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Personne n’a jamais vu Prado et Alban ensemble. En effet, s’ils ont œuvré tous les deux au sein du conseil municipal de la même ville, ce fut à des périodes différentes. Pourtant, ces deux-là ont en commun un appétit du pouvoir démesuré. Ils sont prêts à tout pour satisfaire l’un et l’autre leur ambition. Vraiment tout ! Derrière les fenêtres d’une mairie, il se passe des choses que les habitants sont loin de soupçonner. Dans une sulfureuse ambiance, Prado et Alban essayent de tirer leur épingle du jeu. Même si les moyens qu’ils emploient sont différents, un élément les rend indissociables l’un de l’autre. Lequel ?
À PROPOS DE L'AUTEUR
Alain Saunier, qui a pris goût à la narration en participant à des ateliers d’écriture, est un ingénieur passionné de vie associative et de l’analyse des comportements humains. Diplômé maître praticien en programmation neurolinguistique – PNL, il nous emporte avec Le mérou, son premier roman, dans un thriller contemporain.
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Seitenzahl: 153
Veröffentlichungsjahr: 2023
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Alain Saunier
Le mérou
Roman
© Lys Bleu Éditions – Alain Saunier
ISBN : 979-10-377-9413-0
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122- 5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122- 4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335- 2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Il faut toujours un coup de folie pour bâtir un destin.
Marguerite Yourcenar
Ce roman est une œuvre de fiction. Les personnages décrits dans ce livre sont purement imaginaires : toute ressemblance avec des personnages existants ou ayant existé serait fortuite et indépendante de la volonté de l’auteur.
Je suis adulé et haï à la fois.
Je peux être amené à trahir un ami.
La mauvaise foi est ma meilleure arme.
Je fais partie d’une organisation qui engloutit plus la dignité humaine qu’une secte.
Qui suis-je ?
On dit que c’est pour les punir d’avoir mangé le « fruit défendu » que Dieu a fermé pour l’éternité ce paradis qu’est le jardin d’Éden, obligeant Adam et Ève à s’habiller pour se protéger du froid de la terre sur laquelle ils ont été chassés, et à cultiver cette dernière pour se nourrir. Pourtant qu’avaient-ils fait de si condamnable si ce n’est de satisfaire un besoin naturel destiné à créer l’humanité ?
La planète politique n’a-t-elle jamais été ce jardin d’Éden dans lequel les acteurs étaient respectés et aimés ? Bien sûr que si, et c’est pour les punir de l’écart de quelques-uns que l’opprobre est jeté sur toute une communauté de femmes et d’hommes. Les erreurs d’un petit nombre ont jeté dans l’enfer toute une classe d’acteurs de la vie collective. Le monde politique est malheureusement passé de la lumière à la nuit. Mais n’oublions-nous pas que c’est grâce à des politiciennes et des politiciens qu’entre autres, les femmes peuvent faire le choix d’avoir ou pas des enfants, que la sécurité sociale a été créée ou que les congés payés sont devenus un droit pour chaque salarié ? Grâce aux politiciens d’aujourd’hui, le statut de la femme s’améliore en France. La liste de leurs contributions est longue. C’est notamment grâce aux membres dévoués d’une équipe municipale que la petite ville alsacienne, dans laquelle évoluent les personnages de fictions que sont Prado, Alban Ducal et leurs partenaires, est passée en une génération, d’un statut de cité dortoir sans âme à celui d’une ville où chacun trouve sa place. Ceci-étant, cet échantillon de femmes et d’hommes, que chacun de nous a élus, est aussi imparfait qu’est l’humanité toute entière.
Et comme chaque homme, les politiciens ont leurs zones d’ombres.
En peinture, ce sont les ombres qui soulignent les zones illuminées et qui mettent en valeur la profondeur des personnages.
Alban et Prado ainsi que les personnages qui évoluent autour d’eux ont eux aussi les leurs. La lumière de Prado n’est-elle pas l’ombre d’Alban et la lumière d’Alban l’ombre de Prado ?
À chacun d’en juger.
Septembre 2024 – Coordonnée GPS : 48,529 343° N, 7,711 078 6° E
Prado aime « son » Hôtel de Ville, quand bien même celui-ci est l’objet de nombreuses critiques. Elle vient de reconduire une femme et un homme qui étaient venus officialiser leur union. Seuls deux témoins accompagnaient le couple. Aussi, la femme publique qu’elle est, se sent déçue de ne pas avoir célébré un mariage devant un auditoire plus abondant. Elle déambule quelques instants dans les coursives désertes de l’hôtel de ville. Son écharpe tricolore encore juchée sur son épaule droite, elle observe son reflet dans la vitre qui, alors que la nuit tombe doucement, lui offre un miroir improvisé. Elle aime porter ce tailleur sombre qui affine quelque peu une silhouette très ramassée. Elle a des cuisses puissantes comme celles d’un cycliste sprinter. Ce n’est donc pas cette fraction d’elle-même qu’elle met en avant pour obtenir de la part de la gent masculine, les facilités qu’elle estime dues à son sexe. C’est de la partie supérieure de son corps qu’elle tire le plus d’avantages. Cette blonde aux yeux bleus a mis au point la politique de la « fermeture éclair ». Cette stratégie consiste à couvrir le haut du corps avec un vêtement qui, selon les circonstances, cache ou laisse entrevoir ce qu’on appelle pudiquement la gorge. Le chemisier adapté permettra de passer discrètement et facilement de la configuration très sérieuse lors des réunions plénières où, telle une none, Prado ne laisse rien à la vue des participants, à l’attitude charmeuse face à l’homme qui possède les pouvoirs de la faire progresser dans la hiérarchie politique. Quelques ouvertures facilement manipulables à l’aide de fermetures éclair lui permettent de se métamorphoser. Le décolleté de la femme est une vraie torture pour le « faible mâle » qui face à elle, veut la regarder dans les yeux lorsqu’il lui parle. Un cou lisse sur lequel le menton vient prendre appui sans se doubler. Une petite poitrine, légèrement compressée pour que la naissance des seins soit bien visible. La texture du tissu est soigneusement choisie pour laisser deviner par une légère transparence les pointes sombres.
Prado se dirige vers son bureau. Et elle peut maintenant le dire, « c’est mon bureau ! » Elle mesure le chemin parcouru. En pénétrant dans cette pièce symbole de son pouvoir, en regardant le bois noble et foncé de la table conçue par un « designer », en se laissant éblouir par les lampes halogènes reflétant sur la grande table de réunion en verre, en se vautrant dans le sofa face aux deux fauteuils modernes lui permettant de recevoir des personnalités, elle revit les sacrifices acceptés, les souffrances et les frustrations endurées. Mais maintenant, c’est vers elle que reviennent les honneurs. Elle est apparue dans la « liste » comme il est coutume de dire, très peu de temps avant les dernières élections municipales. Très rapidement, elle a montré sa compétence dans de nombreux domaines ; les finances bien sûr, mais aussi le logement, l’urbanisme ou encore les politiques de la jeunesse et du sport. Sa connaissance des dossiers a beaucoup étonné les anciens de l’équipe municipale. Certes, ils avaient remarqué une force de travail incommensurable de la « petite nouvelle », mais cela n’expliquait pas tout. Un jour, alors qu’un comité de réflexion travaillait sur des propositions d’économie budgétaire, elle avait dit un peu sans réfléchir aux conséquences de ses paroles, qu’il faudrait éviter l’erreur faite fin de l’année deux mille six, lorsque la ville a réalisé un emprunt de deux millions d’euros qui n’a servi à aucun investissement, mais qui a largement contribué à augmenter les charges financières. Le maire adjoint chargé des finances d’alors, l’avait fusillé du regard et lui avait demandé ses sources. En guise de réponse, ses joues s’étaient empourprées. À partir du jour de cet incident, elle était restée vigilante et avait mesuré chacune de ses paroles.
Prado avait soigné ses tenues et sa féminité de sorte que lorsqu’il a fallu choisir un successeur au maire sortant, elle était devenue une candidate presque incontournable. En effet, le fait d’être une femme lui avait donné un avantage dans la course à l’investiture, avantage dont elle n’a pas hésité à user. En politique, pour gagner, il ne faut négliger aucun détail. Pour vivre encore et encore ses succès d’avant, de pendant et d’après élections municipales, elle enfile de nouveau son écharpe tricolore et vient se planter devant un des grands miroirs installés en haut du large escalier qui se dédouble dans sa partie supérieure pour desservir la salle des réceptions. Les marches recouvertes d’un tapis rouge suggèrent aux visiteurs qui les empruntent qu’ils entrent dans un endroit majestueux. En d’autres temps, Prado aurait critiqué vivement cet aménagement. Mais aujourd’hui, c’est elle qui est la maire de la ville et qui en profite. Alors la donne est différente.
« Mais qu’ont-ils bien pu bien inventer pour qu’on parle d’eux ! »
Devant le patchwork architectural que constitue le bâtiment de la mairie, les commentaires vont bon train. Certes, une partie de l’édifice construit durant les années soixante-dix était, selon la majorité des visiteurs et des habitants de la petite ville dortoir du sud de la métropole strasbourgeoise, laide. « Et il fallait bien faire quelque chose ». C’est pourquoi de grandes baies vitrées ont été érigées devant les vilaines façades afin de les masquer à la vue, créant du même coup, entre l’ancienne et la nouvelle devanture, des coursives dans lesquelles la lumière du soleil de l’après-midi se diffuse avantageusement. L’une de ces coursives relie un gigantesque hall d’accueil à, notamment, une luxueuse salle des réceptions. Objet de nombreux commentaires acerbes, ce hall, sorte d’antichambre qui permet aux concitoyens d’accéder aux services de l’hôtel de ville, est vaste, mais désespérément désert. Il est aménagé sous une grande coque en inox, qui assurément efface la laideur du bâtiment originel, mais qui ne se fait pas oublier des financiers de la ville qui en assumeront longtemps le coût. L’objet voulu par un architecte rêveur a été sans doute très lucratif pour les entreprises lors de sa construction. Un arbre exotique, planté à l’entrée, amplifie un sentiment d’inadéquation avec la culture de la région. Face au comptoir de bois blanc, derrière lequel on perçoit à peine la présence d’un agent municipal, trônent des divans modernes couverts de velours rouge. Personne ne s’y installe, mais ils donnent au lieu un aspect chic et luxueux. Sur le côté, de grandes grilles d’exposition attendent désespérément qu’on vienne y accrocher quelque chose à montrer au public qui aurait dû, selon les concepteurs, se presser à cet endroit. Mais les structures restent nues. Même les enfants des écoles ne semblent pas enclins à venir y épingler leurs dessins.
À l’instar de la ville de Barentsburg, érigée par la mégalomanie soviétique dans l’archipel du Svalbard, conçue pour accueillir plus de deux mille personnes et où ne séjourne aujourd’hui qu’une poignée de résidents russes, on sent que le lieu a été l’épicentre de combats politiques.
Un parquet en bois sombre, presque noir, se glisse sous les pas des visiteurs qui se sont aventurés vers la salle des réceptions. Ce hall est digne d’un salon du château voulu par le Roi-Soleil. La pièce est éclairée par trois imposants lustres composés chacun d’une centaine de petites plaques translucides. Pour le confort de l’orateur, une table en bois noble massif est disposée devant six rangées de chaises en velours rouge. Les grandes fenêtres qui ouvrent la salle sur l’avenue d’un côté, et sur des jardins de l’autre, font penser à la galerie des Glaces, en plus moderne. Elles offrent une vue sur le parvis de la mairie qui, sous les mains expertes des jardiniers de la ville, revêt des nuances chatoyantes au printemps, un ton étincelant en été, des couleurs chaudes en automne et qui scintille de mille lumières à Noël. Un fontainier fait vivre un bassin qui trône au milieu de la petite place.
Prado vit seule dans un grand logement situé au centre de la petite ville, banlieue de la capitale régionale. Des hommes ? Son entourage ne lui en a jamais vu d’attitrés. Pour autant, elle connaît bien le mode de fonctionnement de ces derniers. Elle les attire, les séduit et exploite leurs réseaux d’influence, mais prend le soin de les garder à bonne distance. La séduction n’est pas un jeu pour Prado, mais un outil pour obtenir ce qu’elle veut. D’ailleurs, Prado ne joue jamais, car cela supposerait qu’elle accepte de perdre. Aussi, quand elle s’engage sur un chemin, c’est avec la certitude d’arriver là où sa volonté veut l’amener. Et gare à celles et ceux qui osent se placer sur son chemin. Lors des séances du conseil municipal, elle s’adresse aux élus, notamment aux opposants qui expriment des avis différents, avec mépris. Ils ne sont pas des concurrents, mais des ennemis. De plus, elle a appris, durant ses cours de communication, à prendre la posture qui feint l’écoute. Cette technique elle l’utilise aussi lorsqu’elle dialogue avec ses camarades de son parti, pour simuler l’attention, mais pour finalement ignorer leurs questions, leurs avis ou leurs conseils. Certains concèdent que cette caractéristique est une qualité pour maintenir l’ordre dans la gestion municipale. D’autres pestent, mais ont peur de la contrarier.
À l’approche des élections municipales, elle a, avec méthode, éliminé tous ses concurrents dans son propre camp politique. Il fallait qu’elle ait un réseau de personnes renseignées et qui lui soient dévouées, car les informations qu’elle menaçait de dévoiler, pour mettre à terre ses rivaux, étaient agrémentées de preuves, de sorte que les pauvres n’avaient d’autre solution que de baisser pavillon. Au demeurant, tout le monde fut étonné qu’un des carriéristes les plus motivés abandonne rapidement la course. Bien sûr, la rumeur prêtait à ce dernier de nombreuses liaisons extra-conjugales. Cette légende c’est lui-même qui l’entretenait. Grand admirateur du roi Louis XIV, il pensait qu’en imitant le comportement de son modèle sur la gent féminine, il serait couvert d’un prestige similaire. Le déclenchement de rumeurs concernant la vie privée est une arme couramment utilisée en politique. Ceci-étant ce n’est pas cet argument que Prado a dû utiliser pour écarter le rival en question. En effet, l’épouse de ce dernier n’était pas affectée par les frasques supposées de son mari. Par conséquent, il ne servait à rien de le faire chanter en menaçant de tout dévoiler à cette dernière. De surcroît, il se disait que l’épouse agissait en complice, organisant des rencontres, afin de compromettre leurs proies. Ce qui permettait ensuite de faire chanter le pauvre pris au piège, comme l’insecte dans la toile d’araignée. Et pourtant, notre carriériste comme beaucoup d’autres déclara forfait, face à cette nouvelle concurrente ambitieuse qui avançait comme un bulldozer.
Ce soir-là, Prado ne boude pas son plaisir. Elle ne remarque pas tout de suite l’enveloppe déposée bien au centre du bureau, sur le sous-main en cuir vert, dont les bords sont gravés de petites arabesques finement dorées. Elle s’est demandé lors de son installation si elle ne devait pas se débarrasser de cet ustensile qui cadre mal avec des convictions affichées lors de sa candidature. Toutefois, toute sa jeunesse elle a rêvé des lambris ornés de la République. De surcroît, un bureau luxueusement décoré fait honneur à la fonction qu’elle occupe. De cela, elle s’en est convaincue en pensant à tous les élus qui balayent leurs convictions dès qu’ils occupent le poste convoité. L’administration municipale n’a pas ouvert ce courrier comme elle en a l’habitude, car en travers il est écrit « confidentiel ». Prado ne remarque pas immédiatement que les caractères qui composent cette indication mystérieuse ainsi que le libellé de l’adresse ont été formés à l’aide d’un normographe, cette petite règle orange qui permet de tracer des signes, de sorte qu’il est impossible de reconnaître une écriture. Elle retourne l’enveloppe et ne trouve aucune indication concernant l’expéditeur. À cet instant, Prado est encore sous l’effet de l’adrénaline montée suite au mariage qu’elle vient de célébrer. C’est sereine et remplie de cette confiance qu’elle empoigne le coupe papier en cuivre dont la poignée est ornée d’une sculpture aux formes compliquées, et dont les sillons sont noircis par la crasse apportée à chaque utilisation. La pointe de l’arme qui permettra de venir à bout de la fortification qui entoure la missive est insérée dans une petite fente que l’expéditeur a laissée lorsqu’il a cacheté le courrier. La lame est glissée vigoureusement dans l’enveloppe et provoque le petit crissement caractéristique du papier qui se déchire. Une lettre dactylographiée tombe sur le cuir du sous-main. Sur la page blanche sont dessinés quelques mots seulement, mais leur lecture glace le dos de Prado.
Prado ne semble pas pressée de quitter son domicile. Elle reste, contrairement à son habitude, de longues minutes dans la salle de bain, devant ce miroir triptyque qui lui renvoie trois visages blafards. Pourquoi le tableau qui se dessine devant elle, lui évoque-t-il le retable d’Issenheim, sur lequel Jésus crucifié penche piteusement la tête vers le peu de fidèles qui l’ont suivi ? Cette image mystique, qui s’impose dans son esprit, ne vient-elle pas pour lui rappeler que la montée vers la gloire se termine souvent brutalement ? Il n’y a pas loin entre le Capitole et la roche Tarpéienne. Elle s’est penchée sur la vie de Gandhi dont la notoriété est fondée sur la campagne qu’il mena pour la non-violence. Et pourtant le Mahatma est mort assassiné. La violence ne se retournerait-elle donc pas seulement sur celles et ceux qui en usent ? Cela étant Prado apprit, à la faveur de ses nombreuses lectures, que le chantre de la tolérance était très sévère avec ses proches et qu’en privé, il n’était pas aussi mesuré que la légende veut bien raconter. De surcroît, il assumait son vœu de chasteté en ne faisant jamais l’amour à une femme certes, mais en demandant à une kyrielle de jeunes filles de lui prodiguer des « caresses ». Prado fut choquée de lire cela. Même les images les plus parfaites finissent par devenir floues avec le temps, même les hommes les plus exemplaires ont leur zone d’ombre. Ce matin Prado voudrait, à l’instar de la belle-mère de Blanche-Neige, que le miroir lui confirme qu’elle est la plus jolie. Malheureusement, le retable reste muet. Alors elle se contente de vérifier que le fond de teint couvre toutes les imperfections de son visage, que les sourcils sont dessinés avec soin et que le rouge rend ses lèvres pulpeuses. Car il va falloir user de tous ses talents pour en imposer à cet officier de police qui lui a demandé un rendez-vous ce jour. C’est un réflexe chez Prado d’utiliser toutes les méthodes possibles pour prendre l’ascendant sur ses interlocuteurs. La séduction en fait partie. Elle ne sait rien de ce fonctionnaire dont elle ne connaît que le nom, l’inspecteur Mayor.