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An 3002. La prochaine édition des 24 heures du Mans se prépare. Des millions de journalistes et de fans ont fait le déplacement des quatre coins du monde pour assister à cet évènement unique. Parmi eux, Fernando Andratta, jeune journaliste sportif, descendant de l’illustre Mario Andratta. Seulement, pour cet habitué du Mans, rien ne se passera comme prévu...
À PROPOS DE L'AUTEUR
Léo Marques Ferreira, par sa plume, se projette un millénaire en avant pour nous plonger à l’an 3002. Fan de sport automobile, ce pilote de karting partage, entre autres, sa vision de ce sport et ses enjeux économiques.
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Seitenzahl: 267
Veröffentlichungsjahr: 2023
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Léo Marques Ferreira
Le Mans 3002 :
L’édition des Légendes
Roman
© Lys Bleu Éditions – Léo Marques Ferreira
ISBN : 979-10-377-8953-2
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Les bons pilotes battent des records,
Les grands champions gagnent des titres,
Les Légendes changent la course…
Léo Pépito
« Les temps ont bien changé depuis que les voitures sont équipées de propulseurs à la place des roues. Que diraient ces grands champions, s’ils voyaient aujourd’hui ce légendaire circuit des 24 heures du Mans ? Seraient-ils impressionnés, ou plutôt horrifiés ? Sûrement les deux. Je n’ose imaginer la tête de Fagio, Hyle, Mikes, McLoren, Yx, Alanza, Kunboyoshi, Lottaro ou Krastisen. Les voitures se sont mises à flotter au-dessus du sol. Elles font la course à 30 mètres au-dessus du sol, d’un champ, en vérité, qui recouvre l’ancien tracé. C’est la même chose dans toutes les autres catégories, F1, IndyCar, NAFC (anciennement NASCAR), WCRA (anciennement WRC). Sauf qu’au Mans, les relais entre pilotes sont réalisés de manière spectaculaire, du moins pour l’époque. Aujourd’hui, c’est tout à fait normal. Le pilote qui laisse sa place saute en parachute de son bolide lancé à pleine vitesse (en vérité, le pilote ralentit jusqu’à 200 kilomètres/heure, dans cette voie appelée la “pit Lane”, spécialement aménagée pour les relais entre pilotes) tandis que son coéquipier le relaie en sautant dans le cockpit depuis un jet qui vole à quelques mètres au-dessus de la voiture.
L’équipement des pilotes est à la pointe de la technologie. Leurs casques sont les plus aérodynamiques possibles, et la visière est capable d’afficher toutes sortes d’informations utiles, de la pression d’huile à la température des projecteurs en passant par les temps au tour et les écarts avec les autres pilotes. Quant à leurs combinaisons, elles sont intégralement ignifugées, équipées d’une technologie réductrice de G et elle est pourvu d’un parachute intégré ».
Extrait de « L’évolution des 24 h du Mans, de 1923 à 3002 ».
Je soupirai. Ce que Brad disait n’était pas faux. Et malgré mon « prétendu » optimisme, je ne pus m’empêcher de songer à une saison compliquée pour l’équipe. La voiture repassa, en faisant un bruit d’enfer.
Brad râla.
Avant que mon coéquipier ne puisse répondre, mon téléphone vibra. Le numéro qui s’afficha ne m’était pas inconnu, loin de là. Il s’agissait de notre patron, à Brad et à moi.
Je décrochai dans la seconde, surpris d’un tel appel.
Et il raccrocha sans un mot de plus.
Brad hocha la tête, l’air maussade. Je peux comprendre que rester en plein désert à regarder tourner une voiture sans grand potentiel ne l’enchante pas plus que ça. Mais, dans un sens, ce sont les risques du métier ! Tout content d’échapper à cette après-midi qui s’annonçait plus qu’ennuyante, je pris le premier hélicoptère venu, me demandant pourquoi mon patron me réclamait en urgence…
En vérité, j’étais loin, bien loin de me douter de la suite des évènements…
***
Je m’appelle Fernando, Fernando Andratta. Illustre descendant de Mario Andratta. Contrairement au reste de ma famille, je n’ai pas voulu devenir pilote, mais journaliste sportif, spécialisé en sport automobile. Disons que je suis plus à l’aise avec les voitures sur le bord de piste que derrière un volant. Je pense que mes ancêtres doivent se retourner dans leurs tombes.
Je travaille pour le journal américain « Motorsport Day », ou MD, un journal spécialisé dans la compétition automobile et moto. Ce journal est lu par près de 2 milliards de personnes, soit la moitié de la population états-unienne. Il y a 3 éditions papier par jour, le matin, le midi et le soir. En revanche, sur le site (payant) du journal, les actualités sont mises à jour en temps réel. Nos abonnés sont donc au courant de l’actualité presque 24 heures sur 24, et ce tous les jours.
Cette semaine, mon rédacteur en chef m’a envoyé au Mans, en France (un beau pays pour le sport automobile), pour les 24 heures du Mans, la plus grande compétition automobile d’endurance du monde, et ce depuis 1923. Ce qui n’est pas pour me déplaire. C’est la 3e fois que je vais au Mans pour mon journal, la 7e fois en tout dans ma vie.
Cette course qui réunit chaque année 130 voitures (soit plus du double d’il y a 1 000 ans), ayant chacune un équipage composé de 3 pilotes, m’attire inexplicablement. Il faut quasiment être surhumain pour courir durant 24 heures d’affilée sur un circuit faisant 13 kilomètres de long (le tracé n’a pratiquement pas changé depuis la 1re édition de 1923).
En moyenne, sur 130 bolides au départ, seuls 60 arriveront à l’arrivée, dont 5 seulement qui n’auront eu aucun ennui durant la course. Chaque année, des dizaines de parieurs s’efforcent de deviner quel équipage gagnera la course, qui abandonnera en premier, qui aura le plus d’ennuis… c’est un exercice extrêmement difficile, que personne ne peut prévoir, comme si la course décidait elle-même de qui allait la gagner…
Personnellement, j’ai beaucoup d’admiration pour tous ces parieurs de l’extrême, qui ont une infime chance de pouvoir repartir avec leurs gains. Je suis nul aux paris, et ce n’est certainement pas pour les 24 h que j’essayerais. Le journal a déjà assez de professionnels pour ça.
En parlant de journal, il faudrait que j’envoie mon compte-rendu des essais :
« Aujourd’hui, ce 1er juin 3002, la 1re séance d’essais des 24 heures du Mans a eu lieu. Voici le résultat des 5 premiers :
Notons la sortie de route à 10 minutes de la fin de la Lanserti no62, à hauteur du virage de Mulsanne, pilotée à ce moment-là par Andratta. Le pilote va bien, il est surtout énervé et n’a voulu faire aucun commentaire sur son crash ».
Andratta, le pilote, c’est mon frère. C’est sa toute première participation aux 24 heures, et je dois avouer que pour l’instant, ce n’est malheureusement pas bien brillant.
Je décide donc d’aller lui parler pour l’aider un peu sur sa trajectoire. Étonnamment, je m’y connais bien mieux que lui sur ce point, sans doute que mes années d’expérience passées à observer les pilotes y sont pour quelque chose.
Je dois beaucoup marcher pour aller le trouver. Il me faut traverser toute la ville (sur ce point, je dois avouer que les transports en commun m’aident assez), puis marcher plusieurs centaines de mètres pour arriver à la « Paddock Station ». La Paddock Station, c’est une station construite aux abords de la ville du Mans, et qui abrite des cabines (qu’on peut comparer aux téléphériques de l’époque, mais sans câbles), pouvant accueillir une dizaine de personnes chacune. Ces cabines font la liaison entre la Paddock Station et le véritable Paddock du Mans, un immense village flottant à un kilomètre au-dessus du sol, et qui est enfermé sous une gigantesque bulle de verre. Ce Paddock fait à lui seul la superficie d’un tiers de la ville du Mans. Il accueille des hôtels 8 étoiles, des spas, des jacuzzis, des salles de sports, des salles pour les conférences de presse, des restaurants… Mais aussi et surtout (cette partie occupe la moitié du Paddock) d’immenses garages pour les écuries et les pilotes. C’est justement vers cette zone que je me dirige, non sans admirer au passage les immenses bâtiments de luxe du Paddock. Certains hôtels ont même des piscines entièrement en verre !
Une fois traversée toute la partie « bling-bling » du Paddock, l’ambiance est beaucoup plus calme. Le contraste est saisissant. Je me retrouve tout seul, au milieu de ces immenses garages, tel un homme sur une piste d’aéroport déserte.
Car il faut bien avouer que cette partie du Paddock ressemble à un aéroport. Les garages ont des airs de gigantesques hangars d’avion, tandis que les pistes permettant de relier les garages entre eux ressemblent comme deux gouttes d’eau à des pistes d’aéroport. De plus, tout au bout de l’allée principale, un trou est percé dans la bulle de verre. Quand on se penche, on peut apercevoir les nuages, et la terre ferme, à un kilomètre en dessous. C’est impressionnant.
Ce fameux trou en bout de piste sert notamment aux équipes et à leurs voitures. Ces dernières, étant bien trop grosses pour passer par les cabines, passent donc par ce trou. Le jour du départ de la course est organisé ce que l’on appelle « La Parade des pilotes ». Les voitures décollent du Paddock et se rendent au circuit, suivies des équipes de télévision et des milliards de fans. La Parade est un moment fort du début des 24 h, de plus, elle est commentée en live par un speaker, qui présente un à un les 390 pilotes et les 130 voitures.
Bref, je ne vais pas m’attarder sur ce moment (que vous pouvez suivre en direct sur n’importe quelle chaîne de sport dans le monde), je dois retrouver mon frère.
Au passage, je prends quand même le temps d’admirer les garages des plus grandes écuries, celles qui existent depuis des centaines et des centaines d’années : Ferrari, Toyota, Audi, Porsche, Mercedes, Citroën-Peugeot, Renault, Aston Martin…
Ces équipes sont toutes légendaires. Elles traversent le temps, comme immortelles. On dirait que rien ne peut les faire disparaître, qu’elles braveront les catastrophes et surmonteront les défaites. Tous les grands champions ont gagné au volant d’une de ces voitures. Pour reprendre une célèbre phrase d’un vieux jeu-vidéo, « Les écuries triomphent des chutes, les pilotes se succèdent, mais les échos du passé résonnent toujours… ». C’est exactement à cela que je pense lorsque je passe devant ces garages.
Les visages des plus grands champions sont accrochés aux murs. J’ai beau être seul à arpenter ce tarmac, j’ai l’impression de me trouver en compagnie des fantômes des légendes du sport. C’est un peu intimidant.
Le garage Lanserti est situé à une centaine de mètres de l’allée principale. J’y suis en quelques minutes, et ce doit être le seul des 130 garages qui est ouvert. En même temps, nous ne sommes que mercredi, la course débutant le samedi, la plupart des pilotes, ingénieurs et mécaniciens doivent se reposer.
Tandis que je me rapproche du garage, un bruit de soudure me parvient aux oreilles, pendant que j’entends également la voix de mon frère. L’homme qui garde l’entrée du hangar reconnaît mon Pass de journaliste, et me bloque l’accès :
Quelques secondes plus tard, mon frère apparaît, remercie l’homme, puis se tourne vers moi :
Avant même que je puisse répondre, mon frère m’entraîna vers la partie « habitée » du Paddock.
Je suivis mon frère sans rien dire, car pour une fois, c’est lui qui pouvait décider où m’emmener. Étant pilote, même débutant, il bénéficiait d’une notoriété que nous, simples journalistes, n’aurons sans doute jamais. Cela peut avoir certains avantages, comme avoir des articles pratiquement gratuits dans les plus grands magasins de luxe du Paddock. En échange, le pilote s’engage à faire la publicité du magasin en question, ce qui peut rapporter gros à ce dernier. À l’époque, on appelait cela du « Sponsoring ».
Une fois installés confortablement sur des fauteuils de cuir, mon frère m’interrogea sur la « leçon » que j’avais à lui donner :
Nous nous levons chacun de notre côté puis mon frère alla vers un des nombreux hôtels du Paddock. Quant à moi, je n’avais plus rien à faire ici. Je prends donc la première cabine venue pour rentrer à mon hôtel, sur la terre ferme. Je décide de faire une petite sieste, car après tout, je me sens fatigué. Ce soir, je dois être en forme pour la 2e séance d’essais, celle où les écuries vont tester leurs différents réglages pour la nuit. Et après ça, la semaine est encore longue jusqu’au départ de la course.
Heureusement, ce ne sont pas mes premiers « 24 h », loin de là ! Un journaliste débutant dans le métier, et surtout dans la compétition, ne tiendrait pas la semaine ! Et ce serait donc une catastrophe pour le journal.
Car pour bien se vendre, un journal, et par extension, le journaliste doit être rapide. Comprenez par-là que si un journaliste, après une séance d’essais, de qualifications, ou d’une course, va au bar au lieu de rédiger son article, il perd du temps. Pendant ce temps, d’autres journalistes qui travaillent pour des journaux concurrents au sien vont eux rédiger leurs articles. Et donc les abonnés de ces journaux concurrents seront servis en premier (et donc n’auront nul besoin de changer de journal vu que le leur est rapide), ce qui serait désastreux pour le journal du journaliste avide des bars. Ainsi donc, dès les essais terminés, j’écris mon compte-rendu le plus rapidement possible. Entre journaux et journalistes, c’est une véritable course contre-la-montre. Et pour l’instant, en 4 ans de métier, je dois dire que je me débrouille plutôt bien.
Bon, j’ai dit que j’allais faire une sieste, car il est important de se maintenir en forme. Plus la semaine va avancer, moins j’aurai le temps de me reposer. À partir du samedi matin, plus question de dormir jusqu’au dimanche soir !
Lorsque je me réveille, mes lunettes connectées m’indiquèrent qu’il était 16 h. Encore 5 heures à tuer avant le début de la seconde séance d’essais. Mon téléphone, posé sur ma table de chevet, se met alors à vibrer. C’est mon patron qui m’appelle. Cela arrive rarement, alors je m’inquiète un petit peu.
Il y avait de la colère dans sa voix, j’avais rarement vu mon patron comme ça.
Et il me raccroche au nez.
Bon, c’est vrai, j’ai un peu oublié la conférence de mon frère. J’ouvre donc mon ordinateur et vais sur le site officiel de Lanserti, où l’intégralité de la conférence de presse avait été postée :
« Conférence de Presse de Lewis Andratta, mardi 1er juin 3002, 14 h heure locale (1200 journalistes présents dans la salle) :
*Éclat de rire dans la salle*
— Quel résultat l’équipe et vous espérez atteindre pour la course ?
— Honnêtement, nous espérons nous classer dans les 10 premiers.
— N’est-ce pas un résultat un peu ambitieux pour votre première participation au Mans ?
— Vous savez, mon grand-père me disait souvent “Si tu fais quelque chose, alors fais-le bien, et jusqu’au bout. Tu n’obtiendras jamais rien si tu dis : la victoire est trop difficile pour moi, alors je vise la dernière place.” Cela veut dire que même si jouer la victoire peut être difficile, nous jouons quand même des places importantes, et nous ne nous découragerons pas.
— Et pensez-vous qu’un podium est possible ?
— Nous en savons encore trop peu sur nos futurs adversaires pour l’affirmer, et il est trop tôt pour le dire. Le Mans est une course imprévisible, où tout peut arriver, même à la dernière minute. C’est une course que nul ne peut dompter, comme si elle décidait elle-même de qui allait pouvoir l’emporter. Un podium nous ferait rêver, bien sûr, mais il ne faut pas se reposer sous prétexte que “il reste 3 heures de course, et personne ne peut nous dépasser”. Ce n’est pas comme ça qu’il faut voir les 24 h.
— En somme, vous préférez ne pas trop vous avancer dans une éventuelle prédiction ?
— C’est exact.
— Et quelle est selon vous la meilleure équipe capable de s’imposer pour l’instant ?
— La mienne, bien sûr ! *Nouveaux éclats de rire dans la salle* Non, en vérité, comme je vous l’ai dit, je ne préfère pas m’avancer dans une prédiction à ce stade de la compétition. Mais pour répondre à votre question, je dirai quand même Ferrari, ils ont clairement dominé cette première séance d’essais. Mais d’autres écuries peuvent devenir très dangereuses, comme Porsche ou Mercedes.
— Bien merci ! Encore une dernière question, s’il vous plaît. Quel est votre plus gros point faible sur le circuit ? Quel est le virage que vous redoutez le plus ?
— Hummmmmm, laissez-moi réfléchir… Je dirai que le virage que je redoute le plus sur le circuit est le virage de Mulsanne.
— Bien, merci d’avoir répondu à nos questions !
Fin de la conférence de Presse ».
Ainsi donc, mon frère n’a pas hésité à dévoiler ses faiblesses à la Presse ? Alors oui, à la suite de son crash de ce matin, on aurait pu se douter que Mulsanne n’était pas son virage favori, mais de là à dévoiler au monde entier sa faiblesse… Je ne suis pas convaincu que sa stratégie envers les médias soit la meilleure, mais c’est à lui de prendre ses décisions, et non à moi.
Je demandai donc l’heure à mes lunettes, qui m’affichent « 17 h 30 heure locale, 16 h 30 heure GMT ». Parfait. Encore 3 heures et demie à tuer.
À cette période de l’année, la nuit tombe relativement tôt, aux alentours de 18 h 30, heure locale. C’est donc à 19 h que je sors de mon hôtel, à la recherche d’un restaurant, tandis que le soleil descend doucement derrière les hauts immeubles de la ville. Du Paddock, là-haut dans le ciel, le spectacle doit être magnifique.
19 h, cela peut paraître tôt pour manger, surtout pour les Français, qui, en cette période, mangent surtout après 21 heures. Mais à 21 h, c’est le début de la seconde séance d’essais de ces 24 h du Mans 3002, et la première séance nocturne de cette année. Après ce que mon patron m’a dit tout à l’heure, je ne veux pas avoir une seule seconde de retard !
À cette heure-ci, quelques restaurants seulement sont ouverts. J’en trouve un qui me paraît pas mal. Il n’est maintenu sur le sol que par un immense pilier très fin (il ne doit faire qu’une cinquantaine de centimètres d’épaisseur) qui s’élargit tout en haut, à une cinquantaine de mètres au-dessus du sol, pour laisser place à une plateforme tournante. Un ascenseur permet d’accéder à la salle de restaurant.
En guise de restaurant, je me retrouvai déçu. Je m’attendais à être tombé sur un restaurant chic, type 4 ou 5 étoiles. À la place, j’ai atterri dans ce qui me semble être un bar-discothèque, une sorte de boîte de nuit étonnamment calme. Un serveur, pourtant très bien habillé (ce qui n’est pas du tout le style que l’on retrouve dans ce genre de bar), m’accueillit poliment :
Ainsi donc, cet établissement était tout nouveau.
La table où il m’avait installé était une table de deux, faite pour les couples. Elle était située au bord de la grande baie vitrée du restaurant, si bien qu’on avait une vue magnifique sur toute la ville et les environs. On pouvait même apercevoir le circuit… Le serveur m’apporta la carte des plats :
Restaurant DiscoMans
MENU
Entrée
Plats
Dessert
Je lus attentivement le menu, puis je me décidai pour une salade en entrée, un tartare en plat et un flan en dessert. Le serveur, après avoir pris ma commande, m’apporta une bouteille d’eau fraîche.
Tandis que je mangeais mon tartare (excellent, au passage), une fille vint me voir pour me demander si elle pouvait venir s’asseoir à ma table. En temps normal, j’aurais refusé poliment. Je préfère être tranquille pour manger. Mais là, cette fille était extrêmement jolie. Alors je lui répondis oui avec un grand sourire.
Elle avait de beaux yeux noisette, de longs cheveux noirs très lisses qui lui tombaient jusqu’à la taille, un beau visage blanc, comme si elle n’avait jamais vu le soleil. Et ses lèvres, rouges, magnifiques. Elle avait tout pour plaire.
Croyez-moi, je n’ai jamais eu de conquêtes amoureuses, au contraire de mon frère, qui, lui, les a collectionnées. Lorsqu’on était tous deux jeunes, insouciants, lui était plutôt du genre beau gosse, avec ses cheveux châtains qui faisaient chavirer le cœur des plus belles filles du collège. Il jouissait d’une réputation de véritable tombeur, et parfois c’était même les filles elles-mêmes qui lui demandaient de sortir avec elles. Moi, au contraire de lui, on disait dans mon dos que je n’étais même pas capable de sortir avec un putois.
Alors, quand une jolie fille me demande de s’asseoir à ma table pour boire un verre en ma compagnie, pour une fois, j’ai le droit d’accepter. Je lui répondis avec un grand sourire, et lui proposa de rappeler le serveur pour qu’elle puisse passer sa commande.
Elle me remercia avec un sourire à faire fondre un cœur de glace, et c’était bien la première fois de ma vie qu’une fille me remerciait ainsi, et même me remerciait tout court !
Je demandai donc au serveur deux bières bien fraîches, qu’il nous apporta sur le champ. Je repris la conversation avec la jolie fille, tentant de faire plus ample connaissance :
Cette remarque nous fit rire tous les deux. Décidément, en plus de sa beauté naturelle, elle avait aussi un bon humour.
Launa sourit.