surtout des pommiers conduits en basses tiges), apiculteur, exploitant forestier et chasseur. Eugenio le suit partout comme un petit chien fidèle et se sent vraiment sur la même longueur d’onde que lui. Tous deux ont un égal besoin d’immersion dans la mère Nature pour exister.
Son père lui apprend à gérer les trois étangs qui se trouvent les uns derrière les autres. Ceux-ci sont situés du côté sud de la ferme-château. Ils sont vidés une fois par an avant les grands froids pour éviter que le stock se perde lorsque la surface est couverte de glace, que les poissons manquent d’oxygène. Suite à cela, ils meurent étouffés. Ce désastre est visible lorsque, par transparence, les poissons morts viennent se coller à la surface intérieure de l’épaisse couche de glace. La putréfaction de ces derniers consomme les dernières molécules d’oxygène encore présentes dans l’eau glacée et provoque la mort des rares survivants. Une année exceptionnelle pour ses froids précoces, Eugenio a pu vérifier de ses propres yeux ce triste spectacle. Le printemps qui a suivi, lors de la vidange des étangs dans la prairie attenante, celle-ci fut jonchée de cadavres en pleine putréfaction dont le plus remarquable était un brochet de plus d’un mètre de long.
Les vergers sont occupés par de vieux arbres fruitiers, principalement des anciennes variétés de pommiers, mais les cerisiers, les pruniers et les poiriers sont aussi de la partie. L’herbe entre les arbres est broutée par les vaches d’Eugène Casterman, le métayer, qui a succédé à Monsieur Chabot, paysan de l’ancienne école. Hubert le considère comme un fermier négligeant à cause des coquelicots, bleuets et marguerites, qui pullulent dans ses champs de blé. Mais Eugenio trouve ce spectacle bien joli, d’autant plus que cela lui permet d’offrir de jolis bouquets de fleurs champêtres à sa nounou Myselle et à sa mère Mamy.