Le Pays imaginaire de Clochette - S.E. Smith - E-Book

Le Pays imaginaire de Clochette E-Book

S.E. Smith

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Beschreibung

Elle toucha sa main et tout changea…
Jasmine « Clochette » Bell a toujours aimé la vie et a hâte de vivre toute nouvelle aventure qui se présente, mais quand l’expérience d’un ami crée un portail qui mène à un autre monde, elle se retrouve embarquée dans une aventure qui dépasse ses rêves.
J’kar ‘Tag Krell Manok a abandonné l’espoir de trouver un jour son âme liée. C’est alors qu’une femelle minuscule comme il n’en a jamais vu apparaît soudain dans son vaisseau spatial pour sauver la vie de son frère avant de disparaître tout aussi soudainement. Il est prêt à la suivre au bout de la galaxie et va faire tout ce qui est en son pouvoir pour la récupérer. Et il pourrait bien y arriver, car elle a laissé derrière elle un objet technologique très important…
Découvrez de nouveaux mondes, de nouvelles espèces et l’hilarité qui peut s’ensuivre quand Clochette, mécanicienne excentrique d’une petite ville et éternelle optimiste, rencontre J’kar, un guerrier prime sérieux d’une galaxie lointaine et qui a l’habitude d’avoir le contrôle !
Auteur de renommée internationale, S.E. Smith propose une nouvelle histoire d’action pleine de romance et d’aventure. Débordant de l’humour qui la caractérise, de paysages éclatants et de personnages attachants, il est certain que ce livre deviendra un nouveau favori des fans !

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Seitenzahl: 366

Veröffentlichungsjahr: 2021

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Le Pays imaginaire de Clochette

Le Portail de Cosmos Tome 1

S.E. Smith

Remerciements

Je voudrais remercier mon mari Steve de croire en moi et d'être assez fier de moi pour me donner le courage de suivre mes rêves. J'aimerais également remercier tout particulièrement ma sœur et meilleure amie, Linda, qui non seulement m'a encouragée à écrire mais a également lu le manuscrit. Et également mes autres amis qui croient en moi : Jennifer, Jasmin, Maria, Rebecca, Gaelle, Angelique, Charlotte, Rocío, Aileen, Julie, Jackie, Lisa, Sally, Elizabeth (Beth), Laurelle, et Narelle. Les filles qui m'aident à continuer !

Et un merci tout particulier à Paul Heitsch, David Brenin, Samantha Cook, Suzanne Elise Freeman, Laura Sophie, Vincent Fallow, Amandine Vincent, et PJ Ochlan, les voix fantastiques derrière mes livres audios !

—S.E. Smith

Paranormal Romance

Le Pays imaginaire de Clochette

Le Portail de Cosmos Tome 1

Copyright © 2021 par Susan E. Smith

Publication E-Book en anglais décembre 2010

Publication E-Book en français juillet 2021

Traduit Par : Charlotte Spender

Relu Par : Gaëlle Darde

Couverture par : Melody Simmons et Montana Publishing

TOUS DROITS RÉSERVÉS :

Cette œuvre littéraire ne peut être reproduite ou transmise sous quelque forme ou par quelque moyen que ce soit, y compris la reproduction électronique ou photographique, en tout ou en partie, sans l'autorisation écrite expresse de l'auteur.

Tous les personnages et événements de ce livre sont fictifs ou ont été utilisés de façon fictive, et ne doivent pas être interprétés comme étant réels. Toute ressemblance avec des personnes vivantes ou décédées, des événements réels ou des organisations est strictement fortuite et n'est pas voulue par l'auteur.

Résumé : Jasmine « Clochette » Bell a toujours aimé la vie et a hâte de vivre toute nouvelle aventure qui se présente. Quand l’expérience d’un ami crée un portail vers un autre monde, elle se retrouve embarquée dans une aventure bien plus grande que ce qu’elle aurait jamais pu rêver !

ISBN : 9781955158978 (livre de poche)

ISBN : 9781955158961 (eBook)

Romance (amour, contenu sexuel explicite) | Science-Fiction (Extraterrestres, Portail) | Action/Aventure | Royauté | Contemporain | Paranormal | Fantasy | Multiculturel | Humour

Publié par Montana Publishing, LLC

& SE Smith de Florida Inc. www.sesmithfl.com

Sommaire

Chapitre 1

Chapitre 2

Chapitre 3

Chapitre 4

Chapitre 5

Chapitre 6

Chapitre 7

Chapitre 8

Chapitre 9

Chapitre 10

Chapitre 11

Chapitre 12

Chapitre 13

Chapitre 14

Chapitre 15

Chapitre 16

Chapitre 17

Chapitre 18

Chapitre 19

Chapitre 20

Chapitre 21

Chapitre 22

Chapitre 23

Chapitre 24

Chapitre 25

Chapitre 26

Chapitre 27

Chapitre 28

Chapitre 29

Notes

Plus de livres et d’informations

À propos de l’auteur

Résumé

Elle toucha sa main et tout changea…

Jasmine « Clochette » Bell a toujours aimé la vie et a hâte de vivre toute nouvelle aventure qui se présente, mais quand l’expérience d’un ami crée un portail qui mène à un autre monde, elle se retrouve embarquée dans une aventure qui dépasse ses rêves.

J’kar ‘Tag Krell Manok a abandonné l’espoir de trouver un jour son âme liée. C’est alors qu’une femelle minuscule comme il n’en a jamais vu apparaît soudain dans son vaisseau spatial pour sauver la vie de son frère avant de disparaître tout aussi soudainement. Il est prêt à la suivre au bout de la galaxie et va faire tout ce qui est en son pouvoir pour la récupérer. Et il pourrait bien y arriver, car elle a laissé derrière elle un objet technologique très important…

Découvrez de nouveaux mondes, de nouvelles espèces et l’hilarité qui peut s’ensuivre quand Clochette, mécanicienne excentrique d’une petite ville et éternelle optimiste, rencontre J’kar, un guerrier prime sérieux d’une galaxie lointaine et qui a l’habitude d’avoir le contrôle !

Auteur de renommée internationale, S.E. Smith propose une nouvelle histoire d’action pleine de romance et d’aventure. Débordant de l’humour qui la caractérise, de paysages éclatants et de personnages attachants, il est certain que ce livre deviendra un nouveau favori des fans !

Chapitre 1

— Hé, Clochette, tu étais super ce soir, cria l’un des mecs qui avaient tenté d’attirer l’attention de Jasmine « Clochette » Bell toute la soirée.

La brasserie locale Purple Haze, où ils faisaient et vendaient toutes sortes de bières artisanales et de spécialités culinaires, avait fait salle comble ce soir-là. C’était un lieu couru des étudiants et l’endroit parfait pour se faire draguer si c’était ce que vous cherchiez.

Les deux types qui s’en allaient n’avaient eu de cesse de réclamer l’attention de Clochette. Celle-ci s’était donné pour règle de ne jamais coucher avec quelqu’un du bar. Elle n’avait déjà pas beaucoup de chance avec les mecs sans avoir à ajouter d’autres boulets à ses choix.

Clochette le remercia d’un signe de main désinvolte avant de se tourner dans la direction opposée. Son groupe et elle faisaient la fermeture de la brasserie ce soir-là. À deux heures du matin, les seules lumières encore allumées étaient les lampadaires et les occasionnels phares d’une voiture qui partait, mais elle n’était pas inquiète.

La petite ville étudiante de Calais, dans le Maine, était l’une des plus sûres du pays. Même si cela n’avait pas été le cas, quiconque ayant entendu parler de Jasmine « Clochette » Bell savait qu’il ne fallait pas mettre en rogne la petite nana au sang chaud s’il ne voulait pas se prendre un coup de clé à molette sur la tête. Du haut de son mètre soixante-quatre et avec ses cinquante kilos de muscles fermes, Clochette était connue pour son sens de l’humour et sa personnalité sympathique.

Mais quand on l’énervait, elle parvenait à battre à pleine couture le plus costaud des mécanos de la ville, grâce à la détermination de sa mère qui affirmait que toutes les filles devaient apprendre à se défendre, même si cela signifiait user de coups bas — chose que Clochette était connue pour faire de temps en temps. En outre, si elle n’en était pas capable, l’une de ses deux sœurs ou l’un de ses onze collègues mécanos en ville s’en occuperait, et les policiers n’auraient plus grand-chose à identifier. De l’avis de Clochette, la vie était belle et elle la croquait à pleines dents.

Fredonnant doucement l’une des chansons qu’elle avait jouées, elle suspendit l’étui de la guitare à son épaule et resserra sa ceinture porte-outils autour de sa taille fine. Elle avait promis à Cosmos, son meilleur ami, qu’elle passerait au labo dans l’entrepôt où ils vivaient pour examiner un générateur pour lequel il avait besoin d’aide. Elle avait pris sa ceinture porte-outils au travail en partant, car elle avait besoin de certains outils spéciaux qu’elle avait fabriqués pour cela. Elle adorait bricoler certaines des créations de Cosmos presque autant qu’elle adorait ce grand dadais.

Cosmos était peut-être né avec une cuillère en argent dans la bouche, mais cela ne se voyait pas. Les parents de Cosmos avaient fait fortune grâce aux différents brevets qu’ils avaient développés, et leur fils était exactement comme eux. Il avait obtenu son doctorat à l’âge de vingt-deux ans et avait acheté le vieil entrepôt près de la rivière pour en faire un labo et une maison.

Bien que beaucoup le considèrent comme tel, Cosmos n’avait rien de l’intello classique. Il mesurait un mètre quatre-vingt-huit avec de larges épaules, de longs cheveux châtains et des yeux noisette. Le genre d’yeux dans lesquels une fille pouvait se noyer — enfin, n’importe quelle fille à l’exception de Clochette. Cosmos et elle avaient noué une amitié qui tenait plus du lien fraternel. Ainsi, quand la famille de Clochette était passée par Calais, elle avait décidé qu’il était temps de voler de ses propres ailes et s’était installée au dernier étage de l’entrepôt tandis que Cosmos occupait le rez-de-chaussée et le premier étage.

La famille de Clochette était aussi unique que l’était celle de son ami, ce qui expliquait sans doute qu’ils avaient gravité l’un vers l’autre. Clochette avait grandi sur la route dans un camping-car de douze mètres. Ses parents, Angus et Tilly Bell, étaient les meilleurs parents du monde et ils avaient eu trois enfants, tous vivant, apprenant et grandissant dans une maison sur dix roues qui les avait conduits aux quatre coins du pays.

Angus, le père de Clochette, était un auteur de science-fiction de renom. Il était l’un des rares auteurs à être non seulement très talentueux, mais aussi très prolifique et rentable. Ses seuls revenus leur auraient suffi pour vivre. Il déclarait souvent que ses idées venaient de sa famille et de toutes leurs aventures.

Sa mère, une petite femme au sang chaud comme ses trois filles, était en roue libre… littéralement. Mécanicienne accomplie qui avait passé son enfance à travailler dans le garage de son grand-père dans une petite ville d’Oklahoma, elle adorait bricoler tous types de moteurs. Elle améliorait constamment le camping-car afin de le rendre plus puissant. Véritable geek, elle adorait également concevoir et mettre au point des logiciels que les sociétés d’ingénierie du monde entier utilisaient pour développer de l’énergie pour tous types de bâtiments. Ces compétences leur permettaient de vivre confortablement, et elle partageait ses merveilleuses connaissances avec ses filles.

C’était super de voyager, mais lorsque la famille s’était arrêtée au camping local pour l’été, quand Clochette avait dix-huit ans, celle-ci savait qu’elle était prête à se sédentariser. Elle avait rencontré un groupe de garçons qui campaient non loin et avait eu un coup de cœur, totalement platonique, pour le réservé du groupe. Ce garçon maladroit s’appelait Cosmos, et ils étaient devenus les meilleurs amis du monde. Le jour où ses parents avaient décidé qu’il était temps de repartir à l’aventure, Clochette, elle, était restée.

Ses parents avaient été tristes de voir leur cadette prendre cette décision, mais ils avaient fait preuve d’un soutien sans faille. Ainsi, les appels mensuels étaient devenus le lien entre Clochette et sa famille, qui avait tout le pays pour maison. La vie était belle à cette époque, et elle l’était toujours quatre ans plus tard. À vingt-deux ans, Clochette ne voyait pas comment la vie pourrait s’améliorer. Elle avait un super travail au garage du coin qui faisait du sur mesure, bricolait à temps partiel divers objets pour l’université, aidait Cosmos avec le matériel qu’il utilisait pour ses expériences, et jouait dans un petit groupe de musiciens deux fois par mois à la brasserie. Ouaip, la vie était super.

Elle tourna à droite sur Main Street, se dirigea vers l’est sur deux pâtés de maisons, et la rivière fut visible.

Encore le petit pont à traverser et je serai à la maison, pensa-t-elle avec un soupir satisfait.

L’entrepôt était plongé dans la pénombre à l’exception de petites lumières au rez-de-chaussée et au deuxième étage qui se reflétaient sur l’eau noire. S’avançant sur le pont, Clochette s’arrêta afin d’écouter les doux sons de la rivière en dessous. Elle adorait les bruits et les odeurs de la ville.

Poussant un soupir, elle se tourna et traversa le pont en réfléchissant au générateur que Cosmos voulait qu’elle examine. Même si la plupart du temps elle ignorait de quoi parlait son ami ou sur quoi il travaillait, elle connaissait néanmoins l’équipement, savait comment il fonctionnait, et adorait l’aider.

Elle avait déjà une idée pour tirer plus d’ampères du générateur et voulait voir si cela marcherait. La raison pour laquelle Cosmos avait besoin de tant de puissance lui échappait. Elle était contente de ne pas avoir à payer la facture d’électricité mensuelle.

Cosmos lui avait soutenu que sa consommation électrique était incluse dans son loyer mensuel, quand il la laissait le payer. Elle avait protesté, mais son ami avait déclaré que c’était trop pénible d’essayer de déterminer le peu qu’elle utilisait par rapport à tout ce que lui consommait. Ainsi, en échange de son aide avec l’équipement et du peu qu’elle parvenait parfois à lui payer, elle possédait un immense espace de vie à moindre coût.

Montant les marches du perron faiblement éclairé, Clochette composa le code du système de verrouillage électronique sur la lourde porte métallique. Elle l’avait installé, car Cosmos ne cessait de perdre ses clés et de s’enfermer dehors. Le mécanisme de verrouillage émit un petit déclic et la serrure s’ouvrit sans un bruit.

Clochette poussa la porte, la referma derrière elle et réactiva la serrure. Bien que Calais soit l’une des villes les plus sûres du pays, elle n’était pas stupide et ne prenait pas de risques inutiles.

« Mieux vaut prévenir que guérir » était l’un des dictons préférés de ses parents. « Pense à toutes les possibilités avant de prendre une décision » en était un autre, mais Clochette ne le suivait pas toujours et cela lui attirait parfois des ennuis. Comme le rendez-vous qu’elle avait eu la semaine précédente avec le « professeur » du département d’ingénierie de l’université.

Tout ce qu’il voulait était un coup rapide et une chance de voir ce que faisait Cosmos. Elle l’avait compris environ trente minutes après le début du rendez-vous grâce à son obstination à la faire sortir du restaurant et à ses mains baladeuses. Quarante-cinq minutes après le début du rendez-vous, Clochette soignait des ecchymoses aux jointures de sa main droite avec laquelle elle avait frappé ce connard quand il lui avait empoigné le cul et avait refusé de comprendre le mot « non » pour la troisième fois. C’en était assez, elle n’aimait pas se faire peloter en public par un con prétentieux.

Les lumières qui s’allumèrent automatiquement tandis qu’elle progressait dans le couloir menant au labo sortirent Clochette de ses souvenirs de ce rendez-vous désastreux. Posant sa main sur le lecteur d’empreinte, elle attendit que le scanner ait fini et que la porte extérieure du labo s’ouvre. S’avançant vers le deuxième scanner de sécurité, elle chanta le premier couplet de Twinkle, Twinkle, Little Star.

Le programme de reconnaissance vocale la salua d’une douce voix rauque qui ressemblait beaucoup à celle de Tilly, la mère de Clochette.

— Bienvenue, Clochette Bell. J’espère que tu as passé une bonne soirée. Cosmos voulait que je te transmette un message. Il a dû partir à Chicago pour voir ses parents et sera absent deux semaines. Il espère que cela ne pose aucun problème. Il a laissé sa carte de crédit au cas où tu aurais besoin d’acheter des pièces ou quoi que ce soit d’autre. Il est joignable au numéro suivant.

Clochette soupira de nouveau. Ce grand dadais lui manquait lorsqu’il n’était pas là. Eh bien, tant pis. ASIA et elle seraient toutes seules pendant deux semaines.

— Merci, ASIA.

ASIA, le dernier logiciel de la mère de Clochette modifié par cette dernière était un acronyme pour Assistante Super Intelligente Artificielle. Clochette utilisait la voix de sa mère simplement parce que cela lui donnait l’impression d’être avec sa famille quand elle était chez elle.

ASIA utilisait un programme d’intelligence artificielle que Tilly, sa mère, avait développé deux ans plus tôt afin d’aider pour un projet d’ingénierie pour le gouvernement. Clochette avait copié la programmation de base l’année précédente lors d’une visite et l’avait améliorée pendant son temps libre. ASIA était à présent un programme très avancé et sophistiqué qui apprenait et se développait chaque jour. Elle était devenue une mère de substitution pour Clochette, lui donnant souvent des conseils tels que « Tu penses vraiment que tu devrais sortir avec ce professeur ? » ou « Tu devrais vraiment mieux manger ».

— Comment était ton concert ce soir, ma chérie ? demanda ASIA.

Sa voix se fit entendre à travers le système audio installé dans tout l’entrepôt auquel le logiciel pouvait accéder à volonté.

— C’était génial ! Oh, ASIA, j’aurais voulu que tu entendes ça. Doug a joué comme jamais à la batterie, et Mike était super au piano. Gloria n’est pas venue, alors aucun risque qu’elle soit énervée parce que je jouais de la basse ce soir.

Clochette tournoya sur elle-même, ses baskets montantes aux couleurs de l’arc-en-ciel couinant sur le sol en béton ciré. Sa jupe midi bleu ciel tourbillonna autour d’elle, semblable aux tulipes dansantes d’un film, révélant ses longues jambes vêtues de Lycra bleu foncé qui lui arrivait aux mollets. Elle se mit à danser en chantant l’une des chansons pop sensuelles qui faisaient fureur, et sa blouse blanche glissa un peu plus bas sur son épaule.

Elle fit glisser la sangle de l’étui de sa guitare de son épaule et tint l’instrument devant elle comme si elle dansait avec un homme, sa ceinture porte-outils émettant de petits cliquettements métalliques. Alors qu’elle dansait dans la pièce, ses doux cheveux bouclés courts couleur caramel rebondissaient au rythme de ses mouvements. Les cheveux et les yeux de Clochette n’étaient que deux des merveilleux traits qui lui donnaient souvent l’apparence d’une pixie ou d’une fée.

Ses cheveux ondulés étaient légers et voluptueux, assortis à sa personnalité. Ils avaient la couleur des feuilles d’automne avec des reflets naturels dorés et ambrés. Ses yeux en amande semblaient être faits de chocolat noir fondu, si sombres que l’on avait l’impression de pouvoir se noyer dans leurs profondeurs.

Sa silhouette montrait son amour de la danse et du dur labeur. Elle se mouvait avec une grâce naturelle héritée de sa mère, avec de longues jambes, une longue taille et de hauts seins fermes et plutôt généreux, qui paraissaient un peu trop gros pour sa silhouette menue. C’était un problème jusqu’à ce que Clochette apprenne à tirer parti de ses plus gros atouts. Encore une merveilleuse leçon de ses parents : « Si tu as des atouts, tires-en profit, puis casse la figure au problème. »

Ouaip, ses parents étaient des personnes sages et merveilleuses. C’était exactement ce qu’elle avait fait quand M. le Professeur l’avait tripotée la dernière fois. Il avait compris trop tard ce qui lui arrivait, parce qu’il regardait ses seins au lieu de ses poings.

— C’est merveilleux, ma chérie. Tu sais, je pourrais court-circuiter la voiture de Gloria la prochaine fois qu’elle l’emmènera au garage ou hacker son ordinateur et y mettre un joli petit virus, dit ASIA avec une pointe d’humour.

— Merci, ASIA, mais je ne pense pas que ce soit nécessaire… du moins, pour le moment. Si elle continue de m’embêter, je te laisserai t’occuper d’elle, répondit Clochette avec un petit rire et un sourire diabolique avant de se diriger vers les marches menant à la partie inférieure du labo. Est-ce que tu as eu l’occasion d’exécuter la configuration que je t’ai envoyée ce matin sur les modifications que je voulais apporter au générateur pour en tirer plus d’ampères ?

Le labo occupait l’essentiel du rez-de-chaussée de l’entrepôt et était divisé en deux étages : la partie supérieure était réservée aux ordinateurs et la partie inférieure aux générateurs et aux sources d’alimentation. Le haut était occupé par tout un tas d’équipement informatique et d’un genre de console qui contrôlait la dernière expérience de Cosmos.

Plus intéressée par le niveau inférieur, Clochette ignora la console en passant devant. C’était là que se trouvaient le générateur et les tableaux électriques : ses bébés. Un étrange cadre métallique qui ressemblait presque à une immense porte s’y trouvait également. Des câbles provenant des panneaux électriques et du générateur étaient fixés à des armoires métalliques, qui contenaient les disjoncteurs nécessaires en cas de problème.

— Bien sûr, ma chérie. J’ai envoyé quelques modifications supplémentaires que j’ai apportées à ton iPad. Tu devrais pouvoir le remonter. Les modifications que tu as apportées sont brillantes, et tu devrais pouvoir tirer 11,523 68 ampères supplémentaires du générateur.

— Cool ! s’exclama Clochette en descendant les marches en métal en sautillant.

Appuyant sa guitare et son sac à main géant contre la marche du bas, Clochette se passa une main dans les cheveux et ajusta sa ceinture porte-outils. Elle se dirigea vers le grand générateur situé sous la plateforme, sortit les outils dont elle aurait besoin pour ouvrir cet engin, et se mit au travail. Heureusement, c’était samedi soir ; peu importe que la nuit soit longue. Elle pourrait faire la grasse matinée et elle était en congé lundi pour le week-end férié. Fredonnant, elle se glissa lentement sous le générateur afin d’ouvrir le panneau auquel elle devait d’abord accéder.

Elle passa les trois heures suivantes à travailler sur les différentes modifications qu’elle avait dessinées sur le schéma. Après avoir terminé les dernières, elle remit le panneau en place et le revissa. S’assurant qu’elle avait rangé tous ses outils dans sa ceinture, elle se leva avec raideur.

— Pfiou, je crois que je me fais trop vieille pour ça ! marmonna Clochette entre ses dents tout en étirant lentement ses muscles fatigués. ASIA, tu peux lancer le nouveau programme de Cosmos et tester le générateur pour voir si c’est tout bon ?

— Bien sûr, ma chérie. Tu as l’air fatiguée. Tu veux le faire plus tard ? commenta ASIA tout en lançant le programme qui allumerait la console.

ASIA connaissait assez bien Clochette pour savoir qu’elle ne s’arrêterait pas avant d’avoir eu la confirmation que les changements qu’elle avait apportés fonctionnaient. Si elles ne faisaient pas le test tout de suite, elle monterait chez elle et se torturerait inlassablement les méninges.

Riant, Clochette poussa un soupir las.

— Tu sais bien que ça n’arrivera pas. Préviens-moi quand tu as une mesure de puissance.

Clochette se dirigea lentement vers l’escalier en métal en effectuant de petits mouvements pour apaiser ses muscles douloureux après plus de trois heures à être restée assise, pliée en deux et en équilibre précaire. D’un coup d’œil à sa montre, elle s’aperçut qu’il était presque cinq heures trente du matin.

Eh bien, pas de café pour moi ce matin si je veux dormir toute la journée, pensa-t-elle avec lassitude.

Alors qu’elle passait devant l’un des panneaux sur le mur près de l’escalier, Clochette remarqua d’étranges cordons suspendus à côté. Elle s’approcha, en prit un et le fit tourner dans sa paume. Elle releva les yeux. Il y avait quatre cordons auxquels étaient accrochés de petits appareils cylindriques. Ils étaient absolument magnifiques ! Les cylindres étaient ornés de gravures assorties à celles que Cosmos avait faites sur le cadre métallique l’espèce de porte. Clochette devinait qu’il s’agissait de genres d’appareils électroniques. Elle mit le cordon dans la poche de sa jupe. Elle voulait l’examiner de plus près quand elle serait moins fatiguée. Elle aurait tout le temps de le remettre à sa place avant le retour de Cosmos.

Se penchant en avant, elle prit sa guitare et son gros sac à main. Elle mit son sac en bandoulière sur une épaule et glissa la sangle de l’étui de sa guitare sur l’autre épaule puis s’apprêta à monter l’escalier menant à l’étage supérieur et à son lit tant attendu.

Chapitre 2

Clochette venait de poser le pied sur la première marche quand, du coin de l’œil, elle remarqua une étrange lumière émise par la « porte » métallique. Toute la structure sembla briller et soudain, elle se dissipa pour s’ouvrir sur une autre pièce. Celle-ci était d’une teinte gris clair et des lumières tamisées émanaient du sol et du plafond. Elle cligna plusieurs fois des yeux, pensant qu’elle hallucinait à cause de l’épuisement.

Qu’est-ce que… ? pensa-t-elle, secouant la tête afin d’essayer d’y voir plus clair.

Elle eut beau se frotter les yeux, la pièce était toujours là. Hésitante, elle reposa lentement le pied sur le sol en béton du labo. Elle se tourna et se dirigea vers la « porte ». Alors qu’elle levait la tête, elle examina le cadre métallique qui l’entourait, et remarqua une série de lumières qui tournaient de plus en plus vite autour.

Secouant la tête pour dissiper le vertige qui la prit à force de regarder les lumières tourner, elle tendit doucement la main afin de toucher ce qui aurait dû être le béton solide du mur du labo. Elle sentit un léger picotement au moment où sa main traversa l’ouverture, mais rien qui ne semble dangereux ou inquiétant. Clochette ramena sa main en arrière et leva les yeux vers la console, sourcils froncés.

— ASIA, qu’est-ce que tu penses de ça ? demanda Clochette d’une voix légèrement rauque.

— Je ne suis pas sûre, ma chérie, mais je ne pense pas que ça pourrait te blesser. Pourquoi tu n’irais pas voir ce que c’est ? répondit ASIA d’un air presque impatient.

Aller voir ? ASIA avait-elle perdu la tête ? Un ordinateur pouvait-il perdre la tête ? Clochette perdait-elle la tête ? Voilà que maintenant, elle en était réduite à vérifier si sa tête se trouvait toujours sur ses épaules !

— Qu’est-ce que te disent tes données ? demanda Clochette, curieuse.

— Tu as réussi à tirer 12,869 5 ampères du générateur ! Quelle incroyable augmentation, ma chérie. On dirait que c’était exactement ce qu’il fallait à Cosmos pour faire fonctionner son projet, dit ASIA d’un ton excité.

— Eh bien, tu devrais peut-être l’éteindre, maintenant qu’on sait que ça marche. Je ne sais pas trop ce que fait Cosmos, mais s’il peut créer une pièce qui n’était pas là avant, je ne veux pas m’en approcher, dit Clochette en commençant à tourner les talons.

À peine avait-elle fait un pas qu’elle entendit quelque chose de l’autre côté de la « porte ».

— Qu’est-ce que c’était ? ASIA, tu as entendu quelque chose ?

Se retournant vers l’ouverture, Clochette l’observa plus en détail. Un homme de grande taille aux cheveux noirs se battait avec… elle secoua de nouveau la tête. Un…

Qu’est-ce que c’est que ça ?

Clochette s’approcha au moment même où l’homme levait son épée. Nom d’une clé à molette, l’épée de ce type était énorme ! Il semblait se battre contre un gros iguane. L’autre créature sifflait, sa langue apparaissant par intermittence tandis qu’elle brandissait ce qui ressemblait à une épée à double tranchant vers l’homme aux cheveux noirs. Celui-ci recula dans l’espoir de rester hors de portée de l’homme-iguane. Il serrait son bras droit contre son corps comme s’il était blessé et il boitait de la jambe gauche.

Clochette y jeta un coup d’œil au moment où l’homme aux cheveux noirs passa devant elle, et elle vit du sang couler d’une profonde entaille qui devait faire un mal de chien. Ce fut alors qu’elle vit son visage pour la première fois. Un petit cri surpris lui échappa à la vue de ses traits. Il ressemblait plus à un enfant ! Pas plus de seize ou dix-sept ans ! L’homme-iguane leva son épée à double tranchant au-dessus de sa tête et frappa brutalement du côté de l’épée du garçon. La force du coup le fit tomber à la renverse sur le sol du couloir. L’homme-iguane rugit de triomphe et leva de nouveau son épée au-dessus de sa tête dans le but de porter un coup fatal.

Derik savait que son heure était venue. Il savait que la mort viendrait rapidement maintenant. Quand leur vaisseau avait été attaqué, il s’était emparé de son épée, prêt à défendre ses camarades et ses frères. Une onde de regret le traversa à l’idée de la réaction de ses parents et de ses frères à sa mort.

Âgé de seulement dix-sept cycles planétaires, il avait supplié et harcelé son père et ses frères aînés de le laisser se joindre à eux pour cette mission commerciale dans un système stellaire proche. Tout allait bien jusqu’à ce qu’ils reçoivent un appel de détresse d’un vaisseau spatial deux clicks plus tôt. Étant le vaisseau le plus proche, ils avaient proposé leur aide. Les signaux émis par l’appareil l’identifiaient comme un vaisseau spatial passager de classe cinq en route pour faire escale à Caldara Four. Le signal de détresse reportait également de nombreuses pannes système, dont le système environnemental.

Répondant au signal de détresse, ils avaient alors rencontré les Juangans. Ceux-ci avaient de toute évidence détourné le vaisseau spatial. Ils s’en étaient servi comme d’un leurre afin d’attirer des vaisseaux qui ne se doutaient de rien venus les sauver. C’était une espèce féroce qui attaquait tout ce qui bougeait et était connue pour la brutalité avec laquelle elle traitait non seulement ses congénères, mais aussi toutes les espèces qu’elle rencontrait. Ils ne faisaient pas les difficiles quand il s’agissait de manger ; qui ou quoi que ce soit, tout y passait. Ils étaient même connus pour sacrifier des membres de leur équipage afin de satisfaire leurs effroyables appétits.

Derik était un Prime, un peuple de fiers guerriers qui vivait dans une galaxie comptant plusieurs planètes habitables. Les trois planètes du système prime approvisionnaient en une grande variété de matériaux que leurs habitants utilisaient pour faire commerce avec les galaxies voisines, bien qu’une seule soit entièrement habitée. Baade était le monde natal des Primes.

Lacertae et Carafe, deux planètes plus petites, n’accueillaient que de petits ports de marchandises isolés, des installations minières et des sites militaires. Leur ressource la plus importante était les cristaux qui aidaient à alimenter leur monde et leurs vaisseaux. Extraits sur Carafe, la plus petite des trois planètes, les cristaux étaient bien protégés. Lors de ce voyage, leur vaisseau ne contenait pas une cargaison de cristaux, mais de fruits et d’autres produits naturels que la galaxie voisine de Grus utilisait pour leurs besoins planétaires et ceux de leurs stations spatiales.

Bien que cet astronef soit un vaisseau de guerre, ils l’utilisaient parfois pour transporter des produits dans les galaxies voisines comme couverture pour rassembler des données sur les voisins et les observer. Ils avaient déjà livré la cargaison et revenaient avec une variété de matériaux introuvables sur leur planète natale.

L’une des choses qu’ils auraient aimé trouver dans l’autre galaxie était des femelles compatibles avec leurs hommes. Les femmes de leur planète natale étaient tenues en grande estime. Malheureusement, peu d’entre elles étaient disponibles. La plupart des femmes primes étaient déjà engagées lors des rites d’union effectués dès qu’elles atteignaient la majorité. Le problème était que le taux de naissance de femelles restait bas, les mâles pas encore unis avaient donc du mal à se trouver une compagne.

Les mâles primes étaient unis à leurs compagnes au cours d’une cérémonie du rite d’union et si aucune union n’était contractée, la vie des mâles célibataires se résumait à une existence solitaire. Les rites d’union consistaient en une réaction chimique qui survenait lorsqu’un mâle prime avait une réaction chimique physique et émotionnelle qui le liait à une femelle. Les mâles étaient alors submergés par des sentiments de possessivité, une volonté de protéger et du désir sexuel. Une marque d’union, une série de cercles complexes indiquant le lien indissoluble entre les partenaires, apparaissait sur la paume du mâle et de la femelle destinés à être unis à l’instant où ils se touchaient. Chaque marque était aussi unique que le couple. Elle n’apparaissait qu’une fois que le mâle et la femelle étaient en âge de s’unir.

En raison de la diminution du nombre de naissances de femelles, de moins en moins de mâles trouvaient de compagnes. Ce nombre avait atteint un niveau presque critique. Les mâles primes cherchaient désespérément une alternative.

L’une des principales raisons à leurs voyages vers d’autres galaxies était l’espoir de trouver une espèce compatible qui pourrait procréer avec les mâles primes. Ils n’avaient encore jamais réalisé de rite d’union en dehors de leur espèce, bien que certains de leurs mâles aient tenté de s’unir avec d’autres espèces des galaxies voisines. Cela avait échoué à chaque fois. La procréation était impossible sans le rite d’union, et le fait était que les espèces découvertes jusqu’à présent étaient incompatibles ou complètement repoussantes aux yeux des mâles. Il était difficile d’être excité par une créature verte écailleuse avec six bras et quatre jambes, ou par une plus poilue qu’un tookey prime, une bête aux poils longs et aux grandes pattes que l’on trouvait dans la forêt dense de la région montagneuse de Prime.

Je n’aurai jamais la chance de trouver mon âme liée, pensa Derik, découragé, le regard planté dans les yeux froids et morts du Juangan au-dessus de lui.

Il le regarda d’un air de défi, déterminé à en finir avec honneur. Le Juangan fit un pas vers Derik puis s’arrêta soudain. Sa gueule s’ouvrit lentement et un épais liquide vert coula lentement le long de son menton. Il tomba à genoux, comme au ralenti, avant de s’écraser face contre terre devant Derik. Celui-ci recula précipitamment, regardant avec incrédulité le Juangan mort avant de lever la tête afin de voir lequel de ses camarades guerriers était venu à son secours.

— Ja tasn meszk talkock, marmonna-t-il. Je dois rêver.

Derik fixa la vision devant lui. C’était une déesse ! Il n’y avait pas d’autre explication, car jamais encore il n’avait rien vu d’aussi beau. Derrière la vision, un mur scintillant de couleur tourbillonnait dans l’étroit couloir. La vision de la déesse en sortit. De la lumière dansait autour d’elle et elle semblait… furieuse. Tout ce qu’il pouvait faire, c’était dévisager la minuscule femme debout devant lui. Elle était réellement la plus belle créature qu’il lui avait été donné de voir, et elle venait de lui sauver la vie !

Chapitre 3

Clochette ne savait pas quoi faire d’autre. Lorsqu’elle avait vu le garçon tomber et l’iguane s’apprêter à le couper en deux, elle avait réagi sans réfléchir. Prenant son marteau à sa ceinture porte-outils, elle avait franchi l’ouverture pour se positionner derrière l’homme-iguane au moment où il était passé devant.

Quand il avait levé son épée, elle avait su qu’elle ne pouvait pas laisser le garçon mourir, elle avait donc fait ce que n’importe quelle fille qui se respectait aurait fait dans la même situation : elle avait mis un coup de marteau à l’arrière de la tête de l’homme-iguane. Elle ignorait que son crâne se fendrait comme noix et qu’une substance visqueuse verte dégoulinerait dans son dos.

— Dégueu !

Elle abaissa son marteau recouvert de liquide gluant vert et se pencha en avant pour l’essuyer sur les vêtements de la créature.

Baissant les yeux vers le garçon au sol, Clochette enjamba avec précaution le cadavre de l’homme-iguane afin de vérifier l’étendue de ses blessures. À en juger par la quantité de sang, cela semblait mal engagé. Elle remit lentement son marteau dans sa ceinture porte-outils et enleva les bandoulières de sa guitare et de son énorme sac à main de ses épaules. Elle les posa près du mur et tendit les mains, les paumes tournées vers le plafond. Elle ne voulait surtout pas effrayer le pauvre garçon et qu’il l’attaque.

— Tout va bien. Je ne vais pas te faire de mal, dit doucement Clochette. Je veux juste voir si on peut arrêter le saignement.

Elle afficha un sourire rassurant et fit un pas hésitant vers le garçon.

Derik regarda la belle créature qui s’avançait vers lui. Il ne comprenait pas ce qu’elle disait, mais il devinait qu’elle essayait de le rassurer.

J’ai dû mourir et je suis dans le monde des dieux et des déesses. C’est ce qui s’est passé, pensa-t-il.

Il n’aurait pas cru souffrir autant que cela dans le plan de vie suivant, mais c’était la seule explication. Autrement, comment une déesse aurait-elle pu apparaître soudainement pour lui sauver la vie ?

Derik la regarda tirer son plus petit sac vers elle. Elle semblait chercher quelque chose dedans. Dès qu’elle trouva ce qu’il lui fallait, elle se tourna vers lui, un sourire triomphant aux lèvres. Il eut le souffle coupé ; son visage était encore plus beau quand elle souriait. Elle disait quelque chose, mais il n’en comprit pas un mot. Il savait seulement qu’elle pouvait faire ce qu’elle voulait de lui. La regarder suffisait à son bonheur.

Clochette tira son sac à main géant vers elle. Elle transportait toujours une trousse de premiers secours avec elle. Lorsqu’on était mécanicienne et travaillait sur des machines, on se faisait toujours de petits bobos. Elle sortit le petit sac en plastique contenant des bandages et des crèmes antibiotiques avec un sourire triomphant.

— Et les gars disent que je suis paranoïaque ! marmonna-t-elle entre ses dents.

Se tournant vers le garçon, qui continuait de la dévisager comme s’il n’avait jamais vu de femme, Clochette sourit doucement et tenta de lui expliquer ce qu’elle faisait.

Il est vraiment adorable, pensa-t-elle en regardant ses yeux suivre le moindre de ses mouvements.

— Je vais voir si je peux arrêter le saignement. Ça va peut-être faire un peu mal, mais tout ira bien quand on t’aura assez rafistolé pour aller à l’hôpital. Par contre, je ne sais vraiment pas comment je vais expliquer monsieur Iguane à la police.

Clochette prit une paire de gants bleus sans latex et sortit ensuite des bandages fins, de la gaze, des bandages plus larges et de la crème antibiotique. Puis elle s’avança à genoux jusqu’à se trouver à côté de la jambe de Derik et dit doucement :

— Regardons d’abord ta jambe.

Sortant son couteau, elle coupa son pantalon du genou jusqu’en haut de la cuisse. Clochette prit une brève inspiration en découvrant combien la blessure était profonde. Elle devait mesurer au moins dix centimètres de long et un centimètre et demi de profondeur.

Elle prit de la gaze, nettoya la plaie du mieux qu’elle put et rapprocha lentement les bords de la blessure, enduisant l’entaille de crème antibiotique puis utilisant presque tous ses bandages fins pour en maintenir les bords ensemble. Après cela, elle sortit des carrés de gaze, les posa délicatement sur la blessure puis prit un rouleau de gaze et la passa autour de la jambe du garçon afin de s’assurer que les bandages ne bougeraient pas.

À plusieurs reprises, Clochette leva brièvement les yeux afin de s’assurer qu’elle ne faisait pas trop mal au garçon. Sans cesser de s’affairer sur sa jambe, elle lui sourit doucement. Il était vraiment adorable avec ses cheveux noirs qui lui retombaient sur le front et ses yeux argentés — argentés ? — qui l’observaient avec une pure adoration. Il lui faisait penser à un chiot perdu qui regardait quelqu’un qui avait décidé de le ramener chez lui.

— Bon, pour ta jambe, j’ai fait du mieux que je pouvais dans l’immédiat. Je vais regarder ton bras. Tu sais, tu n’aurais vraiment pas dû énerver quelqu’un de plus grand que toi sans personne pour couvrir tes arrières, dit Clochette d’une voix taquine dans le but d’essayer de distraire le garçon.

Le fait qu’il la dévisage de la sorte commençait à la mettre mal à l’aise. Désignant son bras d’un doigt, elle lui sourit gentiment de nouveau.

— Il faut que je regarde ton bras.

Derik baissa les yeux. Comprenant qu’elle montrait son bras, il le lui tendit afin qu’elle puisse s’en occuper. Elle sortit un couteau aiguisé de son étrange ceinture et coupa la manche de sa chemise du coude à l’épaule.

Elle lui adressa un nouveau sourire et prépara le même genre de matériel qu’elle avait utilisé pour sa jambe. Il se rendit compte que celle-ci ne lui faisait plus autant mal qu’avant. La belle déesse lui sourit de nouveau tout en commençant à nettoyer et à bander son bras. Lorsqu’elle eut fini, elle se pencha en avant et repoussa une mèche de cheveux de son front avec douceur. Derik eut le souffle coupé en la sentant poser sa paume contre sa joue.

— Fini. Je pense qu’on devrait essayer de te sortir de là au cas où d’autres de ces choses reviendraient chercher leur ami, dit Clochette en désignant du menton le Juangan mort.

Elle nettoya rapidement les restes de son matériel de soins, les remit dans le sachet puis dans son sac à main. Après avoir passé la sangle de son sac en bandoulière, Clochette se déplaça du côté intact du garçon. Pliant les genoux, elle se pencha en avant et l’aida à se relever lentement. Il vacilla un peu puis se redressa.

Après avoir pris sa guitare dans son autre main, elle passa un bras autour de sa taille et ils entamèrent une lente progression dans le couloir. Derik avait passé un bras autour de l’épaule de Clochette et tenait son épée et le mur de l’autre.

Dans toute la confusion de la situation, elle ne s’était même pas rendu compte que la « porte » qui l’avait conduite dans cet étrange couloir avait disparu. Clochette s’arrêta à l’endroit où elle était arrivée un peu plus tôt. Clignant rapidement des yeux, elle regarda autour d’elle dans la mesure du possible, entravée dans ses mouvements par le poids du bras du garçon.

Elle étudia le couloir qui devait bien s’étendre sur trois mètres de chaque côté. Il n’y avait aucune ouverture ! Impossible de voir le labo de Cosmos où même un éclat de lumière de la porte par laquelle elle était passée.

Sentant poindre la panique, Clochette prit une profonde inspiration. Le garçon qui se tenait à elle dit quelque chose et pointa l’extrémité du couloir. Elle ne comprit pas un mot, mais se dit qu’il savait où elle devait l’emmener. Après l’avoir laissé entre de bonnes mains, elle reviendrait trouver l’ouverture. Acquiesçant de la tête afin de montrer au garçon qu’elle comprenait ce qu’il essayait de lui dire, elle lança un dernier regard autour d’elle avant de se diriger vers ce qui semblait être une porte.

Chapitre 4

Derik baissa les yeux vers la femme qui le tenait par la taille. Les coups d’œil incessants qu’elle jetait dans le couloir qu’ils traversaient lui firent penser qu’elle cherchait quelque chose. Elle arborait une drôle d’expression pendant qu’ils se dirigeaient vers l’ascenseur. Il savait que ses frères avaient vaincu les derniers Juangans qui avaient attaqué le vaisseau de guerre. Il écoutait attentivement le communicateur dans son oreille afin de suivre ce qui se passait.

C’était un soulagement, car J’kar, son frère aîné et commandant du vaisseau de guerre, leur avait ordonné de ne pas utiliser les communicateurs pendant la bataille par crainte que les Juangans puissent s’en servir contre eux. Ils avaient eu peu de contacts avec cette espèce et ignoraient le niveau de développement de leur technologie. Les dossiers qu’ils possédaient sur les Juangans documentaient seulement qu’ils étaient mortellement dangereux.

J’kar donnait l’autorisation d’utiliser à nouveau les communicateurs. Derik voulait rejoindre le pont de commandement afin d’évaluer les dommages qu’avait subis le vaisseau de guerre. Il voulait également connaître le nombre de braves guerriers qui avaient été blessés ou tués pendant la bataille.

— J’kar, dit Derik dans le communicateur. Quelle est ta position ?

Après avoir écouté la réponse, il baissa les yeux vers la femme qui s’était arrêtée pour le regarder, et désigna l’extrémité du couloir d’un signe de tête.

— Takq waga, dit-il en répétant son geste. Par là.

Se dirigeant lentement vers la porte, Clochette tenait fermement la taille du garçon afin qu’il ne tombe pas. Elle savait que sa jambe devait le faire souffrir. Elle avait vu assez de coupures pour savoir que celle-ci devait faire un mal de chien.

Surprise, elle releva les yeux au moment où la porte s’ouvrit automatiquement pour révéler un genre d’ascenseur. Alors qu’elle y pénétrait, Clochette jeta un dernier coup d’œil dans le couloir dans l’espoir d’apercevoir une ouverture qui mènerait au labo de Cosmos. Où l’avait-elle conduite ? Parviendrait-elle à rentrer ? Nom d’une clé à molette, qu’elle avait hâte de parler de cet endroit à Cosmos, à ses parents et à ses sœurs !

Clochette prit une profonde inspiration et souffla, laissant les questions se dissoudre tandis que les portes se refermaient sans un bruit devant elle. Elle aurait le temps d’y répondre quand elle aurait emmené le gamin auprès d’un vrai médecin. Lorsque l’ascenseur se mit en mouvement, le garçon aux cheveux noirs chancela, et elle l’agrippa un peu plus fermement afin de l’empêcher de perdre l’équilibre.

Elle savait qu’il avait perdu beaucoup de sang ; elle ne voulait surtout pas qu’il s’évanouisse et qu’il entre en état de choc. Non, tout ce qu’elle voulait, c’était trouver quelqu’un ou un endroit où l’allonger afin qu’il puisse bénéficier du repos et des soins médicaux dont il avait besoin. Alors, elle pourrait explorer un peu les lieux puis trouver un moyen de rentrer chez elle.

Ouaip, ça me semble être un super plan, pensa-t-elle.

Les lumières de l’ascenseur clignotèrent à chaque étage, puis il ralentit jusqu’à s’arrêter. Les portes s’ouvrirent sur un autre long couloir. Seulement celui-ci n’était pas désert. Deux immenses hommes aux cheveux noirs s’y tenaient, et il donnait sur une autre pièce.